Texte intégral
Je suis très heureuse de pouvoir mexprimer devant vous à loccasion de ce comité méthodologique. Avant de commencer, je tenais à souhaiter la bienvenue à tous les membres de ce comité, et en particulier à ceux qui ont fait le déplacement depuis létranger.
Je me réjouis de voir que la réflexion avance sur la question des sports de nature, ces sports qui sont très largement plébiscités par les Européens et en particulier par les Français : un tiers des Français pratiquent des sports de nature et plus de 2 millions de licences sont délivrées chaque année dans ce domaine. Le développement de cette pratique a eu des répercussions économiques très positives : en France, 50 000 emplois sont liés aux sports de nature à titre principal et le double à titre occasionnel.
1. Afin daccompagner ce fort développement des sports de nature, la France a dès 2003 mis en place des Rencontres nationales du Tourisme et des Loisirs Sportifs de Nature (RTLSN).
En réalité, cet engouement pour les sports de nature peut sexpliquer par le désir des habitants des villes de renouer un lien avec la nature. Aujourdhui, les trois quart des Français vivent en ville et ils se montrent de plus en plus intéressés par la pratique dactivités dans un cadre naturel.
De nouvelles de formes de pratique sportive ont donc émergé et il nous est apparu quelles appelaient des politiques adaptées qui répondent à leurs enjeux propres.
Les sports de nature ont en effet comme particularité première de se pratiquer en dehors de toute infrastructure, au cur même de la nature, plus ou moins aménagée. Il en résulte plusieurs contraintes. Des contraintes de sécurité, de respect de lenvironnement, de respect du droit de propriété privée et de partage de lespace avec les autres usagers (agriculteurs, gestionnaires de territoires, promeneurs, etc.).
Ces contraintes penchent en faveur du développement dune pratique encadrée par des professionnels, bénéficiant dune bonne maîtrise de la gestion des risques, de lenvironnement, de la réglementation, etc. Aujourdhui, seuls 20% des pratiquants de sports de nature sont licenciés en France. Il y a donc une marge importante de progression, même si ce chiffre est à nuancer. Les sports de nature donnent en effet souvent lieu à une pratique occasionnelle non licenciée mais encadrée au sein dune structure commerciale (canyoning, séjour au ski, etc.).
Dans tous les cas, les rencontres nationales avaient comme objectif de structurer loffre existante afin de développer une pratique encadrée qui réponde à tous ces enjeux.
Depuis 2003, tous les acteurs concernés par le développement des sports de nature se sont donc retrouvés de manière annuelle pour :
- faire connaître et échanger des bonnes pratiques (gestion des risques, encadrement des pratiquants, etc.) ;
- favoriser la structuration de la filière du tourisme et des loisirs sportifs de nature ;
- et organiser la concertation avec lensemble des acteurs impactés par les sports de nature : élus, propriétaires et gestionnaires despaces, et plus largement lensemble des usagers de la nature.
Ces rencontres ont rassemblé à chaque édition entre 600 et 700 participants. Ce succès est dû à lengagement du Ministère des sports et de son Pôle Ressources National des Sports de Nature, mais aussi à la mobilisation constante à nos côtés des ministères chargés de lenvironnement, du tourisme et de laménagement du territoire. Je les en remercie.
2. Ayant bien avancé sur la structuration de notre réseau national, il nous a semblé pertinent douvrir une concertation européenne.
A/ Leuropéanisation des rencontres semblait simposer pour plusieurs raisons.
Les premières sont dordre politique ou réglementaire :
Le traité de Lisbonne ayant reconnu le sport comme une compétence de lUnion Européenne, il est désormais de notre responsabilité de donner corps à cette décision et de porter des projets devant la Commission. Lorsque jai rencontré la commissaire européenne aux sports (Androulla VASSILIOU) en janvier dernier, elle ma fait part de son intérêt pour ces rencontres. Elle ma notamment demandé de lui faire parvenir les actes des Nature & Sport Euromeet qui contiendront des préconisations communes aux différents Etats-membres.
Par ailleurs, les règlementations relatives aux sports de nature sinscrivent aujourdhui dans le respect des directives européennes. Je pense notamment à la mise en uvre des directives Natura 2000 qui impose une évaluation dincidences des activités sportives dans les zones classées.
La constitution dun réseau européen simposait également du fait de la mobilité des pratiquants.
48% des sportifs européens déclarent pratiquer dans des parcs ou des espaces naturels. Ces sportifs nhésitent pas à franchir les frontières pour partir à la découverte de nouveaux sites de pratique. Avec ses paysages variés et une offre sportive de qualité, la France est particulièrement attractive dans ce domaine.
B/ Dès lors, afin daccompagner le développement européen de cette pratique, il nous semblait intéressant de confronter nos différentes approches.
LAllemagne, la Norvège et la République Tchèque ont par exemple une approche scientifique, fondée sur une étroite collaboration avec les universités. LIrlande du Nord et lEspagne travaillent quant à elles sur la mise en relation des acteurs participant au développement des sports de nature. Enfin, pour parler de ce qui nous concerne, la France a développé des outils permettant par exemple dévaluer limpact économique ou environnemental des manifestations sportives de nature ou de mettre en place des plans de gestion des sports de nature à léchelle départementale. Les Rencontres européennes doivent nous permettre de mettre en lumière les avantages de chacune des ces organisations.
3. Plus largement, la première édition des Rencontres européennes a vocation à accompagner la structuration dun réseau européen des acteurs des sports de nature.
Ces rencontres seront loccasion de partager nos expériences entre pays européens. Il est en effet essentiel que la dimension déchange, qui était au cur des rencontres nationales, perdure au niveau européen.
A/ Les Euromeet permettront de mettre en lumière des initiatives prises dans toute lEurope. Notre objectif est de présenter une expérience sur deux issues dun pays autre que la France. Ainsi, une cinquantaine expériences étrangères nous sont remontées (sur 130 au total), la majorité émanant de pays européens et 7 donnant un aperçu de ce qui se fait dans les continents américain, africain et asiatique. La réunion daujourdhui permettre de choisir 12 expériences étrangères qui seront mises à lhonneur lors des rencontres doctobre prochain.
B/ Les Nature & Sport Euromeet seront également loccasion dexaminer 14 projets transfrontaliers qui participent à la création de liens durables entre pays européens. Je pense notamment à la mise en place dune formation commune au brevet professionnel de randonnées organisée entre les régions des Pyrénées et du nord de lEspagne. Le projet de grande traversée des Alpes est également un bon exemple de coopération entre des territoires frontaliers (Italie, Suisse, France). Les Euromeet doivent permettre daccélérer lémergence de ce type de collaboration.
C/ Enfin, si la France est à lorigine de la démarche, notre objectif est que tous les pays prennent pleinement leur place dans le réseau européen qui est en train de se constituer. Cest pour cette raison quil a été décidé que lappel à candidature pour lorganisation des secondes rencontres serait ouvert en 2013 à lensemble des pays membres de lUnion européenne. Nous espérons en outre mobiliser dès cette année nos partenaires européens et atteindre notre objectif davoir un tiers de participants étrangers en octobre prochain.
Je voudrais avant de terminer remercier Jean-Luc RIGAUT pour tout le travail effectué dans le cadre de lorganisation des Rencontres européennes à Annecy. Annecy est un territoire dexception pour les sports de nature. Et je crois que tout le monde sera daccord pour dire que ce nest pas un hasard si ce site est à la fois candidat pour lorganisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2018, la terre daccueil dune grappe dentreprises sur les sports de nature (Outdoor Sport Valley) et le lieu privilégié par des centaines de milliers de passionnés pour venir pratiquer le ski, la randonnée, la voile ou encore lescalade. Cest donc sur cette terre de sport que je vous donne rendez-vous en octobre prochain pour cet événement inédit des premières Rencontres européennes Nature & Sport.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 15 mars 2011