Déclaration de M. Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes, en réponse à une question sur les avancées de la construction européenne, au Sénat le 12 mai 2011.

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Circonstance : Questions d'actualité au Sénat, le 12 mai 2011

Texte intégral

Monsieur le Sénateur, vos convictions pro-européennes sont connues, et respectées.
Permettez-moi, en réponse à votre question, de retracer l'évolution qui s'est produite depuis quatre ans sur le front européen.
Voilà quatre ans, quelle était la situation ? L'Europe n'avait plus de traité ; l'Europe n'avait plus de capacité de décision ; l'Europe était en difficulté sur des sujets majeurs tels que l'euro. Observons ensemble les avancées qui ont été réalisées depuis grâce aux initiatives portées par le président de la République et la majorité, en reprenant ces dossiers les uns après les autres.
Un traité ? Nous avons désormais le Traité de Lisbonne, qui nous a permis de sortir de l'impasse dans laquelle nous étions.
La capacité de décision ? La Présidence française, notamment lors de la crise de la Géorgie, a permis à l'Europe de montrer sa capacité à réagir collectivement.
L'euro ? Alors qu'aucun mécanisme de défense et de solidarité n'avait été prévu pour défendre l'euro, l'Europe est parvenue, en dépit de certaines réticences, à se doter d'un outil commun pour défendre la monnaie commune contre les spéculations qui visaient à la fragiliser.
La gouvernance économique, pour laquelle vous avez vous-même souvent plaidé, Monsieur le Sénateur, nous permet d'aborder des sujets sociaux, des thématiques telles que la cohésion sociale, la valorisation du travail ou encore la formation professionnelle.
Enfin, en matière de convergence fiscale, pour laquelle vous avez aussi souvent plaidé, Monsieur le Sénateur, l'Europe connaîtra une première avancée avec la possibilité de coordonner les bases de l'impôt sur les sociétés.
J'ajoute un dernier point, sur lequel vous intervenez fréquemment, Monsieur le Sénateur : l'Europe a également avancé en ce qui concerne la réciprocité dans sa politique commerciale, notamment dans ses rapports avec la Chine.
Restent bien sûr des sujets plus difficiles, sur lesquels l'Europe a rencontré plus de difficultés pour afficher un front commun.
Je pense d'abord à la situation en Libye, dossier sur lequel le ministre d'État, Alain Juppé, s'est battu sans relâche. L'Europe a d'abord adopté des positions communes fortes en matière de sanctions mais, vous le savez, des divergences sont apparues entre la France et l'Allemagne lorsqu'il s'est agi d'appliquer la résolution 1973. Toutefois, il convient, là encore, de mesurer le chemin parcouru entre une Europe qui avait révélé son impuissance à Srebrenica et, à l'inverse, une Europe qui s'est montrée malgré tout capable de réagir face aux événements survenus en Libye.
Je reprendrai enfin les propos que vous avez tenus sur l'énergie.
En matière nucléaire, les différentes options restent de la responsabilité des États membres. En revanche, l'Union européenne, avant même les graves incidents de Fukushima, avait pris des positions communes en promouvant les plus hauts standards de sécurité, non seulement pour l'Europe et ses voisins, mais aussi à l'échelle du monde.
Monsieur le Sénateur, je vous rejoins : l'Europe traverse des crises. Malgré cela, elle avance. L'Europe politique n'a jamais autant progressé qu'au cours des quatre dernières années. Ce sera l'un des points solides du bilan du président de la République.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 mai 2011