Interview de Mme Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale à Europe 1 le 8 juin 2011, sur la politique en faveur des handicapés, l'accessibilité et la scolarisation des enfants handicapés.

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Média : Europe 1

Texte intégral


 
 
GUILLAUME CAHOUR Bonjour Roselyne BACHELOT.
 
ROSELYNE BACHELOT Bonjour Guillaume CAHOUR.
 
GUILLAUME CAHOUR Ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. La Conférence nationale sur le handicap a lieu aujourd’hui, avec des annonces, qui seront faites par le président de la République, Nicolas SARKOZY, en fin de journée. C’est quoi ? C’est une sorte de point d’étape sur les nouvelles réglementations pour une meilleure intégration des handicapés dans la société ?
 
ROSELYNE BACHELOT C’est un rendez-vous très important, qui a lieu tous les 3 ans, et qui va être l’occasion pour le monde du handicap de faire le point sur ce qui s’est passé et de dégager de nouvelles pistes. Il faut savoir que depuis le début du quinquennat de Nicolas SARKOZY, des avancées considérables ont été notées, en particulier pour par exemple l’augmentation de l’allocation d’adulte handicapé, qui a augmenté de 25% pendant son quinquennat, ou la scolarisation des enfants handicapés, il y en avait 130 000 en milieu ordinaire, il y en a maintenant plus de 210 000, et l’augmentation des auxiliaires de vie scolaire a donc vu son chiffre multiplié par 2. Mais il faut aller plus loin…
 
GUILLAUME CAHOUR Oui, les associations veulent des annonces. Elles seront entendues ou pas ?
 
ROSELYNE BACHELOT Voilà. Alors elles seront entendues, dans trois domaines, que nous avons fixés avec elles, la scolarisation des enfants handicapés en milieu ordinaire de l’école ou en milieu spécialisé…
 
GUILLAUME CAHOUR Ça veut dire plus d’auxiliaires ?
 
ROSELYNE BACHELOT Le président dira ce qu’il compte faire. L’accessibilité, vous aviez un reportage très intéressant…
 
GUILLAUME CAHOUR Le reportage de Laure DAUTRICHE, oui.
 
ROSELYNE BACHELOT Sur cette personne en fauteuil qui parlait de son parcours du combattant.
 
GUILLAUME CAHOUR On le voit finalement dans un parcours, quand on part de chez soi, qu’on va à son point d’arrivée, un handicapé a toujours un moment où il va avoir un problème, une difficulté.
 
ROSELYNE BACHELOT Oui, et je dois dire qu’il faut une société accessible, ça sert aux personnes en situation de handicap, mais ça sert à tout le monde.
 
GUILLAUME CAHOUR Aujourd’hui, pour ce qui concerne l’Etat…
 
ROSELYNE BACHELOT Et puis le troisième élément, que je ne vous ai pas cité…
 
GUILLAUME CAHOUR C’est l’emploi.
 
ROSELYNE BACHELOT C’est l’emploi.
 
GUILLAUME CAHOUR On va en parler. En ce qui concerne l’accessibilité, selon la loi tous les bâtiments publics devraient être accessibles en 2015, aujourd’hui on est à peine à 1 bâtiment public sur 5.
 
ROSELYNE BACHELOT C’est un travail considérable.
 
GUILLAUME CAHOUR Manque de volonté, manque de moyens ?
 
ROSELYNE BACHELOT Il y a parfois les deux, si je puis dire, manque de volonté, manque de connaissances, manque de moyens, les collectivités territoriales savent bien par exemple que la mise entière aux normes ça représente un budget de 20 milliards, globalement la mise en accessibilité des bâtiments publics est estimée environ à 100 milliards, c’est donc un travail considérable, mais ce n’est pas parce que ça coûte cher qu’il ne faut pas le faire.
 
GUILLAUME CAHOUR L’objectif sera tenu, vous pensez ?
 
ROSELYNE BACHELOT L’objectif de 2015 reste un objectif inscrit dans la loi, qu’il faudra tenir.
 
GUILLAUME CAHOUR A propos de l’emploi, en 2010 le taux de chômage des handicapés a progressé deux fois plus vite que la moyenne nationale, est-ce qu’il faut encore augmenter les pénalités aux entreprises qui ne respectent pas les quotas ?
 
ROSELYNE BACHELOT Les pénalités sont déjà importantes…
 
GUILLAUME CAHOUR Et elles ont été augmentées.
 
ROSELYNE BACHELOT Ce que je note c’est que les entreprises aussi ont fait des efforts. Il faut le dire. Une entreprise sur deux respecte donc les critères de la loi de 1987 qui impose un quota de 6% de personnes en situation de handicap quand on dépasse 20 salariés, et que les entreprises qui n’emploient aucun salarié handicapé ont baissé, elles, de 80%. Donc il y a des progrès, on avance, mais il faut aller encore plus vite.
 
GUILLAUME CAHOUR Mais si les pénalités ça marche, est-ce qu’il faut encore augmenter les pénalités ?
 
ROSELYNE BACHELOT Non, elles sont déjà importantes.
 
GUILLAUME CAHOUR Roselyne BACHELOT, dans l’actualité il y a également le RSA, Jean-François COPE réunit aujourd’hui une convention sur la justice sociale, avec cette idée de proposer 5 heures de travail d’utilité sociale rémunérées pour les bénéficiaires, certains bénéficiaires du RSA. Est-ce que ça vous plaît comme idée ?
 
ROSELYNE BACHELOT Alors moi ce que je dis c’est que, un nouveau contrat payé, un nouveau contrat d’insertion, mettre dans la boîte à outils de l’insertion un nouveau contrat, pourquoi pas. Ça, c’est un élément, qui sera à la disposition de la personne en situation d’insertion et de son référent, premier élément. Il faut que ça corresponde au parcours d’insertion de la personne. Deuxièmement, il faut savoir que les sanctions éventuelles sont à la main des présidents de conseils généraux, et pas à la main de l’Etat. Le système du RSA c’est un système décentralisé. Ils ont déjà ces possibilités de mettre des sanctions à des personnes qui ne suivraient pas le parcours d’insertion qu’elles ont signé. C’est, d’abord, diminution de 100 euros le premier mois, diminution de 50% du RSA pendant 4 mois, puis enfin suspension totale du RSA. Donc les sanctions existent déjà. C’est au président du conseil général de les appliquer. Mais ce que je veux dire aussi, c’est que pour l’immense majorité des titulaires du RSA, ils sont là à nous dire, mais trouvez-nous un boulot, nous on veut travailler. Et, finalement, cette démarche elle oblige d’abord la société.
 
GUILLAUME CAHOUR Roselyne BACHELOT, merci beaucoup, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, et bonne journée.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 10 juin 2011