Texte intégral
Nous présentons au Japon nos condoléances les plus sincères pour les très nombreuses pertes de vies humaines quil a subies et exprimons notre solidarité à la population et au gouvernement japonais. Les pensées des citoyens de lUnion européenne accompagnent les milliers de familles endeuillées et les centaines de milliers de personnes qui doivent maintenant reconstruire leur vie et leur communauté. Nous saluons les mesures rapides et décisives quont prises les autorités japonaises. Rappelant lamitié de longue date et les relations politiques et économiques étroites qui lient lUnion européenne et le Japon, nous sommes déterminés à soutenir le Japon à lheure où il semploie à surmonter les problèmes auxquels il est confronté.
LEurope a traversé une grave crise financière au cours des derniers mois. Bien que la reprise économique en Europe soit maintenant en bonne voie, il subsiste des risques et nous devons poursuivre notre action résolue. Nous avons adopté aujourdhui un vaste ensemble de mesures qui devraient nous permettre de passer le cap de la crise financière et de continuer à progresser sur la voie dune croissance durable. Ces mesures renforceront la gouvernance économique de lUnion européenne et assureront la stabilité à long terme de la zone euro dans son ensemble. Nous sommes également convenus de prendre des mesures énergiques au niveau de lUnion européenne pour stimuler la croissance en renforçant le marché unique, en réduisant les contraintes réglementaires globales et en favorisant les échanges commerciaux avec les pays tiers.
Nous avons débattu de la situation grave que connaît la Libye. À cet égard, nous avons exprimé notre satisfaction à la suite de ladoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies et avons souligné que nous sommes résolus à contribuer à sa mise en uvre. Pour ce qui est de notre voisinage méridional, nous avons réaffirmé notre détermination à mettre en place un nouveau partenariat avec la région et demandé une mise en uvre rapide des orientations définies le 11 mars 2011; nous sommes convenus de premières mesures concrètes visant à aider les pays de notre voisinage méridional à court terme. Enfin, nous avons débattu des enseignements quil convient de tirer des événements qui se sont produits au Japon, en particulier en matière de sûreté nucléaire.
I. POLITIQUE ÉCONOMIQUE
1. Le Conseil européen a adopté ce jour un vaste ensemble de mesures destinées à faire face à la crise, à préserver la stabilité financière et à créer les conditions dune croissance intelligente, durable, fondée sur lintégration sociale et créatrice demplois, ce qui permettra de renforcer la gouvernance économique et la compétitivité de la zone euro et de lUnion européenne.
Mettre en uvre le semestre européen : stratégie Europe 2020, assainissement budgétaire et réformes structurelles
2. Dans le cadre du semestre européen qui a été mis en place récemment, le Conseil européen a approuvé les priorités en matière dassainissement budgétaire et de réformes structurelles (Conformément aux conclusions que le Conseil a adoptées les 15 février et 7 mars 2011 et à la suite de lexamen annuel de la croissance effectué par la Commission. Voir aussi le rapport de synthèse établi par la présidence le 16 mars 2011.) Il a souligné quil fallait sattacher en priorité à rétablir des situations budgétaires saines ainsi que la viabilité budgétaire, à réduire le chômage par des réformes du marché du travail et à déployer de nouveaux efforts afin de renforcer la croissance. Tous les États membres traduiront ces priorités en mesures concrètes, quils incluront dans leurs programmes de stabilité ou de convergence et leurs programmes nationaux de réforme. Sur cette base, la Commission présentera ses propositions relatives aux avis et aux recommandations par pays, en temps voulu pour quelles puissent être adoptées avant le Conseil européen de juin.
3. Plus particulièrement, les États membres présenteront un plan pluriannuel de mesures dassainissement prévoyant notamment des objectifs spécifiques en matière de déficit, de recettes et de dépenses, la stratégie prévue pour atteindre ces objectifs et un calendrier pour sa mise en uvre. Les politiques budgétaires pour 2012 devraient viser à rétablir la confiance en ramenant lévolution de la dette à des niveaux supportables et à faire en sorte que les déficits repassent sous la barre des 3 % du PIB, dans les délais fixés par le Conseil. Pour y parvenir, il faudra, dans la plupart des cas, procéder à un ajustement structurel annuel bien supérieur à 0,5 % du PIB. Les États membres qui présentent des déficits budgétaires structurels de très grande ampleur ou un niveau dendettement public très élevé ou en augmentation rapide devraient concentrer leurs efforts dassainissement budgétaire en début de période.
4. Ces efforts dassainissement budgétaire doivent être complétés par des réformes structurelles favorisant la croissance. À cette fin, les États membres soulignent leur volonté de faire aboutir la stratégie Europe 2020. Ils mettront notamment en uvre des mesures visant à :
- accroître lattrait du travail ;
- aider les chômeurs à se réinsérer sur le marché de lemploi ;
- lutter contre la pauvreté et promouvoir linclusion sociale ;
- investir dans léducation et la formation ;
- équilibrer sécurité et flexibilité ;
- réformer les systèmes de retraite ;
- attirer des capitaux privés pour financer la croissance ;
- stimuler la recherche et linnovation ; et
- permettre laccès à lénergie à un coût abordable et renforcer les politiques mises en place en matière defficacité énergétique.
5. Les États membres présenteront les principales mesures qui sont nécessaires pour progresser sur la voie de la réalisation des grands objectifs arrêtés en juin 2010 dans le cadre de la stratégie Europe 2020. Ils présenteront également des mesures destinées à corriger les déséquilibres macroéconomiques persistants, qui ont des effets préjudiciables, et à améliorer la compétitivité.
6. Dans le cadre de la mise en uvre de ces politiques et pour obtenir une large adhésion à ce processus, une coopération étroite sera assurée avec le Parlement européen et les autres institutions et organes consultatifs de lUnion européenne (Comité économique et social européen, Comité des régions); les parlements nationaux, les partenaires sociaux, les régions et dautres parties prenantes y seront pleinement associés.
7. Le marché unique a un rôle crucial à jouer pour ce qui est de stimuler la croissance et lemploi et de favoriser la compétitivité. Le Conseil européen se félicite de lintention exprimée par la Commission de présenter lActe pour le marché unique et invite le Parlement européen et le Conseil à adopter, dici la fin de 2012, un premier train de mesures prioritaires afin dimprimer un nouvel élan au marché unique. Il conviendrait de mettre plus particulièrement laccent sur des mesures qui créent de la croissance et de lemploi et qui débouchent sur des résultats tangibles pour les citoyens et les entreprises. Il convient également daccorder une attention particulière à lachèvement du marché unique numérique. Globalement, les contraintes réglementaires, et notamment celles qui pèsent sur les PME, devraient être réduites, tant au niveau de lUnion européenne quau niveau national. La Commission fera rapport sur ce dossier dici lété. Le Conseil européen sest également félicité que la Commission ait manifesté lintention de proposer des moyens dexempter les micro-entreprises de certaines réglementations futures. Se fondant sur la communication de la Commission intitulée «Vers une amélioration du fonctionnement du marché unique des services», le Conseil européen demande aux États membres de mettre pleinement en uvre la directive sur les services et invite la Commission et les États membres à prendre des mesures supplémentaires, en tant que de besoin, pour améliorer le fonctionnement du marché intérieur des services.
8. La dimension extérieure du marché unique est également importante et il faudrait sattacher à favoriser des échanges commerciaux libres, équitables et ouverts, tout en mettant laccent sur la conclusion, en 2011, des négociations du cycle de Doha menées dans le cadre de lOMC, ainsi que des accords de libre échange, conformément aux conclusions du Conseil européen du 16 septembre 2010. Il convient de faire avancer rapidement les travaux à la suite du rapport de la Commission présentant les priorités daction en vue de la suppression des barrières commerciales dans les pays tiers.
* Renforcer la gouvernance
9. Le paquet des six propositions législatives sur la gouvernance économique constitue un élément essentiel pour garantir le renforcement de la discipline budgétaire et éviter les déséquilibres macroéconomiques excessifs. Il comprend une réforme du pacte de stabilité et de croissance destinée à renforcer la surveillance des politiques budgétaires et à appliquer de manière plus systématique et à un stade plus précoce les mesures visant à faire respecter les règles fixées, de nouvelles dispositions sur les cadres budgétaires nationaux et une nouvelle surveillance des déséquilibres macroéconomiques.
10. Le Conseil européen se félicite que le Conseil ait arrêté une orientation générale sur ces propositions, qui ouvre la voie à des négociations avec le Parlement européen. Il appelle de ses vux la poursuite des travaux afin que ces propositions puissent être adoptées en juin 2011.
* Donner une force nouvelle à la coordination des politiques économiques: le Pacte pour leuro plus
11. Le Pacte pour leuro plus, adopté par les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro et auquel participent également la Bulgarie, le Danemark, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie (voir lannexe I), renforcera le pilier économique de lUnion économique et monétaire (UEM) et donnera une force nouvelle à la coordination des politiques économiques, afin daméliorer la compétitivité et de parvenir ainsi à un niveau de convergence plus élevé, ce qui permettra de renforcer notre économie sociale de marché. Ce pacte reste ouvert à la participation dautres États membres. Il respectera pleinement lintégrité du marché unique.
12. Les États membres qui ont souscrit au pacte sengagent, sur la base des indicateurs et des principes quil prévoit, à annoncer une série dactions concrètes à mettre en uvre dans les douze mois qui suivent. Un certain nombre dÉtats membres ont déjà annoncé de premiers engagements. Tous les États membres participants présenteront leurs engagements dès que possible et, en tout état de cause, en temps voulu pour quils soient inclus dans les programmes de stabilité ou de convergence et dans les programmes nationaux de réforme, quils doivent soumettre en avril, et pour quils soient évalués par le Conseil européen lors de sa réunion du mois de juin.
* En revenir à un secteur bancaire sain
13. LAutorité bancaire européenne et les autorités compétentes procèdent actuellement à des tests de résistance. Le Conseil européen souligne limportance que revêt le processus dexamen par les pairs, qui doit être mené en étroite coopération avec les autorités nationales de surveillance, le Comité européen du risque systémique, la Commission et la Banque centrale européenne, afin daccroître la cohérence et la qualité des résultats. Les établissements bancaires devront assurer un niveau élevé dinformation, y compris en ce qui concerne les titres de dette souveraine.
14. Les États membres élaboreront, avant la publication des résultats, des stratégies précises et ambitieuses pour la restructuration des établissements vulnérables, comprenant des solutions faisant appel au secteur privé (financement direct auprès du marché ou vente dactifs), mais aussi un cadre solide, tenant compte des règles régissant les aides dÉtat, pour loctroi, en cas de besoin, dun soutien public.
15. Comme convenu lors du Conseil européen de juin 2010, il convient de réfléchir à linstauration dune taxe sur les transactions financières à léchelle mondiale et de développer cette idée. Le Conseil européen note que la Commission entend présenter un rapport sur la taxation du secteur financier dici lautomne 2011 au plus tard.
* Renforcer les mécanismes de stabilité de la zone euro
16. Rappelant quil importe dassurer la stabilité financière dans la zone euro, le Conseil européen a adopté la décision modifiant le TFUE en ce qui concerne la création du mécanisme européen de stabilité (MES). Il demande que les procédures nationales dapprobation soient lancées rapidement afin que cette décision puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2013.
17. Le Conseil européen se félicite des décisions prises le 11 mars par les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro et entérine les caractéristiques du MES (voir lannexe II). La préparation du traité instituant le MES et les modifications apportées à laccord sur le FESF, visant à assurer à ce dernier une capacité de prêt effective de 440 milliards deuros, seront mises au point de manière à permettre la signature simultanée des deux accords avant la fin de juin 2011.
II. LIBYE / VOISINAGE MÉRIDIONAL
18. Le Conseil européen a débattu de la situation en Libye et a fait siennes les conclusions adoptées par le Conseil des affaires étrangères le 21 mars. Rappelant sa déclaration du 11 mars, le Conseil européen a exprimé sa satisfaction à la suite de ladoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui énonce le principe de la responsabilité de protéger, et a souligné quil était déterminé à contribuer à sa mise en uvre. Il a également salué la tenue du sommet de Paris le 19 mars, quil considère comme une contribution décisive à cette mise en uvre. Il a condamné le fait que le régime libyen continue de faire fi des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que la répression violente et brutale que ce régime continue dexercer à lencontre de ses propres citoyens. Il a noté que les actions entreprises conformément au mandat du Conseil de sécurité ont largement contribué à protéger les populations et les zones civiles menacées dattaque et ont contribué à sauver la vie de civils. Lorsque les populations civiles seront en sécurité et à labri des attaques et lorsque les objectifs de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies seront atteints, il sera mis fin aux opérations militaires.
Le Conseil européen a insisté sur le rôle important que jouent les pays arabes, et en particulier la Ligue arabe, pour soutenir activement la mise en uvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies et pour trouver une solution politique à la crise.
19. Conformément à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, lUnion européenne, conjointement avec la Ligue arabe, les Nations unies et lUnion africaine, redoublera defforts pour apporter une solution à la crise, qui satisfasse les revendications légitimes du peuple libyen. Le Conseil européen a appelé une nouvelle fois le colonel Kadhafi à quitter immédiatement le pouvoir, afin de permettre à la Libye de sengager rapidement dans une transition vers la démocratie, qui se déroule dans de bonnes conditions et sera menée par les Libyens eux-mêmes, en recourant à un dialogue qui repose sur une large assise et en tenant également compte de la nécessité de garantir la souveraineté et lintégrité territoriale de la Libye. LUnion européenne est prête à encourager ce dialogue, y compris avec le Conseil national de transition, et à aider une Libye nouvelle, sur le plan économique et en vue de la mise en place de nouvelles institutions, en coopération avec les Nations unies, la Ligue arabe, lUnion africaine et dautres acteurs.
20. LUnion européenne a réagi rapidement pour mettre en uvre les sanctions imposées par les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, y compris en inscrivant des personnes et entités supplémentaires sur sa liste autonome des personnes et entités faisant lobjet de mesures restrictives. LUnion européenne est prête à élaborer et à adopter dautres sanctions, y compris des mesures visant à garantir que le régime de Kadhafi nait pas accès aux recettes pétrolières et gazières. Les États membres présenteront des propositions similaires au Conseil de sécurité des Nations unies.
21. La situation humanitaire en Libye et aux frontières du pays reste extrêmement préoccupante. LUnion européenne continuera de fournir une aide humanitaire à toutes les personnes touchées, en coopération étroite avec lensemble des organisations humanitaires et des ONG concernées. LUnion européenne a renforcé son soutien aux opérations dassistance humanitaire/de protection civile, y compris par des moyens maritimes, et poursuivra sa planification à cet égard.
22. Le Conseil européen a noté avec satisfaction que le référendum sur la révision de la Constitution tenu en Égypte le 19 mars sest déroulé sans heurts et y voit une étape importante sur la voie dun système politique plus ouvert et démocratique.
23. Notant que la situation dans chaque pays est différente, le Conseil européen sest déclaré extrêmement préoccupé par la situation en Syrie, au Yémen et à Bahreïn; il a fermement condamné lescalade de la violence et le recours à la force contre les manifestants, et a exhorté toutes les parties concernées à engager sans délai ni conditions préalables un dialogue substantiel et constructif. Il a fait siennes les conclusions adoptées par le Conseil des affaires étrangères le 21 mars.
24. Il conviendrait de faire avancer rapidement les travaux en vue de la mise en place dun nouveau partenariat dans la région, conformément à la déclaration du Conseil européen du 11 mars 2011. Ce partenariat, qui sera fondé sur une intégration économique plus poussée, un accès élargi au marché et une coopération politique plus étroite, suivra une approche différenciée et fondée sur lobtention de résultats. Comme première étape de la mise en uvre de lensemble de mesures adoptées le 11 mars, et se fondant sur la communication commune de la Commission et de la Haute Représentante, le Conseil européen demande que des progrès rapides soient enregistrés dans les domaines suivants :
- lUnion européenne et ses États membres intensifieront leur assistance humanitaire ;
- les programmes daide actuellement mis en uvre dans les pays du sud de la Méditerranée feront lobjet dun examen détaillé et seront recentrés, si possible dans le cadre dun dialogue avec les pays concernés ;
- le plafond applicable aux opérations de la BEI en faveur des pays méditerranéens qui entreprennent des réformes politiques devrait être relevé dun milliard deuros, sans réduire les opérations menées dans le voisinage oriental de lUnion européenne ;
- les actionnaires de la BERD devraient étudier la possibilité détendre les activités de la banque aux pays du voisinage méridional ;
- les propositions relatives aux règles dorigine pan-euro-méditerranéennes devraient être adoptées sans tarder et la Commission est invitée à présenter des propositions relatives à des moyens supplémentaires pour développer à court, moyen et long terme les échanges et linvestissement étranger direct dans la région.
25. Le Conseil européen se félicite que la présidence et la Commission se soient rendues en Égypte récemment, dans le cadre dune première phase de consultations visant à promouvoir une approche densemble sur la question des migrations entre les pays du voisinage méridional et lUnion européenne. À cet égard, le Conseil européen invite la Commission à présenter, bien avant le Conseil européen de juin, ses propositions relatives à lapproche globale sur la question des migrations ainsi quau partenariat pour la mobilité.
26. Le Conseil européen souhaite également que la Commission présente, avant le Conseil européen de juin, un plan sur le renforcement des capacités de gestion des flux migratoires et des flux de réfugiés. Il conviendrait daboutir avant juin 2011 à un accord sur le règlement renforçant les capacités de lagence Frontex. Dans lintervalle, la Commission mobilisera des moyens additionnels pour soutenir les opérations Hermès et Poséidon menées par cette agence en 2011 et les États membres sont invités à fournir des ressources humaines et techniques supplémentaires. LUnion européenne et ses États membres sont prêts à manifester concrètement leur solidarité avec les États membres qui sont le plus directement concernés par les mouvements migratoires et à apporter laide nécessaire, compte tenu de lévolution de la situation.
III. JAPON
27. LUnion européenne soutiendra les efforts déployés par le Japon pour surmonter les problèmes auxquels il est confronté à la suite du séisme et du tsunami qui lont frappé, avec les conséquences tragiques que lon sait.
28. À la suite dune première demande présentée par le gouvernement japonais, lUnion est en train dacheminer des secours pour venir en aide à la population sinistrée. Elle se tient prête à apporter une aide supplémentaire si la demande lui en est faite. De manière générale, lUnion européenne souhaite renforcer sa coopération avec le Japon dans le domaine des secours en cas de catastrophe.
29. LUnion européenne salue les mesures rapides et décisives prises par les autorités japonaises à la suite des remous quont connus les marchés financiers. Elle se félicite de lintervention du G7 en ce qui concerne le yen. Elle reste prête à coopérer pleinement avec le Japon pour faire face aux conséquences économiques et financières de ces événements, y compris dans le cadre du G8 et du G20.
30. Pour ce qui est de lavenir, le Conseil européen réaffirme limportance stratégique que revêt la relation entre lUnion européenne et le Japon. Il faut mettre à profit le prochain sommet pour renforcer cette relation et faire avancer nos priorités communes, notamment par le lancement éventuel de négociations en vue de la conclusion dun accord de libre-échange, étant entendu que le Japon est disposé à sattaquer entres autres à la question des barrières non tarifaires et aux restrictions en matière de passation de marchés publics.
31. Dans ce contexte, le Conseil européen souligne quil est nécessaire de tirer tous les enseignements de ces événements et de fournir au public toutes les informations nécessaires. Rappelant que la ventilation des différentes formes dénergie relève de la compétence des États membres, il demande que des mesures soient prises en priorité dans les domaines suivants :
- il convient de vérifier la sûreté des toutes les installations nucléaires de lUnion européenne, sur la base dune évaluation globale et transparente des risques et de la sûreté («tests de résistance») ; le Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG) et la Commission sont invités à définir le plus rapidement possible létendue et les modalités de ces tests dans un cadre coordonné, à la lumière des enseignements tirés de laccident qui sest produit au Japon et avec la participation pleine et entière des États membres, en tirant pleinement parti de lexpertise disponible (notamment celle de lAssociation des responsables des Autorités de sûreté nucléaire des pays dEurope de lOuest); les évaluations seront menées par des autorités nationales indépendantes et dans le cadre dune évaluation par les pairs; leurs résultats et toute mesure nécessaire qui sera prise par la suite devraient être communiqués à la Commission et aux membres de lENSREG et rendus publics; le Conseil européen évaluera les premières conclusions à la fin de 2011, en se fondant sur un rapport présenté par la Commission ;
- la sûreté des centrales nucléaires est une priorité, qui dépasse à lévidence le cadre de nos frontières; lUnion européenne demandera que des «tests de résistance» similaires soient effectués dans les pays voisins, ainsi que dans le monde entier, en ce qui concerne à la fois les centrales existantes et en projet; il convient à cet égard de mettre pleinement à contribution les organisations internationales compétentes ;
- les normes les plus élevées en matière de sûreté nucléaire devraient être appliquées et améliorées en permanence au sein de lUnion européenne et il conviendrait, au niveau international, dencourager ladoption de telles normes ;
- la Commission procédera à lexamen du cadre législatif et réglementaire existant en matière de sûreté des installations nucléaires et proposera dici la fin de 2011 toute amélioration qui pourrait se révéler nécessaire. Les États membres devraient veiller à la pleine mise en uvre de la directive sur la sûreté des installations nucléaires. La proposition de directive relative à la gestion du combustible usé et des déchets radioactifs devrait être adoptée dès que possible. La Commission est invitée à réfléchir aux moyens de promouvoir la sûreté nucléaire dans les pays voisins ;
- il convient de suivre de près les conséquences à léchelle mondiale et au niveau de lUnion européenne, en sintéressant tout particulièrement à la volatilité des prix de lénergie et des cours des produits de base, notamment dans le cadre du G20.
ANNEXE I - PACTE POUR LEURO PLUS COORDINATION RENFORCÉE DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES POUR LA COMPÉTITIVITÉ ET LA CONVERGENCE
Les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro ont adopté le présent pacte, auquel ont également adhéré la Bulgarie, le Danemark, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie, en vue de renforcer le pilier économique de lunion monétaire, de conférer une qualité nouvelle à la coordination des politiques économiques, daméliorer la compétitivité et de parvenir ainsi à un niveau de convergence plus élevé. Ce pacte met surtout laccent sur des domaines qui relèvent de la compétence nationale et sont cruciaux pour renforcer la compétitivité et éviter tout déséquilibre préjudiciable. La compétitivité est essentielle pour aider lUnion européenne à connaître une croissance plus rapide et plus durable à moyen et long terme, pour assurer aux citoyens des niveaux de revenus plus élevés et pour préserver nos modèles sociaux. Les autres États membres sont invités à participer sils le souhaitent.
Cet effort renouvelé en faveur dune coordination renforcée des politiques économiques pour la compétitivité et la convergence repose sur quatre règles directrices :
a. Il sera en accord avec le modèle de gouvernance économique qui existe déjà dans lUnion européenne et le renforcera, tout en apportant une valeur ajoutée. Il sera compatible avec les instruments existants (stratégie Europe 2020, semestre européen, lignes directrices intégrées, pacte de stabilité et de croissance et nouveau cadre de surveillance macroéconomique) et sappuiera sur ceux-ci. Il impliquera un effort particulier allant au-delà de ce qui existe déjà et comprendra des actions et des engagements concrets, plus ambitieux que ceux qui ont déjà été approuvés, ainsi quun calendrier de mise en uvre. Ces nouveaux engagements seront ensuite intégrés aux programmes nationaux de réforme et de stabilité et relèveront du cadre de surveillance régulier, la Commission tenant un rôle central important dans le suivi de la mise en uvre des engagements, avec la participation de toutes les formations concernées du Conseil et de lEurogroupe. Le Parlement européen jouera pleinement son rôle, conformément à ses compétences. Les partenaires sociaux seront pleinement associés au niveau de lUnion européenne, dans le cadre du sommet social tripartite.
b. Il sera ciblé, privilégiera laction et couvrira des domaines daction prioritaires essentiels pour favoriser la compétitivité et la convergence. Il mettra laccent sur des actions dont la compétence incombe aux États membres. Dans les domaines politiques choisis, des objectifs communs feront lobjet dun accord au niveau des chefs dÉtat ou de gouvernement. Les États membres participants poursuivront ces objectifs avec leur propre panoplie de mesures, en tenant compte des défis qui leur sont spécifiques.
c. Chaque année, des engagements nationaux concrets seront pris par chacun des chefs dÉtat ou de gouvernement. Ce faisant, les États membres tiendront compte des meilleures pratiques et prendront comme référence les pays les plus performants, quil sagisse de pays européens ou dautres partenaires stratégiques.
La mise en uvre des engagements et les progrès accomplis en matière de réalisation des objectifs politiques communs feront lobjet dun suivi annuel au niveau politique par les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro et des pays participants, sur la base dun rapport de la Commission. De plus, les États membres sengagent à consulter leurs partenaires avant ladoption de chaque grande réforme économique susceptible davoir des retombées.
d. Les États membres participants sont déterminés à réaliser lachèvement du marché unique, qui est la clé dun renforcement de la compétitivité dans lUnion européenne et la zone euro. Ce processus sera parfaitement conforme au traité. Le pacte respectera pleinement lintégrité du marché unique.
* Nos objectifs
Les États membres participants sengagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour poursuivre les objectifs suivants :
- favoriser la compétitivité ;
- favoriser lemploi ;
- mieux contribuer à la viabilité des finances publiques ;
- renforcer la stabilité financière.
Chaque État membre participant présentera les mesures particulières quil prendra pour atteindre ces objectifs. Si un État membre peut démontrer quil nest pas nécessaire dagir dans lun ou lautre domaine, il ne linclura pas. Le choix des actions politiques spécifiques nécessaires pour atteindre les objectifs communs demeure de la responsabilité de chaque pays, mais une attention particulière sera accordée à lensemble des éventuelles mesures mentionnées ci-après.
* Engagements politiques concrets et suivi
Sur le plan politique, les chefs dÉtat ou de gouvernement suivront les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs communs précités en sappuyant sur un ensemble dindicateurs couvrant la compétitivité, lemploi, la viabilité budgétaire et la stabilité financière. Les pays confrontés à des défis majeurs dans lun quelconque de ces domaines seront identifiés et devront sengager à y remédier dans un délai déterminé.
a. Renforcer la compétitivité
Les progrès seront évalués sur la base de lévolution des salaires et de la productivité ainsi que des besoins dajustement en matière de compétitivité. Afin de déterminer si les salaires évoluent en accord avec la productivité, le coût unitaire de la main-duvre (CUM) fera lobjet dun suivi sur une période déterminée, par comparaison avec lévolution dans dautres pays de la zone euro et chez les principaux partenaires commerciaux comparables. Pour chaque pays, le CUM sera évalué au niveau de léconomie dans son ensemble ainsi que pour chaque secteur important (industrie manufacturière; services; secteurs des biens et services exportables et non exportables). Les augmentations significatives et durables pourraient provoquer une érosion de la compétitivité, notamment si elles viennent sajouter à un déficit croissant de la balance courante et à une diminution des parts de marché à lexportation. Sil faut agir pour renforcer la compétitivité dans tous les pays, une attention particulière doit néanmoins être accordée à ceux qui sont confrontés à des défis majeurs à cet égard. Afin de faire en sorte que la croissance soit équilibrée et bien répartie dans toute la zone euro, des instruments spécifiques et des initiatives communes seront envisagés pour favoriser la productivité dans les régions en retard de développement.
Il incombera à chaque pays de déterminer les mesures spécifiques à prendre pour renforcer sa compétitivité; toutefois, une attention particulière sera prêtée aux réformes suivantes :
i) mesures visant à assurer que les coûts évoluent en accord avec la productivité, dans le respect des traditions nationales en matière de dialogue social et de relations entre les partenaires sociaux, par exemple :
?réexaminer les dispositifs de fixation des salaires et, le cas échéant, le degré de centralisation du processus de négociation, ainsi que les mécanismes dindexation, lautonomie des partenaires sociaux dans le cadre du processus de négociation collective devant être préservée ;
?veiller à ce que les accords salariaux dans le secteur public viennent soutenir les efforts de compétitivité consentis dans le secteur privé (en gardant à lesprit que lévolution des salaires dans le secteur public constitue un signal important) ;
ii) mesures visant à renforcer la productivité, par exemple :
?ouvrir davantage les secteurs protégés en prenant des mesures au niveau national pour lever les restrictions indues qui pèsent sur les services professionnels, ainsi que sur le secteur du commerce de détail, afin de renforcer la concurrence et lefficacité, dans le plein respect de lacquis communautaire ;
?consentir des efforts spécifiques pour améliorer les systèmes denseignement et encourager la R&D, linnovation et les infrastructures ;
?prendre des dispositions pour améliorer lenvironnement des entreprises, en particulier les PME, notamment en éliminant les lourdeurs administratives et en améliorant le cadre législatif (par exemple, droit des faillites, code de commerce).
b. Promouvoir lemploi
Le bon fonctionnement du marché du travail constitue un facteur déterminant de la compétitivité de la zone euro. Les progrès dans ce domaine seront évalués sur la base des indicateurs suivants : taux de chômage de longue durée et de chômage des jeunes, et taux de participation au marché du travail.
Il incombera à chaque pays de déterminer les mesures spécifiques à prendre pour promouvoir lemploi; toutefois, une attention particulière sera prêtée aux réformes suivantes :
?les réformes du marché du travail destinées à favoriser la flexisécurité, à réduire le travail non déclaré et à accroître la participation au marché du travail ;
?léducation et la formation tout au long de la vie ;
?les réformes fiscales, par exemple la réduction des charges fiscales pesant sur le travail, afin de rendre le travail financièrement attrayant tout en préservant le niveau global des recettes fiscales, et les mesures destinées à faciliter la participation au marché du travail des personnes assurant une seconde source de revenus.
c. Améliorer la viabilité des finances publiques
Afin dassurer une pleine mise en uvre du pacte de stabilité et de croissance, la plus grande attention sera apportée aux éléments suivants :
- Viabilité des retraites, des soins de santé et des prestations sociales
Cet élément sera notamment évalué sur la base des indicateurs décart de viabilité (Les écarts de viabilité sont des indicateurs établis dun commun accord par la Commission et les États membres pour évaluer la viabilité budgétaire.) Ces indicateurs mesurent la viabilité du niveau dendettement sur la base des politiques menées, notamment les régimes de pension, les systèmes de soins de santé et les régimes de prestations, et en fonction des facteurs démographiques.
Les réformes nécessaires pour assurer la viabilité et ladéquation des retraites et des prestations sociales pourraient notamment consister à :
?adapter le système de retraite à la situation démographique nationale, par exemple en adaptant lâge réel de la retraite à lespérance de vie ou en accroissant le taux dactivité ;
?limiter les régimes de préretraite et prendre des mesures incitatives appropriées pour lemploi des travailleurs âgés (notamment les travailleurs de plus de 55 ans).
- Règles budgétaires nationales
Les États membres participants sengagent à traduire dans leur législation nationale les règles budgétaires de lUnion européenne figurant dans le pacte de stabilité et de croissance. Les États membres conserveront le choix de linstrument juridique à utiliser au niveau national mais veilleront à ce quil soit par nature suffisamment contraignant et durable (par exemple, la Constitution ou une législation cadre). La formulation exacte de la règle sera également arrêtée par chaque pays (il pourrait par exemple sagir dun «frein à lendettement», dune règle liée au solde primaire ou dune règle portant sur les dépenses), mais elle devrait garantir la discipline budgétaire tant au niveau national quaux niveaux inférieurs. La Commission aura la possibilité, tout en respectant pleinement les compétences des parlements nationaux, dêtre consultée, avant son adoption, sur la formulation précise de la règle budgétaire, afin de sassurer quelle est compatible avec les dispositions européennes et contribue à leur réalisation.
d. Renforcer la stabilité financière
Un secteur financier fort est essentiel pour la stabilité générale de la zone euro. Une réforme globale du cadre européen de supervision et de régulation du secteur financier est en cours.
Dans ce contexte, les États membres sengagent à mettre en place une législation nationale en matière de résolution des défaillances bancaires, qui respecte pleinement lacquis communautaire. Des tests stricts de résistance des banques, coordonnés au niveau de lUnion, seront menés régulièrement. En outre, le président du CERS et le président de lEurogroupe seront invités à informer régulièrement les chefs dÉtat ou de gouvernement sur les questions liées à la stabilité macro-financière et aux évolutions macroéconomiques constatées dans la zone euro qui appellent une action spécifique. En particulier, le niveau de lendettement privé des banques, des ménages et des entreprises non financières sera suivi de près pour chaque État membre.
Outre les questions mentionnées ci-dessus, une attention particulière sera portée à la coordination des politiques fiscales.
Les impôts directs restent une compétence nationale. Une coordination pragmatique des politiques fiscales constitue un élément nécessaire dune coordination renforcée des politiques économiques dans la zone euro, afin de soutenir lassainissement budgétaire et la croissance économique. Dans ce contexte, les États membres sengagent à entamer des discussions structurées sur les questions de politique fiscale, en vue notamment dassurer léchange des bonnes pratiques, sur la prévention des pratiques nuisibles et sur des propositions de lutte contre la fraude et lévasion fiscale.
Établir une assiette commune pour limpôt sur les sociétés pourrait constituer un moyen de garantir, sans incidence sur les recettes, la cohérence entre les régimes fiscaux nationaux tout en respectant les stratégies fiscales nationales et de contribuer à la viabilité budgétaire et à la compétitivité des entreprises européennes.
La Commission a présenté une proposition législative portant sur une assiette commune consolidée pour limpôt sur les sociétés.
* Engagements annuels concrets
Pour démontrer une volonté réelle de changement et assurer limpulsion politique nécessaire pour atteindre nos objectifs communs, les États membres participants conviendront chaque année, au niveau le plus élevé, dune série dactions concrètes à mettre en uvre dans un délai de douze mois. Le choix des mesures politiques spécifiques à mettre en uvre restera du ressort de chaque pays, mais ce choix sera guidé en particulier par lexamen des éléments mentionnés précédemment. Ces engagements se refléteront également dans les programmes nationaux de réforme et dans les programmes de stabilité présentés chaque année, qui seront évalués par la Commission, le Conseil et lEurogroupe dans le cadre du semestre européen.
ANNEXE II - MODALITÉS DE FONCTIONNEMENT DU MES
Le Conseil européen a décidé dajouter à larticle 136 du traité le paragraphe suivant :
«Les États membres dont la monnaie est leuro peuvent instituer un mécanisme de stabilité qui sera activé si cela est indispensable pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble. Loctroi, au titre du mécanisme, de toute assistance financière nécessaire, sera subordonné à une stricte conditionnalité.»
À la suite de cette décision, le Conseil européen est convenu quil était nécessaire que les États membres de la zone euro mettent en place un mécanisme permanent de stabilité, le mécanisme européen de stabilité (MES). Ce mécanisme sera activé dun commun accord (par décision prise dun commun accord, on entend une décision prise à lunanimité des États membres participant au vote, les abstentions ne faisant pas obstacle à ladoption de la décision) si cela est indispensable pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble. Le MES remplira le rôle du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et du mécanisme européen de stabilisation financière (MESF) en fournissant, après juin 2013, une assistance financière extérieure aux États membres de la zone euro.
Laccès à lassistance financière fournie par le MES sera accordé sous une stricte conditionnalité dans le cadre dun programme dajustement macroéconomique et sur la base dune analyse rigoureuse du niveau dendettement public supportable, effectuée par la Commission et le FMI, en liaison avec la BCE. LÉtat membre bénéficiaire devra mettre en place les modalités appropriées dune participation du secteur privé, en fonction de la situation qui lui est propre et en totale conformité avec les pratiques du FMI.
Le MES sera doté dune capacité de prêt effective de 500 milliards deuros (lors du passage du FESF au MES, la capacité de prêt consolidée ne dépassera pas ce montant.) Il sera procédé à intervalles réguliers, et au moins tous les cinq ans, à un examen visant à déterminer si cette capacité de prêt est suffisante. Le MES sattachera à compléter sa capacité de prêt grâce à la participation du FMI aux opérations dassistance financière; les États membres ne faisant pas partie de la zone euro pourront également participer à ces opérations au cas par cas.
La suite du présent document décrit les principales caractéristiques structurelles du MES.
* Forme institutionnelle
Le MES sera institué par un traité conclu entre les États membres de la zone euro, sous la forme dune organisation intergouvernementale relevant du droit international public, et sera établi à Luxembourg. Le statut du MES figurera dans une annexe du traité.
* Mission et stratégie de financement
Le MES aura pour mission de mobiliser des fonds et de fournir, sous une stricte conditionnalité, une assistance financière en faveur des États membres de la zone euro qui connaissent ou risquent de connaître de graves problèmes de financement, le but étant de préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble.
Les États membres de la zone euro verseront au MES les sommes correspondant aux sanctions financières qui leur ont été imposées en vertu du pacte de stabilité et de croissance et des procédures concernant les déséquilibres macroéconomiques. Ces sommes feront partie du capital versé.
Le MES mettra en uvre une stratégie de financement appropriée afin de garantir laccès à un large éventail de sources de financement et dêtre en mesure de fournir une assistance financière aux États membres, quelles que soient les conditions du marché. Une bonne gestion des actifs et des passifs permettra dendiguer tout risque associé.
* Structure de direction
Le MES sera doté dun conseil des gouverneurs composé des ministres des finances des États membres de la zone euro (en qualité de membres votants), le membre de la Commission européenne chargé des affaires économiques et monétaires et le président de la BCE ayant qualité dobservateurs. Le conseil des gouverneurs élira un président parmi ses membres votants.
Le conseil des gouverneurs sera lorgane décisionnel suprême du MES et prendra, dun commun accord, les décisions les plus importantes quant :
- à loctroi dune assistance financière ;
- aux conditions et modalités de lassistance financière ;
- à la capacité de prêt du MES ;
- aux modifications de léventail des instruments.
Le conseil des gouverneurs prendra toutes les autres décisions à la majorité qualifiée, sauf disposition contraire.
Le MES sera doté dun conseil dadministration, qui effectuera les tâches spécifiques que le conseil des gouverneurs lui aura déléguées. Chaque État membre de la zone euro nommera un administrateur et un administrateur suppléant. En outre, la Commission et la BCE nommeront chacune au conseil dadministration un observateur et un membre suppléant. Le conseil dadministration prendra toutes ses décisions à la majorité qualifiée, sauf disposition contraire.
La pondération des voix au sein du conseil des gouverneurs et du conseil dadministration sera proportionnelle aux parts respectives des États membres dans le capital souscrit du MES. La majorité qualifiée correspond à 80 % des votes.
Le conseil des gouverneurs nommera un directeur exécutif chargé de la gestion quotidienne du MES. Le directeur exécutif présidera le conseil dadministration.
* Structure du capital
Le MES sattachera à obtenir et à conserver la notation la plus élevée auprès des principales agences de notation.
Le MES sera doté dun capital souscrit de 700 milliards deuros au total. Sur ce montant, 80 milliards seront constitués de capital versé par les États membres de la zone euro en cinq annuités égales à compter de juillet 2013. Le MES disposera en outre dune combinaison de capital engagé exigible et de garanties apportés par des États membres de la zone euro pour un montant total de 620 milliards deuros. Pendant la phase transitoire allant de 2013 à 2017, les États membres sengagent à accélérer, dans le cas peu probable où cela serait nécessaire, la fourniture dinstruments appropriés afin de maintenir un ratio minimum de 15 pour cent entre le capital versé et lencours des émissions du MES.
La clé de contribution de chaque État membre au capital souscrit total du MES sera fondée sur la clé de répartition du capital versé de la BCE figurant en annexe. En ratifiant le traité instituant le MES, les États membres sengagent juridiquement à fournir leur contribution au capital souscrit total.
Le conseil des gouverneurs statuera dun commun accord lorsquil sagira dadapter le montant du capital souscrit total ou de procéder à un appel de fonds, sauf dans les cas spécifiques décrits ci-dessous. Premièrement, le conseil dadministration peut décider, à la majorité simple, de rétablir - en procédant à un appel de fonds - le niveau du capital versé si son montant est diminué du fait de labsorption de pertes (Le droit de vote de lÉtat membre dont la défaillance est à lorigine des pertes à combler est suspendu pour cette décision.) Deuxièmement, une procédure de garantie sur demande sera mise en place ; elle permettra de procéder automatiquement à un appel de fonds auprès des actionnaires du MES si cela est nécessaire pour éviter un manque de fonds lorsquil sagit de rembourser les créanciers du MES. Dans tous les cas, la responsabilité de chaque actionnaire sera limitée à sa part dans le capital souscrit.
Toute contribution au capital souscrit versée par un État membre (tout État membre qui adhère à la zone euro devient membre du MES, avec tous les droits et obligations qui en découlent) adhérant au MES après le mois de juillet 2013 se fera dans les mêmes conditions que celles appliquées aux contributions initiales. Il appartiendra au conseil des gouverneurs de déterminer dun commun accord les incidences concrètes pour le montant global du capital souscrit et la répartition du capital entre les États membres.
Aussi longtemps que le MES naura pas été activé et pour autant que la capacité effective de prêt ne soit pas inférieure à 500 milliards, le produit de linvestissement du capital versé au MES sera restitué aux États membres, après déduction des coûts de fonctionnement. Après quil aura été activé pour la première fois, le MES conservera le produit de linvestissement du capital versé et de lactivité dassistance financière. Néanmoins, si le capital versé est supérieur au niveau requis pour assurer le maintien de la capacité de prêt du MES, le conseil dadministration peut décider, à la majorité simple, de verser un dividende aux États membres de la zone euro, compte tenu de la clé de répartition.
* Instruments
Si cela est indispensable pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble, comme le prévoit la modification apportée à larticle 136 du traité, le MES permettra dapporter, dans le cadre dun programme dajustement macroéconomique, une assistance financière subordonnée à une stricte conditionnalité, proportionnée à la gravité des déséquilibres constatés dans lÉtat membre concerné. Cette assistance prendra la forme de prêts. Cependant, le MES pourra, à titre exceptionnel, intervenir sur le marché primaire de la dette, sur la base dun programme dajustement macroéconomique subordonné à une stricte conditionnalité et pour autant que le conseil des gouverneurs lait accepté dun commun accord.
. Soutien à la stabilité au titre du MES
Le MES pourra apporter un soutien à la stabilité à court ou moyen terme aux États membres de la zone euro qui sont confrontés à de graves problèmes de financement. Laccès à un tel soutien supposera la mise en place dun programme dajustement macroéconomique assorti dune conditionnalité appropriée, proportionnée à la gravité des déséquilibres sous-jacents dans lÉtat membre bénéficiaire. La durée du programme et léchéance des prêts dépendront de la nature des déséquilibres et des chances de voir les États membres bénéficiaires retrouver laccès aux marchés financiers avant la fin de la période où ils disposent des ressources du MES.
?Dispositif de soutien sur le marché primaire
Le MES pourra acheter, sur le marché primaire, des obligations dun État membre qui connaît de graves problèmes de financement, dans le but doptimiser le rapport coût-efficacité du soutien. Les conditions et modalités selon lesquelles devra se faire lachat de ces obligations seront précisées dans la décision sur les conditions et modalités de lassistance financière.
Le conseil des gouverneurs pourra réexaminer les instruments dont dispose le MES et décider dapporter des changements à léventail des instruments disponibles.
* Participation du FMI
Dans le cadre de loctroi dune assistance financière, le MES coopérera très étroitement avec le FMI (Il est cependant acquis que toute participation du FMI devra sinscrire dans le cadre de son mandat tel quil est prévu par ses statuts, après décision de son conseil dadministration et conformément aux politiques qui sont les siennes.) Dans tous les cas de figure, il sera fait appel à la participation active du FMI, tant sur le plan technique que sur le plan financier. Lanalyse du niveau dendettement supportable sera effectuée conjointement par la Commission et le FMI, en liaison avec la BCE. Les conditions liées à lassistance fournie conjointement par le MES et le FMI seront négociées de concert par la Commission et le FMI, en liaison avec la BCE.
* Activation de lassistance financière, surveillance du programme et suivi
Dans tous les cas, lassistance financière du MES sera activée à la suite dune demande adressée par un État membre aux autres États membres de la zone euro. LEurogroupe informera le Conseil quune demande dactivation du soutien a été introduite. Lorsquil recevra une demande en ce sens, le conseil des gouverneurs demandera à la Commission dévaluer, en liaison avec la BCE, sil existe un risque pour la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble et deffectuer, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, une analyse rigoureuse du niveau dendettement public supportable de lÉtat membre concerné. Les étapes ultérieures de la mise en uvre de lassistance financière du MES seront les suivantes :
- Si un soutien à la stabilité au titre du MES est sollicité, la Commission, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, évaluera les besoins de financement réels de lÉtat membre bénéficiaire et la nature de la participation demandée au secteur privé, qui devrait être conforme aux pratiques du FMI ;
- Sur la base de cette évaluation, le conseil des gouverneurs donnera mandat à la Commission pour négocier, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, un programme dajustement macroéconomique avec lÉtat membre concerné, programme qui fera lobjet dun mémorandum daccord ;
- La Commission proposera au Conseil une décision avalisant le programme dajustement macroéconomique. Le conseil des gouverneurs statuera sur loctroi de lassistance financière et sur les conditions et modalités dont elle sera assortie. Lorsque le programme aura été adopté par le Conseil, la Commission signera le mémorandum daccord au nom des États membres de la zone euro, sous réserve quil ait été accepté au préalable dun commun accord par le conseil des gouverneurs. Le conseil dadministration approuvera alors laccord dassistance financière, qui précisera les aspects techniques de lassistance financière prévue ;
- La Commission, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, sera chargée de sassurer du respect de la conditionnalité imposée par le programme dajustement macroéconomique. Elle fera rapport au Conseil et au conseil dadministration. Sur la base de ce rapport, le conseil dadministration décidera dun commun accord du versement des nouvelles tranches du prêt ;
- Après discussion au sein du conseil des gouverneurs, le Conseil pourra décider, sur proposition de la Commission, de mettre en place une surveillance pour la période consécutive au programme, qui pourra se poursuivre aussi longtemps quun certain montant de lassistance financière naura pas été remboursé.
* Compatibilité avec le cadre de surveillance multilatéral de lUnion européenne
Il faudra demander laccord des États membres de lUnion européenne pour permettre aux États membres de la zone euro de charger la Commission, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, danalyser le niveau dendettement supportable de lÉtat membre qui demande une assistance financière, délaborer le programme dajustement macroéconomique accompagnant lassistance financière, ainsi que den surveiller la mise en uvre.
Si le conseil des gouverneurs peut statuer de manière autonome sur loctroi et les modalités dune assistance financière dans un cadre intergouvernemental, la conditionnalité établie en vertu de la surveillance renforcée ou dun programme dajustement macroéconomique devrait être compatible avec le cadre de surveillance de lUnion européenne et doit garantir le respect des procédures de lUnion européenne. À cette fin, la Commission compte proposer un règlement qui précisera les étapes de procédure nécessaires au titre de larticle 136 du traité afin dinscrire la conditionnalité dans les décisions du Conseil et dassurer la compatibilité avec le cadre de surveillance multilatéral de lUnion européenne. Le Conseil et la Commission informeront régulièrement le Parlement européen de la mise en place et des opérations du MES.
* Fixation des taux dintérêt
Le conseil des gouverneurs décidera de la structure des taux dintérêt pour lassistance financière octroyée à un État membre bénéficiaire.
Le MES pourra prêter à un taux fixe ou variable. Les taux dintérêt pratiqués par le MES respecteront les principes appliqués à cet égard par le FMI et, tout en restant supérieurs aux coûts de financement pour le MES, prévoiront une marge de risque appropriée.
La structure des taux dintérêt des prêts du MES sera la suivante :
1) le coût du financement pour le MES ;
2) une prime de 200 points de base appliquée sur la totalité des prêts ;
3) une surprime de 100 points de base pour la part des prêts non encore remboursée après trois ans.
Pour les prêts à taux fixe sur plus de trois ans, la marge correspondra à une moyenne pondérée de la prime de 200 points de base, pour les trois premières années, et de 200 plus 100 points de base, pour les années suivantes.
La structure des taux dintérêt sera définie dans la politique de fixation de ces taux par le MES, qui fera lobjet dun réexamen régulier.
* Participation du secteur privé
1. Modalités de participation du secteur privé
Une participation du secteur privé, sous une forme appropriée et proportionnée, devrait pouvoir intervenir au cas par cas lorsque lÉtat bénéficiaire reçoit une assistance financière. La nature et limportance de cette participation seront déterminées au cas par cas et dépendront des résultats de lanalyse du niveau dendettement supportable effectuée conformément aux pratiques du FMI (Selon le FMI, le niveau dendettement est réputé supportable lorsquon sattend à ce quun emprunteur puisse continuer à assurer le service de la dette sans devoir procéder à une correction irréaliste de ses recettes et dépenses. Cest sur cette base que sont déterminées la disponibilité et limportance du financement.), ainsi que des conséquences qui peuvent en découler pour la stabilité financière de la zone euro.
a) Si, sur la base de lanalyse du niveau dendettement supportable, il est réaliste de conclure quun programme dajustement macroéconomique est susceptible de ramener la dette publique à des niveaux supportables, lÉtat membre bénéficiaire prendra des initiatives propres à encourager les principaux investisseurs privés à maintenir leur exposition (approche conforme à «lInitiative de Vienne»). La Commission, le FMI, la BCE et lABE participeront étroitement au suivi de la mise en uvre de ces initiatives.
b) Si, sur la base de lanalyse précitée, il nest pas réaliste de conclure quun programme dajustement macroéconomique est susceptible de ramener la dette publique à des niveaux supportables, lÉtat membre bénéficiaire sera invité à entamer de bonne foi des négociations avec ses créanciers pour quils participent directement au rétablissement dun niveau dendettement supportable. Pour bénéficier de lassistance financière, lÉtat membre devra présenter un plan crédible et apporter la preuve quil est suffisamment déterminé à assurer une participation appropriée et proportionnée du secteur privé. Les progrès dans la mise en uvre du plan feront lobjet dun suivi et seront pris en compte dans la décision de procéder aux versements.
Dans les négociations avec ses créanciers, lÉtat membre bénéficiaire respectera les principes suivants :
- Proportionnalité : lÉtat membre recherchera des solutions qui soient proportionnées à son niveau dendettement supportable.
- Transparence : lÉtat membre concerné entamera avec ses créanciers un dialogue ouvert et partagera avec eux, en temps utile, toute information pertinente.
- Loyauté : lÉtat membre se concertera avec ses créanciers sur les modalités de tout rééchelonnement ou de toute restructuration de sa dette publique, en vue de parvenir à des solutions négociées. Des mesures visant à réduire la valeur actuelle nette de la dette ne seront envisagées que si dautres options nont guère de chances de permettre dobtenir les résultats souhaités.
- Coordination transfrontière : le risque de contagion et les retombées potentielles sur dautres États membres et des pays tiers seront dûment pris en compte dans lélaboration des mesures visant à la participation du secteur privé. Les mesures prises seront assorties dune communication adéquate par lÉtat membre concerné en vue de préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble.
2. Clauses daction collective
Des clauses daction collective (CAC) figureront dans tous les nouveaux titres dÉtat dune durée supérieure à un an qui seront émis dans la zone euro à partir de juillet 2013. Lobjectif de ces CAC sera de faciliter un accord entre lemprunteur souverain et ses créanciers du secteur privé dans le cadre de la participation de ce dernier. Linclusion de CAC dans une obligation nimpliquera nullement que, pour cette obligation, la probabilité de défaut ou de restructuration de la dette soit plus élevée. De ce fait, linclusion de CAC ne devrait avoir aucune répercussion sur le statut de la créance de la dette souveraine.
Les éléments essentiels des CAC seront conformes à ce qui se fait généralement sur les marchés des États-Unis et du Royaume-Uni depuis le rapport que le G10 a consacré à ce sujet. Elles seront introduites dune manière qui garantisse légalité de traitement entre les États membres de la zone euro. Cela suppose le recours à des dispositions identiques et normalisées pour tous les États membres de la zone euro, libellées de manière harmonisée dans les modalités et conditions des obligations émises par les États membres, sur une base conforme aux CAC courantes dans le droit de lÉtat de New York et en droit anglais.
Les CAC comporteront une clause dagrégation, permettant à une super-majorité de détenteurs de différentes obligations contenant cette clause et régies par le droit dune même entité territoriale de mettre en uvre une clause daction majoritaire, au cas où la majorité des créanciers requise pour la restructuration ne serait pas atteinte pour une émission spécifique. Une représentation appropriée sera mise en place. Les questions les plus importantes - les matières réservées - (les conditions essentielles de versement, la conversion ou léchange dobligations, par exemple) seront soumises à une majorité plus élevée que les matières non réservées. Des exigences appropriées en matière de quorum seront applicables. Les modifications adoptées avec ces majorités lieront tous les détenteurs.
Une clause appropriée de retrait du droit de vote sappliquera pour garantir le bon déroulement des opérations de vote. Le recours à des clauses appropriées, destiné à prévenir toute perturbation provoquée par des actions en justice, sera envisagé.
Les CAC seront introduites de manière normalisée, afin de garantir que leurs effets juridiques soient les mêmes dans toutes les entités territoriales de la zone euro et de préserver ainsi légalité de traitement entre les États membres de la zone euro. Ceux-ci adopteront les mesures nécessaires pour donner effet aux CAC.
Dans des conditions fixées préalablement, les États membres de la zone euro auront la possibilité, après juin 2013, de continuer à refinancer la dette exigible, sans les assortir de CAC, afin de garantir la liquidité nécessaire des anciennes obligations et de leur donner le temps nécessaire pour émettre en bon ordre de nouvelles obligations pour toutes les durées de référence. Les dispositions juridiques précises pour linclusion de CAC dans les titres dÉtat émis dans la zone euro seront arrêtées, après concertation avec les intervenants sur ce marché et dautres acteurs, sur la base des travaux menés par le sous-comité des marchés des dettes souveraines européennes, mis en place par le Comité économique et financier, et elles seront finalisées pour la fin de 2011.
3. Statut de créancier privilégié du MES
Tout comme pour le FMI, cest lorsquun État membre ne peut plus accéder normalement au financement par le marché que le MES lui apportera une assistance financière. Cest la raison pour laquelle les chefs dÉtat ou de gouvernement ont déclaré que le MES bénéficierait dun statut de créancier privilégié, comme cest le cas pour le FMI, tout en acceptant que le statut du FMI soit prioritaire sur celui du MES.
Cette disposition sera applicable à partir du 1er juillet 2013 sans préjudice des termes et conditions de tout autre accord relevant du FESF et du fonds mis en place pour la Grèce.
* Arrangements transitoires entre le FESF et le MES
Comme prévu initialement, le FESF restera en place après juin 2013 pour gérer les créances en cours. Il restera en activité jusquà ce que le financement accordé aux États membres lui ait été intégralement remboursé et quil ait remboursé son passif au titre des instruments financiers émis ainsi que de toute obligation de remboursement des garants. Les parts non déboursées et non financées des facilités de prêt existantes devraient être transférées au MES (par exemple, le paiement et le financement des tranches qui ne seraient exigibles quaprès lentrée en vigueur du MES). Le crédit consolidé au titre du FESF et du MES ne dépassera pas 500 milliards deuros. Afin dassurer une transition sans heurts du FESF au MES, le directeur général du FESF sera chargé de la préparation pratique de la mise en place du MES. Il rendra régulièrement compte au groupe de travail Eurogroupe des progrès accomplis.
* Participation des États membres ne faisant pas partie de la zone euro
Les États membres ne faisant pas partie de la zone euro peuvent participer au cas par cas, parallèlement au MES, aux opérations dassistance financière en faveur dÉtats membres de la zone euro. Si des États membres ne faisant pas partie de la zone euro participent à de telles opérations, ils seront représentés lors des réunions des conseils du MES qui statueront sur loctroi et le suivi de lassistance. Ils auront accès en temps utile à toute information pertinente et seront dûment consultés. Les États membres de la zone euro soutiendront loctroi dun statut de créancier équivalent pour le MES et les autres États membres accordant un prêt bilatéral parallèlement au MES.
* Règlement des différends
En cas de différend entre un État membre de la zone euro et le MES portant sur linterprétation et lapplication du traité instituant le MES, le conseil des gouverneurs sera compétent pour statuer. Si lÉtat membre conteste sa décision, le différend sera soumis à la Cour de justice de lUnion européenne conformément à larticle 273 du TFUE.
En ce qui concerne les relations entre le MES et les tiers, le droit applicable et le for compétent seront déterminés par les actes juridiques et les documents contractuels établis entre le MES et les tiers concernés.
Annexe : Clé de contribution au MES sur la base de la clé BCE
Pays ISO Clé MES
Autriche AT 2,783
Belgique BE 3,477
Chypre CY 0,196
Estonie EE 0,186
Finlande FI 1,797
France FR 20,386
Allemagne DE 27,146
Grèce EL 2,817
Irlande IE 1,592
Italie IT 17,914
Luxembourg LU 0,250
Malte MT 0,073
Pays-Bas NL 5,717
Portugal PT 2,509
Slovaquie SK 0,824
Slovénie SI 0,428
Espagne ES 11,904
Total ZE17 100,0
Notes : La clé MES se fonde sur la clé de contribution au capital de la BCE.
Les États membres dont le PIB par habitant est inférieur à 75 % de la moyenne de lUnion européenne bénéficieront dune correction temporaire pour une période de douze ans après leur entrée dans la zone euro.
Cette correction temporaire correspondra à trois quarts de la différence entre leurs parts dans le RNB et dans le capital de la BCE (chiffre composé en réalité de 75% de la part dans le RNB et de 25% de la part dans le capital de la BCE), selon la formule ci-après: Part MES = Part clé BCE - 0,75*(part clé BCE - part RNB)
La compensation à la baisse pour ces pays est redistribuée parmi tous les autres pays conformément à leur part dans la clé BCE.
RNB et PIB par habitant en 2010.
Sources : BCE, Ameco et calculs de la DG ECFIN.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mars 2011
LEurope a traversé une grave crise financière au cours des derniers mois. Bien que la reprise économique en Europe soit maintenant en bonne voie, il subsiste des risques et nous devons poursuivre notre action résolue. Nous avons adopté aujourdhui un vaste ensemble de mesures qui devraient nous permettre de passer le cap de la crise financière et de continuer à progresser sur la voie dune croissance durable. Ces mesures renforceront la gouvernance économique de lUnion européenne et assureront la stabilité à long terme de la zone euro dans son ensemble. Nous sommes également convenus de prendre des mesures énergiques au niveau de lUnion européenne pour stimuler la croissance en renforçant le marché unique, en réduisant les contraintes réglementaires globales et en favorisant les échanges commerciaux avec les pays tiers.
Nous avons débattu de la situation grave que connaît la Libye. À cet égard, nous avons exprimé notre satisfaction à la suite de ladoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies et avons souligné que nous sommes résolus à contribuer à sa mise en uvre. Pour ce qui est de notre voisinage méridional, nous avons réaffirmé notre détermination à mettre en place un nouveau partenariat avec la région et demandé une mise en uvre rapide des orientations définies le 11 mars 2011; nous sommes convenus de premières mesures concrètes visant à aider les pays de notre voisinage méridional à court terme. Enfin, nous avons débattu des enseignements quil convient de tirer des événements qui se sont produits au Japon, en particulier en matière de sûreté nucléaire.
I. POLITIQUE ÉCONOMIQUE
1. Le Conseil européen a adopté ce jour un vaste ensemble de mesures destinées à faire face à la crise, à préserver la stabilité financière et à créer les conditions dune croissance intelligente, durable, fondée sur lintégration sociale et créatrice demplois, ce qui permettra de renforcer la gouvernance économique et la compétitivité de la zone euro et de lUnion européenne.
Mettre en uvre le semestre européen : stratégie Europe 2020, assainissement budgétaire et réformes structurelles
2. Dans le cadre du semestre européen qui a été mis en place récemment, le Conseil européen a approuvé les priorités en matière dassainissement budgétaire et de réformes structurelles (Conformément aux conclusions que le Conseil a adoptées les 15 février et 7 mars 2011 et à la suite de lexamen annuel de la croissance effectué par la Commission. Voir aussi le rapport de synthèse établi par la présidence le 16 mars 2011.) Il a souligné quil fallait sattacher en priorité à rétablir des situations budgétaires saines ainsi que la viabilité budgétaire, à réduire le chômage par des réformes du marché du travail et à déployer de nouveaux efforts afin de renforcer la croissance. Tous les États membres traduiront ces priorités en mesures concrètes, quils incluront dans leurs programmes de stabilité ou de convergence et leurs programmes nationaux de réforme. Sur cette base, la Commission présentera ses propositions relatives aux avis et aux recommandations par pays, en temps voulu pour quelles puissent être adoptées avant le Conseil européen de juin.
3. Plus particulièrement, les États membres présenteront un plan pluriannuel de mesures dassainissement prévoyant notamment des objectifs spécifiques en matière de déficit, de recettes et de dépenses, la stratégie prévue pour atteindre ces objectifs et un calendrier pour sa mise en uvre. Les politiques budgétaires pour 2012 devraient viser à rétablir la confiance en ramenant lévolution de la dette à des niveaux supportables et à faire en sorte que les déficits repassent sous la barre des 3 % du PIB, dans les délais fixés par le Conseil. Pour y parvenir, il faudra, dans la plupart des cas, procéder à un ajustement structurel annuel bien supérieur à 0,5 % du PIB. Les États membres qui présentent des déficits budgétaires structurels de très grande ampleur ou un niveau dendettement public très élevé ou en augmentation rapide devraient concentrer leurs efforts dassainissement budgétaire en début de période.
4. Ces efforts dassainissement budgétaire doivent être complétés par des réformes structurelles favorisant la croissance. À cette fin, les États membres soulignent leur volonté de faire aboutir la stratégie Europe 2020. Ils mettront notamment en uvre des mesures visant à :
- accroître lattrait du travail ;
- aider les chômeurs à se réinsérer sur le marché de lemploi ;
- lutter contre la pauvreté et promouvoir linclusion sociale ;
- investir dans léducation et la formation ;
- équilibrer sécurité et flexibilité ;
- réformer les systèmes de retraite ;
- attirer des capitaux privés pour financer la croissance ;
- stimuler la recherche et linnovation ; et
- permettre laccès à lénergie à un coût abordable et renforcer les politiques mises en place en matière defficacité énergétique.
5. Les États membres présenteront les principales mesures qui sont nécessaires pour progresser sur la voie de la réalisation des grands objectifs arrêtés en juin 2010 dans le cadre de la stratégie Europe 2020. Ils présenteront également des mesures destinées à corriger les déséquilibres macroéconomiques persistants, qui ont des effets préjudiciables, et à améliorer la compétitivité.
6. Dans le cadre de la mise en uvre de ces politiques et pour obtenir une large adhésion à ce processus, une coopération étroite sera assurée avec le Parlement européen et les autres institutions et organes consultatifs de lUnion européenne (Comité économique et social européen, Comité des régions); les parlements nationaux, les partenaires sociaux, les régions et dautres parties prenantes y seront pleinement associés.
7. Le marché unique a un rôle crucial à jouer pour ce qui est de stimuler la croissance et lemploi et de favoriser la compétitivité. Le Conseil européen se félicite de lintention exprimée par la Commission de présenter lActe pour le marché unique et invite le Parlement européen et le Conseil à adopter, dici la fin de 2012, un premier train de mesures prioritaires afin dimprimer un nouvel élan au marché unique. Il conviendrait de mettre plus particulièrement laccent sur des mesures qui créent de la croissance et de lemploi et qui débouchent sur des résultats tangibles pour les citoyens et les entreprises. Il convient également daccorder une attention particulière à lachèvement du marché unique numérique. Globalement, les contraintes réglementaires, et notamment celles qui pèsent sur les PME, devraient être réduites, tant au niveau de lUnion européenne quau niveau national. La Commission fera rapport sur ce dossier dici lété. Le Conseil européen sest également félicité que la Commission ait manifesté lintention de proposer des moyens dexempter les micro-entreprises de certaines réglementations futures. Se fondant sur la communication de la Commission intitulée «Vers une amélioration du fonctionnement du marché unique des services», le Conseil européen demande aux États membres de mettre pleinement en uvre la directive sur les services et invite la Commission et les États membres à prendre des mesures supplémentaires, en tant que de besoin, pour améliorer le fonctionnement du marché intérieur des services.
8. La dimension extérieure du marché unique est également importante et il faudrait sattacher à favoriser des échanges commerciaux libres, équitables et ouverts, tout en mettant laccent sur la conclusion, en 2011, des négociations du cycle de Doha menées dans le cadre de lOMC, ainsi que des accords de libre échange, conformément aux conclusions du Conseil européen du 16 septembre 2010. Il convient de faire avancer rapidement les travaux à la suite du rapport de la Commission présentant les priorités daction en vue de la suppression des barrières commerciales dans les pays tiers.
* Renforcer la gouvernance
9. Le paquet des six propositions législatives sur la gouvernance économique constitue un élément essentiel pour garantir le renforcement de la discipline budgétaire et éviter les déséquilibres macroéconomiques excessifs. Il comprend une réforme du pacte de stabilité et de croissance destinée à renforcer la surveillance des politiques budgétaires et à appliquer de manière plus systématique et à un stade plus précoce les mesures visant à faire respecter les règles fixées, de nouvelles dispositions sur les cadres budgétaires nationaux et une nouvelle surveillance des déséquilibres macroéconomiques.
10. Le Conseil européen se félicite que le Conseil ait arrêté une orientation générale sur ces propositions, qui ouvre la voie à des négociations avec le Parlement européen. Il appelle de ses vux la poursuite des travaux afin que ces propositions puissent être adoptées en juin 2011.
* Donner une force nouvelle à la coordination des politiques économiques: le Pacte pour leuro plus
11. Le Pacte pour leuro plus, adopté par les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro et auquel participent également la Bulgarie, le Danemark, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie (voir lannexe I), renforcera le pilier économique de lUnion économique et monétaire (UEM) et donnera une force nouvelle à la coordination des politiques économiques, afin daméliorer la compétitivité et de parvenir ainsi à un niveau de convergence plus élevé, ce qui permettra de renforcer notre économie sociale de marché. Ce pacte reste ouvert à la participation dautres États membres. Il respectera pleinement lintégrité du marché unique.
12. Les États membres qui ont souscrit au pacte sengagent, sur la base des indicateurs et des principes quil prévoit, à annoncer une série dactions concrètes à mettre en uvre dans les douze mois qui suivent. Un certain nombre dÉtats membres ont déjà annoncé de premiers engagements. Tous les États membres participants présenteront leurs engagements dès que possible et, en tout état de cause, en temps voulu pour quils soient inclus dans les programmes de stabilité ou de convergence et dans les programmes nationaux de réforme, quils doivent soumettre en avril, et pour quils soient évalués par le Conseil européen lors de sa réunion du mois de juin.
* En revenir à un secteur bancaire sain
13. LAutorité bancaire européenne et les autorités compétentes procèdent actuellement à des tests de résistance. Le Conseil européen souligne limportance que revêt le processus dexamen par les pairs, qui doit être mené en étroite coopération avec les autorités nationales de surveillance, le Comité européen du risque systémique, la Commission et la Banque centrale européenne, afin daccroître la cohérence et la qualité des résultats. Les établissements bancaires devront assurer un niveau élevé dinformation, y compris en ce qui concerne les titres de dette souveraine.
14. Les États membres élaboreront, avant la publication des résultats, des stratégies précises et ambitieuses pour la restructuration des établissements vulnérables, comprenant des solutions faisant appel au secteur privé (financement direct auprès du marché ou vente dactifs), mais aussi un cadre solide, tenant compte des règles régissant les aides dÉtat, pour loctroi, en cas de besoin, dun soutien public.
15. Comme convenu lors du Conseil européen de juin 2010, il convient de réfléchir à linstauration dune taxe sur les transactions financières à léchelle mondiale et de développer cette idée. Le Conseil européen note que la Commission entend présenter un rapport sur la taxation du secteur financier dici lautomne 2011 au plus tard.
* Renforcer les mécanismes de stabilité de la zone euro
16. Rappelant quil importe dassurer la stabilité financière dans la zone euro, le Conseil européen a adopté la décision modifiant le TFUE en ce qui concerne la création du mécanisme européen de stabilité (MES). Il demande que les procédures nationales dapprobation soient lancées rapidement afin que cette décision puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2013.
17. Le Conseil européen se félicite des décisions prises le 11 mars par les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro et entérine les caractéristiques du MES (voir lannexe II). La préparation du traité instituant le MES et les modifications apportées à laccord sur le FESF, visant à assurer à ce dernier une capacité de prêt effective de 440 milliards deuros, seront mises au point de manière à permettre la signature simultanée des deux accords avant la fin de juin 2011.
II. LIBYE / VOISINAGE MÉRIDIONAL
18. Le Conseil européen a débattu de la situation en Libye et a fait siennes les conclusions adoptées par le Conseil des affaires étrangères le 21 mars. Rappelant sa déclaration du 11 mars, le Conseil européen a exprimé sa satisfaction à la suite de ladoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui énonce le principe de la responsabilité de protéger, et a souligné quil était déterminé à contribuer à sa mise en uvre. Il a également salué la tenue du sommet de Paris le 19 mars, quil considère comme une contribution décisive à cette mise en uvre. Il a condamné le fait que le régime libyen continue de faire fi des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que la répression violente et brutale que ce régime continue dexercer à lencontre de ses propres citoyens. Il a noté que les actions entreprises conformément au mandat du Conseil de sécurité ont largement contribué à protéger les populations et les zones civiles menacées dattaque et ont contribué à sauver la vie de civils. Lorsque les populations civiles seront en sécurité et à labri des attaques et lorsque les objectifs de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies seront atteints, il sera mis fin aux opérations militaires.
Le Conseil européen a insisté sur le rôle important que jouent les pays arabes, et en particulier la Ligue arabe, pour soutenir activement la mise en uvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies et pour trouver une solution politique à la crise.
19. Conformément à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, lUnion européenne, conjointement avec la Ligue arabe, les Nations unies et lUnion africaine, redoublera defforts pour apporter une solution à la crise, qui satisfasse les revendications légitimes du peuple libyen. Le Conseil européen a appelé une nouvelle fois le colonel Kadhafi à quitter immédiatement le pouvoir, afin de permettre à la Libye de sengager rapidement dans une transition vers la démocratie, qui se déroule dans de bonnes conditions et sera menée par les Libyens eux-mêmes, en recourant à un dialogue qui repose sur une large assise et en tenant également compte de la nécessité de garantir la souveraineté et lintégrité territoriale de la Libye. LUnion européenne est prête à encourager ce dialogue, y compris avec le Conseil national de transition, et à aider une Libye nouvelle, sur le plan économique et en vue de la mise en place de nouvelles institutions, en coopération avec les Nations unies, la Ligue arabe, lUnion africaine et dautres acteurs.
20. LUnion européenne a réagi rapidement pour mettre en uvre les sanctions imposées par les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies, y compris en inscrivant des personnes et entités supplémentaires sur sa liste autonome des personnes et entités faisant lobjet de mesures restrictives. LUnion européenne est prête à élaborer et à adopter dautres sanctions, y compris des mesures visant à garantir que le régime de Kadhafi nait pas accès aux recettes pétrolières et gazières. Les États membres présenteront des propositions similaires au Conseil de sécurité des Nations unies.
21. La situation humanitaire en Libye et aux frontières du pays reste extrêmement préoccupante. LUnion européenne continuera de fournir une aide humanitaire à toutes les personnes touchées, en coopération étroite avec lensemble des organisations humanitaires et des ONG concernées. LUnion européenne a renforcé son soutien aux opérations dassistance humanitaire/de protection civile, y compris par des moyens maritimes, et poursuivra sa planification à cet égard.
22. Le Conseil européen a noté avec satisfaction que le référendum sur la révision de la Constitution tenu en Égypte le 19 mars sest déroulé sans heurts et y voit une étape importante sur la voie dun système politique plus ouvert et démocratique.
23. Notant que la situation dans chaque pays est différente, le Conseil européen sest déclaré extrêmement préoccupé par la situation en Syrie, au Yémen et à Bahreïn; il a fermement condamné lescalade de la violence et le recours à la force contre les manifestants, et a exhorté toutes les parties concernées à engager sans délai ni conditions préalables un dialogue substantiel et constructif. Il a fait siennes les conclusions adoptées par le Conseil des affaires étrangères le 21 mars.
24. Il conviendrait de faire avancer rapidement les travaux en vue de la mise en place dun nouveau partenariat dans la région, conformément à la déclaration du Conseil européen du 11 mars 2011. Ce partenariat, qui sera fondé sur une intégration économique plus poussée, un accès élargi au marché et une coopération politique plus étroite, suivra une approche différenciée et fondée sur lobtention de résultats. Comme première étape de la mise en uvre de lensemble de mesures adoptées le 11 mars, et se fondant sur la communication commune de la Commission et de la Haute Représentante, le Conseil européen demande que des progrès rapides soient enregistrés dans les domaines suivants :
- lUnion européenne et ses États membres intensifieront leur assistance humanitaire ;
- les programmes daide actuellement mis en uvre dans les pays du sud de la Méditerranée feront lobjet dun examen détaillé et seront recentrés, si possible dans le cadre dun dialogue avec les pays concernés ;
- le plafond applicable aux opérations de la BEI en faveur des pays méditerranéens qui entreprennent des réformes politiques devrait être relevé dun milliard deuros, sans réduire les opérations menées dans le voisinage oriental de lUnion européenne ;
- les actionnaires de la BERD devraient étudier la possibilité détendre les activités de la banque aux pays du voisinage méridional ;
- les propositions relatives aux règles dorigine pan-euro-méditerranéennes devraient être adoptées sans tarder et la Commission est invitée à présenter des propositions relatives à des moyens supplémentaires pour développer à court, moyen et long terme les échanges et linvestissement étranger direct dans la région.
25. Le Conseil européen se félicite que la présidence et la Commission se soient rendues en Égypte récemment, dans le cadre dune première phase de consultations visant à promouvoir une approche densemble sur la question des migrations entre les pays du voisinage méridional et lUnion européenne. À cet égard, le Conseil européen invite la Commission à présenter, bien avant le Conseil européen de juin, ses propositions relatives à lapproche globale sur la question des migrations ainsi quau partenariat pour la mobilité.
26. Le Conseil européen souhaite également que la Commission présente, avant le Conseil européen de juin, un plan sur le renforcement des capacités de gestion des flux migratoires et des flux de réfugiés. Il conviendrait daboutir avant juin 2011 à un accord sur le règlement renforçant les capacités de lagence Frontex. Dans lintervalle, la Commission mobilisera des moyens additionnels pour soutenir les opérations Hermès et Poséidon menées par cette agence en 2011 et les États membres sont invités à fournir des ressources humaines et techniques supplémentaires. LUnion européenne et ses États membres sont prêts à manifester concrètement leur solidarité avec les États membres qui sont le plus directement concernés par les mouvements migratoires et à apporter laide nécessaire, compte tenu de lévolution de la situation.
III. JAPON
27. LUnion européenne soutiendra les efforts déployés par le Japon pour surmonter les problèmes auxquels il est confronté à la suite du séisme et du tsunami qui lont frappé, avec les conséquences tragiques que lon sait.
28. À la suite dune première demande présentée par le gouvernement japonais, lUnion est en train dacheminer des secours pour venir en aide à la population sinistrée. Elle se tient prête à apporter une aide supplémentaire si la demande lui en est faite. De manière générale, lUnion européenne souhaite renforcer sa coopération avec le Japon dans le domaine des secours en cas de catastrophe.
29. LUnion européenne salue les mesures rapides et décisives prises par les autorités japonaises à la suite des remous quont connus les marchés financiers. Elle se félicite de lintervention du G7 en ce qui concerne le yen. Elle reste prête à coopérer pleinement avec le Japon pour faire face aux conséquences économiques et financières de ces événements, y compris dans le cadre du G8 et du G20.
30. Pour ce qui est de lavenir, le Conseil européen réaffirme limportance stratégique que revêt la relation entre lUnion européenne et le Japon. Il faut mettre à profit le prochain sommet pour renforcer cette relation et faire avancer nos priorités communes, notamment par le lancement éventuel de négociations en vue de la conclusion dun accord de libre-échange, étant entendu que le Japon est disposé à sattaquer entres autres à la question des barrières non tarifaires et aux restrictions en matière de passation de marchés publics.
31. Dans ce contexte, le Conseil européen souligne quil est nécessaire de tirer tous les enseignements de ces événements et de fournir au public toutes les informations nécessaires. Rappelant que la ventilation des différentes formes dénergie relève de la compétence des États membres, il demande que des mesures soient prises en priorité dans les domaines suivants :
- il convient de vérifier la sûreté des toutes les installations nucléaires de lUnion européenne, sur la base dune évaluation globale et transparente des risques et de la sûreté («tests de résistance») ; le Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG) et la Commission sont invités à définir le plus rapidement possible létendue et les modalités de ces tests dans un cadre coordonné, à la lumière des enseignements tirés de laccident qui sest produit au Japon et avec la participation pleine et entière des États membres, en tirant pleinement parti de lexpertise disponible (notamment celle de lAssociation des responsables des Autorités de sûreté nucléaire des pays dEurope de lOuest); les évaluations seront menées par des autorités nationales indépendantes et dans le cadre dune évaluation par les pairs; leurs résultats et toute mesure nécessaire qui sera prise par la suite devraient être communiqués à la Commission et aux membres de lENSREG et rendus publics; le Conseil européen évaluera les premières conclusions à la fin de 2011, en se fondant sur un rapport présenté par la Commission ;
- la sûreté des centrales nucléaires est une priorité, qui dépasse à lévidence le cadre de nos frontières; lUnion européenne demandera que des «tests de résistance» similaires soient effectués dans les pays voisins, ainsi que dans le monde entier, en ce qui concerne à la fois les centrales existantes et en projet; il convient à cet égard de mettre pleinement à contribution les organisations internationales compétentes ;
- les normes les plus élevées en matière de sûreté nucléaire devraient être appliquées et améliorées en permanence au sein de lUnion européenne et il conviendrait, au niveau international, dencourager ladoption de telles normes ;
- la Commission procédera à lexamen du cadre législatif et réglementaire existant en matière de sûreté des installations nucléaires et proposera dici la fin de 2011 toute amélioration qui pourrait se révéler nécessaire. Les États membres devraient veiller à la pleine mise en uvre de la directive sur la sûreté des installations nucléaires. La proposition de directive relative à la gestion du combustible usé et des déchets radioactifs devrait être adoptée dès que possible. La Commission est invitée à réfléchir aux moyens de promouvoir la sûreté nucléaire dans les pays voisins ;
- il convient de suivre de près les conséquences à léchelle mondiale et au niveau de lUnion européenne, en sintéressant tout particulièrement à la volatilité des prix de lénergie et des cours des produits de base, notamment dans le cadre du G20.
ANNEXE I - PACTE POUR LEURO PLUS COORDINATION RENFORCÉE DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES POUR LA COMPÉTITIVITÉ ET LA CONVERGENCE
Les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro ont adopté le présent pacte, auquel ont également adhéré la Bulgarie, le Danemark, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie, en vue de renforcer le pilier économique de lunion monétaire, de conférer une qualité nouvelle à la coordination des politiques économiques, daméliorer la compétitivité et de parvenir ainsi à un niveau de convergence plus élevé. Ce pacte met surtout laccent sur des domaines qui relèvent de la compétence nationale et sont cruciaux pour renforcer la compétitivité et éviter tout déséquilibre préjudiciable. La compétitivité est essentielle pour aider lUnion européenne à connaître une croissance plus rapide et plus durable à moyen et long terme, pour assurer aux citoyens des niveaux de revenus plus élevés et pour préserver nos modèles sociaux. Les autres États membres sont invités à participer sils le souhaitent.
Cet effort renouvelé en faveur dune coordination renforcée des politiques économiques pour la compétitivité et la convergence repose sur quatre règles directrices :
a. Il sera en accord avec le modèle de gouvernance économique qui existe déjà dans lUnion européenne et le renforcera, tout en apportant une valeur ajoutée. Il sera compatible avec les instruments existants (stratégie Europe 2020, semestre européen, lignes directrices intégrées, pacte de stabilité et de croissance et nouveau cadre de surveillance macroéconomique) et sappuiera sur ceux-ci. Il impliquera un effort particulier allant au-delà de ce qui existe déjà et comprendra des actions et des engagements concrets, plus ambitieux que ceux qui ont déjà été approuvés, ainsi quun calendrier de mise en uvre. Ces nouveaux engagements seront ensuite intégrés aux programmes nationaux de réforme et de stabilité et relèveront du cadre de surveillance régulier, la Commission tenant un rôle central important dans le suivi de la mise en uvre des engagements, avec la participation de toutes les formations concernées du Conseil et de lEurogroupe. Le Parlement européen jouera pleinement son rôle, conformément à ses compétences. Les partenaires sociaux seront pleinement associés au niveau de lUnion européenne, dans le cadre du sommet social tripartite.
b. Il sera ciblé, privilégiera laction et couvrira des domaines daction prioritaires essentiels pour favoriser la compétitivité et la convergence. Il mettra laccent sur des actions dont la compétence incombe aux États membres. Dans les domaines politiques choisis, des objectifs communs feront lobjet dun accord au niveau des chefs dÉtat ou de gouvernement. Les États membres participants poursuivront ces objectifs avec leur propre panoplie de mesures, en tenant compte des défis qui leur sont spécifiques.
c. Chaque année, des engagements nationaux concrets seront pris par chacun des chefs dÉtat ou de gouvernement. Ce faisant, les États membres tiendront compte des meilleures pratiques et prendront comme référence les pays les plus performants, quil sagisse de pays européens ou dautres partenaires stratégiques.
La mise en uvre des engagements et les progrès accomplis en matière de réalisation des objectifs politiques communs feront lobjet dun suivi annuel au niveau politique par les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro et des pays participants, sur la base dun rapport de la Commission. De plus, les États membres sengagent à consulter leurs partenaires avant ladoption de chaque grande réforme économique susceptible davoir des retombées.
d. Les États membres participants sont déterminés à réaliser lachèvement du marché unique, qui est la clé dun renforcement de la compétitivité dans lUnion européenne et la zone euro. Ce processus sera parfaitement conforme au traité. Le pacte respectera pleinement lintégrité du marché unique.
* Nos objectifs
Les États membres participants sengagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour poursuivre les objectifs suivants :
- favoriser la compétitivité ;
- favoriser lemploi ;
- mieux contribuer à la viabilité des finances publiques ;
- renforcer la stabilité financière.
Chaque État membre participant présentera les mesures particulières quil prendra pour atteindre ces objectifs. Si un État membre peut démontrer quil nest pas nécessaire dagir dans lun ou lautre domaine, il ne linclura pas. Le choix des actions politiques spécifiques nécessaires pour atteindre les objectifs communs demeure de la responsabilité de chaque pays, mais une attention particulière sera accordée à lensemble des éventuelles mesures mentionnées ci-après.
* Engagements politiques concrets et suivi
Sur le plan politique, les chefs dÉtat ou de gouvernement suivront les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs communs précités en sappuyant sur un ensemble dindicateurs couvrant la compétitivité, lemploi, la viabilité budgétaire et la stabilité financière. Les pays confrontés à des défis majeurs dans lun quelconque de ces domaines seront identifiés et devront sengager à y remédier dans un délai déterminé.
a. Renforcer la compétitivité
Les progrès seront évalués sur la base de lévolution des salaires et de la productivité ainsi que des besoins dajustement en matière de compétitivité. Afin de déterminer si les salaires évoluent en accord avec la productivité, le coût unitaire de la main-duvre (CUM) fera lobjet dun suivi sur une période déterminée, par comparaison avec lévolution dans dautres pays de la zone euro et chez les principaux partenaires commerciaux comparables. Pour chaque pays, le CUM sera évalué au niveau de léconomie dans son ensemble ainsi que pour chaque secteur important (industrie manufacturière; services; secteurs des biens et services exportables et non exportables). Les augmentations significatives et durables pourraient provoquer une érosion de la compétitivité, notamment si elles viennent sajouter à un déficit croissant de la balance courante et à une diminution des parts de marché à lexportation. Sil faut agir pour renforcer la compétitivité dans tous les pays, une attention particulière doit néanmoins être accordée à ceux qui sont confrontés à des défis majeurs à cet égard. Afin de faire en sorte que la croissance soit équilibrée et bien répartie dans toute la zone euro, des instruments spécifiques et des initiatives communes seront envisagés pour favoriser la productivité dans les régions en retard de développement.
Il incombera à chaque pays de déterminer les mesures spécifiques à prendre pour renforcer sa compétitivité; toutefois, une attention particulière sera prêtée aux réformes suivantes :
i) mesures visant à assurer que les coûts évoluent en accord avec la productivité, dans le respect des traditions nationales en matière de dialogue social et de relations entre les partenaires sociaux, par exemple :
?réexaminer les dispositifs de fixation des salaires et, le cas échéant, le degré de centralisation du processus de négociation, ainsi que les mécanismes dindexation, lautonomie des partenaires sociaux dans le cadre du processus de négociation collective devant être préservée ;
?veiller à ce que les accords salariaux dans le secteur public viennent soutenir les efforts de compétitivité consentis dans le secteur privé (en gardant à lesprit que lévolution des salaires dans le secteur public constitue un signal important) ;
ii) mesures visant à renforcer la productivité, par exemple :
?ouvrir davantage les secteurs protégés en prenant des mesures au niveau national pour lever les restrictions indues qui pèsent sur les services professionnels, ainsi que sur le secteur du commerce de détail, afin de renforcer la concurrence et lefficacité, dans le plein respect de lacquis communautaire ;
?consentir des efforts spécifiques pour améliorer les systèmes denseignement et encourager la R&D, linnovation et les infrastructures ;
?prendre des dispositions pour améliorer lenvironnement des entreprises, en particulier les PME, notamment en éliminant les lourdeurs administratives et en améliorant le cadre législatif (par exemple, droit des faillites, code de commerce).
b. Promouvoir lemploi
Le bon fonctionnement du marché du travail constitue un facteur déterminant de la compétitivité de la zone euro. Les progrès dans ce domaine seront évalués sur la base des indicateurs suivants : taux de chômage de longue durée et de chômage des jeunes, et taux de participation au marché du travail.
Il incombera à chaque pays de déterminer les mesures spécifiques à prendre pour promouvoir lemploi; toutefois, une attention particulière sera prêtée aux réformes suivantes :
?les réformes du marché du travail destinées à favoriser la flexisécurité, à réduire le travail non déclaré et à accroître la participation au marché du travail ;
?léducation et la formation tout au long de la vie ;
?les réformes fiscales, par exemple la réduction des charges fiscales pesant sur le travail, afin de rendre le travail financièrement attrayant tout en préservant le niveau global des recettes fiscales, et les mesures destinées à faciliter la participation au marché du travail des personnes assurant une seconde source de revenus.
c. Améliorer la viabilité des finances publiques
Afin dassurer une pleine mise en uvre du pacte de stabilité et de croissance, la plus grande attention sera apportée aux éléments suivants :
- Viabilité des retraites, des soins de santé et des prestations sociales
Cet élément sera notamment évalué sur la base des indicateurs décart de viabilité (Les écarts de viabilité sont des indicateurs établis dun commun accord par la Commission et les États membres pour évaluer la viabilité budgétaire.) Ces indicateurs mesurent la viabilité du niveau dendettement sur la base des politiques menées, notamment les régimes de pension, les systèmes de soins de santé et les régimes de prestations, et en fonction des facteurs démographiques.
Les réformes nécessaires pour assurer la viabilité et ladéquation des retraites et des prestations sociales pourraient notamment consister à :
?adapter le système de retraite à la situation démographique nationale, par exemple en adaptant lâge réel de la retraite à lespérance de vie ou en accroissant le taux dactivité ;
?limiter les régimes de préretraite et prendre des mesures incitatives appropriées pour lemploi des travailleurs âgés (notamment les travailleurs de plus de 55 ans).
- Règles budgétaires nationales
Les États membres participants sengagent à traduire dans leur législation nationale les règles budgétaires de lUnion européenne figurant dans le pacte de stabilité et de croissance. Les États membres conserveront le choix de linstrument juridique à utiliser au niveau national mais veilleront à ce quil soit par nature suffisamment contraignant et durable (par exemple, la Constitution ou une législation cadre). La formulation exacte de la règle sera également arrêtée par chaque pays (il pourrait par exemple sagir dun «frein à lendettement», dune règle liée au solde primaire ou dune règle portant sur les dépenses), mais elle devrait garantir la discipline budgétaire tant au niveau national quaux niveaux inférieurs. La Commission aura la possibilité, tout en respectant pleinement les compétences des parlements nationaux, dêtre consultée, avant son adoption, sur la formulation précise de la règle budgétaire, afin de sassurer quelle est compatible avec les dispositions européennes et contribue à leur réalisation.
d. Renforcer la stabilité financière
Un secteur financier fort est essentiel pour la stabilité générale de la zone euro. Une réforme globale du cadre européen de supervision et de régulation du secteur financier est en cours.
Dans ce contexte, les États membres sengagent à mettre en place une législation nationale en matière de résolution des défaillances bancaires, qui respecte pleinement lacquis communautaire. Des tests stricts de résistance des banques, coordonnés au niveau de lUnion, seront menés régulièrement. En outre, le président du CERS et le président de lEurogroupe seront invités à informer régulièrement les chefs dÉtat ou de gouvernement sur les questions liées à la stabilité macro-financière et aux évolutions macroéconomiques constatées dans la zone euro qui appellent une action spécifique. En particulier, le niveau de lendettement privé des banques, des ménages et des entreprises non financières sera suivi de près pour chaque État membre.
Outre les questions mentionnées ci-dessus, une attention particulière sera portée à la coordination des politiques fiscales.
Les impôts directs restent une compétence nationale. Une coordination pragmatique des politiques fiscales constitue un élément nécessaire dune coordination renforcée des politiques économiques dans la zone euro, afin de soutenir lassainissement budgétaire et la croissance économique. Dans ce contexte, les États membres sengagent à entamer des discussions structurées sur les questions de politique fiscale, en vue notamment dassurer léchange des bonnes pratiques, sur la prévention des pratiques nuisibles et sur des propositions de lutte contre la fraude et lévasion fiscale.
Établir une assiette commune pour limpôt sur les sociétés pourrait constituer un moyen de garantir, sans incidence sur les recettes, la cohérence entre les régimes fiscaux nationaux tout en respectant les stratégies fiscales nationales et de contribuer à la viabilité budgétaire et à la compétitivité des entreprises européennes.
La Commission a présenté une proposition législative portant sur une assiette commune consolidée pour limpôt sur les sociétés.
* Engagements annuels concrets
Pour démontrer une volonté réelle de changement et assurer limpulsion politique nécessaire pour atteindre nos objectifs communs, les États membres participants conviendront chaque année, au niveau le plus élevé, dune série dactions concrètes à mettre en uvre dans un délai de douze mois. Le choix des mesures politiques spécifiques à mettre en uvre restera du ressort de chaque pays, mais ce choix sera guidé en particulier par lexamen des éléments mentionnés précédemment. Ces engagements se refléteront également dans les programmes nationaux de réforme et dans les programmes de stabilité présentés chaque année, qui seront évalués par la Commission, le Conseil et lEurogroupe dans le cadre du semestre européen.
ANNEXE II - MODALITÉS DE FONCTIONNEMENT DU MES
Le Conseil européen a décidé dajouter à larticle 136 du traité le paragraphe suivant :
«Les États membres dont la monnaie est leuro peuvent instituer un mécanisme de stabilité qui sera activé si cela est indispensable pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble. Loctroi, au titre du mécanisme, de toute assistance financière nécessaire, sera subordonné à une stricte conditionnalité.»
À la suite de cette décision, le Conseil européen est convenu quil était nécessaire que les États membres de la zone euro mettent en place un mécanisme permanent de stabilité, le mécanisme européen de stabilité (MES). Ce mécanisme sera activé dun commun accord (par décision prise dun commun accord, on entend une décision prise à lunanimité des États membres participant au vote, les abstentions ne faisant pas obstacle à ladoption de la décision) si cela est indispensable pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble. Le MES remplira le rôle du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et du mécanisme européen de stabilisation financière (MESF) en fournissant, après juin 2013, une assistance financière extérieure aux États membres de la zone euro.
Laccès à lassistance financière fournie par le MES sera accordé sous une stricte conditionnalité dans le cadre dun programme dajustement macroéconomique et sur la base dune analyse rigoureuse du niveau dendettement public supportable, effectuée par la Commission et le FMI, en liaison avec la BCE. LÉtat membre bénéficiaire devra mettre en place les modalités appropriées dune participation du secteur privé, en fonction de la situation qui lui est propre et en totale conformité avec les pratiques du FMI.
Le MES sera doté dune capacité de prêt effective de 500 milliards deuros (lors du passage du FESF au MES, la capacité de prêt consolidée ne dépassera pas ce montant.) Il sera procédé à intervalles réguliers, et au moins tous les cinq ans, à un examen visant à déterminer si cette capacité de prêt est suffisante. Le MES sattachera à compléter sa capacité de prêt grâce à la participation du FMI aux opérations dassistance financière; les États membres ne faisant pas partie de la zone euro pourront également participer à ces opérations au cas par cas.
La suite du présent document décrit les principales caractéristiques structurelles du MES.
* Forme institutionnelle
Le MES sera institué par un traité conclu entre les États membres de la zone euro, sous la forme dune organisation intergouvernementale relevant du droit international public, et sera établi à Luxembourg. Le statut du MES figurera dans une annexe du traité.
* Mission et stratégie de financement
Le MES aura pour mission de mobiliser des fonds et de fournir, sous une stricte conditionnalité, une assistance financière en faveur des États membres de la zone euro qui connaissent ou risquent de connaître de graves problèmes de financement, le but étant de préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble.
Les États membres de la zone euro verseront au MES les sommes correspondant aux sanctions financières qui leur ont été imposées en vertu du pacte de stabilité et de croissance et des procédures concernant les déséquilibres macroéconomiques. Ces sommes feront partie du capital versé.
Le MES mettra en uvre une stratégie de financement appropriée afin de garantir laccès à un large éventail de sources de financement et dêtre en mesure de fournir une assistance financière aux États membres, quelles que soient les conditions du marché. Une bonne gestion des actifs et des passifs permettra dendiguer tout risque associé.
* Structure de direction
Le MES sera doté dun conseil des gouverneurs composé des ministres des finances des États membres de la zone euro (en qualité de membres votants), le membre de la Commission européenne chargé des affaires économiques et monétaires et le président de la BCE ayant qualité dobservateurs. Le conseil des gouverneurs élira un président parmi ses membres votants.
Le conseil des gouverneurs sera lorgane décisionnel suprême du MES et prendra, dun commun accord, les décisions les plus importantes quant :
- à loctroi dune assistance financière ;
- aux conditions et modalités de lassistance financière ;
- à la capacité de prêt du MES ;
- aux modifications de léventail des instruments.
Le conseil des gouverneurs prendra toutes les autres décisions à la majorité qualifiée, sauf disposition contraire.
Le MES sera doté dun conseil dadministration, qui effectuera les tâches spécifiques que le conseil des gouverneurs lui aura déléguées. Chaque État membre de la zone euro nommera un administrateur et un administrateur suppléant. En outre, la Commission et la BCE nommeront chacune au conseil dadministration un observateur et un membre suppléant. Le conseil dadministration prendra toutes ses décisions à la majorité qualifiée, sauf disposition contraire.
La pondération des voix au sein du conseil des gouverneurs et du conseil dadministration sera proportionnelle aux parts respectives des États membres dans le capital souscrit du MES. La majorité qualifiée correspond à 80 % des votes.
Le conseil des gouverneurs nommera un directeur exécutif chargé de la gestion quotidienne du MES. Le directeur exécutif présidera le conseil dadministration.
* Structure du capital
Le MES sattachera à obtenir et à conserver la notation la plus élevée auprès des principales agences de notation.
Le MES sera doté dun capital souscrit de 700 milliards deuros au total. Sur ce montant, 80 milliards seront constitués de capital versé par les États membres de la zone euro en cinq annuités égales à compter de juillet 2013. Le MES disposera en outre dune combinaison de capital engagé exigible et de garanties apportés par des États membres de la zone euro pour un montant total de 620 milliards deuros. Pendant la phase transitoire allant de 2013 à 2017, les États membres sengagent à accélérer, dans le cas peu probable où cela serait nécessaire, la fourniture dinstruments appropriés afin de maintenir un ratio minimum de 15 pour cent entre le capital versé et lencours des émissions du MES.
La clé de contribution de chaque État membre au capital souscrit total du MES sera fondée sur la clé de répartition du capital versé de la BCE figurant en annexe. En ratifiant le traité instituant le MES, les États membres sengagent juridiquement à fournir leur contribution au capital souscrit total.
Le conseil des gouverneurs statuera dun commun accord lorsquil sagira dadapter le montant du capital souscrit total ou de procéder à un appel de fonds, sauf dans les cas spécifiques décrits ci-dessous. Premièrement, le conseil dadministration peut décider, à la majorité simple, de rétablir - en procédant à un appel de fonds - le niveau du capital versé si son montant est diminué du fait de labsorption de pertes (Le droit de vote de lÉtat membre dont la défaillance est à lorigine des pertes à combler est suspendu pour cette décision.) Deuxièmement, une procédure de garantie sur demande sera mise en place ; elle permettra de procéder automatiquement à un appel de fonds auprès des actionnaires du MES si cela est nécessaire pour éviter un manque de fonds lorsquil sagit de rembourser les créanciers du MES. Dans tous les cas, la responsabilité de chaque actionnaire sera limitée à sa part dans le capital souscrit.
Toute contribution au capital souscrit versée par un État membre (tout État membre qui adhère à la zone euro devient membre du MES, avec tous les droits et obligations qui en découlent) adhérant au MES après le mois de juillet 2013 se fera dans les mêmes conditions que celles appliquées aux contributions initiales. Il appartiendra au conseil des gouverneurs de déterminer dun commun accord les incidences concrètes pour le montant global du capital souscrit et la répartition du capital entre les États membres.
Aussi longtemps que le MES naura pas été activé et pour autant que la capacité effective de prêt ne soit pas inférieure à 500 milliards, le produit de linvestissement du capital versé au MES sera restitué aux États membres, après déduction des coûts de fonctionnement. Après quil aura été activé pour la première fois, le MES conservera le produit de linvestissement du capital versé et de lactivité dassistance financière. Néanmoins, si le capital versé est supérieur au niveau requis pour assurer le maintien de la capacité de prêt du MES, le conseil dadministration peut décider, à la majorité simple, de verser un dividende aux États membres de la zone euro, compte tenu de la clé de répartition.
* Instruments
Si cela est indispensable pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble, comme le prévoit la modification apportée à larticle 136 du traité, le MES permettra dapporter, dans le cadre dun programme dajustement macroéconomique, une assistance financière subordonnée à une stricte conditionnalité, proportionnée à la gravité des déséquilibres constatés dans lÉtat membre concerné. Cette assistance prendra la forme de prêts. Cependant, le MES pourra, à titre exceptionnel, intervenir sur le marché primaire de la dette, sur la base dun programme dajustement macroéconomique subordonné à une stricte conditionnalité et pour autant que le conseil des gouverneurs lait accepté dun commun accord.
. Soutien à la stabilité au titre du MES
Le MES pourra apporter un soutien à la stabilité à court ou moyen terme aux États membres de la zone euro qui sont confrontés à de graves problèmes de financement. Laccès à un tel soutien supposera la mise en place dun programme dajustement macroéconomique assorti dune conditionnalité appropriée, proportionnée à la gravité des déséquilibres sous-jacents dans lÉtat membre bénéficiaire. La durée du programme et léchéance des prêts dépendront de la nature des déséquilibres et des chances de voir les États membres bénéficiaires retrouver laccès aux marchés financiers avant la fin de la période où ils disposent des ressources du MES.
?Dispositif de soutien sur le marché primaire
Le MES pourra acheter, sur le marché primaire, des obligations dun État membre qui connaît de graves problèmes de financement, dans le but doptimiser le rapport coût-efficacité du soutien. Les conditions et modalités selon lesquelles devra se faire lachat de ces obligations seront précisées dans la décision sur les conditions et modalités de lassistance financière.
Le conseil des gouverneurs pourra réexaminer les instruments dont dispose le MES et décider dapporter des changements à léventail des instruments disponibles.
* Participation du FMI
Dans le cadre de loctroi dune assistance financière, le MES coopérera très étroitement avec le FMI (Il est cependant acquis que toute participation du FMI devra sinscrire dans le cadre de son mandat tel quil est prévu par ses statuts, après décision de son conseil dadministration et conformément aux politiques qui sont les siennes.) Dans tous les cas de figure, il sera fait appel à la participation active du FMI, tant sur le plan technique que sur le plan financier. Lanalyse du niveau dendettement supportable sera effectuée conjointement par la Commission et le FMI, en liaison avec la BCE. Les conditions liées à lassistance fournie conjointement par le MES et le FMI seront négociées de concert par la Commission et le FMI, en liaison avec la BCE.
* Activation de lassistance financière, surveillance du programme et suivi
Dans tous les cas, lassistance financière du MES sera activée à la suite dune demande adressée par un État membre aux autres États membres de la zone euro. LEurogroupe informera le Conseil quune demande dactivation du soutien a été introduite. Lorsquil recevra une demande en ce sens, le conseil des gouverneurs demandera à la Commission dévaluer, en liaison avec la BCE, sil existe un risque pour la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble et deffectuer, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, une analyse rigoureuse du niveau dendettement public supportable de lÉtat membre concerné. Les étapes ultérieures de la mise en uvre de lassistance financière du MES seront les suivantes :
- Si un soutien à la stabilité au titre du MES est sollicité, la Commission, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, évaluera les besoins de financement réels de lÉtat membre bénéficiaire et la nature de la participation demandée au secteur privé, qui devrait être conforme aux pratiques du FMI ;
- Sur la base de cette évaluation, le conseil des gouverneurs donnera mandat à la Commission pour négocier, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, un programme dajustement macroéconomique avec lÉtat membre concerné, programme qui fera lobjet dun mémorandum daccord ;
- La Commission proposera au Conseil une décision avalisant le programme dajustement macroéconomique. Le conseil des gouverneurs statuera sur loctroi de lassistance financière et sur les conditions et modalités dont elle sera assortie. Lorsque le programme aura été adopté par le Conseil, la Commission signera le mémorandum daccord au nom des États membres de la zone euro, sous réserve quil ait été accepté au préalable dun commun accord par le conseil des gouverneurs. Le conseil dadministration approuvera alors laccord dassistance financière, qui précisera les aspects techniques de lassistance financière prévue ;
- La Commission, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, sera chargée de sassurer du respect de la conditionnalité imposée par le programme dajustement macroéconomique. Elle fera rapport au Conseil et au conseil dadministration. Sur la base de ce rapport, le conseil dadministration décidera dun commun accord du versement des nouvelles tranches du prêt ;
- Après discussion au sein du conseil des gouverneurs, le Conseil pourra décider, sur proposition de la Commission, de mettre en place une surveillance pour la période consécutive au programme, qui pourra se poursuivre aussi longtemps quun certain montant de lassistance financière naura pas été remboursé.
* Compatibilité avec le cadre de surveillance multilatéral de lUnion européenne
Il faudra demander laccord des États membres de lUnion européenne pour permettre aux États membres de la zone euro de charger la Commission, en collaboration avec le FMI et en liaison avec la BCE, danalyser le niveau dendettement supportable de lÉtat membre qui demande une assistance financière, délaborer le programme dajustement macroéconomique accompagnant lassistance financière, ainsi que den surveiller la mise en uvre.
Si le conseil des gouverneurs peut statuer de manière autonome sur loctroi et les modalités dune assistance financière dans un cadre intergouvernemental, la conditionnalité établie en vertu de la surveillance renforcée ou dun programme dajustement macroéconomique devrait être compatible avec le cadre de surveillance de lUnion européenne et doit garantir le respect des procédures de lUnion européenne. À cette fin, la Commission compte proposer un règlement qui précisera les étapes de procédure nécessaires au titre de larticle 136 du traité afin dinscrire la conditionnalité dans les décisions du Conseil et dassurer la compatibilité avec le cadre de surveillance multilatéral de lUnion européenne. Le Conseil et la Commission informeront régulièrement le Parlement européen de la mise en place et des opérations du MES.
* Fixation des taux dintérêt
Le conseil des gouverneurs décidera de la structure des taux dintérêt pour lassistance financière octroyée à un État membre bénéficiaire.
Le MES pourra prêter à un taux fixe ou variable. Les taux dintérêt pratiqués par le MES respecteront les principes appliqués à cet égard par le FMI et, tout en restant supérieurs aux coûts de financement pour le MES, prévoiront une marge de risque appropriée.
La structure des taux dintérêt des prêts du MES sera la suivante :
1) le coût du financement pour le MES ;
2) une prime de 200 points de base appliquée sur la totalité des prêts ;
3) une surprime de 100 points de base pour la part des prêts non encore remboursée après trois ans.
Pour les prêts à taux fixe sur plus de trois ans, la marge correspondra à une moyenne pondérée de la prime de 200 points de base, pour les trois premières années, et de 200 plus 100 points de base, pour les années suivantes.
La structure des taux dintérêt sera définie dans la politique de fixation de ces taux par le MES, qui fera lobjet dun réexamen régulier.
* Participation du secteur privé
1. Modalités de participation du secteur privé
Une participation du secteur privé, sous une forme appropriée et proportionnée, devrait pouvoir intervenir au cas par cas lorsque lÉtat bénéficiaire reçoit une assistance financière. La nature et limportance de cette participation seront déterminées au cas par cas et dépendront des résultats de lanalyse du niveau dendettement supportable effectuée conformément aux pratiques du FMI (Selon le FMI, le niveau dendettement est réputé supportable lorsquon sattend à ce quun emprunteur puisse continuer à assurer le service de la dette sans devoir procéder à une correction irréaliste de ses recettes et dépenses. Cest sur cette base que sont déterminées la disponibilité et limportance du financement.), ainsi que des conséquences qui peuvent en découler pour la stabilité financière de la zone euro.
a) Si, sur la base de lanalyse du niveau dendettement supportable, il est réaliste de conclure quun programme dajustement macroéconomique est susceptible de ramener la dette publique à des niveaux supportables, lÉtat membre bénéficiaire prendra des initiatives propres à encourager les principaux investisseurs privés à maintenir leur exposition (approche conforme à «lInitiative de Vienne»). La Commission, le FMI, la BCE et lABE participeront étroitement au suivi de la mise en uvre de ces initiatives.
b) Si, sur la base de lanalyse précitée, il nest pas réaliste de conclure quun programme dajustement macroéconomique est susceptible de ramener la dette publique à des niveaux supportables, lÉtat membre bénéficiaire sera invité à entamer de bonne foi des négociations avec ses créanciers pour quils participent directement au rétablissement dun niveau dendettement supportable. Pour bénéficier de lassistance financière, lÉtat membre devra présenter un plan crédible et apporter la preuve quil est suffisamment déterminé à assurer une participation appropriée et proportionnée du secteur privé. Les progrès dans la mise en uvre du plan feront lobjet dun suivi et seront pris en compte dans la décision de procéder aux versements.
Dans les négociations avec ses créanciers, lÉtat membre bénéficiaire respectera les principes suivants :
- Proportionnalité : lÉtat membre recherchera des solutions qui soient proportionnées à son niveau dendettement supportable.
- Transparence : lÉtat membre concerné entamera avec ses créanciers un dialogue ouvert et partagera avec eux, en temps utile, toute information pertinente.
- Loyauté : lÉtat membre se concertera avec ses créanciers sur les modalités de tout rééchelonnement ou de toute restructuration de sa dette publique, en vue de parvenir à des solutions négociées. Des mesures visant à réduire la valeur actuelle nette de la dette ne seront envisagées que si dautres options nont guère de chances de permettre dobtenir les résultats souhaités.
- Coordination transfrontière : le risque de contagion et les retombées potentielles sur dautres États membres et des pays tiers seront dûment pris en compte dans lélaboration des mesures visant à la participation du secteur privé. Les mesures prises seront assorties dune communication adéquate par lÉtat membre concerné en vue de préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble.
2. Clauses daction collective
Des clauses daction collective (CAC) figureront dans tous les nouveaux titres dÉtat dune durée supérieure à un an qui seront émis dans la zone euro à partir de juillet 2013. Lobjectif de ces CAC sera de faciliter un accord entre lemprunteur souverain et ses créanciers du secteur privé dans le cadre de la participation de ce dernier. Linclusion de CAC dans une obligation nimpliquera nullement que, pour cette obligation, la probabilité de défaut ou de restructuration de la dette soit plus élevée. De ce fait, linclusion de CAC ne devrait avoir aucune répercussion sur le statut de la créance de la dette souveraine.
Les éléments essentiels des CAC seront conformes à ce qui se fait généralement sur les marchés des États-Unis et du Royaume-Uni depuis le rapport que le G10 a consacré à ce sujet. Elles seront introduites dune manière qui garantisse légalité de traitement entre les États membres de la zone euro. Cela suppose le recours à des dispositions identiques et normalisées pour tous les États membres de la zone euro, libellées de manière harmonisée dans les modalités et conditions des obligations émises par les États membres, sur une base conforme aux CAC courantes dans le droit de lÉtat de New York et en droit anglais.
Les CAC comporteront une clause dagrégation, permettant à une super-majorité de détenteurs de différentes obligations contenant cette clause et régies par le droit dune même entité territoriale de mettre en uvre une clause daction majoritaire, au cas où la majorité des créanciers requise pour la restructuration ne serait pas atteinte pour une émission spécifique. Une représentation appropriée sera mise en place. Les questions les plus importantes - les matières réservées - (les conditions essentielles de versement, la conversion ou léchange dobligations, par exemple) seront soumises à une majorité plus élevée que les matières non réservées. Des exigences appropriées en matière de quorum seront applicables. Les modifications adoptées avec ces majorités lieront tous les détenteurs.
Une clause appropriée de retrait du droit de vote sappliquera pour garantir le bon déroulement des opérations de vote. Le recours à des clauses appropriées, destiné à prévenir toute perturbation provoquée par des actions en justice, sera envisagé.
Les CAC seront introduites de manière normalisée, afin de garantir que leurs effets juridiques soient les mêmes dans toutes les entités territoriales de la zone euro et de préserver ainsi légalité de traitement entre les États membres de la zone euro. Ceux-ci adopteront les mesures nécessaires pour donner effet aux CAC.
Dans des conditions fixées préalablement, les États membres de la zone euro auront la possibilité, après juin 2013, de continuer à refinancer la dette exigible, sans les assortir de CAC, afin de garantir la liquidité nécessaire des anciennes obligations et de leur donner le temps nécessaire pour émettre en bon ordre de nouvelles obligations pour toutes les durées de référence. Les dispositions juridiques précises pour linclusion de CAC dans les titres dÉtat émis dans la zone euro seront arrêtées, après concertation avec les intervenants sur ce marché et dautres acteurs, sur la base des travaux menés par le sous-comité des marchés des dettes souveraines européennes, mis en place par le Comité économique et financier, et elles seront finalisées pour la fin de 2011.
3. Statut de créancier privilégié du MES
Tout comme pour le FMI, cest lorsquun État membre ne peut plus accéder normalement au financement par le marché que le MES lui apportera une assistance financière. Cest la raison pour laquelle les chefs dÉtat ou de gouvernement ont déclaré que le MES bénéficierait dun statut de créancier privilégié, comme cest le cas pour le FMI, tout en acceptant que le statut du FMI soit prioritaire sur celui du MES.
Cette disposition sera applicable à partir du 1er juillet 2013 sans préjudice des termes et conditions de tout autre accord relevant du FESF et du fonds mis en place pour la Grèce.
* Arrangements transitoires entre le FESF et le MES
Comme prévu initialement, le FESF restera en place après juin 2013 pour gérer les créances en cours. Il restera en activité jusquà ce que le financement accordé aux États membres lui ait été intégralement remboursé et quil ait remboursé son passif au titre des instruments financiers émis ainsi que de toute obligation de remboursement des garants. Les parts non déboursées et non financées des facilités de prêt existantes devraient être transférées au MES (par exemple, le paiement et le financement des tranches qui ne seraient exigibles quaprès lentrée en vigueur du MES). Le crédit consolidé au titre du FESF et du MES ne dépassera pas 500 milliards deuros. Afin dassurer une transition sans heurts du FESF au MES, le directeur général du FESF sera chargé de la préparation pratique de la mise en place du MES. Il rendra régulièrement compte au groupe de travail Eurogroupe des progrès accomplis.
* Participation des États membres ne faisant pas partie de la zone euro
Les États membres ne faisant pas partie de la zone euro peuvent participer au cas par cas, parallèlement au MES, aux opérations dassistance financière en faveur dÉtats membres de la zone euro. Si des États membres ne faisant pas partie de la zone euro participent à de telles opérations, ils seront représentés lors des réunions des conseils du MES qui statueront sur loctroi et le suivi de lassistance. Ils auront accès en temps utile à toute information pertinente et seront dûment consultés. Les États membres de la zone euro soutiendront loctroi dun statut de créancier équivalent pour le MES et les autres États membres accordant un prêt bilatéral parallèlement au MES.
* Règlement des différends
En cas de différend entre un État membre de la zone euro et le MES portant sur linterprétation et lapplication du traité instituant le MES, le conseil des gouverneurs sera compétent pour statuer. Si lÉtat membre conteste sa décision, le différend sera soumis à la Cour de justice de lUnion européenne conformément à larticle 273 du TFUE.
En ce qui concerne les relations entre le MES et les tiers, le droit applicable et le for compétent seront déterminés par les actes juridiques et les documents contractuels établis entre le MES et les tiers concernés.
Annexe : Clé de contribution au MES sur la base de la clé BCE
Pays ISO Clé MES
Autriche AT 2,783
Belgique BE 3,477
Chypre CY 0,196
Estonie EE 0,186
Finlande FI 1,797
France FR 20,386
Allemagne DE 27,146
Grèce EL 2,817
Irlande IE 1,592
Italie IT 17,914
Luxembourg LU 0,250
Malte MT 0,073
Pays-Bas NL 5,717
Portugal PT 2,509
Slovaquie SK 0,824
Slovénie SI 0,428
Espagne ES 11,904
Total ZE17 100,0
Notes : La clé MES se fonde sur la clé de contribution au capital de la BCE.
Les États membres dont le PIB par habitant est inférieur à 75 % de la moyenne de lUnion européenne bénéficieront dune correction temporaire pour une période de douze ans après leur entrée dans la zone euro.
Cette correction temporaire correspondra à trois quarts de la différence entre leurs parts dans le RNB et dans le capital de la BCE (chiffre composé en réalité de 75% de la part dans le RNB et de 25% de la part dans le capital de la BCE), selon la formule ci-après: Part MES = Part clé BCE - 0,75*(part clé BCE - part RNB)
La compensation à la baisse pour ces pays est redistribuée parmi tous les autres pays conformément à leur part dans la clé BCE.
RNB et PIB par habitant en 2010.
Sources : BCE, Ameco et calculs de la DG ECFIN.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mars 2011