Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE Bonjour Gérard LONGUET.
GERARD LONGUET Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE Oussama BEN LADEN est mort, le président américain Barack OBAMA l'a annoncé tout à l'heure vers 5 heures du matin heure de Paris. Quelle est votre réaction Gérard LONGUET ?
GERARD LONGUET C'est un événement considérable pour le monde entier. À titre personnel, permettez-moi d'avoir comme tout le monde une pensée pour les 3 000 morts du 11 Septembre, pour tous les soldats et les populations civiles tués en Afghanistan, pour toutes les victimes du terrorisme et pour nos otages qui sont encore détenus par des sous filiales d'Al Qaïda.
JEAN-MICHEL APHATIE Les autorités françaises ont-elles été informées de la localisation d'Oussama BEN LADEN par les services américains à partir du mois d'août dernier si l'on a bien compris le président OBAMA ?
GERARD LONGUET C'est une question précise. Je ne souhaite pas vous répondre.
JEAN-MICHEL APHATIE Vous ne souhaitez pas. C'est-à-dire qu'il y a une réponse que vous pourriez faire et vous ne souhaitez pas la faire.
GERARD LONGUET Il y a une réponse que je peux faire et que je ne peux pas faire.
JEAN-MICHEL APHATIE D'une manière ou d'une autre, les autorités françaises les autorités militaires ont-elles participé à cette opération ?
GERARD LONGUET Nous savons qu'il y a un lien extrêmement étroit entre la situation en Afghanistan et la situation au Pakistan. Récemment encore, le Premier ministre pakistanais GILANI était à Kaboul, une semaine avant que je n'y sois, et il y a une interaction extrêmement étroite. Le peuple pachtoune est sur les deux côtés de la frontière. Il y a une interaction extrêmement étroite et savoir que le Pakistan reprend son sens, reprend sa responsabilité d'un État et contribue à mettre fin à des situations de résignation, c'est une excellente nouvelle pour tous ceux qui ne veulent pas que le terrorisme fasse la loi dans le monde.
JEAN-MICHEL APHATIE Redoutez-vous une intensification des opérations des Talibans en Afghanistan où sont présentes des troupes françaises ?
GERARD LONGUET Non, je ne le pense pas. Je pense bien au contraire qu'il y avait dans le caractère insaisissable depuis dix ans de BEN LADEN une sorte de symbole d'impunité, de protection absolue et ce symbole tombe brutalement. Et donc de ce côté, vous savez en Afghanistan c'est un petit peu plus compliqué, il y a des Talibans qui sont sous l'influence de BEN LADEN, il n'y a pas que cela : il y a aussi une guerre civile interne. Cette guerre civile interne, elle peut peut-être évoluer rapidement parce qu'à partir du moment où il n'y a pas ce symbole de la résistance, de l'insaisissabilité absolue, on peut espérer que les efforts de conciliation, de rapprochement, pourraient fonctionner. Je pense que c'est très important de ce point de vue.
JEAN-MICHEL APHATIE Vous suggérez que peut-être la disparition d'Oussama BEN LADEN peut aider à la fabrication d'une solution politique en Afghanistan ?
GERARD LONGUET En Afghanistan, j'en suis persuadé. J'en suis persuadé parce que le système afghan est un système horriblement compliqué où il y a des tensions qui s'expriment c'est absurde, c'est insupportable par la violence, par les armes. Cette tension s'exprimait d'autant plus par la violence et par les armes qu'on avait le sentiment que le premier responsable, BEN LADEN, était impuni et resterait impuni. À partir du moment où la loi est la même pour tout le monde y compris pour BEN LADEN, je pense que les efforts de réconciliation, en tous les cas de dialogue entre Afghans deviennent désormais possibles plus facilement.
JEAN-MICHEL APHATIE Deux journalistes français sont retenus en otage en Afghanistan.
GERARD LONGUET Absolument.
JEAN-MICHEL APHATIE Pensez-vous que cette disparition puisse influer sur leur sort positivement ? Négativement ?
GERARD LONGUET Positivement. Je pense profondément que les gens alors se rendent compte que les solutions de force ne conduisent à rien. Au fond, on le voit aujourd'hui. Qu'est-ce qu'on voit ces dernières semaines ? Que les solutions de force arc-boutées sur le seul usage de l'arme lourde sur des populations civiles ou du terrorisme contre des populations civiles ne peuvent pas s'imposer durablement. Et le service que les États-Unis viennent de rendre aux démocraties mondiales et à ceux qui aiment le droit, eh bien c'est de penser qu'en fin de compte le terrorisme sera puni. C'est très important. Nous aurions aimé les uns et les autres un procès. Il n'aura pas lieu mais nous avons la certitude aujourd'hui que c'est un symbole fort pour montrer que la violence ne peut pas être une solution pour personne.
JEAN-MICHEL APHATIE Se déroulent actuellement soit devant la Maison Blanche à Washington, soit devant le lieu où les tours avaient été détruites à New York des scènes de liesse. Est-ce que cela est acceptable ? Déplacé ? Compréhensible ?
GERARD LONGUET Je pense profondément que c'est la réaction d'un peuple qui a souffert. 3 000 des siens tués dans un attentat spectaculaire, une souffrance imposée avec une injustice totale au détriment de femmes et d'hommes qui étaient complètement extérieurs à cette situation, qu'il y ait une liesse c'est compréhensible. Nous sommes de l'autre côté de l'Atlantique, vieux pays, avec du recul, eh bien réfléchissons surtout au bon côté des choses. Peut-être un signal fort pour montrer que les solutions de force fondées notamment sur le terrorisme ne sont pas des solutions d'aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APHATIE Je voudrais revenir un instant sur le Pakistan parce que si BEN LADEN s'y trouvait
GERARD LONGUET Exactement.
JEAN-MICHEL APHATIE C'est le signe peut-être que parmi les autorités pakistanaises ou les services secrets pakistanais, certains aidaient Oussama BEN LADEN, certains le couvraient. Peut-être y aura-t-il aujourd'hui au Pakistan une forme de règlement de comptes.
GERARD LONGUET Je vais vous dire : il est incontestable qu'il y a entre le Pakistan, l'Afghanistan et d'une certaine façon les autres grands pays riverains de ce malheureux Afghanistan des interactions extraordinairement complexes sur lesquelles je serais bien incapable d'apporter une réponse aussi rapidement. En tous les cas le signal est fort. Ceux qui au Pakistan considèrent que mettre la pagaille en Afghanistan est une solution eh bien en sont pour leurs frais aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APHATIE À votre connaissance, ce sont les forces secrètes américaines qui ont mené l'opération ?
GERARD LONGUET Ce qu'on appelle les opérations spéciales, c'est-à-dire des opérations menées par des militaires mais qui travaillent en petit nombre avec un bon entraînement et avec une mission extrêmement précise, en toutes responsabilités, et j'ajoute à leurs risques et périls.
JEAN-MICHEL APHATIE Savez-vous où se trouve le corps d'Oussama BEN LADEN actuellement ?
GERARD LONGUET J'en suis je pense qu'il sera Que les éléments techniques permettront de dissiper toute ambiguïté car naturellement nous aurons toujours des sceptiques.
JEAN-MICHEL APHATIE Sur la mort, sur le fait que ce soit Oussama BEN LADEN qui ait été tué.
GERARD LONGUET Sur la réalité de la personne. Je crois que les Américains sont trop sensibles à cela et ont les moyens de nous apporter ces précisions.
JEAN-MICHEL APHATIE Voilà. Je ne sais pas s'il y a quelque chose que nous n'avons pas dit, Gérard LONGUET.
GERARD LONGUET Si, il y a une chose qui est très, très importante. C'est que les grands pays, la France, les pays membres du conseil de sécurité des Nations unies, la France, la Grande Bretagne, les États-Unis, sont en train peut-être de créer une sorte, avec toutes les imperfections, de gendarmerie internationale et pour ma part, je m'en réjouis parce que cela voudrait dire que le monde peut être plus pacifique, même s'il ne sera pas parfait.
JEAN-MICHEL APHATIE Ceci peut hâter le retour des troupes françaises qui sont aujourd'hui en Afghanistan ?
GERARD LONGUET Je pense à nos soldats et j'aimerais que la mission soit terminée, qu'ils puissent revenir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mai 2011
GERARD LONGUET Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE Oussama BEN LADEN est mort, le président américain Barack OBAMA l'a annoncé tout à l'heure vers 5 heures du matin heure de Paris. Quelle est votre réaction Gérard LONGUET ?
GERARD LONGUET C'est un événement considérable pour le monde entier. À titre personnel, permettez-moi d'avoir comme tout le monde une pensée pour les 3 000 morts du 11 Septembre, pour tous les soldats et les populations civiles tués en Afghanistan, pour toutes les victimes du terrorisme et pour nos otages qui sont encore détenus par des sous filiales d'Al Qaïda.
JEAN-MICHEL APHATIE Les autorités françaises ont-elles été informées de la localisation d'Oussama BEN LADEN par les services américains à partir du mois d'août dernier si l'on a bien compris le président OBAMA ?
GERARD LONGUET C'est une question précise. Je ne souhaite pas vous répondre.
JEAN-MICHEL APHATIE Vous ne souhaitez pas. C'est-à-dire qu'il y a une réponse que vous pourriez faire et vous ne souhaitez pas la faire.
GERARD LONGUET Il y a une réponse que je peux faire et que je ne peux pas faire.
JEAN-MICHEL APHATIE D'une manière ou d'une autre, les autorités françaises les autorités militaires ont-elles participé à cette opération ?
GERARD LONGUET Nous savons qu'il y a un lien extrêmement étroit entre la situation en Afghanistan et la situation au Pakistan. Récemment encore, le Premier ministre pakistanais GILANI était à Kaboul, une semaine avant que je n'y sois, et il y a une interaction extrêmement étroite. Le peuple pachtoune est sur les deux côtés de la frontière. Il y a une interaction extrêmement étroite et savoir que le Pakistan reprend son sens, reprend sa responsabilité d'un État et contribue à mettre fin à des situations de résignation, c'est une excellente nouvelle pour tous ceux qui ne veulent pas que le terrorisme fasse la loi dans le monde.
JEAN-MICHEL APHATIE Redoutez-vous une intensification des opérations des Talibans en Afghanistan où sont présentes des troupes françaises ?
GERARD LONGUET Non, je ne le pense pas. Je pense bien au contraire qu'il y avait dans le caractère insaisissable depuis dix ans de BEN LADEN une sorte de symbole d'impunité, de protection absolue et ce symbole tombe brutalement. Et donc de ce côté, vous savez en Afghanistan c'est un petit peu plus compliqué, il y a des Talibans qui sont sous l'influence de BEN LADEN, il n'y a pas que cela : il y a aussi une guerre civile interne. Cette guerre civile interne, elle peut peut-être évoluer rapidement parce qu'à partir du moment où il n'y a pas ce symbole de la résistance, de l'insaisissabilité absolue, on peut espérer que les efforts de conciliation, de rapprochement, pourraient fonctionner. Je pense que c'est très important de ce point de vue.
JEAN-MICHEL APHATIE Vous suggérez que peut-être la disparition d'Oussama BEN LADEN peut aider à la fabrication d'une solution politique en Afghanistan ?
GERARD LONGUET En Afghanistan, j'en suis persuadé. J'en suis persuadé parce que le système afghan est un système horriblement compliqué où il y a des tensions qui s'expriment c'est absurde, c'est insupportable par la violence, par les armes. Cette tension s'exprimait d'autant plus par la violence et par les armes qu'on avait le sentiment que le premier responsable, BEN LADEN, était impuni et resterait impuni. À partir du moment où la loi est la même pour tout le monde y compris pour BEN LADEN, je pense que les efforts de réconciliation, en tous les cas de dialogue entre Afghans deviennent désormais possibles plus facilement.
JEAN-MICHEL APHATIE Deux journalistes français sont retenus en otage en Afghanistan.
GERARD LONGUET Absolument.
JEAN-MICHEL APHATIE Pensez-vous que cette disparition puisse influer sur leur sort positivement ? Négativement ?
GERARD LONGUET Positivement. Je pense profondément que les gens alors se rendent compte que les solutions de force ne conduisent à rien. Au fond, on le voit aujourd'hui. Qu'est-ce qu'on voit ces dernières semaines ? Que les solutions de force arc-boutées sur le seul usage de l'arme lourde sur des populations civiles ou du terrorisme contre des populations civiles ne peuvent pas s'imposer durablement. Et le service que les États-Unis viennent de rendre aux démocraties mondiales et à ceux qui aiment le droit, eh bien c'est de penser qu'en fin de compte le terrorisme sera puni. C'est très important. Nous aurions aimé les uns et les autres un procès. Il n'aura pas lieu mais nous avons la certitude aujourd'hui que c'est un symbole fort pour montrer que la violence ne peut pas être une solution pour personne.
JEAN-MICHEL APHATIE Se déroulent actuellement soit devant la Maison Blanche à Washington, soit devant le lieu où les tours avaient été détruites à New York des scènes de liesse. Est-ce que cela est acceptable ? Déplacé ? Compréhensible ?
GERARD LONGUET Je pense profondément que c'est la réaction d'un peuple qui a souffert. 3 000 des siens tués dans un attentat spectaculaire, une souffrance imposée avec une injustice totale au détriment de femmes et d'hommes qui étaient complètement extérieurs à cette situation, qu'il y ait une liesse c'est compréhensible. Nous sommes de l'autre côté de l'Atlantique, vieux pays, avec du recul, eh bien réfléchissons surtout au bon côté des choses. Peut-être un signal fort pour montrer que les solutions de force fondées notamment sur le terrorisme ne sont pas des solutions d'aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APHATIE Je voudrais revenir un instant sur le Pakistan parce que si BEN LADEN s'y trouvait
GERARD LONGUET Exactement.
JEAN-MICHEL APHATIE C'est le signe peut-être que parmi les autorités pakistanaises ou les services secrets pakistanais, certains aidaient Oussama BEN LADEN, certains le couvraient. Peut-être y aura-t-il aujourd'hui au Pakistan une forme de règlement de comptes.
GERARD LONGUET Je vais vous dire : il est incontestable qu'il y a entre le Pakistan, l'Afghanistan et d'une certaine façon les autres grands pays riverains de ce malheureux Afghanistan des interactions extraordinairement complexes sur lesquelles je serais bien incapable d'apporter une réponse aussi rapidement. En tous les cas le signal est fort. Ceux qui au Pakistan considèrent que mettre la pagaille en Afghanistan est une solution eh bien en sont pour leurs frais aujourd'hui.
JEAN-MICHEL APHATIE À votre connaissance, ce sont les forces secrètes américaines qui ont mené l'opération ?
GERARD LONGUET Ce qu'on appelle les opérations spéciales, c'est-à-dire des opérations menées par des militaires mais qui travaillent en petit nombre avec un bon entraînement et avec une mission extrêmement précise, en toutes responsabilités, et j'ajoute à leurs risques et périls.
JEAN-MICHEL APHATIE Savez-vous où se trouve le corps d'Oussama BEN LADEN actuellement ?
GERARD LONGUET J'en suis je pense qu'il sera Que les éléments techniques permettront de dissiper toute ambiguïté car naturellement nous aurons toujours des sceptiques.
JEAN-MICHEL APHATIE Sur la mort, sur le fait que ce soit Oussama BEN LADEN qui ait été tué.
GERARD LONGUET Sur la réalité de la personne. Je crois que les Américains sont trop sensibles à cela et ont les moyens de nous apporter ces précisions.
JEAN-MICHEL APHATIE Voilà. Je ne sais pas s'il y a quelque chose que nous n'avons pas dit, Gérard LONGUET.
GERARD LONGUET Si, il y a une chose qui est très, très importante. C'est que les grands pays, la France, les pays membres du conseil de sécurité des Nations unies, la France, la Grande Bretagne, les États-Unis, sont en train peut-être de créer une sorte, avec toutes les imperfections, de gendarmerie internationale et pour ma part, je m'en réjouis parce que cela voudrait dire que le monde peut être plus pacifique, même s'il ne sera pas parfait.
JEAN-MICHEL APHATIE Ceci peut hâter le retour des troupes françaises qui sont aujourd'hui en Afghanistan ?
GERARD LONGUET Je pense à nos soldats et j'aimerais que la mission soit terminée, qu'ils puissent revenir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mai 2011