Texte intégral
« La mémoire est l'avenir du passé », écrivait Paul Valéry.
Comment, alors, envisager l'avenir quand précisément la mémoire fait défaut ?
C'est là tout l'enjeu de la prise en charge des malades d'Alzheimer, un enjeu auquel nous devons apporter des réponses concrètes et efficaces, dans le respect de la dignité des malades.
C'est tout le sens de ce centre de l'amélioration de la mémoire que je suis très heureuse d'inaugurer aujourd'hui avec vous.
Nous le savons, la maladie d'Alzheimer et les maladies apparentées progressent inexorablement avec l'âge.
Ainsi, à partir de 85 ans, une femme sur 4 et un homme sur 5 sont touchés. Au total, ces pathologies concernent environ 800 000 personnes en France actuellement.
Au-delà de la souffrance des malades et de leur entourage, elles constituent un véritable défi - défi scientifique, un défi médical, mais aussi défi social et éthique.
Pour le relever, le Président de la République a lancé le 1er février 2008 le plan Alzheimer 2008-2012, plan doté de moyens spécifiques.
L'objectif est de mettre en place, sur l'ensemble du territoire, des mesures adaptées, susceptibles d'améliorer la prise en charge des patients et la qualité de vie de leur entourage.
C'est bien l'accompagnement des malades dans sa globalité, en effet, que nous devons repenser.
C'est ce que je m'étais efforcée de faire en tant que ministre de la santé, en lien étroit avec mes collègues alors concernés.
Trois ans après, un bilan d'étape de ce plan a été dressé le 22 février dernier et a mis en évidence des avancées majeures dans les trois domaines de la recherche, des soins et de l'accompagnement médico-social.
- pour la recherche, d'abord, un effort sans précédent - 200 millions d'euros sur 5 ans - a été consenti pour placer la France en pointe dans le domaine, et trouver ou valider un diagnostic ou un traitement.
Toutes et tous, je le sais, nous nourrissons l'espoir qu'une découverte scientifique et médicale soit faite prochainement pour remédier à cette maladie caractéristique de notre époque.
- dans le domaine sanitaire (200 millions d'euros) et médico-social (1,2 milliard d'euros), ensuite, le plan a d'ores et déjà permis d'améliorer la qualité de vie de la personne malade et de ses proches ;
- enfin, le plan a renforcé le maillage territorial des centres de diagnostic pour permettre à toute personne qui le souhaite d'accéder plus facilement à un diagnostic plus précoce et d'être mieux accompagnée après la délivrance de celui-ci.
En effet, à ce jour, le dépistage des risques des troubles cognitifs et de la mémoire et la stimulation des fonctions cognitives constituent le seul moyen de prévenir et de retarder les risques de la maladie d'Alzheimer.
Dès lors, il est impératif de diffuser l'information auprès du grand public et en particulier des personnes âgées. Ces dernières pourront ainsi faire en sorte de maintenir et de stimuler leurs activités cognitives, en suivant par exemple une consultation mémoire.
Sur ce point, nous disposons à présent de structures nombreuses et adaptées, depuis que le plan est entré en vigueur.
Les chiffres à eux seuls sont éloquents :
- 65 consultations mémoire ont été créées ;
- 202 consultations ont été renforcées ;
- et les deux centres mémoire de ressources et de recherche du Limousin et d'Auvergne ont été ouverts.
Au total, l'offre hospitalière compte 444 structures hospitalières offrant 507 points d'accueil.
Concrètement, cela signifie, chacun de nos concitoyens, quel que soit le territoire dans lequel il vit, dispose d'une consultation mémoire, à l'hôpital ou chez un spécialiste libéral, à proximité de son domicile.
Pleinement inscrit dans cette dynamique nationale, le centre d'amélioration de la mémoire que nous inaugurons ensemble en est la parfaite illustration.
Remarquablement géré par l'association de lutte contre la maladie d'Alzheimer et affections associées, association créée à l'initiative de la ville de Saint-Mandé, il articule trois dimensions essentielles :
- la mise en place d'une consultation dépistage des troubles cognitifs et de la mémoire par une équipe constituée d'un psychologue, d'un neuropsychologue et d'un médecin gériatre. Après des tests et examens approfondis, cette dernière formalise le diagnostic et prescrit, le cas échéant, une stratégie thérapeutique.
J'ajoute que cette consultation est déjà un succès, puisque, depuis l'ouverture du centre, 30 personnes y ont participé ! J'y vois un signe particulièrement encourageant.
- un atelier de la mémoire : en complément du traitement médical prescrit, il s'agit d'activités de stimulation cognitive et d'un entraînement de mémorisation et de réapprentissage des fonctions altérées à travers des tests, des exercices et des jeux ;
- des actions diversifiées d'information et de sensibilisation des personnes âgées et du grand public.
Je ne l'oublie pas, ce centre mémoire œuvre en lien étroit avec d'autres services complémentaires, que je veux également saluer comme ils le méritent : les services de soins de proximité, c'est-à-dire les centres de soins infirmiers, et les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD).
Ne nous y trompons pas : c'est bien dans cette coordination essentielle que réside l'avenir de la prise en charge des malades d'Alzheimer et aussi leur bien-être, que tous nous appelons de nos vœux.
Source http://www.dependance.gouv.fr, le 4 avril 2011