Déclaration de Mme Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, sur ses priorités en matière de politique de la santé et d'accès aux soins pour 2011, Paris le 25 janvier 2011.

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Circonstance : Voeux à la presse à Paris le 25 janvier 2011

Texte intégral


Je suis heureuse, à l’occasion de cette traditionnelle cérémonie des vœux de nouvel an, d’avoir l’opportunité de m’adresser à vous toutes et tous, représentants de la presse nationale, régionale, médicale et sociale, pour vous souhaiter, d’abord, une excellente année 2011. Mais aussi pour vous remercier du travail assidu d’information que vous assumez au quotidien, notamment sur les sujets de la santé. Ceux-ci constituent une des préoccupations majeures des Français. Vous êtes un lien indispensable entre les experts, les chercheurs, les médecins, notre ministère, et l’ensemble des citoyens. Votre mission est cruciale, autant qu’elle est difficile. Car elle réclame à la fois vigilance, exigence intellectuelle et scientifique, et la capacité de recul et d’analyse, qualité que les responsables politiques et les journalistes doivent avoir en partage.
La fin de l’année 2010 aura été particulièrement éprouvante, pour tous les patients qui ont soudain appris que le Médiator, qui leur avait été prescrit par le passé, avait fait des morts et pouvait affecter leur santé.
C’est un véritable drame humain. Je vous remercie d’avoir accompli votre devoir d’information et d’avoir relayé nos efforts pour que la lumière soit faite sur les raisons de ce désastre médical, et humain. Je pense avec émotion à toutes les victimes, à leur famille, et je comprends leur tristesse, mais aussi leur colère.
En 2011, comme l’a annoncé le Président de la République la semaine dernière, nos priorités seront :
1) d’abord, d’engager une démarche de refondation totale de notre politique du médicament pour qu’il n’y ait plus de nouvelle affaire Médiator. Notre mission est d’assurer la santé des Français, qui veulent légitimement se sentir protégés, sécurisés. Pour cela, nous devons leur redonner confiance dans notre chaîne sanitaire qui devra garantir la compétence, l’indépendance et la transparence.
2) Nous consacrerons également toutes nos efforts à la médecine de proximité après avoir lancé un vaste programme de modernisation des hôpitaux. Il nous faut en effet mieux organiser la médecine de 1er recours car les français doivent pouvoir accéder aux soins dans chaque parcelle de notre territoire, et ils ont raison ! Il faut, pour cela, des médecins formés à la hauteur du défi et dont les conditions d’exercice devront être facilitées et simplifiées.
3) Parmi nos projets phares de cette année qui commence, je pense aux enjeux essentiels que sont pour chacun les questions qui touchent à l’éthique.
Ces questions, vous le savez, ne concernent pas seulement les scientifiques, les politiques : elles concernent la société, l’ensemble des citoyens, car elles touchent à l’intime et au respect de la personne humaine. Elles doivent donc dépasser les clivages politiciens.
Le projet de loi relatif à la bioéthique met notamment en discussion :
* Les dons croisés d’organes entre donneurs vivants, déjà mis en place dans de nombreux pays, ils devraient être de nature à augmenter les possibilités de greffe.
* l’assistance médicale à la procréation. Telle qu’elle est conçue dans le projet de loi, celle-ci pourra faire appel à des procédés reconnus et validés par l’Agence de Biomédecine.
* l’accompagnement et l’information de la femme enceinte seront optimisés lors du diagnostic prénatal.
* la possibilité d’accès à l’identité du donneur pour les personnes issues d’un don de gamètes, il s’agit là d’une question encore très controversée.
Pour ce qui concerne l’euthanasie, vous savez que la proposition de loi qui sera discutée au Sénat a évoqué la possibilité de l’instauration, dans notre droit à la santé, d’une légalisation de l’euthanasie active. Je ne suis pas favorable à un tel projet, qui pourrait représenter un danger pour les personnes les plus vulnérables, mais aussi une insécurité juridique pour les médecins.
J’ai la conviction profonde que la loi Leonetti de 2005 apporte des avancées très importantes sur la fin de vie, avec la fin de l’acharnement thérapeutique, qui permet de limiter ou d’arrêter les traitements et aussi l’usage des antalgiques.
Le programme de soins palliatifs se développe dans notre pays ; la culture palliative me paraît davantage correspondre à l’éthique de respect de la personne humaine. Je considère qu’il convient d’abord d’évaluer le dispositif existant avant d’accumuler les textes législatifs
4) Des sujets primordiaux nous attendent encore en 2011, sur lesquels il ne faut pas baisser la garde.
* lutte contre le SIDA, contre les hépatites, comment redonner à la vaccination dans notre pays son véritable sens : se protéger tout en protégeant les autres ;
* mieux utiliser les antibiotiques, notamment pour éviter les multi résistances.
Les addictions, qu’il s’agisse de drogue, d’alcool, de tabac et même de jeu compulsif, sont des sujets graves. Cette semaine, une PPL sera en discussion, qui vise à concilier la préservation de l’intégrité des œuvres culturelles et artistiques. A aucun moment la loi Evin n’a contesté la préservation du patrimoine culturel. La proposition de loi vise à résoudre un problème qui ne se pose pas. Il convient donc de mettre en avant et tout d’abord l’inutilité d’une telle loi. Toutes les affaires de censure présentées dans l’exposé des motifs (retouches de la pipe de Jacques Tati, des cigarettes de Serge Gainsbourg, André Malraux ou Jacques Chirac), sont le fait d’initiatives d’organismes interprofessionnels, ou d’opérateurs de droit privé, tel Métrobus, la régie publicitaire de la RATP. Ainsi tous les exemples cités (timbre poste, Ratp, Chanel…) ne correspondent pas à une censure imposée par le code de la santé publique. Jamais les associations qui peuvent ester en justice pour non respect de la réglementation tabac n’ont engagé d’action à l’encontre de tels visuels ou représentations de la cigarette dans un contexte artistique. Cette proposition de loi est donc susceptible de présenter une vision erronée de la réalité.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 29 mars 2011