Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Journalistes, je vous souhaite la bienvenue pour cette conférence de presse qui clôture la réunion du G8. Je voudrais remercier tous mes collègues d'avoir participé à de longues heures de discussions très approfondies et excuser auprès de vous Hillary Clinton, Catherine Ashton, William Hague et Guido Westerwelle qui nous ont quittés en fin de matinée.
C'est évidemment dans des circonstances particulièrement dramatiques que notre réunion s'est tenue et, dès hier soir, nous avons tenu à exprimer notre sympathie, nos condoléances au gouvernement et au peuple japonais. Nous leur avons tous offert notre plein soutien pour les aider à faire face aux conséquences de la catastrophe terrible qui a frappé et continue à frapper le Japon, et nous restons mobilisés pour répondre à toute demande qui serait exprimée par les autorités japonaises.
M. Takeaki Matsumoto, que je remercie tout particulièrement d'être présent parmi nous, malgré les circonstances que je viens de rappeler, nous a informés de manière très complète des derniers développements de la situation. Nous lui avons exprimé notre admiration pour la dignité, le courage dont font preuve les Japonais dans cette épreuve sans précédent. Nous lui avons dit toute notre confiance dans l'action des autorités japonaises pour faire face aux suites de la catastrophe avec les compétences que le monde entier leur reconnaît.
Comme vous le savez, plusieurs de nos gouvernements ont déjà dépêché sur place des moyens d'aide d'urgence. Nous continuerons à apporter notre appui au Japon, notamment dans le cadre des organisations dont nous sommes membres, y compris l'AIEA.
La situation en Libye a été au cur de nos échanges, dans le contexte des évolutions sur le terrain, de l'appel à la zone d'exclusion aérienne lancée par la Ligue arabe et des débats ont cours en ce moment-même au Conseil de sécurité. Nous sommes tombés d'accord pour dire que le régime de M. Kadhafi doit cesser ses attaques contre la population civile. Il a la responsabilité de protéger le peuple libyen. Il devra assumer les conséquences de ses actes. Je rappelle que la Cour pénale internationale, à la demande du Conseil de sécurité des Nations unies, a été saisie.
Nous sommes d'accord pour soutenir l'examen d'urgence par le Conseil de sécurité d'une large gamme de mesures pour assurer la protection de la population libyenne. Nous saluons la déclaration de la Ligue arabe qui propose plusieurs mesures. Nous sommes convenus de reprendre rapidement son attache. Nous soulignons l'importance d'une participation régionale à ces mesures. Nous avons bien entendu noté les décisions du Conseil de coopération des États du Golfe, de l'Organisation de la Conférence islamique, de l'Union africaine, de l'Union européenne. Nous sommes également d'accord pour demander au Conseil de sécurité d'accroître ses pressions sur M. Kadhafi, notamment au plan économique.
Nous avons consacré une longue discussion aux bouleversements que connaissent à l'heure actuelle le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et, là encore, plusieurs points d'accord se sont dégagés. Nous sommes d'abord tous d'accord pour saluer la portée historique de ces événements. La libération des peuples du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord peut transformer la situation internationale et, nous en sommes convaincus, la rendre meilleure. C'est une chance et non pas un risque, même si la situation est difficile dans plusieurs pays. Nous sommes tous d'accord pour dire que la démocratie et la paix peuvent avancer ensemble, notamment au Moyen-Orient. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé un appel à la reprise des négociations directes entre Israël et l'Autorité palestinienne. Le statu quo dans cette région n'est pas acceptable.
Ensuite, nous avons tous exprimé notre sympathie et notre admiration pour les hommes et les femmes qui ont lancé ce mouvement de transformation. Nous sommes prêts, collectivement et individuellement, à soutenir la transition démocratique et à répondre aux demandes qui nous seraient faites. Nous avons évoqué plusieurs possibilités, qu'il s'agisse d'assistance au déroulement des élections, de mesures d'appui économique conjoncturel ou du soutien à la démocratie. À cet égard, le groupe du G8 chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, que la France copréside avec le Koweït, organisera une série de rencontres avec les sociétés civiles des pays de la région qui traiteront d'enjeux majeurs de ces transitions démocratiques, comme la formation professionnelle des jeunes, le rôle des femmes ou le développement des petites entreprises et la responsabilité sociale.
Je vous rappelle qu'une rencontre ministérielle est prévue à la fin de l'année, à Koweït, avec les représentants des Etats de la région et ceux du G8. Mme Ashton a bien entendu évoqué les conclusions du Conseil de l'Union européenne pour relancer la politique européenne de voisinage au sud et refonder l'Union pour la Méditerranée.
Nous avons ensuite évoqué les questions de terrorisme et de prolifération qui sont au cur des préoccupations que nous avons en commun, et des actions que nous menons ensemble. Vous vous souvenez que, grâce à la Présidence du Canada l'année dernière, le G8 avait joué un rôle très positif dans la négociation d'examen du TNP. Nous avons de même adopté un texte qui a vocation à faciliter la Conférence d'examen de la Convention d'interdiction des armes biologiques. Le G8 confirme ainsi sa vocation de partenaire de référence dans la lutte contre la prolifération.
Nous avons évoqué les deux principales crises de prolifération. Celles provoquée par l'Iran et par la Corée du Nord. Nous demandons instamment à ces deux États de reprendre la coopération avec l'AIEA et de se mettre en conformité avec leurs obligations internationales, notamment celles qui résultent des résolutions du Conseil de sécurité et des décisions du Conseil des gouverneurs de l'AIEA. Le Sommet de Deauville reviendra sur l'ensemble de ces questions de prolifération.
Sur le terrorisme, nous avons constaté que la menace évoluait, qu'elle est menée de plus en plus par de petits groupes régionaux. Nous avons donc décidé de renforcer et d'élargir la coopération à de nouveaux partenaires, notamment en Afrique. Ce sera l'objet du plan Sahel de l'Union européenne. Les Etats-Unis ont évoqué l'idée d'un cadre élargi de lutte contre le terrorisme, ce qui répond à une nécessité.
Nous avons enfin abordé plusieurs situations régionales, en Afrique d'abord. Vous savez que l'Afrique et le G8 ont de longue date noué un partenariat très étroit. Le Sommet de Deauville renforcera ce partenariat puisqu'une session conjointe est prévue entre les chefs d'États du G8 et les dirigeants africains. Ce partenariat avance, l'Afrique aussi. La croissance du continent est relativement forte, la gouvernance s'améliore dans un certain nombre de pays. Les organisations régionales africaines jouent un rôle de plus en plus affirmé, le G8 est déterminé à continuer à appuyer cette montée en puissance.
Il n'en reste pas moins que nous avons toujours des motifs de préoccupation à l'égard des situations de crise.
D'abord la Côte d'Ivoire : le G8 appuie les conclusions du panel des chefs d'États de l'Union africaine qui s'est exprimé récemment à Adis Abeba. Il importe de trouver une solution politique qui respecte le libre choix des électeurs de Côte d'Ivoire, et permette donc au président élu, M. Ouattara, d'exercer la plénitude de ses fonctions. Ceux qui font obstacle à une solution rapide et pacifique et qui a fortiori utilisent la force, doivent savoir qu'ils s'exposent à de nouvelles sanctions.
Ensuite, le Soudan ; le G8 a constaté que le référendum d'autodétermination du Sud prévu par l'accord de paix global s'était bien déroulé. Le G8 et ses membres sont prêts ensemble et individuellement à apporter tout leur soutien au peuple soudanais, au Sud, en appuyant la construction du nouvel État, mais aussi au Nord. Les questions pendantes entre le Nord et le Sud doivent être réglées, cela va de soi, par la négociation.
Sur la Somalie, nous sommes d'accord pour soutenir l'AMISOM, la mission de l'Union africaine pour la Somalie, et nous avons décidé de continuer à travailler ensemble pour combattre la piraterie notamment dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous souhaitons que le Conseil de sécurité puisse examiner et, si possible, adopter les propositions qui ont été faites dans le cadre du rapport de M. Lang.
Nous avons également évoqué la situation en Afghanistan. Nous sommes résolus à faciliter le processus de transition que l'Afghanistan et la communauté internationale ont approuvé lors des conférences de Londres et de Kaboul en juillet dernier. Notre objectif commun est un Afghanistan libre, souverain, maître de son destin, de sa propre sécurité et débarrassé de la violence terroriste. Nous soutenons à cet égard le processus de réconciliation nationale lancé et dirigé par le gouvernement afghan.
Voici les conclusions de nos discussions telles que j'ai essayé de les exprimer avec l'accord de l'ensemble des membres du G8. Elles font l'objet d'un résumé de la Présidence qui vous est actuellement distribué. Je voudrais souligner que sur à peu près toutes les questions que nous avons évoquées, les bases d'accord ont été larges et solides, même s'il y a pu y avoir sur tel ou tel point des accords dont vous n'allez pas maintenant manquer de me parler vraisemblablement dans vos questions. Je vous remercie de votre attention et mes collègues et moi-même sommes prêts à répondre à vos interrogations.
Q - (à propos de la situation au Japon)
R - Trois points pour répondre à votre question.
Premièrement, notre aide au Japon : nous avons d'ores et déjà acheminé vers le Japon une équipe de spécialistes de la protection civile ainsi que plusieurs tonnes de matériels qui sont parvenus sur le sol japonais. Nous sommes disponibles, si les autorités japonaises le souhaitent bien sûr, à offrir notre coopération en matière de radioprotection. Nous faisons toute confiance au gouvernement japonais pour suivre la situation et la maîtriser.
Le deuxième point : nous avons 9.000 Français au Japon. A ce stade, aucune victime n'a été signalée. Nous poursuivons nos vérifications, quatre Français restent recherchés dans la zone critique de Miyagi-ken.
Le troisième point : nous n'avons pas donné de consignes d'évacuation du Japon mais nous avons, à titre de précaution, demandé aux Français de se déplacer vers le sud du pays et nous sommes en train de prendre des mesures pour faciliter le départ de nos concitoyens qui le souhaitent. Air France est en train ainsi de renforcer ses dessertes sur Tokyo et sur Osaka.
Je n'aborderai pas ici le débat qui va se développer sur l'énergie nucléaire. Je me bornerai à dire qu'il faut évidemment faire preuve d'une vigilance renforcée et d'une exigence accrue en matière de sûreté nucléaire, mais que laisser croire aux Français que nous pourrons nous passer du nucléaire dans les décennies qui viennent est purement et simplement un mensonge. Aujourd'hui, 78 % de l'électricité est d'origine électronucléaire ; il faut faire monter en puissance les énergies renouvelables, c'est ce que nous faisons. Dans la meilleure des hypothèses, elles représenteront 20 % ou à peine plus de notre besoin énergétique dans les années ou les décennies qui viennent. C'est donc un «mixte énergétique», comme il est convenu de dire, qui nous permettra de faire face à nos besoins en électricité.
Q - Compte tenu des difficultés à obtenir ce consensus international, n'était-il pas au moins prématuré de reconnaître le Conseil national de transition libyen ?
R - Avons-nous reconnu le Conseil national de transition qui siège à Benghazi trop tôt ? Je voudrais simplement rappeler que l'on nous a aussi reproché d'avoir reconnu trop tard le gouvernement de transition tunisien. Voyez que les critiques parfois s'annulent.
Pourquoi avons-nous considéré le Conseil national de transition comme un interlocuteur politique ? Parce qu'il est aujourd'hui la seule instance qui regroupe des représentants, des hommes et des femmes, qui se battent contre le dictateur de Tripoli. On nous objecte qu'il y a parmi eux d'anciens ministres de Kadhafi. Je ne connais pas de révolutions où les révolutionnaires n'aient, avant de le devenir, participé à la gestion de leur pays dans la phase qui précédait. Je pense donc que cette objection n'est pas pertinente.
Et je voudrais aussi souligner que le Conseil européen, vendredi dernier, a adopté, à vingt-sept, exactement la même position, en considérant que ce Conseil national de transition était un interlocuteur politique avec lequel il faut travailler.
Q - Monsieur le Ministre, vous venez juste de dire que la France reconnaît le Conseil national libyen comme un interlocuteur politique. Or, il a été dit que la France reconnaissait le Conseil national libyen comme le seul interlocuteur légitime en Libye ?
R «Il a été dit», par qui ?
Q - Donc, la position de la France est de reconnaître le Conseil national comme un interlocuteur et non pas comme le seul interlocuteur ?
R - Aujourd'hui, comme je l'ai dit à l'instant, il n'y a pas d'autre interlocuteur déclaré. Mais s'il apparaissait qu'il y ait d'autres représentants de ce que j'appellerais le Mouvement de libération libyen, nous sommes prêts à parler bien sûr avec tous ceux qui sont représentatifs.
Pour l'instant, c'est le Conseil national de transition qui est l'interlocuteur.
Permettez-moi d'ajouter un point, je ne voudrais pas que cette question de la zone d'exclusion aérienne devienne le centre de toute la réflexion. Je me bornerai à deux remarques à ce sujet :
Qu'est-ce qui a permis au régime de Kadhafi de renverser la balance entre son opposition et lui-même ? C'est l'utilisation de la force aérienne. S'il n'avait pas pu bombarder un certain nombre de sites militaires, voire de sites civils, Kadhafi n'aurait sans doute pas repris du terrain et il continue à le faire.
Nous, les Français et les Britanniques avions envisagé de proposer à nos partenaires, non pas une zone d'exclusion aérienne contrairement à ce que l'on a dit, mais l'utilisation de la force aérienne pour des frappes ciblées, sur des terrains d'aéroports ou sur la vingtaine d'aéronefs dont dispose le régime libyen. Cette proposition n'a pas été suivie d'effet et nous sommes donc aujourd'hui dans un contexte différent puisque la situation sur le sol a beaucoup évolué.
Q - Monsieur le Ministre, allez-vous faire un échange de diplomates entre Benghazi et Paris, comme l'a annoncé le Conseil national ? Et qu'allez-vous faire pour aider les opposants à Kadhafi ?
R - Sur le premier point, quelle est exactement la situation aujourd'hui ? Nous avons d'abord replié nos diplomates de Tripoli pour des raisons de sécurité. Le régime de Kadhafi a ensuite suspendu les relations diplomatiques, je dis «suspendu». Nous en avons pris acte et je voudrais d'ailleurs remercier la Russie de défendre les intérêts de la France, compte tenu de cette situation à Tripoli.
S'agissant de Benghazi, nous sommes en train de voir comment, en toute sécurité, y faire parvenir nos diplomates. Je vous rappelle qu'en droit international, on reconnaît des Etats et le Conseil national de transition n'est pas un État, ce n'est pas non plus un gouvernement aujourd'hui. C'est donc un geste de reconnaissance politique ainsi que je l'ai dit, et rien d'autre.
Pour aider concrètement la Libye, je me réjouis que le G8 se soit mis d'accord pour souhaiter que le Conseil de sécurité, dans les plus brefs délais, c'est-à-dire avant la fin de la semaine, adopte un dispositif qui nous permette d'aider l'opposition qui est actuellement à Benghazi. Je ne vais pas préjuger de ce que va décider le Conseil de sécurité, il y a une batterie de mesures qui sont envisageables : des sanctions renforcées, la détermination de zones humanitaires, on a parlé d'un embargo maritime Toutes ces options vont être étudiées au Conseil de sécurité. Comme l'a dit Serguei Lavrov, nous attachons la plus grande importance à ce qu'elles soient étudiées avec les pays arabes.
Il est exclu que l'OTAN - nous l'avons dit à plusieurs reprises - ou même des puissances du nord de la Méditerranée puissent intervenir sur le territoire libyen. C'est à la Ligue arabe et aux autres organisations régionales arabes, le Conseil de coopération du Golfe, l'Union africaine également, d'assumer leurs responsabilités. C'est avec elles que nous voulons travailler dans les jours qui viennent.
Q - A propos de la situation dans le Golfe, à Bahreïn, le G8 n'en a pas parlé jusque là, mais l'Iran a dit qu'il y aurait des conséquences dangereuses pour les pays occidentaux et pour le Golfe. Quelle est la réaction du G8 ? Et avez-vous une inquiétude, une peur d'une guerre régionale ?
En vu de ce qui se passe au Japon, jugez-vous nécessaire et légitime de relancer le débat sur le nucléaire en France ?
R - Nous avons bien sûr évoqué la situation dans l'ensemble de la zone qui va du Maroc au Yémen. J'en profite d'ailleurs pour saluer au passage la prise de position extrêmement audacieuse et courageuse du Roi du Maroc qui, dans son discours, a tracé la voie de ce qui pourrait être une référence dans l'ensemble de cette région : je veux parler d'une monarchie constitutionnelle.
En ce qui concerne Bahreïn, nous avons constaté que des troupes - ou des forces de police saoudiennes et émiriennes - étaient entrées dans le pays, à la demande des autorités de Bahreïn. Nous ne pouvons qu'affirmer, là aussi, que la transition démocratique est nécessaire, dans ce pays comme dans les autres.
Sur le débat électronucléaire, vous me demandez s'il est utile de le relancer ; il l'est et tant mieux. Je pense que ce sont des questions suffisamment graves pour que l'on en parle, mais que l'on en parle avec le sens des responsabilités et sans raconter d'histoire aux Français. Il faut être d'une extrême vigilance, d'une extrême exigence sur la sûreté de nos centrales. Nous avons pour cela une Agence de sûreté nucléaire qui fait bien son travail. Je vous le rappelle, mais le président de la République l'a récemment fait lui-même, que dans nos projets de centrales nucléaires de nouvelle génération, nous avons multiplié les conditions de sécurité au point d'ailleurs que ces centrales sont extrêmement sophistiquées et parfois extrêmement coûteuses.
Nous ne négligeons donc pas ce volet de sûreté qui est absolument fondamental. S'il faut à nouveau auditer nos centrales pour vérifier que toutes les précautions sont prises, pour ma part, je n'y vois aucun inconvénient.
D'un autre côté, je le répète, il ne faut pas raconter d'histoires et laisser croire que, dans un délai de quelques années, on peut sortir du nucléaire en France ; c'est un mensonge. Nous ne sortirons pas du nucléaire dans les prochaines décennies, tout simplement parce que nous serions dans l'incapacité complète d'assurer nos besoins en énergie électrique.
Il faut naturellement «pousser les feux», si je puis dire, sur les énergies renouvelables. Nous venons de lancer un programme d'éoliennes off-shore en mer particulièrement ambitieux. Il faut développer une filière solaire et, de ce point de vue, nous pourrions peut-être être plus audacieux que nous ne le sommes.
Il y a beaucoup d'autres énergies renouvelables comme la biomasse, la géothermie qu'il faut développer. Il faut par ailleurs, dans le domaine du Grenelle de l'environnement, accentuer nos efforts pour économiser l'énergie. En tant que maire - il est parfois utile, vous le voyez, d'exercer un mandat municipal même quand on est ministre -, je peux vous dire qu'aujourd'hui, lorsqu'on lance des projets de constructions, on ne construit plus comme avant ; on construit des bâtiments à haute performance énergétique, voire aujourd'hui des bâtiments à énergie positive, c'est-à-dire des bâtiments qui génèrent plus d'énergie qu'ils n'en consomment.
Il y a là une vraie révolution. Tout ceci va prendre du temps. Dans la meilleure des hypothèses, ces énergies renouvelables apporteront 20 % de notre besoin énergétique global. C'est donc dans cette perspective-là qu'il faut continuer à travailler, tout en accentuant, je le répète, nos exigences en matière de sûreté.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mars 2011
C'est évidemment dans des circonstances particulièrement dramatiques que notre réunion s'est tenue et, dès hier soir, nous avons tenu à exprimer notre sympathie, nos condoléances au gouvernement et au peuple japonais. Nous leur avons tous offert notre plein soutien pour les aider à faire face aux conséquences de la catastrophe terrible qui a frappé et continue à frapper le Japon, et nous restons mobilisés pour répondre à toute demande qui serait exprimée par les autorités japonaises.
M. Takeaki Matsumoto, que je remercie tout particulièrement d'être présent parmi nous, malgré les circonstances que je viens de rappeler, nous a informés de manière très complète des derniers développements de la situation. Nous lui avons exprimé notre admiration pour la dignité, le courage dont font preuve les Japonais dans cette épreuve sans précédent. Nous lui avons dit toute notre confiance dans l'action des autorités japonaises pour faire face aux suites de la catastrophe avec les compétences que le monde entier leur reconnaît.
Comme vous le savez, plusieurs de nos gouvernements ont déjà dépêché sur place des moyens d'aide d'urgence. Nous continuerons à apporter notre appui au Japon, notamment dans le cadre des organisations dont nous sommes membres, y compris l'AIEA.
La situation en Libye a été au cur de nos échanges, dans le contexte des évolutions sur le terrain, de l'appel à la zone d'exclusion aérienne lancée par la Ligue arabe et des débats ont cours en ce moment-même au Conseil de sécurité. Nous sommes tombés d'accord pour dire que le régime de M. Kadhafi doit cesser ses attaques contre la population civile. Il a la responsabilité de protéger le peuple libyen. Il devra assumer les conséquences de ses actes. Je rappelle que la Cour pénale internationale, à la demande du Conseil de sécurité des Nations unies, a été saisie.
Nous sommes d'accord pour soutenir l'examen d'urgence par le Conseil de sécurité d'une large gamme de mesures pour assurer la protection de la population libyenne. Nous saluons la déclaration de la Ligue arabe qui propose plusieurs mesures. Nous sommes convenus de reprendre rapidement son attache. Nous soulignons l'importance d'une participation régionale à ces mesures. Nous avons bien entendu noté les décisions du Conseil de coopération des États du Golfe, de l'Organisation de la Conférence islamique, de l'Union africaine, de l'Union européenne. Nous sommes également d'accord pour demander au Conseil de sécurité d'accroître ses pressions sur M. Kadhafi, notamment au plan économique.
Nous avons consacré une longue discussion aux bouleversements que connaissent à l'heure actuelle le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et, là encore, plusieurs points d'accord se sont dégagés. Nous sommes d'abord tous d'accord pour saluer la portée historique de ces événements. La libération des peuples du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord peut transformer la situation internationale et, nous en sommes convaincus, la rendre meilleure. C'est une chance et non pas un risque, même si la situation est difficile dans plusieurs pays. Nous sommes tous d'accord pour dire que la démocratie et la paix peuvent avancer ensemble, notamment au Moyen-Orient. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé un appel à la reprise des négociations directes entre Israël et l'Autorité palestinienne. Le statu quo dans cette région n'est pas acceptable.
Ensuite, nous avons tous exprimé notre sympathie et notre admiration pour les hommes et les femmes qui ont lancé ce mouvement de transformation. Nous sommes prêts, collectivement et individuellement, à soutenir la transition démocratique et à répondre aux demandes qui nous seraient faites. Nous avons évoqué plusieurs possibilités, qu'il s'agisse d'assistance au déroulement des élections, de mesures d'appui économique conjoncturel ou du soutien à la démocratie. À cet égard, le groupe du G8 chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, que la France copréside avec le Koweït, organisera une série de rencontres avec les sociétés civiles des pays de la région qui traiteront d'enjeux majeurs de ces transitions démocratiques, comme la formation professionnelle des jeunes, le rôle des femmes ou le développement des petites entreprises et la responsabilité sociale.
Je vous rappelle qu'une rencontre ministérielle est prévue à la fin de l'année, à Koweït, avec les représentants des Etats de la région et ceux du G8. Mme Ashton a bien entendu évoqué les conclusions du Conseil de l'Union européenne pour relancer la politique européenne de voisinage au sud et refonder l'Union pour la Méditerranée.
Nous avons ensuite évoqué les questions de terrorisme et de prolifération qui sont au cur des préoccupations que nous avons en commun, et des actions que nous menons ensemble. Vous vous souvenez que, grâce à la Présidence du Canada l'année dernière, le G8 avait joué un rôle très positif dans la négociation d'examen du TNP. Nous avons de même adopté un texte qui a vocation à faciliter la Conférence d'examen de la Convention d'interdiction des armes biologiques. Le G8 confirme ainsi sa vocation de partenaire de référence dans la lutte contre la prolifération.
Nous avons évoqué les deux principales crises de prolifération. Celles provoquée par l'Iran et par la Corée du Nord. Nous demandons instamment à ces deux États de reprendre la coopération avec l'AIEA et de se mettre en conformité avec leurs obligations internationales, notamment celles qui résultent des résolutions du Conseil de sécurité et des décisions du Conseil des gouverneurs de l'AIEA. Le Sommet de Deauville reviendra sur l'ensemble de ces questions de prolifération.
Sur le terrorisme, nous avons constaté que la menace évoluait, qu'elle est menée de plus en plus par de petits groupes régionaux. Nous avons donc décidé de renforcer et d'élargir la coopération à de nouveaux partenaires, notamment en Afrique. Ce sera l'objet du plan Sahel de l'Union européenne. Les Etats-Unis ont évoqué l'idée d'un cadre élargi de lutte contre le terrorisme, ce qui répond à une nécessité.
Nous avons enfin abordé plusieurs situations régionales, en Afrique d'abord. Vous savez que l'Afrique et le G8 ont de longue date noué un partenariat très étroit. Le Sommet de Deauville renforcera ce partenariat puisqu'une session conjointe est prévue entre les chefs d'États du G8 et les dirigeants africains. Ce partenariat avance, l'Afrique aussi. La croissance du continent est relativement forte, la gouvernance s'améliore dans un certain nombre de pays. Les organisations régionales africaines jouent un rôle de plus en plus affirmé, le G8 est déterminé à continuer à appuyer cette montée en puissance.
Il n'en reste pas moins que nous avons toujours des motifs de préoccupation à l'égard des situations de crise.
D'abord la Côte d'Ivoire : le G8 appuie les conclusions du panel des chefs d'États de l'Union africaine qui s'est exprimé récemment à Adis Abeba. Il importe de trouver une solution politique qui respecte le libre choix des électeurs de Côte d'Ivoire, et permette donc au président élu, M. Ouattara, d'exercer la plénitude de ses fonctions. Ceux qui font obstacle à une solution rapide et pacifique et qui a fortiori utilisent la force, doivent savoir qu'ils s'exposent à de nouvelles sanctions.
Ensuite, le Soudan ; le G8 a constaté que le référendum d'autodétermination du Sud prévu par l'accord de paix global s'était bien déroulé. Le G8 et ses membres sont prêts ensemble et individuellement à apporter tout leur soutien au peuple soudanais, au Sud, en appuyant la construction du nouvel État, mais aussi au Nord. Les questions pendantes entre le Nord et le Sud doivent être réglées, cela va de soi, par la négociation.
Sur la Somalie, nous sommes d'accord pour soutenir l'AMISOM, la mission de l'Union africaine pour la Somalie, et nous avons décidé de continuer à travailler ensemble pour combattre la piraterie notamment dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous souhaitons que le Conseil de sécurité puisse examiner et, si possible, adopter les propositions qui ont été faites dans le cadre du rapport de M. Lang.
Nous avons également évoqué la situation en Afghanistan. Nous sommes résolus à faciliter le processus de transition que l'Afghanistan et la communauté internationale ont approuvé lors des conférences de Londres et de Kaboul en juillet dernier. Notre objectif commun est un Afghanistan libre, souverain, maître de son destin, de sa propre sécurité et débarrassé de la violence terroriste. Nous soutenons à cet égard le processus de réconciliation nationale lancé et dirigé par le gouvernement afghan.
Voici les conclusions de nos discussions telles que j'ai essayé de les exprimer avec l'accord de l'ensemble des membres du G8. Elles font l'objet d'un résumé de la Présidence qui vous est actuellement distribué. Je voudrais souligner que sur à peu près toutes les questions que nous avons évoquées, les bases d'accord ont été larges et solides, même s'il y a pu y avoir sur tel ou tel point des accords dont vous n'allez pas maintenant manquer de me parler vraisemblablement dans vos questions. Je vous remercie de votre attention et mes collègues et moi-même sommes prêts à répondre à vos interrogations.
Q - (à propos de la situation au Japon)
R - Trois points pour répondre à votre question.
Premièrement, notre aide au Japon : nous avons d'ores et déjà acheminé vers le Japon une équipe de spécialistes de la protection civile ainsi que plusieurs tonnes de matériels qui sont parvenus sur le sol japonais. Nous sommes disponibles, si les autorités japonaises le souhaitent bien sûr, à offrir notre coopération en matière de radioprotection. Nous faisons toute confiance au gouvernement japonais pour suivre la situation et la maîtriser.
Le deuxième point : nous avons 9.000 Français au Japon. A ce stade, aucune victime n'a été signalée. Nous poursuivons nos vérifications, quatre Français restent recherchés dans la zone critique de Miyagi-ken.
Le troisième point : nous n'avons pas donné de consignes d'évacuation du Japon mais nous avons, à titre de précaution, demandé aux Français de se déplacer vers le sud du pays et nous sommes en train de prendre des mesures pour faciliter le départ de nos concitoyens qui le souhaitent. Air France est en train ainsi de renforcer ses dessertes sur Tokyo et sur Osaka.
Je n'aborderai pas ici le débat qui va se développer sur l'énergie nucléaire. Je me bornerai à dire qu'il faut évidemment faire preuve d'une vigilance renforcée et d'une exigence accrue en matière de sûreté nucléaire, mais que laisser croire aux Français que nous pourrons nous passer du nucléaire dans les décennies qui viennent est purement et simplement un mensonge. Aujourd'hui, 78 % de l'électricité est d'origine électronucléaire ; il faut faire monter en puissance les énergies renouvelables, c'est ce que nous faisons. Dans la meilleure des hypothèses, elles représenteront 20 % ou à peine plus de notre besoin énergétique dans les années ou les décennies qui viennent. C'est donc un «mixte énergétique», comme il est convenu de dire, qui nous permettra de faire face à nos besoins en électricité.
Q - Compte tenu des difficultés à obtenir ce consensus international, n'était-il pas au moins prématuré de reconnaître le Conseil national de transition libyen ?
R - Avons-nous reconnu le Conseil national de transition qui siège à Benghazi trop tôt ? Je voudrais simplement rappeler que l'on nous a aussi reproché d'avoir reconnu trop tard le gouvernement de transition tunisien. Voyez que les critiques parfois s'annulent.
Pourquoi avons-nous considéré le Conseil national de transition comme un interlocuteur politique ? Parce qu'il est aujourd'hui la seule instance qui regroupe des représentants, des hommes et des femmes, qui se battent contre le dictateur de Tripoli. On nous objecte qu'il y a parmi eux d'anciens ministres de Kadhafi. Je ne connais pas de révolutions où les révolutionnaires n'aient, avant de le devenir, participé à la gestion de leur pays dans la phase qui précédait. Je pense donc que cette objection n'est pas pertinente.
Et je voudrais aussi souligner que le Conseil européen, vendredi dernier, a adopté, à vingt-sept, exactement la même position, en considérant que ce Conseil national de transition était un interlocuteur politique avec lequel il faut travailler.
Q - Monsieur le Ministre, vous venez juste de dire que la France reconnaît le Conseil national libyen comme un interlocuteur politique. Or, il a été dit que la France reconnaissait le Conseil national libyen comme le seul interlocuteur légitime en Libye ?
R «Il a été dit», par qui ?
Q - Donc, la position de la France est de reconnaître le Conseil national comme un interlocuteur et non pas comme le seul interlocuteur ?
R - Aujourd'hui, comme je l'ai dit à l'instant, il n'y a pas d'autre interlocuteur déclaré. Mais s'il apparaissait qu'il y ait d'autres représentants de ce que j'appellerais le Mouvement de libération libyen, nous sommes prêts à parler bien sûr avec tous ceux qui sont représentatifs.
Pour l'instant, c'est le Conseil national de transition qui est l'interlocuteur.
Permettez-moi d'ajouter un point, je ne voudrais pas que cette question de la zone d'exclusion aérienne devienne le centre de toute la réflexion. Je me bornerai à deux remarques à ce sujet :
Qu'est-ce qui a permis au régime de Kadhafi de renverser la balance entre son opposition et lui-même ? C'est l'utilisation de la force aérienne. S'il n'avait pas pu bombarder un certain nombre de sites militaires, voire de sites civils, Kadhafi n'aurait sans doute pas repris du terrain et il continue à le faire.
Nous, les Français et les Britanniques avions envisagé de proposer à nos partenaires, non pas une zone d'exclusion aérienne contrairement à ce que l'on a dit, mais l'utilisation de la force aérienne pour des frappes ciblées, sur des terrains d'aéroports ou sur la vingtaine d'aéronefs dont dispose le régime libyen. Cette proposition n'a pas été suivie d'effet et nous sommes donc aujourd'hui dans un contexte différent puisque la situation sur le sol a beaucoup évolué.
Q - Monsieur le Ministre, allez-vous faire un échange de diplomates entre Benghazi et Paris, comme l'a annoncé le Conseil national ? Et qu'allez-vous faire pour aider les opposants à Kadhafi ?
R - Sur le premier point, quelle est exactement la situation aujourd'hui ? Nous avons d'abord replié nos diplomates de Tripoli pour des raisons de sécurité. Le régime de Kadhafi a ensuite suspendu les relations diplomatiques, je dis «suspendu». Nous en avons pris acte et je voudrais d'ailleurs remercier la Russie de défendre les intérêts de la France, compte tenu de cette situation à Tripoli.
S'agissant de Benghazi, nous sommes en train de voir comment, en toute sécurité, y faire parvenir nos diplomates. Je vous rappelle qu'en droit international, on reconnaît des Etats et le Conseil national de transition n'est pas un État, ce n'est pas non plus un gouvernement aujourd'hui. C'est donc un geste de reconnaissance politique ainsi que je l'ai dit, et rien d'autre.
Pour aider concrètement la Libye, je me réjouis que le G8 se soit mis d'accord pour souhaiter que le Conseil de sécurité, dans les plus brefs délais, c'est-à-dire avant la fin de la semaine, adopte un dispositif qui nous permette d'aider l'opposition qui est actuellement à Benghazi. Je ne vais pas préjuger de ce que va décider le Conseil de sécurité, il y a une batterie de mesures qui sont envisageables : des sanctions renforcées, la détermination de zones humanitaires, on a parlé d'un embargo maritime Toutes ces options vont être étudiées au Conseil de sécurité. Comme l'a dit Serguei Lavrov, nous attachons la plus grande importance à ce qu'elles soient étudiées avec les pays arabes.
Il est exclu que l'OTAN - nous l'avons dit à plusieurs reprises - ou même des puissances du nord de la Méditerranée puissent intervenir sur le territoire libyen. C'est à la Ligue arabe et aux autres organisations régionales arabes, le Conseil de coopération du Golfe, l'Union africaine également, d'assumer leurs responsabilités. C'est avec elles que nous voulons travailler dans les jours qui viennent.
Q - A propos de la situation dans le Golfe, à Bahreïn, le G8 n'en a pas parlé jusque là, mais l'Iran a dit qu'il y aurait des conséquences dangereuses pour les pays occidentaux et pour le Golfe. Quelle est la réaction du G8 ? Et avez-vous une inquiétude, une peur d'une guerre régionale ?
En vu de ce qui se passe au Japon, jugez-vous nécessaire et légitime de relancer le débat sur le nucléaire en France ?
R - Nous avons bien sûr évoqué la situation dans l'ensemble de la zone qui va du Maroc au Yémen. J'en profite d'ailleurs pour saluer au passage la prise de position extrêmement audacieuse et courageuse du Roi du Maroc qui, dans son discours, a tracé la voie de ce qui pourrait être une référence dans l'ensemble de cette région : je veux parler d'une monarchie constitutionnelle.
En ce qui concerne Bahreïn, nous avons constaté que des troupes - ou des forces de police saoudiennes et émiriennes - étaient entrées dans le pays, à la demande des autorités de Bahreïn. Nous ne pouvons qu'affirmer, là aussi, que la transition démocratique est nécessaire, dans ce pays comme dans les autres.
Sur le débat électronucléaire, vous me demandez s'il est utile de le relancer ; il l'est et tant mieux. Je pense que ce sont des questions suffisamment graves pour que l'on en parle, mais que l'on en parle avec le sens des responsabilités et sans raconter d'histoire aux Français. Il faut être d'une extrême vigilance, d'une extrême exigence sur la sûreté de nos centrales. Nous avons pour cela une Agence de sûreté nucléaire qui fait bien son travail. Je vous le rappelle, mais le président de la République l'a récemment fait lui-même, que dans nos projets de centrales nucléaires de nouvelle génération, nous avons multiplié les conditions de sécurité au point d'ailleurs que ces centrales sont extrêmement sophistiquées et parfois extrêmement coûteuses.
Nous ne négligeons donc pas ce volet de sûreté qui est absolument fondamental. S'il faut à nouveau auditer nos centrales pour vérifier que toutes les précautions sont prises, pour ma part, je n'y vois aucun inconvénient.
D'un autre côté, je le répète, il ne faut pas raconter d'histoires et laisser croire que, dans un délai de quelques années, on peut sortir du nucléaire en France ; c'est un mensonge. Nous ne sortirons pas du nucléaire dans les prochaines décennies, tout simplement parce que nous serions dans l'incapacité complète d'assurer nos besoins en énergie électrique.
Il faut naturellement «pousser les feux», si je puis dire, sur les énergies renouvelables. Nous venons de lancer un programme d'éoliennes off-shore en mer particulièrement ambitieux. Il faut développer une filière solaire et, de ce point de vue, nous pourrions peut-être être plus audacieux que nous ne le sommes.
Il y a beaucoup d'autres énergies renouvelables comme la biomasse, la géothermie qu'il faut développer. Il faut par ailleurs, dans le domaine du Grenelle de l'environnement, accentuer nos efforts pour économiser l'énergie. En tant que maire - il est parfois utile, vous le voyez, d'exercer un mandat municipal même quand on est ministre -, je peux vous dire qu'aujourd'hui, lorsqu'on lance des projets de constructions, on ne construit plus comme avant ; on construit des bâtiments à haute performance énergétique, voire aujourd'hui des bâtiments à énergie positive, c'est-à-dire des bâtiments qui génèrent plus d'énergie qu'ils n'en consomment.
Il y a là une vraie révolution. Tout ceci va prendre du temps. Dans la meilleure des hypothèses, ces énergies renouvelables apporteront 20 % de notre besoin énergétique global. C'est donc dans cette perspective-là qu'il faut continuer à travailler, tout en accentuant, je le répète, nos exigences en matière de sûreté.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 mars 2011