Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises notamment des entreprises françaises en Afrique, à Paris le 11 juillet 2011.

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Circonstance : Colloque du MEDEF International "La responsabilité sociale et environnementale des entreprises", à Paris le 11 juillet 2011

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Représentants des organismes patronaux,
Mesdames et Messieurs les Représentants de l’Organisation mondiale du Travail et de l’Organisation mondiale des Employeurs,
Mesdames et Messieurs,
C’est un vrai plaisir pour moi d’être parmi vous pour conclure cette conférence organisée par le MEDEF International sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. M’exprimer devant une assistance aussi prestigieuse me réjouit et je me dois de vous le dire. Elle rappelle la venue de la plupart d’entre vous au Sommet Afrique-France de Nice en juin 2010 qui fut un moment fort dans les relations qu’entretiennent le continent africain et la France. Aux nombreux chefs d’État présents s’étaient joints les représentants des organismes patronaux africains et les délégations de chefs d’entreprise.
Ce sommet fut l’occasion d’organiser la première plateforme de dialogue entre acteurs publics et privés de nos pays, et ce fut un grand succès. Je suis très heureux que cette initiative ait porté ses fruits et nous sommes aujourd’hui la preuve qu’elle se prolonge.
Je sais que vous avez déjà longuement évoqué la thématique qui nous réunit ici mais permettez-moi de revenir brièvement sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Depuis plus de dix ans maintenant, la communauté internationale a été à l’initiative de principes directeurs qui ont constitué les fondements de la RSE.
Je pense, par exemple, au Pacte mondial des Nations unies de juillet 2000. Je pense aussi à la déclaration sur la probité, l’intégrité et la transparence, de l’OCDE de mai 2010.
À travers ces textes, la communauté internationale a reconnu unanimement que face à la globalisation de l’économie et aux soubresauts qu’elle a connu ; il était nécessaire que les entreprises, moteurs de la croissance économique, en deviennent des acteurs responsables.
Dans le même temps, le secteur productif, conscient de sa responsabilité, décidait de lui-même de définir les lignes directrices d’une gouvernance responsable de l’entreprise. L’agence internationale de la normalisation (ISO) adoptait ainsi, le 13 septembre 2010, la norme ISO 26000. Cette norme vise à contrôler les impacts des décisions et activités en matière d’environnement, de travail, de gouvernance, d’éthiques des affaires.
Bien qu’elle n’ait pas force obligatoire, cette norme a eu un effet d’entraînement indéniable et a même été traduit sous forme de loi dans de nombreux pays.
Ces prémisses posées, les organisations patronales africaines et françaises - que vous représentez - ont franchi une nouvelle étape au sommet de Nice en adoptant la «Charte de l’entrepreneur en Afrique». Cet engagement unanime et exemplaire illustre votre «volonté de contribuer au progrès de l’Afrique, de ses entreprises, de ses habitants, par leur présence ou leurs relations avec eux». Je n’énumérerai pas les 22 points de la Charte mais je tiens à vous dire qu’elle est pour nous un exemple d’un partenariat réussi.
Un partenariat qui s’inscrit parfaitement dans les relations que nos États entretiennent aujourd’hui : des relations fondées sur le respect mutuel et cela sans oublier l’histoire qui nous lie.
La Charte porte ainsi au premier plan la nécessité de travailler dans le respect des cultures et des traditions de chacun, ce qui me tient particulièrement à cœur. Nos entreprises doivent travailler main dans la main pour le développement du continent en cherchant à s’inscrire dans un partenariat de long terme où elles s’intègrent dans vos pays.
Car si je suis convaincu que le développement de l’Afrique repose sur une croissance endogène forte, il ne faut tomber dans une vision trop quantitative du développement.
Une vision qui oublierait les hommes et les femmes qui en sont l’enjeu principal. Le développement humain et la croissance économique sont les deux faces d’une même réalité. Les entreprises sont des acteurs de cet ensemble.
Ce sont aussi tout le sens des efforts consacrés à la lutte contre corruption et pour la transparence. J’en veux pour preuve le succès de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), qui réunit dans une approche partenariale de nombreux pays africains producteurs, les entreprises multinationales du secteur et la société civile. La corruption recule elle aussi significativement dans de nombreux pays et nous nous en félicitons. Le printemps arabe est aussi là pour nous rappeler que les souffrances engendrées chez un peuple par la corruption provoquent des réactions épidermiques.
Pour construire, main dans la main, le développement d’un continent, il faut pouvoir s’appuyer sur une confiance réciproque. Le gouvernement français a confiance dans le secteur privé. L’approche qui est celle de la coopération française est résolument tournée vers la croissance économique du continent africain et notamment par le développement de son secteur privé. C’est le sens de l’initiative lancée au Cap par le président de la République qui vise à consacrer 10 milliards d’euros pour l’appuyer.
Cette confiance doit se nouer entre nos entreprises. Respecter les principes de la RSE, c’est avant tout un gage de confiance. Que les entreprises étrangères respectent ces principes est évidemment primordial. Ils sont l’assurance du respect mutuel et du partenariat que nous évoquions. Mais les entreprises étrangères qui investissent en Afrique sont en droit de demander à leurs partenaires africains de les respecter aussi. Et c’est tout le rôle de vos organisations de promouvoir l’usage de ces principes. Je vois plusieurs raisons à cela.
En effet, les entrepreneurs africains ayant intégrés les principes de la RSE se verront accordés avec plus de facilité des financements étrangers. Le respect des normes internationales deviendra donc pour ces entreprises un facteur de croissance.
Mais au-delà de leur accès au financement, ces entreprises seront aussi un exemple à suivre et entraineront dans leur sillage leurs homologues, ce qui aura à terme un véritable poids sur la croissance africaine. Aujourd’hui, ce cercle vertueux peut et doit s’accélérer.
Car dire aujourd’hui que l’Afrique est en croissance n’est plus un propos iconoclaste. Cela fait déjà de nombreux mois que les grandes firmes internationales du conseil et de la finance popularisent l’idée que l’Afrique rejoindra un jour le peloton des grandes économies émergentes. Cet optimisme est conforté par les prévisions économiques du FMI et de la Banque mondiale, qui soulignent que l’Afrique sera pour les années à venir la principale réserve de la croissance mondiale.
De plus, les économies africaines ont mieux supporté la crise que les économies occidentales et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, car elles étaient moins intégrées au système financier international, ce qui s’est révélé être un avantage. Mais aussi grâce à la réaction rapide et efficace des gouvernements du continent face à ces événements.
Cette meilleure résistance face à la crise pourrait favoriser l’afflux des investissements directs étrangers (IDE), déjà bien engagé et qui s’étendent désormais très au-delà du secteur des ressources naturelles. Le taux de rendement des IDE en Afrique est d’ailleurs largement supérieur à celui que l’on peut attendre des grands émergents. À ces flux de capitaux s’ajoutent les atouts intrinsèques du continent africain : une population jeune, s’urbanisant, et qui doublera d’ici 2050.
Les fondements d’une croissance forte sont là.
Toutes les clés pour faire de l’Afrique le continent du 21ème siècle sont entre nos mains. La France, qui sera toujours l’amie de l’Afrique, sera à ses côtés pour l’accompagner. Et je sais que nous pouvons compter sur les entreprises françaises pour participer à accomplir son destin.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juillet 2011