Texte intégral
Q - Êtes-vous surpris par ce sondage qui montre que les Français croient encore à l'Union européenne ?
R - Les Français ont compris que l'Europe est devenue une question de bon sens.
Par rapport aux géants mondiaux avec qui nous sommes en compétition, États-Unis, Chine, Brésil, Inde, et à des enjeux qui nous dépassent (développement durable, spéculation financière ), le bouclier européen est une nécessité.
Q - En matière d'emploi, elle ne peut pas faire plus ?
R - L'Europe d'après la crise ne peut pas et ne doit pas être la même que celle d'avant la crise. Il faut une meilleure reconnaissance des services publics dans le modèle européen. Par rapport aux modèles américain ou chinois, le nôtre est une économie sociale de marché dans laquelle les services publics ont toute leur place. Des services publics qui vont du petit centre d'action sociale de la commune faisant du portage de repas pour les personnes âgées à la poste ou la SNCF.
Q - Cette vision est-elle partagée par tous les pays de l'Union, à majorité libérale ?
R - À nous de la défendre avec force ! Il faut aussi que l'Union européenne assume le bras de fer avec la Chine ou les États-Unis. D'accord pour ouvrir notre marché public intérieur mais à condition que cela soit réciproque.
Q - L'Europe doit pratiquer une forme de protectionnisme ?
R - Je dis juste que si les autres ferment leur marché, on ne doit pas ouvrir le nôtre naïvement. Si les autres sont des faucons, on n'a pas à jouer les colombes.
Q - 67% des Français veulent rester dans la zone euro. Cela vous surprend ?
R - Honnêtement, oui. Les Français ont bien compris que la présence de l'Allemagne dans l'euro en fait une monnaie crédible et plus forte. Cela montre aussi que la grande faiblesse de Mme Le Pen, c'est l'Europe. Elle défend la voie du repli national. Or, on voit un rejet très net de sa proposition qui consiste à sortir de l'euro pour revenir au franc. Cela se traduirait par une dévaluation de la monnaie française de 20%. Cela signifie quoi ? Que sur votre compte d'épargne, vous avez 20% de valeur en moins. Et à chaque fois que vous ferez un plein d'essence, vous paierez le carburant 20% plus cher puisque l'essence s'achète en dollars. Même si les prix ont augmenté, les Français ont compris que l'euro les protégeait.
Q - La France souhaite la révision des accords de Schengen. Ils sont condamnés ?
R - Absolument pas. Nous ne voulons pas moins d'Europe, mais mieux d'Europe. Ce que montre Lampedusa, c'est qu'un problème dans un pays affecte les autres pays parce que nos frontières sont des frontières européennes. On a une pression migratoire concentrée sur trois endroits : l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Une fois que les gens sont entrés par l'une de ces portes, ils peuvent circuler dans l'Union. C'est donc notre problème à tous. Nous souhaitons des gardes-frontières européens, que l'Europe s'équipe de bateaux de surveillance communs, d'avions pour patrouiller ensemble. Il y a dix ans, on avait en Espagne de vrais problèmes avec des flux massifs d'immigration illégale du Sénégal et du Maroc. L'Europe a géré cela avec Madrid. Aujourd'hui, c'est une frontière qui est sous contrôle et pacifiée. Il faut faire le même travail avec l'Italie et la Grèce.
Q - L'entrée de la Turquie sera-t-elle un thème de campagne ?
R - Oui. Le président a clairement dit que la Turquie n'est pas dans l'UE, n'a pas vocation à y entrer, alors que le PS est très ambigu sur le sujet. Or il s'agit de l'entrée de 80 millions de personnes !
Q - 80 millions de personnes ou 80 millions de musulmans ?
R - La question est de savoir où sont les limites de l'identité européenne. Je plaide pour que l'Europe assume ses racines, et l'Europe a aussi des racines chrétiennes. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de place pour des musulmans en Europe, mais il faut qu'on assume notre histoire. L'Europe a besoin de réinvestir sur son identité, il faut en débattre avec les citoyens. Je voudrais voir sur les billets d'euros Victor Hugo, Shakespeare, Voltaire
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mai 2011
R - Les Français ont compris que l'Europe est devenue une question de bon sens.
Par rapport aux géants mondiaux avec qui nous sommes en compétition, États-Unis, Chine, Brésil, Inde, et à des enjeux qui nous dépassent (développement durable, spéculation financière ), le bouclier européen est une nécessité.
Q - En matière d'emploi, elle ne peut pas faire plus ?
R - L'Europe d'après la crise ne peut pas et ne doit pas être la même que celle d'avant la crise. Il faut une meilleure reconnaissance des services publics dans le modèle européen. Par rapport aux modèles américain ou chinois, le nôtre est une économie sociale de marché dans laquelle les services publics ont toute leur place. Des services publics qui vont du petit centre d'action sociale de la commune faisant du portage de repas pour les personnes âgées à la poste ou la SNCF.
Q - Cette vision est-elle partagée par tous les pays de l'Union, à majorité libérale ?
R - À nous de la défendre avec force ! Il faut aussi que l'Union européenne assume le bras de fer avec la Chine ou les États-Unis. D'accord pour ouvrir notre marché public intérieur mais à condition que cela soit réciproque.
Q - L'Europe doit pratiquer une forme de protectionnisme ?
R - Je dis juste que si les autres ferment leur marché, on ne doit pas ouvrir le nôtre naïvement. Si les autres sont des faucons, on n'a pas à jouer les colombes.
Q - 67% des Français veulent rester dans la zone euro. Cela vous surprend ?
R - Honnêtement, oui. Les Français ont bien compris que la présence de l'Allemagne dans l'euro en fait une monnaie crédible et plus forte. Cela montre aussi que la grande faiblesse de Mme Le Pen, c'est l'Europe. Elle défend la voie du repli national. Or, on voit un rejet très net de sa proposition qui consiste à sortir de l'euro pour revenir au franc. Cela se traduirait par une dévaluation de la monnaie française de 20%. Cela signifie quoi ? Que sur votre compte d'épargne, vous avez 20% de valeur en moins. Et à chaque fois que vous ferez un plein d'essence, vous paierez le carburant 20% plus cher puisque l'essence s'achète en dollars. Même si les prix ont augmenté, les Français ont compris que l'euro les protégeait.
Q - La France souhaite la révision des accords de Schengen. Ils sont condamnés ?
R - Absolument pas. Nous ne voulons pas moins d'Europe, mais mieux d'Europe. Ce que montre Lampedusa, c'est qu'un problème dans un pays affecte les autres pays parce que nos frontières sont des frontières européennes. On a une pression migratoire concentrée sur trois endroits : l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Une fois que les gens sont entrés par l'une de ces portes, ils peuvent circuler dans l'Union. C'est donc notre problème à tous. Nous souhaitons des gardes-frontières européens, que l'Europe s'équipe de bateaux de surveillance communs, d'avions pour patrouiller ensemble. Il y a dix ans, on avait en Espagne de vrais problèmes avec des flux massifs d'immigration illégale du Sénégal et du Maroc. L'Europe a géré cela avec Madrid. Aujourd'hui, c'est une frontière qui est sous contrôle et pacifiée. Il faut faire le même travail avec l'Italie et la Grèce.
Q - L'entrée de la Turquie sera-t-elle un thème de campagne ?
R - Oui. Le président a clairement dit que la Turquie n'est pas dans l'UE, n'a pas vocation à y entrer, alors que le PS est très ambigu sur le sujet. Or il s'agit de l'entrée de 80 millions de personnes !
Q - 80 millions de personnes ou 80 millions de musulmans ?
R - La question est de savoir où sont les limites de l'identité européenne. Je plaide pour que l'Europe assume ses racines, et l'Europe a aussi des racines chrétiennes. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de place pour des musulmans en Europe, mais il faut qu'on assume notre histoire. L'Europe a besoin de réinvestir sur son identité, il faut en débattre avec les citoyens. Je voudrais voir sur les billets d'euros Victor Hugo, Shakespeare, Voltaire
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 mai 2011