Texte intégral
Très Saint-Père,
Voici que pour la 7ème fois, en dix-neuf ans de Pontificat, la France a la joie et lhonneur de Vous accueillir.
Lan passé, Vous avez visité quelques-uns des hauts lieux, parmi les plus émouvants, de notre histoire spirituelle. En Vendée, Vous vous êtes recueilli sur la tombe de Saint Louis-Marie GRIGNON de MONTFORT. En Bretagne, Vous vous êtes rendu à Saint-Anne-dAuray. A Tours, Vous avez rendu hommage à Saint-Martin. A Reims, entouré dune foule immense de fidèles, venus de toutes les régions de France, Vous avez évoqué Saint-Rémi et Clovis.
Cette visite, Très Saint-Père, reste gravée dans nos mémoires. Nous noublierons pas Votre message damour, de dignité, de partage et despoir. Nous noublierons pas la ferveur et laffection que Vous ont témoignées les Catholiques de France. Nous noublierons pas non plus Votre rencontre avec les « blessés de la vie ». Vos paroles de réconfort. Vos appels pressants à plus de solidarité dans un monde où se creusent, chaque jour davantage, les inégalités, où se développent les situations de détresse et dexclusion. Un monde où chacun, accaparé par ses soucis et ses craintes, oublie trop souvent les difficultés de lautre.
Cest ce même message de fraternité et despérance que Votre Sainteté délivrera aux jeunes du monde entier rassemblés à Paris. Après Rome, Buenos-Aires, Saint-Jacques de Compostelle, Czestochowa, Denver puis Manille, Paris accueille les Journées Mondiales de la Jeunesse.
Jamais notre Capitale, dans son histoire, navait vu converger vers elle autant de jeunes. Par centaines de milliers, venus de 140 pays, ils se sont rassemblés pour chanter, prier, dialoguer, partager, dans lenthousiasme et la joie de leur âge, lardeur et lespérance de leur foi.
Nous savons, Très Saint-Père, la place de la jeunesse dans Votre coeur. Vous avez dit un jour : « Dieu ma fait la grâce daimer passionnément les jeunes ».
« Vous êtes mon espérance ! » lanciez-Vous, au soir de Votre investiture, aux jeunes réunis place Saint-Pierre. Deux ans plus tard, en visite à Paris, en route vers le Parc des Princes et les 50 000 jeunes qui Vous y attendaient, Vous demandiez au Cardinal MARTY de « chauffer le stade ». Tâche dont notre regretté François MARTY sest acquitté avec toute sa chaleur, saluant en Vous le « Champion de Dieu ».
Depuis, Vous navez cessé den appeler au dynamisme, à la force et à la générosité de la jeunesse. Ce printemps, à Sarajevo, ville martyre, Vous avez appelé les jeunes à « sinvestir tout entiers dans lédification de la paix ». « Haut les coeurs ! » lanciez-Vous en juin dernier aux jeunes de Votre Pologne natale. A Beyrouth, Vous avez exhorté les jeunes Libanais à « faire tomber les murs ». A tous les jeunes réunis à Paris, Vous dites : « Levez-vous, nayez pas peur ! ».
Vous-même navez jamais oublié Votre jeunesse, dans cette Pologne qui ne Vous a jamais quitté. Vos dix-neuf ans, Vous les avez vécus sous un déluge de fer et de feu, dans la terreur, loppression, les privations de loccupation nazie. Cest lépoque où, étudiant à lUniversité de Cracovie, Vous avez vu tant de Vos camarades et de Vos professeurs arrêtés, déportés, exécutés. « Depuis lors, avez-Vous écrit, je sais ce quavoir peur signifie ».
Les appels incessants de Votre Sainteté à la paix, au pardon et à la réconciliation, Son message de tolérance et de dignité résonnent en écho à ces heures tragiques. Ce message, Vous le portez dans toutes les parties du monde. Et je connais la préoccupation qui est la Vôtre pour lAfrique et pour lAsie.
La jeunesse, cest le temps des passions et des rêves, de loptimisme et de laudace, des idéaux et des engagements. Cest le temps des découvertes, des révélations et des émerveillements.
Cest bien-sûr le temps des voyages. Vous-même, à vingt-six ans, avez quitté la Pologne pour visiter lEurope. « Alors, racontez-Vous, jai vu des villes que je ne connaissais que par les livres : Prague, Nuremberg, Strasbourg puis Paris ».
Mais la jeunesse est aussi le temps des inquiétudes et des doutes. Comme la écrit Sa Sainteté Paul VI, nous vivons une époque à la fois « merveilleuse et inquiétante », où saccomplissent les transformations les plus profondes et les plus rapides, mais où se développent aussi trop souvent lindividualisme et lindifférence.
Chacun sinterroge, et dabord les jeunes. Parce quils sont naturellement ouverts, tolérants, épris de justice. Parce quils ont le goût de léchange et se sentent portés vers lautre. Parce quils refusent les préjugés, les fanatismes, la haine et la violence. Et parce quà lâge où lon se nourrit de projets, eux sont cruellement confrontés aux incertitudes de lavenir.
Bien sûr, être jeune est toujours la plus grande des chances. Et les possibilités quoffre notre monde aujourdhui, sont innombrables à qui sait les saisir.
Mais beaucoup de questions, beaucoup de problèmes se posent aux jeunes avec acuité. Le chômage, bien sûr, qui frappe un grand nombre dentre eux. La violence, contre les autres et contre soi-même, le suicide, la drogue. Le désarroi profond sécrété par nos sociétés modernes, une compétition précoce, un horizon incertain. Parfois, le manque découte des adultes plongés dans leurs difficultés. Le sentiment dinjustice éprouvé devant les situations de détresse que connaissent tant de pays dans le monde. La question enfin de lenvironnement et de la nécessaire sauvegarde des beautés et des richesses de notre terre.
Les jeunes daujourdhui sont conscients et responsables. Pour beaucoup dentre-eux, en attente de réponses, Vous êtes un guide, une référence.
Cest pourquoi ils ont été si nombreux, Très Saint-Père, à répondre à Votre appel. Ils ont pu découvrir alors un peu de lâme de notre pays, rencontrer sa culture, ses traditions, ses richesses artistiques, son patrimoine spirituel et humain. Certains dentre eux, venus de pays proches de la France en vertu dune histoire partagée, accomplissent ici un pélerinage aux sources. Aujourdhui, tous sapprêtent à Vous accueillir.
De grands moments marqueront ce rassemblement de la Jeunesse Catholique du monde.
Tout à lheure, Très Saint-Père, sur le Parvis des Droits de lHomme, Vous rencontrerez des jeunes déjà marqués par les difficultés de la vie. Vous prierez pour le Père Joseph WREZINSKI, fondateur du mouvement ATD-Quart-Monde qui chaque jour, en France, vient en aide aux plus démunis.
Cet après-midi, sur le Champ-de-Mars, Vous entendrez les musiques des 140 pays représentés aux Journées Mondiales de la Jeunesse.
Demain, à Notre-Dame de Paris, Vous élèverez à la gloire des autels un fils de notre terre : Frédéric OZANAM.
Parmi les premiers, dépassant les querelles de son temps, il perçut la convergence profonde du message évangélique et des valeurs de liberté, dégalité, de fraternité sur lesquelles sest fondée la République. Parmi les premiers, il pressentit la nécessité de leur rapprochement. Il appela les Chrétiens de France à sengager de toute leur force dans la vie de la Cité. Sa vie, Frédéric OZANAM laura consacrée -je le cite- à « faire passer le message du Christ dans la République ».
En béatifiant Frédéric OZANAM, en faisant entrer cette grande figure laïque parmi les Bienheureux et les Saints, Vous adressez un message de courage et dengagement aux Catholiques de France.
Samedi, des centaines de milliers de jeunes, soutenus de coeur et desprit par des millions dautres de par le monde, et par les Parisiens qui le souhaitent, suniront dans une grande chaîne de la fraternité. Ils rappelleront ainsi ce monde de paix et dentraide que les Chrétiens du monde entier veulent bâtir avec tous les hommes de bonne volonté, quelles que soient leur religion ou leurs croyances.
Enfin, dimanche, cest près dun million de fidèles qui sont attendus.
Ce seront là des moments forts, des moments de partage et dengagement.
Très Saint-Père, au seuil de cette nouvelle visite pastorale, mon épouse et moi-même formons les voeux les plus fervents pour Votre Personne et pour le succès de ces XIIe Journées Mondiales de la Jeunesse qui honorent Paris et qui sont un événement pour les Chrétiens du monde entier. Bienvenue chez nous et bienvenue à tous ces jeunes qui, dans lenthousiasme et dans la foi, ont répondu à Votre appel.
Voici que pour la 7ème fois, en dix-neuf ans de Pontificat, la France a la joie et lhonneur de Vous accueillir.
Lan passé, Vous avez visité quelques-uns des hauts lieux, parmi les plus émouvants, de notre histoire spirituelle. En Vendée, Vous vous êtes recueilli sur la tombe de Saint Louis-Marie GRIGNON de MONTFORT. En Bretagne, Vous vous êtes rendu à Saint-Anne-dAuray. A Tours, Vous avez rendu hommage à Saint-Martin. A Reims, entouré dune foule immense de fidèles, venus de toutes les régions de France, Vous avez évoqué Saint-Rémi et Clovis.
Cette visite, Très Saint-Père, reste gravée dans nos mémoires. Nous noublierons pas Votre message damour, de dignité, de partage et despoir. Nous noublierons pas la ferveur et laffection que Vous ont témoignées les Catholiques de France. Nous noublierons pas non plus Votre rencontre avec les « blessés de la vie ». Vos paroles de réconfort. Vos appels pressants à plus de solidarité dans un monde où se creusent, chaque jour davantage, les inégalités, où se développent les situations de détresse et dexclusion. Un monde où chacun, accaparé par ses soucis et ses craintes, oublie trop souvent les difficultés de lautre.
Cest ce même message de fraternité et despérance que Votre Sainteté délivrera aux jeunes du monde entier rassemblés à Paris. Après Rome, Buenos-Aires, Saint-Jacques de Compostelle, Czestochowa, Denver puis Manille, Paris accueille les Journées Mondiales de la Jeunesse.
Jamais notre Capitale, dans son histoire, navait vu converger vers elle autant de jeunes. Par centaines de milliers, venus de 140 pays, ils se sont rassemblés pour chanter, prier, dialoguer, partager, dans lenthousiasme et la joie de leur âge, lardeur et lespérance de leur foi.
Nous savons, Très Saint-Père, la place de la jeunesse dans Votre coeur. Vous avez dit un jour : « Dieu ma fait la grâce daimer passionnément les jeunes ».
« Vous êtes mon espérance ! » lanciez-Vous, au soir de Votre investiture, aux jeunes réunis place Saint-Pierre. Deux ans plus tard, en visite à Paris, en route vers le Parc des Princes et les 50 000 jeunes qui Vous y attendaient, Vous demandiez au Cardinal MARTY de « chauffer le stade ». Tâche dont notre regretté François MARTY sest acquitté avec toute sa chaleur, saluant en Vous le « Champion de Dieu ».
Depuis, Vous navez cessé den appeler au dynamisme, à la force et à la générosité de la jeunesse. Ce printemps, à Sarajevo, ville martyre, Vous avez appelé les jeunes à « sinvestir tout entiers dans lédification de la paix ». « Haut les coeurs ! » lanciez-Vous en juin dernier aux jeunes de Votre Pologne natale. A Beyrouth, Vous avez exhorté les jeunes Libanais à « faire tomber les murs ». A tous les jeunes réunis à Paris, Vous dites : « Levez-vous, nayez pas peur ! ».
Vous-même navez jamais oublié Votre jeunesse, dans cette Pologne qui ne Vous a jamais quitté. Vos dix-neuf ans, Vous les avez vécus sous un déluge de fer et de feu, dans la terreur, loppression, les privations de loccupation nazie. Cest lépoque où, étudiant à lUniversité de Cracovie, Vous avez vu tant de Vos camarades et de Vos professeurs arrêtés, déportés, exécutés. « Depuis lors, avez-Vous écrit, je sais ce quavoir peur signifie ».
Les appels incessants de Votre Sainteté à la paix, au pardon et à la réconciliation, Son message de tolérance et de dignité résonnent en écho à ces heures tragiques. Ce message, Vous le portez dans toutes les parties du monde. Et je connais la préoccupation qui est la Vôtre pour lAfrique et pour lAsie.
La jeunesse, cest le temps des passions et des rêves, de loptimisme et de laudace, des idéaux et des engagements. Cest le temps des découvertes, des révélations et des émerveillements.
Cest bien-sûr le temps des voyages. Vous-même, à vingt-six ans, avez quitté la Pologne pour visiter lEurope. « Alors, racontez-Vous, jai vu des villes que je ne connaissais que par les livres : Prague, Nuremberg, Strasbourg puis Paris ».
Mais la jeunesse est aussi le temps des inquiétudes et des doutes. Comme la écrit Sa Sainteté Paul VI, nous vivons une époque à la fois « merveilleuse et inquiétante », où saccomplissent les transformations les plus profondes et les plus rapides, mais où se développent aussi trop souvent lindividualisme et lindifférence.
Chacun sinterroge, et dabord les jeunes. Parce quils sont naturellement ouverts, tolérants, épris de justice. Parce quils ont le goût de léchange et se sentent portés vers lautre. Parce quils refusent les préjugés, les fanatismes, la haine et la violence. Et parce quà lâge où lon se nourrit de projets, eux sont cruellement confrontés aux incertitudes de lavenir.
Bien sûr, être jeune est toujours la plus grande des chances. Et les possibilités quoffre notre monde aujourdhui, sont innombrables à qui sait les saisir.
Mais beaucoup de questions, beaucoup de problèmes se posent aux jeunes avec acuité. Le chômage, bien sûr, qui frappe un grand nombre dentre eux. La violence, contre les autres et contre soi-même, le suicide, la drogue. Le désarroi profond sécrété par nos sociétés modernes, une compétition précoce, un horizon incertain. Parfois, le manque découte des adultes plongés dans leurs difficultés. Le sentiment dinjustice éprouvé devant les situations de détresse que connaissent tant de pays dans le monde. La question enfin de lenvironnement et de la nécessaire sauvegarde des beautés et des richesses de notre terre.
Les jeunes daujourdhui sont conscients et responsables. Pour beaucoup dentre-eux, en attente de réponses, Vous êtes un guide, une référence.
Cest pourquoi ils ont été si nombreux, Très Saint-Père, à répondre à Votre appel. Ils ont pu découvrir alors un peu de lâme de notre pays, rencontrer sa culture, ses traditions, ses richesses artistiques, son patrimoine spirituel et humain. Certains dentre eux, venus de pays proches de la France en vertu dune histoire partagée, accomplissent ici un pélerinage aux sources. Aujourdhui, tous sapprêtent à Vous accueillir.
De grands moments marqueront ce rassemblement de la Jeunesse Catholique du monde.
Tout à lheure, Très Saint-Père, sur le Parvis des Droits de lHomme, Vous rencontrerez des jeunes déjà marqués par les difficultés de la vie. Vous prierez pour le Père Joseph WREZINSKI, fondateur du mouvement ATD-Quart-Monde qui chaque jour, en France, vient en aide aux plus démunis.
Cet après-midi, sur le Champ-de-Mars, Vous entendrez les musiques des 140 pays représentés aux Journées Mondiales de la Jeunesse.
Demain, à Notre-Dame de Paris, Vous élèverez à la gloire des autels un fils de notre terre : Frédéric OZANAM.
Parmi les premiers, dépassant les querelles de son temps, il perçut la convergence profonde du message évangélique et des valeurs de liberté, dégalité, de fraternité sur lesquelles sest fondée la République. Parmi les premiers, il pressentit la nécessité de leur rapprochement. Il appela les Chrétiens de France à sengager de toute leur force dans la vie de la Cité. Sa vie, Frédéric OZANAM laura consacrée -je le cite- à « faire passer le message du Christ dans la République ».
En béatifiant Frédéric OZANAM, en faisant entrer cette grande figure laïque parmi les Bienheureux et les Saints, Vous adressez un message de courage et dengagement aux Catholiques de France.
Samedi, des centaines de milliers de jeunes, soutenus de coeur et desprit par des millions dautres de par le monde, et par les Parisiens qui le souhaitent, suniront dans une grande chaîne de la fraternité. Ils rappelleront ainsi ce monde de paix et dentraide que les Chrétiens du monde entier veulent bâtir avec tous les hommes de bonne volonté, quelles que soient leur religion ou leurs croyances.
Enfin, dimanche, cest près dun million de fidèles qui sont attendus.
Ce seront là des moments forts, des moments de partage et dengagement.
Très Saint-Père, au seuil de cette nouvelle visite pastorale, mon épouse et moi-même formons les voeux les plus fervents pour Votre Personne et pour le succès de ces XIIe Journées Mondiales de la Jeunesse qui honorent Paris et qui sont un événement pour les Chrétiens du monde entier. Bienvenue chez nous et bienvenue à tous ces jeunes qui, dans lenthousiasme et dans la foi, ont répondu à Votre appel.