Texte intégral
Monsieur le Président,
Je souhaite vous remercier pour vos chaleureuses paroles de bienvenue auxquelles jai été très sensible.
Madame la Vice-Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Le monde est en train de vivre lune de ces grandes révolutions qui changent le cours de lHistoire : de lAfrique du Nord au Golfe Persique, les peuples arabes clament leur aspiration à la liberté et à la démocratie !
En Tunisie, avec la «Révolution du Jasmin», en Égypte avec la Journée du 25 janvier, un grand espoir sest levé : la transition démocratique est engagée dans un esprit de maturité et de responsabilité.
Au Maroc, dans un discours courageux et visionnaire, le roi Mohamed VI a annoncé la mise en place dune monarchie constitutionnelle.
Ce «nouveau printemps arabe» est pour nous tous, jen suis sûr, une bonne nouvelle. Notre devoir et notre intérêt nous commandent de laccompagner avec confiance et disponibilité, non point pour donner à quiconque des leçons ou des modèles mais pour aider chaque peuple à construire lui-même son avenir.
En Libye, hélas ! Depuis plusieurs semaines, la volonté populaire est foulée au pied par le régime du colonel Kadhafi, qui mène une répression meurtrière contre ses propres citoyens.
Cest la raison pour laquelle, lAssemblée générale des Nations unies, sur recommandation du Conseil des droits de lHomme le 25 février dernier, a suspendu la Libye de ce Conseil.
Cest pourquoi le 26 février, le Conseil de sécurité a estimé, je le cite, que «les attaques systématiques et généralisées ( ) commises contre la population civile pourraient constituer des crimes contre lhumanité». Par sa résolution 1970 adoptée à lunanimité, il a rappelé que les autorités libyennes ont la responsabilité de protéger le peuple libyen.
Il a également exigé «quil soit immédiatement mis fin à la violence». Il a souhaité que les responsables de ces crimes soient renvoyés devant la Cour pénale internationale dont il a saisi le Procureur, il a sanctionné le colonel Kadhafi, ses proches et ses affidés. Il a enfin décidé un embargo sur les armes à destination de la Libye.
Ces mesures nont pas été suffisantes. Dans tout le pays, les violences perpétrées contre les populations civiles nont fait que redoubler.
Face à ces provocations intolérables, la communauté internationale a réagi dans une quasi-unanimité :
- lUnion européenne la fait lors du Conseil européen exceptionnel du 11 mars dernier ;
- les pays du G8 lont fait mardi dernier à Paris ;
- les organisations régionales se sont également exprimées avec force. Je pense dabord à la Ligue arabe qui, dans sa résolution du 12 mars, en a appelé au Conseil de sécurité en demandant linstauration dune zone dexclusion aérienne. Je voudrais aussi saluer lengagement de lUnion africaine qui a appelé à larrêt des violences contre les civils.
Malgré ces appels à la paix, la situation en Libye est aujourdhui plus alarmante que jamais. Au moment où je vous parle, les troupes du colonel Kadhafi poursuivent la reconquête violente des villes et des territoires qui sétaient libérés. Nous ne pouvons pas laisser faire les fauteurs de guerre ! Nous ne pouvons abandonner à leur sort des populations civiles victimes dune brutale répression. Nous ne pouvons laisser bafouer la légalité et la morale internationales.
Cest pourquoi la France a voulu contribuer de toutes ses forces au sursaut de la communauté internationale en travaillant, avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis dAmérique et dautres, à lélaboration du projet de résolution qui nous est soumis.
Avec cette résolution, nous nous donnons les moyens de protéger les populations civiles libyennes :
- dabord en mettant en place une zone dexclusion aérienne et en autorisant les membres de la Ligue arabe et les Etats membres qui le souhaitent à prendre les mesures nécessaires pour sa mise en uvre ;
- Ensuite en autorisant ces mêmes Etats à prendre, outre la zone dexclusion aérienne, toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations et les territoires, y compris Benghazi, qui sont sous la menace dune attaque des forces du régime de Kadhafi ;
- Enfin, en renforçant les sanctions adoptées à lencontre de ce régime, quil sagisse de la mise en uvre de lembargo sur les armes, du gel des avoirs des autorités de Tripoli ou de linterdiction de vol des compagnies aériennes libyennes.
La France appelle solennellement tous les membres du Conseil de sécurité à soutenir cette initiative et à adopter cette résolution. Si ce mandat est voté, elle est prête à agir, avec les Etats membres, notamment arabes, qui le souhaiteront.
Nous navons plus beaucoup de temps. Cest une question de jours, cest peut-être une question dheures. Chaque jour, chaque heure qui passe, resserre létau des forces de la répression autour des populations civiles éprises de liberté, et notamment de la population de Benghazi.
Chaque jour, chaque heure qui passe, alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules.
Prenons garde darriver trop tard !
Ce sera lhonneur du Conseil de sécurité davoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur loppression.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 mars 2011
Je souhaite vous remercier pour vos chaleureuses paroles de bienvenue auxquelles jai été très sensible.
Madame la Vice-Secrétaire général,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Le monde est en train de vivre lune de ces grandes révolutions qui changent le cours de lHistoire : de lAfrique du Nord au Golfe Persique, les peuples arabes clament leur aspiration à la liberté et à la démocratie !
En Tunisie, avec la «Révolution du Jasmin», en Égypte avec la Journée du 25 janvier, un grand espoir sest levé : la transition démocratique est engagée dans un esprit de maturité et de responsabilité.
Au Maroc, dans un discours courageux et visionnaire, le roi Mohamed VI a annoncé la mise en place dune monarchie constitutionnelle.
Ce «nouveau printemps arabe» est pour nous tous, jen suis sûr, une bonne nouvelle. Notre devoir et notre intérêt nous commandent de laccompagner avec confiance et disponibilité, non point pour donner à quiconque des leçons ou des modèles mais pour aider chaque peuple à construire lui-même son avenir.
En Libye, hélas ! Depuis plusieurs semaines, la volonté populaire est foulée au pied par le régime du colonel Kadhafi, qui mène une répression meurtrière contre ses propres citoyens.
Cest la raison pour laquelle, lAssemblée générale des Nations unies, sur recommandation du Conseil des droits de lHomme le 25 février dernier, a suspendu la Libye de ce Conseil.
Cest pourquoi le 26 février, le Conseil de sécurité a estimé, je le cite, que «les attaques systématiques et généralisées ( ) commises contre la population civile pourraient constituer des crimes contre lhumanité». Par sa résolution 1970 adoptée à lunanimité, il a rappelé que les autorités libyennes ont la responsabilité de protéger le peuple libyen.
Il a également exigé «quil soit immédiatement mis fin à la violence». Il a souhaité que les responsables de ces crimes soient renvoyés devant la Cour pénale internationale dont il a saisi le Procureur, il a sanctionné le colonel Kadhafi, ses proches et ses affidés. Il a enfin décidé un embargo sur les armes à destination de la Libye.
Ces mesures nont pas été suffisantes. Dans tout le pays, les violences perpétrées contre les populations civiles nont fait que redoubler.
Face à ces provocations intolérables, la communauté internationale a réagi dans une quasi-unanimité :
- lUnion européenne la fait lors du Conseil européen exceptionnel du 11 mars dernier ;
- les pays du G8 lont fait mardi dernier à Paris ;
- les organisations régionales se sont également exprimées avec force. Je pense dabord à la Ligue arabe qui, dans sa résolution du 12 mars, en a appelé au Conseil de sécurité en demandant linstauration dune zone dexclusion aérienne. Je voudrais aussi saluer lengagement de lUnion africaine qui a appelé à larrêt des violences contre les civils.
Malgré ces appels à la paix, la situation en Libye est aujourdhui plus alarmante que jamais. Au moment où je vous parle, les troupes du colonel Kadhafi poursuivent la reconquête violente des villes et des territoires qui sétaient libérés. Nous ne pouvons pas laisser faire les fauteurs de guerre ! Nous ne pouvons abandonner à leur sort des populations civiles victimes dune brutale répression. Nous ne pouvons laisser bafouer la légalité et la morale internationales.
Cest pourquoi la France a voulu contribuer de toutes ses forces au sursaut de la communauté internationale en travaillant, avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis dAmérique et dautres, à lélaboration du projet de résolution qui nous est soumis.
Avec cette résolution, nous nous donnons les moyens de protéger les populations civiles libyennes :
- dabord en mettant en place une zone dexclusion aérienne et en autorisant les membres de la Ligue arabe et les Etats membres qui le souhaitent à prendre les mesures nécessaires pour sa mise en uvre ;
- Ensuite en autorisant ces mêmes Etats à prendre, outre la zone dexclusion aérienne, toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations et les territoires, y compris Benghazi, qui sont sous la menace dune attaque des forces du régime de Kadhafi ;
- Enfin, en renforçant les sanctions adoptées à lencontre de ce régime, quil sagisse de la mise en uvre de lembargo sur les armes, du gel des avoirs des autorités de Tripoli ou de linterdiction de vol des compagnies aériennes libyennes.
La France appelle solennellement tous les membres du Conseil de sécurité à soutenir cette initiative et à adopter cette résolution. Si ce mandat est voté, elle est prête à agir, avec les Etats membres, notamment arabes, qui le souhaiteront.
Nous navons plus beaucoup de temps. Cest une question de jours, cest peut-être une question dheures. Chaque jour, chaque heure qui passe, resserre létau des forces de la répression autour des populations civiles éprises de liberté, et notamment de la population de Benghazi.
Chaque jour, chaque heure qui passe, alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules.
Prenons garde darriver trop tard !
Ce sera lhonneur du Conseil de sécurité davoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur loppression.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 mars 2011