Texte intégral
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Directeur général,
Madame la Directrice,
Mesdames, Messieurs les Auditeurs de la promotion «Alexandra David-Néel»,
C'est pour moi un grand plaisir de vous rencontrer, ici, à La Courneuve, sur ce site qui incarne la modernité de notre ministère, au moment où votre formation initiale à l'Institut diplomatique et consulaire s'achève et où vous entamez votre carrière de secrétaires et conseillers des affaires étrangères.
En entrant au Quai d'Orsay, vous avez fait un bon choix.
D'abord, parce que vous allez remplir deux missions essentielles au service de la France. La première, c'est de contribuer à la promotion de nos valeurs et de nos intérêts sur la scène internationale. La seconde, qui constitue une priorité du gouvernement, c'est d'assurer la protection de nos ressortissants partout dans le monde.
Ces missions doivent être pour chacun d'entre vous une source de fierté. Elles vous permettront de découvrir la haute idée que de nombreux étrangers se font de notre pays.
Vous avez fait un bon choix car il vous ouvre la perspective d'une vie professionnelle exceptionnelle, par sa richesse, mais aussi par sa variété.
De l'administration centrale aux postes, de l'Union européenne au reste du monde, des ambassades bilatérales aux représentations multilatérales, vous aurez l'opportunité de vivre des expériences diverses et passionnantes.
De l'analyse politique à l'assistance et à l'administration consulaire, de la coopération culturelle à la communication, à la gestion ou encore au protocole, vous aurez la chance d'apprendre non pas un, mais plusieurs métiers.
Des autres administrations aux organisations internationales, des entreprises au Service européen pour l'action extérieure, vous pourrez effectuer de nombreuses mobilités à l'extérieur du Département.
Vous l'aurez compris, ici, au Quai d'Orsay, il n'y a pas de parcours-type, il n'y a pas de chemin tracé à l'avance. Il n'y a que de larges horizons sur lesquels chacun dessine sa propre voie, au gré de son expertise, de ses talents et de ses aspirations. Aucune administration, sans doute, n'offre de telles possibilités.
Vous avez enfin choisi une carrière exigeante, qui vous demandera de grandes qualités professionnelles et humaines :
- la curiosité et le goût des voyages, dans une existence qui s'annonce placée sous le signe de la mobilité géographique ;
- la polyvalence, la capacité d'adaptation et la faculté d'analyse, dans un monde qui change de plus en plus vite ;
- l'aisance relationnelle et le respect de l'autre ;
- une créativité permanente - je pense par exemple aux contraintes budgétaires, aujourd'hui incontournables, qui ne doivent pas brider votre enthousiasme, mais au contraire vous inciter à trouver sans cesse des idées neuves.
Ces qualités, votre nom de promotion montre que vous les avez déjà bien identifiées, si vous ne les possédez pas déjà. Il vous faudra les cultiver.
Dans quelques jours, vous ferez vos premiers pas de «rédacteurs» et de «rédactrices» dans vos directions d'affectation.
Ces directions vous attendent avec une grande impatience. Non pas seulement parce qu'elles se réjouissent de voir arriver en plein cœur de l'été les jeunes recrues qui assureront les permanences du mois d'août. Mais surtout parce que vous pourrez apporter sans tarder vos compétences au suivi de dossiers que l'actualité rend chaque jour plus complexes.
Je sais que vous êtes prêts à relever ce défi.
Vous êtes prêts parce qu'au-delà des procédures de sélection académiques que vous avez subies, vous avez suivi une formation initiale concrète et opérationnelle, parfaitement adaptée aux enjeux qui vous attendent.
Cette formation initiale, je l'avais appelée de mes vœux avec Louis Schweitzer dès 2008, dans le cadre du Livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la France, convaincu que le métier de diplomate est un métier spécifique, dont la reconnaissance professionnelle passe par un effort de formation.
Cette formation initiale, vous en êtes aujourd'hui la deuxième promotion. Elle témoigne de la réforme profonde dans laquelle le Quai d'Orsay est engagé depuis quelques années. À travers les moyens humains et financiers qui lui sont consacrés, elle montre également à quel point notre ministère est soucieux d'investir dans ses nouveaux agents.
Vous êtes prêts parce que vous avez appris à travailler ensemble. À cet égard, je me réjouis de voir rassemblée ici une promotion aussi étoffée - 65 agents de catégorie A : pour un «petit ministère» comme le nôtre, ce n'est pas rien -, signe qu'en ces temps où notre pyramide des âges conduit à de nombreux départs en retraite, votre génération se tient prête à prendre la relève. Au-delà même de votre nombre, je constate avec encore plus de satisfaction la quasi-parité de votre groupe, ainsi que la grande diversité de vos profils, puisque vous êtes issus de huit voies de recrutement différentes.
Cette diversité ne vous a pas empêché de développer en l'espace de trois mois un véritable esprit de promotion. Celui-ci s'est forgé au fil de vos échanges, de vos expéditions genevoise, nantaise et bruxelloise, et de ces semaines de formation au cours desquelles vous avez pu faire connaissance avec celles et ceux qui seront désormais vos collègues pour plusieurs décennies.
Cette cohésion, ce sentiment d'appartenance à une équipe, à un ministère riche de ses traditions, mais aussi de son attachement profond à la modernité, sont importants pour la suite de votre carrière. Ils sont indispensables, car la diplomatie est par nature un métier d'échange, de communication, de confrontation d'idées. Il vous faudra donc pour réussir avoir le goût - et le réflexe - de travailler avec les autres, en réseau, et de conjuguer ainsi vos compétences à celles de vos collègues. C'est plus essentiel que jamais à l'heure où notre ministère doit faire face à des crises de grande ampleur - nous avons tous en tête le séisme en Haïti de janvier 2010, la vague des «printemps arabes» ou bien encore la crise de la dette grecque.
Vous êtes prêts, enfin, parce que vous avez acquis une vision globale du ministère, de ses missions et de la politique étrangère de la France. Vous partagez également notre conviction à tous que du fait de son histoire et de sa place dans la communauté internationale, la France a une responsabilité particulière, une responsabilité qu'elle entend assumer pleinement en défendant sa vision du monde sur la scène internationale, comme elle l'a fait dans le cadre de la présidence du G8 et du G20.
Mesdames, Messieurs,
Vous intégrez un ministère en mouvement, fort de son expertise, de ses savoir-faire et de ses «savoir-être», fort, surtout, d'agents passionnés qui ne ménagent pas leurs efforts pour porter la voix de la France dans le monde - car ce sont bien les agents, et en particulier les jeunes agents, qui font la richesse du Quai d'Orsay.
Je sais que vous aurez à cœur d'apporter votre pierre à l'édifice commun.
Vous avez eu la chance de bénéficier d'une solide formation initiale que n'ont pas reçue vos prédécesseurs. N'oubliez jamais, cependant, qu'il vous reste encore beaucoup à acquérir. N'oubliez jamais que la carrière que vous avez choisie est un apprentissage permanent, qui exige beaucoup d'humilité, et parfois même - nous l'avons vu avec les «printemps arabes», qui nous ont tous surpris et dont nous n'avons saisi immédiatement ni la force ni la portée - de profondes remises en cause. Ce souci de remise en cause est fondamental. Il fait toute la richesse du métier de diplomate.
Je vous offre à tous mes vœux de succès pour votre carrière au Quai d'Orsay. Qu'elle vous permette de donner le meilleur de vous-même au service de notre pays et de son rayonnement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2011