Texte intégral
Vous pouvez imaginer, vous qui connaissez mon parcours et mes engagements, le sentiment que jéprouve à ouvrir, après Roselyne Bachelot, cette deuxième Conférence Nationale du Handicap.
Cet événement, car cen est un, nous permet de réaffirmer notre ambition : lavènement dune société inclusive, ouverte à tous, assurant aux personnes handicapées le libre-choix de leur mode de vie et leur réelle participation sociale.
Pour réaliser cette ambition, cette seconde Conférence Nationale du Handicap doit marquer la prise en compte de la question du handicap par la société tout entière.
Jusquici, il faut le reconnaître, la politique du handicap a été littéralement portée par les associations, vos associations.
Depuis des décennies maintenant, ce sont les associations qui ont imaginé des modes daccompagnement, assuré la gestion des structures dédiées, défendu les intérêts et la dignité des personnes handicapées, permis que cette question soit inscrite sur lagenda politique. Cest à elles, cest à vous, que nous devons les progrès immenses que notre pays a réalisés dans ce domaine.
Les programmes de créations de places dans les établissements et services médico-sociaux, financés par lEtat et lassurance maladie, avec limplication des conseils généraux, ont besoin de la mobilisation des associations. Car ce sont elles qui constituent la majorité des promoteurs et des gestionnaires de ces structures.
Sans les associations, le programme pluriannuel de création de places, annoncé lors de la conférence nationale du handicap de 2008, naurait pu se mettre en uvre dans les conditions que nous connaissons : 85% des quelques 50 000 places à financer en 7 ans sont dores et déjà autorisées.
La loi du 11 février 2005, que jai défendue avec vous, a précisément fait le choix dancrer le principe de ce partenariat entre lEtat et vos associations au cur des différentes institutions quelles a créées : les MDPH, les commissions des droits et de lautonomie, les commissions communales daccessibilités, la Caisse nationale de solidarité pour lautonomie, lONFRIH, le Conseil national consultatif des personnes handicapées, cher Patrick Gohet, dont le rôle a été singulièrement renforcé.
Cette loi, elle institue également la Conférence Nationale du Handicap afin den faire le rendez-vous incontournable quelle est en passe de devenir.
Cette loi, elle fait preuve dune audace exceptionnelle. Il faut bien avouer que le législateur de 2005 ne sétait pas embarrassé dinhibitions et de frilosités !
Cette loi, qui est lhonneur de ma vie publique, elle contient en effet tous les principes fondamentaux et intangibles qui constituent le socle de la politique du handicap en France. Cest le projet de vie dabord, qui fait définitivement de la personne lacteur de sa vie. Cest la compensation ensuite, ce droit nouveau dans notre système de protection sociale, qui est la garantie de légalité des chances. Cest laccessibilité de tout pour tous évidemment, car cest le droit commun et le rejet des discriminations. Cest la participation enfin, car rien ne peut être décidé pour les personnes handicapées sans elles.
Cette loi, elle a bien ainsi pour horizon cette société humaniste dans laquelle tous les hommes, par-delà leurs différences et capacités, sont les acteurs de notre destin commun, de véritables associés dans la République des solidarités que nous bâtissons pierre par pierre, ensemble.
Cette loi, elle a permis de nombreux progrès, ceux que Roselyne Bachelot vient dévoquer, ceux dont cette conférence dressera le bilan. Au-delà des chiffres, je veux insister quant à moi sur les révolutions mentales quelle nous a conduit à faire : le principe de linscription des enfants handicapés dans lécole de leur quartier, une prestation de compensation bâtie pour répondre au projet de la personne, prenant en compte ses attentes, ses aspirations et sa situation individuelle, qui bénéficie aujourdhui à plus de 150 000 personnes pour un total d1 milliard deuros versés par les Conseils généraux avec le soutien de la CNSA.
Cest aussi des lieux daccueil, dinformation et dorientation des personnes sur tout le territoire avec les maisons départementales des personnes handicapées. Les MDPH ont su devenir votre interlocuteur privilégié.
Ces progrès ne doivent cependant pas masquer les difficultés qui se font jour, et qui se traduisent par des inquiétudes. Croyez bien que mon état desprit est à tout sauf à lautosatisfaction. Cette journée nous invite à faire le bilan qui nous permettra de dessiner ensemble la prochaine étape.
Or, ma conviction est quau-delà des questions particulières posées par chacun des volets de la politique du handicap, nous avons aujourdhui plus encore quhier besoin dune véritable implication de la société toute entière. Voilà le sens de cette 2e conférence nationale du handicap : elle est le lancement de cette mobilisation !
Car si la loi est mise en uvre avec détermination par les pouvoirs publics, si cette loi est accompagnée par laction vigilante des associations, il faut le dire, ces efforts constants et convergents ne pourront plus faire progresser seuls notre pays, ils ne pourront plus sexonérer de limplication du reste de la société française. Cest la société civile organisée, mais aussi et surtout tous nos compatriotes qui doivent relever ce défi collectif.
Je dis bien collectif, car le handicap nest pas seulement laffaire des personnes handicapées, le handicap et la manière dont il est pris en charge sont un extraordinaire révélateur de louverture et de lhumanité dune société.
Comprenez moi bien, lorsque je vous dis que cette question doit être maintenant assumée par toute la société française, ce nest pas pour exonérer lEtat de sa propre responsabilité.
LEtat doit bien évidemment dabord montrer lexemple, ce qui ne fut pas toujours le cas.
Il doit ensuite agir. Cest ce quil fait déjà, nous allons en débattre, pour léducation, lemploi et laccessibilité.
Cest ce quil devra faire plus encore demain pour lautonomie des personnes handicapées. Vous pouvez compter, ici comme ailleurs, sur le volontarisme du Président de la République et de son Gouvernement.
Ce que je veux dire, cest que sans limplication active et assumée des collectivités locales, des entreprises, des partenaires sociaux, des familles spirituelles, des autres associations, des individus dans leur vie quotidienne, nous ne pourrons pas donner à la loi sa pleine effectivité.
Or cest pour relever le défi de laccessibilité au sens le plus large au logement, aux transports, à la culture, au sport, à la santé, aux services, à léducation, à lemploi - que ce besoin de mobilisation sexprime avec le plus dexigence. Car les progrès dépendent de tous.
Nous devons agir tous ensemble, voilà ma conviction profonde. Cest en effet cet agir ensemble qui fait notre monde commun, comme lavait si bien vu Hannah Arendt.
Notre monde commun, pour nous Français, cest notre patrie, la France. Dans une République française, dont lidéal demeure la société fraternelle dhommes libres et égaux, la politique du handicap est au cur du pacte républicain.
Cest donc sous le signe de ce pacte républicain, véritable contrat social qui nous lie tous les uns aux autres, que cette seconde Conférence Nationale du Handicap est inscrite. Mesdames, messieurs, quand je vous vois si nombreux aujourdhui, jai la conviction que tous ensemble nous allons faire vivre ce pacte républicain.
Cest en effet ce pacte républicain qui est renforcé lorsque toute la société française se rassemble pour régler des problèmes qui intéressent en réalité toute la société française. La volonté générale au service de lintérêt général, voilà la République !
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 10 juin 2011