Texte intégral
G. Morin Il y a en ce moment le débat à l'Assemblée nationale sur le projet de loi pour le nouveau statut de la Corse. Quel sera votre vote ?
- "Je voterai contre. D'abord parce que l'Assemblée nationale délibère en ce moment sous la menace du chantage, en présence des séparatistes qui sont à la tribune, qui nous surveillent en quelque sorte. Le Gouvernement nous dit "c'est la bombe ou la loi" : ou bien on vote ce texte ou bien le terrorisme reprendra. Ce n'est pas une bonne manière de faire la loi. Surtout, au fond, c'est la fin de l'unité française : vous aurez à terme une loi en Corse qui ne sera pas la même que dans les autres départements et dans les autres régions. C'est très dangereux parce que c'est le démantèlement du territoire français."
Pourtant, des hommes de droite pas très éloignés de vous, à Démocratie libérale ou à l'UDF, disent que c'est une expérience qui peut s'étendre vers d'autres régions, que c'est un progrès, la suite d'une longue consultation. N'ont-ils pas aussi une part de raison ?
- "Ils voient cela comme une décentralisation très poussée. Si tel est le cas, je suis pour, en tant que président de la Vendée. Mais ce n'est pas cela, c'est beaucoup plus que cela, c'est autre chose que cela. C'est l'indépendance à terme d'un territoire français. On va prendre un exemple : j'ai 250 kilomètres de côtes en Vendée. On a toutes les peines du monde à faire appliquer la loi littoral, c'est-à-dire la protection de l'environnement sur cette côte. Cette loi littoral ne s'appliquera plus à la Corse, c'est-à-dire qu'en Corse, on pourra bâtir n'importe quoi, n'importe comment, n'importe où sur la côte parce que dans la loi actuellement en cours de discussion, il est dit qu'on pourra établir une dérogation générale à la loi littoral."
La Corse a actuellement moins de béton que vous sur la côte.
- "Précisément, il y a une pression énorme de tous les spéculateurs. On voit bien ce qu'il y a derrière, F. d'Aubert l'a très bien dit : c'est la mafia. Je ne veux pas qu'on livre un territoire français à la mafia."
Donc, vous voterez contre.
- "Je voterai contre."
G. Longuet en garde-à-vue pour le financement du Parti républicain : on ne sait pas s'il va être mis en examen, on ne sait pas encore la suite, mais avez-vous un sentiment sur cette affaire-là ?
- "J'espère que la question de l'honnêteté sera au coeur de la campagne législative et présidentielle, parce que cela commence à bien faire ! Il y a deux phénomènes très graves qu'on découvre. Le premier est l'entente mafieuse entre les partis politiques parce que dans l'affaire des lycées d'Ile-de-France, il y a un président de région qui est en garde-à-vue - ce n'est pas rien - et puis il y a ce qui est à venir."
Il y a des dizaines de mises en examen.
- "On s'aperçoit que cela allait de l'UDF au Parti communiste français. Ils s'entendaient donc là-dessus ! Ils s'entendaient pour faire du racket. C'est l'argent des familles, des parents, des enfants, des lycées. C'est donc absolument ignoble, on ne peut pas ne pas être révolté devant cela. On entend dans la rue "tous pourris." Quand on voit qu'il y a d'autres affaires en cours, où là c'est à l'international que cela se passe..."
Que voulez-vous évoquer ? Le cas de C. Pasqua ?
- "Il y a des gens qui sont souverainistes en politique et internationalistes en comptabilité. La question de l'honnêteté doit être centrale dans le débat de la campagne présidentielle."
Vous-mêmes avez été au Rassemblement pour la France. Vous avez eu des problèmes de financement dont C. Pasqua subit un peu les conséquences maintenant - il va être entendu par le juge comme témoin assisté. N'avez-vous pas été d'une certaine façon mêlé ou en tout cas concerné puisque vous étiez dans un parti ?
- "Il ne vous a pas échappé que j'ai quitté le Rassemblement pour la France en plein mois de juillet, dans l'incompréhension générale - y compris la vôtre probablement - parce que précisément je n'avais pas accès au contrôle de la gestion et que j'avais le sentiment que cette gestion était opaque. Les choses sont donc claires. On m'a même reproché d'aller le dire au juge Courroye. Pour moi, c'est une question de probité : un homme politique a l'honneur de gérer les deniers publics, de gérer l'argent des contribuables. Il faut donc qu'il soit irréprochable."
Vous dites que ce sera au coeur des prochaines campagnes électorales. Serez-vous candidat à la présidentielle de 2002 ?
- "Je réfléchis, c'est une décision grave. Je ferai connaître cette décision à l'université d'été du MPF à la mi-septembre. Il faut que les conditions soient réunies pour qu'une candidature puisse avoir une influence sur le cours des choses."
Si par exemple C. Pasqua ne peut pas l'être, voudrez-vous l'être ?
- "Ce n'est pas du tout la question. Je n'envisage pas ma réflexion par rapport aux autres mais par rapport à la situation de la France."
A la date d'aujourd'hui, seriez-vous plutôt pour ?
- "Plutôt pour, pour être très franc. Mais il va y avoir un événement considérable le 1er janvier prochain."
L'euro ?
- "L'euro, enfin surtout la disparition des pièces et des billets. Pour la première fois, les gens vont voir les conséquences concrètes d'une Europe absurde. C'est comme si on nous demandait de marcher sur nos chaussettes, on nous demande un acte inutile, absurde, au nom du fédéralisme européen à l'allemande. Cela va changer la donne."
Aux législatives de 2002, vous avez annoncé plus de 200 candidats. Les aurez-vous ?
- " Nous en avons maintenant au moins 300. J'espère d'ailleurs que ce sera dans l'unité de l'opposition. Regardez ce qui vient de se passer en Italie : quoi qu'on puisse penser par ailleurs, quand les gens s'unissent à droite, ils gagnent."
Vous avez fortement critiqué la mise en libération conditionnelle de P. Henry. Il est sorti hier de prison. Il a trouvé du travail. Avez-vous la même attitude aujourd'hui ?
- "Tout à fait. Je ne suis pas contre le pardon mais c'est aux parents de la victime de pardonner, ce n'est pas à la société. La société est là pour protéger. La justice n'est pas là pour faire de la réinsertion, elle est là pour sanctionner, pour être juste, parce qu'elle se substitue à la vengeance privée. En cet instant, je pense à celui dont on ne parle jamais : le héros du jour est P. Henry, le criminel, mais on ne parle jamais de la victime, le petit P. Bertrand, odieusement assassiné par le criminel. Il n'y aura jamais de libération conditionnelle pour lui. Quand on dit "perpétuité", c'est perpétuité. Je dis cela parce qu'il y a G. Georges en prison, le fameux violeur. Dans 19 ans, il va sortir de prison : il suffit de faire des efforts et de l'informatique. Je ne suis pas d'accord."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 17 mai 2001)
- "Je voterai contre. D'abord parce que l'Assemblée nationale délibère en ce moment sous la menace du chantage, en présence des séparatistes qui sont à la tribune, qui nous surveillent en quelque sorte. Le Gouvernement nous dit "c'est la bombe ou la loi" : ou bien on vote ce texte ou bien le terrorisme reprendra. Ce n'est pas une bonne manière de faire la loi. Surtout, au fond, c'est la fin de l'unité française : vous aurez à terme une loi en Corse qui ne sera pas la même que dans les autres départements et dans les autres régions. C'est très dangereux parce que c'est le démantèlement du territoire français."
Pourtant, des hommes de droite pas très éloignés de vous, à Démocratie libérale ou à l'UDF, disent que c'est une expérience qui peut s'étendre vers d'autres régions, que c'est un progrès, la suite d'une longue consultation. N'ont-ils pas aussi une part de raison ?
- "Ils voient cela comme une décentralisation très poussée. Si tel est le cas, je suis pour, en tant que président de la Vendée. Mais ce n'est pas cela, c'est beaucoup plus que cela, c'est autre chose que cela. C'est l'indépendance à terme d'un territoire français. On va prendre un exemple : j'ai 250 kilomètres de côtes en Vendée. On a toutes les peines du monde à faire appliquer la loi littoral, c'est-à-dire la protection de l'environnement sur cette côte. Cette loi littoral ne s'appliquera plus à la Corse, c'est-à-dire qu'en Corse, on pourra bâtir n'importe quoi, n'importe comment, n'importe où sur la côte parce que dans la loi actuellement en cours de discussion, il est dit qu'on pourra établir une dérogation générale à la loi littoral."
La Corse a actuellement moins de béton que vous sur la côte.
- "Précisément, il y a une pression énorme de tous les spéculateurs. On voit bien ce qu'il y a derrière, F. d'Aubert l'a très bien dit : c'est la mafia. Je ne veux pas qu'on livre un territoire français à la mafia."
Donc, vous voterez contre.
- "Je voterai contre."
G. Longuet en garde-à-vue pour le financement du Parti républicain : on ne sait pas s'il va être mis en examen, on ne sait pas encore la suite, mais avez-vous un sentiment sur cette affaire-là ?
- "J'espère que la question de l'honnêteté sera au coeur de la campagne législative et présidentielle, parce que cela commence à bien faire ! Il y a deux phénomènes très graves qu'on découvre. Le premier est l'entente mafieuse entre les partis politiques parce que dans l'affaire des lycées d'Ile-de-France, il y a un président de région qui est en garde-à-vue - ce n'est pas rien - et puis il y a ce qui est à venir."
Il y a des dizaines de mises en examen.
- "On s'aperçoit que cela allait de l'UDF au Parti communiste français. Ils s'entendaient donc là-dessus ! Ils s'entendaient pour faire du racket. C'est l'argent des familles, des parents, des enfants, des lycées. C'est donc absolument ignoble, on ne peut pas ne pas être révolté devant cela. On entend dans la rue "tous pourris." Quand on voit qu'il y a d'autres affaires en cours, où là c'est à l'international que cela se passe..."
Que voulez-vous évoquer ? Le cas de C. Pasqua ?
- "Il y a des gens qui sont souverainistes en politique et internationalistes en comptabilité. La question de l'honnêteté doit être centrale dans le débat de la campagne présidentielle."
Vous-mêmes avez été au Rassemblement pour la France. Vous avez eu des problèmes de financement dont C. Pasqua subit un peu les conséquences maintenant - il va être entendu par le juge comme témoin assisté. N'avez-vous pas été d'une certaine façon mêlé ou en tout cas concerné puisque vous étiez dans un parti ?
- "Il ne vous a pas échappé que j'ai quitté le Rassemblement pour la France en plein mois de juillet, dans l'incompréhension générale - y compris la vôtre probablement - parce que précisément je n'avais pas accès au contrôle de la gestion et que j'avais le sentiment que cette gestion était opaque. Les choses sont donc claires. On m'a même reproché d'aller le dire au juge Courroye. Pour moi, c'est une question de probité : un homme politique a l'honneur de gérer les deniers publics, de gérer l'argent des contribuables. Il faut donc qu'il soit irréprochable."
Vous dites que ce sera au coeur des prochaines campagnes électorales. Serez-vous candidat à la présidentielle de 2002 ?
- "Je réfléchis, c'est une décision grave. Je ferai connaître cette décision à l'université d'été du MPF à la mi-septembre. Il faut que les conditions soient réunies pour qu'une candidature puisse avoir une influence sur le cours des choses."
Si par exemple C. Pasqua ne peut pas l'être, voudrez-vous l'être ?
- "Ce n'est pas du tout la question. Je n'envisage pas ma réflexion par rapport aux autres mais par rapport à la situation de la France."
A la date d'aujourd'hui, seriez-vous plutôt pour ?
- "Plutôt pour, pour être très franc. Mais il va y avoir un événement considérable le 1er janvier prochain."
L'euro ?
- "L'euro, enfin surtout la disparition des pièces et des billets. Pour la première fois, les gens vont voir les conséquences concrètes d'une Europe absurde. C'est comme si on nous demandait de marcher sur nos chaussettes, on nous demande un acte inutile, absurde, au nom du fédéralisme européen à l'allemande. Cela va changer la donne."
Aux législatives de 2002, vous avez annoncé plus de 200 candidats. Les aurez-vous ?
- " Nous en avons maintenant au moins 300. J'espère d'ailleurs que ce sera dans l'unité de l'opposition. Regardez ce qui vient de se passer en Italie : quoi qu'on puisse penser par ailleurs, quand les gens s'unissent à droite, ils gagnent."
Vous avez fortement critiqué la mise en libération conditionnelle de P. Henry. Il est sorti hier de prison. Il a trouvé du travail. Avez-vous la même attitude aujourd'hui ?
- "Tout à fait. Je ne suis pas contre le pardon mais c'est aux parents de la victime de pardonner, ce n'est pas à la société. La société est là pour protéger. La justice n'est pas là pour faire de la réinsertion, elle est là pour sanctionner, pour être juste, parce qu'elle se substitue à la vengeance privée. En cet instant, je pense à celui dont on ne parle jamais : le héros du jour est P. Henry, le criminel, mais on ne parle jamais de la victime, le petit P. Bertrand, odieusement assassiné par le criminel. Il n'y aura jamais de libération conditionnelle pour lui. Quand on dit "perpétuité", c'est perpétuité. Je dis cela parce qu'il y a G. Georges en prison, le fameux violeur. Dans 19 ans, il va sortir de prison : il suffit de faire des efforts et de l'informatique. Je ne suis pas d'accord."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 17 mai 2001)