Interview de M. Maurice Leroy, ministre de la ville, à I-Télévision le 1er juin 2011, sur la candidature de M. Jean-Louis Borloo à l'élection présidentielle 2012 et le projet de Grand Paris.

Prononcé le 1er juin 2011

Intervenant(s) : 

Média : I-télévision

Texte intégral

MICHAEL DARMON Bonjour Maurice LEROY.
 
MAURICE LEROY Bonjour.
 
MICHAEL DARMON Bonjour Guillaume TABARD.
 
GUILLAUME TABARD Bonjour Michael.
 
MICHAEL DARMON Nous allons parler avec un ministre de la Ville affranchi dit-on, puisque c'est le titre de votre livre, Paroles d'affranchi, mais on va bien sûr en parler. Justement on va parler librement de cela. Jean-Louis BORLOO, on a écouté Guillaume TABARD il y a quelques instants sur Radio Classique, alors c'est une aventure, un coup de bluff, un coup de pression ?
 
MAURICE LEROY Écoutez, je ne suis pas le porte-parole de Jean-Louis BORLOO. Il est assez grand pour le faire.
 
MICHAEL DARMON Oui, on le sait.
 
MAURICE LEROY Non, mais je vais vous le dire. Je ne suis pas le porte-parole de Jean-Louis BORLOO : il est assez grand pour le faire. Effectivement, je souscris à peu près aux propos tenus à l'instant par Guillaume TABARD, qui je crois a parfaitement bien analysé la situation : on verra bien. Nous sommes sincèrement à onze mois de l'élection présidentielle. Voilà. Je vais vous dire, moi les Français, ils attendent des ministres du gouvernement de François FILLON et de Nicolas SARKOZY qu'ils travaillent, qu'ils soient utiles à leur pays. C'est ce que je fais sur le Grand Paris.
 
MICHAEL DARMON Mais pourquoi il fait ça Jean-Louis BORLOO ? Pourquoi il a choisi hier dans La Voix du Nord de dire : « Je suis… »…
 
MAURICE LEROY Demandez-le lui. Invitez-le et demandez-le lui.
 
MICHAEL DARMON Non mais en tant que responsable politique, vous le connaissez bien, donc comment vous pouvez comprendre cette démarche ?
 
MAURICE LEROY Vous savez, comment je la comprends ? Confédérez les centres, c'est très utile. Nous y travaillons, moi je suis un ministre centriste, membre du Nouveau Centre que nous avons crée avec Hervé MORIN, François SAUVADET et d'autres de mes amis parce qu'à l'époque nous voulions monter dans le train des réformes voulues et mises en oeuvre par Nicolas SARKOZY. On ne voulait pas, à la différence de François BAYROU qui était cité tout à l'heure, être sur le quai et regarder passer le train des réformes.
 
MICHAEL DARMON Oui, on va parler de François BAYROU parce qu'il a des choses à vous dire, oui.
 
MAURICE LEROY Sans doute. Moi aussi. Nous l'avons fait, nous l'avons fait – voilà. Et par conséquent, Jean-Louis BORLOO a toujours été solidaire du gouvernement. Il l'a encore réaffirmé hier matin et c'est vrai. Que ce soit dans les gouvernements RAFFARIN, VILLEPIN ou FILLON, il a toujours travaillé dans l'équipe gouvernementale.
 
MICHAEL DARMON Ça, c'est pour dire qu'il n'y a pas de différences en réalité et qu'il est…
 
MAURICE LEROY Mais non. Est-ce que je vous ai dit qu'il n'y avait pas de différences ?
 
MICHAEL DARMON C'est un peu ce que vous voulez dire.
 
MAURICE LEROY Non, pas du tout. Je suis centriste, je ne suis pas à l'UMP. Moi je n'ai pas besoin de quitter l'UMP : je n'y suis jamais entré et je n'y suis pas. Et vous pouvez très bien avoir de l'unité sans l'uniformité. Moi, je plaide pour l'unité de la majorité présidentielle mais pas d'uniformité. Michel MERCIER n'est pas UMP par exemple, voilà. Ça ne l'empêche pas d'être un très bon Garde des Sceaux.
 
MICHAEL DARMON Xavier BERTRAND dit : « Le pas fait hier par Jean-Louis BORLOO, c'est un pas de plus vers la désunion et vers l'échec ». Qu'est-ce que vous en pensez ?
 
MAURICE LEROY J'aime beaucoup Xavier BERTRAND. Nous sommes très amis.
 
MICHAEL DARMON Oui, mais ça ce n'est pas le problème.
 
MAURICE LEROY Laissez-moi faire deux phrases l'une derrière l'autre puis vous saurez. Mais voilà. Moi je pense que Christian ESTROSI a parfaitement raison dans ses déclarations.
 
MICHAEL DARMON Allons bon !
 
MAURICE LEROY Oui. Que tout le monde soit un peu prudent, garde ses nerfs et son calme. Comme on dirait en Poitou-Charentes : zénitude totale dans la majorité présidentielle. Nous sommes à onze mois – à onze mois de la présidentielle. Regardez : il y a seulement deux mois on nous expliquait que Dominique STRAUSS-KAHN ça y est, c'était fait ; il était à l'Elysée et dans les couloirs, on composait bientôt le gouvernement socialiste futur, etc. Et voyez où en est l'actualité aujourd'hui ! Donc moi, je suis zen. Il y a une majorité présidentielle, cette majorité elle est unie derrière Nicolas SARKOZY. Il y a une équipe gouvernementale qui travaille, qui est utile à la France. J'en prends ma part pour le Grand Paris et pour la politique de la ville qui est de ma responsabilité ministérielle et donc voilà.
 
MICHAEL DARMON On va en parler, mais quand même...
 
MAURICE LEROY Et après, nous verrons bien. Mais c'est utile la confédération des centres. Très utile.
 
MICHAEL DARMON D'accord, Maurice LEROY. Parole d'affranchi vous nous dites, mais là je trouve que vous nous avez quand même habitués à un langage beaucoup plus clair que cette belle langue de bois de ce matin.
 
MAURICE LEROY Mais je suis toujours aussi clair.
 
MICHAEL DARMON On sent un beau scepticisme finalement par rapport au début de l'aventure BORLOO. Vous étiez plus allant quand même.
 
MAURICE LEROY Mais non ce n'est pas – je n'ai absolument rien changé. Vous pouvez reprendre mes déclarations ici même dans ce studio. 1/ J'ai toujours été favorable et je me suis battu pour et ardemment, pour confédérer les centres, faire en sorte qu'on se réunisse, qu'on se rassemble. C'est en cours.
 
MICHAEL DARMON Nicolas SARKOZY dit que c'est François BAYROU le seul dépositaire de la marque centriste.
 
MAURICE LEROY D'abord vous n'en savez rien.
 
MICHAEL DARMON Si, c'est ce qu'il dit.
 
MAURICE LEROY Mais vous n'êtes pas le porte-parole de Nicolas SARKOZY.
 
MICHAEL DARMON Je ne suis pas le porte-parole. Je suis journaliste et je récupère des propos du président de la République.
 
MAURICE LEROY Vous n'en savez rien, voilà. Bien. Deuxième élément : c'est utile parce qu'il faut que la majorité présidentielle marche bien sur ses deux jambes. Il y a une aile modérée qui se bat pour un projet qui est social, humaniste, européen, décentralisateur. C'est cette aile que je représente dans le gouvernement de François FILLON et le moment venu, moi j'ai totalement confiance en Jean-Louis BORLOO. C'est un homme responsable, il l'a dit lui-même. Il l'a dit lui-même et je lui fais totalement confiance.
 
MICHAEL DARMON Guillaume TABARD ?
 
GUILLAUME TABARD Dans cette démarche de Jean-Louis BORLOO, il y a deux aspects différents. Le premier c'est effectivement le rassemblement des centristes de la majorité au sein de la confédération des centres et vous en êtes.
 
MAURICE LEROY Nous y sommes.
 
GUILLAUME TABARD Mais il y a aussi un élément qui est inscrit dans la charte de la confédération, que chacune des formations est en train de ratifier : c'est que cette confédération a vocation à soutenir un candidat à l'élection présidentielle. C'est inscrit dans la charte de la confédération. Vous souscrivez à cette charte ?
 
MAURICE LEROY Mais je l'ai votée, cette charte. Je suis membre du Nouveau Centre, donc je l'ai votée. Simplement la politique, comme vous le savez très bien d'ailleurs, Guillaume TABARD, qui l'observez depuis un moment maintenant, la politique c'est aussi l'art du moment et des situations. Excusez-moi, mais moi je suis un responsable. Ce n'est pas la même chose, même avec cette charte, si madame LE PEN est à 25 % ou si elle est à 15. Vous êtes d'accord ? Bien. Eh bien ce n'est pas la même chose, et moi je fais de la politique et j'assume de faire de la politique.
 
GUILLAUME TABARD Sauf que BORLOO qu'il refuse le chantage au score de Marine LE PEN.
 
MAURICE LEROY Ce n'est pas un chantage. Il ne s'agit pas de chantage : il s'agit d'une situation. Ce n'est pas un chantage et encore une fois, Jean-Louis est très responsable. Il sait ça aussi et on l'a vu à gauche. On a vu que ça a existé et qu'on n'avait plus Lionel JOSPIN au second tour. Eh bien ça, c'est une responsabilité et François SAUVADET le dit très bien, qui est le président des députés du Nouveau Centre. Il a dit : « Respectons le calendrier ». Le calendrier c'est l'automne, je soutiens cette déclaration de François SAUVADET.
 
MICHAEL DARMON Est-ce que vous voulez répondre à la question rituelle que Guillaume et moi on vous posera jusqu'à l'élection présidentielle ? Finalement donc entre les deux candidats, celui du Centre prévu par la charte de la confédération et Nicolas SARKOZY, qui choisirez-vous ?
 
MAURICE LEROY Eh bien le moment venu vous m'inviterez et puis je vous donnerai la réponse. Je vous promets que je vous la donnerai.
 
MICHAEL DARMON Question rituelle, réponse rituelle.
 
GUILLAUME TABARD Avec cette question subsidiaire, même si on ne donnera pas votre choix aujourd'hui. Est-ce qu'un membre du gouvernement pourra rester jusqu'au bout au gouvernement sans soutenir le président de la République sortant ?
 
MAURICE LEROY Mais Guillaume TABARD, évidemment non.
 
GUILLAUME TABARD Donc il faudra quitter le gouvernement pour soutenir un autre candidat ?
 
MAURICE LEROY Mais enfin, c'est… Vous souffrez à être schizophrène ! Quand vous faites un choix, vous l'assumez jusqu'au bout – point barre. Ça ne peut être que comme ça, d'ailleurs les Français ne le comprendraient pas. Vous ne pouvez pas être membre d'un gouvernement et soutenir quelqu'un d'autre. Enfin, ça n'a pas de sens !
 
GUILLAUME TABARD Ça s'est vu à chaque élection.
 
MAURICE LEROY Ça s'est vu à chaque élection ? Non, citez m'en.
 
GUILLAUME TABARD Le gouvernement d'Édouard BALLADUR dont la moitié soutenait Jacques CHIRAC et l'autre moitié Édouard BALLADUR.
 
MAURICE LEROY Comme vous l'avez vu, nous sommes dans une autre époque et j'observe que même Jean-Louis, même lui dans ses déclarations hier matin ne manquait pas – et il avait raison de le faire – de dire qu'il a toujours été solidaire des équipes gouvernementales où il était. Vous savez, c'est difficile. Moi j'avais…
 
MICHAEL DARMON C'est dur de faire gagner quand on dit qu'on reste au gouvernement représenté par le candidat qu'on veut combattre.
 
MAURICE LEROY Écoutez, moi je peux répondre à toutes les questions de la politique politicienne, ça ne me gêne pas mais moi je suis utile à mon pays quand je parviens avec mon ami André SANTINI qui préside au conseil de surveillance de la société du Grand Paris à faire en sorte qu'enfin cet immense projet présidentiel voulu par Nicolas SARKOZY sur le Grand Paris avance. Ça c'est tout aussi utile que de savoir dans onze mois qui sera, qui ne sera pas.
 
MICHAEL DARMON Message reçu cinq sur cinq, on va en parler, il n'y a pas de problème. Une dernière question avant d'arriver au Grand Paris, vous avez raison.
 
MAURICE LEROY Vous savez bien d'ailleurs, à chaque élection présidentielle c'est la même chose : il y a beaucoup de monde dans les starting-blocks, sur la ligne de départ et il n'y a pas les mêmes gens qui font la course au moment du départ. Voilà, ce n'est pas autre chose que ça.
 
MICHAEL DARMON Maurice LEROY, ministre de la Ville, on va bien sûr parler du Grand Paris. Une toute dernière question sur le sujet parce que François BAYROU dit tout simplement que vous mentez lorsque vous mentionnez le pacte ROYAL/BAYROU sur la répartition du Premier ministre.
 
MAURICE LEROY Oui, et Ségolène ROYAL. Vous avez entendu madame ROYAL dire que je mentais ? Non, à aucun moment. Voilà.
 
MICHAEL DARMON Pourquoi il dit ça ?
 
MAURICE LEROY Écoutez, voilà. Vous savez, on a un proverbe chez nous. Moi j'aime les paysans parce que les paysans c'est le pays, c'est les racines et je pense d'ailleurs que plus il y a la mondialisation et plus on a besoin des racines. Et pour moi, il n'y a pas de pays sans paysans. Chez moi les paysans ils ont un bon – dans le Perche ils ont un bon slogan, ils disent : « Qui se sent mort, se mouche ».
 
MICHAEL DARMON Voilà. Grand Paris ?
 
GUILLAUME TABARD Donc lorsqu'il vous dément, François BAYROU ment.
 
MAURICE LEROY Écoutez, moi demandez à madame ROYAL. Qu'est-ce que j'ai fait, moi ? Ce n'est pas mes propos dans Parole d'affranchi, ce n'est pas mes propos, ce n'est pas Maurice LEROY. Je n'y étais pas, moi, dans ces négociations d'entre deux tours. Je n'y étais pas, il avait pris soin d'écarter tout le monde n'est-ce pas en dehors de madame de SARNEZ, donc moi je n'y étais pas. Je n'ai fait que rapporter – si vous avez lu mon livre – je ne fais que rapporter ce que Julien DRAY et madame Ségolène ROYAL m'ont confirmé, d'ailleurs que L'Express avait rendu public. Interrogez Ludovic VIGOGNE, c'est lui…
 
MICHAEL DARMON À savoir ? À savoir pour ceux qui ne s'en rappellent pas.
 
MAURICE LEROY À savoir qu'il y avait un accord entre les deux tours entre François BAYROU et madame ROYAL pour – comment ? – le nommer à Matignon si elle avait été élue et lui devait appeler à voter pour elle. Voilà. Donc ça ne sert à rien qu'il s'agite. Il a déjà fait ça dans La Nouvelle République du Centre-Ouest, de me traiter de menteur. C'est très amusant parce que La Nouvelle République du Centre-Ouest sa diffusion va jusque dans le département de madame ROYAL qui, elle, n'a jamais démenti. Voilà. Donc les mensonges, je ne sais pas moi ; à ce moment-là c'est madame ROYAL qu'il traite de menteuse puisque moi, en l'occurrence je n'y étais pas.
 
MICHAEL DARMON Voilà. Ça, c'est fait comme on dit. Grand Paris : puisque vous êtes ministre de la Ville, effectivement c'est un projet important. Alors on voudrait comprendre parce que je me suis un peu penché sur les mécaniques de ce sujet, parce qu'on a bien vu qu'il y avait une grande concertation, que vous avez été dans des négociations importantes. On est passé au fond de 40 gares au départ, on est maintenant à 72 gares qui vont jalonner ce Grand Paris. Au fond, ça veut dire que vous avez dit oui à tout le monde.
 
MAURICE LEROY Non ! Oh là, non !
 
MICHAEL DARMON C'est ça une négociation avant la présidentielle ?
 
MAURICE LEROY Ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe. D'ailleurs d'abord, prenons les problèmes dans l'ordre.
 
MICHAEL DARMON Sans trop rentrer dans le technique parce que c'est un sujet très compliqué. MAURICE LEROY Oui, rassurez-vous, je ne rentrerai pas dans les techniques.
 
MICHAEL DARMON Voilà. 72 gares, tout le monde a sa gare, tous les maires sont contents. Tout le monde, voilà, est rentré dans le rang.
 
MAURICE LEROY C'est mon tour ?
 
MICHAEL DARMON Oui.
 
MAURICE LEROY Donc le Grand Paris, qu'est-ce que c'est ? C'est d'abord une vision du président de la République qui fait du Grand Paris un immense projet et cet immense projet de Nicolas SARKOZY sincèrement il nous dépasse tous : il dépasse les clivages. C'est un projet qui va jusqu'en 2023-2024. Vous voyez la galère des habitants d'Ile-de-France dans les transports en commun ? Allez sur la ligne 13, vous verrez c'est comme au Japon : il faut des pousseurs pour pousser les gens dans les rames de métro. Voilà. Eh bien nous travaillons tous ensemble avec le président Jean-Paul HUCHON à la région Ile-de-France, Michael DARMON Oui, ce qui pose des problèmes à la majorité d'ailleurs.
 
MAURICE LEROY Avec André SANTINI, avec Christian BLANC qui a fait un travail remarquable sinon il n'y aurait jamais eu de Grand Paris, avec l'ensemble des acteurs. Nous faisons en sorte - et avec Nathalie KOSCIUSKOMORIZET - nous allons pouvoir effectivement d'abord commencer par moderniser les lignes C et D du RER. Ça c'est très concret pour les gens qui nous écoutent et qui nous regardent et qui galèrent dans ces transports en commun, et le Grand Paris ça n'est pas qu'un réseau de transport. Frédéric MITTERRAND hier lançait le Grand Paris de la culture. C'est, avec Benoist APPARU et Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, 70 000 logements à créer chaque année en Ile-de-France. Voilà, c'est un immense projet. Et réjouissons-nous qu'effectivement on ait rééquilibré au profit de l'est d'Ile-de-France – voilà pourquoi il y a des gares supplémentaires, parce que tout simplement la Seine-Saint-Denis et le Val de Marne n'étaient pas dans le projet initial, une aberration totale, et pour le ministre de la Ville que je suis, c'est tellement important de pouvoir desservir de banlieue à banlieue. Et dernier élément : à l'Assemblée nationale hier à l'unanimité a été voté le déblocage par une proposition de loi socialiste (écoutez par les temps qui courent, l'unanimité c'est quand même pas mal) qui a permis de débloquer tous les projets qui étaient bloqués depuis 94 en Ile-de-France.
 
MICHAEL DARMON Guillaume TABARD, on continue sur ce grand projet de cohabitation entre la gauche et la droite.
 
GUILLAUME TABARD Justement Jean-Paul HUCHON qui était à votre place il y a quelques jours disait que dans le projet initial porté par Christian BLANC, des habitants d'Ile-de-France étaient ignorés et que l'est parisien – vous venez de le rappeler – avait été oublié.
 
MAURICE LEROY Je viens de vous le dire.
 
GUILLAUME TABARD Est-ce que ça veut dire finalement que vous vous êtes rallié au président Jean-Paul HUCHON pour sauver le projet du Grand Paris ?
 
MAURICE LEROY Mais le sujet ce n'est pas de se rallier, de ne pas se rallier.
 
GUILLAUME TABARD Bien lui, il le présente comme ça.
 
MAURICE LEROY Écoutez, il le présente comme ça…
 
MICHAEL DARMON C'est également ce qu'a imposé Nicolas SARKOZY : c'est Jean- Paul HUCHON qui pilote.
 
MAURICE LEROY Vous ne me ferez pas – vous voyez, si j'ai réussi sur le Grand Paris, c'est parce que précisément, Guillaume TABARD, j'ai évité ça : de dire qui a gagné, qui a perdu. Les seuls perdants de cette affaire, ce sont les Franciliens, ce sont les habitants d'Ile-de-France si on n'avait pas réussi cet accord historique du 26 janvier. Maintenant il faut le faire vivre et le mettre en oeuvre. Dans cet accord du 26 janvier que j'ai eu avec Jean-Paul HUCHON – et vous ne ferez pas dire à Jean-Paul HUCHON du mal de Maurice LEROY et l'inverse est réciproque.
 
GUILLAUME TABARD Il n'en a d'ailleurs pas dit.
 
MICHAEL DARMON Tout à fait, les accords sont respectés.
 
MAURICE LEROY Et l'inverse est vrai. Sans Christian BLANC, soyons honnêtes, il n'y aurait jamais eu de projet de Grand Paris. Et Michel MERCIER a apporté lui-même sa pierre à l'édifice, il avait fait un travail remarquable, reconnu par tous les élus aussi. Voilà. Vous savez, on ne se grandit jamais à diminuer les autres. Jamais. Et moi, je ne suis pas dans ce projet-là. Je travaille, c'est passionnant d'ailleurs. Vous vous rendez compte ? On est en train de créer les conditions qui vont considérablement améliorer les conditions de transport et donc de vie quotidienne, mais aussi d'employabilité, mais aussi d'attractivité économique pour l'emploi et pour les entreprises dans toute l'Ile-de-France qui représente 30 % de la richesse française. C'est un moteur, l'Ile-de-France. Je suis Loir-et- Chérien, moi, je ne suis pas Francilien. Eh bien ça intéresse tout le pays l'Ile-de-France, si ça va mieux.
 
MICHAEL DARMON Maurice LEROY, alors on voudrait comprendre une scène qui se déroule ce matin. Vous avez Valérie PÉCRESSE, qui est ministre du gouvernement, qui en ce moment distribue des tracts pour protester contre la hausse des tarifs des transports de ce Grand Paris qui est en train de s'organiser alors que c'est justement une structure du gouvernement qui l'a décidé. On est totalement à contrechamp, là !
 
MAURICE LEROY Attendez, là c'est confus. Il faut clarifier parce que je ne sais pas si les téléspectateurs et les auditeurs auront suivi, ont compris ce qu'on vient de dire.
 
MICHAEL DARMON On comprend que c'est la gauche qui décide d'un système contre le gouvernement.
 
MAURICE LEROY Valérie PÉCRESSE, elle est chef de file de l'opposition de la région Ile-de-France et elle fait son job politique de chef de file de l'opposition.
 
MICHAEL DARMON D'accord, vous avez répondu. Ok.
 
MAURICE LEROY Bien, donc point barre.
 
GUILLAUME TABARD Donc contre Jean-Paul HUCHON.
 
MAURICE LEROY Oui, forcément. Voilà, bon. Et puis il y a la vie politique qui reprend ses droits. C'est le cas quand vous citez cela, mais aussi la vie politique, et tant mieux, c'est aussi des moments où ensemble, droite, gauche et centre confondus, nous travaillons ensemble parce que ces projets, encore une fois, dépassent les échéances politiques traditionnelles.
 
MICHAEL DARMON Maurice LEROY, il reste une minute.
 
MAURICE LEROY Et je vais vous dire une chose. Personne ne reviendra sur le Grand Paris de Nicolas SARKOZY. Vous m'entendez bien ? Personne, y compris dans le projet tel qu'il est mis en oeuvre.
 
MICHAEL DARMON Maurice LEROY, on en reparlera aussi une prochaine fois. On voudrait comprendre, ministre de la Ville, pourquoi au fond les banlieues, les quartiers difficiles, ne sont plus visités par Nicolas SARKOZY ? On a l'impression que ce n'est pas intéressant sur le plan électoral ?
 
MAURICE LEROY Non, jamais de la vie. D'abord ce n'est pas – vous ne pouvez pas dire que ce n'est pas intéressant sur le plan électoral. Nicolas SARKOZY ira en banlieue très naturellement quand il souhaitera y aller, sans se laisser imposer un calendrier.
 
GUILLAUME TABARD Ça fait longtemps qu'on l'annonce.
 
MAURICE LEROY Non, non, ça fait longtemps que vous, vous en parlez.
 
GUILLAUME TABARD Fadela AMARA l'évoquait à son époque.
 
MAURICE LEROY Fadela AMARA le faisait en réponse à vos propres questions comme là vous venez de le faire avec moi. Tout ça est plaisant.
 
GUILLAUME TABARD Ce qui compte, ce sont les réponses.
 
MAURICE LEROY Oui, mais donc je vous ai répondu. Nicolas SARKOZY ira en banlieue. Écoutez, ce n'est pas Chicago ni Los Angeles, nos banlieues ! Il faut aussi arrêter avec ça. Il s'y passe des choses formidables aussi et un tissu associatif qui crée le lien social. Moi je suis le ministre de la Ville qui se bat précisément pour que les associations quand elles reçoivent les subventions de l'État, ça ne serve plus à payer à la banque les agios de l'année N-1 de la subvention précédente. Et ça, croyez-moi, sur le terrain les associations s'en rendent compte. D'ailleurs vous n'entendez pas de critiques sur la politique de la ville, ce n'est pas par hasard.
 
MICHAEL DARMON En tout cas plus maintenant parce que l'émission est terminée. Merci beaucoup Maurice LEROY. À très bientôt.
 
MAURICE LEROY Merci à vous.
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 1er juin 2011