Déclaration de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports, sur le développement des sports de nature, des loisirs sportifs de nature et de tourisme, Paris le 8 mars 2011.

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Circonstance : Réunion du Comité méthodologique des rencontres européennes du tourisme et des loisirs sportifs de nature à Paris le 8 mars 2011

Texte intégral


Je suis très heureuse de pouvoir m’exprimer devant vous à l’occasion de ce comité méthodologique. Avant de commencer, je tenais à souhaiter la bienvenue à tous les membres de ce comité, et en particulier à ceux qui ont fait le déplacement depuis l’étranger.
Je me réjouis de voir que la réflexion avance sur la question des sports de nature, ces sports qui sont très largement plébiscités par les Européens et en particulier par les Français : un tiers des Français pratiquent des sports de nature et plus de 2 millions de licences sont délivrées chaque année dans ce domaine. Le développement de cette pratique a eu des répercussions économiques très positives : en France, 50 000 emplois sont liés aux sports de nature à titre principal et le double à titre occasionnel.
1. Afin d’accompagner ce fort développement des sports de nature, la France a dès 2003 mis en place des Rencontres nationales du Tourisme et des Loisirs Sportifs de Nature (RTLSN).
En réalité, cet engouement pour les sports de nature peut s’expliquer par le désir des habitants des villes de renouer un lien avec la nature. Aujourd’hui, les trois quart des Français vivent en ville et ils se montrent de plus en plus intéressés par la pratique d’activités dans un cadre naturel.
De nouvelles de formes de pratique sportive ont donc émergé et il nous est apparu qu’elles appelaient des politiques adaptées qui répondent à leurs enjeux propres.
Les sports de nature ont en effet comme particularité première de se pratiquer en dehors de toute infrastructure, au cœur même de la nature, plus ou moins aménagée. Il en résulte plusieurs contraintes. Des contraintes de sécurité, de respect de l’environnement, de respect du droit de propriété privée et de partage de l’espace avec les autres usagers (agriculteurs, gestionnaires de territoires, promeneurs, etc.).
Ces contraintes penchent en faveur du développement d’une pratique encadrée par des professionnels, bénéficiant d’une bonne maîtrise de la gestion des risques, de l’environnement, de la réglementation, etc. Aujourd’hui, seuls 20% des pratiquants de sports de nature sont licenciés en France. Il y a donc une marge importante de progression, même si ce chiffre est à nuancer. Les sports de nature donnent en effet souvent lieu à une pratique occasionnelle non licenciée mais encadrée au sein d’une structure commerciale (canyoning, séjour au ski, etc.).
Dans tous les cas, les rencontres nationales avaient comme objectif de structurer l’offre existante afin de développer une pratique encadrée qui réponde à tous ces enjeux.
Depuis 2003, tous les acteurs concernés par le développement des sports de nature se sont donc retrouvés de manière annuelle pour :
- faire connaître et échanger des bonnes pratiques (gestion des risques, encadrement des pratiquants, etc.) ;
- favoriser la structuration de la filière du tourisme et des loisirs sportifs de nature ;
- et organiser la concertation avec l’ensemble des acteurs impactés par les sports de nature : élus, propriétaires et gestionnaires d’espaces, et plus largement l’ensemble des usagers de la nature.
Ces rencontres ont rassemblé à chaque édition entre 600 et 700 participants. Ce succès est dû à l’engagement du Ministère des sports et de son Pôle Ressources National des Sports de Nature, mais aussi à la mobilisation constante à nos côtés des ministères chargés de l’environnement, du tourisme et de l’aménagement du territoire. Je les en remercie.
2. Ayant bien avancé sur la structuration de notre réseau national, il nous a semblé pertinent d’ouvrir une concertation européenne.
A/ L’européanisation des rencontres semblait s’imposer pour plusieurs raisons.
Les premières sont d’ordre politique ou réglementaire :
Le traité de Lisbonne ayant reconnu le sport comme une compétence de l’Union Européenne, il est désormais de notre responsabilité de donner corps à cette décision et de porter des projets devant la Commission. Lorsque j’ai rencontré la commissaire européenne aux sports (Androulla VASSILIOU) en janvier dernier, elle m’a fait part de son intérêt pour ces rencontres. Elle m’a notamment demandé de lui faire parvenir les actes des Nature & Sport Euro’meet qui contiendront des préconisations communes aux différents Etats-membres.
Par ailleurs, les règlementations relatives aux sports de nature s’inscrivent aujourd’hui dans le respect des directives européennes. Je pense notamment à la mise en œuvre des directives Natura 2000 qui impose une évaluation d’incidences des activités sportives dans les zones classées.
La constitution d’un réseau européen s’imposait également du fait de la mobilité des pratiquants.
48% des sportifs européens déclarent pratiquer dans des parcs ou des espaces naturels. Ces sportifs n’hésitent pas à franchir les frontières pour partir à la découverte de nouveaux sites de pratique. Avec ses paysages variés et une offre sportive de qualité, la France est particulièrement attractive dans ce domaine.
B/ Dès lors, afin d’accompagner le développement européen de cette pratique, il nous semblait intéressant de confronter nos différentes approches.
L’Allemagne, la Norvège et la République Tchèque ont par exemple une approche scientifique, fondée sur une étroite collaboration avec les universités. L’Irlande du Nord et l’Espagne travaillent quant à elles sur la mise en relation des acteurs participant au développement des sports de nature. Enfin, pour parler de ce qui nous concerne, la France a développé des outils permettant par exemple d’évaluer l’impact économique ou environnemental des manifestations sportives de nature ou de mettre en place des plans de gestion des sports de nature à l’échelle départementale. Les Rencontres européennes doivent nous permettre de mettre en lumière les avantages de chacune des ces organisations.
3. Plus largement, la première édition des Rencontres européennes a vocation à accompagner la structuration d’un réseau européen des acteurs des sports de nature.
Ces rencontres seront l’occasion de partager nos expériences entre pays européens. Il est en effet essentiel que la dimension d’échange, qui était au cœur des rencontres nationales, perdure au niveau européen.
A/ Les Euro’meet permettront de mettre en lumière des initiatives prises dans toute l’Europe. Notre objectif est de présenter une expérience sur deux issues d’un pays autre que la France. Ainsi, une cinquantaine expériences étrangères nous sont remontées (sur 130 au total), la majorité émanant de pays européens et 7 donnant un aperçu de ce qui se fait dans les continents américain, africain et asiatique. La réunion d’aujourd’hui permettre de choisir 12 expériences étrangères qui seront mises à l’honneur lors des rencontres d’octobre prochain.
B/ Les Nature & Sport Euro’meet seront également l’occasion d’examiner 14 projets transfrontaliers qui participent à la création de liens durables entre pays européens. Je pense notamment à la mise en place d’une formation commune au brevet professionnel de randonnées organisée entre les régions des Pyrénées et du nord de l’Espagne. Le projet de grande traversée des Alpes est également un bon exemple de coopération entre des territoires frontaliers (Italie, Suisse, France). Les Euro’meet doivent permettre d’accélérer l’émergence de ce type de collaboration.
C/ Enfin, si la France est à l’origine de la démarche, notre objectif est que tous les pays prennent pleinement leur place dans le réseau européen qui est en train de se constituer. C’est pour cette raison qu’il a été décidé que l’appel à candidature pour l’organisation des secondes rencontres serait ouvert en 2013 à l’ensemble des pays membres de l’Union européenne. Nous espérons en outre mobiliser dès cette année nos partenaires européens et atteindre notre objectif d’avoir un tiers de participants étrangers en octobre prochain.
Je voudrais avant de terminer remercier Jean-Luc RIGAUT pour tout le travail effectué dans le cadre de l’organisation des Rencontres européennes à Annecy. Annecy est un territoire d’exception pour les sports de nature. Et je crois que tout le monde sera d’accord pour dire que ce n’est pas un hasard si ce site est à la fois candidat pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2018, la terre d’accueil d’une grappe d’entreprises sur les sports de nature (Outdoor Sport Valley) et le lieu privilégié par des centaines de milliers de passionnés pour venir pratiquer le ski, la randonnée, la voile ou encore l’escalade. C’est donc sur cette terre de sport que je vous donne rendez-vous en octobre prochain pour cet événement inédit des premières Rencontres européennes Nature & Sport.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 15 mars 2011