Déclaration de M. Charles Pasqua, président du RPF, sur le bilan des actions des différents gouvernements depuis 1995 et sur sa candidature et son programme pour l'élection présidentielle de 2002, Versailles le 9 juin 2001.

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Circonstance : Congrès extraordinaire du RPF à Versailles (Yvelines) le 9 juin 2001

Texte intégral

Chers Amis,
Chers Compagnons,
Eh oui, nous voici, à nouveau rassemblés pour dire au peuple français que nous combattons avec lui et qu'il a bien des raisons d'espérer.
Si vous êtes au RPF parce que vous aimez la France et que vous voulez qu'on parle clairement et franchement et j'ai bien l'intention de vous dire aujourd'hui ce que je pense des hommes politiques et de leurs actes. Je vous confirme d'abord que je serai candidat à l'élection présidentielle, non pas pour témoigner, mais pour gagner.
Personne ne conteste, toute fausse modestie mise à part, ni la force de mes convictions, ni la réalité de mes réalisations au gouvernement et dans les Hauts-de-Seine. Les mauvaises langues se réjouissent de deux faits : je suis un peu plus âgé que Jacques Chirac et un peu plus visé par la justice que lui.
Mon âge, je ne le conteste pas, est une responsabilité personnelle, que j'assume pleinement. Ce sera l'an prochain, celui du Général de Gaulle lors de son élection à la charge suprême en 1965. Il me donne l'expérience, un peu de sagesse et la chance de plonger mes convictions gaullistes dans l'eau vive de ma jeunesse aux couleurs de la France Libre et de la Résistance. Il ne me prive ni de vigueur, ni de capacité de travail et je me sens bien plus jeune que la moyenne des hommes politiques qui, confits dans la pensée unique, ont de plus en plus la même tête celle des jeunes déjà vieux ou des vieux qui n'ont jamais été jeunes.
Voilà pour vous rassurer, mes amis, je suis en pleine forme et que celui qui ne craint pas la fatigue et que n'épuise pas l'enthousiasme me suive dans ma campagne électorale !
Ce que le temps ne parvenait pas à faire, m'éliminer du paysage, certaines personnes et une certaine presse s'y emploient. Ils le font en vain, ces mises en examen sur du vent s'évanouiront dès que la course à l'Elysée sera terminée. Je n'ai rien à me reprocher, ni pour moi-même, cela va de soi, ni pour notre rassemblement qui est d'autant moins financé illégalement qu'il n'est pas financé du tout. Tout ce battage a un seul mérite : démontrer que je gêne et me persuader, si j'en doutais encore, que ma candidature est une nécessité absolue.
Je renvoie les professeurs de morale à leurs classiques et je me moque des Tartufe de Vendée, ou d'ailleurs tout autant que des amnésiques socialistes qu'Urba n'a hélas pas rendu urbains.
Tout cela n'a guère d'importance et ne doit pas nous détourner de l'essentiel : transmettre notre message, fédérer les énergies et conquérir le pouvoir. Nous avons moins d'un an pour faire tomber les masques et dire aux Français ce qu'ils ressentent : la classe politique les a trahis en trahissant la France et elle essaie de nous amuser par de fausses querelles car elle ne propose plus ni idées, ni enjeux, ni vision de l'avenir.
Comment sommes-nous si vite passés des espoirs d'une France pour tous à la déception d'une Europe pour personne ?
Souvenez-vous de notre état d'esprit, il y a quelques années. En 1993 les socialistes sont chassés du pouvoir, la fin du règne de Mitterrand se colore des couleurs crépusculaires des scandales, du cynisme, de l'affairisme de la gauche.
De 1993 à 1995, le gouvernement dirigé par Edouard Balladur entreprend un vigoureux effort de redressement. Comme de 1986 à 1988, nous redonnons à la France plus d'atouts en deux ans que les socialistes n'en avaient gâchés en cinq ans. Stimulante gageure que je relève, pour ce qui me concerne, par une vigoureuse modernisation qui réforme en profondeur la police nationale, par une rigoureuse régulation de l'immigration, par une audacieuse mise à l'honneur de l'aménagement du territoire.
Nous avions alors la certitude, c'était en tout cas mon état d'esprit, de bâtir pour l'avenir car l'élection présidentielle, Balladur ou Chirac peu importait, semblant acquise pour la majorité, nous disposions de la durée et les politiques entreprises seraient poursuivies, une large majorité à l'Assemblée Nationale, des objectifs approuvés par elle, tout paraissait enfin possible.
Et c'était bien le sentiment dominant dans ce joli mois de mai 1995 au parfum de fête. Les Français étaient heureux de tourner la page de la Mitterrandie en faillite, ils aspiraient tout à la fois à consolider le redressement entrepris depuis 1993, à rompre définitivement avec les dérives coutumières des socialistes, à construire une France plus forte, plus solidaire, plus fière et sûre d'elle-même.
Hélas, très vite la facilité remplace l'effort, le conformisme chasse le courage et la soumission aux contraintes de Maastricht a raison du volontarisme national. Le gouvernement Juppé fait le contraire, dans le style tout autant que dans le fond, de ce pour quoi les Français ont élu Jacques Chirac : technocrate quand il fallait être politique, européen quand il fallait être national, centriste quand il fallait être de droite, culturellement conforme quand il fallait lutter contre la sclérose du politiquement correct.
Ainsi la politique que j'avais mise en uvre place Beauvau est-elle dénaturée et démembrée par mes successeurs. Dans ma réforme de la police figurait l'idée simple de redéploiement des policiers expérimentés sur le terrain par la création d'emplois administratifs : un policier n'est pas payé pour faire des tâches de bureau mais pour défendre l'ordre républicain. Jean-Louis Debré renonce, par souci de rationnement budgétaire, à cette réforme de bon sens et les chiffres de la délinquance repartent à la hausse. Il renonce tout autant à la lutte efficace contre l'immigration clandestine : la loi Pasqua qui reposait sur la fierté d'être français et sur l'adhésion volontaire à la Nation est vidée de son sens pour essayer, vainement d'ailleurs, de plaire aux belles âmes et aux bonnes consciences. Quant à l'aménagement du territoire, le gouvernement continue à dire le mot en gommant le fait : la grande loi que j'avais fait voter ne reçoit ni textes d'application, ni crédits. Alors que, après un grand débat qui m'avait fait parcourir tout le pays et rencontré tout ce qu'il comportait de gens voulant aller de l'avant, la France était dotée d'une véritable loi-cadre pour entrer dans le nouveau siècle, l'avenir a été délibérément sacrifié.
Ma volonté de rééquilibrer développement urbain et développement rural, d'éviter cette double aberration de villes surpeuplées et de campagnes désertées avec les mêmes surcoûts induits, de faire un fantastique effort d'investissement en infrastructures, de maîtriser les technologies modernes et d'en faire le levier du développement territorial, tout cela est délibérément oublié.
Quand je pense à tout ce gâchis, j'enrage, la soumission aux critères de Maastricht, incapacité de Juppé de transcender ses sentiments au bénéfice de l'intérêt général, et voilà !
Juppé avait renversé le lait, Chirac va casser le pot par sa dissolution de 1997. Ces deux-là ont réussi, en moins de deux ans, à redonner vie au cadavre de la gauche. Et il faudrait leur faire confiance pour la bataille de 2002 ! Depuis quand confie-t-on les régiments aux généraux défaits, depuis quand faudrait-il suivre ceux qui ont abandonné nos idées, depuis quand sélectionne-t-on en équipe de France ceux qui marquent contre leur camp ?
La France, à nouveau dotée d'un gouvernement socialiste - en 20 ans ils auront eu 14 ans de pouvoir - va s'enfoncer un peu plus.
Depuis 1997, la politique d'aménagement du territoire est totalement abandonnée. Madame Voynet donne la priorité aux agglomérations et au développement urbain, refuse de voir les potentialités énormes du développement rural, sans doute par haine de ce monde d'agriculteurs et de chasseurs que cette petite bourgeoise déteste en fait. Elle persiste et signe dans l'atteinte majeure aux intérêts de la France en faisant abandonner à Jospin Creys-Malville et en condamnant le canal Rhin-Rhône, en refusant la construction des derniers kilomètres qui, comme par hasard, traversaient sa circonscription.
Cette politique d'aménagement du territoire, que j'avais mise en uvre, était pourtant saluée par nos partenaires européens et Daniel Hoeffel, qui fut un excellent ministre, me rappelait-il y a peu combien elle était devenue une référence au sommet européen de Strasbourg.
Nulle nostalgie, nulle amertume dans mon propos mais la déception sincère que des chances objectives aient été retirées à notre pays par une vision étriquée, idéologique, mesquine de la politique.
Même la moins mauvaise part du gouvernement socialiste ne peut trouver grâce à nos yeux. Certes, chez Chevènement l'inspiration républicaine est presque pasquaïenne : savez-vous que l'expression " police de proximité " chère à Monsieur Chevènement se trouve à l'article premier de la loi Pasqua sur la police ! Mais chez lui l'action est en deçà des références autoproclamées.
Au lieu de recruter les policiers nécessaires au rétablissement de la sécurité il se laisse imposer, dans le cadre des emplois-jeunes, 17 000 adjoints de sécurité qui sont aux policiers ce que les mannequins de cire et de chiffon étaient aux régiments d'Ancien Régime : des leurres pour faire nombre. 17 000 apprentis qui n'ont ni la formation ni les moyens des policiers mais qui coûtent aussi chers. Belles preuves du sens de l'Etat et de son efficacité ! Sans effectifs opérationnels la police de proximité est condamnée à l'échec et on le mesure tous les jours.
Enfin Jean-Pierre Chevènement figure dans un gouvernement qui a une responsabilité particulière dans les dérives de l'immigration incontrôlée. Par une politique où l'inaction rejoignait l'hypocrisie, le gouvernement, en convoquant les clandestins dans les préfectures, a créé une nouvelle catégorie : le clandestin officiel ni hors-la-loi, ni dans la loi, dans ce fameux ni-ni qu'affectionne l'inertie socialiste, il est condamné à la marge et à l'exclusion.
Certes Jean-Pierre Chevènement a quitté le gouvernement sur les graves manquements à la souveraineté nationale que comporte le projet Jospin sur la Corse. Je m'en suis réjoui, mais que ne l'a-t-il fait sur le Traité d'Amsterdam qui transférait les responsabilités dans les domaines du contrôle des frontières, de la sécurité et de la justice à la commission de Bruxelles. C'était encore plus grave. Je lui avais rendu visite pour le mettre en garde. Je regrette qu'il n'ait pas saisi cette opportunité, il y a désormais ce fossé entre nous.
Nous, nous avons rompu avec le RPR et avec Jacques Chirac parce que nous n'avons pas voulu passer sous les fourches caudines du traité d'Amsterdam, là est la frontière entre nous et la classe politique. Tous les candidats à la présidentielle, si l'on excepte les extrémistes du nationalisme et du gauchisme, sont restés sur la rive du consentement à l'abaissement de la France.
Chirac et Jospin rivalisent d'oxymorons, se gargarisent de fédérations d'Etat-Nation et de constitution européenne, se poussent du coude sur les travées de la mode en croyant être sur les chemins du modernisme. Alliés pour éliminer les autres candidats avant la dernière ligne droite, ils rêvent d'un combat virtuel entre deux camps réduits à deux caricatures, qui ne s'opposent sur rien et se disputent sur tout.
Chirac veut que 2002 soit l'élection du plus sympa, Jospin que ce soit celle du plus compétent : ils n'ont une chance de gagner, selon l'un ou l'autre critère, que s'ils ne sont qu'entre eux !
Les autres candidats affichent une différence qu'ils n'ont pas. Les extrémistes de droite et de gauche ne parlent qu'aux oreilles d'une France qui n'existe plus et qui n'a d'ailleurs jamais existé que dans leurs fantasmes et leurs haines recuites.
Monsieur Bayrou s'efforce de concilier fédéralisme européen et nostalgie, (lui aussi !) républicaine : je lui souhaite bon courage dans cette gageure intellectuelle et politique. Persuadé par l'exemple de Monsieur Chirac que c'est le grand écart qui ouvre la grande porte de l'Elysée, Monsieur Bayrou se lance dans des contorsions qui vont froisser son électorat qui se demande finalement si Monsieur Chirac n'est pas un meilleur centriste.
Si Monsieur Bayrou fait de la gymnastique, Monsieur Madelin fait de la marche. Il arpente le terrain avec l'appétit d'un sédentaire qui commence à faire du sport. Devant ses yeux émerveillés, car il y a chez Madelin quelque chose d'un éternel adolescent, mi-naïf, mi-arrogant, qui ne lui donne certes pas une posture présidentielle mais je ne sais quoi de touchant, devant ses yeux émerveillés donc s'ouvre un spectacle insoupçonné : la réalité. Ainsi Monsieur Madelin a-t-il découvert récemment les difficultés des banlieues et donne-t-il depuis des leçons d'urbanisme et de sécurité. Ah, s'il avait présidé le département des Hauts-de-Seine au lieu de diriger la bonne ville de Redon (Ille-et-Vilaine), son expérience des cités aurait été plus riche et alors qui sait peut-être que Candide serait devenu Pangloss.
En vérité aucun n'a une vision de l'avenir de la France parce qu'aucun n'a en lui cette certaine idée de la France qui donne la force nécessaire pour refuser les abandons, tous les abandons qui jour après jour défont la France et désespèrent les Français.
En dire l'inventaire nous retiendrait des heures. Pour faire la pelote fédéraliste, on défait la France fil à fil. Quand donc aura-t-on compris que la France est un Etat-Nation, elle n'est une Nation que grâce à l'Etat, elle n'est un Etat que parce qu'il y a une Nation, et que, à cause de cela, elle n'est pas compatible avec une fédération européenne.
La France ne peut être seule mais la France n'existe plus dans une Europe fédérale. Son seul avenir c'est l'Europe des Nations, une Europe refondée dans ses institutions, réorientée dans ses ambitions, appuyée sur une vraie subsidiarité, une Europe telle que je l'ai présentée ce matin.
Rien ne sera possible sans cette remise de l'Europe sur les bons rails, ensuite il nous faudra remettre le pays d'aplomb, renouer avec le sens de l'engagement, de l'effort et du courage.
Seul un gaulliste qui n'a plus d'autre ambition que de servir la France peut répondre à l'attente des Français. Le hasard ou le destin m'a confié le flambeau, si les Français me donnent leur confiance, je pourrai rendre à la France son ambition d'être elle-même.
(Suite de la déclaration sous la référence 013001744-002)
Je veillerai d'abord à rétablir nos institutions gravement menacées.
Après la disparition du Général de Gaulle et de Georges Pompidou, on a assisté à un travail de sape systématique des institutions de la Vème, à une revanche lente et progressive de la classe politicienne contre un régime qui avait su la remettre à sa place :
*Rôle nouveau du Conseil constitutionnel, qui de garant du respect de la séparation entre loi et règlement est devenu instance supérieure au législateur, qui de juge de touche est devenu arbitre tout puissant, préfigurant ainsi une dérive générale de notre système politique qui laisse le droit et la jurisprudence dominer la loi.
*Cohabitation, justifiée par Giscard d'Estaing dès 1977, appliquée par Mitterrand à deux reprises, institutionnalisée par Chirac dans la plus anti-gaulliste des configurations : cohabitation longue après dissolution. Cette cohabitation, telle la rouille sur le métal, a complètement dénaturé nos institutions. En enlevant au Président ses pouvoirs essentiels, la cohabitation a fait de la clef de voûte de nos institutions, une simple pierre dans le jardin du Premier ministre.
*Soumission du droit national au droit communautaire, reflet du renoncement général à la souveraineté.
*Abaissement systématique de l'autorité de l'Etat, soumis au lobbying des associations et des groupes d'intérêt, à la confusion d'une décentralisation mal assumée, au démembrement de ses attributions au profit d'autorités administratives indépendantes qui, indépendantes de l'Etat, sont dépendantes de tout le reste et qui n'ont ni légitimité démocratique, ni responsabilité devant quiconque.
*Réduction du mandat présidentiel à 5 ans, dernier symbole d'un changement honteux de régime et qui n'ose avouer son reniement du gaullisme.
Dès lors les institutions, c'est-à-dire la traduction concrète de la volonté politique gaulliste, sont devenues une coquille vide. Sous l'apparent maintien de la référence s'est reformé un système politique classique, soumis aux partis, aux politiciens professionnels et aux clientèles. Le financement public des partis politiques, grâce au génie multiforme de Monsieur Séguin, a d'ailleurs permis à ceux-ci de verrouiller le système et d'empêcher l'émergence de nouvelles formations qui viendraient perturber le jeu des acquis. Au RPF, nous le savons d'expérience !
Un gaullisme institutionnel ainsi dénaturé ne retient plus l'attention, banalisé, réduit aux apparences, il est évident qu'il ne saurait être pour les jeunes une référence.
En se généralisant, la référence gaulliste va se banaliser, se démonétiser, se dépolitiser en fait. Ses partisans ont continué à agiter la croix de Lorraine en oubliant sur presque tous les sujets le message du Général. Le résultat c'est l'état actuel du RPR, parti de notables et de technocrates, sans idéal, ni projet, qui semble attendre par souci électoraliste, la fusion de toutes les droites dans une formation mi-libérale, mi conservatrice dont le seul programme est : "virer la gauche pour que nous prenions la place".
Mais nul ne peut tuer le gaullisme car ce qu'on appelle le gaullisme c'est-à-dire le service intransigeant de la patrie et de la nation, la priorité donnée à l'intérêt général sur les intérêts particuliers le rassemblement des Français, dans toutes leurs composantes sur la France, au travers des péripéties de l'Histoire cela existe depuis plus de mille ans et n'est pas prêt de disparaître ! Chaque fois que quelqu'un se lèvera pour refuser ce qui paraîtra inéluctable au plus grand nombre il s'inscrira aujourd'hui ou dans 100 ans dans cette lignée.
Aujourd'hui mes amis, mes compagnons, cet idéal est vivant grâce à vous et c'est lui qui porte les couleurs de la France dans le combat de 2002.
Notre premier devoir sera de redonner leur sens aux institutions de la Vème République en garantissant les fonctions régaliennes de l'Etat qui sera allégé mais qui ne sera plus démembré, en rétablissant l'autorité de la loi, en ramenant l'autorité judiciaire à sa vraie place, c'est-à-dire en faisant l'inverse de ce que défait jour après jour la classe politicienne.
Dernier exemple en date, la mise en cause de l'immunité du Président de la République. Cette manoeuvre de bas étage de Jospin contre Jacques Chirac est relayée par une partie de l'opposition qui veut faire moderne.
Tous oublient une chose simple : si le Président de la République est, le temps de son mandat, au-dessus des lois c'est par ce qu'il est en charge de l'intérêt suprême du pays et que rien, je dis bien rien, sauf le suffrage universel ne peut peser sur lui. Ce n'est pas l'homme qui est en cause, c'est la fonction, le symbole. Ceux qui ne peuvent pas comprendre cela, ne comprennent rien à l'Etat et sont indignes d'être les successeurs républicains de nos rois et de nos empereurs qui avaient sacralisé ce principe.
D'ailleurs, dans cette frénésie à abaisser la fonction présidentielle et à brader l'idée française, il y a une grande continuité historique. Les socialistes sont fédéralistes aujourd'hui comme ils étaient internationalistes hier, une certaine droite est fédéraliste et régionaliste aujourd'hui comme l'étaient les féodaux hier qui comptaient défendre leurs privilèges contre le Roi en s'appuyant sur leurs cousins étrangers.
Et nous, nous sommes du parti de la France, celui qui rassemble le Roi et les gueux ; les soldats sans soulier et l'Empereur ; les fous, les aventuriers et le général de Gaulle. Ce parti de la France que haïssent toutes les corporations, tous les intérêts partisans, toutes les médiocrités coalisées pour le stigmatiser, l'abaisser, le nier. Ce parti de la France, qui, toujours, triomphe car c'est celui des Français et en face on trouvera toujours le parti du renoncement et du dénigrement de la Nation !
Une autre de mes ambitions est de rendre aux Français leur première liberté, celle d'aller et de venir. Aujourd'hui elle n'existe plus, cessons d'être hypocrites.
Tous les gouvernements depuis 1995 sont coupables de non-assistance à Français en danger. Non seulement le droit à la sécurité est lettre morte mais le droit à la simple tranquillité, à la simple sûreté n'existe plus.
Récemment dans un quotidien voisinaient sur la même page deux informations éclairantes sur l'état de notre pauvre pays. D'une part un procureur expliquait par écrit à un plaignant que sa moto volée avait été repérée par la police mais ne pouvait être récupérée parce que cela créerait des incidents. D'autre part, un fonctionnaire de police était lourdement condamné pour un usage des armes qui avait légèrement blessé un émeutier de banlieue. Tout est dit, il n'y a plus qu'à tirer le rideau. A ce point là de l'inversion des valeurs, tous ceux qui se gargarisent des idéaux républicains devraient avoir honte de leur lâcheté.
Pour rétablir les droits fondamentaux à la sûreté, à la tranquillité et à la sérénité, il faut :
*réformer l'ordonnance de 1945 sur les mineurs, ceux-ci ne sont plus seulement des victimes mais souvent des délinquants, il faut en tirer les conséquences ;
*réformer la punition des crimes et délits commis par les jeunes délinquants en remplaçant l'alternative entre prison et liberté par le placement en centre fermé où on leur apprendra les repères moraux, civiques et comportementaux perdus ;
*redonner à la police et à la gendarmerie, les moyens matériels, moraux et légaux de garantir l'ordre ;
*donner à la justice les moyens de juger rapidement les actes de délinquance qui empoisonnent la vie quotidienne ;
*responsabiliser les familles sur le comportement de leurs enfants
Pour arrêter la spirale infernale de la violence, il faut d'abord que celui qui sera élu à l'Elysée soit crédible dans ce domaine vital de la sécurité : Qui d'autre parmi les candidats le serait-il ? Que les Français en tirent les conséquences le moment venu, en pensant à leur vie quotidienne.
Cette vie quotidienne est ballottée par une insécurité qui touche tous les domaines : délinquance, emploi, environnement, école, justice, institutions. Toutes les règles et tous les repères semblent s'être évanouis.
L'insécurité sociale règne dans le monde du travail et les salariés sont réduits à subir les foudres tombés du ciel multinational. Les démagogues accusent la mondialisation comme naguère les marxistes stigmatisaient le capitalisme. Soyons clairs, la mondialisation est un fait, aussi inévitable que la découverte de l'Amérique, un fait en croissance continue depuis les origines des échanges économiques, un fait bénéfique producteur de richesses et d'ouvertures. Il faut nous adapter au fait mais il nous faut combattre l'idéologie de la mondialisation qui prétend imposer l'uniformisation des goûts, des murs et des législations, la disparition des nations et l'abandon de l'humanisme.
C'est une France forte, cohérente et ouverte dans une Europe aux politiques coordonnées qui est la bonne réponse à la mondialisation. C'est l'association de tous les salariés au capital des entreprises, le développement des fonds de pension français, la représentation des personnels dans les Conseils d'administration des entreprises qui constituent la source alternative aux politiques de courte vue qui privilégie le court terme au détriment de l'investissement et la spéculation aux dépens du travail.
Dans cette nouvelle compétition des Nations, dans cette guerre économique, la formation est un enjeu essentiel.
La crise de l'école républicaine est, hélas, aujourd'hui du domaine du simple constat. Elle se signale à l'attention du plus grand nombre par un certain nombre de faits : la progression de l'illettrisme, le taux d'échec massif dans les premiers cycles universitaires, la montée de la violence de l'école primaire jusqu'à l'université, la course des parents d'élèves vers les établissements protégés ou protecteurs, privés ou grands établissements publics à la réputation intacte.
Cette perte de confiance dans l'école, sauf dans quelques bastions de la formation de haut niveau, a des conséquences tragiques pour notre société.
Les inégalités face au savoir se multiplient, la violence frappe et désavantage d'abord les plus démunis. Un cours qui ne peut pas se faire dans le calme, un enseignant empêché par l'intimidation de travailler, ce sont autant d'élèves empêchés de monter dans l'ascenseur social qu'est, encore et malgré tout, l'école.
La confiance dans l'effort, la sacralisation du mérite, la foi dans le savoir, et donc les conditions mêmes de l'humanisme, sont ébranlées.
Le devoir des républicains est de réagir. Là aussi, je l'ai fait dans mon département en mettant en uvre des moyens qui ont fait, c'est le cas de le dire, école. Moyens matériels : quand les établissements sont beaux et agréables, ils sont moins dégradés. Moyens humains : quand les adultes sont suffisamment nombreux, les violences diminuent d'où l'idée des médiateurs éducatifs.
Mesure-t-on, dans les salons parisiens, la réalité de la vie quotidienne dans de trop nombreux établissements scolaires ? Celles d'adultes, d'enseignants, de cadres administratifs ou de personnels de surveillance et d'entretien, subissant injures et crachats, violences verbales et physiques dans un lieu où il conviendrait que règnent le respect et l'apprentissage de la vie sociale. Je connais beaucoup d'enseignants et de chefs d'établissement, ils exercent leur métier avec beaucoup d'énergie et de talent et ils ont besoin d'une chose : être soutenus. Monsieur Lang préfère soutenir les animateurs de radios branchés et les organisateurs de rave party, il faudrait plutôt le nommer ministre d'Etat de la démagogie, du jeunisme et de l'électoralisme.
Le premier des devoirs est aujourd'hui de rétablir l'ordre républicain dans l'école sous peine de voir l'enseignement public déserté par les élèves désireux de bien faire, de voir les élèves soucieux de progrès tomber dans la facilité ambiante ; bref, la situation actuelle débouche clairement sur des établissements pour pauvres où l'on s'amuse à insulter les autres et son propre avenir, et des établissements pour bourgeois où l'on travaille sérieusement.
Cette remise en ordre demande peu de moyens matériels et beaucoup de courage et de volonté. Quoi qu'on en dise, l'opinion est prête à cette rupture avec des décennies de laxisme et les enseignants exposés à ces violences quotidiennes le sont plus encore.
Je retiendrai trois priorités : refonder les connaissances pour rompre avec les excès du pédagogisme et de l'inflation des programmes, refonder l'autorité et enfin, refonder l'orientation.
Celle-ci reste fondamentalement négative : est en section littéraire le mauvais en maths, est en section professionnelle le mauvais en tout, etc. On connaît la cause de tout cela : les parents et les enseignants ne jurent que par le diplôme et son prestige supposé. Mieux vaut une licence, fut ce de psychologie c'est à dire de chômage assuré, qu'un CAP, fut ce de plombier c'est à dire d'emploi prospère assuré.
Il faut réduire cette fracture culturelle durable, casser la dichotomie entre le pratique et l'intellectuel qui reste si profonde dans notre pays. Il faut valoriser les formations concrètes et il faut accompagner les formations abstraites de stages dans le monde de travail. C'est ce que nous faisons à l'université Léonard de Vinci : d'une part des formations au métier d'ingénieur et de commercial qui laisse aux expériences de terrain en France et à l'étranger une place essentielle, d'autre part un centre d'apprentissage qui offre à des étudiants qui ont échoué dans leur cursus théorique la possibilité d'un épanouissement dans un métier.
A l'instar de l'Allemagne, il faut engager plus profondément les grandes entreprises dans la formation, elles peuvent délivrer des diplômes complémentaires attestant des expériences acquises en leur sein.
La bonne éducation est un mélange harmonieux de générosité et de fermeté, de confiance en l'autre et de dirigisme éclairé, elle obéit à la même pente que le bon gouvernement. Dès lors que la République est malade, son éducation souffre. Soignons la République, en retrouvant son humanisme fondateur, sa capacité à l'autorité et à l'enthousiasme, et nous guérirons son école.
Il y a pour celui qui aspire à la Présidence de la République, un formidable stimulant qui est, précisément, de retrouver le chemin d'un gouvernement guidé par la volonté et éclairé par la connaissance.
Un fossé s'est créé entre celui qui décide et celui qui connaît, ce fossé sépare tout autant la vie quotidienne des citoyens et le monde politique que la vie scientifique et les ministères. De multiples causes, que je cite rapidement, peuvent l'expliquer : concentration des politiques sur l'électoralisme de courte vue, les phénomènes de mode, le médiatiquement rentable ; phénomènes de cour et d'entourage qui favorisent les pseudo-intellectuels au détriment des vrais chercheurs, comme les gens de cour chassaient jadis les vrais hommes de foi ; technocratisation de la formation des élites au détriment de leur formation scientifique ou tout simplement humaniste. Ces phénomènes cumulés ont conduit à un véritable écran entre le politique et la connaissance qui entraîne de lourdes conséquences pour l'avenir de notre pays.
Un défi majeur réside dans la capacité de nos sociétés à résoudre l'apparente contradiction entre croissance des besoins en énergie et préservation de l'environnement de la planète.
Depuis l'origine de l'homme sur la terre, le progrès est intimement lié à sa capacité à développer la production d'énergie. Il n'y a pas de croissance de la consommation, donc de sortie de la misère pour les pays les plus pauvres, sans croissance corrélative de la production énergétique. Depuis l'invention du feu, ce postulat a toujours été confirmé. Pas de révolution économique médiévale sans l'invention du moulin à eau, pas de révolution industrielle sans charbon puis sans pétrole, pas de nouvelle révolution industrielle sans nucléaire. Toute notre civilisation renvoie au mythe de Prométhée qui est lui-même une parabole sur la maîtrise de l'énergie au service du progrès.
Or, dans les cinquante prochaines années, c'est-à-dire l'horizon de vie d'une simple génération, la population mondiale, malgré une légère baisse de la fécondité moyenne, va augmenter de près de 50%. Energie, progrès et qualité de la vie formant une trilogie indissociable, au cur des revendications légitimes du tiers-monde, cette croissance de la population mondiale conduit, de façon mécanique, à une augmentation de la consommation énergétique globale, indépendamment de la politique conduite par les pays industrialisés.
Toute activité humaine est polluante et dangereuse mais rien n'arrêtera la volonté humaine d'agir, sauf à renoncer à l'idée même de progrès. Il faut donc continuer à produire de l'activité en minimisant la pollution induite. Pas de vie sans activité, pas d'activité sans pollution mais pas de source de vie sans préservation de l'environnement : voilà le paradoxe qu'il nous faut résoudre.
Le devoir du politique c'est de poser clairement le problème et de le résoudre à partir de vérités objectives. Cela veut dire concrètement que ce n'est pas en brûlant plus de pétrole, de charbon ou de gaz que l'on trouvera la solution de notre paradoxe. Le pétrole, le charbon ou le gaz ne pouvant pas être le support du développement mondial ; l'électricité et l'hydrogène étant les sources les plus propres ; les énergies renouvelables, le solaire en particulier, certes valables pour les pays du Sud, n'étant pas suffisantes pour couvrir l'immensité des besoins, le verdict des faits est incontournable : il faut faire appel au nucléaire.
Il ne s'agit pas d'être pour ou contre le nucléaire, il s'agit de bien comprendre que sans nucléaire, nous irions vers une impasse énergétique, ou plus exactement, qu'il nous faudrait condamner soit l'environnement, soit le développement de notre planète.
Cela étant dit, et je n'entends aucun candidat à la présidentielle le dire avec force, il faut être également conscient du fait que le nucléaire du 21ème siècle ne peut pas être celui conçu dans les années 40 du 20ème siècle et qu'il nous faut tourner une page.
Il nous faut " changer de nucléaire ", si vous me permettez cette expression simplificatrice, à cause des peurs suscitées par les accidents du type Tchernobyl, des risques de prolifération, de la fin programmée de l'approvisionnement en uranium, du problème des déchets.
Comme toujours en matière de décision publique, la démagogie, quand ce n'est pas la désinformation, vient obscurcir le débat et retarder les évolutions indispensables.
Elles polluent le débat public, ces voix qui s'élèvent pour renforcer les peurs, les utiliser sans apporter de solution raisonnable. Les Verts s'emploient ainsi à vendre le mythe d'une énergie renouvelable suffisante qui pourrait remplacer toutes les sources polluantes ou dangereuses et s'épuisent à stigmatiser l'électricité d'origine nucléaire décrite comme le mal absolu.
Les Verts entretiennent un fond de commerce électoraliste, fondé sur la peur du nucléaire, et ils le font au prix de la négation de l'évidence. Mamère, Voynet and co sont peut-être la frange la plus obscurantiste et la plus réactionnaire de la classe politique, en fait ces gens là ne croient pas au progrès.
Il est grand temps de réagir. En effet, le temps joue contre la France qui aurait tort de croire que sa position dominante est acquise pour toujours. Les grands pays industrialisés qui ont laissé s'affaiblir leur industrie nucléaire pourraient bien se réveiller au moment où la France entame son lent et inexorable processus de démantèlement dans lequel Jospin a une écrasante et terrible responsabilité. Les refus d'investir, le non-remplacement des personnels compétents dans la recherche et dans l'industrie, un marché quasi inexistant de centrales nucléaires, l'absence de réel programme feront bientôt sentir leurs effets. Je prends date aujourd'hui et je mets en cause la responsabilité de Jacques Chirac et de Lionel Jospin dans ce fatal processus.
Notre avenir dépend de notre capacité à maintenir la recherche au plus haut niveau compatible avec nos ressources. C'est le raisonnement que font les Etats-Unis et le Japon en augmentant considérablement leur budget de la recherche. La France qui s'était placée à la tête des pays industriels en matière de production d'installations nucléaires, devrait si elle s'entête dans sa volonté autodestructrice voir sa position sérieusement affaiblie si la politique actuelle était confirmée.
Il est temps pour l'Etat de prendre ses responsabilités. Qui dans la classe politique, qui parmi les candidats à la Présidentielle va ainsi aux sources des vrais problèmes ? Voilà le type de débat que j'entends engager dans cette campagne, voilà le niveau que je souhaite lui donner.
A partir du programme fondé sur l'AOS (Accelerative Driven System) ou amplificateur d'énergie, le nucléaire peut en effet résoudre le problème de ses déchets, il peut fonctionner à partir de ressources minérales abondantes et il ne pourra pas connaître d'exploitation à des fins non pacifiques, c'est-à-dire qu'il peut lever les trois hypothèques qui pèsent sur le nucléaire tel que nous l'avons connu jusqu'ici.
Il faudra 5 à 10 ans pour mettre en place cette nouvelle filière énergétique, je déciderai, dès que je serai élu, de faire construire un prototype de démonstration.
Pour que la France préserve ses chances dans le monde, il faut retrouver à sa tête une vraie volonté prospective. Nos actuels gouvernants, en sacrifiant le nucléaire, en sacrifiant de façon plus générale l'investissement et la recherche, nous démontrent à nouveau qu'ils n'ont aucune vision de l'avenir.
J'ai souhaité développer quelques exemples pour vous montrer que nous pouvons avoir de grandes ambitions pour la France en tenant un ferme équilibre entre l'autorité et l'ouverture, la générosité et la fermeté, la certitude et le besoin de savoir. En dernière analyse les Français éliront à la Présidence ni le plus sympathique, ni le plus médiatique, ni le plus démagogue, ils éliront celui qui aura le plus de tempérament, le plus de vision claire de l'avenir, le plus de passion de la France. J'attends la comparaison sans présomption mais sans crainte.
Dans mon propos, tout vous indique que je m'engage d'ores et déjà dans la campagne suprême. Je me devais de vous adresser, à vous mes fidèles compagnons, ces premières indications sur ce que je compte faire si je suis élu Président de la République.
Avec des statuts rénovés, débarrassé des éléments divers qui voulaient faire de la souveraineté nationale un fond de commerce sectaire, le RPF a les moyens d'aller de l'avant. Certes, il nous manque de l'argent, certes, il nous faut affronter des coups bas qui sont des coups durs mais ni la foi, ni l'enthousiasme, ni l'abnégation ne nous font défaut.
Poursuivez résolument votre action pour la France dans ce Rassemblement dont elle a besoin. Bientôt, parce que la candidature à la présidentielle est un face à face entre un homme et un peuple, qu'elle n'est pas l'affaire des partis, mon combat trouvera un autre cadre et je quitterai alors la Présidence de notre mouvement, mais vous resterez essentiels pour notre action de sauvegarde et de rénovation de la France.
Les mois qui viennent sont décisifs pour l'avenir de notre pays. Il appartient à notre peuple et à lui seul de faire gagner l'idée française. J'ai confiance en la France.
Début de la déclaration sous la référence 013001744-001)
(source http://www.rpfie.org, le 14 juin 2001)