Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères et européennes, en réponse à une question d'actualité à l'Assemblée nationale sur son séjour controversé en Tunisie et la transition politique en Tunisie et en Egypte, Paris le 16 février 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réponses de Michèle Alliot-Marie à une question d'actualité à l'Assemblée nationale à Paris le 16 février 2011

Texte intégral

Vous avez beau, Monsieur Mamère, répéter des mensonges, cela n'en fait pas des vérités. Pendant que vous vous complaisez dans la polémique, moi, je travaille, et je travaille avec le gouvernement, pour aider la Tunisie autant qu'elle le souhaitera.
Conformément aux orientations du président de la République, le Premier ministre a présenté ce matin, en conseil des ministres, un plan de soutien à la Tunisie, élaboré en étroite relation avec un certain nombre de ministres tunisiens avec lesquels je travaille quasi-quotidiennement.
Il s'agit effectivement d'accompagner ce pays ami de la France dans sa nouvelle vie après la «révolution de jasmin», dans sa volonté de se reconstruire, de mettre en place la démocratie et l'Etat de droit et de lutter contre la corruption. Il s'agit de contribuer à la modernisation de l'économie et au développement de l'emploi, pour résoudre les vrais problèmes des Tunisiens. Il s'agit de multiplier les contacts entre la société civile et les ONG en investissant davantage dans le domaine de la francophonie et en aidant au développement des médias. Ce plan est conçu en plein accord avec les autorités tunisiennes ; d'ailleurs, plusieurs ministres français vont se rendre la semaine prochaine en Tunisie pour discuter avec les Tunisiens de sa mise en oeuvre.
Les événements qui se passent dans le monde arabe nous imposent de changer notre grille de lecture à l'égard des pays proches et des pays amis. Leurs aspirations à la liberté, à la démocratie, au développement économique et social nous obligent. Nous avons une responsabilité envers eux. Nous, nous l'assumons ; ce ne sont pas vos propos qui permettent de répondre aux enjeux de la situation.
Monsieur le Député, depuis quelques semaines, certains médias et hommes de gauche passent ma vie tant publique que privée au peigne fin. Faute d'y avoir trouvé quoi que ce soit d'illégal à me reprocher, c'est aujourd'hui sur la vie privée de mes parents, qui ont quatre-vingt-douze ans, que l'on enquête. Ont-ils fait quelque chose d'illégal ? Non !
Cette campagne, Monsieur le Député, est indigne. Je veux vous dire tout simplement et très sincèrement combien je regrette que vous ayez la petitesse, l'abjection d'utiliser mes parents pour vous en prendre à moi et m'attaquer politiquement. Monsieur le Député, à mes yeux, la politique, c'est autre chose.
Pour ma part, je ne rappellerai pas ce qui s'est passé du temps de M. Mitterrand : il y aurait sans doute beaucoup à dire. Moi, quand je pose des questions, ce sont de vraies questions, des questions politiques, celles qui concernent vos choix, votre morale, votre responsabilité politique. Alors, Monsieur le Député, puisque vous avez l'indignation si sélective et la mémoire si courte, je vous repose la question : si M. Ben Ali était aussi infréquentable, pourquoi avez-vous attendu son départ pour l'exclure de l'Internationale socialiste, et même, trois jours après ? Si M. Ben Ali et ses amis étaient infréquentables, pourquoi avez-vous invité deux membres de son parti au mois de novembre à votre conseil à Paris ? Si vous tenez tant aux principes et au respect des peuples, pourquoi M. Gbagbo et son parti sont-ils toujours à l'Internationale socialiste, alors qu'ils dénient la volonté des Ivoiriens ? Voilà de véritables questions !
Monsieur le Député, vous me prêtez un bien grand pouvoir, celui de défaire les gouvernements étrangers. Je ne me connaissais pas un tel pouvoir ! En tout cas, ni vos attaques ni vos injures ne me détourneront de la tâche qui m'incombe.
Pendant que vous vous égosillez, nous travaillons, nous, sur des sujets sur lesquels on ne vous entend pas. Il y a, en effet, de grands sujets sur lesquels vous êtes totalement muets, Mesdames, Messieurs les Députés de l'opposition. Vous êtes muets, par exemple, sur la Côte d'Ivoire. Je comprends que vous ne soyez pas très à l'aise puisque vous n'avez toujours pas exclu M. Gbagbo de l'Internationale socialiste alors qu'il dénie totalement la démocratie et les élections.
Quand le gouvernement prépare l'aide et le soutien que la France entend apporter à la Tunisie comme à l'Egypte dans leur démarche démocratique, on ne vous entend pas non plus, vous n'avez aucune proposition à faire. Sur le processus de paix au Moyen-Orient, quand je suis en contact deux ou trois fois par semaine aussi bien avec Mme Clinton qu'avec le président palestinien ou son Premier ministre, le Président ou le Premier ministre israélien, on ne vous entend pas, vous n'avez aucune proposition. Quand nous travaillons sur l'aide au développement pour l'Afrique, comme l'a fait le président de la République hier, et comme je l'ai fait moi-même en recevant à dîner l'Africa Progress Panel, vous restez muets.
Sur ces sujets, comme sur les sujets français, vous faites plein de déclarations lénifiantes mais vous n'avez aucun projet à proposer.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2011