Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur la cause nationale 2011 de lutte contre les solitudes, Bordeaux le 22 janvier 2011.

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Circonstance : 1ère journée régionale de la cause nationale de lutte contre les solitudes à Bordeaux le 22 janvier 2011

Texte intégral

C'est au Parlement de Bordeaux que se rencontrent Montaigne et La Boétie. C'est au Parlement de Bordeaux que naît entre eux cette amitié jamais démentie et passée depuis lors à la légende.
C'est dire si la ville de Bordeaux, cher Alain, est associée, dans l'esprit de chacun, à l'idée de solidarité et de fraternité.
Et, quelques siècles après nos deux écrivains, tu y as largement contribué, toi qui n'as eu de cesse d'en faire une ville ouverte et accessible à tous, conviviale, généreuse, en un mot une ville où il fait bon vivre.
C'est avec beaucoup de chaleur que je veux te remercier de m'y accueillir aujourd'hui, précisément pour porter ces valeurs de solidarité et de fraternité auxquelles je te sais, comme moi, très attaché.
« Il faut avoir femmes, enfants, biens, et surtout de la santé, si l'on peut - nous dit Montaigne - ; mais non pas s'y attacher en manière que notre bonheur en dépende. Il faut se réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche, en laquelle nous établissions notre vraie liberté et principale retraite et solitude. »
C'est ainsi que l'auteur des Essais définit la solitude choisie et recherchée, celle qui rime avec liberté, celle qui permet de se ressourcer et de se retrouver. J'imagine, cher Alain, qu'à toi elle manque comme à moi !
Mais, dans notre pays, il existe une autre solitude, une solitude qui isole, une solitude qui pèse, une solitude qui marginalise.
Cette solitude-là, il est de notre devoir de la combattre.
C'est pour cela que le Premier ministre a choisi de faire de la solitude la Grande cause nationale pour l'année 2011.
Vous avez porté ce projet, à l'initiative de la Société Saint Vincent de Paul, qui a toute ma gratitude.
A votre formidable collectif associatif, je veux rendre l'hommage appuyé qu'il mérite.
A vous toutes et à vous tous, je veux dire, avec beaucoup de simplicité, « merci ».
Dans une société trop souvent charmée par les sirènes d'un individualisme forcené, vous oeuvrez chaque jour, anonymement et bénévolement, pour restaurer davantage de fraternité aux côtés de nos concitoyens les plus seuls.
Je pense à cet étudiant ou à ce jeune actif, qui vit dans une grande ville, loin de sa famille, et souffre de la solitude.
Je pense à cette femme qui élève seule ses enfants et, souvent, dans une situation de précarité morale et matérielle.
Je pense à cette personne âgée dépendante qui doit vivre seule alors même qu'elle perd son autonomie.
Toutes ces personnes isolées, vous les connaissez et vous les accompagnez face aux difficultés, pour les réconcilier avec la société, restaurer leur dignité et les rendre de nouveaux actrices de leur propre destinée.
Tout à l'heure, lors de la visite du centre d'hébergement d'urgence de Trégey, j'ai pu mesurer les trésors de générosité et de dévouement que vous déployez aux côté de l'Etat. Soyez-en profondément remerciés.
J'ajoute que ce lien social, vous le faites vivre aussi au sein même de votre secteur, l'économie sociale et solidaire. A bien des égards, vos associations constituent autant de familles de coeur, auxquelles vous donnez sans compter votre temps et votre énergie.
Créer du lien social : c'est aussi le coeur de mon engagement depuis toujours.
Cet engagement, il m'anime aujourd'hui plus que jamais et vous pouvez compter sur moi pour m'investir pleinement dans cette Grande cause nationale.
Cet engagement, je suis très heureuse de pouvoir le porter au nom du Gouvernement, à la tête du Ministère des solidarités et de la cohésion sociale qui, comme j'ai l'habitude de le dire, est celui du coeur.
D'ailleurs, quel rôle plus noble assigner à la fonction politique, sinon celui de garantir et de préserver le bien-vivre ensemble au sein de la cité, en proposant à chacun une place au sein de notre pacte républicain ?
C'est ce que je veux faire et je le ferai avec vous.
C'est pourquoi je vous rencontrerai régulièrement, au fil du riche programme que vous vous êtes fixé pour cette année de mobilisation générale contre la solitude.
Voyez dans cette expression de mon ambition pour 2011 une autre manière de vous présenter, à toutes et à tous, mes voeux les plus fraternels !Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 28 janvier 2011