Déclaration de Mme Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, sur le dépistage et la prévention du cancer colorectal, Paris le 1er mars 2011.

Prononcé le 1er mars 2011

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Circonstance : Lancement du mois du dépistage du cancer colorectal à Paris le 1er mars 2011

Texte intégral


1 - Situation du cancer colorectal en France
Les Français ne se sentent généralement pas, ou très peu, concernés par le cancer colorectal, surtout lorsqu’il n’y a aucun antécédent familial.
Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : Avec plus de 40 000 nouvelles personnes touchées en 2010, ce cancer est le 3ème le plus fréquent en France, après celui de la prostate, qui touche 71 500 hommes, et celui du sein, qui touche 52 500 femmes. C’est aussi le cancer le plus meurtrier, après le cancer du poumon, avec 17 400 décès estimés en 2010.
Il faut donc lutter contre les préjugés qui entourent le cancer colorectal pour modifier les représentations de la population et l’inciter à se faire dépister. C’est tout l’objet, Mesdames et Messieurs, de cette campagne de mobilisation appelée « Mars bleu ».
Je salue l’engagement de l’INCa qui lance aujourd’hui cette 4ème campagne de dépistage en lien avec l’assurance maladie, la Mutualité sociale agricole (MSA) et le régime social des indépendants (RSI), et avec, bien sûr, le plein appui du Ministère chargé de la santé.
2 – Le dépistage
Nous savons que près de 95% des cancers colorectaux surviennent après l’âge de 50 ans. C’est pourquoi le dépistage de ce cancer est organisé, tous les deux ans chez les personnes âgées de 50 à 74 ans. Soit 17 millions de Français.
L’enjeu de ce dépistage est de pouvoir détecter ce cancer, qui touche aussi bien les femmes que les hommes, le plus tôt possible. Car une détection précoce du cancer colorectal, effectuée sur la base d’un dépistage systématique et régulier permet aujourd’hui un taux de survie de 90% à 5 ans après le diagnostic
A 50 ans, aujourd’hui, on est en pleine possession de ses moyens. Quand on est bien-portant, c’est d’autant plus difficile de penser à la maladie et de prendre les devant à titre préventif. C’est pourquoi il faut savoir et faire savoir que ce cancer est loin d’être rare, que l’absence de symptôme ou d’antécédents familiaux n’en évite pas la survenue, que son pronostic n’est pas toujours bon. Mais qu’il existe des moyens simples de le dépister.
Je le redis, contrairement à certaines idées reçues, la grande majorité des cancers colorectaux surviennent chez des sujets de plus de 50 ans sans facteurs de risques bien identifiés et dans 60 à 80% des cas, ces cancers se développent à partir d’une tumeur bénigne qui ne présente pas de symptôme. Mais j’insiste aussi sur le fait que diagnostiqué et traité tôt, ces cancers sont de fait mieux soignés, avec des traitements moins lourds. 3 – Dépistage gratuit et facile d’accès.
Financé à hauteur de 70 millions d’Euros par l’Assurance maladie et le Ministère de la santé, ce dépistage vise donc à détecter les polypes précancéreux ou les lésions cancéreuses à un stade précoce, et donc à diminuer la survenue de ces cancers et leur dangerosité.
Ce dépistage, encore récent, puisqu’il n’a que 4 ans, doit devenir un réflexe à partir de 50 ans. Comme le dit la campagne que nous lançons aujourd’hui, « Dès 50 ans, c’est le moment ».
Ce dépistage mis en place par la Direction générale de la santé est non seulement gratuit mais aussi simple à réaliser. Gratuit, parce qu’il est pris en charge à 100% par l’assurance maladie, et simple, parce qu’il se fait directement au domicile. La coloscopie, je le rappelle, n’est réalisée que si le test est positif. Il n’y a donc aucune véritable raison de ne pas le faire !
4 - Taux de participation
5 millions de Français ont déjà adhéré au dépistage organisé du cancer colorectal en 2009 et 2010. Ce n’est pas rien, mais c’est loin d’être suffisant.
Ce chiffre doit nous inciter à redoubler d’efforts pour que l’accès au dépistage soit renforcé sur l’ensemble du territoire pour que tous les publics concernés puissent y recourir sans entrave, conformément au Plan cancer 2009-2013, dont l’objectif est de mieux lutter contre les inégalités d’accès et de recours au dépistage. La Région Bourgogne est à ce titre exemplaire puisqu’avec plus de 50% de taux de participation, elle prouve que l’on peut mobiliser les Français.
En faisant évoluer les mentalités sur ce sujet, en le dédramatisant avec pédagogie et conviction, nous parviendrons, j’en suis sûre, à augmenter le taux de participation sur l’ensemble du territoire.
A cet égard, je tiens d’ailleurs à souligner le rôle primordial des médecins traitants dans ce dispositif de prévention. La remise du test de dépistage par le médecin est en effet déterminante pour que ses patients adhèrent à la démarche de dépistage. De nombreuses actions ont déjà été mises en œuvre depuis le début du programme pour leur rappeler l’importance de cette implication. Ainsi, 45 000 d’entre eux ont été sensibilisés tout au long de l’année 2010 grâce aux délégués de l’Assurance maladie.
Mesdames et Messieurs,
Cette 4ème campagne de dépistage, qui dépasse largement nos frontières puisqu’elle est également organisée dans d’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie ou les Etats-Unis, atteste de notre volonté commune de combattre avec détermination cette maladie.
Il s’agit d’une initiative encore récente dans notre pays. Elle doit désormais s’ancrer dans une habitude de santé, que doit s’approprier chaque personne ayant atteint l’âge de 50 ans.
Je souhaite à toutes vos actions le plein succès qu’elles méritent : celui de lutter toujours plus efficacement contre le cancer, et pour la vie.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 29 mars 2011