Texte intégral
Q - Le ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, est en direct ce matin avec nous, bonjour.
R - Bonjour
Q - Merci dêtre là. Je suppose que vous avez lu la presse comme nous ce matin.
R - Pas dans son intégralité. Je nai pas eu le temps.
Q - Vous avez rencontré Nicolas Sarkozy hier. Est-ce que vous avez proposé votre démission ? Est-ce que vous restez Michèle Alliot-Marie?
R - Ecoutez, ma devise est bien faire et laisser dire. Alors cest vrai que depuis des semaines, il y a des polémiques, il y a des rumeurs, il y a des attaques et ceci est très désagréable, et encore plus quand sa propre famille est visée. Mais je men suis expliquée. Il ny a eu aucune action illégale ni aucune action fautive, dailleurs le président de la République la dit lui-même. Je ne reviendrai donc pas là-dessus. Aujourdhui, je travaille. Vous savez, je suis arrivée avant-hier du Brésil. Jai dit au président de la République ce qui cétait passé, notamment dans lentretien très dense que jai eu avec la présidente du Brésil.
Q - Cest pour cette raison que vous étiez hier à lElysée ?
R - Bien sûr, cest pour cette raison que jy étais. Dans moins dune heure, je pars au Koweït. Lundi, je serai à Genève devant le Conseil des droits de lHomme des Nations unies où je dois faire un discours important. Vous voyez, je suis au travail. Hier, jétais aussi, une partie de la journée, en liaison avec la cellule de crise pour lévacuation des Français de Libye. Nous avons évacué près de 500 Français au cours de ces derniers jours, compte tenu de la situation en Libye. Il y a largement de quoi moccuper.
Q - Pendant que vous étiez au Brésil, Alain Juppé, lui, hier matin, était sur France Inter. Il sest exprimé. Cest vrai que lon a tous eu un petit peu le sentiment finalement quil faisait le travail à votre place. Quand on lui demande à lui si vous êtes sur le départ, voila ce quil répond :
(Extrait :
M. Juppé : la réponse est très claire. Cest au président de la République, au Premier ministre et à lintéressée elle-même den décider.
Q - A mon avis, quand on répond cela, cest quil y a un problème. Cest mon décryptage, cétait mon sous-titre.
M. Juppé - Cest formidable, les interprétations arrivent comme cela, je ne vais pas commenter indéfiniment tout ce qui concerne Michèle Alliot-Marie. Cest une femme de qualité. Jai dit moi-même quelle a commis des maladresses. Qui nen commet pas ? Aujourdhui il appartient aux autorités compétentes de lEtat den tirer les conséquences si elles le souhaitent. Ce nest pas à moi de le faire.)
Q - Alors puisque ce nest pas à lui de le faire, cest à vous évidemment Michèle Alliot-Marie. Vous ne souhaitez pas, vous nallez pas quitter le Quai dOrsay ? Je repose ma question, certes, mais cest vrai quil y a un remaniement express qui est souhaité, envisagé. Les parlementaires en parlent, ils lont dit hier visiblement au chef de lEtat.
R - Ecoutez, les rumeurs ne mintéressent pas. Encore une fois, je suis au travail, au Quai dOrsay. Il y a beaucoup de choses à faire. Il se passe des tas de choses dans le monde et cest de ma responsabilité de tenir la maison pendant ce temps-là
Q - Mais vous navez pas déposé votre démission ?
R - Dessayer daméliorer la situation. Il y a plein de choses à dire, vous savez, en dehors des commentaires sur des rumeurs.
Q - On va les dire ces choses, notamment sur la Libye. Le Conseil de sécurité de lONU doit se réunir aujourdhui à nouveau pour évoquer la situation en Libye. Cest vrai que lon a vu le ton changer depuis lundi. On a dabord parlé darrêt des violences, dune condamnation puis de menace de sanctions. Est-ce quil y a aujourdhui une intervention militaire qui peut, qui doit être envisagée en Libye ?
R - Cela ne se passe pas exactement comme cela, vous savez. Cest vrai que la situation en Libye est particulièrement dramatique et après les appels au meurtre du colonel Kadhafi, il est évident que lon ne peut pas se contenter simplement davoir des propos lénifiants. La situation est absolument dramatique et même si nous navons pas aujourdhui de certitudes sur le nombre exact des victimes, tout indique quelles sont plusieurs centaines. Il ne peut donc pas y avoir dimpunité sur ces choses. Alors, vous lavez dit, cest la raison pour laquelle on a décidé de passer aux actes et, notamment, cest à linitiative de la France et à la demande du président de la République que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira aujourdhui à 15h, heure de New York.
Q - Il y a un projet ? Un projet franco-britannique ?
R - Absolument. Il y a un projet franco-britannique dans lequel nous avons demandé effectivement que la résolution prévoit, à la fois, un embargo total sur les armes, des sanctions et également la saisine de la Cour pénale internationale.
Q - Pour crime contre lhumanité ?
R - Pour crime contre lhumanité. Il est évident quaujourdhui, la situation est très grave. Il faut absolument que la Cour pénale internationale soit aussi saisie, cest un signal très fort à donner. Nous ne pouvons plus nous contenter de discours, il faut des actes et cest ce que nous attendons de cette résolution des Nations unies.
Q - Vous évoquiez des sanctions à linstant, Michèle Alliot-Marie. Quel type de sanctions ? Vous parliez dun embargo, certes, mais quand on parle de sanctions, on attend quelque chose de plus musclé.
R - Absolument. Embargo nest pas sanction. La sanction, cela peut être une sanction portant dabord sur des personnes avec en particulier des interdictions de pouvoir aller dans un certain nombre de pays. Ce peut être des sanctions financières et puis cest aussi la saisine de la Cour pénale internationale qui, elle, va pouvoir mettre en uvre une procédure et effectivement appliquer des sanctions pour crime.
Q - Est-il, comme certains le souhaitent possible, envisageable, que le Conseil de sécurité de lONU fasse interdire lespace aérien, cest quelque chose qui avait été fait, en Irak notamment. Le souhaitez-vous ?
R - Ecoutez, je crois quil faut dabord voir dans quelles conditions, parce quil y a encore des étrangers qui se trouvent en Libye et qui doivent être évacués. La France a pris la décision dévacuer ses ressortissants. Jai fait, par le biais de lambassade, regrouper les personnes et jai demandé lenvoi davions militaires qui ont pu récupérer un grand nombre de Français, nous avons également des navires qui sont à proximité, on a dailleurs récupéré des Français et un certain nombre détrangers, donc il faut dabord que lon puisse mener à bien ces opérations, et ensuite il faudra essayer dagir.
Q - Donc ce nest pas exclu, mais pas pour linstant ?
R - Ce nest pas exclu. Cest au regard de la situation qui bouge dheure en heure et sur laquelle nous avons un regard particulièrement attentif.
Q - Il se dit que lONU va se réunir mais ne va pas prendre de décision aujourdhui. Etes-vous favorable à ce quil y ait, à lissue de cette réunion, des actes forts de posés ?
R - Absolument, je souhaite effectivement quil puisse y avoir une résolution forte et je souhaite que lon puisse ne pas se contenter, encore une fois face aux appels aux meurtres qui ont été énoncés par le colonel Kadhafi, passer à un autre système, mais à quelque chose de beaucoup plus contraignant.
Q - Vous rencontrez lundi à Genève Hillary Clinton ?
R - Absolument, nous allons parler avec Hillary Clinton de la situation en Libye, bien entendu, et probablement aussi du processus de paix au Proche-Orient puisque je my suis rendue il y a quelques semaines. Nous nous entretenons régulièrement avec Hillary Clinton en espérant pouvoir bouger un peu les choses, notamment après une certaine stabilisation de la situation en Egypte. Javais dit aux dirigeants israéliens, quand je my suis rendue juste avant les événements en Egypte, que, quand il y a un créneau pour faire la paix, il faut absolument le saisir parce quon ne sait jamais ce qui peut se passer après. Quelques jours après, effectivement, il y a eu la situation en Egypte qui a beaucoup inquiété là-bas. Aujourdhui, nous avons un gouvernement certes provisoire, mais qui a décidé de respecter les engagements internationaux, cest-à-dire y compris la paix qui avait été signée avec Israël. Je pense quil faut faire avancer le dossier maintenant, selon les principes qui ont toujours été rappelés par la France et que javais rappelés à mes interlocuteurs israéliens, cest-à-dire la création dun Etat palestinien, la garantie de la sécurité pour Israël et Jérusalem comme capitale des deux Etats.
Q - Vous parliez il y a un instant de lEgypte, de la Tunisie également. Cest vrai que depuis que les révoltes se sont mises en marche dans les pays arabes, on a beaucoup parlé de la manière dont la France avait géré ces affaires et notamment cette tribune parue dans le Monde qui a peut-être pointé plus du doigt la façon dont la France avait, pour certains diplomates, mal géré la situation. On sest trompé, Michèle Alliot-Marie ? On a parlé avec les régimes, plutôt que de parler avec les peuples ? On a fait des erreurs ?
R - Je voudrais dabord dire une chose. Ce nest pas parce que des propos sont publiés anonymement dans un journal quils sont exacts. Ce que je veux dire, cest que dans lanalyse de la situation, sur la Tunisie comme sur lEgypte, personne na rien vu venir.
Q - Cela témoigne dun malaise malgré tout
R - Personne na rien vu venir, et donc on ne peut pas plus attaquer la diplomatie française, quon attaque la diplomatie américaine, quon attaque la diplomatie britannique Cela, cest la première des choses.
Q - Ils reprochent à la diplomatie dêtre trop gérée depuis lElysée
R - Non, écoutez, je crois que le président de la République fixe la feuille de route et donne une impulsion sur la politique étrangère. Je rappelle quil a assuré la présidence de lUnion européenne dune façon qui a été saluée par tout le monde et où il y a eu de vraies avancées. Imaginez quil nait pas été là à la présidence de lUnion européenne au moment où la crise monétaire et financière est apparue. Cest lui qui a fait prendre les premières mesures qui ont évité la catastrophe. De la même façon, pour la Géorgie, cest le président de la République qui a mené cette action. Donc arrêtons de critiquer. Il y a aujourdhui une organisation de la diplomatie qui est différente de celle dil y a vingt ou trente ans, parce quaujourdhui les chefs dEtats se parlent, parce que les Premiers ministres se rencontrent et la diplomatie doit être beaucoup plus une aide à la décision et avoir une vraie prospective.
Q - Même si on parle avec des chefs dEtat qui sont parfois des dictateurs ?
R - Il y a des principes. Nous sommes amis avec les peuples, ce sont les peuples qui choisissent leurs dirigeants et nous parlons avec ces dirigeants. Nous ne faisons pas dingérence. Ce quil faut bien rappeler, cest que la diplomatie française parle avec des dirigeants tels quils sont, nous ne pouvons pas faire autrement, cela ne lempêche pas de passer des messages, des messages forts, notamment sur la nécessité de respecter la démocratie, les droits de lHomme et les libertés. Dailleurs si vous navez pas de rencontres avec les gens, comment faire passer les messages ? Cest cela aussi quil faut voir.
Q - Merci Michèle Alliot-Marie davoir été avec nous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2011
R - Bonjour
Q - Merci dêtre là. Je suppose que vous avez lu la presse comme nous ce matin.
R - Pas dans son intégralité. Je nai pas eu le temps.
Q - Vous avez rencontré Nicolas Sarkozy hier. Est-ce que vous avez proposé votre démission ? Est-ce que vous restez Michèle Alliot-Marie?
R - Ecoutez, ma devise est bien faire et laisser dire. Alors cest vrai que depuis des semaines, il y a des polémiques, il y a des rumeurs, il y a des attaques et ceci est très désagréable, et encore plus quand sa propre famille est visée. Mais je men suis expliquée. Il ny a eu aucune action illégale ni aucune action fautive, dailleurs le président de la République la dit lui-même. Je ne reviendrai donc pas là-dessus. Aujourdhui, je travaille. Vous savez, je suis arrivée avant-hier du Brésil. Jai dit au président de la République ce qui cétait passé, notamment dans lentretien très dense que jai eu avec la présidente du Brésil.
Q - Cest pour cette raison que vous étiez hier à lElysée ?
R - Bien sûr, cest pour cette raison que jy étais. Dans moins dune heure, je pars au Koweït. Lundi, je serai à Genève devant le Conseil des droits de lHomme des Nations unies où je dois faire un discours important. Vous voyez, je suis au travail. Hier, jétais aussi, une partie de la journée, en liaison avec la cellule de crise pour lévacuation des Français de Libye. Nous avons évacué près de 500 Français au cours de ces derniers jours, compte tenu de la situation en Libye. Il y a largement de quoi moccuper.
Q - Pendant que vous étiez au Brésil, Alain Juppé, lui, hier matin, était sur France Inter. Il sest exprimé. Cest vrai que lon a tous eu un petit peu le sentiment finalement quil faisait le travail à votre place. Quand on lui demande à lui si vous êtes sur le départ, voila ce quil répond :
(Extrait :
M. Juppé : la réponse est très claire. Cest au président de la République, au Premier ministre et à lintéressée elle-même den décider.
Q - A mon avis, quand on répond cela, cest quil y a un problème. Cest mon décryptage, cétait mon sous-titre.
M. Juppé - Cest formidable, les interprétations arrivent comme cela, je ne vais pas commenter indéfiniment tout ce qui concerne Michèle Alliot-Marie. Cest une femme de qualité. Jai dit moi-même quelle a commis des maladresses. Qui nen commet pas ? Aujourdhui il appartient aux autorités compétentes de lEtat den tirer les conséquences si elles le souhaitent. Ce nest pas à moi de le faire.)
Q - Alors puisque ce nest pas à lui de le faire, cest à vous évidemment Michèle Alliot-Marie. Vous ne souhaitez pas, vous nallez pas quitter le Quai dOrsay ? Je repose ma question, certes, mais cest vrai quil y a un remaniement express qui est souhaité, envisagé. Les parlementaires en parlent, ils lont dit hier visiblement au chef de lEtat.
R - Ecoutez, les rumeurs ne mintéressent pas. Encore une fois, je suis au travail, au Quai dOrsay. Il y a beaucoup de choses à faire. Il se passe des tas de choses dans le monde et cest de ma responsabilité de tenir la maison pendant ce temps-là
Q - Mais vous navez pas déposé votre démission ?
R - Dessayer daméliorer la situation. Il y a plein de choses à dire, vous savez, en dehors des commentaires sur des rumeurs.
Q - On va les dire ces choses, notamment sur la Libye. Le Conseil de sécurité de lONU doit se réunir aujourdhui à nouveau pour évoquer la situation en Libye. Cest vrai que lon a vu le ton changer depuis lundi. On a dabord parlé darrêt des violences, dune condamnation puis de menace de sanctions. Est-ce quil y a aujourdhui une intervention militaire qui peut, qui doit être envisagée en Libye ?
R - Cela ne se passe pas exactement comme cela, vous savez. Cest vrai que la situation en Libye est particulièrement dramatique et après les appels au meurtre du colonel Kadhafi, il est évident que lon ne peut pas se contenter simplement davoir des propos lénifiants. La situation est absolument dramatique et même si nous navons pas aujourdhui de certitudes sur le nombre exact des victimes, tout indique quelles sont plusieurs centaines. Il ne peut donc pas y avoir dimpunité sur ces choses. Alors, vous lavez dit, cest la raison pour laquelle on a décidé de passer aux actes et, notamment, cest à linitiative de la France et à la demande du président de la République que le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira aujourdhui à 15h, heure de New York.
Q - Il y a un projet ? Un projet franco-britannique ?
R - Absolument. Il y a un projet franco-britannique dans lequel nous avons demandé effectivement que la résolution prévoit, à la fois, un embargo total sur les armes, des sanctions et également la saisine de la Cour pénale internationale.
Q - Pour crime contre lhumanité ?
R - Pour crime contre lhumanité. Il est évident quaujourdhui, la situation est très grave. Il faut absolument que la Cour pénale internationale soit aussi saisie, cest un signal très fort à donner. Nous ne pouvons plus nous contenter de discours, il faut des actes et cest ce que nous attendons de cette résolution des Nations unies.
Q - Vous évoquiez des sanctions à linstant, Michèle Alliot-Marie. Quel type de sanctions ? Vous parliez dun embargo, certes, mais quand on parle de sanctions, on attend quelque chose de plus musclé.
R - Absolument. Embargo nest pas sanction. La sanction, cela peut être une sanction portant dabord sur des personnes avec en particulier des interdictions de pouvoir aller dans un certain nombre de pays. Ce peut être des sanctions financières et puis cest aussi la saisine de la Cour pénale internationale qui, elle, va pouvoir mettre en uvre une procédure et effectivement appliquer des sanctions pour crime.
Q - Est-il, comme certains le souhaitent possible, envisageable, que le Conseil de sécurité de lONU fasse interdire lespace aérien, cest quelque chose qui avait été fait, en Irak notamment. Le souhaitez-vous ?
R - Ecoutez, je crois quil faut dabord voir dans quelles conditions, parce quil y a encore des étrangers qui se trouvent en Libye et qui doivent être évacués. La France a pris la décision dévacuer ses ressortissants. Jai fait, par le biais de lambassade, regrouper les personnes et jai demandé lenvoi davions militaires qui ont pu récupérer un grand nombre de Français, nous avons également des navires qui sont à proximité, on a dailleurs récupéré des Français et un certain nombre détrangers, donc il faut dabord que lon puisse mener à bien ces opérations, et ensuite il faudra essayer dagir.
Q - Donc ce nest pas exclu, mais pas pour linstant ?
R - Ce nest pas exclu. Cest au regard de la situation qui bouge dheure en heure et sur laquelle nous avons un regard particulièrement attentif.
Q - Il se dit que lONU va se réunir mais ne va pas prendre de décision aujourdhui. Etes-vous favorable à ce quil y ait, à lissue de cette réunion, des actes forts de posés ?
R - Absolument, je souhaite effectivement quil puisse y avoir une résolution forte et je souhaite que lon puisse ne pas se contenter, encore une fois face aux appels aux meurtres qui ont été énoncés par le colonel Kadhafi, passer à un autre système, mais à quelque chose de beaucoup plus contraignant.
Q - Vous rencontrez lundi à Genève Hillary Clinton ?
R - Absolument, nous allons parler avec Hillary Clinton de la situation en Libye, bien entendu, et probablement aussi du processus de paix au Proche-Orient puisque je my suis rendue il y a quelques semaines. Nous nous entretenons régulièrement avec Hillary Clinton en espérant pouvoir bouger un peu les choses, notamment après une certaine stabilisation de la situation en Egypte. Javais dit aux dirigeants israéliens, quand je my suis rendue juste avant les événements en Egypte, que, quand il y a un créneau pour faire la paix, il faut absolument le saisir parce quon ne sait jamais ce qui peut se passer après. Quelques jours après, effectivement, il y a eu la situation en Egypte qui a beaucoup inquiété là-bas. Aujourdhui, nous avons un gouvernement certes provisoire, mais qui a décidé de respecter les engagements internationaux, cest-à-dire y compris la paix qui avait été signée avec Israël. Je pense quil faut faire avancer le dossier maintenant, selon les principes qui ont toujours été rappelés par la France et que javais rappelés à mes interlocuteurs israéliens, cest-à-dire la création dun Etat palestinien, la garantie de la sécurité pour Israël et Jérusalem comme capitale des deux Etats.
Q - Vous parliez il y a un instant de lEgypte, de la Tunisie également. Cest vrai que depuis que les révoltes se sont mises en marche dans les pays arabes, on a beaucoup parlé de la manière dont la France avait géré ces affaires et notamment cette tribune parue dans le Monde qui a peut-être pointé plus du doigt la façon dont la France avait, pour certains diplomates, mal géré la situation. On sest trompé, Michèle Alliot-Marie ? On a parlé avec les régimes, plutôt que de parler avec les peuples ? On a fait des erreurs ?
R - Je voudrais dabord dire une chose. Ce nest pas parce que des propos sont publiés anonymement dans un journal quils sont exacts. Ce que je veux dire, cest que dans lanalyse de la situation, sur la Tunisie comme sur lEgypte, personne na rien vu venir.
Q - Cela témoigne dun malaise malgré tout
R - Personne na rien vu venir, et donc on ne peut pas plus attaquer la diplomatie française, quon attaque la diplomatie américaine, quon attaque la diplomatie britannique Cela, cest la première des choses.
Q - Ils reprochent à la diplomatie dêtre trop gérée depuis lElysée
R - Non, écoutez, je crois que le président de la République fixe la feuille de route et donne une impulsion sur la politique étrangère. Je rappelle quil a assuré la présidence de lUnion européenne dune façon qui a été saluée par tout le monde et où il y a eu de vraies avancées. Imaginez quil nait pas été là à la présidence de lUnion européenne au moment où la crise monétaire et financière est apparue. Cest lui qui a fait prendre les premières mesures qui ont évité la catastrophe. De la même façon, pour la Géorgie, cest le président de la République qui a mené cette action. Donc arrêtons de critiquer. Il y a aujourdhui une organisation de la diplomatie qui est différente de celle dil y a vingt ou trente ans, parce quaujourdhui les chefs dEtats se parlent, parce que les Premiers ministres se rencontrent et la diplomatie doit être beaucoup plus une aide à la décision et avoir une vraie prospective.
Q - Même si on parle avec des chefs dEtat qui sont parfois des dictateurs ?
R - Il y a des principes. Nous sommes amis avec les peuples, ce sont les peuples qui choisissent leurs dirigeants et nous parlons avec ces dirigeants. Nous ne faisons pas dingérence. Ce quil faut bien rappeler, cest que la diplomatie française parle avec des dirigeants tels quils sont, nous ne pouvons pas faire autrement, cela ne lempêche pas de passer des messages, des messages forts, notamment sur la nécessité de respecter la démocratie, les droits de lHomme et les libertés. Dailleurs si vous navez pas de rencontres avec les gens, comment faire passer les messages ? Cest cela aussi quil faut voir.
Q - Merci Michèle Alliot-Marie davoir été avec nous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2011