Interview de M. Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire, dans "Le Figaro" le 24 juin 2011, sur les négociations du G20 sur l'agriculture.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Le Figaro

Texte intégral

Q - Cet accord a-t-il été difficile ?
R - La négociation s’est déroulée dans un climat très constructif et ouvert, chacun prenant conscience des enjeux de l’agriculture mondiale. Pour la première fois, l’agriculture est mise sur la table du G20. Cela dit, personne n’aurait parié un euro il y a un an sur un possible accord.
Q - Avez-vous envisagé un échec ?
R - Oui, jusqu’au dernier moment, car nous avons décidé avec le président de la République que cela serait tout ou rien. Il s’agit d’un plan en cinq points cohérents et indissociables.
Q - Sur quels thèmes les discussions ont-elles le plus accroché ?
R - Sur trois points principaux. Le premier porte sur la transparence des marchés physiques. Il est normal que certains pays qui ont plus d’un milliard de bouches à nourrir aient des réticences à donner des informations sur leurs stocks. Leur accord est un geste d’engagement et de confiance important. La limitation des restrictions aux exportations, sans toucher aux engagements de l’aide alimentaire mondiale, a aussi posé problème. Le bon sens et la solidarité l’ont emporté. Enfin, restait la régulation des marchés financiers, sur laquelle nous faisons des propositions concrètes.
Q - Lesquelles, par exemple ?
R - La force du texte final est de reconnaître que c’est une priorité et qu’il y a des abus de spéculation. Les marchés financiers agricoles sont les derniers où il n’existe pas de règle de fonctionnement. Le G2O agricole propose d’instaurer plusieurs mesures, comme les limites de positions, l’identification des opérateurs et des couvertures physiques minimums par rapport aux contrats échangés. Mais ce sujet relève de la compétence des ministres des Finances.
Q - La question des biocarburants est juste évoquée. Pourquoi ?
R - C’est un choix que j’ai fait au cours des négociations. Les intérêts entre les différents États membres étaient trop divergents. J’ai voulu prendre les sujets qui étaient prioritaires pour augmenter la production et réduire la volatilité des prix agricoles et la faim dans le monde. D’où l’idée de ce plan d’action en cinq sujets, déjà très lourds à traiter en un an. Il fallait que la question des biocarburants figure dans la déclaration, mais ce sujet n’était pas mûr pour trouver un accord. On demande d’aller plus loin sur l’évaluation des biocarburants.
Q - Et, après ce G20 agricole, pourriez-vous aller à Bercy dans l’optique du G20 finances ?
R - Il reste encore beaucoup de travail à faire au ministère de l’Agriculture. Ce qui me préoccupe le plus, c’est d’avoir des résultats concrets pour le monde paysan français, européen et mondial, car ce G20 aura des effets très positifs sur les plus vulnérables.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2011