Déclaration de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, sur la nécessité du renforcement des pouvoirs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à Paris le 7 juin 2011.

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Circonstance : Réunion ministérielle internationale sur la sûreté nucléaire à la suite de l'accident de Fukushima, à Paris le 7 juin 2011

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres, Chers collègues,
Permettez-moi de saluer la qualité et la richesse des échanges que nous avons eus.
Je me réjouis de voir que nous sommes tous favorables à un renforcement des exigences en matière de sûreté nucléaire.
Je vais tenter, ce qui est toujours un exercice difficile, de faire une synthèse de nos travaux.
Il en ressort tout d’abord que nous partageons globalement les enseignements qui ont été tirés du G8 de Deauville.
Nous nous accordons sur la nécessité de réaliser des « tests de résistance » dans chaque pays ;
Nous convenons tous de l’importance de la coopération dans le renforcement de la transparence et dans le développement d’une culture de sûreté forte ;
Nous reconnaissons tous le rôle central de l’AIEA. C’est pourquoi tous les pays doivent être incités à utiliser les outils développés par l’agence.
Nous souhaitons également que l’ensemble des pays disposant d’installations nucléaires (sans préjudice de ce que peuvent faire naturellement les autres pays) ratifient les Conventions internationales sur la sûreté nucléaire.
Les pays qui souhaitent développer leur programme nucléaire devront par ailleurs se doter d’infrastructures et de moyens humains adaptés.
Certaines conventions devront être renforcées, notamment en ce qui concerne l’efficacité des notifications en cas d’accidents.
Enfin, nous souhaitons atteindre de hauts standards de sûreté, en renforçant la coopération internationale.
Au-delà de ces points, nous avons pu dégager des pistes concrètes pour améliorer la prévention et la gestion des accidents.
Nous sommes globalement d’accord sur le fait que nous devons :
1. renforcer les dispositifs internationaux ;
2. développer la coopération internationale ;
3. améliorer la sûreté des installations et la gestion des accidents ;
1) En ce qui concerne l’actualisation des dispositifs internationaux, un consensus s’est dégagé pour actualiser les conventions internationales suite à l’accident de Fukushima.
Il s’agit dans un premier temps d’approfondir la Convention sur la sûreté nucléaire (CSN). Un protocole additionnel à cette convention sera proposé pour adoption lors de la Conférence extraordinaire des parties à la CSN, qui aura lieu en août 2012.
Nous devons également renforcer les dispositifs d’assistance mutuelle en cas d’accidents graves, et notamment actualiser la Convention sur l’assistance en cas d’accident nucléaire ou de situation d’urgence radiologique.
Nous aurons en outre à revoir la Convention sur la notification rapide d’accident nucléaire
Enfin, il conviendra de mener une réflexion sur la mise en œuvre de la Convention sur l'assistance en cas d'accident nucléaire ou de situation d'urgence radiologique, qui doit être facilitée.
Nous veillerons à ce que la conférence de l’AIEA acte la révision de ces documents en conséquence.
2) En dehors de l’amélioration des conventions et des dispositifs juridiques internationaux, un consensus s’est dégagé pour développer la coopération internationale. Cette coopération doit permettre de renforcer la transparence et de contribuer à développer une culture de sûreté élevée.
En particulier, il apparaît nécessaire de réaffirmer le rôle central de l’AIEA dans le renforcement de la sûreté nucléaire à l’échelle mondiale.
Il est apparu nécessaire de développer et d’améliorer les revues périodiques faites par les pairs dans chaque pays exploitant l'énergie nucléaire civile. L’amélioration des processus existants de revue de l’AIEA constitue une priorité. Il conviendra de s’assurer que chaque autorité de sûreté bénéficie d’un audit régulier de l’AIEA.
Nous devrons renforcer la coopération entre les différents acteurs de la sûreté. Les autorités de sûreté, les exploitants nucléaires, les organismes scientifiques, etc.
Nous devrons enfin améliorer les échanges d’information, y compris l’information du public en temps quasi réel, et harmoniser les pratiques de gestion de crise. En développant des coopérations régionales et internationales en matière de formation, en menant conjointement des exercices périodiques régionaux, en encourageant les initiatives qui visent à rapprocher les modes de gestion des situations d’urgence, ou encore en développant les outils d’analyse. La coopération et la recherche scientifiques doivent également constituer un axe majeur de travail.
Pour faciliter ce travail, il sera demandé à l’AEN et à l’AIEA d’élaborer des guides techniques et des protocoles d'échanges d'information pour faciliter la coopération entre les cellules de crise des différents pays susceptibles d’être concernés par un même accident.
3) Plusieurs pistes ont été tracées pour renforcer la sûreté des installations :
D’une part, la mise en œuvre de « tests de résistance » sur les installations nucléaires existantes au niveau international et la réalisation de revues périodiques des installations.
D’autre part, la promotion des plus hauts niveaux de sûreté pour les nouveaux réacteurs. Par exemple, en demandant à l’AIEA de développer des normes de bases sur la sûreté des installations nucléaires au stade de leur construction et de leur exploitation.
La gravité des conséquences finales d'un accident dépend de la rapidité et de l’adéquation des mesures prises. C’est pourquoi il est nécessaire d’améliorer les dispositifs de gestion de crise, en s’assurant de la disponibilité de moyens de secours hors sites, pour chaque réacteur.
Nous devons nous donner les moyens de mettre en œuvre une véritable solidarité internationale face à ce type d’accident. En développant des équipes d’intervention rapide ou en prévoyant de mutualiser les dispositifs de secours et d’assistance.
Cette mutualisation pourrait se faire à l’échelle internationale ou régionale. Le cas échéant, sous l’égide d’une convention internationale.
Enfin, des formations à la gestion de crise doivent être menées au niveau international, pour mutualiser au maximum les expériences.
En conclusion, la conférence de l’AIEA doit permettre de lancer un plan d’action visant à atteindre des objectifs de sûreté ambitieux. Son contenu pourra s’appuyer sur les éléments de consensus issus de notre séminaire.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.oecd-nea.org, le 29 juin 2011