Interview de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle, à I-Télé le 21 avril 2011, sur la préparation de l'élection présidentielle 2012, les résultats des sondages sur les intentions de vote des Français et la suppression de la taxe professionnelle.

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Média : I-télévision

Texte intégral

MICHAEL DARMON Tout d'abord, on va bien sûr évoquer, l'apprentissage et vos sujets, de votre ministère. Mais pour l'instant, ce matin, l'actualité, c'est le 21 avril. Nous sommes le 21 avril, et aujourd'hui, le sondage publié par LE PARISIEN dit : ça va se reproduire ? Dans tous les cas de figure, Marine LE PEN est au second tour, sauf si Nicolas SARKOZY est opposé à Ségolène ROYAL. Qu'est-ce que vous en pensez ? 

NADINE MORANO Je pense, que comme vous le savez, les sondages un an à l'avance ne veulent strictement rien dire. Et je dirais même pire, c'est que l'histoire, nous a démontrée que c'était la photographie inverse qui se produisait au moment de l'élection présidentielle. Donc nous ne sommes pas encore en campagne...

MICHAEL DARMON A ceci près, excusez-moi, que lors du dernier quinquennat, pendant 3-4 ans, les sondages ont donné Nicolas SARKOZY toujours en tête, et là, les sondages ne se trompaient pas, c'était très bien. 

NADINE MORANO Ce n'était pas la même configuration. Nous étions dans une configuration où deux personnalités politiques étaient en situation de s'affronter, c'est ce qui a été le cas. Puisque Ségolène ROYAL a gagné la primaire du Parti socialiste, nous étions, là non plus, vers une candidature de Jacques CHIRAC, mais de Nicolas SARKOZY qui enregistrait d'excellents bons sondages, alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Donc ces sondages portaient d'abord sur son action et c'est vrai qu'au fur et à mesure de la compétition présidentielle, il l'a emportée. Mais je peux vous dire que dans une configuration telle que nous connaissons, et parce que je pense que l'histoire ne se répète pas, à l'identique dans les situations qu'on a peu connaître. La seule chose qu'on peut observer c'est qu'à chaque fois, qu'on a eu à connaître des sondages, ce n'est pas la réalité de ce qui s'est passé. 

MICHAEL DARMON Non, mais ça veut dire quand même quelque chose, ça reflète une réalité politique, vous connaissez parfaitement aussi ce terrain de l'électorat populaire, de ces Français qui... 

NADINE MORANO Oui, je le connais parfaitement et moi, je peux vous dire, Michael DARMON, je peux vous dire que quand je rentre... 

MICHAEL DARMON Justement quel reflet politique y a-t-il ? 

NADINE MORANO Quand je rentre à Toul et que je vais dans ma région, ou lorsque je fais du terrain, comme mardi, à Marseille où cet après-midi, lorsque j'irai à Montpellier. Lorsque je discute avec les gens, jamais, jamais, vous m'entendez, jamais personne ne commande de sondage, mais chacun des interlocuteurs que je rencontre, est toujours, enfin les sujets qui les préoccupes, c'est-à-dire l'avenir de leur enfant, l'emploi, l'immobilier, se loger, se chauffer, le coût de l'énergie, ça, ce sont vraiment des sujets sur lesquels on vous interpelle. Mais je crois que les Français n'attendent pas, de leur gouvernant...

MICHAEL DARMON Et beaucoup ont dit apparemment, lors de la dernière campagne, je ne voterai pas pour Nicolas SARKOZY, on nous a déçu...

NADINE MORANO Oui, mais monsieur DARMON, non, mais ça, ça abuse le microcosme politique et surtout le microcosme médiatique. 

MICHAEL DARMON Dont vous faites partie également ? 

NADINE MORANO Non, non, mais médiatique, s'agissant des sondages. Moi, je suis membre d'un gouvernement, j'ai une mission qui est de travailler jusqu'au dernier jour. Et je le ferai comme cela et le président de la République est exactement dans la même disposition d'esprit. Il a été élu et il a très clairement dit : je travaillerai du premier jour au dernier. Et donc nous devons être dans des années utiles. On n'est pas à se à poser la question tous les matins, puisque vous avez des sondages tous les deux jours, à se dire : oh ! Lalalala, untel est devant, untel est deuxième, untel est troisième...

MICHAEL DARMON Comme les politiques d'ailleurs qui en consomment absolument autant. Guillaume TABARD. 

NADINE MORANOT out le monde s'en fiche. Non, mais je vous le dis très concrètement, voilà ! 

MICHAEL DARMON Oui, oui, parce qu'on a encore une question là-dessus, justement, c'est intéressant. 

GUILLAUME TABARD Même si on oublie les sondages, est-ce que vous constatez ou est-ce que vous craignez qu'il y ait aujourd'hui du désamour entre les Français et Nicolas SARKOZY ? 

NADINE MORANO Mais est-ce qu'un responsable politique, un chef de l'Etat doit être aimé ? Je crois que d'abord un chef de l'Etat...

GUILLAUME TABARD Il doit avoir la confiance de la population. 

NADINE MORANO Un chef de l'Etat, il doit avoir le courage de réformer. Moi, ce que je constate aujourd'hui, c'est que vous savez, dans cette plaquette, là, qui a été distribué à tous les Français « mon projet »...

GUILLAUME TABARD C'est le projet de Nicolas SARKOZY en 2007. 

NADINE MORANO On pourra d'ailleurs en reparler sur le pouvoir d'achat. Parce que vous dites beaucoup de choses, dans les médias qui sont parfaitement fausses, s'agissant de ce que disait Nicolas SARKOZY sur le pouvoir d'achat. On y reviendra si vous voulez. Et donc moi, quand je constate, ce Invités du qui a été fait, et je le ferais, comme je l'ai fait l'année dernière, c'est-à-dire qu'au titre de l'UMP dans tous les fédérations, avec les parlementaires, nous organiserons des réunions, avec les militants, les sympathisants, pour faire le bilan de ce que nous avons déjà fait en 4 ans. Et je peux vous dire que 90 % du projet, pour lesquels les Français ont voté, ont été réalisés en matière de réformes. Et si aujourd'hui, nous ne sommes pas déclassés par les agences de notations, puisque la France est encore en triple A, c'est parce que nous avons eu le courage de faire les réformes nécessaires. Avec 32 milliards d'euros de déficit, nous avons eu le courage de faire la réforme des retraites, nous avons aussi le courage de continuer cette politique de réduction des déficits publics qui consiste à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. Alors je vous l'accorde, c'est tellement plus facile d'avoir un programme comme celui des Verts qui vous dit : nous, nous proposons la semaine de travail de 4 jours, plus la légalisation du cannabis. Le paradis artificiel, mais ce n'est pas crédible. Donc pour être crédible, pour être crédible, vous savez quand vous avez...

MICHAEL DARMON Pourquoi alors le Front national est-il aussi fort dans les sondages, dans les élections et dans les urnes ...

GUILLAUME TABARD Dans les urnes. 

NADINE MORANO Mais parce que monsieur DARMON, vous appelle à ne pas avoir, une analyse stricto franco-française. Regardez ce qui se passe dans l'ensemble de l'Union européenne et dans l'ensemble des forces politiques. On sent un déplacement de l'échiquier politique vers la droite. Et même également vers les extrêmes. Ce qui veut dire que les concitoyens sont en attente de profondes réformes de maîtrise de l'immigration. On l'entend, je vous le dis quand je suis allée à Marseille, je l'ai entendu très fortement, de maîtrise de l'immigration, de respect, d'autorité et je crois que nous venons de traverser une crise séculaire. Chacun s'accorde à l'accorder, enfin à la reconnaître. Et en fait, on s'aperçoit de quoi ? C'est que la France a mieux résisté que les autres pays, mais ça, j'aimerais que vous le disiez en en faisant l'analyse internationale. C'est ça qui compte. Et donc aujourd'hui, c'est vrai que nous avons eu à assumer, notamment le président de la République, une crise économique et financière majeure, une crise aussi, dans les pays arabes majeurs, qui ont amené comme vous l'avez vu, aussi, à une montée des prix du baril de pétrole de manière importante. Toutes ces crises économiques et financières ont amené aussi à une déstabilisation des prix, des matières premières, à une volatilité. Donc tout cela nous amène et le président de la République évidemment qui est en première ligne à être en initiative pour lutter contre la crise économique et financière. C'est lui qui a été à l'origine de Pittsburg, avec l'ordre du jour de la présidence du G20. Alors je peux vous dire qu'aujourd'hui, aujourd'hui, le Front national lorsque nous arriverons dans la campagne électorale. Lorsque nous parlerons projet contre projet et là, c'est bien, parce que moi, après je vais vous parler de l'emploi des jeunes. Et lorsque vous voyez le programme du Parti socialiste qui revient aux recettes d'il y a 25 ans, il y a 20 ans, sur les emplois jeunes financés par l'argent public. Nous, nous avons une conviction qui est totalement différente, qui est d'insérer les jeunes dans le mode économique et dans l'entreprise. 

MICHAEL DARMON Nadine MORANO avant d'arriver, effectivement à ces sujets, quand même deux autres questions. Hervé MARITON et Alain LAMASSOURE qui, je crois, ne sont pas des journalistes demandent qu'il y ait une organisation de primaires au sein de l'UMP de manière à désigner un candidat unique, de façon à éviter encore un 21 avril à droite. Ce qui est au fond une manière de dire : Nicolas SARKOZY n'est pas notre candidat obligatoire ? 

NADINE MORANO Mais vous aurez toujours une voix ou l'autre sur 365 députés qui vont s'exprimer...

MICHAEL DARMON C'est marginal pour vous ? 

NADINE MORANO Mais c'est totalement marginal, évidemment. Nous avons, nous, à l'UMP, une famille politique, nous avons un leader, nous avons un candidat naturel. Donc la question des primaires ne se pose même pas. 

MICHAEL DARMON Et pourtant elle est posée dans les statuts de l'UMP, Nadine MORANO ? Il est obligatoire, même pour le président sortant de se présenter à la primaire, c'est un statut de l'UMP, que lui-même a fait voter ? 

NADINE MORANO Mais évidemment, mais attendez, mais Nicolas SARKOZY a toujours dit qu'il s'imposerait à lui-même en étant candidat sortant, de participer devant les militants, à ce que les militants choisissent. Et moi...

MICHAEL DARMON Donc il y aura des primaires à l'UMP ? 

NADINE MORANO Mais une primaire à l'UMP, Nicolas SARKOZY sollicitera les suffrages des militants à l'UMP. Et moi, je peux vous dire...

GUILLAUME TABARD C'est sûr ça ? 

NADINE MORANO Ecoutez, enfin c'est tellement, enfin je vais vous dire, c'est tellement notre candidat naturel, comment peut-on imaginer...

MICHAEL DARMON Oui, mais là vous dites deux choses ! Vous dites candidat naturel, on est d'accord, mais sur le plan statutaire vous dites...

NADINE MORANO Oui, il est candidat naturel. 

MICHAEL DARMON Qu'il y aura donc des primaires à l'UMP ? 

GUILLAUME TABARD Il y aura un vote, il y aura un vote des adhérents ? 

NADINE MORANOIl y aura une sollicitation des militants et Nicolas SARKOZY a toujours été de cette manière respectueux à la fois des statuts et respectueux aussi, d'avoir l'aval et le soutien des militants. Et pour faire le tour des fédérations puisque je le fais à chacun de mes déplacements, je peux vous dire que contrairement à ce que j'entends et là, les sondages, en revanche, le disent aussi, c'est que Nicolas SARKOZY a un soutien absolument majeur des militants, des sympathisants de l'UMP. Parce qu'ils connaissent la difficulté que le président a à gérer, avec toutes les crises que nous avons eu à supporter et la manière dont il tient le cap et donc nous continuerons. 

GUILLAUME TABARD Vous avez parlé de propositions marginales à propos d'Hervé MARITON et Alain LAMASSOURE, est-ce que la démarche de Jean- Louis BORLOO est également marginale ? 

NADINE MORANO Alors si vous voulez, Jean-Louis BORLOO c'est totalement contradictoire dans son attitude. C'est-à-dire que voilà quelqu'un qui fait une émission de télé, et qui nous dit qu'il va quitter l'UMP, et qui deux jours après, enfin non, son émission était le jeudi et le mardi d'après, il vient à la réunion du groupe UMP de notre groupe parlementaire, se met au premier rang, donc participe à cette réunion, parce que ne l'oblige à venir à la réunion du groupe UMP. Il vient à cette réunion et pire, il applaudit le Premier ministre lorsque le Premier ministre parle d'unité. 

NADINE MORANO Donc si vous voulez, je trouve que sa démarche est totalement incohérente et que Jean-Louis BORLOO, qui au cours de cette émission a vanté à de nombreuses reprises, puisque je l'ai écouté, les qualités du président de la République, reconnaissant lui-même que pour la première fois - et c'est exceptionnel dans le monde - on avait confié à un gouvernement un ministère avec de larges compétences en termes d'environnement puisqu'il a été amené à faire le Grenelle de l'environnement - il l'en remerciait ; je ne vois pas comment on peut participer à un gouvernement pendant quatre ans, aux côtés du président de la République et après dire : « Oui, mais en même temps, vous voyez moi je me verrais bien faire autre chose ». Ce n'est pas cohérent. 

MICHAEL DARMON Parce qu'entre-temps peut-être que la droite a évolué d'une manière au fond à laquelle peut-être beaucoup de centristes ou de gens de l'UMP qui est également la droite et du centre ne se reconnaissent pas au fond. 

NADINE MORANO Non, c'est totalement faux. 

MICHAEL DARMON Est-ce qu'il n'y a pas aujourd'hui une UMP qui est sur le point d'éclater si Jean-Louis BORLOO quitte l'UMP ? 

NADINE MORANO Non. Non parce que si vous regardez le bilan de ce qui a été fait avec cette majorité parlementaire, entre la mise en place du RSA, entre toutes les mesures sociales qui ont été prises à l'issue du sommet social pour aider les familles à traverser cette crise - je pense par exemple aux 6 millions de contribuables qui n'ont pas payé les deux tiers d'impôt sur le revenu - je pense, moi, à la prime exceptionnelle de 150 euros qui ont été versés aux familles qui sont au niveau de l'ARS, un budget quand même de 450 millions d'euros. 

MICHAEL DARMON Et la nouvelle prime qui doit être maintenant versée dans les entreprises, vous trouvez que c'est un bon dispositif ? 

NADINE MORANO Evidemment ! Parce que nous faisons une politique équilibrée. 

MICHAEL DARMON Parce que les patrons des PME trouvent que ce n'est vraiment pas bien que l'État se mêle de la vie des entreprises. 

NADINE MORANO Oui, mais on ne peut pas avoir un seul discours. Dans un pays, il faut avoir une politique équilibrée. Nous avons supprimé la taxe professionnelle dans ce pays pour justement aider les entreprises à pouvoir investir. C'est 6 milliards d'euros qui n'ont pas été ponctionnés sur les entreprises l'année dernière, donc nous avons supprimé cette taxe professionnelle qui était une attente très forte et justifiée d'ailleurs des entreprises. Nous avons également mis en place et renforcé le crédit impôt recherche pour les entreprises parce que nous pensons que l'innovation est un facteur majeur pour les aider à avancer dans l'exercice de leur entreprise. Nous avons pris des mesures pour aider les entreprises à travers aussi le plan de relance parce que nous avons misé dans le cadre du plan de relance justement par l'emploi directement dans tous les bassins de vie. C'était ça, le plan de relance : aider les PME. 

MICHAEL DARMON C'est ce qu'a montré hier Nicolas SARKOZY en retournant dans les Ardennes ? 

NADINE MORANO En revanche... 

MICHAEL DARMON C'est ça qu'il fallait montrer ? Qu'il était resté le président du pouvoir d'achat. 

NADINE MORANO Je reviendrai sur le pouvoir d'achat. Je termine. Je vous ai dit « équilibré » ; donc j'ai expliqué ce que nous avions fait pour les entreprises. De l'autre côté, 89 milliards d'euros ont été empochés en termes de dividendes, de redistribution de dividendes. Il est normal que les salariés qui participent à la création de richesses puissent eux aussi bénéficier à un juste retour de la valeur, et donc cette réflexion vous démontre que nous menons une politique équilibrée tant en ce qui concerne l'aide aux entreprises, tant en ce qui concerne la justice de retour vers les salariés qui contribuent à ce que l'entreprise fasse des dividendes. Alors le président de la République a tranché après avoir demandé pendant deux ans aux partenaires sociaux de négocier sur ce sujet, ils ne l'ont pas fait, donc il a assumé. 

MICHAEL DARMON Ça, c'est pour dire que ce n'est pas un coup de barre social après avoir été sur une séquence sécuritaire très forte. C'est pour dire que tout ça est dans une cohérence. 

NADINE MORANO Mais la sécurité, attendez, la sécurité elle doit être permanente. Donc la sécurité, ce n'est pas un coup de barre sur la sécurité : la sécurité, nous l'avons exercée depuis que Nicolas SARKOZY est ministre de l'Intérieur et lui, maintenant, qui est président de la République. Donc là, nous sommes sur une question économique majeure et équilibrée, encore une fois, et il est normal que les salariés trouvent un juste retour de la valeur. C'est normal. 

MICHAEL DARMON Guillaume TABARD, sur les questions d'apprentissage. 

GUILLAUME TABARD Vous parliez de Jean-Louis BORLOO ; vous avez notamment un point commun avec Jean-Louis BORLOO : c'est de croire à l'apprentissage puisque lorsqu'il était ministre de la Cohésion sociale, il avait déjà mis en place un plan ambitieux - je crois que c'était à l'époque 500 000 apprentis supplémentaires. Là, quelques années plus tard on vous demande à nouveau d'en trouver je crois entre 800 000, 1,2 millions d'ici 2015, c'est ça l'objectif que vous vous êtes fixé ? 

NADINE MORANO 800 000 d'ici à 2015 et un million à terme, oui. 

MICHAEL DARMON Un million à terme, oui. 

NADINE MORANO Alors vous voyez qu'avec Jean-Louis BORLOO - merci monsieur TABARD de... 

GUILLAUME TABARD Oui, mais le fait de devoir relancer quelque chose comme ça, est-ce que ce n'est pas le signe que l'apprentissage, à chaque fois on met ça en avant puis à l'arrivée...

MICHAEL DARMON Ce n'est pas un mirage ? 

NADINE MORANO Certainement pas, parce que je suis totalement en désaccord avec ce qui est écrit dans L'EXPRESS d'ailleurs, qui aurait mieux fait de m'interviewer et je leur aurais expliqué quel est... 

GUILLAUME TABARD Dans L'EXPRESS aujourd'hui : « Apprentissage séduisant mirage », disent-ils. 

NADINE MORANO Eh bien c'est totalement faux. Je vais lancer à la fin du mois une grande campagne radio pour expliquer aux jeunes - et d'ailleurs vous savez, l'exemple nous est démontré et Jean-Louis BORLOO l'a dit au cours de son émission, tout comme moi je suis allée le constater à Berlin - depuis des décennies l'Allemagne pratique ce qu'on appelle la formation duale, c'est-à-dire la formation théorique et formation pratique. Le taux de chômage des jeunes là-bas il n'est que de 11 % ; chez nous il est de 22,3 % donc on voit très bien les difficultés pour les jeunes de s'insérer dans le milieu économique et donc au sein des entreprises parce qu'ils n'ont pas la formation adéquate. Et puis rappelez-vous le gouvernement JOSPIN qui avait fait passer dans l'esprit des familles une très mauvaise idée qui consistait à faire croire qu'il fallait 80 % d'une classe d'âge au bac. Grave erreur ! Grave erreur que nous payons cher aujourd'hui ! Il faut 100 % de jeunes formés alors il faut de l'apprentissage, de la formation par alternance, et ce qui nous démontre d'ailleurs monsieur TABARD, vous avez raison de rappeler Jean-Louis BORLOO, c'est qu'à la question qui lui avait été posée sur l'emploi, il a dit deux choses. Parce que la question qui lui a été posée par le journaliste : que feriez-vous si vous étiez élu président de la République pour l'emploi, il a répondu deux choses. Première chose, il développerait massivement l'apprentissage et l'alternance, ce que nous sommes en train de faire. Je fais le tour des régions à partir d'aujourd'hui et je vais contractualiser avec l'ensemble des régions où l'État s'engage sur 1,7 milliards d'euros. Deuxième réponse de Jean-Louis BORLOO : il dit : « Je m'occuperai des 3 millions de personnes qui ne maîtrisent pas les savoirs de base, l'écriture, la lecture et le calcul ». J'ai lancé il y a quelques semaines, un grand plan de lutte contre l'illettrisme de 54 millions d'euros. Donc Jean-Louis BORLOO, je devrais lui dire : « Jean-Louis, ta demande est satisfaite. Reste à la maison, reste dans notre famille politique ». Voilà. 

MICHAEL DARMON En parlant de maison, le site Atlantico aujourd'hui et on le sait aussi dans le livre de Franz-Olivier GIESBERT, parle des Sarkozystes qui seraient pratiquement dit le site Atlantico en dépôt de bilan : les fidèles sont marginalisés, Brice HORTEFEUX, Pierre CHARRON, Frédéric LEFEBVRE, même Nadine MORANO, ils fendent le coeœur. Est-ce qu''aujourd'hui être Sarkozyste c'est au fond un fardeau ? 

NADINE MORANO Michael DARMON, avez-vous lu le livre de Franz-Olivier GIESBERT ? 

MICHAEL DARMON Bien oui. 

NADINE MORANO Vous l'avez lu ? 

MICHAEL DARMON Oui, je vous pose la question, oui. 

NADINE MORANO Moi je l'ai lu aussi. Je peux vous dire qu'il y a deux choses qui m'ont fortement intéressée, qui sont des vérités dans le livre de Franz- Olivier GIESBERT. Il reprend une phrase de Max GALLO et il dit : « Ce qui est étonnant avec Nicolas SARKOZY, c'est qu'on a l'impression qu'il n'a ni cave, ni grenier pour cacher ses trésors ». Parce qu'il est tellement vrai en fait qu'il ne fait rien de caché. Voilà, c'est une réalité, voilà quelqu'un qui nous a habitués à avoir une politique totalement assumée sur ce qu'il fait. Premier point. Deuxième point, ce qui m'a intéressée dans le livre de Franz-Olivier GIESBERT, c'est la page 248 que je vous invite vraiment à lire avec beaucoup d'attention. La page 248 reprend ce qu'a fait Nicolas SARKOZY sur l'de son quinquennat et il dit : « Je n'ai pas assez de place sur cette page. S'il fallait que je dise tout ce qu'a fait le président de la République, il me faudrait deux tomes de ce livre ». Voilà quelqu'un qui reconnaît l'action du président de la République. 

MICHAEL DARMON Et voilà quelqu'un qui a une lecture très sélective. 

NADINE MORANO Non, qui a une lecture attentive ! Voilà, et pas la même que la nôtre. 
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 22 avril 2011