Interview de M. Maurice Leroy, ministre de la ville, à Radio Classique le 21 janvier 2011, sur la politique urbaine, le Grand Paris et les banlieues.

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Média : Radio Classique

Texte intégral


 
 
G. Durand et M. Darmon.- G. Durand : Voilà, bonjour, avec M. Darmon, nous avons le plaisir de recevoir le tonitruant ministre de la Ville, M. Leroy. Bienvenu sur l'antenne de Radio Classique et de I Télé. Un conseil national du Nouveau centre, ce week-end, une avalanche de questions. Comment se débarrasser d'H. Morin ? Quid de la candidature de J.-L. Borloo ? Pourquoi pas une certaine forme de ré-industrialisation, des chiffres de la délinquance, qui tombent ces dernières heures ? Et S. Royal qui va de l'avant. Mais commençons par la situation du Nouveau centre, commençons par le conseil national de ce week-end. Et commençons par la candidature de J.-L. Borloo. Il y va quand ?
 
Ecoutez, c'est à lui de le décider. Ce sera à J.-L. Borloo de décider quand il ira. Il y a deux cette semaine quelque chose de très important, le parti radical mercredi, qui dit très clairement qu'il est prêt à quitter l'UMP au profit d'une confédération qui rassemble la famille centriste. Et effectivement, demain...
 
G. Durand : Créer les conditions d'une candidature de Borloo ?
 
Créer les conditions d'une candidature centriste et évidemment dans ce cas de figure, la candidature de J.-L. Borloo est vraisemblablement, la meilleure candidature pour le centre. En tout cas, je le pense...
 
G. Durand : Mais est-ce qu'il vous l'a dit, qu'il irait une fois, justement, que cette situation politique serait éclaircie, est-ce que vous lui avez dit, vous, vas-y ?
 
Moi, je pense qu'il doit y aller. Voilà, on va être clair. Je pense qu'il doit y aller. Voilà ! Que J.-L. Borloo, ça a une signification pour le centre. Mais je pense que J.-L. Borloo ne peut pas y aller tant que la famille centriste n'est pas rassemblée. Voilà ! Et demain, le conseil national du Nouveau centre, va prendre une motion, à l'unanimité, en tout cas, au comité exécutif, elle a été votée à l'unanimité, pour faire en sorte qu'effectivement, nous nous ouvrions à cette confédération, voilà ! On a beaucoup progressé, c'était une proposition de F. Sauvadet, le président des députés centristes. Aujourd'hui, le Nouveau centre fait sienne, cette proposition. Ça va être adopté demain, le Parti radical se met aussi, en ordre demain. C'est une bonne nouvelle pour le centre, c'est une bonne nouvelle pour ceux...
 
G. Durand : Mais le calendrier, vous l'imaginez, pardonnez-moi, mais le calendrier vous l'imaginez quand ?
 
Comme tout le monde ! Regardez ce qui se passe...
 
G. Durand : Ca veut dire quoi ça, « comme tout le monde » ?
 
Comme tout le monde, c'est à l'automne que tout le monde se détermine, au Parti socialiste, à l'UMP, et dans les autres formations politiques.
 
G. Durand : Et entre-temps vous faites quoi pour dissuader H. Morin d'y aller ? Vous le laissez y aller ?
 
Mais, non, vous verrez, il faut être zen, avec cela. Il n'y a pas à dissuader.
 
G. Durand : Il ne dit pas qu'il est zen en ce moment. Il compare la situation d'aujourd'hui à la pire situation de la gauche, en 92, le suicide de Bérégovoy, l'affaire Urba Gracco, il dit que c'est équivalent ce qui se passe aujourd'hui autour du président de la République ?
 
Ecoutez, ça pour le moment, il se démarque. C'est son jeu, personnel. Il a le droit de jouer son jeu personnel. H. Morin a parfaitement le droit, et il est parfaitement qualifié, comme président du Nouveau centre de jouer, sa carte personnelle, voilà.
 
G. Durand : Mais vous le dissuadez comment ?
 
Mais vous savez, ce sont...
 
G. Durand : Il ne peut pas y avoir, pardonnez-moi, ce n'est pas que je veuille systématiquement...
 
Il ne peut pas y avoir Bayrou, Morin...
 
G. Durand : Il ne peut pas y avoir Bayrou, Morin, Villepin, Dupont- Aignan...
 
Bien sûr, mais il n'y aura pas tout ça à l'arrivée, vous savez bien comment c'est ! Tout le monde se met sur la ligne de départ, ce n'est pas une cantonale partielle, c'est en route vers la présidentielle, le thème de votre émission. J'aime bien d'ailleurs, parce que c'est tonique effectivement. C'est en route vers la présidentielle. Alors vous avez en route vers la présidentielle, c'est comme « le lièvre et la tortue » il y a beaucoup de monde, sur la ligne de départ. Mais comme dans « le lièvre et la tortue » ça ne sert à rien, d'être le lièvre, dans cette course à la présidentielle. C'est la tortue qui arrive à l'arrivée, souvenez-vous de la fable.
 
G. Durand : Est-ce que vous considérez...
 
Et par conséquent, il faut d'abord ne pas griller les étapes. Et ne pas griller les étapes sur la route de la présidentielle, c'est d'abord rassembler la famille, simplement parce que la seule certitude au centre, c'est la candidature aujourd'hui de F. Bayrou. Donc la candidature de F. Bayrou nous oblige à être intelligent et à nous rassembler au centre.
 
G. Durand : Alors justement, c'est sur ce thème-là, la dernière question, avant qu'on intervienne, sur d'autres thèmes avec Michaël. C'est au centre aujourd'hui, il y a deux types de candidature. Il y a ceux qui veulent abattre Sarkozy, et ceux qui veulent éventuellement, comme Borloo le soutenir ? C'est ça qui est quand même le discriminant ! Ceux qui sont candidats au centre comme Bayrou, comme éventuellement Villepin, et qui sont plutôt les anti-sarkozystes, vous n'allez pas les dissuader de se présenter ?
 
On ne les dissuadera pas...
 
G. Durand : Ou est-ce que vous considérez encore aujourd'hui, qu'ils peuvent...
 
Vous avez observé, G. Durand, que F. Bayrou, lui-même dit qu'il s'est recentré. Ce n'est pas moi qui le dis ! Si F. Bayrou...
 
G. Durand : Il pourrait appeler à voter Sarkozy, au deuxième tour ?
 
Mais moi, je fais le pari qu'au second tour, voilà, vous voyez, je me lâche et je vous dis les choses. Je suis persuadé que F. Bayrou au second tour fera le choix de N. Sarkozy, il n'aura pas d'autre choix que ce qui s'est fait...
 
G. Durand : C'est déjà...
 
Non...
 
G. Durand : Dans les rencontres qui ont eu lieu ?
 
Mais non, ce n'est pas des problèmes de négociations. Attendez, c'est des problèmes de bon sens, il est où aujourd'hui, F. Bayrou ? Avec ce choix, où il s'est déporté complètement à gauche ? 4 % aux élections régionales qui sont une élection à la proportionnelle, qui ne sont pas défavorables aux centristes. Ca rend là aussi, pragmatique et intelligent. Et donc vous verrez, je fais ce pari, je n'ai pas d'information, je fais de la politique, j'assume d'en faire. Et on a le droit de raisonner en politique...
 
G. Durand : Donc Borloo, Bayrou, ramèneront des voix pour Sarkozy au deuxième tour, c'est ça le pari ?
 
Mais écoutez, le sujet c'est de...
 
G. Durand : Soyez clair ! Vous avez dit : « je serais clair. »
 
Oui, je suis clair.
 
G. Durand : Borloo, Bayrou...
 
Mais je suis clair. Il y a besoin d'offrir une offre électorale au centre. Vous avez un électorat qui ne votera jamais au premier tour, en faveur de N. Sarkozy.
 
M. Darmon : Alors M. Leroy, puisque ce matin, vous vous lâchez, que vous parlez clair...
 
Toujours !
 
M. Darmon : Ministre de la Ville, est-ce que votre, finalement, mission politique n'est pas de ramener N. Sarkozy sur la dalle d'Argenteuil, là où il avait voilà, prononcé, les phrases de racaille, qui avaient marqué, qui avaient marqué une rupture avec ces banlieues. Est-ce que finalement, il ne doit pas y retourner pour se réconcilier avec ses territoires perdus sur le plan politique ?
 
Vous avez N. Sarkozy, le président de la République, il est partout chez lui, en France comme tous les élus de la République.
 
M. Darmon : Oui, mais pas en banlieue ?
 
Oui, écoutez, il y retournera, vous verrez, qu'il y retournera.
 
M. Darmon : C'est ce qu'on nous dit depuis le début du quinquennat.
 
Oui, eh bien, il y retournera. Il faut juste patienter un peu. Il y retournera. Il n'y a pas de zone de non droit, en France. Et si N. Sarkozy et F. Fillon ont voulu faire de la ville, de nouveau un ministère de plein exercice, c'est précisément pour redonner une priorité à la politique de la ville. D'ailleurs le Premier ministre, F. Fillon, je vous l'annonce, va présider un comité interministériel, de la ville en février prochain.
 
M. Darmon : Oui, il va présider un comité interministériel, vous dites que c'est une priorité, mais en réalité, ce fameux Plan Marshall des banlieues, annoncé en grandes pompes, pendant la campagne présidentielle, on n'en a jamais vu le jour. Et on a le sentiment que tout est abandonné depuis le départ ?
 
Oui, c'est vrai, mais, non, tout n'est pas abandonné. Moi, j'ai dit...
 
M. Darmon : Vous dites que c'est vrai, ça n'a pas démarré.
 
Je dis que c'est vrai, parce qu'effectivement, peut-être que l'erreur ça a été d'annoncer le Plan Marshall, mais pardon, le Plan Marshall, il était dans tous les programmes électoraux, celui de F. Bayrou que je connais bien pour l'avoir porté. Celui de S. Royal...
 
M. Darmon : Le Plan Marshall était...
 
Le Plan Marshall...
 
M. Darmon : La partition du ralliement de J.-L. Borloo, à N. Sarkozy en 2007 ?
 
Oui, mais vous avez, il y a quelque chose qui est, peut-être moins dans les faits d'annonce du Plan Marshall. Mais l'ANRU de J.-L. Borloo, avec N. Sarkozy, ça marche. 12 milliards...
 
M. Darmon : C'était avecJ. Chirac. C'était avec J. Chirac, l'ANRU de J.-L. Borloo, M. Leroy !
 
12 milliards d'euros, non mais qui a adopté l'ANRU ? Il faut le noter...
 
M. Darmon : Ca a été lancé avec J. Chirac, l'ANRU, je suis désolé.
 
Oui, on ne va pas se chicailler.
 
M. Darmon : C'est une réalité ?
 
Qui vote les budgets ? C'est cette majorité qui les vote ? Bien ! Donc l'ANRU est dotée, l'ANRU que préside G. Hamel, est doté de crédits pour faire.
 
M. Darmon : Moi, je voudrais comprendre. M. Leroy, je voudrais comprendre pourquoi...
 
La rénovation urbaine, ça marche, et bien.
 
M. Darmon : Moi, je voudrais comprendre pourquoi, N. Sarkozy qui n'arrête pas de vanter l'énergie, justement de la France et des Français, pourquoi ne considère-t-il pas, toute une partie justement, de cette population qui vit dans les quartiers difficiles, parce que quoi ? Parce que ce ne sont pas des électeurs ?
 
Mais M. Darmon, pardon, on va parler clair, là vous êtes complètement à côté de la plaque. Il y a un...
 
M. Darmon : Parlons clair. Ah ! Non, c'est l'analyse qu'on nous donne. Donc moi, je vous pose la question très clairement.
 
Vous avez observé qu'il y a eu un petit changement dans le remaniement ministériel. Une petite bricole ! Il y avait un secrétariat d'Etat à la Ville, il y a un ministère de la Ville, de pleins exercices qui de surcroît a dans son portefeuille ministériel, le Grand Paris, voilà !
 
M. Darmon : On va en parler oui.
 
Et donc, et donc, Grand Paris, ministère de la Ville, ça donne bien l'orientation gouvernementale. Il y a un ministère de la Ville de plein exercice. Et la rénovation urbaine, ça fonctionne tellement bien que tous les élus, y compris au Parti socialiste ou au Parti communiste, ou chez les écologistes, sur le terrain demandent un deuxième plan national de rénovation urbaine, sur lequel, je travaille à la demande de F. Fillon.
 
M. Darmon : Alors M. Leroy, parlons quelques instants, justement du Grand Paris. Vous avez reçu C. Duflot, J.-V. Place pour justement tenter de débloquer cette situation, puisque ça ne marche pas avec la région. Et pour l'instant le Grand Paris n'avance pas ?
 
Alors là aussi patientons, quelques jours. Nous sommes effectivement en négociation avec le président J.-P. Huchon, la région Ile de France, son exécutif pour faire en sorte que le Grand Paris puisse avancer. Vous savez, les Franciliens galèrent tous les jours dans les transports en commun. Et les Franciliens s'en moquent de savoir si c'est un acquis du gouvernement, de la région, des écologistes. Voilà ! Les Franciliens dans le débat public du Grand Paris...
 
M. Darmon : Oui, mais comment vous débloquez cette situation ? Parce qu'en plus, c'est soumis à la situation politique de J.-P. Huchon ?
 
Vous verrez. Comment on débloque ? Comment on débloque ? Comment on débloque la situation ? En étant à l'écoute des élus, en faisant avancer les projets, c'est ce à quoi je m'emploie. Et vous verrez, j'ai bon espoir que dans les jours qui viennent, nous obtiendrons un accord historique, historique, sur le Grand Paris, parce que c'est une nécessité. Commencer par faire, commencer par moderniser les transports, notamment les RER et puis ensuite parler très vite de développement économique avec F. Mitterrand, de culture...
 
M. Darmon : M. Leroy, une toute dernière question avant de passer à un autre sujet avec G. Durand, une toute dernière question : est-ce que ce sujet n'est pas non plus obéré par la situation politique et l'avenir de J-P. Huchon qui pourrait être déclaré inéligible pour une histoire de campagne ?
 
Non, ce sont objectivement...
 
M. Darmon : En quelques mots.
 
Objectivement, ce sont deux sujets différents, qui n'interfèrent pas...
 
M. Darmon : Vous le soutenez ?
 
Qui n'interfèrent pas, et donc... Je travaille très bien avec J-P. Huchon, voilà. Je travaille très bien et je travaille très bien aussi avec les écologistes, j'ai eu un entretien très positif avec C. Duflot, qui m'a parue, je vous le dis, avec J.-V. Place, très responsable sur le dossier. On avait d'ailleurs souvent des points communs sur la nécessité de faire avancer les transports franciliens, donc vous voyez, quand on sort un peu du manichéisme et qu'on arrive à faire des pas les uns vers les autres et à travailler pour l'intérêt général, on peut parfaitement y arriver.
 
G. Durand : Deuxième grande question politique, ou plutôt troisième grande question politique, M. Leroy, la situation du président de la République, là je vais être très généreux avec tous mes confrères, J.-m. Aphatie, par exemple, de RTL, considère que, étant donné son degré d'impopularité du moment, ça sera très difficile pour le Président de la République de remonter.
 
Je n'y crois pas un seul instant. Souvenez-vous, on disait ça pour J. Chirac à chaque fois, et les mêmes journalistes, Aphatie lui-même,
 
G. Durand : 12 %. Oui, écoutez-moi...
 
G. Durand : Je cite Aphatie comme une référence, pas comme un adversaire politique.
 
J'ai bien compris.
 
G. Durand : Il n'y croit pas, mais beaucoup de gens dans la majorité, à gauche, n'y croient pas.
 
Oui, enfin pardon, je fais moins confiance aux commentateurs qu'aux acteurs, moi, dans la vie politique, voilà, c'est comme ça, et donc...
 
G. Durand : Non, mais il y a plein d'acteurs qui n'y croient pas.
 
Oui, mais je me souviens aussi de tous les commentateurs. Attendez, tiens, faites une revue de presse, on va dans une bonne bibliothèque, on fait une revue de presse de chaque présidentiel, on disait CHIRAC, et alors, d'ailleurs...
 
G. Durand : quel est l'argument ?
 
Attendez, je finis ma phrase.
 
G. Durand : Bien sûr.
 
Et les mêmes disaient : Chirac, extraordinaire en campagne ! Sarkozy il est extraordinaire en campagne, tout le monde le sait.
 
G. Durand : Donc, c'est ça l'argument ?
 
Pardon ?
 
G. Durand : C'est ça l'argument, c'est qu'il est extraordinaire en campagne ?
 
Ecoutez, même dans n'importe quelle cantonale...
 
G. Durand : Je n'ai pas dit ça...
 
Même dans n'importe quelle cantonale à « Arozon-les-Grioches » (phon) on vous expliquera qu'une campagne, et je vous assure que ça sert à quelque chose.
 
G Durand : D'accord.
 
Moi je suis en campagne, suivez-moi, vous verrez ce que c'est une campagne. Une campagne, croyez-moi, c'est dynamique. Vous attaquez les propositions, le projet. Une campagne, c'est formidable.
 
G. Durand : Et cette idée, justement, qui a été défendue dans les couloirs de la nomination du gouvernement Fillon 2, c'est un gouvernement de professionnels...
 
Eh bien, ça se voit, oui, d'ailleurs.
 
G Durand : Et avec Michèle Alliot-Marie, ça se voit ?
 
Oui, ça se voit, parce qu'avec M. Alliot-Marie, qu'est-ce qu'on a fait, comme d'habitude d'ailleurs, on a extrait une phrase d'un discours... J'observe d'ailleurs un truc, qu'aucun commentateur n'a dit, vous aviez observé une chose ? A l'Assemblée nationale, j'y étais, quand elle a fait cette phrase, il n'y a eu aucune huée sur les bancs, personne n'a réagit.
 
G. Durand : Mais c'est-à-dire...
 
Personne n'a réagi et ça s'est fait après coup. C'est vrai ou pas, ce que je dis ?
 
G. Durand : Non, mais je ne dis pas que c'est faux, je...
 
Ah bon.
 
G. Durand : Je dis justement que, à ce propos, je re-cite encore un de mes camarades...
 
C'est intéressant, d'ailleurs.
 
G. Durand : A. Duhamel, hier, dans Liberation a justement expliqué d'une manière assez convaincante, qu'aucun gouvernement n'avait vu venir ce qui se passait en Tunisie, et dans le Canard enchaîné, je poursuis, il semble que les ministres et les professionnels aient mis en cause l'ambassadeur en Tunisie et le services secrets qui n'ont rien vu venir en Tunisie, qui est quand même le principal, enfin, dont nous sommes le principal partenaire.
 
Ça, ce sont des vraies questions, pour le coup, voilà, et c'est un vrai débat...
 
G. Durand : Et vous trouvez que c'est très professionnel, ça ? Non. G. Durand : Que l'ambassadeur ne voit rien venir, que les services secrets implantés sur place ne voient rien venir, que la communauté française, plus de 20 000 personnes sur place, ne voit rien venir et que le gouvernement ne soit pas prévenu et que les ministres partent en week-end, enfin, partent en week-end, dans leur circonscription, pour travailler, mais ne soient pas là. C'est professionnel, ça ?
 
Ecoutez, ce qui est effectivement professionnels, c'est de tirer les leçons de tout ce que vous venez de dire, et je suis sûr qu'elles seront tirées. Voilà, ça c'est professionnel. Voilà, tirer les leçons de tout ce que vous venez d'évoquer.
 
G. Durand : En rappelant l'ambassadeur.
 
Pardon ?
 
G. Durand : En rappelant....
 
En prenant les décisions qui s'imposent. Voilà, ça, ce sera professionnel.
 
G. Durand : Mais qu'est-ce qui nous garanti, pour revenir à ce que l'on évoquait tout à l'heure, que J-L. Borloo, au cas où Sarkozy ne remonterait pas dans les sondages, pense à une autre alliance, avec des Fillon, avec... parce que c'est aussi possible, ça, qu'au cours de la campagne, la majorité change de candidat. Tout est toujours possible, en politique. Moi, je suis très pragmatique, voilà, je ne sais pas lire dans le marc de café, je n'ai pas ce talent, pardonnez-moi, donc il ne faut pas me demander de faire des plans sur la comète ou d'être dans le commentaire de choses qu'on ne sait pas. Vous savez, c'est tôt aujourd'hui pour avoir tous les commentaires que l'on voudra. La situation politique, on verra bien ce qu'elle est, à l'automne prochain, d'ailleurs toutes les formations politiques font...
 
G. Durand : Donc tout le monde se prépare.
 
... font ce choix. Bien sûr, tout le monde se prépare et il est normal qu'au moment où tout le monde se prépare, il y ait tel ou tel commentaire, tel ou tel scénario qui s'élabore, mais vous savez, au moment de la ligne, la vraie ligne de départ, elle est à l'automne, et à l'automne, on verra bien la situation politique du moment. Il y a des données...
 
G. Durand : Personne ne trahira Sarkozy, si jamais les sondages ne bougent pas ?
 
Mais pourquoi trahir Sarkozy ?
 
G. Durand : Je ne sais pas, le Centre, ça n'a jamais...
 
C'est le président de la République, il a vocation, tout naturellement, à effectuer un second mandat, donc, voilà. Après on a le droit aussi d'être intelligent, à droite, et au centre, pour occuper tout le terrain et tout l'espace politique.
 
G. Durand : Dernier point avec Michael, car il nous reste une minute et demi, mais ça suffira. Les chiffres de la délinquance, et Michael, la gauche, avec l'offensive de S. Royal.
 
Oui, parce que justement, S. Royal dit depuis des mois que la campagne de 2012 se fera sur le terrain de la sécurité et sur le terrain du peuple. Alors, justement, elle est allée dans le Nord pour se déclarer candidate du peuple, un peu ce que disait d'ailleurs N. Sarkozy en 2007 dans les usines, on peut, rapidement, déjà, est-ce qu'effectivement, elle est en train de, elle se prépare mais elle fait un pas en avant. Vous savez...
 
G. Durand : Il nous reste une minute. M. Darmon : La délinquance.
 
On n'a jamais raison en sous-estimant son adversaire en politique. Jamais. S. Royal a une vraie relation au peuple français, c'est vrai, d'abord elle est munie de sa campagne présidentielle passée et elle a souvent du sens, elle ressent les choses, voilà, bien. Cela étant posé, ce n'est parce qu'elle va à la rencontre, très d'Hénin-Beaumont, que ça se fait. Voilà. Donc, nous verrons bien. Ça veut dire aussi une chose, que je redis bien à G. Durand et que J.-M. Aphatie devrait aussi intégrer dans son raisonnement, attendez, c'est un champ de mines au PS aujourd'hui, voilà. Vous avez aimé S. Royal, vous aimerez D. Strauss-Kahn, F. Hollande, M. Aubry et les autres.
 
M. Darmon : M. Leroy...
 
Donc, vous savez, en politique...
 
G. Durand : Il nous reste 20 secondes. M. Darmon : 20 secondes pour parler de la sécurité.
 
...il faut aussi voir ce qu'il y a en face.
 
M. Darmon : 20 secondes. B. Hortefeux, la sécurité augmente, baisse, on ne comprend pas les chiffres, contradictoires, qu'est-ce qui se passe ?
 
Attendez que B. Hortefeux les présente, ça c'est dans peu de temps, c'est ce matin qu'il va le faire depuis la place Beauvau, le ministère de l'Intérieur.
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 janvier 2011