Point de presse de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le soutien de la France au processus de paix au Proche-Orient, sur l'allègement du blocus à Gaza, le boycott des produits israéliens, sur le projet de résolution du Conseil de sécurité condamnant la colonidation en Cisjordanie, à Jaffa le 21 janvier 2011.

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Circonstance : Tournée de Michèle Alliot-Marie au Proche-Orient du 19 au 23 janvier 2011 : visite en Israël le 21 janvier 2011

Texte intégral

J'ai rencontré à la fois le président de l'Etat d'Israël, le Premier ministre, le chef de l'opposition, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense avec lequel je vais dîner, la communauté française, (...) et puis les parents de Gilad Shalit, Noam et Aviva, et le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad.
Une journée à la fois bien remplie et extrêmement intéressante pour moi, puisque je suis venue à la fois pour rappeler ce que sont les positions de la France et, en même temps, sa disponibilité à pouvoir aider à la reprise du processus de paix, et écouter, puisque c'est aussi le rôle d'une première visite que de savoir écouter les uns et les autres, même si je connaissais, de par mes fonctions précédentes, certains d'entre eux. C'était important aussi, sur ces différents sujets, de les écouter.
Des relations amicales existent depuis longtemps entre la France et Israël. J'ai également évoqué un certain nombre de relations bilatérales que nous pensions développer, en particulier à la suite de l'incendie du Mont Carmel, où nous avions réagi immédiatement. Ce qui montre aussi qu'il y a peut-être un déficit en matière de sécurité civile et que nous pourrions sans doute, y compris dans le cadre de l'UpM, mettre en place un système qui permette d'avoir une sorte de force d'intervention rapide en matière de sécurité civile, lorsque l'une des grandes catastrophes que nous trouvons parfois en Méditerranée, comme les inondations, comme les incendies, comme les séismes, survient dans l'un de ces pays.
Demain, je me rendrai à Gaza, avant de partir en Egypte parce que, là aussi, c'est un endroit que je ne connaissais pas, où nous avons une coopération extrêmement importante. Notamment la construction du nouveau Centre culturel y est désormais possible - ce dont je me réjouis.
Q - Le blocus est-il suffisamment allégé ?
R - L'allègement du blocus est certainement une excellente chose. Ce qui est important aujourd'hui, c'est que ce soit complètement appliqué, et que le blocus soit totalement levé. D'autre part - j'ai eu également l'occasion de le dire à mes interlocuteurs -, il me paraîtrait important que puissent être facilitées des exportations de produits fabriqués à Gaza à l'extérieur. Parce que c'est une condition pour que ce territoire se développe économiquement et qu'à partir de là, il puisse y avoir des perspectives pour les habitants, ce qui permettrait d'éliminer un certain nombre de frustrations qui, parfois, les entraînent à aller vers des activités de violences, voire de terrorisme.
Q - Le projet de résolution devant le Conseil de sécurité condamnant la colonisation. Pensez-vous que la France va accepter, approuver ce projet ?
R - On connaît très bien notre position qui est d'être opposé à la colonisation, ça c'est une chose qui est certaine ; ensuite, il faut regarder comment est rédigé ce projet de résolution, s'il a des termes modérés et, surtout, s'il ne ferme pas la porte à de possibles reprises des négociations, il est possible que nous votions pour.
Q - Avez-vous demandé aux Israéliens la levée du blocus à Gaza ?
R - Ce que j'ai dit effectivement, c'est, d'une part, que je me réjouissais de la levée qui était déjà intervenue et je pensais qu'il fallait qu'elle soit totalement mise en oeuvre (...) les difficultés de mise en oeuvre pratique au delà de la décision qui était prise et je vous le disais également que j'avais demandé effectivement que puisse y avoir un lever de l'interdiction de l'exportation vers l'extérieur de produits qui ont été fabriqués à Gaza.
Q - (sur sa rencontre avec Avigdor Liberman.)
R - Nous avons beaucoup parlé des problèmes du terrorisme en général. Nous avons parlé de l'Iran, nous avons parlé, bien entendu, de la reprise des négociations.
S'agissant de la résolution au Conseil de sécurité, encore une fois, si cette résolution est modérée et si elle n'empêche pas une reprise des négociations - parce que, simplement, sa formulation ne l'empêche pas -, nous l'adopterons certainement.
Q - Madame le Ministre, certains pays de l'Amérique latine ont reconnu l'Etat palestinien, comment percevez-vous cette démarche diplomatique ?
R - Je crois que si on veut avoir un Etat palestinien qui soit viable, qui soit stable, qui soit bien intégré, il vaut mieux qu'il résulte de négociations, qui doivent être reprises. Quand le sénateur Mitchell est venu me rendre visite à Paris, je lui ai dit qu'il me semblait important maintenant de reprendre peut-être les choses que nous avons soutenues sur une base qui soit un peu plus large et qui fasse une part (...) en Europe et au Quartet et probablement d'ailleurs à quelques autres pays, notamment des pays arabes. Je pense que c'est probablement comme cela que l'on peut essayer de faire en sorte d'aboutir finalement à toute une procédure qui permette d'avoir ce que nous souhaitons ; c'est-à-dire effectivement un Etat palestinien qui soit viable et bien intégré. Israël doit être complètement conforté dans sa sécurité et Jérusalem comme capitale de deux Etats avec, bien entendu, les libertés d'accès pour l'ensemble des lieux de culte des grandes religions.
Q - A propos du boycott des produits israéliens, ne pensez-vous pas que les produits fabriqués dans les colonies devraient être identifiés pour les consommateurs ?
R - Mais c'est bien le cas, effectivement. Vous avez deux régimes différents, puisque vous avez un régime préférentiel qui est accordé aux produits israéliens, et vous n'avez pas ce régime préférentiel accordé aux produits venant des colonies.
Q - Mais pour les consommateurs ?
R - Comment ?
Q - Fabriqués dans les colonies, c'est un grand problème aussi.
R - J'en parlerai peut-être demain. Mais enfin, pour l'instant ce n'est pas comme cela que se présentent les choses. Si vous voulez, encore une fois, les origines sont des origines géographiques générales et ont des régimes différents.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 janvier 2011