Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur les enjeux du sommet du G8 de Deauville, au Sénat le 26 mai 2011.

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Circonstance : Question d'actualité posée par M. Alain Gournac, sénateur (UMP) des Yvelines, au Sénat le 26 mai 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,


Je voudrais d'abord dire que c'est un honneur pour notre pays d'accueillir sur son sol les représentants des grandes puissances économiques, et à travers eux, les peuples dont ils sont les porte-parole. Je voudrais ensuite me réjouir que l'ordre du jour de cette réunion du G8 correspond aux priorités que le Président de la République et la France, ont souhaité. Il s'agit d'abord d'inviter les responsables de la Tunisie et de l'Egypte, pour parler avec eux du « printemps arabe », montrer la solidarité des grandes puissances. Solidarité, qui doit se traduire par un soutien politique, naturellement, mais, qui doit surtout se traduire par un soutien financier, par un soutien économique, pour que la Tunisie et l'Egypte réussissent leur transition vers la démocratie, qui n'est pas encore aujourd'hui achevée, loin de là.

Nous avons reçu la semaine dernière le Premier ministre tunisien à Paris. Les demandes que la Tunisie va formuler auprès du G8 sont très importantes. Elles correspondent à des financements pour réaliser des infrastructures permettant de rééquilibrer le développement de ce pays, dont vous savez qu'il est essentiellement concentré sur la côte, et pas assez sur l'intérieur du pays. Ce sont des sommes considérables dont la Tunisie a besoin, que la France et l'Europe, seules, ne peuvent pas mettre en place sans le soutien des Etats-Unis, de la Chine, du Japon, des autres grandes puissances. De la même façon, je recevrai dans quelques instants, après cette séance, le Premier ministre égyptien qui rejoindra ensuite Deauville. La réussite de la révolution en Egypte est fondamentale pour que le « printemps arabe » puisse faire des émules, et nous savons que la situation égyptienne est plus difficile à résoudre que la situation tunisienne, notamment parce que l'économie égyptienne est complètement à l'arrêt depuis le début de la révolution. Les responsables du G8 ont d'ailleurs profité de l'occasion dès ce matin, de l'examen de cet ordre du jour, pour condamner très fermement la répression en Syrie, et pour demander une nouvelle fois au colonel Kadhafi de reconnaître la réalité, de se retirer du pouvoir pour permettre l'instauration d'un processus démocratique en Libye.

Le deuxième point qui sera à l'ordre du jour de ce sommet du G8, c'est la situation au Japon et, en particulier, les suites de la crise nucléaire. Les pays membres du G8 apporteront naturellement leur soutien et leur solidarité au peuple japonais et proposeront de participer à la reconstruction des régions qui ont été dévastées par le tremblement de terre et le tsunami. Mais nous allons aussi proposer - et c'est un sujet sur lequel la France a déjà pris plusieurs fois des positions, notamment à l'occasion du sommet qui s'est réuni à Kiev pour l'anniversaire de l'accident de Tchernobyl - nous allons proposer aux autres pays du G8 de créer une force d'intervention rapide qui soit en mesure de mobiliser tous les moyens des grands pays industrialisés en cas d'accident nucléaire, comme celui qui s'est produit à Fukushima. Et surtout nous allons proposer que soient mises en place, des règles en matière de sécurité, des standards en matière de sécurité, beaucoup plus élevés que ceux qui ont cours aujourd'hui au plan international, et nous savons bien que suivant les pays, la sécurité n'est pas assurée de la même façon.

Enfin, ce sommet du G8 sera l'occasion, à l'initiative de la France et pour la première fois dans une réunion de ce type, d'évoquer la question de l'Internet, de ce que nous avons appelé l'Internet civilisé. L'Internet va devenir, est déjà, un des vecteurs principaux de la croissance dans tous les pays. Il faut que les règles qui sont celles que nos civilisations ont construites avec le temps - la démocratie, le respect de la personne, le respect de la vie privée - ces règles doivent aussi s'appliquer sur Internet. Alors naturellement cela pose des questions technologiques, cela pose des questions de coopération entre les Etats. Pour la première fois, les membres du G8 vont se saisir de cette question.

Enfin, et j'en terminerai par là, nous avons voulu que soient invités au sommet de Deauville plusieurs chefs d'Etat africains qui ont une caractéristique, c'est qu'ils ont été élus démocratiquement. C'est une façon aussi pour nous de montrer que désormais il y a quelque chose qui a changé dans le monde et qu'on encouragera les processus démocratiques, en Afrique comme ailleurs.


Source http://www.gouvernement.fr, le 27 mai 2011