Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Le président de la République, Nicolas SARKOZY, va aujourd'hui dans les Ardennes pour parler à nouveau de pouvoir d'achat, quatre ans et demi après le fameux discours du « travailler plus pour gagner plus ». On va parler de pouvoir d'achat, on va parler de logement, d'immobilier, parce que c'est quand même la première source de dépenses des ménages
BENOIST APPARU Des Français, oui
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Mais « travailler plus pour gagner plus », vous avez réussi cette promesse présidentielle ?
BENOIST APPARU Deux choses, vous avez aujourd'hui cinq millions de nos compatriotes qui bénéficient de l'exonération des heures supplémentaires, en moyenne, c'est 200 euros par mois de plus sur leur fiche de paie. Ça, c'est une augmentation très précise du pouvoir d'achat suite à une décision, que le président de la République et la majorité parlementaire ont prise dès le début du quinquennat, c'est le premier élément
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Cinq millions de gens
BENOIST APPARU Donc n'oublions pas tout ce qui a été fait parce qu'il y a aujourd'hui c'est vrai une tension sur les prix. Ça a été fait, ça marche. Premier élément. Et je rappelle d'ailleurs que le Parti socialiste propose de supprimer cette exonération-là sur les heures supplémentaires, ils iront l'expliquer aux millions de Français qui perdront ces 200 euros par mois. Premier élément. Deuxième élément, tout aussi important, n'oublions pas non plus qu'il y a eu entre ce discours de 2006, dans les Ardennes sur le « travailler plus pour gagner plus », une crise mondiale, la plus grave que nous ayons traversée depuis le début du siècle, et que, bien évidemment, nous avons dû prendre des mesures pour faire face à la crise. La France s'en est beaucoup mieux tirée que les autres pays, mais c'est vrai que de ce point de vue-là, nous avons traversé des périodes difficiles, et que bon nombre de nos compatriotes qui travaillaient ont perdu leur boulot, et donc perdu du pouvoir d'achat
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Enfin, la crise, elle a quelquefois bon dos, parce que pour beaucoup de salariés, quelquefois
BENOIST APPARU Eh bien, allez demander aux Espagnols, allez demander aux Grecs
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Quand on parle alors je sais que c'est un argument qui est utilisé par l'opposition
BENOIST APPARU Allez demander aux Irlandais si effectivement, la crise, elle a bon dos
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Oui, mais quand on dit par exemple que pour l'entreprise du CAC 40, les dividendes effectivement distribués sont de quarante milliards, vous êtes sensible à cet argument, puisque le président va peut-être annoncer une prime exceptionnelle pour les salariés, en tout cas, François BAROIN parlait de 1.000 euros
BENOIST APPARU Mais justement
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Dans les entreprises où les entreprises augmentent les dividendes des actionnaires.
BENOIST APPARU Juste un point, ce n'est pas la crise a bon dos, on a eu une période de crise, on s'en sort, tant mieux, et les entreprises
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Vous êtes sûr qu'on s'en sort ?
BENOIST APPARU Eh bien, j'en veux une preuve, le chiffre que vous venez d'annoncer, 80 milliards de bénéfices dans les entreprises du CAC40, quarante milliards distribués sous forme de dividendes aux actionnaires. Et nous, on tient simplement le discours suivant
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Eh bien donc, les salariés demandent, réclament leur part du gâteau quand même
BENOIST APPARU Eh bien, c'est bien la raison pour laquelle, parce qu'il nous parait normal que les salariés bénéficient également de ce retour des bénéfices, qu'ils bénéficient, à la hauteur du travail qu'ils fournissent, parce que les 80 milliards de bénéfices, c'est parce qu'il y a des salariés dans ces entreprises-là qui travaillent et qui, effectivement, produisent des résultats
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Alors, aidez-nous à comprendre, Benoist APPARU
BENOIST APPARU Et donc qu'ils aient un retour, c'est normal.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Aidez-nous à comprendre parce que, on a eu trois versions, on a eu celle de François BAROIN, le ministre du Budget, 1.000 euros obligatoires, entreprises qui distribuent des bénéfices, on a eu celle de Xavier BERTRAND, le ministre du Travail, on a eu celle de Christine LAGARDE, la ministre de l'Economie. Vous êtes plutôt BAROIN, LAGARDE ou BERTRAND ?
BENOIST APPARU Ecoutez, vous serez, je pense, rassuré cette semaine, et dans la semaine, vous aurez tout ce qu'il vous faut comme information
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce n'est pas aujourd'hui, ce n'est pas avec le président ?
BENOIST APPARU Ce n'est pas encore complètement tranché
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ah oui, c'est un cafouillage donc, vous êtes d'accord
BENOIST APPARU C'est encore en discussion. Mais ce n'est pas le cafouillage, ça fait deux jours effectivement que cette idée trois jours, pardon que cette idée a été lancée, annoncée par François BAROIN. Laissez-nous deux, trois jours pour caler les choses. Je pense que ce ne sera pas un drame. Et donc cette semaine
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Pour vous, la bonne solution, c'est laquelle ?
BENOIST APPARU Moi, il me semble que la bonne solution, c'est qu'il y ait effectivement une loi pour inciter vigoureusement
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Obliger, on va dire
BENOIST APPARU Les entreprises à verser cette prime, qu'ensuite, le montant en tant que tel de la prime doit être différent en fonction de l'entreprise, quand vous versez peu de dividendes ou quand vous versez beaucoup de dividendes, quand vous êtes une petite entreprise ou une grande entreprise, ce n'est pas nécessairement la même chose, donc il faut que ça tourne autour de 1.000 euros. Et il faut bien évidemment que ça concerne les entreprises qui reversent des dividendes à leurs actionnaires en augmentation par rapport à l'année dernière. Donc le cadrage général, il existe, il n'y a pas de cafouillage, il y a simplement une mesure qu'il faut préciser, qu'il faut discuter, et ensuite, notre volonté, c'est que, bien évidemment, en fonction de la réalité de l'entreprise, ça puisse être discuté.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Qu'est-ce qu'on dit aux salariés qui n'ont ni d'heures supplémentaires et qui ne sont pas dans les entreprises qui distribuent, qui augmentent les dividendes distribués, qu'est-ce qu'on leur dit à eux ?
BENOIST APPARU Il y a eux, et puis, il y a surtout ceux qui sont par exemple au chômage, ceux qui ne sont pas dans le cas de figure que l'on vient d'évoquer, c'est qu'ils sont probablement dans une entreprise qui ne fait pas de dividendes, enfin, qui ne verse pas de dividendes, donc qui ne doit pas faire de bénéfices
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ou qui n'augmente pas ses dividendes
BENOIST APPARU Quand vous avez une entreprise qui ne fait pas de bénéfices, il lui est difficile de distribuer ce qu'elle ne gagne pas. Et vous ne pouvez pas avoir un retour, entre guillemets, aux bénéfices des salariés quand l'entreprise n'a pas de bénéfices. Mais nous leur disons quand même, il y aura cette année une augmentation du Smic, qui vous permettra de maintenir votre pouvoir d'achat, c'est-à-dire que le Smic va augmenter à la hauteur de l'inflation pour que les gens ne perdent pas de pouvoir d'achat. Je voudrais surtout rappeler une chose sur le pouvoir d'achat, je sais que ceux qui vont m'entendre, et notamment, je pense à ceux qui ont perdu un emploi, qui sont au chômage ou qui travaillent des difficultés, auront du mal à entendre cette formule-là : mais oui, le pouvoir d'achat augmente en France, de façon continue depuis que Nicolas SARKOZY a été élu pr??sident de la République. Le pouvoir d'achat, il augmente dans notre pays. En tout cas, les chiffres de l'INSEE nous le disent depuis quatre ans et demi.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Vous parliez des chômeurs, des gens qui n'ont pas d'activité. On entend justement depuis quelques jours une petite musique à droite, celle de dire, les assistés, y en a marre, il faut qu'ils rendent une contrepartie. Par exemple, Laurent WAUQUIEZ, qui est aujourd'hui secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, mais qui a une expertise de l'emploi, propose, lui, qu'on les oblige par exemple les allocataires du RSA, qui n'ont pas d'activité complémentaire qu'on les oblige à effectuer quelques heures d'intérêt général, pour justifier la solidarité dont ils bénéficient. C'est une bonne idée ou c'est idiot ?
BENOIST APPARU Pour moi c'est une excellente idée. Je suis, par principe, contre l'assistanat. Soyons très concrets là encore. On sait tous que les principes éducatifs que l'on reçoit dans notre enfance, dans notre jeunesse, guident notre vie, par la suite. Mettez-vous dans la situation d'un enfant qui va vivre dans une famille où le père et la mère sont au RSA ou au RMI, et qui va développer sa jeunesse, qui va se développer, dans ce cadre-là, est-ce que vous pensez qu'il ne reproduira pas le schéma derrière ? L'assistanat est un danger pour ces jeunes-là. Et donc oui, je considère comme normal, que celui qui bénéficie de la solidarité nationale, donne quelque chose en retour. Alors c'est toujours très compliqué à organiser
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce n'est pas un peu faire la morale ça ?
BENOIST APPARU Ce n'est pas faire la morale du tout, ce n'est pas du tout faire la morale. Je répète mon exemple. Quand vous avez un enfant qui va passer toute sa jeunesse, toute son enfance, dans une famille où on ne travaille pas, où on reste à la maison, il voudra reproduire ce schéma-là parce qu'il aura été éduqué comme ça. Ce n'est pas une bonne solution pour lui, ce n'est pas un bon principe éducatif pour lui.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Donc cette idée de Laurent WAUQUIEZ vous la soutenez, c'est-à-dire faire travailler quelques heures d'intérêt général les allocataires du RSA ?
BENOIST APPARU Moi cette idée qui consiste à dire que les allocataires du RSA, qui bénéficient de la solidarité nationale, c'est-à-dire qui vivent parce que nous, nous travaillons et nous versons des impôts, il me paraît normal qu'ils donnent en retour à la société quelque chose. Dans une société équilibrée il y a forcément des droits et il y a forcément des devoirs. Les droits c'est quand on n'a pas d'argent, quand on n'a pas de travail, de bénéficier de la solidarité via le RSA, et les devoirs c'est effectivement de rendre en partie, à la société, ce qu'elle nous donne. Ça me paraît une évidence.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ça ne va pas être trop compliqué à organiser ça, il va falloir trouver ces quelques heures de travaux d'intérêt général.
BENOIST APPARU C'est effectivement très compliqué à organiser, donc là encore, reste à définir les modalités, et c'est typiquement, me semble-t-il, un débat qu'il nous faudra porter pendant l'élection présidentielle. Parce que c'est un enjeu de société très important. Quand vous allez voir des artisans, des commerçants, des professions libérales, des salariés, qui travaillent, et qui ont le sentiment de moins bien vivre que celui qui vit juste à côté dans la maison, et qui lui ne travaille pas, ça pose un problème de société, il faut y répondre.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Nicolas SARKOZY est dans les Ardennes. A Charleville-Mézières, dans son discours sur le « travailler plus pour gagner plus », il y avait aussi une phrase que j'ai notée pour vous, « je veux que d'ici à 2 ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir », on va donc évidemment parler des sans-abri, des sans domicile fixe, de l'immobilier, avec vous, dans un instant. /
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 avril 2011
BENOIST APPARU Des Français, oui
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Mais « travailler plus pour gagner plus », vous avez réussi cette promesse présidentielle ?
BENOIST APPARU Deux choses, vous avez aujourd'hui cinq millions de nos compatriotes qui bénéficient de l'exonération des heures supplémentaires, en moyenne, c'est 200 euros par mois de plus sur leur fiche de paie. Ça, c'est une augmentation très précise du pouvoir d'achat suite à une décision, que le président de la République et la majorité parlementaire ont prise dès le début du quinquennat, c'est le premier élément
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Cinq millions de gens
BENOIST APPARU Donc n'oublions pas tout ce qui a été fait parce qu'il y a aujourd'hui c'est vrai une tension sur les prix. Ça a été fait, ça marche. Premier élément. Et je rappelle d'ailleurs que le Parti socialiste propose de supprimer cette exonération-là sur les heures supplémentaires, ils iront l'expliquer aux millions de Français qui perdront ces 200 euros par mois. Premier élément. Deuxième élément, tout aussi important, n'oublions pas non plus qu'il y a eu entre ce discours de 2006, dans les Ardennes sur le « travailler plus pour gagner plus », une crise mondiale, la plus grave que nous ayons traversée depuis le début du siècle, et que, bien évidemment, nous avons dû prendre des mesures pour faire face à la crise. La France s'en est beaucoup mieux tirée que les autres pays, mais c'est vrai que de ce point de vue-là, nous avons traversé des périodes difficiles, et que bon nombre de nos compatriotes qui travaillaient ont perdu leur boulot, et donc perdu du pouvoir d'achat
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Enfin, la crise, elle a quelquefois bon dos, parce que pour beaucoup de salariés, quelquefois
BENOIST APPARU Eh bien, allez demander aux Espagnols, allez demander aux Grecs
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Quand on parle alors je sais que c'est un argument qui est utilisé par l'opposition
BENOIST APPARU Allez demander aux Irlandais si effectivement, la crise, elle a bon dos
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Oui, mais quand on dit par exemple que pour l'entreprise du CAC 40, les dividendes effectivement distribués sont de quarante milliards, vous êtes sensible à cet argument, puisque le président va peut-être annoncer une prime exceptionnelle pour les salariés, en tout cas, François BAROIN parlait de 1.000 euros
BENOIST APPARU Mais justement
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Dans les entreprises où les entreprises augmentent les dividendes des actionnaires.
BENOIST APPARU Juste un point, ce n'est pas la crise a bon dos, on a eu une période de crise, on s'en sort, tant mieux, et les entreprises
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Vous êtes sûr qu'on s'en sort ?
BENOIST APPARU Eh bien, j'en veux une preuve, le chiffre que vous venez d'annoncer, 80 milliards de bénéfices dans les entreprises du CAC40, quarante milliards distribués sous forme de dividendes aux actionnaires. Et nous, on tient simplement le discours suivant
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Eh bien donc, les salariés demandent, réclament leur part du gâteau quand même
BENOIST APPARU Eh bien, c'est bien la raison pour laquelle, parce qu'il nous parait normal que les salariés bénéficient également de ce retour des bénéfices, qu'ils bénéficient, à la hauteur du travail qu'ils fournissent, parce que les 80 milliards de bénéfices, c'est parce qu'il y a des salariés dans ces entreprises-là qui travaillent et qui, effectivement, produisent des résultats
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Alors, aidez-nous à comprendre, Benoist APPARU
BENOIST APPARU Et donc qu'ils aient un retour, c'est normal.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Aidez-nous à comprendre parce que, on a eu trois versions, on a eu celle de François BAROIN, le ministre du Budget, 1.000 euros obligatoires, entreprises qui distribuent des bénéfices, on a eu celle de Xavier BERTRAND, le ministre du Travail, on a eu celle de Christine LAGARDE, la ministre de l'Economie. Vous êtes plutôt BAROIN, LAGARDE ou BERTRAND ?
BENOIST APPARU Ecoutez, vous serez, je pense, rassuré cette semaine, et dans la semaine, vous aurez tout ce qu'il vous faut comme information
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce n'est pas aujourd'hui, ce n'est pas avec le président ?
BENOIST APPARU Ce n'est pas encore complètement tranché
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ah oui, c'est un cafouillage donc, vous êtes d'accord
BENOIST APPARU C'est encore en discussion. Mais ce n'est pas le cafouillage, ça fait deux jours effectivement que cette idée trois jours, pardon que cette idée a été lancée, annoncée par François BAROIN. Laissez-nous deux, trois jours pour caler les choses. Je pense que ce ne sera pas un drame. Et donc cette semaine
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Pour vous, la bonne solution, c'est laquelle ?
BENOIST APPARU Moi, il me semble que la bonne solution, c'est qu'il y ait effectivement une loi pour inciter vigoureusement
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Obliger, on va dire
BENOIST APPARU Les entreprises à verser cette prime, qu'ensuite, le montant en tant que tel de la prime doit être différent en fonction de l'entreprise, quand vous versez peu de dividendes ou quand vous versez beaucoup de dividendes, quand vous êtes une petite entreprise ou une grande entreprise, ce n'est pas nécessairement la même chose, donc il faut que ça tourne autour de 1.000 euros. Et il faut bien évidemment que ça concerne les entreprises qui reversent des dividendes à leurs actionnaires en augmentation par rapport à l'année dernière. Donc le cadrage général, il existe, il n'y a pas de cafouillage, il y a simplement une mesure qu'il faut préciser, qu'il faut discuter, et ensuite, notre volonté, c'est que, bien évidemment, en fonction de la réalité de l'entreprise, ça puisse être discuté.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Qu'est-ce qu'on dit aux salariés qui n'ont ni d'heures supplémentaires et qui ne sont pas dans les entreprises qui distribuent, qui augmentent les dividendes distribués, qu'est-ce qu'on leur dit à eux ?
BENOIST APPARU Il y a eux, et puis, il y a surtout ceux qui sont par exemple au chômage, ceux qui ne sont pas dans le cas de figure que l'on vient d'évoquer, c'est qu'ils sont probablement dans une entreprise qui ne fait pas de dividendes, enfin, qui ne verse pas de dividendes, donc qui ne doit pas faire de bénéfices
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ou qui n'augmente pas ses dividendes
BENOIST APPARU Quand vous avez une entreprise qui ne fait pas de bénéfices, il lui est difficile de distribuer ce qu'elle ne gagne pas. Et vous ne pouvez pas avoir un retour, entre guillemets, aux bénéfices des salariés quand l'entreprise n'a pas de bénéfices. Mais nous leur disons quand même, il y aura cette année une augmentation du Smic, qui vous permettra de maintenir votre pouvoir d'achat, c'est-à-dire que le Smic va augmenter à la hauteur de l'inflation pour que les gens ne perdent pas de pouvoir d'achat. Je voudrais surtout rappeler une chose sur le pouvoir d'achat, je sais que ceux qui vont m'entendre, et notamment, je pense à ceux qui ont perdu un emploi, qui sont au chômage ou qui travaillent des difficultés, auront du mal à entendre cette formule-là : mais oui, le pouvoir d'achat augmente en France, de façon continue depuis que Nicolas SARKOZY a été élu pr??sident de la République. Le pouvoir d'achat, il augmente dans notre pays. En tout cas, les chiffres de l'INSEE nous le disent depuis quatre ans et demi.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Vous parliez des chômeurs, des gens qui n'ont pas d'activité. On entend justement depuis quelques jours une petite musique à droite, celle de dire, les assistés, y en a marre, il faut qu'ils rendent une contrepartie. Par exemple, Laurent WAUQUIEZ, qui est aujourd'hui secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, mais qui a une expertise de l'emploi, propose, lui, qu'on les oblige par exemple les allocataires du RSA, qui n'ont pas d'activité complémentaire qu'on les oblige à effectuer quelques heures d'intérêt général, pour justifier la solidarité dont ils bénéficient. C'est une bonne idée ou c'est idiot ?
BENOIST APPARU Pour moi c'est une excellente idée. Je suis, par principe, contre l'assistanat. Soyons très concrets là encore. On sait tous que les principes éducatifs que l'on reçoit dans notre enfance, dans notre jeunesse, guident notre vie, par la suite. Mettez-vous dans la situation d'un enfant qui va vivre dans une famille où le père et la mère sont au RSA ou au RMI, et qui va développer sa jeunesse, qui va se développer, dans ce cadre-là, est-ce que vous pensez qu'il ne reproduira pas le schéma derrière ? L'assistanat est un danger pour ces jeunes-là. Et donc oui, je considère comme normal, que celui qui bénéficie de la solidarité nationale, donne quelque chose en retour. Alors c'est toujours très compliqué à organiser
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce n'est pas un peu faire la morale ça ?
BENOIST APPARU Ce n'est pas faire la morale du tout, ce n'est pas du tout faire la morale. Je répète mon exemple. Quand vous avez un enfant qui va passer toute sa jeunesse, toute son enfance, dans une famille où on ne travaille pas, où on reste à la maison, il voudra reproduire ce schéma-là parce qu'il aura été éduqué comme ça. Ce n'est pas une bonne solution pour lui, ce n'est pas un bon principe éducatif pour lui.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Donc cette idée de Laurent WAUQUIEZ vous la soutenez, c'est-à-dire faire travailler quelques heures d'intérêt général les allocataires du RSA ?
BENOIST APPARU Moi cette idée qui consiste à dire que les allocataires du RSA, qui bénéficient de la solidarité nationale, c'est-à-dire qui vivent parce que nous, nous travaillons et nous versons des impôts, il me paraît normal qu'ils donnent en retour à la société quelque chose. Dans une société équilibrée il y a forcément des droits et il y a forcément des devoirs. Les droits c'est quand on n'a pas d'argent, quand on n'a pas de travail, de bénéficier de la solidarité via le RSA, et les devoirs c'est effectivement de rendre en partie, à la société, ce qu'elle nous donne. Ça me paraît une évidence.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ça ne va pas être trop compliqué à organiser ça, il va falloir trouver ces quelques heures de travaux d'intérêt général.
BENOIST APPARU C'est effectivement très compliqué à organiser, donc là encore, reste à définir les modalités, et c'est typiquement, me semble-t-il, un débat qu'il nous faudra porter pendant l'élection présidentielle. Parce que c'est un enjeu de société très important. Quand vous allez voir des artisans, des commerçants, des professions libérales, des salariés, qui travaillent, et qui ont le sentiment de moins bien vivre que celui qui vit juste à côté dans la maison, et qui lui ne travaille pas, ça pose un problème de société, il faut y répondre.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Nicolas SARKOZY est dans les Ardennes. A Charleville-Mézières, dans son discours sur le « travailler plus pour gagner plus », il y avait aussi une phrase que j'ai notée pour vous, « je veux que d'ici à 2 ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir », on va donc évidemment parler des sans-abri, des sans domicile fixe, de l'immobilier, avec vous, dans un instant. /
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 avril 2011