Texte intégral
Voici maintenant quatre ans que ces « Rencontres acteurs publics » rassemblent tous ceux qui contribuent chaque jour à la modernisation de lEtat. Avant toute chose, je tiens donc, Mesdames et Messieurs, à vous remercier de votre présence, car cest elle qui fait, année après année, le succès de ce rendez-vous.
Et votre présence tout au long de ces trois journées démontre également que la réforme de lEtat, cest vous et, à travers vous, lensemble des responsables publics, qui la portez aujourdhui.
Voilà en effet un peu plus de 4 ans que sous limpulsion du Président de la République, la modernisation de notre administration est devenue une priorité: et je suis heureuse et fière de le dire devant vous ce matin, cette priorité de la réforme de lEtat a rencontré un écho sans précédent au sein de lEtat et a produit, en quatre années des résultats dont lampleur est tout simplement exceptionnelle.
Ces résultats, nous pouvons collectivement en être fiers. Je suis assez bien placé pour savoir que réformer une administration, ce nest pas facile, parce quau fond, ne pas agir, ne rien changer cest lattitude la plus facile. Ce nest pas le choix que ce Gouvernement a fait depuis 4 ans, ce nest pas le choix que jai fait au sein de ce Gouvernement.
Reconnaissons-le : réformer nécessite beaucoup dénergie, de continuité, de persévérance, de pédagogie aussi, et bien sur dengagement. Réformer, cest être confronté à des résistances car le changement cest inhabituel. Alors quand jentends certains sétonner que les réformes sont difficiles, je me dis quils nont pas du beaucoup réformer !
Mais ces réformes étaient indispensables. Permettre aux Universités dêtre autonomes, fusionner la Direction Générale des Impôts et de la Comptabilité publique, simplifier notre organisation administrative, dématérialiser les démarches, passer à lheure numérique, sont autant de réformes que nous devions faire pour préparer lavenir, peut être même pour faciliter la vie quotidienne des Français.
Bien sûr, pour bien réformer, il faut une volonté politique forte. Et vous le savez, depuis 2007, cette volonté est là, constamment réaffirmée, avec un Président de la République et un Premier Ministre qui nont pas hésité à simpliquer directement dans la modernisation de nos politiques publiques. Chacun a alors su que la réforme de lEtat ne serait plus un simple voeu pieux et que le temps était venu, pour cette éternelle Arlésienne, de devenir une réalité tangible.
Et cette détermination exprimée au plus haut niveau a joué le rôle de déclencheur : car nombreux étaient les acteurs et les décideurs publics qui espéraient que cette réforme soit enfin engagée. A de multiples reprises, on leur avait demandé et on vous avait sans doute demandé, Mesdames et Messieurs - de travailler sur des scénarios de modernisation et de présenter des projets pour rationaliser lorganisation et laction des pouvoirs publics : au fil des années, les rapports sétaient ainsi ajouté aux rapports et les audits aux audits. Et tous ou presque connaissaient le même sort : dans lattente de jours meilleurs, un gouvernement plus courageux et plus audacieux, leur mise en oeuvre était purement et simplement différée.
Et cest bien cela qui a fait toute la différence depuis 2007 : si la réforme de lEtat est aujourdhui en marche, cest parce que notre Etat se transforme de lintérieur. Cette modernisation, Mesdames et Messieurs, cest en effet vous qui la conduisez jour après jour.
Comme tous les agents publics et comme tous les Français, vous étiez et vous êtes fiers de notre Etat. Et cest cette fierté là qui vous a conduit à vous engager dans les réformes lancées depuis 4 ans. Je ne dis pas ce que cela a toujours été facile mais lambition a été partagée. Car vous saviez que réformer lEtat, poser la question de son efficacité, de son organisation, de son coût, du nombre de ses agents, cétait bel et bien renouer avec lesprit de service public et non pas rompre avec lui. Cétait honorer les engagements inscrits dans le statut général de la fonction publique : le sens de lintérêt commun, bien sûr, mais aussi la réactivité et la performance au service des Français.
Les fonctionnaires le savent : en 30 ans, lEtat a recruté 300 000 agents supplémentaires, multiplié les nouvelles directions et les nouveaux organismes publics et augmenté année après année ses dépenses. Et pourtant, à lévidence, cela na ni rendu la tâche plus facile aux serviteurs de lEtat ni amélioré la qualité de nos services publics.
La seule trace visible laissée par cette politique de la dépense, ce sont nos déficits qui se sont creusés année après année et une dette qui na cessé daugmenter. Chacun peut donc le constater aujourdhui : il ne suffit pas de dépenser plus pour faire mieux.
Et je crois même quaprès avoir connu 30 années de laisser-aller budgétaire, nous vivons à présent un tournant historique : car nous savons désormais que cest en dépensant moins que nous ferons mieux et que cest en faisant mieux que nous dépenserons moins. Parce aujourdhui, nous devons apprendre à agir autrement, à remettre en cause nos habitudes, à inventer de nouvelles solutions et de nouvelles manières de servir.
La réforme de lEtat est un cercle vertueux : sy engager, cest en effet rompre avec lidée que les structures, les procédures et les habitudes de lEtat sont par nature intangibles. La société française change, les besoins des Français aussi. Le devoir du service public, cest de prendre en compte ces évolutions et de sy adapter et de sy adapter non en créant dans le meilleur des cas une nouvelle structure et en recrutant de nouveaux personnels, mais en modifiant son organisation, en assurant ses missions de manière différente et en affectant ses agents là où ils sont le plus utiles.
Et cest bien lesprit de la révision générale des politiques publiques engagée depuis 2007 : remettre à plat lensemble du fonctionnement de lEtat pour vérifier, mission après mission, ministère après ministère, que nous rendons bien aux Français le meilleur service au meilleur coût.
Quatre ans après, les résultats parlent deux-mêmes : nous avons simplifié lorganisation de lEtat, pour faciliter toutes les démarches administratives dont la complexité était devenue trop importante. Les contribuables, qui avaient le plus grand mal à comprendre pourquoi ils avaient tantôt affaire à la direction générale des impôts et tantôt au trésor public, ont désormais accès à un guichet fiscal unique ; les demandeurs demplois, qui perdaient un temps et une énergie considérables à multiplier les démarches auprès de lANPE et de lAssedic, ont à présent un seul interlocuteur pour les accompagner : Pôle Emploi ; quant aux entreprises, depuis 2010, elles sont les premières bénéficiaires de la création des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de lemploi (DIRECCTE), qui sont leur point dentrée naturel pour toutes les formalités administratives.
Cette simplification de lorganisation de lEtat, nous lavons conduite avec un objectif cardinal : rendre les services publics plus accessibles. Là encore, il fallait rompre avec limage dun service public anonyme, dune administration qui, pour la moindre démarche, imposait aux Français de faire le déplacement jusquà un guichet et dy attendre que viennent leur tour.
Nous avons donc fait du passage de lEtat à lheure numérique une priorité absolue, avec, à la clef, des progrès absolument considérables : en 2007, 30 % seulement des démarches administratives que les Français jugeaient prioritaires pouvaient être faites en ligne. Aujourdhui, nous sommes passés à 65 % et notre objectif, pour la fin de lannée 2011, est datteindre 80 %. Déclarer son changement dadresse auprès des 12 principaux services publics en un seul clic, sinscrire sur les listes électorales ou payer sa TVA en ligne, tout cela est désormais possible.
Et dans le prolongement de cet effort de simplification et de dématérialisation, nous avons non seulement créé un guichet unique de démarches administratives en ligne www.mon.servicepublic.fr, qui vient de franchir le cap des 2 millions dinscrits. Nous avons aussi mis en place une plateforme de renseignement téléphonique « 39 39 allo service public », pour permettre aux Français davoir rapidement accès aux informations les plus larges avec des horaires élargis le soir et le samedi.
Au global, cest 15% dappels en plus pour un coût de traitement de lappel réduit de 10% et une satisfaction en hausse !
Ce mouvement va se poursuivre. Car notre objectif, cest que les Français changent de regard sur leur service public. Et pour suivre lavancement de ce chantier, le Président de la République a souhaité, en juin 2010, que soit créé un baromètre national de la qualité du service public : prise en charge aux urgences dans des délais raisonnables, délai de renouvellement des papiers didentité, rapidité pour traiter les demandes daide au logement ou pour rembourser une feuille de soins numérique, voilà quelques-unes des démarches qui nous permettent, aujourdhui, de mesurer lamélioration quotidienne du service rendu aux citoyens. Cest une première et elle témoigne de notre volonté de remettre lusager au coeur du service public.
Cest tout lesprit de la charte Marianne, qui définit de nouveaux standards de qualité pour laccueil des usagers dans les administrations : délais de réponse, pourcentage dappels non répondus, taux de satisfaction, cest tout cela que nous prenons désormais en compte pour améliorer le service rendu. Et dici la fin de lannée, lensemble des lieux accueillant le public se seront engagés à respecter ce référentiel exigeant, qui a permis, partout où il a déjà été déployé, de faire progresser très nettement la satisfaction des usagers.
Trop longtemps, en dépit du dévouement de ses agents, ladministration a été perçue comme distante et hermétique. Avec toutes ces réformes, nous voulons montrer quEtat ne rime pas nécessairement avec lenteur et complexité. Avec les télédéclarations en ligne, avec la réduction des délais de traitement et je pense par exemple à la mise à disposition des passeports, qui se fait deux fois plus rapidement aujourdhui quen 2009. Les Français ont retrouvé un Etat qui leur rend aujourdhui un service de grande qualité.
Ces progrès de qualité de service ont été accomplis en 4 années à peine tout en réduisant les dépenses. Car dans le même temps, nous avons engagé un redressement des finances publiques sans précédent. La révision générale des politiques publiques, cest en effet 7 milliards deuros déconomies réalisées en 2009 et 2011.
Et si nous sommes parvenus à maîtriser ainsi les dépenses tout en augmentant la qualité du service public, cest parce que nous avons posé, sans tabou, la question de lorganisation administrative et de sa trop grande complexité.
Cette complexité était trop souvent synonyme de dispersion des énergies et des moyens. Cest la raison pour laquelle nous avons largement mutualisé les fonctions-supports entre ministères. La création du service des achats de lEtat nous a ainsi permis de faire, à elle seule, plus dun milliard deuros déconomie.
Cette complexité, elle était aussi lhéritage dune histoire administrative où, pour tenir compte des nouveaux besoins des Français, lon créait de nouvelles structures sans jamais supprimer les précédentes. Cest avec cette logique que nous avons rompu, en remettant tout à plat pour rationaliser lorganigramme baroque qui sétait créé au fil du temps au sein de lEtat.
Nous avons ainsi réorganisé en profondeur les ministères. Et Bercy, vous le savez, a pris sa part de cet effort en menant à bien la fusion, jugée jusqualors nécessaire, mais impossible, de la direction générale des impôts et de la direction générale de la comptabilité publique, qui ont donné naissance à la direction générale des finances publiques. Au total, il y a désormais 10 % de directions en moins, avec, à la clef, une organisation de lEtat plus simple, plus claire et plus lisible.
Et cest cette rationalisation de lorganisation de lEtat qui nous a permis daméliorer le fonctionnement quotidien des services publics tout en ne remplaçant quun départ à la retraite sur deux.
Cette règle, cest en effet lune des clefs de notre redressement budgétaire. Entre 2009 et 2013, elle nous permettra de réaliser une économie de 15 milliards deuros environ.
Mais cette règle du non-remplacement dun départ à la retraite sur deux, cest aussi un levier pour permettre à lEtat de sadapter à ses nouvelles missions : cest la raison pour laquelle nous lavons appliquée de manière souple et différenciée.
La bonne gestion des services publics, cest en effet de réduire nos dépenses partout où il y avait des doublons et une organisation perfectible, pour dégager ainsi des marges de manoeuvre qui nous permettront de réduire nos déficits, mais aussi dinvestir là où cétait indispensable : je pense bien sûr à lenseignement supérieur et à la recherche, mais aussi à la justice et à ladministration pénitentiaire.
Car encore une fois, cest la logique dintérêt général et de service public qui nous guide. Et cest pour cette raison que nous avons fait de la revalorisation du travail des fonctionnaires lun des piliers de la réforme de lEtat.
Parce que nous savions quil nest jamais facile de faire bouger les lignes : réorganiser les administrations centrales et territoriales, changer des habitudes, transformer les conditions de travail, cest demander aux fonctionnaires de devenir les fers de lance dun nouveau service public, plus souple, plus moderne et plus réactif.
Ca mérite une récompense parce que cest sur eux que repose la réforme de lEtat. Cest leur engagement quotidien et leur sens du service public qui nous ont permis datteindre, en quatre années à peine, des résultats exceptionnels. Et cest pourquoi je suis extrêmement attachée à la règle fixée par le Président de la République : les gains de productivité réalisés grâce à eux, avec le non-remplacement dun départ à la retraite sur deux, ils doivent bénéficier pour moitié aux agents qui les ont rendus possibles.
Vous le savez, cette règle a été respectée, avec près de 1,4 milliards deuros de mesures catégorielles depuis 2009, et jen suis pour ma part très heureuse : parce que la réforme de lEtat, elle est aussi synonyme de revalorisation de la condition matérielle et symbolique des fonctionnaires et de tous ceux qui, chaque jour, servent lintérêt général.
Et cette revalorisation est une réalité : avec les mesures catégorielles, bien sûr, qui ont amélioré la situation ; mais aussi avec toutes les mesures de réorganisation et de simplification de ladministration, qui ont redonné tout son sens à la mission de service public quont embrassé nos agents publics.
Leur mobilisation est la clef du succès. Je le sais pour avoir conduit, en dautres lieux, la réforme des universités et de la recherche, des réformes qui font partie intégrante de la modernisation de notre Etat et qui, elles aussi, nétaient pas de ces transformations que lon décrète dun trait de plume. Lautonomie des universités, elle reposait sur les acteurs universitaires, car cétait à eux quil revenait de se saisir des libertés et responsabilités nouvelles qui leur étaient offertes.
Eh bien, il en va de même de la réforme de lEtat : la transformation quotidienne de notre administration, ce sont les agents publics qui la portent. Il faut en tirer toutes les conséquences. Et cest la raison pour laquelle nous avons remplacé la traditionnelle notation administrative par un entretien professionnel, qui permettra de mieux prendre en compte la personnalité, les qualités et les missions, lengagement personnel de chaque agent. Plus que jamais, je souhaite que toute la place puisse être faite à leur esprit dinitiative, à leur envie dapporter des idées neuves et des solutions nouvelles.
Car cest ainsi que dans le droit fil des quatre années qui viennent de sécouler, notre Etat pourra continuer à changer de visage.
Je serai donc particulièrement attentive à vos échanges, Mesdames et Messieurs, ainsi quaux conclusions de vos travaux : vous êtes les acteurs du changement. Sachez quà la place qui est la mienne, je serai toujours à votre écoute.
Source http://www.budget.gouv.fr, le 6 juillet 2011
Et votre présence tout au long de ces trois journées démontre également que la réforme de lEtat, cest vous et, à travers vous, lensemble des responsables publics, qui la portez aujourdhui.
Voilà en effet un peu plus de 4 ans que sous limpulsion du Président de la République, la modernisation de notre administration est devenue une priorité: et je suis heureuse et fière de le dire devant vous ce matin, cette priorité de la réforme de lEtat a rencontré un écho sans précédent au sein de lEtat et a produit, en quatre années des résultats dont lampleur est tout simplement exceptionnelle.
Ces résultats, nous pouvons collectivement en être fiers. Je suis assez bien placé pour savoir que réformer une administration, ce nest pas facile, parce quau fond, ne pas agir, ne rien changer cest lattitude la plus facile. Ce nest pas le choix que ce Gouvernement a fait depuis 4 ans, ce nest pas le choix que jai fait au sein de ce Gouvernement.
Reconnaissons-le : réformer nécessite beaucoup dénergie, de continuité, de persévérance, de pédagogie aussi, et bien sur dengagement. Réformer, cest être confronté à des résistances car le changement cest inhabituel. Alors quand jentends certains sétonner que les réformes sont difficiles, je me dis quils nont pas du beaucoup réformer !
Mais ces réformes étaient indispensables. Permettre aux Universités dêtre autonomes, fusionner la Direction Générale des Impôts et de la Comptabilité publique, simplifier notre organisation administrative, dématérialiser les démarches, passer à lheure numérique, sont autant de réformes que nous devions faire pour préparer lavenir, peut être même pour faciliter la vie quotidienne des Français.
Bien sûr, pour bien réformer, il faut une volonté politique forte. Et vous le savez, depuis 2007, cette volonté est là, constamment réaffirmée, avec un Président de la République et un Premier Ministre qui nont pas hésité à simpliquer directement dans la modernisation de nos politiques publiques. Chacun a alors su que la réforme de lEtat ne serait plus un simple voeu pieux et que le temps était venu, pour cette éternelle Arlésienne, de devenir une réalité tangible.
Et cette détermination exprimée au plus haut niveau a joué le rôle de déclencheur : car nombreux étaient les acteurs et les décideurs publics qui espéraient que cette réforme soit enfin engagée. A de multiples reprises, on leur avait demandé et on vous avait sans doute demandé, Mesdames et Messieurs - de travailler sur des scénarios de modernisation et de présenter des projets pour rationaliser lorganisation et laction des pouvoirs publics : au fil des années, les rapports sétaient ainsi ajouté aux rapports et les audits aux audits. Et tous ou presque connaissaient le même sort : dans lattente de jours meilleurs, un gouvernement plus courageux et plus audacieux, leur mise en oeuvre était purement et simplement différée.
Et cest bien cela qui a fait toute la différence depuis 2007 : si la réforme de lEtat est aujourdhui en marche, cest parce que notre Etat se transforme de lintérieur. Cette modernisation, Mesdames et Messieurs, cest en effet vous qui la conduisez jour après jour.
Comme tous les agents publics et comme tous les Français, vous étiez et vous êtes fiers de notre Etat. Et cest cette fierté là qui vous a conduit à vous engager dans les réformes lancées depuis 4 ans. Je ne dis pas ce que cela a toujours été facile mais lambition a été partagée. Car vous saviez que réformer lEtat, poser la question de son efficacité, de son organisation, de son coût, du nombre de ses agents, cétait bel et bien renouer avec lesprit de service public et non pas rompre avec lui. Cétait honorer les engagements inscrits dans le statut général de la fonction publique : le sens de lintérêt commun, bien sûr, mais aussi la réactivité et la performance au service des Français.
Les fonctionnaires le savent : en 30 ans, lEtat a recruté 300 000 agents supplémentaires, multiplié les nouvelles directions et les nouveaux organismes publics et augmenté année après année ses dépenses. Et pourtant, à lévidence, cela na ni rendu la tâche plus facile aux serviteurs de lEtat ni amélioré la qualité de nos services publics.
La seule trace visible laissée par cette politique de la dépense, ce sont nos déficits qui se sont creusés année après année et une dette qui na cessé daugmenter. Chacun peut donc le constater aujourdhui : il ne suffit pas de dépenser plus pour faire mieux.
Et je crois même quaprès avoir connu 30 années de laisser-aller budgétaire, nous vivons à présent un tournant historique : car nous savons désormais que cest en dépensant moins que nous ferons mieux et que cest en faisant mieux que nous dépenserons moins. Parce aujourdhui, nous devons apprendre à agir autrement, à remettre en cause nos habitudes, à inventer de nouvelles solutions et de nouvelles manières de servir.
La réforme de lEtat est un cercle vertueux : sy engager, cest en effet rompre avec lidée que les structures, les procédures et les habitudes de lEtat sont par nature intangibles. La société française change, les besoins des Français aussi. Le devoir du service public, cest de prendre en compte ces évolutions et de sy adapter et de sy adapter non en créant dans le meilleur des cas une nouvelle structure et en recrutant de nouveaux personnels, mais en modifiant son organisation, en assurant ses missions de manière différente et en affectant ses agents là où ils sont le plus utiles.
Et cest bien lesprit de la révision générale des politiques publiques engagée depuis 2007 : remettre à plat lensemble du fonctionnement de lEtat pour vérifier, mission après mission, ministère après ministère, que nous rendons bien aux Français le meilleur service au meilleur coût.
Quatre ans après, les résultats parlent deux-mêmes : nous avons simplifié lorganisation de lEtat, pour faciliter toutes les démarches administratives dont la complexité était devenue trop importante. Les contribuables, qui avaient le plus grand mal à comprendre pourquoi ils avaient tantôt affaire à la direction générale des impôts et tantôt au trésor public, ont désormais accès à un guichet fiscal unique ; les demandeurs demplois, qui perdaient un temps et une énergie considérables à multiplier les démarches auprès de lANPE et de lAssedic, ont à présent un seul interlocuteur pour les accompagner : Pôle Emploi ; quant aux entreprises, depuis 2010, elles sont les premières bénéficiaires de la création des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de lemploi (DIRECCTE), qui sont leur point dentrée naturel pour toutes les formalités administratives.
Cette simplification de lorganisation de lEtat, nous lavons conduite avec un objectif cardinal : rendre les services publics plus accessibles. Là encore, il fallait rompre avec limage dun service public anonyme, dune administration qui, pour la moindre démarche, imposait aux Français de faire le déplacement jusquà un guichet et dy attendre que viennent leur tour.
Nous avons donc fait du passage de lEtat à lheure numérique une priorité absolue, avec, à la clef, des progrès absolument considérables : en 2007, 30 % seulement des démarches administratives que les Français jugeaient prioritaires pouvaient être faites en ligne. Aujourdhui, nous sommes passés à 65 % et notre objectif, pour la fin de lannée 2011, est datteindre 80 %. Déclarer son changement dadresse auprès des 12 principaux services publics en un seul clic, sinscrire sur les listes électorales ou payer sa TVA en ligne, tout cela est désormais possible.
Et dans le prolongement de cet effort de simplification et de dématérialisation, nous avons non seulement créé un guichet unique de démarches administratives en ligne www.mon.servicepublic.fr, qui vient de franchir le cap des 2 millions dinscrits. Nous avons aussi mis en place une plateforme de renseignement téléphonique « 39 39 allo service public », pour permettre aux Français davoir rapidement accès aux informations les plus larges avec des horaires élargis le soir et le samedi.
Au global, cest 15% dappels en plus pour un coût de traitement de lappel réduit de 10% et une satisfaction en hausse !
Ce mouvement va se poursuivre. Car notre objectif, cest que les Français changent de regard sur leur service public. Et pour suivre lavancement de ce chantier, le Président de la République a souhaité, en juin 2010, que soit créé un baromètre national de la qualité du service public : prise en charge aux urgences dans des délais raisonnables, délai de renouvellement des papiers didentité, rapidité pour traiter les demandes daide au logement ou pour rembourser une feuille de soins numérique, voilà quelques-unes des démarches qui nous permettent, aujourdhui, de mesurer lamélioration quotidienne du service rendu aux citoyens. Cest une première et elle témoigne de notre volonté de remettre lusager au coeur du service public.
Cest tout lesprit de la charte Marianne, qui définit de nouveaux standards de qualité pour laccueil des usagers dans les administrations : délais de réponse, pourcentage dappels non répondus, taux de satisfaction, cest tout cela que nous prenons désormais en compte pour améliorer le service rendu. Et dici la fin de lannée, lensemble des lieux accueillant le public se seront engagés à respecter ce référentiel exigeant, qui a permis, partout où il a déjà été déployé, de faire progresser très nettement la satisfaction des usagers.
Trop longtemps, en dépit du dévouement de ses agents, ladministration a été perçue comme distante et hermétique. Avec toutes ces réformes, nous voulons montrer quEtat ne rime pas nécessairement avec lenteur et complexité. Avec les télédéclarations en ligne, avec la réduction des délais de traitement et je pense par exemple à la mise à disposition des passeports, qui se fait deux fois plus rapidement aujourdhui quen 2009. Les Français ont retrouvé un Etat qui leur rend aujourdhui un service de grande qualité.
Ces progrès de qualité de service ont été accomplis en 4 années à peine tout en réduisant les dépenses. Car dans le même temps, nous avons engagé un redressement des finances publiques sans précédent. La révision générale des politiques publiques, cest en effet 7 milliards deuros déconomies réalisées en 2009 et 2011.
Et si nous sommes parvenus à maîtriser ainsi les dépenses tout en augmentant la qualité du service public, cest parce que nous avons posé, sans tabou, la question de lorganisation administrative et de sa trop grande complexité.
Cette complexité était trop souvent synonyme de dispersion des énergies et des moyens. Cest la raison pour laquelle nous avons largement mutualisé les fonctions-supports entre ministères. La création du service des achats de lEtat nous a ainsi permis de faire, à elle seule, plus dun milliard deuros déconomie.
Cette complexité, elle était aussi lhéritage dune histoire administrative où, pour tenir compte des nouveaux besoins des Français, lon créait de nouvelles structures sans jamais supprimer les précédentes. Cest avec cette logique que nous avons rompu, en remettant tout à plat pour rationaliser lorganigramme baroque qui sétait créé au fil du temps au sein de lEtat.
Nous avons ainsi réorganisé en profondeur les ministères. Et Bercy, vous le savez, a pris sa part de cet effort en menant à bien la fusion, jugée jusqualors nécessaire, mais impossible, de la direction générale des impôts et de la direction générale de la comptabilité publique, qui ont donné naissance à la direction générale des finances publiques. Au total, il y a désormais 10 % de directions en moins, avec, à la clef, une organisation de lEtat plus simple, plus claire et plus lisible.
Et cest cette rationalisation de lorganisation de lEtat qui nous a permis daméliorer le fonctionnement quotidien des services publics tout en ne remplaçant quun départ à la retraite sur deux.
Cette règle, cest en effet lune des clefs de notre redressement budgétaire. Entre 2009 et 2013, elle nous permettra de réaliser une économie de 15 milliards deuros environ.
Mais cette règle du non-remplacement dun départ à la retraite sur deux, cest aussi un levier pour permettre à lEtat de sadapter à ses nouvelles missions : cest la raison pour laquelle nous lavons appliquée de manière souple et différenciée.
La bonne gestion des services publics, cest en effet de réduire nos dépenses partout où il y avait des doublons et une organisation perfectible, pour dégager ainsi des marges de manoeuvre qui nous permettront de réduire nos déficits, mais aussi dinvestir là où cétait indispensable : je pense bien sûr à lenseignement supérieur et à la recherche, mais aussi à la justice et à ladministration pénitentiaire.
Car encore une fois, cest la logique dintérêt général et de service public qui nous guide. Et cest pour cette raison que nous avons fait de la revalorisation du travail des fonctionnaires lun des piliers de la réforme de lEtat.
Parce que nous savions quil nest jamais facile de faire bouger les lignes : réorganiser les administrations centrales et territoriales, changer des habitudes, transformer les conditions de travail, cest demander aux fonctionnaires de devenir les fers de lance dun nouveau service public, plus souple, plus moderne et plus réactif.
Ca mérite une récompense parce que cest sur eux que repose la réforme de lEtat. Cest leur engagement quotidien et leur sens du service public qui nous ont permis datteindre, en quatre années à peine, des résultats exceptionnels. Et cest pourquoi je suis extrêmement attachée à la règle fixée par le Président de la République : les gains de productivité réalisés grâce à eux, avec le non-remplacement dun départ à la retraite sur deux, ils doivent bénéficier pour moitié aux agents qui les ont rendus possibles.
Vous le savez, cette règle a été respectée, avec près de 1,4 milliards deuros de mesures catégorielles depuis 2009, et jen suis pour ma part très heureuse : parce que la réforme de lEtat, elle est aussi synonyme de revalorisation de la condition matérielle et symbolique des fonctionnaires et de tous ceux qui, chaque jour, servent lintérêt général.
Et cette revalorisation est une réalité : avec les mesures catégorielles, bien sûr, qui ont amélioré la situation ; mais aussi avec toutes les mesures de réorganisation et de simplification de ladministration, qui ont redonné tout son sens à la mission de service public quont embrassé nos agents publics.
Leur mobilisation est la clef du succès. Je le sais pour avoir conduit, en dautres lieux, la réforme des universités et de la recherche, des réformes qui font partie intégrante de la modernisation de notre Etat et qui, elles aussi, nétaient pas de ces transformations que lon décrète dun trait de plume. Lautonomie des universités, elle reposait sur les acteurs universitaires, car cétait à eux quil revenait de se saisir des libertés et responsabilités nouvelles qui leur étaient offertes.
Eh bien, il en va de même de la réforme de lEtat : la transformation quotidienne de notre administration, ce sont les agents publics qui la portent. Il faut en tirer toutes les conséquences. Et cest la raison pour laquelle nous avons remplacé la traditionnelle notation administrative par un entretien professionnel, qui permettra de mieux prendre en compte la personnalité, les qualités et les missions, lengagement personnel de chaque agent. Plus que jamais, je souhaite que toute la place puisse être faite à leur esprit dinitiative, à leur envie dapporter des idées neuves et des solutions nouvelles.
Car cest ainsi que dans le droit fil des quatre années qui viennent de sécouler, notre Etat pourra continuer à changer de visage.
Je serai donc particulièrement attentive à vos échanges, Mesdames et Messieurs, ainsi quaux conclusions de vos travaux : vous êtes les acteurs du changement. Sachez quà la place qui est la mienne, je serai toujours à votre écoute.
Source http://www.budget.gouv.fr, le 6 juillet 2011