Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
Cest avec grand plaisir que jai accepté douvrir ce ForUm sur «linnovation, une chance pour le Proche-Orient», à linvitation de Valérie Hoffenberg, représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient.
Je tiens à remercier et à saluer chaleureusement tous les participants venus du Proche et du Moyen-Orient à Paris pour participer à cette manifestation.
Le thème qui nous rassemble aujourdhui est on ne peut mieux choisi.
Comment linnovation peut-elle contribuer au développement économique et à lamélioration de la vie quotidienne des peuples de la région ? Cette question prend toute son importance aujourdhui dans le contexte de ce quon appelle le «printemps arabe».
Quel que soit le nom quon lui donne, cet élan démocratique repose sur des aspirations profondes et des mouvements parfois anciens. Mais il sest appuyé, comme chacun le sait, sur la jeunesse et il sest accéléré grâce aux nouvelles technologies. La révolution numérique a permis de libérer les flux dinformation et de créer de nouveaux liens de solidarité. Elle nexplique pas à elle seule les évolutions politiques dune rapidité extraordinaire que lon observe depuis le début de lannée. Mais elle a sans nul doute contribué à leur déclenchement. Elle ne suffit malheureusement pas toujours à assurer leur succès et nempêche pas que des dictateurs saccrochent au pouvoir en réprimant leur population comme lillustre lexemple tragique de la Libye.
La technologie ne peut pas tout. Lélan démocratique doit, pour se perpétuer, sappuyer sur des réformes politiques mais aussi, et peut-être dabord, sur le développement économique. La transition démocratique doit être accompagnée sur le plan économique. Les réformes doivent être soutenues. Cest le sens du message du G8 de Deauville. Cest notre intérêt à tous. Cest une prospérité partagée qui permettra à la paix et à la démocratie de sancrer durablement dans les pays du pourtour de la Méditerranée.
Cest là que lon retrouve, sous un autre aspect, lexigence dinnovation. Comme la dit récemment Joseph Stiglitz : «Il nous faut montrer que la technologie nest pas seulement loutil qui peut renverser les régimes - elle peut aussi créer une nouvelle économie pleine de dynamisme» ; Les pays de la région ont trop longtemps vu leur développement économique limité par des obstacles politiques. Il est temps quils se mobilisent autour de projets davenir et se rassemblent pour être à la pointe du progrès, comme ils lont été dans lhistoire et comme leur jeunesse, de mieux en mieux formée, y aspire légitimement.
Ne soyons pas naïfs. Ne minimisons pas les conséquences des tensions qui perdurent dans la région. Le conflit du Proche-Orient appelle des solutions politiques, et la France continuera dagir avec détermination en ce sens. Nous avons en fait le choix dentrer une dynamique dont chacun peut espérer sortir gagnant ou de rester dans une logique de confrontation. Le vent de changement politique que connaît la région nous oblige à faire le pari de laudace et de linnovation.
Les défis de la Méditerranée sont connus et nont fait que saggraver depuis quinze ans : réduire les écarts de développement, combattre des menaces communes (climat, pollution, insécurité alimentaire) et mener une véritable politique de civilisation (passer du clash au dialogue). Ces défis sont au cur du projet dUnion pour la Méditerranée. Je formule le vu que ce processus sappuie sur ses atouts - le paritarisme et la géométrie variable - pour accélérer le lancement de projets concrets répondant aux attentes des populations.
Ce forum se donne pour ambition de présenter des solutions innovantes pour améliorer laccès aux services essentiels à la vie que sont leau, lassainissement, lalimentation et lénergie. Ce sujet est crucial. Aujourdhui, trop dhabitants du Moyen-Orient nont pas un accès satisfaisant à ces services. Si lon nagit pas dès maintenant, leur situation ne cessera de se détériorer du fait de ressources hydrauliques limitées, et des conditions climatiques parfois extrêmes, qui prévalent dans la région et qui ne feront que saggraver à lavenir.
Le défi est de mettre en place des modes de consommation et de production qui permettront aux populations de vivre dans un contexte de rareté de leau et de lénergie. Il convient de penser dès maintenant à un système complètement nouveau, prenant en compte toutes les dimensions humaines, économiques et sociales. Lampleur des défis nous oblige à nous mobiliser. Leur radicalité nous pousse à innover. Le fait quils soient communs nous engage à nous rassembler.
Laccès à leau est sans doute le premier des défis à relever. Les pays du Moyen-Orient y sont tous, et depuis longtemps, confrontés. Mais aujourdhui, les besoins sont en augmentation constante et la situation atteint un point critique dans certains pays très arides qui ne sont pas capables de répondre aux besoins élémentaires de leur population et de leur économie. Laccès à leau est ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiques. Plusieurs pays partagent le bassin de certains fleuves. Il serait dans lintérêt commun dengager une coopération renforcée qui permette une réflexion globale, prenant en compte lutilité de chaque usage.
De laccès à la ressource en eau dépend en grande partie la sécurité alimentaire. Enjeu mondial, qui présente encore plus dacuité pour les pays arides ou semi-arides du Moyen-Orient. Comme la production agricole est fortement consommatrice deau, ces pays sont contraints de recourir à des mécanismes dirrigation très développés et coûteux pour assurer une production locale. Dans le même temps les prix mondiaux des produits agricoles et alimentaires souffrent de volatilité et sont orientés durablement à la hausse. Les pays du Moyen-Orient se trouvent confrontés à un dilemme entre le choix dune production locale consommatrice de ressources en eau, rare et nécessaire à dautres usages, et une dépendance alimentaire envers des pays tiers, qui peut être déstabilisante.
Les questions énergétiques, y compris pour les pays qui possèdent des réserves en hydrocarbures, sont devenues prioritaires dans le contexte mondial de raréfaction des ressources en énergies fossiles et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Les pays producteurs de gaz et de pétrole réfléchissent déjà à des alternatives pour réserver leurs ressources fossiles à dautres utilisations que la production locale dénergie. Labondance de la ressource solaire dans tous les pays du Moyen-Orient ainsi que leur important potentiel éolien sont des opportunités qui doivent être explorées. La France soutient fermement le Plan solaire méditerranéen. Le PSM est un des six projets prioritaires de lUnion pour la Méditerranée et sest donné lobjectif ambitieux de créer 20 GW dénergies renouvelables supplémentaires dici 2020. Il doit saccompagner dactions sur la maîtrise de la demande, sur lefficacité énergétique et sur le développement des interconnections électriques nord-sud entre les pays de la zone euro-méditerranéenne.
Mesdames, Messieurs,
Les enjeux que je viens dévoquer appellent des solutions audacieuses combinant linnovation et la coopération régionale.
Je sais quil existe déjà de très nombreuses initiatives innovantes en matière de Développement durable au proche et Moyen-Orient. Ces initiatives régionales et locales doivent sarticuler avec les négociations multilatérales dans le domaine du développement durable. À cet égard, linscription à Cancun en décembre 2010, des actions datténuation des émissions de gaz à effet de serre sous la Convention Climat constitue une avancée considérable. La Conférence de Durban fin 2011, devra poursuivre cette dynamique du renforcement du régime mondial de lutte contre le changement climatique. La France souhaite appuyer ces initiatives concrètes, en favorisant les coopérations et en mobilisant les appuis internationaux dont elles peuvent bénéficier.
Parmi celles-ci, je voudrais évoquer dans le domaine de leau le projet Mer Rouge/Mer Morte. Unique au monde par son ambition et par son ampleur, ce projet est dune très grande complexité. Il doit permettre de répondre aux besoins en eau des populations jordanienne, israélienne et palestinienne. La France suit attentivement ce projet et a déjà engagé des ressources financières pour les études. Elle continuera à appuyer ce projet phare de la coopération régionale et à mobiliser tous les partenaires indispensables à sa mise en uvre.
Jaurais pu évoquer de multiples autres projets, dans le domaine des transports, avec les pistes de développement de réseaux régionaux de voyageurs et de marchandises, ou dans le domaine des énergies renouvelables, avec la création de lagence IRENA.
Lexistence de tous ces projets nous permet dêtre optimistes en ce qui concerne la capacité des pays du Moyen-Orient à sengager dans linnovation pour répondre aux attentes de leurs populations en matière de développement économique et damélioration du niveau de vie.
Je me réjouis de la forte implication de plusieurs entreprises françaises à ces projets et à cette manifestation. Toutes les actions que nous souhaitons développer ensemble seront productrices de richesses et demplois.
Je souhaite que les débats de ce ForUm, Chère Valérie, permettent daméliorer la compréhension réciproque et de trouver ensemble des pistes nouvelles et concrètes. Cest ensemble, Etats, entreprises, collectivités et citoyens réunis, Nord et Sud confondus, que nous pourrons ensemble progresser.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite plein succès dans vos travaux.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 juin 2011
Mesdames, Messieurs,
Cest avec grand plaisir que jai accepté douvrir ce ForUm sur «linnovation, une chance pour le Proche-Orient», à linvitation de Valérie Hoffenberg, représentante spéciale de la France pour la dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et environnementale du processus de paix au Proche-Orient.
Je tiens à remercier et à saluer chaleureusement tous les participants venus du Proche et du Moyen-Orient à Paris pour participer à cette manifestation.
Le thème qui nous rassemble aujourdhui est on ne peut mieux choisi.
Comment linnovation peut-elle contribuer au développement économique et à lamélioration de la vie quotidienne des peuples de la région ? Cette question prend toute son importance aujourdhui dans le contexte de ce quon appelle le «printemps arabe».
Quel que soit le nom quon lui donne, cet élan démocratique repose sur des aspirations profondes et des mouvements parfois anciens. Mais il sest appuyé, comme chacun le sait, sur la jeunesse et il sest accéléré grâce aux nouvelles technologies. La révolution numérique a permis de libérer les flux dinformation et de créer de nouveaux liens de solidarité. Elle nexplique pas à elle seule les évolutions politiques dune rapidité extraordinaire que lon observe depuis le début de lannée. Mais elle a sans nul doute contribué à leur déclenchement. Elle ne suffit malheureusement pas toujours à assurer leur succès et nempêche pas que des dictateurs saccrochent au pouvoir en réprimant leur population comme lillustre lexemple tragique de la Libye.
La technologie ne peut pas tout. Lélan démocratique doit, pour se perpétuer, sappuyer sur des réformes politiques mais aussi, et peut-être dabord, sur le développement économique. La transition démocratique doit être accompagnée sur le plan économique. Les réformes doivent être soutenues. Cest le sens du message du G8 de Deauville. Cest notre intérêt à tous. Cest une prospérité partagée qui permettra à la paix et à la démocratie de sancrer durablement dans les pays du pourtour de la Méditerranée.
Cest là que lon retrouve, sous un autre aspect, lexigence dinnovation. Comme la dit récemment Joseph Stiglitz : «Il nous faut montrer que la technologie nest pas seulement loutil qui peut renverser les régimes - elle peut aussi créer une nouvelle économie pleine de dynamisme» ; Les pays de la région ont trop longtemps vu leur développement économique limité par des obstacles politiques. Il est temps quils se mobilisent autour de projets davenir et se rassemblent pour être à la pointe du progrès, comme ils lont été dans lhistoire et comme leur jeunesse, de mieux en mieux formée, y aspire légitimement.
Ne soyons pas naïfs. Ne minimisons pas les conséquences des tensions qui perdurent dans la région. Le conflit du Proche-Orient appelle des solutions politiques, et la France continuera dagir avec détermination en ce sens. Nous avons en fait le choix dentrer une dynamique dont chacun peut espérer sortir gagnant ou de rester dans une logique de confrontation. Le vent de changement politique que connaît la région nous oblige à faire le pari de laudace et de linnovation.
Les défis de la Méditerranée sont connus et nont fait que saggraver depuis quinze ans : réduire les écarts de développement, combattre des menaces communes (climat, pollution, insécurité alimentaire) et mener une véritable politique de civilisation (passer du clash au dialogue). Ces défis sont au cur du projet dUnion pour la Méditerranée. Je formule le vu que ce processus sappuie sur ses atouts - le paritarisme et la géométrie variable - pour accélérer le lancement de projets concrets répondant aux attentes des populations.
Ce forum se donne pour ambition de présenter des solutions innovantes pour améliorer laccès aux services essentiels à la vie que sont leau, lassainissement, lalimentation et lénergie. Ce sujet est crucial. Aujourdhui, trop dhabitants du Moyen-Orient nont pas un accès satisfaisant à ces services. Si lon nagit pas dès maintenant, leur situation ne cessera de se détériorer du fait de ressources hydrauliques limitées, et des conditions climatiques parfois extrêmes, qui prévalent dans la région et qui ne feront que saggraver à lavenir.
Le défi est de mettre en place des modes de consommation et de production qui permettront aux populations de vivre dans un contexte de rareté de leau et de lénergie. Il convient de penser dès maintenant à un système complètement nouveau, prenant en compte toutes les dimensions humaines, économiques et sociales. Lampleur des défis nous oblige à nous mobiliser. Leur radicalité nous pousse à innover. Le fait quils soient communs nous engage à nous rassembler.
Laccès à leau est sans doute le premier des défis à relever. Les pays du Moyen-Orient y sont tous, et depuis longtemps, confrontés. Mais aujourdhui, les besoins sont en augmentation constante et la situation atteint un point critique dans certains pays très arides qui ne sont pas capables de répondre aux besoins élémentaires de leur population et de leur économie. Laccès à leau est ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiques. Plusieurs pays partagent le bassin de certains fleuves. Il serait dans lintérêt commun dengager une coopération renforcée qui permette une réflexion globale, prenant en compte lutilité de chaque usage.
De laccès à la ressource en eau dépend en grande partie la sécurité alimentaire. Enjeu mondial, qui présente encore plus dacuité pour les pays arides ou semi-arides du Moyen-Orient. Comme la production agricole est fortement consommatrice deau, ces pays sont contraints de recourir à des mécanismes dirrigation très développés et coûteux pour assurer une production locale. Dans le même temps les prix mondiaux des produits agricoles et alimentaires souffrent de volatilité et sont orientés durablement à la hausse. Les pays du Moyen-Orient se trouvent confrontés à un dilemme entre le choix dune production locale consommatrice de ressources en eau, rare et nécessaire à dautres usages, et une dépendance alimentaire envers des pays tiers, qui peut être déstabilisante.
Les questions énergétiques, y compris pour les pays qui possèdent des réserves en hydrocarbures, sont devenues prioritaires dans le contexte mondial de raréfaction des ressources en énergies fossiles et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Les pays producteurs de gaz et de pétrole réfléchissent déjà à des alternatives pour réserver leurs ressources fossiles à dautres utilisations que la production locale dénergie. Labondance de la ressource solaire dans tous les pays du Moyen-Orient ainsi que leur important potentiel éolien sont des opportunités qui doivent être explorées. La France soutient fermement le Plan solaire méditerranéen. Le PSM est un des six projets prioritaires de lUnion pour la Méditerranée et sest donné lobjectif ambitieux de créer 20 GW dénergies renouvelables supplémentaires dici 2020. Il doit saccompagner dactions sur la maîtrise de la demande, sur lefficacité énergétique et sur le développement des interconnections électriques nord-sud entre les pays de la zone euro-méditerranéenne.
Mesdames, Messieurs,
Les enjeux que je viens dévoquer appellent des solutions audacieuses combinant linnovation et la coopération régionale.
Je sais quil existe déjà de très nombreuses initiatives innovantes en matière de Développement durable au proche et Moyen-Orient. Ces initiatives régionales et locales doivent sarticuler avec les négociations multilatérales dans le domaine du développement durable. À cet égard, linscription à Cancun en décembre 2010, des actions datténuation des émissions de gaz à effet de serre sous la Convention Climat constitue une avancée considérable. La Conférence de Durban fin 2011, devra poursuivre cette dynamique du renforcement du régime mondial de lutte contre le changement climatique. La France souhaite appuyer ces initiatives concrètes, en favorisant les coopérations et en mobilisant les appuis internationaux dont elles peuvent bénéficier.
Parmi celles-ci, je voudrais évoquer dans le domaine de leau le projet Mer Rouge/Mer Morte. Unique au monde par son ambition et par son ampleur, ce projet est dune très grande complexité. Il doit permettre de répondre aux besoins en eau des populations jordanienne, israélienne et palestinienne. La France suit attentivement ce projet et a déjà engagé des ressources financières pour les études. Elle continuera à appuyer ce projet phare de la coopération régionale et à mobiliser tous les partenaires indispensables à sa mise en uvre.
Jaurais pu évoquer de multiples autres projets, dans le domaine des transports, avec les pistes de développement de réseaux régionaux de voyageurs et de marchandises, ou dans le domaine des énergies renouvelables, avec la création de lagence IRENA.
Lexistence de tous ces projets nous permet dêtre optimistes en ce qui concerne la capacité des pays du Moyen-Orient à sengager dans linnovation pour répondre aux attentes de leurs populations en matière de développement économique et damélioration du niveau de vie.
Je me réjouis de la forte implication de plusieurs entreprises françaises à ces projets et à cette manifestation. Toutes les actions que nous souhaitons développer ensemble seront productrices de richesses et demplois.
Je souhaite que les débats de ce ForUm, Chère Valérie, permettent daméliorer la compréhension réciproque et de trouver ensemble des pistes nouvelles et concrètes. Cest ensemble, Etats, entreprises, collectivités et citoyens réunis, Nord et Sud confondus, que nous pourrons ensemble progresser.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite plein succès dans vos travaux.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 juin 2011