Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères et européennes, en réponse à des questions d'actualité à l'Assemblée nationale sur les violences en Tunisie et en Algérie, Paris le 11 janvier 2011.

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Circonstance : Réponses de Michèle Alliot-Marie à des questions d'actualité à l'Assemblée nationale à Paris le 11 janvier 2011

Texte intégral

Monsieur le Député, oui, la Tunisie comme l'Algérie connaissent en ce moment des mouvements sociaux de grande ampleur et qui touchent particulièrement les jeunes. Face à cela, plutôt que de lancer des anathèmes, notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation.
Parlons du fond, tout d'abord. Il est vrai que dans ces deux pays, il y a énormément d'attentes - notamment de la part des jeunes, et en Tunisie particulièrement de jeunes formés - de pouvoir accéder au marché du travail. Or c'est un problème pour ces pays. C'est bien la raison qui nous porte à souligner le bien-fondé de la volonté du président de la République de répondre, dans le cadre du G8 et du G20, aux préoccupations et aux besoins de ces pays. Il s'agit, en particulier, de toutes les conditions nécessaires que la communauté internationale tout entière doit mettre pour permettre aux jeunes et aux jeunes diplômés de pouvoir accéder au marché du travail.
Le deuxième problème est effectivement celui des décès et des violences constatées à l'occasion de ces manifestations. On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis.
Pour autant, je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type.
C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays de permettre, dans le cadre de la coopération, d'agir dans ce sens, afin que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité.
Monsieur le Président Axel Poniatowski, vous avez bien décrit la situation et sa complexité. Vous avez également rappelé que les attentes des populations, et notamment celles des jeunes, sont de pouvoir trouver des emplois en adéquation avec les formations. Dans ce cadre, notre double Présidence du G8 et du G20 aura bien pour objectif de rechercher, avec l'ensemble de la communauté internationale, les conditions permettant une croissance plus forte, notamment dans les pays d'Afrique du Nord, et particulièrement en Tunisie et en Algérie, pour pouvoir répondre aux attentes des populations. D'ailleurs, la priorité sera donnée à l'emploi et en particulier à l'accès des jeunes au marché du travail.
C'est également dans le cadre de notre coopération bilatérale et dans un cadre européen que nous agissons. Dans le cadre de notre coopération bilatérale, tout ce qui concerne la formation professionnelle et la formation technique va être renforcé. De la même façon, une seconde édition du Forum pour l'emploi doit se tenir à Tunis les 3 et 4 mai prochains et nous allons y participer.
Aujourd'hui, face à cette situation, la priorité doit aller à l'apaisement après des affrontements qui ont fait des morts, un apaisement qui peut reposer sur des techniques de maintien de l'ordre. J'ai fait part tout à l'heure de notre proposition, puisque nous avons des savoir-faire en la matière. De la même façon, il est évident que doivent être prises en compte les réponses apportées par les gouvernements eux-mêmes.
De toute façon, en ces circonstances difficiles, notre premier message doit être celui de l'amitié entre le peuple de France et le peuple de ces pays. Sans nous ériger en donneurs de leçons, comme vous l'avez dit, Monsieur Poniatowski, face à des situations dont nous mesurons la complexité, nous invitons les pays à toujours mieux prendre en compte les attentes de leurs peuples.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 janvier 2011