Texte intégral
Je suis heureuse, à loccasion de cette traditionnelle cérémonie des vux de nouvel an, davoir lopportunité de madresser à vous toutes et tous, représentants de la presse nationale, régionale, médicale et sociale, pour vous souhaiter, dabord, une excellente année 2011. Mais aussi pour vous remercier du travail assidu dinformation que vous assumez au quotidien, notamment sur les sujets de la santé. Ceux-ci constituent une des préoccupations majeures des Français. Vous êtes un lien indispensable entre les experts, les chercheurs, les médecins, notre ministère, et lensemble des citoyens. Votre mission est cruciale, autant quelle est difficile. Car elle réclame à la fois vigilance, exigence intellectuelle et scientifique, et la capacité de recul et danalyse, qualité que les responsables politiques et les journalistes doivent avoir en partage.
La fin de lannée 2010 aura été particulièrement éprouvante, pour tous les patients qui ont soudain appris que le Médiator, qui leur avait été prescrit par le passé, avait fait des morts et pouvait affecter leur santé.
Cest un véritable drame humain. Je vous remercie davoir accompli votre devoir dinformation et davoir relayé nos efforts pour que la lumière soit faite sur les raisons de ce désastre médical, et humain. Je pense avec émotion à toutes les victimes, à leur famille, et je comprends leur tristesse, mais aussi leur colère.
En 2011, comme la annoncé le Président de la République la semaine dernière, nos priorités seront :
1) dabord, dengager une démarche de refondation totale de notre politique du médicament pour quil ny ait plus de nouvelle affaire Médiator. Notre mission est dassurer la santé des Français, qui veulent légitimement se sentir protégés, sécurisés. Pour cela, nous devons leur redonner confiance dans notre chaîne sanitaire qui devra garantir la compétence, lindépendance et la transparence.
2) Nous consacrerons également toutes nos efforts à la médecine de proximité après avoir lancé un vaste programme de modernisation des hôpitaux. Il nous faut en effet mieux organiser la médecine de 1er recours car les français doivent pouvoir accéder aux soins dans chaque parcelle de notre territoire, et ils ont raison ! Il faut, pour cela, des médecins formés à la hauteur du défi et dont les conditions dexercice devront être facilitées et simplifiées.
3) Parmi nos projets phares de cette année qui commence, je pense aux enjeux essentiels que sont pour chacun les questions qui touchent à léthique.
Ces questions, vous le savez, ne concernent pas seulement les scientifiques, les politiques : elles concernent la société, lensemble des citoyens, car elles touchent à lintime et au respect de la personne humaine. Elles doivent donc dépasser les clivages politiciens.
Le projet de loi relatif à la bioéthique met notamment en discussion :
* Les dons croisés dorganes entre donneurs vivants, déjà mis en place dans de nombreux pays, ils devraient être de nature à augmenter les possibilités de greffe.
* lassistance médicale à la procréation. Telle quelle est conçue dans le projet de loi, celle-ci pourra faire appel à des procédés reconnus et validés par lAgence de Biomédecine.
* laccompagnement et linformation de la femme enceinte seront optimisés lors du diagnostic prénatal.
* la possibilité daccès à lidentité du donneur pour les personnes issues dun don de gamètes, il sagit là dune question encore très controversée.
Pour ce qui concerne leuthanasie, vous savez que la proposition de loi qui sera discutée au Sénat a évoqué la possibilité de linstauration, dans notre droit à la santé, dune légalisation de leuthanasie active. Je ne suis pas favorable à un tel projet, qui pourrait représenter un danger pour les personnes les plus vulnérables, mais aussi une insécurité juridique pour les médecins.
Jai la conviction profonde que la loi Leonetti de 2005 apporte des avancées très importantes sur la fin de vie, avec la fin de lacharnement thérapeutique, qui permet de limiter ou darrêter les traitements et aussi lusage des antalgiques.
Le programme de soins palliatifs se développe dans notre pays ; la culture palliative me paraît davantage correspondre à léthique de respect de la personne humaine. Je considère quil convient dabord dévaluer le dispositif existant avant daccumuler les textes législatifs
4) Des sujets primordiaux nous attendent encore en 2011, sur lesquels il ne faut pas baisser la garde.
* lutte contre le SIDA, contre les hépatites, comment redonner à la vaccination dans notre pays son véritable sens : se protéger tout en protégeant les autres ;
* mieux utiliser les antibiotiques, notamment pour éviter les multi résistances.
Les addictions, quil sagisse de drogue, dalcool, de tabac et même de jeu compulsif, sont des sujets graves. Cette semaine, une PPL sera en discussion, qui vise à concilier la préservation de lintégrité des uvres culturelles et artistiques. A aucun moment la loi Evin na contesté la préservation du patrimoine culturel. La proposition de loi vise à résoudre un problème qui ne se pose pas. Il convient donc de mettre en avant et tout dabord linutilité dune telle loi. Toutes les affaires de censure présentées dans lexposé des motifs (retouches de la pipe de Jacques Tati, des cigarettes de Serge Gainsbourg, André Malraux ou Jacques Chirac), sont le fait dinitiatives dorganismes interprofessionnels, ou dopérateurs de droit privé, tel Métrobus, la régie publicitaire de la RATP. Ainsi tous les exemples cités (timbre poste, Ratp, Chanel ) ne correspondent pas à une censure imposée par le code de la santé publique. Jamais les associations qui peuvent ester en justice pour non respect de la réglementation tabac nont engagé daction à lencontre de tels visuels ou représentations de la cigarette dans un contexte artistique. Cette proposition de loi est donc susceptible de présenter une vision erronée de la réalité.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 29 mars 2011