Texte intégral
Q - Merci d'être avec nous en direct sur RMC ce matin. La Grèce a pris la décision de construire une clôture de 12,5 kilomètres pour lutter contre l'immigration illégale. Que dit de ce projet le ministre chargé des Affaires européennes ?
R - Il faut être clair, nos frontières européennes, si nous ne les protégeons pas, deviennent des passoires. 70 % de l'immigration illégale passe chaque année par cette région, il faut donc faire quelque chose pour contrôler cet endroit. Les Grecs ont réfléchi à cette solution, il faut savoir que cela représente 12,5km le long d'un fleuve, ils veulent y mettre une clôture. Chaque jour, 300 personnes franchissent cette frontière illégalement. Ce n'est pas à nous de savoir exactement si c'est la meilleure ou la moins bonne solution. La seule chose que je sais, c'est qu'il faut faire quelque chose et que l'on ne peut pas à la fois dire aux Grecs de faire quelque chose et le leur reprocher dès qu'ils ont une initiative.
Q - Pensez-vous que c'est une bonne initiative ? La symbolique n'est peut-être pas très heureuse mais il y a la symbolique et l'efficacité aussi. Je sais que la Bulgarie prépare la même mesure, la construction d'une clôture car elle aspire à entrer dans l'espace Schengen.
R - Le but n'est pas de reconstruire le mur de Berlin, les choses sont claires. Sur ces sujets qui sont majeurs pour la sécurité de l'Europe, je privilégie l'efficacité. Cela permettra de protéger cette dizaine de kilomètres qui est très sensible et cela me semble une bonne idée. C'est bien de la part de la Grèce d'essayer d'avancer de ce côté-là, ensuite on peut discuter des modalités dans tous les sens. Il n'empêche qu'ils essaient de faire quelque chose et je ne peux que les saluer.
Q - Je vois quand même le porte-parole, commissaire chargé des Affaires intérieures qui dit : «Les murs ou les grillages sont des mesures à court terme qui ne permettent pas de s'attaquer de manière structurelle à la question d'immigration clandestine.»
R - C'est vrai bien sûr, ce n'est pas la solution miracle mais il n'empêche que cela nous permet d'avancer. Ensuite, d'autres points sont importants. Il faut des gardes-frontière. On ne peut pas laisser la Grèce seule face à ces flux, il faut donc que les pays de l'Union européenne l'aide en ce sens.
Le but est notamment de mettre à disposition, par le biais de l'Europe, des gardes-frontière supplémentaires, c'est ce que nous sommes en train de faire, cela a déjà permis en quelques mois de faire baisser de 30 % ces flux clandestins.
C'est un point positif. Et la seconde chose à laquelle je suis très attaché, ce n'est pas seulement le volet répressif, il faut aussi travailler avec les pays qui sont à l'origine de cette immigration pour voir comment les aider dans leur développements, comment faire de l'humanitaire aussi et tout simplement, comment enlever les raisons qui sont liées à la grande pauvreté de ces flux d'immigration. Ne soyons pas angéliques, il nous faut quand même protéger nos frontières.
Q - ...des émigrants qui proviennent majoritairement d'Afghanistan, d'Afrique, d'Irak, du Pakistan mais aussi du Maghreb.
J'avais ce matin en direct le vice-président du parti social démocrate, principal parti d'opposition en Turquie où l'on n'est pas très content. Il dit qu'à nouveau, on rejette la Turquie, encore une fois, l'Europe nous renvoie ce problème et ne nous aide pas particulièrement à le régler.
R - Il faut être clair, ce mur n'est pas tourné contre la Turquie. Cette clôture est tournée contre tous les flux clandestins qui veulent inonder l'Europe. L'ennemi n'est évidemment pas la Turquie, l'ennemi, ce sont tous ces flux qui nous traversent sans que l'on puisse les contrôler. Encore une fois, je crois qu'il faut bien que l'on comprenne que dans l'Union européenne, la frontière grecque est aussi notre frontière. On a besoin d'une Europe qui est forte et efficace et capable de dire qu'elle ne laisse pas entrer tout et n'importe quoi dans le continent européen.
Q - Etes-vous favorable à une intégration de la Turquie dans l'Union européenne ?
R - Vous savez, la position de la France est très claire à ce sujet. On considère que la Turquie est un partenaire, un partenaire très important. C'est un pays qui fait le lien entre l'Europe et l'Orient, mais nous considérons aussi qu'il n'a pas vocation à entrer dans l'Union européenne.
Q - Je vous pose cette question à la lumière de ce qui se passe dans le monde arabe. La Turquie est un pays laïc et démocratique.
R - J'ai toujours considéré que ce n'était pas un argument parce que si nous faisons cela, faudrait-il intégrer tous les pays qui sont laïcs et démocratiques du monde ? Non.
La question, c'est la cohérence de l'Europe et la position de la France, en tout cas la position du gouvernement actuel, est très claire. C'est vrai malgré tout que cela fait partie des sujets de différence entre la gauche et la droite. Sur cette question, le parti socialiste a une position beaucoup plus ambigüe.
Q - Et même en Europe n'est-ce pas ?
R - C'est exact.
Q - Parce que les Anglais par exemple soutiennent l'intégration de la Turquie.
R - Tout à fait, mais l'avantage, c'est que sur ces questions qui sont vraiment décisives, l'Union européenne prévoit qu'un seul pays peut opposer son véto.
Merci Laurent Wauquiez d'avoir été en direct avec nous.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2011
R - Il faut être clair, nos frontières européennes, si nous ne les protégeons pas, deviennent des passoires. 70 % de l'immigration illégale passe chaque année par cette région, il faut donc faire quelque chose pour contrôler cet endroit. Les Grecs ont réfléchi à cette solution, il faut savoir que cela représente 12,5km le long d'un fleuve, ils veulent y mettre une clôture. Chaque jour, 300 personnes franchissent cette frontière illégalement. Ce n'est pas à nous de savoir exactement si c'est la meilleure ou la moins bonne solution. La seule chose que je sais, c'est qu'il faut faire quelque chose et que l'on ne peut pas à la fois dire aux Grecs de faire quelque chose et le leur reprocher dès qu'ils ont une initiative.
Q - Pensez-vous que c'est une bonne initiative ? La symbolique n'est peut-être pas très heureuse mais il y a la symbolique et l'efficacité aussi. Je sais que la Bulgarie prépare la même mesure, la construction d'une clôture car elle aspire à entrer dans l'espace Schengen.
R - Le but n'est pas de reconstruire le mur de Berlin, les choses sont claires. Sur ces sujets qui sont majeurs pour la sécurité de l'Europe, je privilégie l'efficacité. Cela permettra de protéger cette dizaine de kilomètres qui est très sensible et cela me semble une bonne idée. C'est bien de la part de la Grèce d'essayer d'avancer de ce côté-là, ensuite on peut discuter des modalités dans tous les sens. Il n'empêche qu'ils essaient de faire quelque chose et je ne peux que les saluer.
Q - Je vois quand même le porte-parole, commissaire chargé des Affaires intérieures qui dit : «Les murs ou les grillages sont des mesures à court terme qui ne permettent pas de s'attaquer de manière structurelle à la question d'immigration clandestine.»
R - C'est vrai bien sûr, ce n'est pas la solution miracle mais il n'empêche que cela nous permet d'avancer. Ensuite, d'autres points sont importants. Il faut des gardes-frontière. On ne peut pas laisser la Grèce seule face à ces flux, il faut donc que les pays de l'Union européenne l'aide en ce sens.
Le but est notamment de mettre à disposition, par le biais de l'Europe, des gardes-frontière supplémentaires, c'est ce que nous sommes en train de faire, cela a déjà permis en quelques mois de faire baisser de 30 % ces flux clandestins.
C'est un point positif. Et la seconde chose à laquelle je suis très attaché, ce n'est pas seulement le volet répressif, il faut aussi travailler avec les pays qui sont à l'origine de cette immigration pour voir comment les aider dans leur développements, comment faire de l'humanitaire aussi et tout simplement, comment enlever les raisons qui sont liées à la grande pauvreté de ces flux d'immigration. Ne soyons pas angéliques, il nous faut quand même protéger nos frontières.
Q - ...des émigrants qui proviennent majoritairement d'Afghanistan, d'Afrique, d'Irak, du Pakistan mais aussi du Maghreb.
J'avais ce matin en direct le vice-président du parti social démocrate, principal parti d'opposition en Turquie où l'on n'est pas très content. Il dit qu'à nouveau, on rejette la Turquie, encore une fois, l'Europe nous renvoie ce problème et ne nous aide pas particulièrement à le régler.
R - Il faut être clair, ce mur n'est pas tourné contre la Turquie. Cette clôture est tournée contre tous les flux clandestins qui veulent inonder l'Europe. L'ennemi n'est évidemment pas la Turquie, l'ennemi, ce sont tous ces flux qui nous traversent sans que l'on puisse les contrôler. Encore une fois, je crois qu'il faut bien que l'on comprenne que dans l'Union européenne, la frontière grecque est aussi notre frontière. On a besoin d'une Europe qui est forte et efficace et capable de dire qu'elle ne laisse pas entrer tout et n'importe quoi dans le continent européen.
Q - Etes-vous favorable à une intégration de la Turquie dans l'Union européenne ?
R - Vous savez, la position de la France est très claire à ce sujet. On considère que la Turquie est un partenaire, un partenaire très important. C'est un pays qui fait le lien entre l'Europe et l'Orient, mais nous considérons aussi qu'il n'a pas vocation à entrer dans l'Union européenne.
Q - Je vous pose cette question à la lumière de ce qui se passe dans le monde arabe. La Turquie est un pays laïc et démocratique.
R - J'ai toujours considéré que ce n'était pas un argument parce que si nous faisons cela, faudrait-il intégrer tous les pays qui sont laïcs et démocratiques du monde ? Non.
La question, c'est la cohérence de l'Europe et la position de la France, en tout cas la position du gouvernement actuel, est très claire. C'est vrai malgré tout que cela fait partie des sujets de différence entre la gauche et la droite. Sur cette question, le parti socialiste a une position beaucoup plus ambigüe.
Q - Et même en Europe n'est-ce pas ?
R - C'est exact.
Q - Parce que les Anglais par exemple soutiennent l'intégration de la Turquie.
R - Tout à fait, mais l'avantage, c'est que sur ces questions qui sont vraiment décisives, l'Union européenne prévoit qu'un seul pays peut opposer son véto.
Merci Laurent Wauquiez d'avoir été en direct avec nous.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 février 2011