Texte intégral
Monsieur le Président de la KADIN,
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et dIndustrie franco-indonésienne,
Mesdames et messieurs,
On ne pouvait pas imaginer meilleure introduction au discours que je vais prononcer, meilleure introduction à notre rencontre, que la signature de ces trois accords.
Le premier pour faciliter les relations daffaires entre lIndonésie et la France et les deux autres pour permettre à lIndonésie dacquérir des biens qui sont aujourdhui les meilleurs au monde.
Qui fabrique les meilleurs avions civils au monde ? Cest la France et lEurope. Qui fabrique aujourdhui les meilleurs hélicoptères civils au monde ? Cest la France et lEurope.
Et je suis heureux que nous ayons pu à cette occasion, marquer cette excellence de lindustrie européenne.
Je voudrais vous remercier au nom de lensemble de la délégation qui maccompagne pour lorganisation de cette rencontre avec la communauté daffaires franco-indonésienne de Jakarta.
La visite que nous conduisons sinscrit dans une perspective nouvelle, les relations entre la France et lIndonésie étaient insuffisantes en termes politiques : cest la première fois quun Premier ministre français vient en Indonésie. Le dernier voyage dun Président de la République française remonte à il y a très longtemps et il ny a manifestement pas assez déchanges politiques entre nos deux pays.
Je disais tout à lheure devant les étudiants de luniversité devant lesquels je mexprimais que ceci était dû au fait que les logiciels diplomatiques et les logiciels politiques ont besoin régulièrement dêtre réactualisés. LIndonésie est devenue une immense puissance et cette immense puissance doit bénéficier dune relation privilégiée avec la France et avec lEurope.
Je vais cet après-midi concrétiser le partenariat stratégique que le Président de la République française et le Président de la République indonésienne avaient souhaité signer à la fin de 2009. Ce partenariat stratégique signifie que la relation franco-indonésienne va sintensifier de façon considérable.
Dans sa composante économique, ce partenariat a un objectif simple, il sagit de rehausser le niveau de notre relation économique bilatérale, il sagit de lui donner une dimension nouvelle qui soit en cohérence avec son potentiel, un potentiel qui est bien identifié mais pas encore pleinement concrétisé.
Nous sommes impressionnés par le chemin que lIndonésie a parcouru depuis 10 ans ; nous sommes impressionnés par les réussites et par les acquis déjà remarquables de votre jeune démocratie, notamment en termes de gouvernance économique, avec cette croissance très forte, 6,1 % en 2010, 6,4 % au moins cette année, avec des perspectives spectaculaires à moyen terme, à la mesure de ce « pays continent » dont on dit quil représentera en 2020 45 % du Produit Intérieur Brut de lASEAN.
A travers lIndonésie, cest aussi de toute cette région de lASEAN que les Européens et les Français doivent apprendre à mieux connaître et dont ils doivent apprendre à mieux appréhender les enjeux.
Une région de 590 millions dhabitants ; une région dont le Produit Intérieur Brut cumulé est de 25 % supérieur à celui de lInde, et dont le taux de croissance annuel moyen denviron 5 % ; une région qui pour la France pèse plus que la Chine en termes dinvestissements, et autant quelle en termes dexportations ; une région, enfin, qui, comme lUnion européenne, a misé sur lintégration économique et politique des nations, à la fois pour dynamiser son activité mais aussi pour gagner en influence sur la scène internationale, et qui sest fixée lambition de constituer à lhorizon 2015 une «communauté de lASEAN». Un grand dessein auquel, cette année, la présidence indonésienne de lASEAN a donné une impulsion extrêmement forte.
LIndonésie est devenue un grand pays émergent qui fait entendre sa voix, qui prend ses responsabilités, qui joue pleinement son rôle dans les grands débats mondiaux. Elle la prouvé notamment lors des négociations multilatérales sur la lutte contre le changement climatique. LIndonésie a pris des engagements forts au moment où dautres refusaient de réduire leurs émissions. Elle le prouve aussi au sein du G20, où nos positions sont souvent proches, en particulier sur les priorités de notre présidence en 2011, que ce soit la réforme du système monétaire international, la limitation de la volatilité des prix des matières premières, la sécurité alimentaire ou encore la lutte contre la corruption un sujet sur lequel la France et lIndonésie dailleurs co-président un groupe de travail en lien avec lOCDE.
Je veux insister sur les enjeux considérables de cette réunion du G20 qui va se tenir à Cannes dans quelques semaines.
Nous voulons avec le Président de la République mettre sur la table des débats internationaux la question globale de la régulation de la mondialisation. La mondialisation, ça ne peut pas être la loi de la jungle. La mondialisation, ça ne peut pas être la liberté du plus fort décraser le plus faible. La mondialisation, ça ne peut pas être la répétition des causes qui ont été à lorigine de la crise économique et financière que nous venons de connaître.
Si les établissements bancaires font des erreurs, le monde entier na pas à les payer et en particulier, les plus pauvres nont pas à en supporter les conséquences.
Nous sommes pour le libéralisme ; nous sommes pour la liberté des échanges. Nous sommes pour la loi de loffre et de la demande, mais nous sommes aussi pour la régulation économique par les États et si possible par des États qui sassocient dans le cadre de la communauté internationale.
Nous voulons quil y ait des aides en matière de régulation financière pour que les établissements financiers ne puissent pas faire nimporte quoi. Cest trop facile de prêter dans nimporte quelles conditions pour ensuite venir tendre la main et demander aux États de leur sauver la mise lorsquils sont au bord de la faillite.
Nous voulons une régulation du prix des matières premières.
Il ne sagit pas bien entendu de fixer de façon administrative le prix des matières premières. Il sagit simplement déviter quil y ait trop de spéculation sur le prix des matières premières. Il nest pas normal que lon puisse à la Bourse de Chicago acheter des récoltes entières sans dépenser un seul dollar pour les revendre quelques heures plus tard en faisant un énorme bénéfice. Quelle est la justification de cette situation ? Où est léconomie de marché dans tout cela ? Est-ce que léconomie de marché peut être identifiée à cette spéculation qui na pas dautre résultat que de faire grimper les prix, de mettre en difficulté certaines régions du monde ou même de provoquer des famines dans le monde entier ?
Le prix de lénergie quand il est trop bas, les pays producteurs sont dans lincapacité de se développer et dassumer leurs responsabilités. Quand il est trop haut, cest léconomie mondiale qui ralentit et cest lensemble du monde qui est victime de modifications erratiques du prix de lénergie ou des matières premières. Travailler ensemble à fixer des règles pour que les augmentations et les baisses des prix des matières premières se fassent de façon régulée, je pense que cest un immense progrès pour léconomie mondiale, pour la communauté internationale qui sinscrit parfaitement dans lesprit de la liberté des marchés et dans lesprit du libéralisme.
Ce sont ces sujets là que nous voulons mettre sur la table à loccasion de la réunion du G20.
Mesdames et Messieurs,
Pour que les relations franco-indonésiennes prennent une nouvelle dimension, nous pouvons nous appuyer sur une base solide ; cette base, elle nous est offerte par votre présence et votre action quotidienne.
Il y a un peu plus dune centaine dentreprises françaises qui sont aujourdhui implantées dans votre pays. Beaucoup sont dailleurs représentées ici aujourdhui. Elles emploient près de 40 000 personnes. Il y a bien sûr de grands groupes, qui sont très connus en Indonésie, mais il y a aussi de petites et moyennes entreprises. Toutes ces entreprises ont en commun la même chose : elles sont dynamiques et elles ont confiance dans le développement de leurs activités avec leurs partenaires locaux.
Notre commerce bilatéral a dépassé 2,4 milliards deuros en 2010, cest un chiffre qui est en hausse de 16 % par rapport à 2009, et cest un chiffre qui est en augmentation constante depuis 2004.
Mais on peut aussi malheureusement constater que nos échanges, et en particulier les exportations françaises, nont toujours pas retrouvé leur niveau davant la crise asiatique de 97/98.
Et enfin, on ne peut pas se satisfaire dune part de marché pour la France en Indonésie qui est de 1%, cest-à-dire deux fois moins que celle de notre voisin, allemand.
Nous devons faire mieux, et nous devons dautant plus faire mieux que nos spécialisations économiques sont largement complémentaires, contrairement à ce qui peut se passer avec dautres partenaires. Et de ce point de vue, la commande dAirbus par Citilink la filiale de la compagnie nationale Garuda signée à loccasion du salon du Bourget est un signe très encourageant qui montre que les choses sont en train de changer.
Sans doute nous, Français, devons-nous aussi mieux faire connaître à lextérieur les points forts de notre économie.
Entre 2007 et 2012, nous avons sous lautorité du Président de la République, Nicolas SARKOZY, réalisé des réformes profondes, des réformes structurelles, des réformes qui font entrer pleinement notre pays dans léconomie globalisée du XXIe siècle.
Nous avons ainsi augmenté de 40 % les moyens de nos universités.
Nous avons donné à ces universités une autonomie complète qui leur permettra désormais de jouer dans la même cour que les plus grandes universités du monde.
Nous avons renforcé nos pôles de compétitivité pour leur donner une envergure internationale.
Nous avons lancé un programme dinvestissements davenir de 35 milliards deuros, qui a commencé à irriguer tous les secteurs innovants de notre économie, de laéronautique aux nouveaux matériaux, en passant par les biotechnologies. Il sagit pour nous daider de manière extrêmement sélective les meilleurs laboratoires de recherche de notre pays, les entreprises qui sont placées sur les créneaux les plus porteurs pour lavenir de léconomie française. Il sagit de donner une impulsion pour permettre à léconomie daccélérer sa vitesse de croissance.
Et faisant cela, nous sommes finalement les héritiers dune tradition française qui na pas que des défauts et qui a consisté souvent pour lEtat à impulser des grands projets industriels.
Nous célébrons cette année le centième anniversaire de la naissance du Président de la République française Georges POMPIDOU.
Eh bien, cest Georges POMPIDOU qui a décidé la même année de lancer le programme électronucléaire français qui a placé la France au premier rang dans le monde en matière dexcellence sagissant de lénergie nucléaire civile, le programme Airbus dont on voit aujourdhui les retombées et enfin, le programme des trains à grande vitesse qui place aussi la France parmi les tout premiers au monde en matière dindustrie ferroviaire.
Bref, quand vous chercherez des solutions technologiques à vos problèmes, quand vous chercherez des partenaires industriels, vous trouverez très souvent des entreprises françaises capables de répondre à vos besoins !
Notre coopération dans le domaine du développement durable me paraît être un axe déterminant pour le renforcement de nos relations économiques dans les années à venir.
Il y a dailleurs de nombreux représentants du secteur qui maccompagnent aujourdhui, des représentants de lentreprise Total, de GDF-Suez, dEramet, mais aussi des entreprises spécialisées dans la géothermie, dans la capture et le stockage de CO2, ou encore dans lénergie hydrolienne.
Le lancement dun plan ambitieux pour laccélération du développement économique de lIndonésie à lhorizon de 2025 avec des secteurs prioritaires qui ont été clairement identifiés : lénergie, les transports, les infrastructures urbaines, leau et lassainissement offre à nos entreprises de nouvelles perspectives pour mettre en valeur leur savoir-faire et leur expérience des projets de partenariat public-privé, expérience acquise en France ou dans dautres pays émergents.
Je pense ici à Suez Environnement qui a une très longue expérience des partenariats public-privé, je pense à Alstom ou à Thales, sans oublier le rôle que peut jouer un armateur comme le groupe Louis Dreyfus dans le développement dun pays insulaire comme lIndonésie.
Le gouvernement français apportera tout son soutien à lapprofondissement de la relation économique entre la France et lIndonésie. Jen veux pour preuve les deux accords que allons signer cet après-midi dans le secteur de lénergie et des matières premières dune part, et enfin dans celui du tourisme dautre part.
Jen veux aussi pour preuve les projets dinfrastructures prioritaires que nous soutenons, avec les instruments financiers que le gouvernement français a mis en place, à hauteur denviron 200 millions deuros dans les secteurs de la météorologie, du transport ferroviaire et de la sécurité aérienne. Enfin, jen veux pour preuve louverture, en septembre 2010, dune Mission Économique Ubifrance à Jakarta.
Pour favoriser le développement des entreprises françaises en Indonésie, il leur est évidemment nécessaire de disposer dun cadre daffaires incitatif, stabilisé et protecteur de leurs intérêts. Cest la raison pour laquelle nous encourageons la Commission européenne à négocier et à conclure rapidement avec lIndonésie un accord de promotion et de protection des investissements, un accord impliquant aussi de réduire certaines difficultés persistantes dans laccès au marché indonésien.
Je pense en particulier aux produits dorigine animale, au secteur des vins et spiritueux, au secteur cosmétique et pharmaceutique, aux marchés publics et enfin aux questions de propriété intellectuelle.
LEurope, qui est le premier investisseur en Indonésie et qui est le deuxième marché pour les exportations indonésiennes, doit demeurer un partenaire privilégié pour votre pays. Elle ne peut pas être absente du réseau dalliances que lIndonésie et lASEAN sont en train de tisser avec leurs partenaires dans la zone Pacifique. Cest la raison pour laquelle il importe aussi pour lEurope de ne pas perdre de vue lobjectif dun accord de partenariat économique ambitieux, équilibré, avec lIndonésie et à terme avec lASEAN.
La séquence dévénements qui va nous amener jusquau sommet de Cannes nous donne loccasion de poursuivre le dialogue de nos communautés daffaires entre elles dabord et avec nos gouvernements respectifs.
Il y aura, en effet, la tenue en France du Business Summit du G20 ; il y aura le dialogue daffaires Union européenne -Indonésie, qui sera le troisième du genre ; et cet automne, il y aura une opération de promotion de lIndonésie en France que vous allez organiser pour la première fois, autour de 200 entreprises indonésiennes qui viendront présenter sur le territoire français leur savoir-faire, leurs produits, leurs compétences.
A lissue de ces rencontres, nous aurons établi la feuille de route qui nous permettra de concrétiser les orientations de notre partenariat stratégique dans le domaine économique.
Voilà, cest la première fois, mesdames et messieurs, quun Premier ministre français se rend en Indonésie.
Je pense que cest le signe que nos relations sont un train de prendre un tournant décisif, que les relations entre la France et lIndonésie sont en train dentrer dans une nouvelle époque.
Elles vont sintensifier considérablement ; elles vont sintensifier au bénéfice de nos deux pays et je sais que vous allez y jouer un rôle extrêmement important. Ce sont donc ces perspectives inédites, ces perspectives pleines de promesses, que je voulais aujourdhui tracer et partager avec vous.
Source http://www.gouvernement.fr, le 4 juillet 2011
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et dIndustrie franco-indonésienne,
Mesdames et messieurs,
On ne pouvait pas imaginer meilleure introduction au discours que je vais prononcer, meilleure introduction à notre rencontre, que la signature de ces trois accords.
Le premier pour faciliter les relations daffaires entre lIndonésie et la France et les deux autres pour permettre à lIndonésie dacquérir des biens qui sont aujourdhui les meilleurs au monde.
Qui fabrique les meilleurs avions civils au monde ? Cest la France et lEurope. Qui fabrique aujourdhui les meilleurs hélicoptères civils au monde ? Cest la France et lEurope.
Et je suis heureux que nous ayons pu à cette occasion, marquer cette excellence de lindustrie européenne.
Je voudrais vous remercier au nom de lensemble de la délégation qui maccompagne pour lorganisation de cette rencontre avec la communauté daffaires franco-indonésienne de Jakarta.
La visite que nous conduisons sinscrit dans une perspective nouvelle, les relations entre la France et lIndonésie étaient insuffisantes en termes politiques : cest la première fois quun Premier ministre français vient en Indonésie. Le dernier voyage dun Président de la République française remonte à il y a très longtemps et il ny a manifestement pas assez déchanges politiques entre nos deux pays.
Je disais tout à lheure devant les étudiants de luniversité devant lesquels je mexprimais que ceci était dû au fait que les logiciels diplomatiques et les logiciels politiques ont besoin régulièrement dêtre réactualisés. LIndonésie est devenue une immense puissance et cette immense puissance doit bénéficier dune relation privilégiée avec la France et avec lEurope.
Je vais cet après-midi concrétiser le partenariat stratégique que le Président de la République française et le Président de la République indonésienne avaient souhaité signer à la fin de 2009. Ce partenariat stratégique signifie que la relation franco-indonésienne va sintensifier de façon considérable.
Dans sa composante économique, ce partenariat a un objectif simple, il sagit de rehausser le niveau de notre relation économique bilatérale, il sagit de lui donner une dimension nouvelle qui soit en cohérence avec son potentiel, un potentiel qui est bien identifié mais pas encore pleinement concrétisé.
Nous sommes impressionnés par le chemin que lIndonésie a parcouru depuis 10 ans ; nous sommes impressionnés par les réussites et par les acquis déjà remarquables de votre jeune démocratie, notamment en termes de gouvernance économique, avec cette croissance très forte, 6,1 % en 2010, 6,4 % au moins cette année, avec des perspectives spectaculaires à moyen terme, à la mesure de ce « pays continent » dont on dit quil représentera en 2020 45 % du Produit Intérieur Brut de lASEAN.
A travers lIndonésie, cest aussi de toute cette région de lASEAN que les Européens et les Français doivent apprendre à mieux connaître et dont ils doivent apprendre à mieux appréhender les enjeux.
Une région de 590 millions dhabitants ; une région dont le Produit Intérieur Brut cumulé est de 25 % supérieur à celui de lInde, et dont le taux de croissance annuel moyen denviron 5 % ; une région qui pour la France pèse plus que la Chine en termes dinvestissements, et autant quelle en termes dexportations ; une région, enfin, qui, comme lUnion européenne, a misé sur lintégration économique et politique des nations, à la fois pour dynamiser son activité mais aussi pour gagner en influence sur la scène internationale, et qui sest fixée lambition de constituer à lhorizon 2015 une «communauté de lASEAN». Un grand dessein auquel, cette année, la présidence indonésienne de lASEAN a donné une impulsion extrêmement forte.
LIndonésie est devenue un grand pays émergent qui fait entendre sa voix, qui prend ses responsabilités, qui joue pleinement son rôle dans les grands débats mondiaux. Elle la prouvé notamment lors des négociations multilatérales sur la lutte contre le changement climatique. LIndonésie a pris des engagements forts au moment où dautres refusaient de réduire leurs émissions. Elle le prouve aussi au sein du G20, où nos positions sont souvent proches, en particulier sur les priorités de notre présidence en 2011, que ce soit la réforme du système monétaire international, la limitation de la volatilité des prix des matières premières, la sécurité alimentaire ou encore la lutte contre la corruption un sujet sur lequel la France et lIndonésie dailleurs co-président un groupe de travail en lien avec lOCDE.
Je veux insister sur les enjeux considérables de cette réunion du G20 qui va se tenir à Cannes dans quelques semaines.
Nous voulons avec le Président de la République mettre sur la table des débats internationaux la question globale de la régulation de la mondialisation. La mondialisation, ça ne peut pas être la loi de la jungle. La mondialisation, ça ne peut pas être la liberté du plus fort décraser le plus faible. La mondialisation, ça ne peut pas être la répétition des causes qui ont été à lorigine de la crise économique et financière que nous venons de connaître.
Si les établissements bancaires font des erreurs, le monde entier na pas à les payer et en particulier, les plus pauvres nont pas à en supporter les conséquences.
Nous sommes pour le libéralisme ; nous sommes pour la liberté des échanges. Nous sommes pour la loi de loffre et de la demande, mais nous sommes aussi pour la régulation économique par les États et si possible par des États qui sassocient dans le cadre de la communauté internationale.
Nous voulons quil y ait des aides en matière de régulation financière pour que les établissements financiers ne puissent pas faire nimporte quoi. Cest trop facile de prêter dans nimporte quelles conditions pour ensuite venir tendre la main et demander aux États de leur sauver la mise lorsquils sont au bord de la faillite.
Nous voulons une régulation du prix des matières premières.
Il ne sagit pas bien entendu de fixer de façon administrative le prix des matières premières. Il sagit simplement déviter quil y ait trop de spéculation sur le prix des matières premières. Il nest pas normal que lon puisse à la Bourse de Chicago acheter des récoltes entières sans dépenser un seul dollar pour les revendre quelques heures plus tard en faisant un énorme bénéfice. Quelle est la justification de cette situation ? Où est léconomie de marché dans tout cela ? Est-ce que léconomie de marché peut être identifiée à cette spéculation qui na pas dautre résultat que de faire grimper les prix, de mettre en difficulté certaines régions du monde ou même de provoquer des famines dans le monde entier ?
Le prix de lénergie quand il est trop bas, les pays producteurs sont dans lincapacité de se développer et dassumer leurs responsabilités. Quand il est trop haut, cest léconomie mondiale qui ralentit et cest lensemble du monde qui est victime de modifications erratiques du prix de lénergie ou des matières premières. Travailler ensemble à fixer des règles pour que les augmentations et les baisses des prix des matières premières se fassent de façon régulée, je pense que cest un immense progrès pour léconomie mondiale, pour la communauté internationale qui sinscrit parfaitement dans lesprit de la liberté des marchés et dans lesprit du libéralisme.
Ce sont ces sujets là que nous voulons mettre sur la table à loccasion de la réunion du G20.
Mesdames et Messieurs,
Pour que les relations franco-indonésiennes prennent une nouvelle dimension, nous pouvons nous appuyer sur une base solide ; cette base, elle nous est offerte par votre présence et votre action quotidienne.
Il y a un peu plus dune centaine dentreprises françaises qui sont aujourdhui implantées dans votre pays. Beaucoup sont dailleurs représentées ici aujourdhui. Elles emploient près de 40 000 personnes. Il y a bien sûr de grands groupes, qui sont très connus en Indonésie, mais il y a aussi de petites et moyennes entreprises. Toutes ces entreprises ont en commun la même chose : elles sont dynamiques et elles ont confiance dans le développement de leurs activités avec leurs partenaires locaux.
Notre commerce bilatéral a dépassé 2,4 milliards deuros en 2010, cest un chiffre qui est en hausse de 16 % par rapport à 2009, et cest un chiffre qui est en augmentation constante depuis 2004.
Mais on peut aussi malheureusement constater que nos échanges, et en particulier les exportations françaises, nont toujours pas retrouvé leur niveau davant la crise asiatique de 97/98.
Et enfin, on ne peut pas se satisfaire dune part de marché pour la France en Indonésie qui est de 1%, cest-à-dire deux fois moins que celle de notre voisin, allemand.
Nous devons faire mieux, et nous devons dautant plus faire mieux que nos spécialisations économiques sont largement complémentaires, contrairement à ce qui peut se passer avec dautres partenaires. Et de ce point de vue, la commande dAirbus par Citilink la filiale de la compagnie nationale Garuda signée à loccasion du salon du Bourget est un signe très encourageant qui montre que les choses sont en train de changer.
Sans doute nous, Français, devons-nous aussi mieux faire connaître à lextérieur les points forts de notre économie.
Entre 2007 et 2012, nous avons sous lautorité du Président de la République, Nicolas SARKOZY, réalisé des réformes profondes, des réformes structurelles, des réformes qui font entrer pleinement notre pays dans léconomie globalisée du XXIe siècle.
Nous avons ainsi augmenté de 40 % les moyens de nos universités.
Nous avons donné à ces universités une autonomie complète qui leur permettra désormais de jouer dans la même cour que les plus grandes universités du monde.
Nous avons renforcé nos pôles de compétitivité pour leur donner une envergure internationale.
Nous avons lancé un programme dinvestissements davenir de 35 milliards deuros, qui a commencé à irriguer tous les secteurs innovants de notre économie, de laéronautique aux nouveaux matériaux, en passant par les biotechnologies. Il sagit pour nous daider de manière extrêmement sélective les meilleurs laboratoires de recherche de notre pays, les entreprises qui sont placées sur les créneaux les plus porteurs pour lavenir de léconomie française. Il sagit de donner une impulsion pour permettre à léconomie daccélérer sa vitesse de croissance.
Et faisant cela, nous sommes finalement les héritiers dune tradition française qui na pas que des défauts et qui a consisté souvent pour lEtat à impulser des grands projets industriels.
Nous célébrons cette année le centième anniversaire de la naissance du Président de la République française Georges POMPIDOU.
Eh bien, cest Georges POMPIDOU qui a décidé la même année de lancer le programme électronucléaire français qui a placé la France au premier rang dans le monde en matière dexcellence sagissant de lénergie nucléaire civile, le programme Airbus dont on voit aujourdhui les retombées et enfin, le programme des trains à grande vitesse qui place aussi la France parmi les tout premiers au monde en matière dindustrie ferroviaire.
Bref, quand vous chercherez des solutions technologiques à vos problèmes, quand vous chercherez des partenaires industriels, vous trouverez très souvent des entreprises françaises capables de répondre à vos besoins !
Notre coopération dans le domaine du développement durable me paraît être un axe déterminant pour le renforcement de nos relations économiques dans les années à venir.
Il y a dailleurs de nombreux représentants du secteur qui maccompagnent aujourdhui, des représentants de lentreprise Total, de GDF-Suez, dEramet, mais aussi des entreprises spécialisées dans la géothermie, dans la capture et le stockage de CO2, ou encore dans lénergie hydrolienne.
Le lancement dun plan ambitieux pour laccélération du développement économique de lIndonésie à lhorizon de 2025 avec des secteurs prioritaires qui ont été clairement identifiés : lénergie, les transports, les infrastructures urbaines, leau et lassainissement offre à nos entreprises de nouvelles perspectives pour mettre en valeur leur savoir-faire et leur expérience des projets de partenariat public-privé, expérience acquise en France ou dans dautres pays émergents.
Je pense ici à Suez Environnement qui a une très longue expérience des partenariats public-privé, je pense à Alstom ou à Thales, sans oublier le rôle que peut jouer un armateur comme le groupe Louis Dreyfus dans le développement dun pays insulaire comme lIndonésie.
Le gouvernement français apportera tout son soutien à lapprofondissement de la relation économique entre la France et lIndonésie. Jen veux pour preuve les deux accords que allons signer cet après-midi dans le secteur de lénergie et des matières premières dune part, et enfin dans celui du tourisme dautre part.
Jen veux aussi pour preuve les projets dinfrastructures prioritaires que nous soutenons, avec les instruments financiers que le gouvernement français a mis en place, à hauteur denviron 200 millions deuros dans les secteurs de la météorologie, du transport ferroviaire et de la sécurité aérienne. Enfin, jen veux pour preuve louverture, en septembre 2010, dune Mission Économique Ubifrance à Jakarta.
Pour favoriser le développement des entreprises françaises en Indonésie, il leur est évidemment nécessaire de disposer dun cadre daffaires incitatif, stabilisé et protecteur de leurs intérêts. Cest la raison pour laquelle nous encourageons la Commission européenne à négocier et à conclure rapidement avec lIndonésie un accord de promotion et de protection des investissements, un accord impliquant aussi de réduire certaines difficultés persistantes dans laccès au marché indonésien.
Je pense en particulier aux produits dorigine animale, au secteur des vins et spiritueux, au secteur cosmétique et pharmaceutique, aux marchés publics et enfin aux questions de propriété intellectuelle.
LEurope, qui est le premier investisseur en Indonésie et qui est le deuxième marché pour les exportations indonésiennes, doit demeurer un partenaire privilégié pour votre pays. Elle ne peut pas être absente du réseau dalliances que lIndonésie et lASEAN sont en train de tisser avec leurs partenaires dans la zone Pacifique. Cest la raison pour laquelle il importe aussi pour lEurope de ne pas perdre de vue lobjectif dun accord de partenariat économique ambitieux, équilibré, avec lIndonésie et à terme avec lASEAN.
La séquence dévénements qui va nous amener jusquau sommet de Cannes nous donne loccasion de poursuivre le dialogue de nos communautés daffaires entre elles dabord et avec nos gouvernements respectifs.
Il y aura, en effet, la tenue en France du Business Summit du G20 ; il y aura le dialogue daffaires Union européenne -Indonésie, qui sera le troisième du genre ; et cet automne, il y aura une opération de promotion de lIndonésie en France que vous allez organiser pour la première fois, autour de 200 entreprises indonésiennes qui viendront présenter sur le territoire français leur savoir-faire, leurs produits, leurs compétences.
A lissue de ces rencontres, nous aurons établi la feuille de route qui nous permettra de concrétiser les orientations de notre partenariat stratégique dans le domaine économique.
Voilà, cest la première fois, mesdames et messieurs, quun Premier ministre français se rend en Indonésie.
Je pense que cest le signe que nos relations sont un train de prendre un tournant décisif, que les relations entre la France et lIndonésie sont en train dentrer dans une nouvelle époque.
Elles vont sintensifier considérablement ; elles vont sintensifier au bénéfice de nos deux pays et je sais que vous allez y jouer un rôle extrêmement important. Ce sont donc ces perspectives inédites, ces perspectives pleines de promesses, que je voulais aujourdhui tracer et partager avec vous.
Source http://www.gouvernement.fr, le 4 juillet 2011