Texte intégral
MAITENA BIRABEN Pierre LELLOUCHE, le secrétaire dÉtat chargé du commerce extérieur est linvité de La Matinale. Il tente de pousser nos exportations plutôt mal en point et dailleurs il rentre dÉgypte où il est allé par ailleurs prendre le pouls de la démocratisation dans ce pays. Toujours du côté des difficultés, Nicolas SARKOZY est donné absent dans les sondages au second tour des présidentielles. Pierre LELLOUCHE, bonjour.
PIERRE LELLOUCHE Bonjour.
MAITENA BIRABEN Soyez le bienvenu.
PIERRE LELLOUCHE Merci.
GILLES DELAFON Bonjour Pierre LELLOUCHE.
PIERRE LELLOUCHE Bonjour.
GILLES DELAFON Vous rentrez donc du Caire. LÉgypte, cest le premier client de la France au Moyen Orient, 120 filiales dentreprises françaises y sont installées.
PIERRE LELLOUCHE 50 000 emplois que nous créons.
GILLES DELAFON 50 000 emplois. La révolution cest bon ou cest mauvais pour les affaires ?
PIERRE LELLOUCHE La révolution cest bon pour les affaires, lÉtat de droit cest bon pour le business. Ce qui nest pas bon, cest la corruption, le népotisme, les coups arrangés, les marchés publics frelatés. Ça, ce nest pas bon. Ça coûte davantage à lÉtat, ça pénalise léconomie. Non, la corruption ce nest pas bon du tout. Il y a un rapport de la banque mondiale qui vient de le confirmer dailleurs, qui est très bien fait. LÉtat de droit, au contraire, cest la transparence, la formation de meilleures élites, meilleure gouvernance, cest la clé du développement.
GILLES DELAFON Donc il y a des opportunités en Égypte ?
PIERRE LELLOUCHE La démocratie dans le monde arabe, cest une très, très bonne nouvelle.
GILLES DELAFON Vous le sentez, ça ? Vous sentez quil y a des opportunités ?
PIERRE LELLOUCHE Écoutez, si ça marche en Égypte, ça aura un impact majeur sur le XXIème siècle et il faut que ça marche. Il y a une responsabilité historique immense. Napoléon disait, vous savez il disait à ses soldats, du haut de ces 40 siècles dhistoire, lhistoire vous contemple ; eh bien là lhistoire est en train de regarder lÉgypte. Compte tenu de son poids démographique et politique à lintérieur des 300 millions dArabes, si lÉgypte montre que la démocratie est compatible avec lislam, le monde arabe et que donc le monde arabe peut entrer de plein pied dans la mondialisation, le XXIème siècle sera beaucoup plus calme et prospère pour tout le monde.
GILLES DELAFON Et elle en est où lÉgypte, là ? Parce que vous avez rencontré pas mal de responsables, je crois, mais on est au milieu du guet, on est dans une transition démocratique. Est-ce que vraiment on va quelque chose de satisfaisant ou est-ce quil y a des blocages ? Vous parliez du business : cest quand même larmée qui tient le business en Égypte.
PIERRE LELLOUCHE Il y a larmée dun coté et puis il y a une classe politique qui est en train de sorganiser. Jai vu Amr MOUSSA qui sera donc candidat, jai aussi vu ELBARADEI, les gouvernements, le Premier ministre.
GILLES DELAFON Ça avance ?
PIERRE LELLOUCHE Ils ont un cap difficile parce que le tourisme sest effondré cest dailleurs dommage parce que le pays est magnifique, comme vous le savez, donc il faut encourager les gens à y retourner. Il y a quelques mois difficiles et puis ensuite ils vont lancer leurs élections à lautomne et puis après un programme dinvestissement. Donc il faut que la communauté internationale soit là pour leur faire passer cette période, un peu comme en Tunisie, puis même chose sur le tourisme, et puis dans un deuxième temps, il faut quon les associe il faut quon sassocie, il faut quon soit là pour leurs investissements. Jai confiance. Les gens que jai vus, y compris les plus jeunes qui étaient sur la place Tahrir, y compris les Frères musulmans, sont des gens pour lessentiel qui sont Ce qui ma frappé, cest le mot « modération » : ce sont des gens modérés et matures, avec beaucoup de maturité, même parmi les plus jeunes. Il ny a pas ces tensions idéologiques. Curieusement, moi qui ai vécu un peu 68, cest beaucoup plus calme que cétait en 68 chez nous quelque part ! Alors ça ne veut pas dire quils soient sortis daffaire du tout. Il faut être très prudent, patient.
GILLES DELAFON Ce nest pas gagné encore complètement.
PIERRE LELLOUCHE Ah non, non, non. Il y a eu récemment, ces derniers jours, un groupe de salafistes qui a interdit à un gouverneur copte de prendre ses fonctions dans la Haute Égypte. Il faut faire attention quand même.
MAITENA BIRABEN On va continuer de parler commerce extérieur mais cette fois avec quelque chose qui fâche : les chiffres.
GILLES DELAFON Alors les chiffres ne sont pas bons, monsieur le secrétaire dÉtat.
PIERRE LELLOUCHE Non, les chiffres ne sont pas bons. Je lai dit au premier jour de ma prise de fonction.
GILLES DELAFON Certes. Mais alors vous recevez cet après-midi Alors on sait que le commerce extérieur français il pêche par les PME. Les PME ne sont pas assez exportatrices, tout le monde le sait, on a fait des rapports, on les a empilés sur des étagères, ça on le sait. Vous les recevez cet après-midi les PME exportatrices françaises ; quest-ce que vous allez changer vous pour aider ces PME à être plus performantes ?
PIERRE LELLOUCHE On fait plusieurs choses. Dabord le job du commerce extérieur, cest de se battre sur les normes internationales donc cest lOMC, cest les règles de réciprocité notamment à légard de la Chine ou au Japon ; il faut que les accès au marché public soit égal pour tous. Il faut éviter les dévaluations compétitives ou les dévaluations permanentes, doù la réforme que nous essayons de proposer dans le G20.
GILLES DELAFON Dans le G20, absolument.
PIERRE LELLOUCHE Il y a laspect grands groupes, donc là je repars au Brésil repousser nos exportations dans différents secteurs, dans le vin, lénergie, la défense.
GILLES DELAFON Concrètement on fait quoi pour les aider ces PME ?
PIERRE LELLOUCHE Alors pour les PME, et cest là que je passe beaucoup de temps, cest de les amener des régions jusquà Hanoï, São Paulo ou la Chine.
GILLES DELAFON Comment ?
PIERRE LELLOUCHE Dabord il faut les faire grossir, il faut les identifier. Il faut les accompagner, donc le travail doit être réparti en région. Ce que jessaye de faire en région si vous voulez, cest quil y ait un guichet unique quelque part, soit à la chambre de commerce soit à la région elle-même, puisque les régions ont par la loi un devoir de développement économique et elles souhaitent simpliquer dans le développement, un endroit où les PME trouvent toutes les solutions à lexport. Quelqu'un qui a un produit, qui est trop petit même un produit agroalimentaire
GILLES DELAFON Ça nexistait pas ?
PIERRE LELLOUCHE Non, non. Il y a une confusion, un saupoudrage de systèmes.
GILLES DELAFON On ne sait pas à qui sadresser, oui.
PIERRE LELLOUCHE À partir du moment où la boîte est identifiée, quelle a un produit à vendre, elle est envoyée sur nous. Nous, cest qui ? Cest le réseau, les 180 réseaux à lexport vers nos conseillers économiques, et le réseau UBIFRANCE qui accompagnent ces boîtes à lexport, les emmènent dans les salons cest ce que je fais pour lagriculture par exemple.
GILLES DELAFON Daccord.
PIERRE LELLOUCHE On emmène nos boîtes à lexport, on leur fait signer des contrats, on leur donne des jeunes volontaires
GILLES DELAFON Oui. Est-ce que le président là il ne vous tire pas une balle dans le pied avec sa prime exceptionnelle de 1 000 euros ? Parce que vous avez vu, côté PME, ils ne sont pas ravis, ça leur pose des problèmes de trésorerie. Quest-ce que vous en pensez de cette prime ?
PIERRE LELLOUCHE Alors cette prime, elle va surtout toucher les grands groupes. Il faut savoir que les groupes du CAC 40
GILLES DELAFON Au-dessus de 50 personnes.
PIERRE LELLOUCHE Attendez, oui. Les grands groupes ils ont eu 80 milliards deuros de profits lan dernier, 40 donnés aux actionnaires.
GILLES DELAFON On est daccord, mais il y a pas mal de PME qui sont au-dessus de 50.
PIERRE LELLOUCHE Daccord, mais ça cest pas mal quand même. Il y a quand même 8 millions de travailleurs qui sont concernés. Donc pour les moins de 50 il y aura une incitation fiscale, beaucoup dailleurs le font à lintéressement, et pour ceux qui sont entre les deux il y aura une négociation mais lidée que les travailleurs participent au développement, cest quelque chose qui est que moi je transporte, je suis un petit peu Gaulliste quand même donc ce nest pas une idée
GILLES DELAFON Bien sûr, mais est-ce que les PME que vous allez recevoir cet après-midi, la première chose quils vont vous dire : « Monsieur LELLOUCHE, on a des difficultés, cest quoi cette histoire de prime ? ».
PIERRE LELLOUCHE Non, ils ne sont pas contre la distribution : il faut que le système soit souple. Je nai pas limpression que les entreprises soient contre lidée dintéresser leurs travailleurs. Toute la question cest quil ne faut pas que ce soit trop, jallais dire à la française, imposé du haut vers le bas. Mais le signal que la participation doit être une priorité et que tout le monde doit sy retrouver dans la mondialisation, ça ça me paraît être politiquement un très bon signal et puisquon parle de signaux politiques, jai amené ce petit document en avant-première.
GILLES DELAFON Ne vous inquiétez pas, on va en parler.
MAÏTENA BIRABEN Un petit peu de politique justement.
GILLES DELAFON Alors on est à un an du premier tour de la présidentielle, le président se montre très volontariste, on la vu, sur limmigration, le social, les opérations à lextérieur. Mais on a le sentiment que ça ne lui profite pas et que ça ne profite quà Marine le PEN. Parlez-nous de votre petit livre, puisque vous êtes venu pour ça.
PIERRE LELLOUCHE Le petit livre bleu là, cest celui qui est publié ce matin même, donc en avant-première, ce sont les 4 ans de bilan, aujourdhui cest lanniversaire du premier tour, donc voilà. Ce qui est intéressant dans ce papier-là que jai regardé
GILLES DELAFON Qui est-ce qui a fait ce petit livre ?
PIERRE LELLOUCHE Cest le service de communication du gouvernement et de lElysée GILLES DELAFON Daccord.
PIERRE LELLOUCHE Il est sorti ce matin-même
GILLES DELAFON Pour dire que quand on travaille plus, on gagne plus ?
PIERRE LELLOUCHE Pour dire ce quon a fait secteur par secteur. Et ce qui est intéressant dans ce document, cest que je mets au défi lopposition de dire ce quelle va supprimer dans ce bilan, quest-ce quils vont supprimer de ce bilan ? Quest-ce qui nest pas bien quils auraient envie de changer.
MAÏTENA BIRABEN Certainement pas
PIERRE LELLOUCHE Sil y a quelque chose à améliorer, moi je serai tout à fait heureux den discuter, mais sil y a quelque chose de pas bien, quon nous le dise. Donc pour en revenir à la question
GILLES DELAFON Ça ne profite quà Marine le PEN.
PIERRE LELLOUCHE Je ne crois pas, je crois que ce qui se passe en ce moment, si on lève le nez du guidon, on saperçoit quà travers toute lEurope, la combinaison de la crise économique de 2007-2008 qui est la plus grave jamais connue depuis 80 ans, les pressions migratoires, les incertitudes sur lEurope, tout ça fait que vous avez aujourdhui une poussée des sentiments antieuropéens, xénophobes
GILLES DELAFON Enfin en France particulièrement, le président bat tous les records dimpopularité.
PIERRE LELLOUCHE Oui, oui, on a ça cest sûr, je ne suis pas en train de
GILLES DELAFON Vous en convenez ?
PIERRE LELLOUCHE Je ne suis pas en train de discuter avec ce que disent les sondages tous les jours, je suis en train de discuter de la signification. La signification cest dune part que dans toute lEurope, vous avez des poussées du même genre, vous me parliez de Marine le PEN tout à lheure, regardez les dernières élections la semaine dernière en Finlande.
GILLES DELAFON En Finlande.
PIERRE LELLOUCHE Deuxièmement, sagissant des sondages en France, je voudrais simplement vous dire ceci, regardez les sondages des élections présidentielles précédentes, regardez ce que disaient les sondages : qui devait être automatiquement élu, regardez ce qui sest passé à larrivée. Voilà, je dis quil y a un an de campagne devant nous, que jattends de savoir quel est le candidat socialiste, quelle sera la candidate socialiste devant nous, quelles seront ses propositions
GILLES DELAFON Quel sera le candidat de la majorité ?
PIERRE LELLOUCHE Et ce sera projet contre projet.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 22 avril 2011
PIERRE LELLOUCHE Bonjour.
MAITENA BIRABEN Soyez le bienvenu.
PIERRE LELLOUCHE Merci.
GILLES DELAFON Bonjour Pierre LELLOUCHE.
PIERRE LELLOUCHE Bonjour.
GILLES DELAFON Vous rentrez donc du Caire. LÉgypte, cest le premier client de la France au Moyen Orient, 120 filiales dentreprises françaises y sont installées.
PIERRE LELLOUCHE 50 000 emplois que nous créons.
GILLES DELAFON 50 000 emplois. La révolution cest bon ou cest mauvais pour les affaires ?
PIERRE LELLOUCHE La révolution cest bon pour les affaires, lÉtat de droit cest bon pour le business. Ce qui nest pas bon, cest la corruption, le népotisme, les coups arrangés, les marchés publics frelatés. Ça, ce nest pas bon. Ça coûte davantage à lÉtat, ça pénalise léconomie. Non, la corruption ce nest pas bon du tout. Il y a un rapport de la banque mondiale qui vient de le confirmer dailleurs, qui est très bien fait. LÉtat de droit, au contraire, cest la transparence, la formation de meilleures élites, meilleure gouvernance, cest la clé du développement.
GILLES DELAFON Donc il y a des opportunités en Égypte ?
PIERRE LELLOUCHE La démocratie dans le monde arabe, cest une très, très bonne nouvelle.
GILLES DELAFON Vous le sentez, ça ? Vous sentez quil y a des opportunités ?
PIERRE LELLOUCHE Écoutez, si ça marche en Égypte, ça aura un impact majeur sur le XXIème siècle et il faut que ça marche. Il y a une responsabilité historique immense. Napoléon disait, vous savez il disait à ses soldats, du haut de ces 40 siècles dhistoire, lhistoire vous contemple ; eh bien là lhistoire est en train de regarder lÉgypte. Compte tenu de son poids démographique et politique à lintérieur des 300 millions dArabes, si lÉgypte montre que la démocratie est compatible avec lislam, le monde arabe et que donc le monde arabe peut entrer de plein pied dans la mondialisation, le XXIème siècle sera beaucoup plus calme et prospère pour tout le monde.
GILLES DELAFON Et elle en est où lÉgypte, là ? Parce que vous avez rencontré pas mal de responsables, je crois, mais on est au milieu du guet, on est dans une transition démocratique. Est-ce que vraiment on va quelque chose de satisfaisant ou est-ce quil y a des blocages ? Vous parliez du business : cest quand même larmée qui tient le business en Égypte.
PIERRE LELLOUCHE Il y a larmée dun coté et puis il y a une classe politique qui est en train de sorganiser. Jai vu Amr MOUSSA qui sera donc candidat, jai aussi vu ELBARADEI, les gouvernements, le Premier ministre.
GILLES DELAFON Ça avance ?
PIERRE LELLOUCHE Ils ont un cap difficile parce que le tourisme sest effondré cest dailleurs dommage parce que le pays est magnifique, comme vous le savez, donc il faut encourager les gens à y retourner. Il y a quelques mois difficiles et puis ensuite ils vont lancer leurs élections à lautomne et puis après un programme dinvestissement. Donc il faut que la communauté internationale soit là pour leur faire passer cette période, un peu comme en Tunisie, puis même chose sur le tourisme, et puis dans un deuxième temps, il faut quon les associe il faut quon sassocie, il faut quon soit là pour leurs investissements. Jai confiance. Les gens que jai vus, y compris les plus jeunes qui étaient sur la place Tahrir, y compris les Frères musulmans, sont des gens pour lessentiel qui sont Ce qui ma frappé, cest le mot « modération » : ce sont des gens modérés et matures, avec beaucoup de maturité, même parmi les plus jeunes. Il ny a pas ces tensions idéologiques. Curieusement, moi qui ai vécu un peu 68, cest beaucoup plus calme que cétait en 68 chez nous quelque part ! Alors ça ne veut pas dire quils soient sortis daffaire du tout. Il faut être très prudent, patient.
GILLES DELAFON Ce nest pas gagné encore complètement.
PIERRE LELLOUCHE Ah non, non, non. Il y a eu récemment, ces derniers jours, un groupe de salafistes qui a interdit à un gouverneur copte de prendre ses fonctions dans la Haute Égypte. Il faut faire attention quand même.
MAITENA BIRABEN On va continuer de parler commerce extérieur mais cette fois avec quelque chose qui fâche : les chiffres.
GILLES DELAFON Alors les chiffres ne sont pas bons, monsieur le secrétaire dÉtat.
PIERRE LELLOUCHE Non, les chiffres ne sont pas bons. Je lai dit au premier jour de ma prise de fonction.
GILLES DELAFON Certes. Mais alors vous recevez cet après-midi Alors on sait que le commerce extérieur français il pêche par les PME. Les PME ne sont pas assez exportatrices, tout le monde le sait, on a fait des rapports, on les a empilés sur des étagères, ça on le sait. Vous les recevez cet après-midi les PME exportatrices françaises ; quest-ce que vous allez changer vous pour aider ces PME à être plus performantes ?
PIERRE LELLOUCHE On fait plusieurs choses. Dabord le job du commerce extérieur, cest de se battre sur les normes internationales donc cest lOMC, cest les règles de réciprocité notamment à légard de la Chine ou au Japon ; il faut que les accès au marché public soit égal pour tous. Il faut éviter les dévaluations compétitives ou les dévaluations permanentes, doù la réforme que nous essayons de proposer dans le G20.
GILLES DELAFON Dans le G20, absolument.
PIERRE LELLOUCHE Il y a laspect grands groupes, donc là je repars au Brésil repousser nos exportations dans différents secteurs, dans le vin, lénergie, la défense.
GILLES DELAFON Concrètement on fait quoi pour les aider ces PME ?
PIERRE LELLOUCHE Alors pour les PME, et cest là que je passe beaucoup de temps, cest de les amener des régions jusquà Hanoï, São Paulo ou la Chine.
GILLES DELAFON Comment ?
PIERRE LELLOUCHE Dabord il faut les faire grossir, il faut les identifier. Il faut les accompagner, donc le travail doit être réparti en région. Ce que jessaye de faire en région si vous voulez, cest quil y ait un guichet unique quelque part, soit à la chambre de commerce soit à la région elle-même, puisque les régions ont par la loi un devoir de développement économique et elles souhaitent simpliquer dans le développement, un endroit où les PME trouvent toutes les solutions à lexport. Quelqu'un qui a un produit, qui est trop petit même un produit agroalimentaire
GILLES DELAFON Ça nexistait pas ?
PIERRE LELLOUCHE Non, non. Il y a une confusion, un saupoudrage de systèmes.
GILLES DELAFON On ne sait pas à qui sadresser, oui.
PIERRE LELLOUCHE À partir du moment où la boîte est identifiée, quelle a un produit à vendre, elle est envoyée sur nous. Nous, cest qui ? Cest le réseau, les 180 réseaux à lexport vers nos conseillers économiques, et le réseau UBIFRANCE qui accompagnent ces boîtes à lexport, les emmènent dans les salons cest ce que je fais pour lagriculture par exemple.
GILLES DELAFON Daccord.
PIERRE LELLOUCHE On emmène nos boîtes à lexport, on leur fait signer des contrats, on leur donne des jeunes volontaires
GILLES DELAFON Oui. Est-ce que le président là il ne vous tire pas une balle dans le pied avec sa prime exceptionnelle de 1 000 euros ? Parce que vous avez vu, côté PME, ils ne sont pas ravis, ça leur pose des problèmes de trésorerie. Quest-ce que vous en pensez de cette prime ?
PIERRE LELLOUCHE Alors cette prime, elle va surtout toucher les grands groupes. Il faut savoir que les groupes du CAC 40
GILLES DELAFON Au-dessus de 50 personnes.
PIERRE LELLOUCHE Attendez, oui. Les grands groupes ils ont eu 80 milliards deuros de profits lan dernier, 40 donnés aux actionnaires.
GILLES DELAFON On est daccord, mais il y a pas mal de PME qui sont au-dessus de 50.
PIERRE LELLOUCHE Daccord, mais ça cest pas mal quand même. Il y a quand même 8 millions de travailleurs qui sont concernés. Donc pour les moins de 50 il y aura une incitation fiscale, beaucoup dailleurs le font à lintéressement, et pour ceux qui sont entre les deux il y aura une négociation mais lidée que les travailleurs participent au développement, cest quelque chose qui est que moi je transporte, je suis un petit peu Gaulliste quand même donc ce nest pas une idée
GILLES DELAFON Bien sûr, mais est-ce que les PME que vous allez recevoir cet après-midi, la première chose quils vont vous dire : « Monsieur LELLOUCHE, on a des difficultés, cest quoi cette histoire de prime ? ».
PIERRE LELLOUCHE Non, ils ne sont pas contre la distribution : il faut que le système soit souple. Je nai pas limpression que les entreprises soient contre lidée dintéresser leurs travailleurs. Toute la question cest quil ne faut pas que ce soit trop, jallais dire à la française, imposé du haut vers le bas. Mais le signal que la participation doit être une priorité et que tout le monde doit sy retrouver dans la mondialisation, ça ça me paraît être politiquement un très bon signal et puisquon parle de signaux politiques, jai amené ce petit document en avant-première.
GILLES DELAFON Ne vous inquiétez pas, on va en parler.
MAÏTENA BIRABEN Un petit peu de politique justement.
GILLES DELAFON Alors on est à un an du premier tour de la présidentielle, le président se montre très volontariste, on la vu, sur limmigration, le social, les opérations à lextérieur. Mais on a le sentiment que ça ne lui profite pas et que ça ne profite quà Marine le PEN. Parlez-nous de votre petit livre, puisque vous êtes venu pour ça.
PIERRE LELLOUCHE Le petit livre bleu là, cest celui qui est publié ce matin même, donc en avant-première, ce sont les 4 ans de bilan, aujourdhui cest lanniversaire du premier tour, donc voilà. Ce qui est intéressant dans ce papier-là que jai regardé
GILLES DELAFON Qui est-ce qui a fait ce petit livre ?
PIERRE LELLOUCHE Cest le service de communication du gouvernement et de lElysée GILLES DELAFON Daccord.
PIERRE LELLOUCHE Il est sorti ce matin-même
GILLES DELAFON Pour dire que quand on travaille plus, on gagne plus ?
PIERRE LELLOUCHE Pour dire ce quon a fait secteur par secteur. Et ce qui est intéressant dans ce document, cest que je mets au défi lopposition de dire ce quelle va supprimer dans ce bilan, quest-ce quils vont supprimer de ce bilan ? Quest-ce qui nest pas bien quils auraient envie de changer.
MAÏTENA BIRABEN Certainement pas
PIERRE LELLOUCHE Sil y a quelque chose à améliorer, moi je serai tout à fait heureux den discuter, mais sil y a quelque chose de pas bien, quon nous le dise. Donc pour en revenir à la question
GILLES DELAFON Ça ne profite quà Marine le PEN.
PIERRE LELLOUCHE Je ne crois pas, je crois que ce qui se passe en ce moment, si on lève le nez du guidon, on saperçoit quà travers toute lEurope, la combinaison de la crise économique de 2007-2008 qui est la plus grave jamais connue depuis 80 ans, les pressions migratoires, les incertitudes sur lEurope, tout ça fait que vous avez aujourdhui une poussée des sentiments antieuropéens, xénophobes
GILLES DELAFON Enfin en France particulièrement, le président bat tous les records dimpopularité.
PIERRE LELLOUCHE Oui, oui, on a ça cest sûr, je ne suis pas en train de
GILLES DELAFON Vous en convenez ?
PIERRE LELLOUCHE Je ne suis pas en train de discuter avec ce que disent les sondages tous les jours, je suis en train de discuter de la signification. La signification cest dune part que dans toute lEurope, vous avez des poussées du même genre, vous me parliez de Marine le PEN tout à lheure, regardez les dernières élections la semaine dernière en Finlande.
GILLES DELAFON En Finlande.
PIERRE LELLOUCHE Deuxièmement, sagissant des sondages en France, je voudrais simplement vous dire ceci, regardez les sondages des élections présidentielles précédentes, regardez ce que disaient les sondages : qui devait être automatiquement élu, regardez ce qui sest passé à larrivée. Voilà, je dis quil y a un an de campagne devant nous, que jattends de savoir quel est le candidat socialiste, quelle sera la candidate socialiste devant nous, quelles seront ses propositions
GILLES DELAFON Quel sera le candidat de la majorité ?
PIERRE LELLOUCHE Et ce sera projet contre projet.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 22 avril 2011