Texte intégral
Madame la Ministre, Chère Valérie
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les Représentants d'Allemagne, d'Australie, du Canada, de Chine, des États-Unis, d'Inde, du Japon et du Royaume-Uni,
Mesdames, Messieurs les Directeurs généraux et Directeurs,
Mesdames, Messieurs les Étudiants,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je me réjouis de vous recevoir ce matin au ministère des Affaires étrangères et européennes, à l'occasion de cette réunion des agences des pays les plus ouverts aux étudiants étrangers. Je voudrais remercier nos hôtes, qui sont parfois venus de très loin pour y participer, et notamment les jeunes originaires du monde entier, une petite partie des 278.000 que vous évoquiez tout à l'heure, qui, à travers leur présence, témoignent de la richesse et du rayonnement de notre enseignement supérieur. Merci également à Béatrice Khaïat et à toute l'équipe de Campus France, qui se sont dépensés sans compter pour faire de ces deux journées un succès.
Pour ma part, je suis heureux que cette rencontre, qui constitue une première, ait pu se tenir ici, en France, dans notre pays si profondément attaché à sa tradition d'accueil, si fermement convaincu de la nécessité d'offrir à la jeunesse l'accès à l'enseignement supérieur.
Cette conviction, nous la partageons tous. Nous partageons une même volonté de promouvoir les savoirs, principal facteur de développement économique et social, humain d'abord, une même ambition de contribuer ensemble à l'émergence d'une société de la connaissance.
Dans une économie de la connaissance qui se mondialise de plus en plus, nous sommes également confrontés à un même défi : celui de l'augmentation permanente de la mobilité étudiante.
Les chiffres sont, de ce point de vue, éloquents :
D'ici 2015, la population mondiale étudiante aura doublé par rapport à l'an 2000 pour atteindre 200 millions d'étudiantes et d'étudiants, dont les deux tiers en provenance des pays émergents.
La mobilité étudiante, qui a triplé au cours des trente dernières années, concerne aujourd'hui 3 millions de personnes.
D'ici 2025, les jeunes qui poursuivent leur cursus hors de leur pays d'origine seront 4 à 6 millions.
Voilà une belle révolution par rapport à ce que j'ai connu quand j'étais étudiant. Nous n'avions pas cette chance d'aller vivre et étudier six mois, un an dans un autre pays.
Cette mobilité internationale des étudiants, elle a aujourd'hui profondément changé de nature. Alors qu'elle dépendait largement des relations géopolitiques et culturelles entre les pays, elle est désormais perçue comme un levier de développement économique par les gouvernements et comme un avantage concurrentiel par les établissements d'enseignement. Dans un environnement où la connaissance et l'innovation sont des facteurs essentiels de la compétitivité, elle devient un enjeu majeur de la compétition économique mondiale, tant par son importance financière que par les potentiels qu'elle développe. Pour nos écoles et nos universités, elle constitue un élément essentiel de l'accès à l'excellence : quels que soient les défauts qu'ils présentent, les classements internationaux nous révèlent chaque année la nécessité de promouvoir les échanges scientifiques pour espérer compter parmi les meilleurs.
Ce défi, nous devons le relever. Car la mobilité internationale étudiante est un formidable atout.
C'est d'abord un atout pour vous, Mesdemoiselles et Messieurs qui en bénéficiez. Etudier à l'étranger, c'est évidemment élargir sa vision du monde. Un ancien maire de Bordeaux disait : «il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui», vous avez, bien sûr, reconnu Michel de Montaigne. C'est aussi se préparer à travailler dans un environnement multiculturel, à l'heure où l'internationalisation des activités et la place croissante des technologies liées à Internet donnent une place sans cesse accrue au travail multilingue et multiculturel dans l'entreprise. C'est donc un véritable avantage pour trouver un emploi.
La mobilité internationale des étudiants est également un atout pour les pays d'origine.
En termes de changement et de progrès, d'abord. Les études ou la formation à l'étranger permettent aux futurs citoyens de se sensibiliser aux enjeux du développement durable, d'acquérir les savoir-faire et les savoir-être indispensables pour s'adapter aux évolutions du monde, d'être acteurs - dans certaines situations politiques - de la démocratisation de leur pays. La mobilité internationale est essentielle pour former les dirigeants de demain, qui contribueront à un plus grand respect de la diversité, à une coopération active entre les pays et à un monde de plus grande stabilité et de paix.
Elle est également un atout en matière de développement économique. Bien sûr, l'absence de perspectives dans certains pays d'origine peut inciter les étudiants à demeurer dans leur pays d'accueil. Mais nous sommes déterminés à contribuer, à travers la formation de formateurs et le développement d'écoles et d'universités à l'étranger, à renforcer les structures locales qui formeront elles-mêmes et en nombre suffisant les cadres dont ces États ont besoin. C'est dans cet esprit que nous nous attachons à répondre aux demandes qui nous sont exprimées, afin d'accompagner les mutations en cours. Je pense notamment à la création d'un Office méditerranéen de la jeunesse, qui est une de nos priorités, destiné à multiplier les échanges et les solidarités entre les deux rives de la Méditerranée, à laquelle la France est très attachée et qui connaissent aujourd'hui des mouvements de caractère sismique qui constituent une véritable révolution. Je pense aussi au beau projet d'Université des sciences et techniques d'Hanoï, exemplaire de la démarche de co-développement que nous voulons privilégier.
Enfin, la mobilité internationale des étudiants est aussi un atout pour celui qui reçoit, elle est essentielle pour l'ouverture à l'autre, le dialogue des cultures et la construction d'une société de la connaissance. Elle renforce l'excellence scientifique, qui suppose des interactions entre étudiants et chercheurs au niveau international. Elle permet l'intensification des coopérations entre laboratoires de recherche de différents pays et la formation de réseaux internationaux de chercheurs. J'ajoute qu'un étudiant étranger qui vient passer six mois ou un an en France, sauf exceptionnelle situation, est un ami de la France pour la vie.
L'accueil des étudiants étrangers représente donc un enjeu économique, d'influence et de solidarité majeur pour chacun de nos pays.
Cet enjeu, avec l'ensemble des pays européens, la France en a pris toute la mesure.
Fidèle à sa tradition humaniste, l'Union européenne s'est fixé pour objectif de promouvoir l'Europe dans son ensemble en tant que centre mondial d'excellence pour les études. J'en veux pour preuve des initiatives telles que la Stratégie de Lisbonne et le Processus de Bologne, qui ont permis d'engager l'harmonisation des grades universitaires (Licence-Master-Doctorat) afin de favoriser l'émergence d'un espace européen de l'enseignement attractif.
Parallèlement, depuis les années 2000, la plupart des pays européens ont entamé des réformes et lancé des politiques volontaristes pour améliorer la qualité de leurs systèmes d'enseignement supérieur. Ces démarches sont fondées sur trois principes : autonomie, regroupement des compétences et priorité à l'articulation formation-recherche-innovation. Je voudrais ici rendre un hommage très appuyé à Valérie Pécresse, à son courage, à son engagement, à sa ténacité. Le monde de l'enseignement supérieur est un monde compliqué, où les ego sont importants comme il se doit chez des gens qui ont acquis de grands savoirs et de grandes expériences. Eh bien, Valérie Pécresse est arrivée, en quelques années, à changer profondément cet univers de notre enseignement supérieur par des réformes de fond, comme bien sûr le cursus LMD, mais aussi comme la loi LRU, par l'apport d'argent frais en abondance, par des projets aussi comme le projet Campus. J'ai modestement contribué aussi dans le cadre du grand emprunt à faire en sorte que l'enseignement supérieur et nos universités, la recherche et l'innovation soient considérés comme des priorités. Je dois dire que Valérie Pécresse a su mener à bien l'ensemble de ces réformes grâce aux qualités que j'évoquais tout à l'heure et que notre enseignement supérieur, après son passage dans ce ministère, ne ressemblera plus tout à fait à ce qu'il était avant qu'elle n'y arrive.
La France, qui avec plus de 270 000 étudiants étrangers enregistrés à la rentrée 2010, se situe parmi les trois premiers pays d'accueil, s'organise également pour renforcer l'influence et la notoriété de son enseignement supérieur. Je voudrais insister sur ces chiffres parce que le bruit court, ici ou là, que l'Europe est une forteresse barricadée, qui ne laisse personne entrer de l'extérieur, et que la France est plutôt en pointe dans cette autoprotection. Ce n'est pas vrai.
Nous accueillons 278 000 étudiants étrangers et nous sommes donc parmi les trois premiers pays d'accueil. Et je pense que c'est tout à fait à l'honneur de notre pays.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'encourager une immigration incontrôlée, clandestine ou une mobilité étudiante détournée de son objectif. C'est la raison pour laquelle le ministère des Affaires étrangères et européennes et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ont confié à leurs inspections respectives une mission d'enquête sur la mobilité de certains étudiants qui se sont livrés à des trafics coupables de diplômes. Leurs auteurs ont été sévèrement sanctionnés, ces abus sont fermement condamnés et nos deux ministères font désormais preuve d'une vigilance accrue en la matière. Mais cet arbre ne doit évidemment pas cacher la forêt de la réussite de la mobilité étudiante en France.
Ce dont il s'agit, aujourd'hui, c'est de développer la mobilité des étudiants internationaux dans un cadre mieux choisi. Conformément aux séminaires gouvernementaux de 2005 et 2006, notre ambition est désormais d'encourager les jeunes étrangers qui viennent étudier dans notre pays, de leur donner des conditions matérielles sereines et de les aider à bien s'orienter.
Le ministère des Affaires étrangères et européennes est pleinement mobilisé en ce sens, avec plusieurs objectifs que je voudrais rapidement énumérer :
Le premier, c'est d'attirer les étudiants à fort potentiel, en particulier en provenance des pays émergents, dans un certain nombre de disciplines la liste n'est pas exhaustive -, telles que les sciences dures, les sciences de l'ingénieur, l'économie, le droit et la gestion, en faisant porter prioritairement notre effort sur les niveaux masters et doctorats. Et ce que vous avez dit sur la présence des étudiants étrangers à ce niveau-là est tout à fait spectaculaire.
Deuxième objectif : intensifier la promotion de notre offre d'études, en collaboration avec l'Agence Campus France. Notre ministère et votre agence travaillent vraiment main dans la main.
Troisième objectif : proposer un meilleur accompagnement des étudiants, en mobilisant les 300 collaborateurs du réseau Campus France, financé par le ministère des Affaires étrangères et européennes, soit 150 espaces dans 97 pays, et en mettant en place une charte de qualité pour l'accueil des boursiers du gouvernement français. Nous devons également veiller à ce que les étudiants qui ne satisfont pas aux obligations d'assiduité ou qui échouent régulièrement à leurs examens fassent l'objet d'un suivi particulier.
Quatrième objectif : simplifier les démarches de préinscriptions des candidats étrangers auprès des établissements d'enseignement supérieur - il y a encore des progrès à faire -, notamment la mise en place d'une procédure dématérialisée, voire supprimer ces formalités lorsque c'est possible.
Enfin, cinquième objectif : soutenir une politique ambitieuse en matière de bourses. 16 000 bourses environ sont attribuées chaque année aux étudiants étrangers qui font le choix de la France. Un certain nombre d'entre eux sont présents aujourd'hui, qui bénéficient de programmes prestigieux, comme les programme EIFFEL et MAJOR, mais aussi de programmes d'excellence conduits par nos postes diplomatiques. Nos ambassades se mobilisent pleinement pour développer davantage ces programmes, en recherchant activement des partenariats avec des entreprises, des collectivités territoriales ou des gouvernements étrangers, mais aussi en suscitant et en faisant vivre des réseaux d'anciens étudiants en France ; ça, c'est quelque chose que nous ne faisons pas assez bien, les Américains pratiquent beaucoup la technique des «ALUMNI» que l'on met en réseau ; eh bien, il faut que nous soyons aussi capables de le faire. Cette année, le ministère des Affaires étrangères et européennes, conscient de l'importance stratégique de l'accueil et de la formation d'étudiants étrangers, a fait le choix de maintenir le montant des bourses qui leur sont accordées en dépit des contraintes budgétaires qui s'appliquent à tout le monde.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais vous dire pour vous convaincre que mon administration, ici, est pleinement engagée à vos côtés
La mobilité internationale des étudiants doit s'inscrire dans un cercle vertueux, qui permette à la fois la réalisation de vos projets personnels, mais aussi la réponse aux besoins de vos pays d'origine et de votre pays d'accueil.
C'est la raison pour laquelle nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts pour soutenir les étudiants étrangers, en étant particulièrement attentifs à leur aptitude, à leur motivation et à la pertinence de leur projet académique dans une perspective professionnelle. C'est d'autant plus indispensable que, comme je vous l'ai dit, ces étudiants étrangers, après être passés sur notre sol, dans nos universités, sont le plus souvent des amis de la France pour la vie et des ambassadeurs inlassables de notre pays et de nos valeurs.
C'est ce que je souhaite, en tout cas, en m'adressant à vous et en vous remerciant de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 mai 2011