Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Alors, on va évidemment parler de réductions de nombre denseignants, daugmentations du nombre délèves, notamment en primaire, mais on va attendre un petit peu, on va dabord se concentrer sur un sujet dactualité aujourdhui qui passionne beaucoup les auditeurs et les téléspectateurs, cest lintroduction pour la première fois dans les établissements scolaires, ça va se passer en Ile-de-France, ce matin, dun Pass Contraception pour les élèves de 15, 16 ans, niveau seconde ou enseignement technique, en fait, ils sont 82.000 garçons, je crois, et 77.000 filles à être potentiellement concernés. Une sorte de chèque ticket resto dans lequel il y aura un Pass pour aller voir le médecin, un pour faire des examens de sang, et puis, un pour avoir gratuitement des pilules. Alors, qui a dit, Luc CHATEL, lautorité parentale est quelque chose qui compte, lEducation nationale na pas à se substituer au planning familial.
LUC CHATEL Moi, sans doute.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Oui, cétait il y a un an. Vous avez changé davis ?
LUC CHATEL Non, ça reste absolument dactualité. Pourquoi sommes-nous partenaires de la région Ile-de-France sur ce sujet, parce que je considère, et ça répond à la question SMS du jour de RMC, que lEtat est dans son rôle lorsque, il écoute, lorsquil informe, lorsquil accompagne les adolescents. On a aujourdhui un vrai sujet de société, qui a été dénoncé à la fois par lInspection générale des affaires sociales dans son rapport lannée dernière, par les parlementaires, nous avons en ce moment une mission parlementaire, présidée par Bérengère POLETTI, députée des Ardennes, et qui dit, en gros : il y a trop de grossesses non désirées dans notre pays
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN 13.000 IVG par an
LUC CHATEL 13.500 interruptions volontaires de grossesses chez des jeunes mineures.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Chez les jeunes mineures.
LUC CHATEL Ça veut dire des vies qui sont quelque part gâchées, ça veut dire des jeunes filles et des jeunes garçons qui sont marqués à vie, et donc cest le rôle de lEtat, en amont, que de prévenir. Pourquoi prévenir, parce que, le paradoxe, cest que 72% de ces jeunes filles qui pratiquent une interruption volontaire de grossesse sont par ailleurs sous contraceptif, mais elles sont mal informées, elles lutilisent mal, elles nont pas été suffisamment accompagnées. Donc cest le rôle de lEtat dêtre aux côtés de ceux qui veulent agir dans ce domaine, est cest ce que nous faisons avec la région Ile-de-France aujourdhui.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Mais rendons à César ce qui appartient à César, il y a un an, cest Ségolène ROYAL, la présidente de la région Poitou-Charentes, qui avait propose cette initiative, sous forme de chèques aussi, à peu près les mêmes, et vous avez refusé quelle puisse les distribuer dans les établissements scolaires
LUC CHATEL Absolument, absolument, parce que
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN En Poitou-Charentes
LUC CHATEL La question posée par la région Poitou-Charentes était bonne, la réponse nétait pas bonne.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN En quoi elle était différente de celle que vous nous proposez aujourdhui ?
LUC CHATEL Alors, il y a trois grandes différences par rapport à ce que nous lançons ce matin et ce que je lance avec Jean-Paul HUCHON ce matin, premièrement, en Ile-de-France, cest une démarche concertée, ça fait plus dun an que nous travaillons, nous, lEducation nationale, les recteurs des trois académies de Paris, Créteil et Versailles, avec les services du Conseil régional, pour définir la meilleure réponse par rapport au problème que je viens de décrire. Nous avons par exemple consulté des infirmières à lEducation nationale, nous avons tenu compte de leurs remarques. Donc 1°) : cest concerté. Deuxièmement : cest une démarche qui est beaucoup plus éducative, en matière de santé et de sexualité, il faut nous sommes à lécole il faut une démarche éducative, il faut accompagner ces jeunes tout au long de leur scolarité. Ça veut dire que nous avons revu les programmes, ça veut dire que nous allons mieux former nos formateurs, ça veut dire que je vais prendre un décret, dans quelques semaines, qui va permettre à nos infirmières scolaires, de prolonger pendant six mois des prescriptions médicales en matière de contraceptifs. Et ça veut dire que nous devons avoir un accompagnement beaucoup plus fort. Dans cette opération en Ile-de- France, il y a un suivi, il y a un accompagnement, et cest très important.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Quand on regarde les deux chéquiers, ceux dIle-de-France et de Poitou-Charentes, franchement, il ny a pas de différences.
LUC CHATEL Et troisième différence, troisième différence, ça ne sadresse pas uniquement aux jeunes filles qui veulent se faire prescrire la pilule, ça sadresse à tous les adolescents, quils soient mineurs ou non, garçons ou filles, avec tous modes de réponses par rapport à une situation donnée. Donc nous écoutons, nous adaptons et nous apportons une réponse. Vous savez, lensemble des pouvoirs publics veut aussi lutter par exemple contre les maladies sexuellement transmissibles, eh bien, il apporte une réponse globale, eh bien, là, nous allons apporter une réponse globale. Donc trois grandes différences qui font que nous sommes partenaires de la région Ile-de-France sur ce dossier.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Alors, deux réserves, dabord, chez les parents délèves, on entend aujourdhui notamment à lantenne lidée que cest quand même le rôle des parents, et que, à un moment donné où justement on reproche aux parents dabandonner leur autorité parentale, notamment dans les quartiers, cest vrai que cest un thème récurrent, une fois de plus, on va déresponsabiliser les parents, et cest lEtat, et lEducation qui va remplir ce travail
LUC CHATEL Non, surtout pas déresponsabiliser les parents, et comme je lai dit à votre première question, ça nest pas le rôle de lEtat de se substituer aux parents, simplement
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Et la PEEP ce matin vous reproche justement denlever aux parents cette
LUC CHATEL Non, la PEEP, elle considère que cest dabord aux parents dexercer leur autorité, et déduquer leur enfant, et elle a raison, naturellement, cest dabord aux parents, et dans limmense majorité des familles, cest vrai que les parents considèrent que léducation à la santé, léducation à la sexualité fait partie de leur rôle, et accompagnent leur enfant, les écoutent, les conseillent. La vérité, cest quil y a malheureusement un certain nombre de familles où ça nest pas le cas, et on voit bien que certains jeunes adolescents ont des relations avec leurs parents, qui font que, ils ne se livrent pas forcément, il ny a pas ce dialogue, et lorsque ce type de on arrive à lâge de ladolescence, et lorsquon arrive au moment du premier rapport sexuel, eh bien, on peut rencontrer des difficultés. Eh bien, cest le rôle de lEducation nationale que dapporter un accompagnement en matière éducative, encore une fois, le but, ce nest pas daller chercher un chèque pour aller chez le médecin, chercher un contraceptif, ce nest pas ça le sujet. Le sujet, cest apporter une vraie éducation à la santé et à la sexualité pour que, on sorte de ce système où il y a trop de grossesses non désirées dans notre pays.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Cest très vrai aussi dans les zones rurales, là, pour linstant, ça ne concerne que lIle-de-France, est-ce que vous souhaitez étendre ce dispositif à lensemble du pays ?
LUC CHATEL Alors, cest pour ça aussi que nous avons commencé avec la région Ile-de-France, cest parce que nous savons quil y a notamment un maillage du planning familial qui est bien plus important que dans dautres régions comme la mienne, en région Champagne-Ardenne. Donc nous savons quen Ile-de-France, avec le système que nous mettons en place, il y aura la possibilité davoir un rendez-vous dan un centre de planning familial, parce que, il y a ce réseau qui existe. Par ailleurs, je vais signer avec le planning familial une convention nationale pour que nous regardions justement comment mailler lensemble du territoire et faire en sorte que même en milieu rural, on puisse bénéficier de ce genre de consultations.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Donc Christine BOUTIN, elle, préfère la pédagogie de lamour plutôt que celle du préservatif et la contraception
LUC CHATEL Mais lun nempêche pas lautre, je suis aussi favorable à la pédagogie de lamour, comme elle le dit,; à léducation à la santé et à la sexualité, je vous le dis depuis le début de cette émission, simplement, léducation à la santé et à la sexualité, ça comporte plusieurs volets, il y a le rôle des parent, il y a linformation au sein du système scolaire, il y a les programmes scolaires, il y a la pédagogie, et puis, il y a aussi un accompagnement, une écoute qui doit avoir lieu, grâce notamment à nos personnels de santé, lEducation nationale.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Du coup, quand même, vous allez autoriser maintenant Ségolène ROYAL à distribuer ces Pass dans les lycées ?
LUC CHATEL Eh bien, je linvite bien volontiers à imiter le dispositif qui existe en Ile-de-France, cest-à-dire davoir une vision beaucoup plus éducative de son dispositif, et de le prévoir pour lensemble des jeunes, et dapporter une réponse globale et pas uniquement ciblée sur la contraception, la pilule pour les jeunes filles.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Vous nen démordez pas, vous ne voulez pas rendre à César ce qui lui appartient ? Non, non, je plaisante. Alors, autre sujet de société, Christophe GIRARD, ladjoint socialiste au maire de Paris, prône, lui, le vote à 16 ans pour les jeunes, enfin, pour les plus de 16 ans, est-ce que cest une bonne idée, est-ce que cest un sujet qui vous semble être dactualité ?
LUC CHATEL Dabord, je note que, avant chaque élection présidentielle, le Parti socialiste lance ce genre de débat : la majorité à 16 ans, et autres. Quelle est la situation, je suis aussi le ministre de la Jeunesse, quelle est la situation de la jeunesse daujourdhui, je pense que les jeunes daujourdhui sont sans doute à la fois plus matures que la génération qui les a précédés il y a trente ou quarante ans, plus matures parce que, ils sont sans doute plus ouverts sur le monde, parce quils sont sans doute plus entreprenants, et en même temps, à 16 ans, on a beaucoup à apprendre encore. Alors quelle est la réponse par rapport à cela ? Le gouvernement a apporté un certain nombre de réponses, quand nous avons décidé lannée dernière dautoriser des jeunes de 16 ans à créer leur entreprise par exemple, cest une vraie réponse, nous faisons confiance à la jeunesse de notre pays. Quand nous allons
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Mais justement, si vous pensez quils sont suffisamment mûrs pour créer une entreprise, ce nest pas rien une entreprise, cest engager de largent, cest éventuellement recruter des salariés, cest avoir un projet, on nest pas assez mûr pour voter ?
LUC CHATEL Jy viens, oui, justement, je pense que cest la complexité de ladolescence, cest-à-dire que, aujourdhui, les jeunes sont entreprenants, ils sont capables de créer leur entreprise, nous allons leur donner dans quelques semaines, avec une disposition législative nouvelle, la possibilité de créer leur association à 16 ans, pour que dans tous les lycées de France, il puisse y avoir une vie associative beaucoup plus forte. Donc oui à la responsabilisation, par contre, Christophe JAKUBYSZYN, je vais vous dire une chose, la citoyenneté, ça ne se décrète pas, la citoyenneté, ça se construit progressivement, et à 16 ans, on a encore beaucoup de choses à apprendre, jai un fils de 16 ans, je côtoie au quotidien des adolescents dans les lycées, eh bien, je pense que la citoyenneté, le droit de vote, lacte de voter, qui est lacte de citoyenneté majeur, ça se construit progressivement, et je pense que 18 ans est le bon âge.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Dans un instant, on va parler dEducation nationale, votre portefeuille, du recrutement des enseignants, de la baisse des effectifs et de la hausse du nombre délèves dans les classes de maternelle et de primaire dès la rentrée prochaine. [Pause, puis deuxième partie]
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Je reçois Luc CHATEL, le ministre de l'Education nationale. Alors, tiens, ça pourrait presque être un problème de CM2. Sachant quil y aura 4900 élèves de primaire et de maternelle en plus en septembre 2011 et 9000 instits de moins, combien le ministre de l'Education devra-t-il fermer de classes ?
LUC CHATEL Ecoutez, il y aura, en classes maternelles, environ 25 élèves par classe à la rentrée prochaine, il y en avait 27 au début des années 90, il y aura en primaire environ 22 élèves par classe, il y en avait 23 au milieu des années 90, et au total, à la rentrée prochaine, il y aura plus de professeurs et moins délèves quil ny en avait il y a 15 ans dans le système éducatif.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ça cest une réponse dénarque, que vous nêtes pas.
LUC CHATEL Non, ce nest pas une réponse dénarque, cest une réponse pragmatique.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce nest pas la réponse au problème de CM2.
LUC CHATEL Mais si.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Combien de classes fermées, du coup ?
LUC CHATEL Je pense quil devrait y avoir Nous navons pas encore la réponse finale puisquen ce moment se tiennent les comités départementaux de lEducation nationale. CHRISTOPHE JAKUBYSZYN 1500 ? 2000 ?
LUC CHATEL Environ 1500.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN 1500 classes fermées.
LUC CHATEL Mais ça veut dire quil y aura environ 245 000 classes de premier degré à la rentrée prochaine, c'est-à-dire sensiblement le même chiffre quil y a 4 ou 5 ans. Pourquoi je vous dis tout cela
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce que vous dites, Luc CHATEL, je vous entends depuis plusieurs jours, cest que finalement, oui, bien sûr, on fait des économies, oui, bien sûr, on participe à leffort global, mais on fait mieux quil y a 20 ans.
LUC CHATEL Exactement. C'est-à-dire que, quelle est la réponse que le système éducatif, Education nationale, a apporté depuis 25 ans aux problématiques que nous rencontrons. La seule réponse ça a été, on crée des postes, on augmente les moyens. Est-ce que cette politique a eu des résultats ?
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN En tout cas on voit les classements internationaux, on nest pas très bien classé.
LUC CHATEL On voit les classements internationaux. La France, 5ème puissance économique mondiale, est entre la 22ème et la 26ème place, dans les classements internationaux.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN On ne va pas faire une bataille de chiffres, Luc CHATEL, mais cest quoi le problème de lEducation nationale aujourdhui ?
LUC CHATEL Le problème daujourdhui cest dêtre capable de sadapter à la diversité de nos élèves. Le grand changement, en 25 ans, cest ce quon a appelé la massification, la démocratisation du système. Aujourdhui nous accueillons 100% dune classe dâge au collège, nous accueillons 65% dune classe dâge au lycée, au baccalauréat, alors quil y a seulement une génération, il y a 25 ans ils étaient seulement 20%. On a triplé le nombre de jeunes qui accèdent au baccalauréat en une génération.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Donc, ce que vous dites, cest que le niveau des élèves nest pas le même, nest pas homogène.
LUC CHATEL Eh bien, la grande nouveauté, la conséquence de cela, cest lhétérogénéité. Quand vous discutez avec des enseignants, qui font un métier formidable, et ô combien difficile, la plus grande difficulté aujourdhui cest lhétérogénéité dune classe. C'est-à-dire que lenseignant il doit à la fois détecter les 4 ou 5 élèves qui ont un gros potentiel, pour les porter le plus loin, parce que moi je crois à lécole de la République qui pousse à lexcellence, au mérite, et puis en même temps il doit repérer les 6 ou 7 élèves dans la classe, qui ont de grandes difficultés, et qui risquent de décrocher.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Donc en gros ça veut dire moins dheures sur le tronc commun, et plus dindividualisation, cest quand même ça votre stratégie.
LUC CHATEL Ça veut dire de la personnalisation. Ça veut dire que dès le plus jeune âge, nous avons commencé au primaire, il faut repérer les élèves qui ont des difficultés, il faut détecter les élèves qui ont du potentiel, et tout au long de la scolarité il faut surtout éviter les déterminismes, classer les élèves trop tôt dans telle ou telle catégorie, mais il faut repérer les difficultés et il faut apporter la remédiation très tôt. Vous savez quentre un enfant qui entre en cours préparatoire, et qui maîtrise environ 150 mots, parce quil est issu dune famille défavorisée, où il ny a pas beaucoup de discussions à la maison, on ne sintéresse pas beaucoup à lui, et le même élève, voisin, qui connaît 700 ou 800 mots parce quil y a un dialogue soutenu dans la famille, eh bien on sait très bien que le premier aura de très grandes difficultés dans lapprentissage de la lecture. Donc la remédiation il faut lapporter très tôt, cest tout le travail daide personnalisée que nous avons mis en place, 2 heures par semaine, dès la maternelle, au primaire, pour répondre aux difficultés de lecture. Donc, de la personnalisation, cest ça la réponse.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Alors, la personnalisation elle ira peut-être aussi, on va le voir, au sein de chaque établissement, parce que vous avez commencé lexpérimentation de lautonomie des établissements, quils soient primaires, je crois, ou secondaires, c'est-à-dire que le chef détablissement va pouvoir définir son projet pédagogique et recruter ses enseignants, ce qui nest pas le cas aujourdhui.
LUC CHATEL Voilà.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ça marche comment ces expérimentations ?
LUC CHATEL Si on veut aller au bout de la personnalisation, il faut que nous fassions confiance davantage aux acteurs locaux.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Cest la fin de lécole de Jules FERRY quand même !
LUC CHATEL Non, parce que moi je suis ministre de l'Education nationale, et donc je noublie pas que les programmes doivent rester nationaux, que les diplômes sont nationaux, le baccalauréat cest le même à Paris, à Chaumont, et à Toulouse. Je noublie pas que le recrutement des enseignants se fait au niveau national. Donc il y a des données nationales
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Cest fini ça, vous êtes en train de les faire recruter au niveau des établissements.
LUC CHATEL Non, non, le recrutement oui, le recrutement au niveau local, mais le principe, c'est-à-dire le repérage, la détection, le diplôme, tout ça se fait au niveau national, avec des garanties nationales.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Oui, mais après, vous êtes en train de casser tout ce qui existait sur le statut, sur le fait quon avait des points, quon pouvait choisir son établissement, maintenant ce nest plus lenseignant qui choisit
LUC CHATEL Jy viens. Donc, des garanties nationales, mais le système doit sadapter à la réalité locale. Je vous ai dit tout à lheure, chaque enfant est différent, si on veut faire réussir chacun, il faut être capable de faire du sur-mesure, du cousu main, cest ça lEducation nationale aujourdhui.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Donc chaque collège sera différent.
LUC CHATEL Donc ça veut dire quil faut donner une marge de manoeuvre aux acteurs locaux, davantage dautonomie aux lycées, davantage dautonomie aux collèges, faire confiance aux projets pédagogiques conçus par les enseignants, avec les chefs détablissement, et cest ce que nous avons lancé effectivement avec le dispositif CLAIR, Collèges, Lycées, Ambitions, Insertion, Réussite, avec lidée que dans 105 collèges et lycées on donne une autonomie en matière de projets pédagogiques, mais surtout en matière de recrutements.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ça marche bien ? Le bilan.
LUC CHATEL Alors ça démarre, nous allons létendre à la prochaine rentrée scolaire, puisque nous aurons environ 300 établissements à la prochaine rentrée.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Sur combien ?
LUC CHATEL Sur 8000 établissements scolaires.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce nest pas encore la généralisation.
LUC CHATEL Non, ce nest pas la généralisation, parce que cest aussi la méthode que jai retenue, cest de procéder par expérimentations, de répondre ponctuellement là où il y a de vrais besoins, et si ça marche, détendre, de généraliser. Je crois que cest ça aussi une gestion moderne de lAdministration, de lEducation nationale, cest dêtre capable de sadapter à la réalité et de faire confiance aux acteurs locaux.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ça sera un peu la fin du modèle du collège unique aussi, ou pas du tout ?
LUC CHATEL Alors, le collège unique cest un autre sujet, je pense que, à la fois le collège unique a beaucoup apporté, je vous disais tout à lheure, 100% dune classe dâge qui permet daller jusquà la fin de la scolarisé obligatoire, en même temps on voit bien que, à partir de 13, 14 ans, on a des jeunes qui auraient besoin, sans doute, davoir un programme plus adapté. Nous réfléchissons. Et deux initiatives, que je vais prendre pour la prochaine rentrée, dabord nous allons travailler sur ceux qui ont des difficultés en entrant en 6ème, on voit bien quil y a des élèves qui passent en 6ème avec de grandes difficultés en lecture, et donc nous allons proposer, à titre expérimental, à des professeurs des écoles, c'est-à-dire des instituteurs, de venir apporter une remédiation en matière de lecture au collège. Et puis deuxièmement, à lautre bout, je vous parlais des enfants de 13, 14 ans, qui ont des difficultés, qui aimeraient bien peut-être voir autre chose, plus proche du monde professionnel, eh bien nous allons proposer des programmes adaptés, de manière à ce que, dès la 4ème, on puisse avoir une découverte de lentreprise. Ce nest pas une préorientation, parce que je pense que
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Ce nest pas de lapprentissage à 14 ans
LUC CHATEL Ce nest pas lapprentissage à 14 ans, mais cest lidée douvrir le profil de ces élèves, les intéresser, parce quil y en a qui commencent à sennuyer, et ce que nous devons cest faire en sorte quon trouve chez eux un talent caché, une qualité, qui leur permette daccrocher au système.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN On va au standard de RMC pour une question des auditeurs au 32.16.
MATHIEU BELLIARD Bonjour. Cest Séverine qui nous a appelés en première, Séverine est dans le Lot-et-Garonne. selon vous, les ados de 16 ans ont encore trop de choses à apprendre pour avoir droit au vote, en revanche ils peuvent se trouver avec des contraceptifs ou des rendez-vous avec un gynécologue dans le dos de leurs parents, ils peuvent avoir une entreprise, une association, est-ce que tout ça cest très cohérent ?
LUC CHATEL Oui cest cohérent, parce que vous savez, il faut regarder la génération et la jeunesse telle quelle est, pas telle que nous voudrions quelle soit. Aujourdhui, quand vous avez 13 500 grossesses non désirées par an, ça doit interpeller les adultes, ça doit interpeller les responsables politiques que nous sommes. Donc, nous ne remplaçons pas le rôle des parents, les parents, nous ne nous mettons pas à la place des parents, simplement nous apportons une réponse éducative, encore une fois. Je ne suis pas dans la logique consumériste, la distribution du chéquier, je suis dans la logique éducative, et cest ça la grosse différence.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Une question politiquement concrète pour terminer. Je sais que vous avez déjà refusé de répondre à cette question il y a quelques années sur une autre chaîne, alors je vous la repose. LUC CHATEL Quest-ce qui va me sortir ?
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Est-ce que vos enfants sont dans un établissement public ou privé ?
LUC CHATEL Mes enfants sont à la fois dans un établissement public et privé. Je rappelle que les établissements privés sous contrat font partie du grand service public de lEducation.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Et le choix entre public et privé vous lavez fait en fonction de quoi ?
LUC CHATEL Je lai fait en fonction, dabord des projets pédagogiques, voyez, je reviens sur le contenu des projets pédagogiques, je lai fait ensuite pour des raisons de praticité, jai déménagé, de suivi aussi des enfants, cest compliqué de changer souvent les enfants décole, donc je crois que comme tous les parents délèves, les parents denfants de France, il y a un certain nombre de critères qui comptent et Je suis aussi parent délèves, et ça maide tous les jours dans mon travail de ministre de l'Education.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN Merci Luc CHATEL davoir été avec nous sur RMC et BFM TV.
LUC CHATEL Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 26 avril 2011