Texte intégral
Le lancement de cette semaine européenne de la vaccination me donne avant tout loccasion de célébrer limmense avancée médicale qua constituée la vaccination depuis quelle a débuté avec Pasteur, et la vaccination réussie du petit Joseph MEISTER contre la rage, en 1885.
Depuis, de nombreux progrès ont été accomplis. La vaccination a progressé en efficacité, en sécurité et elle constitue un facteur clé de la prévention contre certaines maladies. Son succès a été tel que lon a fini par croire que de nombreuses maladies avaient été définitivement éradiquées.
Or, vous le savez, il nen est rien, hélas, et la mobilisation en faveur de la vaccination doit reprendre. Il faut interpeller les citoyens, qui sen sont progressivement détournés, en croyant quelle était désormais superflue.
Cest pourquoi, depuis 2006, à linitiative de lOMS, une semaine européenne de la vaccination est organisée chaque année, et je me réjouis particulièrement que la France sy soit associée, dès sa création.
Même si cette semaine européenne de la vaccination est, cette année, centrée plus particulièrement sur la rougeole, mon premier objectif, comme responsable politique en charge de la santé de mes concitoyens, cest de madresser aujourdhui directement à tous, pour pousser un cri dalarme que chacun doit entendre : aujourdhui, la vaccination est insuffisante dans notre pays !
Et je veux le dire avec force. Si nous ne voulons pas voir revenir ces maladies que nous pensions disparues, il nous faut donner un nouvel élan à la vaccination, car elle constitue toujours le moyen simple et efficace de se prémunir contre de nombreuses pathologies.
La réalité, cest que les couvertures vaccinales atteintes pour de nombreuses maladies ne permettent plus aujourdhui de couvrir convenablement la population et dassurer le contrôle des pathologies.
Selon la loi de santé publique de 2004, les objectifs de la couverture vaccinale, pour être efficaces, doivent en effet atteindre les taux suivants :
* au moins 95% des maladies vaccinales, sauf la grippe ;
* au moins 75% dans tous les groupes cibles pour la grippe ;
Or, nous ny sommes pas, loin sen faut, ce qui constitue un danger en matière de santé publique, dont jentends aujourdhui alerter lensemble de nos concitoyens.
En effet, nous constatons des disparités de couverture vaccinale qui se manifestent sous au moins 4 aspects significatifs :
* 1er constat : il est dordre géographique, le sud de la France se vaccine moins que le nord par exemple pour la rougeole comme sa diffusion géographique nous le montre actuellement.
* 2ème constat : chez les enfants, si la couverture atteint lobjectif pour la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, et la coqueluche, elle est insuffisante pour la rougeole, les oreillons, la rubéole, lhépatite B, le pneumocoque et la méningite C.
* 3ème constat : chez les adolescents, aucune vaccination natteint les 95% de couverture vaccinale. Ainsi moins dune jeune fille sur deux en âge dêtre vaccinée contre le HPV ne lest pas !
* 4ème constat : chez les adultes, les quelques études dont nous disposons montrent des taux très insuffisants, et qui baissent avec lâge. Je vous rappelle que seulement 61% des personnes de plus de 65 ans ont été vaccinés contre la grippe lhiver dernier, nous sommes loin des 75% minimum qui sont notre objectif.
Cette insuffisance est dautant plus préoccupante quelle concerne également les professionnels de santé, qui se font vacciner de manière inégale : leur couverture vaccinale pour les vaccins obligatoires est certes bonne : 95% pour la DTP, 91% pour lhépatite B, et 95% pour le BCG. Mais elle est très faible 6/9 pour les vaccinations recommandées : 49,7% pour la rougeole, 29% pour la varicelle, et 11% pour la coqueluche.
Lensemble des professionnels de santé doit aussi montrer lexemple à nos concitoyens, pour mieux les convaincre.
Je compte aussi beaucoup sur vous, Mesdames et Messieurs les journalistes, pour contribuer à éclairer et apaiser le débat sur la vaccination qui a eu lieu ces dernières années, et qui a pu donner le sentiment, quau fond, se faire vacciner pourrait ne pas savérer utile voir dangereux. Cette idée, je dirais cette opinion plutôt, est erronée, et il faut la combattre !
Car, je le répète, noublions pas que les pathologies à prévention vaccinale représentent toujours un risque sérieux : il nous faut donc rétablir la raison, autant que la sérénité autour de cette question essentielle de la vaccination.
Mesdames et Messieurs, pourquoi nous mobilisons-nous aujourdhui ?
La flambée de lépidémie de rougeole à laquelle nous devons faire face et à laquelle cette semaine européenne de la vaccination est plus particulièrement consacrée, est un bon indicateur du danger que représente une insuffisance de vaccination.
Nous atteignons maintenant un seuil critique, avec une partie de la population qui nest plus immunisée contre la rougeole. Cette part suffit à faire exploser cette pathologie. On estime que 1,3 millions denfants et de jeunes adultes âgées de 6 à 29 ans ne sont pas vaccinés. Et comme il sagit dune maladie à développement rapide et très contagieuse. Un cas peut en contaminer jusquà 20. Imaginons le danger que la rougeole représente, notamment pour nos enfants et nos adolescents !
Il est de mon devoir den informer nos concitoyens, car lévolution actuelle de la rougeole peut être précurseur de ce qui pourrait survenir avec dautres pathologies. Cest pourquoi jai demandé, à lissue du bilan rougeole que je vous ai présenté en mars, quun état des lieux soit fait sur lensemble des vaccins.
Jen appelle aussi, une nouvelle fois, à la responsabilité, et je le dis, à lesprit de solidarité et de civisme, en invitant chacun à aller vers son médecin traitant pour faire le bilan de ses vaccins et de ceux de son entourage. Regardez vos carnets de santé et faites le point sur vos vaccins et ceux de vos enfants : cest la première chose quil simpose de faire, pour chacun, pour chaque foyer, pour chaque famille.
Ensuite, jai décidé dorganiser avec les représentations professionnelles des médecins des travaux qui devront nous permettre de définir la meilleure stratégie à venir pour impliquer les professionnels de santé et retrouver la confiance des patients dans la vaccination.
Les syndicats de médecins libéraux seront associés à ces travaux qui devront aboutir pour la prochaine rentrée.
En parallèle, je saisirai le Haut Comité pour la santé publique afin quune réflexion technique sur la vaccination soit menée.
Les questions suivantes pourront par exemple être abordées : le calendrier peut-il être simplifié, le statut de certaines vaccinations peut-il évoluer ?
Mais, Mesdames et Messieurs les professionnels de santé, les acteurs des associations, les journalistes, cest sur vous que je compte aujourdhui pour mobiliser nos concitoyens qui vous côtoient, qui vous voient et vous entendent quotidiennement : votre rôle est primordial pour sensibiliser, informer nos concitoyens sur les dangers de la non-vaccination.
Cest ensemble que nous devons agir car ne loublions pas, la vaccination est un geste simple de protection individuelle pour le bénéfice de tous.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 3 mai 2011