Texte intégral
La France est un pays où la consommation dalcool est inscrite dans les habitudes et fait partie dune certaine culture, dune certaine normalité.
Ce qui apparaît le plus souvent stigmatisé, et qui sensibilise le plus lopinion publique, cest la consommation excessive dalcool, qui conduit à livresse, à des comportements à risque, chez soi, dans lespace public, sur la route.
Il faut savoir que lalcool est responsable de 1 million 300 000 séjours hospitaliers. Et 100 000 contraventions pour conduite en état divresse sont dressées par les forces de lordre tous les ans. Cela signifie que ces personnes verbalisées ont une alcoolémie oscillant entre 0,5 et 0,8 grammes par litre de sang. Et songez quà ce niveau, le risque daccident est multiplié par 2.
Cette dimension de lalcoolisme est bien identifiée et reconnue de tous. Chaque année, on dénombre au total 37 000 décès par an à cause de lalcool. Il sagit de la 2ème cause de mortalité évitable.
Aujourdhui, ce qui nous intéresse plus particulièrement, cest labus dalcool qui ne conduit ni à livresse, ni même à la perception dun comportement à risque : ce sont les buveurs réguliers excessifs.
En effet, un quart des hommes et 9% des femmes de plus de 40 ans consomment quotidiennement de lalcool. Et la consommation régulière et excessive concerne 15% des hommes (dont 2% sont dépendants) et 3% des femmes.
Selon les baromètres santé de lINPES, la tendance inscrite depuis 2000 indique que, plus les hommes consomment régulièrement de lalcool, plus ils ont tendance à en minimiser les conséquences, et à écarter le risque pour eux-mêmes. La consommation à risque pour la santé, ce serait ainsi toujours celle de lautre, dun niveau supérieur à sa propre consommation. Cest bien cet état desprit que notre campagne entend faire changer.
Le point fort de cette campagne, cest quelle nous interpelle toutes et tous parce quelle décrit notre réalité. Nous connaissons tous autour de nous des hommes dans la force de lâge qui consomment au quotidien et en excès de lalcool. Pas suffisamment pour être ivres mais certainement assez pour en supporter les conséquences à long terme.
Il était donc légitime que cette campagne cible plus particulièrement les hommes de plus de 40 ans. Parce que la consommation régulière ou quotidienne dalcool savère presque inexistante avant 40 ans. Cela ne veut pas dire que les plus jeunes ne consomment pas. Non, leur consommation est différente, plus ponctuelle.
Nous devons donc nous mobiliser, pour sensibiliser les hommes de plus de 40 ans sur les risques dune consommation régulière et excessive : au-delà de 3 verres par jour, ils sont en danger ! Quant aux femmes, elles ne doivent pas dépasser deux verres par jour.
Notre campagne, intitulée « Boire un peu trop tous les jours cest mettre sa vie en danger », a pour but de sensibiliser très directement une frange importante de la population française, à travers une démarche de prévention ciblée. Elle sarticule autour dun film télévisé de 30 secondes, que nous allons regarder dans quelques instants. Son but est de marquer les esprits, de faire prendre conscience à chaque homme adulte de sa propre responsabilité, dans son rapport à sa santé et à autrui.
Le spot renvoie à deux dispositifs dinformation, daide et dorientation, accessibles à tous :
1) Le site alcoolinfoservice.fr, qui est le site internet de référence sur lalcool et la santé, destiné au grand public. Je tiens à préciser quil présente à chacun une information exhaustive, et quil propose un test en ligne que chacun peut faire pour sautoévaluer (anonyme).
2) Enfin, la ligne écoute alcool, joignable au 0 811 91 30 30, est là pour informer, soutenir, conseiller et orienter les personnes en difficulté ou qui se posent des questions ainsi que leurs proches, 7 jours sur 7, et cela sur une grande amplitude horaire, de 8 heures à 2 heures du matin.
Mesdames et Messieurs,
Vous avez bien compris que sensibiliser nos concitoyens, cest faire gagner la vie, cest engager les personnes à prendre leurs responsabilités pour être de véritables acteurs de leur santé, de leur bien-être et de celui de leurs proches. Car, vous le savez, en cette année 2011 des patients et de leurs droits, on ne peut faire valoir ses droits, sans être vigilants sur ses propres devoirs, pour sa propre santé, pour celle de ses proches et pour celle de tous.
Lun des droits des patients, cest dêtre aidés à se libérer des addictions. Au-delà de cette campagne qui vise à stimuler la responsabilité individuelle, je lance un appel à tous ceux qui souffrent de lalcool, mais aussi à tous ceux qui pourraient en souffrir.
Cest aussi pour cela que je voudrais exprimer tous mes remerciements et mes encouragements à lINPES, mais aussi aux bénévoles, aux associations qui oeuvrent contre labus dalcool.
Jai fait de la lutte contre ces addictions une des missions de mon ministère et un combat personnel. Vous connaissez mes prises de position contre le tabac, elles sont sans faille. Eh bien, jai exactement les mêmes contre la consommation excessive dalcool. Cest la raison pour laquelle je tenais à lancer personnellement cette campagne.
Merci de votre attention.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 15 mars 2011