Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH Monsieur le Premier ministre, bienvenue, merci dêtre avec nous en direct
FRANÇOIS FILLON Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Pour traiter de lactualité et des perspectives de la rentrée. François FILLON, merci dêtre là. Ce matin - tout de suite, 1 minute est-ce que vous avez une pensée pour votre ministre de l'Intérieur, Claude GUEANT, qui subit à linstant même un pontage coronarien, quil a révélé lui-même, dailleurs ?
FRANÇOIS FILLON Oui, bien sûr. Les ministres sont des hommes et des femmes comme les autres. Claude GUEANT est en ce moment même à lhôpital, où il se fait opérer du coeur, jespère que tout se passera bien, et en tout cas je souhaite quil se rétablisse le plus vite possible, et mes pensées vont vers lui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il sera absent quelques semaines, ou il travaillera au ralenti, est-ce quil assurera, ou quelquun va assurer son intérim ?
FRANÇOIS FILLON Non, non, ses médecins nous ont indiqué quil serait absent une semaine, et quil reprendrait ensuite ses fonctions, et je ne doute pas que ce sera le cas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH La surprise de laube. Le président de la République est en Afghanistan, cest donc la stratégie du secret, de la surprise, dun président de la République.
FRANÇOIS FILLON Enfin tous les présidents de la République ou les chefs de gouvernement qui se déplacent en Afghanistan font la même chose pour des raisons de sécurité, que chacun comprend bien. Le président de la République est allé en Afghanistan pour deux choses, dabord pour, à la veille du 14 juillet, rendre hommage à nos soldats, rendre hommage au très lourd tribut quils ont payé, mais aussi et surtout pour leur annoncer quà partir de maintenant nous allons engager un premier retrait dAfghanistan, de 1000 soldats, correspondant aux mêmes proportions que le retrait américain, qui vont quitter lAfghanistan dici 2012. Nous allons concentrer les forces qui resteront, environ 3000 hommes, sur la vallée de la Kapisa, qui est une des vallées dont nous avons la charge et qui nest pas encore complètement sécurisée, et il va également leur indiquer que, en tout état de cause, en 2014, les forces françaises auront totalement quitté lAfghanistan.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il ny aura plus un soldat français en Afghanistan à la fin 2014.
FRANÇOIS FILLON Plus exactement, les forces françaises qui assurent la sécurisation sur le terrain auront quitté lAfghanistan, et il restera des forces pour assurer la formation des forces de sécurité afghanes, de lArmée afghane, et surtout on fera un effort plus important en matière de coopération civile avec lAfghanistan.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Le président de la République était en train de le dire, et il a ajouté que cétait 1000 sur 4000. Barack OBAMA, lui aussi, a décidé le départ par étapes de soldats américains jusquen septembre 2012, par hasard 1 mois avant lélection de la Maison Blanche. Est-ce que la France, on va vous le dire, agit en toute indépendance, ou vous faites comme eux ?
FRANÇOIS FILLON Nous sommes dans une alliance. Les Américains ont à peu près 130 000 hommes sur le terrain, nous en avons 4000, ce serait un peu étrange davoir une stratégie différente à 4000. Je rappelle que cest sous la présidence de Jacques CHIRAC et le gouvernement de Lionel JOSPIN que les forces françaises ont été engagées en Afghanistan, dans un consensus qui était dailleurs assez large au plan national, et au moment où ces forces se sont engagées, elles se sont engagées derrière les Américains, et personne, à lépoque, nen na fait le reproche, puisquil sagissait daller chercher BEN LADEN, ce qui a été fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Nicolas SARKOZY, chef des Armées, vient de dire « il faut savoir finir une guerre. » Or, cest assez vrai parce que, François FILLON, les Occidentaux savent déclencher des interventions militaires, mais ils ne savent pas sortir dun conflit. Est-ce que cette leçon de Kaboul va servir ?
FRANÇOIS FILLON Dabord ce nest pas tout à fait exact. Nous avons récemment démontré en Côte-Divoire quon pouvait, en utilisant la force de façon raisonnée, permettre à la démocratie de triompher, cest ce quon va essayer de faire et cest ce quon essaie de faire en Libye. Cest plus compliqué, naturellement, en Libye, mais il y a des progrès depuis 4 mois, puisque, au fond, depuis 4 mois les forces de lOTAN ont aidé les rebelles à reprendre du terrain, les rebelles ont repris du terrain, le colonel KADHAFI est pus isolé que jamais, ses moyens militaires sont extrêmement réduits. Et puis toute la communauté internationale, qui au départ était hésitante, est désormais complètement sur la ligne qui consiste à réclamer le départ du colonel KADHAFI pour engager des pourparlers politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cet après-midi, cest vous, François FILLON, qui allez présenter à lAssemblée le grand débat sur la Libye, si vous voulez on en reparlera un peu plus tard, dans cet entretien, et de la Côte-Divoire aussi. Mais pour finir avec lAfghanistan, en 2014, les Afghans auront le pouvoir, c'est-à-dire que les talibans gouverneront lAfghanistan ?
FRANÇOIS FILLON Non Jean-Pierre ELKABBACH, on ne peut pas dire ça. Les talibans gouvernaient lAfghanistan avant lintervention américaine et lintervention alliée, ils ont été chassés du pouvoir. Il y a aujourdhui un Gouvernement, il y a eu des élections, il y a une Constitution en Afghanistan, pourquoi considérer, a priori, quil ny a aucun espoir dinstaurer un peu plus de démocratie, un peu plus de respect des droits de lhomme, en Afghanistan ? Je sais que cest difficile, je ne lignore pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest un pari.
FRANÇOIS FILLON Cest un pari, mais en tout état de cause ce pari nous devions le faire. Et la deuxième chose que je veux dire cest que les forces armées des pays occidentaux nont pas vocation à occuper des pays qui sont des pays indépendants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Voilà une des leçons de laffaire Kaboul et de lAfghanistan. LEurope, lEurope croule sous les dettes des Etats, elle est incapable de trouver une solution pour la Grèce, alors quaprès le Portugal, lEspagne, et même lItalie, sont menacés, est-ce quaujourdhui lEurope est à nouveau profondément en crise ?
FRANÇOIS FILLON Vous me ferez le crédit, Jean-Pierre ELKABBACH, davoir tiré la sonnette dalarme depuis 4 ans sur cette question de la dette.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous avez dit, et vous vous êtes fait tirer les oreilles un peu partout, vous avez dit « la faillite. »
FRANÇOIS FILLON Javais même évoqué le mot de faillite, qui avait à lépoque beaucoup surpris
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc cest la faillite des Etats en Europe ?
FRANÇOIS FILLON Non, ça veut dire simplement que la dette nest plus supportable et que tous les Etats européens doivent engager un effort de réduction de la dépense publique. Alors, en même temps, il ne faut pas non plus céder à la panique qui sempare régulièrement des marchés, dont on constate parfois quils réagissent plus à lémotion quà la raison
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et à lintérêt, mais on ne les maîtrise pas.
FRANÇOIS FILLON Parce que quand on regarde les choses avec un peu de recul, on saperçoit que lEurope cest très difficile. A 27 cest très difficile, dans la zone euro cest très difficile, parce quon est nombreux, parce quon a des visions différentes des choses et parce quil faut beaucoup de temps pour se mettre daccord. Mais si on regarde les choses avec un peu de recul, on a toujours réussi, depuis le début de la crise économique et financière, à trouver des solutions. Cest lEurope qui a trouvé les solutions la première pour empêcher la catastrophe du système financier, cest lEurope qui a lancé la première, et notamment la France, les réflexions sur la régulation financière. On a trouvé des solutions à la question portugaise, ça a été très difficile, souvenez-vous des débats à lépoque, cétaient à peu près les mêmes quaujourdhui. On a trouvé des solutions à la question irlandaise et on a trouvé
JEAN-PIERRE ELKABBACH Oui, mais regardez le temps quil faut pour trouver une solution à la Grèce.
FRANÇOIS FILLON A chaque fois on progresse, Jean-Pierre ELKABBACH, à chaque fois on progresse. On est parti dun système dans lequel personne ne voulait entendre parler dune solidarité financière à légard de la Grèce, personne ne voulait entendre parler dun gouvernement économique européen. Progressivement, je sais que cest lent, on pourrait espérer que ça aille plus vite, mais progressivement
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça cest la vision optimiste.
FRANÇOIS FILLON On a mis en place un fonds de 440 milliards deuros pour assurer
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais qui est insuffisant, qui sera insuffisant, sil faut aider le Portugal, lEspagne
FRANÇOIS FILLON Sil faut lalimenter plus, il sera alimenté plus, mais on la mis en place ce fonds. Deuxièmement, on a mis en place, on a fait accepter à lAllemagne lidée de mettre en place un gouvernement économique de la zone euro, donc oui, cest lent, oui cest difficile, mais à chaque fois on progresse, et au fond, contrairement à une idée reçue, lEurope se renforçait de chacune de ses crises.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Je note que cest une conception optimiste de la situation. Est-ce que leuro est menacé, là ?
FRANÇOIS FILLON Oui, cest une conception optimiste qui est vérifiée par les faits, Jean-Pierre ELKABBACH. Par les faits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Oui, mais ça prend du temps, et puis en même temps il y a des dégâts. Est-ce que leuro est menacé ?
FRANÇOIS FILLON Leuro est à un niveau plus élevé aujourdhui quil nétait quand il a été créé, il y a dailleurs beaucoup de gens qui trouvent quil est à un niveau trop élevé, la question nest pas là, la question cest la Grèce. La Grèce est dans une situation financière catastrophique en raison des fautes quelle a commisses, des erreurs qui ont été commises, des mauvaises informations qui ont été fournies. Il faut que la Grèce fasse les efforts nécessaires pour réduire sa dépense publique, elle les fait, il faut le reconnaître, mais si cest difficile, elle les fait, et il faut que la communauté internationale, et en particulier les pays de la zone euro, soient solidaires. Il y a un débat, que vous connaissez, sur la question de savoir quelle doit être la participation des établissements financiers, cette participation doit se faire sous forme dun dialogue, sous une forme volontaire, parce que tout ce qui ressemblerait à un défaut de paiement, à un incident de paiement de la Grèce, pourrait, comme ça a été le cas avec la crise aux Etats-Unis et la faillite de LEHMAN BROTHERS, entraîner une nouvelle crise financière, et on na vraiment pas besoin dune nouvelle crise financière au moment où il y a une véritable reprise de la croissance en Europe et dans le monde.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce que la France peut être épargnée, puisquon voit les pays les uns après les autres touchés ?
FRANÇOIS FILLON Ecoutez, la France fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire sa dépense publique, et dailleurs le résultat il est là, cest que la France conserve la meilleure notation, aujourdhui, parmi les grands pays développés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ce matin les députés devraient voter en troisième lecture le texte adopté hier par les sénateurs sur la Règle dor qui prévoit léquilibre des finances publiques dans la Constitution. TRICHET, Jean-Claude, dit « cest indispensable. » Les socialistes nen veulent pas. Est-ce que le Congrès va être convoqué malgré cela, à Versailles, sur la Règle dor ?
FRANÇOIS FILLON Ecoutez, les socialistes vont être devant leurs responsabilités. Avec les socialistes on va baisser le prix de lessence, on va baisser le prix de lélectricité, on va baisser le prix du gaz, on va travailler moins, on va partir en retraite plus tôt, et tout ça face à une situation européenne où on voit bien que les vieilles puissances industrielles européennes sont bousculées par un nouveau monde de 7 milliards dhabitants ; et ça va être le coeur, au fond, du débat qui va sengager pour lélection présidentielle, il y a un problème de crédibilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous voulez dire quil y en a qui nont pas pris conscience de la crise actuelle ?
FRANÇOIS FILLON Je ne sais pas sils nont pas pris conscience ou sils pensent que pour gagner les élections il faut raconter des fadaises aux Français, mais la vérité cest que nous allons mettre les socialistes devant leurs responsabilités. LAssemblée nationale et le Sénat ont voté, dans des termes identiques, le texte sur la Règle dor, cest au président de la République de décider sil vaut convoquer le Congrès, on va le décider à lautomne
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais vous, vous êtes favorable au Congrès ? Vous y seriez favorable, vous ?
FRANÇOIS FILLON Bien sûr jy suis favorable, si on a mis en oeuvre ces textes cest évidemment pour quils aboutissent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça sappelle le piège.
FRANÇOIS FILLON Non, ce nest pas un piège, cest se doter, comme beaucoup dautres pays européens, dune règle qui oblige les gouvernements à dire à lavance, lorsquils prennent le pouvoir, dans quelles conditions et dans quels délais ils vont ramener les comptes publics à léquilibre. Cest une règle de bon sens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH François FILLON, avec Nicolas SARKOZY vous avez promis de défendre le pouvoir dachat. Vous avez de bonnes occasions de le montrer. Dabord, les chiffres de linflation viennent dapparaître, +0,06. Dans ces conditions, est-ce que sont revalorisés tout de suite, ou retardés, le SMIC dabord ?
FRANÇOIS FILLON Pour le SMIC il ny a pas de revalorisation aujourdhui compte tenu de la revalorisation qui a eu lieu, de la dernière, il ny a pas décart avec linflation compte tenu de ce qui a été fait, en revanche, ce qui va être revalorisé, cest le Livret A, qui va
JEAN-PIERRE ELKABBACH A partir de.
FRANÇOIS FILLON Dont le taux va passer à 2,25% dans les prochains jours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Au mois daoût.
FRANÇOIS FILLON Cest la preuve, dailleurs, que léconomie est vivante. Je me souviens des débats, lorsque le Livret A baissait parce que linflation était en baisse, aujourdhui il y a un peu plus dinflation, on augmente le taux du Livret A. Je me souviens aussi de tous les débats sur le Livret A lorsque sa distribution a été ouverte aux banques, on a dit que cétait la fin du Livret A, la gauche était déchaînée, il ny a jamais eu autant dargent sur le Livret A.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Rassurez-vous, il y a dautres débats. TOTAL répercute les hausses des prix du pétrole dans ses 2000 stations services, de 1 à 4 centimes. Que peut faire lEtat ? Que va-t-il faire ?
FRANÇOIS FILLON Dabord, on est très vigilant sur la répercussion des hausses et la répercussion des baisses. Christine LAGARDE avait installé un observatoire, cet observatoire a fonctionné, il y a eu plus de 4000 contrôles qui ont été faits, et on a constaté que, en juin, la baisse a été très correctement répercutée par les distributeurs. Cest un peu moins sûr sur le mois de mai, on est en train de faire des vérifications, et le ministre de l'Economie et des Finances, François BAROIN, va recevoir le président de TOTAL aujourdhui même, pour sassurer
JEAN-PIERRE ELKABBACH Quand il rentrera de Washington. Il est à washington.
FRANÇOIS FILLON Pour sassurer que les hausses ne vont pas être plus fortes que ce qui est nécessaire compte tenu de laugmentation du prix du pétrole.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais quest-ce que va faire lEtat en dehors de la gesticulation de recevoir pour la énième fois le patron de TOTAL ?
FRANÇOIS FILLON Non, ce nest pas de la gesticulation, cest de sassurer que personne ne triche avec les prix. Mais il faut aussi dire la vérité, Jean- Pierre ELKABBACH. Ne pas dire aux Français que le pétrole va continuer Invités du mardi 12 juillet 2011 Département Veille et Ressources dinformations 01.42.75.54.58 8 daugmenter, parce que cest une ressource qui est limitée, parce quil y a 7 milliards dhabitants sur la terre, parce quil y a plus de croissance, parce quil y a plus de gens qui ont des véhicules, parce quil y a plus de besoins dénergie, cest une réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc vous nous dites que le prix de lénergie va être de plus en plus cher, et il faut sy préparer. Cest ça ?
FRANÇOIS FILLON Et plutôt que dinventer des solutions qui nont aucun sens si ce nest de peser sur la croissance ou sur les impôts des Français, il faut travailler sur les alternatives au pétrole. Il faut travailler sur les économies dénergie
JEAN-PIERRE ELKABBACH On va y venir, mais
FRANÇOIS FILLON Non, mais cest très, très important.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il y a deux propositions
FRANÇOIS FILLON Les investissements davenir, que nous avons engagés
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il y a une proposition de François HOLLANDE de stabiliser les prix pendant lété. Est-ce que vous pouvez sanctuariser les 2 mois, 2,5 mois dété, avec un moratoire sur les hausses ?
FRANÇOIS FILLON Au concours Lépine de la démagogie, il a gagné le premier prix. Cest ce que je disais tout à lheure, on va baisser le prix de lessence, on va baisser le prix du gaz, on va baisser le prix de lélectricité
JEAN-PIERRE ELKABBACH Oui, mais pourquoi vous ne pouvez pas faire baisser comme Martine AUBRY et François HOLLANDE vous le demandent, que lEtat, à travers la TIPP, ne gagne aucune recette supplémentaire liée à la hausse de lessence à la pompe.
FRANÇOIS FILLON Cest une belle solution, monsieur ELKABBACH. Ça consistera, pour lEtat, à emprunter un peu plus, à endetter un peu plus la France, pour payer les dépenses publiques, que par ailleurs les socialistes nous reprochent en permanence de trop baisser. Si on baisse la TIPP, ça veut dire quil y aura moins de rentrées pour lEtat, ça veut dire quil y aura moins dargent public, dans lEducation, dans la Recherche, dans lEnseignement supérieur, dans la Sécurité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc, si TOTAL continue à monter, pour des raisons budgétaires, on ne peut rien faire, on laisse faire.
FRANÇOIS FILLON Il y a une donnée qui incontournable, cest que la France na pas de pétrole, monsieur ELKABBACH, il ny a pas de pétrole sur le sol français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Je le sais, vous savez.
FRANÇOIS FILLON Voilà, donc on achète du pétrole dans des pays qui en produisent, et ces pays qui en produisent, ils montent ou ils baissent les coûts en fonction de la croissance, en fonction du marché.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Quand on veut dire, comme vous le dites ce matin, la vérité, cest que les prix continueront de monter
FRANÇOIS FILLON La vérité cest quil peut y avoir des baisses et des hausses en fonction des fluctuations du marché, mais nous allons vers un renchérissement du prix des carburants fossiles. Donc il y a deux choses importantes, cest les économies dénergie ; il faut dailleurs faire remarquer aux Français que par exemple les moteurs de leurs voitures consomment beaucoup moins dessence que dans le passé
JEAN-PIERRE ELKABBACH On y viendra. Dépêchez-vous davoir la voiture électrique.
FRANÇOIS FILLON Et deuxièmement, il faut continuer à investir dans le nucléaire, puisque le nucléaire est une alternative crédible
JEAN-PIERRE ELKABBACH On a compris, je vous le dirai tout à lheure, mais TOTAL ne paie pas dimpôts en France. 800 millions deuros sur 10 milliards, même si cest gagné à lextérieur. Grâce à une niche fiscale ancienne, quatre entreprises, dont TOTAL, profitent du bénéfice mondial consolidé. Vous qui faites la chasse aux niches, François FILLON, est-ce que vous envisagez den finir avec ce régime fiscal particulier ?
FRANÇOIS FILLON Ça, encore, cest une vieille histoire vraiment française. Où est-ce que TOTAL paie ses impôts, monsieur ELKABBACH ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH Dans 130 pays, je sais.
FRANÇOIS FILLON TOTAL paie ses impôts là où il extrait du pétrole. Je reviens dIndonésie, vous pensez vraiment que lIndonésie accepterait que demain TOTAL ne paie plus ses impôts en Indonésie pour les payer en France ? Quest-ce que ça veut dire ? TOTAL paie des impôts en France sur les activités qui sont les siennes en France, qui sont des activités de distribution, qui sont dailleurs des activités qui sont peu rentables. Donc on peut discuter de cette histoire de bénéfice mondial, jai même compris que le groupe TOTAL avait finalement fait ses calculs
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest ce qua dit Christophe de MARGERIE ici.
FRANÇOIS FILLON En indiquant que ce nétait pas si intéressant que ça, quil était prêt à labandonner, en tout cas ça napportera pas de ressources supplémentaires à la France, et les compagnies pétrolières continueront à payer des impôts là où elles extraient du pétrole.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Quand les socialistes vous disent, pas plus tard que ce matin, Martine AUBRY, « il faut taxer les bénéfices des pétroliers », vous répondez ?
FRANÇOIS FILLON Je réponds que tout ça na pas de sens, que ce nest pas en taxant les bénéfices des pétroliers quon va rendre léconomie française plus compétitive, quon va créer des emplois, et quon va créer de la croissance. Les socialistes nont que des solutions démagogiques à proposer, ils refusent de regarder la réalité en face, ils essaient de tromper les Français. Je pense vraiment que cette question
JEAN-PIERRE ELKABBACH La campagne a commencé !
FRANÇOIS FILLON La campagne a commencé avec des propositions comme celle-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Monsieur le Premier ministre, la querelle autour des ragots et des rumeurs, cette fois, elle partirait de votre majorité, il parait, et en plus, du sommet de lEtat ; quen dites-vous, Martine AUBRY se dit blindée contre les rumeurs méprisables, etc., est-ce quil est vrai quon a cherché autour delle, sans rien trouver, et quon sattaque à son mari et à ses proches, à des dirigeants socialistes ?
FRANÇOIS FILLON Jean-Pierre ELKABBACH, moi, je hais les rumeurs, et jaimerais que le Parti socialiste soit aussi prompt à dénoncer ceux qui lancent des rumeurs contre le président de la République par exemple, que celles qui touchent aujourdhui Martine AUBRY. Je comprends parfaitement sa colère, mais je ne comprends pas sa méthode pour réagir. Ou bien, elle les ignore ou bien, elle attaque en justice ceux qui les propagent. Mais cette manière, qui consiste à faire courir des rumeurs sur les rumeurs, je pense que cest la meilleure façon de leur donner de limportance, notamment dans les médias, cest une drôle de m??thode, et en tout cas, je veux dire que la majorité na rien à voir avec ces rumeurs qui courent sur madame AUBRY et qui sont naturellement détestables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et est-ce que ce matin, vous pouvez affirmer que la vie privée de certains dirigeants politiques de haut niveau nest surveillée par aucun service du ministère de lIntérieur ?
FRANÇOIS FILLON Mais bien sûr, Jean-Pierre ELKABBACH, personne ne surveille la vie privée des hauts dirigeants politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il ny a jamais eu de notes confidentielles, même avant le 14 mai et après concernant la vie privée de Dominique STRAUSS-KAHN ?
FRANÇOIS FILLON Bien sûr que non. Quand il y a un incident qui concerne
JEAN-PIERRE ELKABBACH Non, vous dites : bien sûr que non, mais ça a été prouvé
FRANÇOIS FILLON Non, mais, moi, je vous dis : quand il y a un incident qui concerne une personnalité, il est normal que les autorités de lEtat soient informées. Quand le directeur général du FMI est arrêté à New York, cest la moindre des choses que le chef de lEtat, le gouvernement français soient informés de ce qui sest passé, comme sans doute le gouvernement
JEAN-PIERRE ELKABBACH Instantanément
FRANÇOIS FILLON Mais bien sûr, comme sans doute le gouvernement américain. Mais il ny a aucune enquête, cétait du temps de François MITTERRAND quil y avait des enquêtes sur les responsables politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et il ny a aucune forme dintervention, quand vous êtes informé, vous ne dites pas : faites votre devoir, continuez les enquêtes ou ne les continuez pas ?
FRANÇOIS FILLON Vous croyez vraiment quon a des contacts avec la police newyorkaise, Monsieur ELKABBACH
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce que la campagne 2012 va voler aussi bas alors que les Français attendent autre chose, qui peut dire aujourdhui : halte au feu et être crédible ?
FRANÇOIS FILLON Mais qui est responsable de cette campagne de caniveau
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest partagé
FRANÇOIS FILLON Non, non, alors franchement, cherchez dans la majorité aujourdhui, la majorité, dabord, elle est concentrée sur le Gouvernement du pays, elle est concentrée sur les débats, des débats dailleurs qui, parfois, donnent lieu à une saine émulation à lintérieur de cette même majorité, on est en train de préparer le projet qui sera notre projet présidentiel. Jaimerais que les socialistes en fassent autant. Je pense que la méthode des primaires
JEAN-PIERRE ELKABBACH La méthode des primaires
FRANÇOIS FILLON Oui, enfin, je pense que la méthode des primaires, comment diraisje, génère beaucoup dagressivité à lintérieur même de la gauche, en tout cas, des débats qui sont plus des débats personnels, des débats de personnalités
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous nallez pas pleurer
FRANÇOIS FILLON Plutôt que des débats de fond
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous nallez pas pleurer pour ça. Et pourtant, malgré ces débats, cest la gauche qui est donnée gagnante.
FRANÇOIS FILLON Oui, enfin, vous savez, dans les élections présidentielles, les favoris nont jamais gagné dans lhistoire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH A partir de la rentrée, François FILLON, et jusquen avril 2012, est-ce que vous allez poursuivre les réformes ou vous déclarerez une pause ?
FRANÇOIS FILLON Non, il ne peut pas y avoir de pause, vous avez vous-même indiqué tout à lheure la situation qui était celle de lEurope, la nécessité de continuer à réduire la dépense publique dans notre pays, ce qui est une nécessité absolue, nous allons engager une grande réforme du financement de la dépendance, sur laquelle le président de la République va sexprimer
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais est-ce que vous avez renoncé à taxer avant 2012 les hauts revenus ?
FRANÇOIS FILLON Non, pas du tout, nous sommes, en train détudier une méthode qui permettrait de taxer les entreprises qui donnent à leurs dirigeants des revenus qui sont des revenus extravagants. Aujourdhui, vous savez que les revenus nentrent pas dans la base de calculs des bénéfices de lentreprise et de la taxation de limpôt sur les sociétés. Donc nous, nous voudrions que la partie des revenus qui dépasse des niveaux acceptables soit taxée à limpôt sur les sociétés
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça, cest dans les prochains mois.
FRANÇOIS FILLON Ça sera dans le cadre de la loi de Finances.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Eva JOLY va sortir vainqueur de la primaire écologiste, elle fait pression sur le PS, et dans le pays pour larrêt total et définitif des centrales nucléaires. Est-ce que vous, vous allez céder à la mode ?
FRANÇOIS FILLON Non seulement, je ne cède pas à la mode, mais je reviens au débat sur lénergie, je voudrais que le Parti socialiste mexplique comment on va assurer aux Français une énergie bon marché sans nucléaire ? Cest absolument impossible. Lessence et le gaz vont continuer daugmenter, parce que la ressource est rare, les énergies renouvelables, nous venons de lancer un grand appel doffre pour installer des éoliennes en mer qui vont permettre de produire léquivalent de deux réacteurs nucléaires, mais cest des coûts extrêmement élevés. Et donc nous avons besoin du nucléaire. Et nous navons pas besoin dun nucléaire qui soit un nucléaire figé dans la situation daujourdhui, nous avons besoin de le faire évoluer, de le moderniser, de le rendre toujours plus sûr. Et donc il faut continuer à investir
JEAN-PIERRE ELKABBACH Comme à Fessenheim, où vous allez continuer pendant dix ans, au moins
FRANÇOIS FILLON A Fessenheim. Toutes les centrales nucléaires françaises sont en train dêtre soumises à des tests qui visent à les confronter à tout ce qui sest passé à Fukushima. Même si la France nest pas une terre avec des risques sismiques, mais on fait quand même la simulation, et à partir des résultats, on prendra les décisions nécessaires ; il ny a aucune décision qui a été prise ni pour Fessenheim ni pour aucune autre centrale. Mais le plus important, cest surtout, les investissements davenir que nous avons décidés pour travailler sur les réacteurs nucléaires de quatrième génération, pour travailler sur les économies dénergie, pour travailler sur les
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous continuerez, cest ça qui est intéressant
FRANÇOIS FILLON Bien sûr quon continuera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Le président de la République a donc dit, à Kaboul, « il faut savoir finir une guerre. » Est-ce quen Libye on va finir la guerre, est-ce quon va arrêter lintervention militaire du côté de la France ?
FRANÇOIS FILLON Dabord, Jean-Pierre ELKABBACH, il faut rappeler pourquoi on a fait cette intervention en Libye, cest pour sauver la vie de milliers de civils libyens qui étaient sur le point de se faire écraser par laviation et par les forces
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça cétait la résolution des Nations Unies.
RANÇOIS FILLON Cest la résolution des Nations Unies.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais vous nautorisez pas à liquider KADHAFI ou attendre quil quitte le pouvoir ?
FRANÇOIS FILLON Personne ne cherche à liquider KADHAFI, il ny a aucune action militaire visant à attenter à la vie de KADHAFI, en revanche lentêtement de KADHAFI à continuer le combat dans ces conditions, contre son propre peuple, le disqualifie pour
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il faut quil sen aille.
FRANÇOIS FILLON Il faut quil sen aille, il faut quil quitte le pouvoir, il faut au moins quil quitte le pouvoir, après cest aux Libyens de décider eux-mêmes
JEAN-PIERRE ELKABBACH Sil peut rester dans une tribu dans son pays.
FRANÇOIS FILLON De leur organisation, de la manière??? la France nentend pas, et lOTAN nentend pas gérer la Libye à la place de la Libye.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce que vous dites la même chose de la Syrie et dASSAD ? Hillary CLINTON a dit hier « ASSAD nest pas indispensable. »
FRANÇOIS FILLON Je pense que le président ASSAD a franchi toutes les limites, et le silence du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Syrie devient insupportable. Vous savez que la France a déposé, avec dautres pays européens, une proposition de résolution, qui est bloquée par la Russie et qui est bloquée par la Chine, ce nest plus acceptable. Ce qui sest passé encore hier soir avec des agressions extrêmement violentes contre lambassade de France à Damas et contre lambassade des Etats-Unis, montre que ce régime est dans une fuite en avant, et chaque jour qui passe rend plus difficile le maintien au pouvoir du président ASSAD.
JEAN-PIERRE ELKABBACH François FILLON, en mai 2012 vous aurez accompli tout un quinquennat, un mandat complet à Matignon.
FRANÇOIS FILLON Contre toutes les prévisions de vos confrères.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce quaujourdhui les rôles, entre vous et le président de la République, sont enfin mieux équilibrés, mieux répartis, que les institutions de la Vème fonctionnent normalement ?
FRANÇOIS FILLON Vous savez que jai toujours plaidé pour la continuité dans laction gouvernementale, et jai toujours fait remarquer que la France était le seul pays où on changeait de gouvernement plusieurs fois entre deux élections. Cest très important la continuité parce quon apprend à travailler ensemble, on est moins bon
JEAN-PIERRE ELKABBACH Combien de temps il vous a fallu pour travailler avec
FRANÇOIS FILLON On est moins bon au début quà la fin. Il y a lexpérience qui joue, il y a la confrontation aux réalités, il y a la solidité dans la gestion des crises, il y a lexpérience de la loyauté.
JEAN-PIERRE ELKABBACH On dit justement que le Nicolas SARKOZY de 2011 nest plus le même que celui de 2007. Vous, vous le côtoyez, même depuis 2006, où est la différence.
FRANÇOIS FILLON On a tous changé parce que lexercice du pouvoir vous transforme. Les responsabilités, le poids des responsabilités, des décisions dune gravité extrêmement comme celle dengager des forces en Libye ou en Afghanistan, ce sont des décisions qui changent la personnalité dun homme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH En 2007 il proposait, et il pouvait proposer, le changement. En 2012 ?
FRANÇOIS FILLON En 2012, dabord cest à lui de faire son programme, ce nest pas à moi, mais je pense quen 2012 cest la continuité qui simposera parce que les réformes très profondes que nous avons engagées, qui sont en train de transformer la société française, luniversité, la recherche et linnovation, le dialogue social, la réforme des régimes sociaux, ce sont des réformes qui ne vont donner des résultats que dans plusieurs années, et donc ce qui est très important cest que le pays
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest que ce soit le même qui reste.
FRANÇOIS FILLON Cest que la même politique continue à être conduite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Avant une rude bataille, cest la dernière question, Napoléon disait « Bonaparte ferait gagner lEmpereur Napoléon », cest lui qui le disait. Est-ce que vous dites « le candidat SARKOZY », alors quil est en baisse de popularité etc, « le candidat SARKOZY »
FRANÇOIS FILLON Ça dépend des sondages, il y en a dans lesquels il est en hausse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH « Peut faire gagner le président SARKOZY » ?
FRANÇOIS FILLON Bien sûr. Nicolas SARKOZY a montré en 2007 quil avait une formidable capacité de rebond dans les campagnes électorales, mais il aura aussi un bilan crédible que je vais mattacher à défendre à ses côtés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Alors viendra le moment où vous pourrez vous intéresser à Paris peut-être. Après, non ?
FRANÇOIS FILLON Je minterdis de mintéresser à quoi que ce soit dautre quà mes fonctions actuelles dont vous avez pu constater, avec les questions que vous mavez posées, quelles sont assez lourdes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Merci dêtre venu en direct.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 12 août 2011
FRANÇOIS FILLON Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Pour traiter de lactualité et des perspectives de la rentrée. François FILLON, merci dêtre là. Ce matin - tout de suite, 1 minute est-ce que vous avez une pensée pour votre ministre de l'Intérieur, Claude GUEANT, qui subit à linstant même un pontage coronarien, quil a révélé lui-même, dailleurs ?
FRANÇOIS FILLON Oui, bien sûr. Les ministres sont des hommes et des femmes comme les autres. Claude GUEANT est en ce moment même à lhôpital, où il se fait opérer du coeur, jespère que tout se passera bien, et en tout cas je souhaite quil se rétablisse le plus vite possible, et mes pensées vont vers lui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il sera absent quelques semaines, ou il travaillera au ralenti, est-ce quil assurera, ou quelquun va assurer son intérim ?
FRANÇOIS FILLON Non, non, ses médecins nous ont indiqué quil serait absent une semaine, et quil reprendrait ensuite ses fonctions, et je ne doute pas que ce sera le cas.
JEAN-PIERRE ELKABBACH La surprise de laube. Le président de la République est en Afghanistan, cest donc la stratégie du secret, de la surprise, dun président de la République.
FRANÇOIS FILLON Enfin tous les présidents de la République ou les chefs de gouvernement qui se déplacent en Afghanistan font la même chose pour des raisons de sécurité, que chacun comprend bien. Le président de la République est allé en Afghanistan pour deux choses, dabord pour, à la veille du 14 juillet, rendre hommage à nos soldats, rendre hommage au très lourd tribut quils ont payé, mais aussi et surtout pour leur annoncer quà partir de maintenant nous allons engager un premier retrait dAfghanistan, de 1000 soldats, correspondant aux mêmes proportions que le retrait américain, qui vont quitter lAfghanistan dici 2012. Nous allons concentrer les forces qui resteront, environ 3000 hommes, sur la vallée de la Kapisa, qui est une des vallées dont nous avons la charge et qui nest pas encore complètement sécurisée, et il va également leur indiquer que, en tout état de cause, en 2014, les forces françaises auront totalement quitté lAfghanistan.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il ny aura plus un soldat français en Afghanistan à la fin 2014.
FRANÇOIS FILLON Plus exactement, les forces françaises qui assurent la sécurisation sur le terrain auront quitté lAfghanistan, et il restera des forces pour assurer la formation des forces de sécurité afghanes, de lArmée afghane, et surtout on fera un effort plus important en matière de coopération civile avec lAfghanistan.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Le président de la République était en train de le dire, et il a ajouté que cétait 1000 sur 4000. Barack OBAMA, lui aussi, a décidé le départ par étapes de soldats américains jusquen septembre 2012, par hasard 1 mois avant lélection de la Maison Blanche. Est-ce que la France, on va vous le dire, agit en toute indépendance, ou vous faites comme eux ?
FRANÇOIS FILLON Nous sommes dans une alliance. Les Américains ont à peu près 130 000 hommes sur le terrain, nous en avons 4000, ce serait un peu étrange davoir une stratégie différente à 4000. Je rappelle que cest sous la présidence de Jacques CHIRAC et le gouvernement de Lionel JOSPIN que les forces françaises ont été engagées en Afghanistan, dans un consensus qui était dailleurs assez large au plan national, et au moment où ces forces se sont engagées, elles se sont engagées derrière les Américains, et personne, à lépoque, nen na fait le reproche, puisquil sagissait daller chercher BEN LADEN, ce qui a été fait.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Nicolas SARKOZY, chef des Armées, vient de dire « il faut savoir finir une guerre. » Or, cest assez vrai parce que, François FILLON, les Occidentaux savent déclencher des interventions militaires, mais ils ne savent pas sortir dun conflit. Est-ce que cette leçon de Kaboul va servir ?
FRANÇOIS FILLON Dabord ce nest pas tout à fait exact. Nous avons récemment démontré en Côte-Divoire quon pouvait, en utilisant la force de façon raisonnée, permettre à la démocratie de triompher, cest ce quon va essayer de faire et cest ce quon essaie de faire en Libye. Cest plus compliqué, naturellement, en Libye, mais il y a des progrès depuis 4 mois, puisque, au fond, depuis 4 mois les forces de lOTAN ont aidé les rebelles à reprendre du terrain, les rebelles ont repris du terrain, le colonel KADHAFI est pus isolé que jamais, ses moyens militaires sont extrêmement réduits. Et puis toute la communauté internationale, qui au départ était hésitante, est désormais complètement sur la ligne qui consiste à réclamer le départ du colonel KADHAFI pour engager des pourparlers politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cet après-midi, cest vous, François FILLON, qui allez présenter à lAssemblée le grand débat sur la Libye, si vous voulez on en reparlera un peu plus tard, dans cet entretien, et de la Côte-Divoire aussi. Mais pour finir avec lAfghanistan, en 2014, les Afghans auront le pouvoir, c'est-à-dire que les talibans gouverneront lAfghanistan ?
FRANÇOIS FILLON Non Jean-Pierre ELKABBACH, on ne peut pas dire ça. Les talibans gouvernaient lAfghanistan avant lintervention américaine et lintervention alliée, ils ont été chassés du pouvoir. Il y a aujourdhui un Gouvernement, il y a eu des élections, il y a une Constitution en Afghanistan, pourquoi considérer, a priori, quil ny a aucun espoir dinstaurer un peu plus de démocratie, un peu plus de respect des droits de lhomme, en Afghanistan ? Je sais que cest difficile, je ne lignore pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest un pari.
FRANÇOIS FILLON Cest un pari, mais en tout état de cause ce pari nous devions le faire. Et la deuxième chose que je veux dire cest que les forces armées des pays occidentaux nont pas vocation à occuper des pays qui sont des pays indépendants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Voilà une des leçons de laffaire Kaboul et de lAfghanistan. LEurope, lEurope croule sous les dettes des Etats, elle est incapable de trouver une solution pour la Grèce, alors quaprès le Portugal, lEspagne, et même lItalie, sont menacés, est-ce quaujourdhui lEurope est à nouveau profondément en crise ?
FRANÇOIS FILLON Vous me ferez le crédit, Jean-Pierre ELKABBACH, davoir tiré la sonnette dalarme depuis 4 ans sur cette question de la dette.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous avez dit, et vous vous êtes fait tirer les oreilles un peu partout, vous avez dit « la faillite. »
FRANÇOIS FILLON Javais même évoqué le mot de faillite, qui avait à lépoque beaucoup surpris
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc cest la faillite des Etats en Europe ?
FRANÇOIS FILLON Non, ça veut dire simplement que la dette nest plus supportable et que tous les Etats européens doivent engager un effort de réduction de la dépense publique. Alors, en même temps, il ne faut pas non plus céder à la panique qui sempare régulièrement des marchés, dont on constate parfois quils réagissent plus à lémotion quà la raison
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et à lintérêt, mais on ne les maîtrise pas.
FRANÇOIS FILLON Parce que quand on regarde les choses avec un peu de recul, on saperçoit que lEurope cest très difficile. A 27 cest très difficile, dans la zone euro cest très difficile, parce quon est nombreux, parce quon a des visions différentes des choses et parce quil faut beaucoup de temps pour se mettre daccord. Mais si on regarde les choses avec un peu de recul, on a toujours réussi, depuis le début de la crise économique et financière, à trouver des solutions. Cest lEurope qui a trouvé les solutions la première pour empêcher la catastrophe du système financier, cest lEurope qui a lancé la première, et notamment la France, les réflexions sur la régulation financière. On a trouvé des solutions à la question portugaise, ça a été très difficile, souvenez-vous des débats à lépoque, cétaient à peu près les mêmes quaujourdhui. On a trouvé des solutions à la question irlandaise et on a trouvé
JEAN-PIERRE ELKABBACH Oui, mais regardez le temps quil faut pour trouver une solution à la Grèce.
FRANÇOIS FILLON A chaque fois on progresse, Jean-Pierre ELKABBACH, à chaque fois on progresse. On est parti dun système dans lequel personne ne voulait entendre parler dune solidarité financière à légard de la Grèce, personne ne voulait entendre parler dun gouvernement économique européen. Progressivement, je sais que cest lent, on pourrait espérer que ça aille plus vite, mais progressivement
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça cest la vision optimiste.
FRANÇOIS FILLON On a mis en place un fonds de 440 milliards deuros pour assurer
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais qui est insuffisant, qui sera insuffisant, sil faut aider le Portugal, lEspagne
FRANÇOIS FILLON Sil faut lalimenter plus, il sera alimenté plus, mais on la mis en place ce fonds. Deuxièmement, on a mis en place, on a fait accepter à lAllemagne lidée de mettre en place un gouvernement économique de la zone euro, donc oui, cest lent, oui cest difficile, mais à chaque fois on progresse, et au fond, contrairement à une idée reçue, lEurope se renforçait de chacune de ses crises.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Je note que cest une conception optimiste de la situation. Est-ce que leuro est menacé, là ?
FRANÇOIS FILLON Oui, cest une conception optimiste qui est vérifiée par les faits, Jean-Pierre ELKABBACH. Par les faits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Oui, mais ça prend du temps, et puis en même temps il y a des dégâts. Est-ce que leuro est menacé ?
FRANÇOIS FILLON Leuro est à un niveau plus élevé aujourdhui quil nétait quand il a été créé, il y a dailleurs beaucoup de gens qui trouvent quil est à un niveau trop élevé, la question nest pas là, la question cest la Grèce. La Grèce est dans une situation financière catastrophique en raison des fautes quelle a commisses, des erreurs qui ont été commises, des mauvaises informations qui ont été fournies. Il faut que la Grèce fasse les efforts nécessaires pour réduire sa dépense publique, elle les fait, il faut le reconnaître, mais si cest difficile, elle les fait, et il faut que la communauté internationale, et en particulier les pays de la zone euro, soient solidaires. Il y a un débat, que vous connaissez, sur la question de savoir quelle doit être la participation des établissements financiers, cette participation doit se faire sous forme dun dialogue, sous une forme volontaire, parce que tout ce qui ressemblerait à un défaut de paiement, à un incident de paiement de la Grèce, pourrait, comme ça a été le cas avec la crise aux Etats-Unis et la faillite de LEHMAN BROTHERS, entraîner une nouvelle crise financière, et on na vraiment pas besoin dune nouvelle crise financière au moment où il y a une véritable reprise de la croissance en Europe et dans le monde.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce que la France peut être épargnée, puisquon voit les pays les uns après les autres touchés ?
FRANÇOIS FILLON Ecoutez, la France fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire sa dépense publique, et dailleurs le résultat il est là, cest que la France conserve la meilleure notation, aujourdhui, parmi les grands pays développés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ce matin les députés devraient voter en troisième lecture le texte adopté hier par les sénateurs sur la Règle dor qui prévoit léquilibre des finances publiques dans la Constitution. TRICHET, Jean-Claude, dit « cest indispensable. » Les socialistes nen veulent pas. Est-ce que le Congrès va être convoqué malgré cela, à Versailles, sur la Règle dor ?
FRANÇOIS FILLON Ecoutez, les socialistes vont être devant leurs responsabilités. Avec les socialistes on va baisser le prix de lessence, on va baisser le prix de lélectricité, on va baisser le prix du gaz, on va travailler moins, on va partir en retraite plus tôt, et tout ça face à une situation européenne où on voit bien que les vieilles puissances industrielles européennes sont bousculées par un nouveau monde de 7 milliards dhabitants ; et ça va être le coeur, au fond, du débat qui va sengager pour lélection présidentielle, il y a un problème de crédibilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous voulez dire quil y en a qui nont pas pris conscience de la crise actuelle ?
FRANÇOIS FILLON Je ne sais pas sils nont pas pris conscience ou sils pensent que pour gagner les élections il faut raconter des fadaises aux Français, mais la vérité cest que nous allons mettre les socialistes devant leurs responsabilités. LAssemblée nationale et le Sénat ont voté, dans des termes identiques, le texte sur la Règle dor, cest au président de la République de décider sil vaut convoquer le Congrès, on va le décider à lautomne
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais vous, vous êtes favorable au Congrès ? Vous y seriez favorable, vous ?
FRANÇOIS FILLON Bien sûr jy suis favorable, si on a mis en oeuvre ces textes cest évidemment pour quils aboutissent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça sappelle le piège.
FRANÇOIS FILLON Non, ce nest pas un piège, cest se doter, comme beaucoup dautres pays européens, dune règle qui oblige les gouvernements à dire à lavance, lorsquils prennent le pouvoir, dans quelles conditions et dans quels délais ils vont ramener les comptes publics à léquilibre. Cest une règle de bon sens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH François FILLON, avec Nicolas SARKOZY vous avez promis de défendre le pouvoir dachat. Vous avez de bonnes occasions de le montrer. Dabord, les chiffres de linflation viennent dapparaître, +0,06. Dans ces conditions, est-ce que sont revalorisés tout de suite, ou retardés, le SMIC dabord ?
FRANÇOIS FILLON Pour le SMIC il ny a pas de revalorisation aujourdhui compte tenu de la revalorisation qui a eu lieu, de la dernière, il ny a pas décart avec linflation compte tenu de ce qui a été fait, en revanche, ce qui va être revalorisé, cest le Livret A, qui va
JEAN-PIERRE ELKABBACH A partir de.
FRANÇOIS FILLON Dont le taux va passer à 2,25% dans les prochains jours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Au mois daoût.
FRANÇOIS FILLON Cest la preuve, dailleurs, que léconomie est vivante. Je me souviens des débats, lorsque le Livret A baissait parce que linflation était en baisse, aujourdhui il y a un peu plus dinflation, on augmente le taux du Livret A. Je me souviens aussi de tous les débats sur le Livret A lorsque sa distribution a été ouverte aux banques, on a dit que cétait la fin du Livret A, la gauche était déchaînée, il ny a jamais eu autant dargent sur le Livret A.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Rassurez-vous, il y a dautres débats. TOTAL répercute les hausses des prix du pétrole dans ses 2000 stations services, de 1 à 4 centimes. Que peut faire lEtat ? Que va-t-il faire ?
FRANÇOIS FILLON Dabord, on est très vigilant sur la répercussion des hausses et la répercussion des baisses. Christine LAGARDE avait installé un observatoire, cet observatoire a fonctionné, il y a eu plus de 4000 contrôles qui ont été faits, et on a constaté que, en juin, la baisse a été très correctement répercutée par les distributeurs. Cest un peu moins sûr sur le mois de mai, on est en train de faire des vérifications, et le ministre de l'Economie et des Finances, François BAROIN, va recevoir le président de TOTAL aujourdhui même, pour sassurer
JEAN-PIERRE ELKABBACH Quand il rentrera de Washington. Il est à washington.
FRANÇOIS FILLON Pour sassurer que les hausses ne vont pas être plus fortes que ce qui est nécessaire compte tenu de laugmentation du prix du pétrole.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais quest-ce que va faire lEtat en dehors de la gesticulation de recevoir pour la énième fois le patron de TOTAL ?
FRANÇOIS FILLON Non, ce nest pas de la gesticulation, cest de sassurer que personne ne triche avec les prix. Mais il faut aussi dire la vérité, Jean- Pierre ELKABBACH. Ne pas dire aux Français que le pétrole va continuer Invités du mardi 12 juillet 2011 Département Veille et Ressources dinformations 01.42.75.54.58 8 daugmenter, parce que cest une ressource qui est limitée, parce quil y a 7 milliards dhabitants sur la terre, parce quil y a plus de croissance, parce quil y a plus de gens qui ont des véhicules, parce quil y a plus de besoins dénergie, cest une réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc vous nous dites que le prix de lénergie va être de plus en plus cher, et il faut sy préparer. Cest ça ?
FRANÇOIS FILLON Et plutôt que dinventer des solutions qui nont aucun sens si ce nest de peser sur la croissance ou sur les impôts des Français, il faut travailler sur les alternatives au pétrole. Il faut travailler sur les économies dénergie
JEAN-PIERRE ELKABBACH On va y venir, mais
FRANÇOIS FILLON Non, mais cest très, très important.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il y a deux propositions
FRANÇOIS FILLON Les investissements davenir, que nous avons engagés
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il y a une proposition de François HOLLANDE de stabiliser les prix pendant lété. Est-ce que vous pouvez sanctuariser les 2 mois, 2,5 mois dété, avec un moratoire sur les hausses ?
FRANÇOIS FILLON Au concours Lépine de la démagogie, il a gagné le premier prix. Cest ce que je disais tout à lheure, on va baisser le prix de lessence, on va baisser le prix du gaz, on va baisser le prix de lélectricité
JEAN-PIERRE ELKABBACH Oui, mais pourquoi vous ne pouvez pas faire baisser comme Martine AUBRY et François HOLLANDE vous le demandent, que lEtat, à travers la TIPP, ne gagne aucune recette supplémentaire liée à la hausse de lessence à la pompe.
FRANÇOIS FILLON Cest une belle solution, monsieur ELKABBACH. Ça consistera, pour lEtat, à emprunter un peu plus, à endetter un peu plus la France, pour payer les dépenses publiques, que par ailleurs les socialistes nous reprochent en permanence de trop baisser. Si on baisse la TIPP, ça veut dire quil y aura moins de rentrées pour lEtat, ça veut dire quil y aura moins dargent public, dans lEducation, dans la Recherche, dans lEnseignement supérieur, dans la Sécurité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc, si TOTAL continue à monter, pour des raisons budgétaires, on ne peut rien faire, on laisse faire.
FRANÇOIS FILLON Il y a une donnée qui incontournable, cest que la France na pas de pétrole, monsieur ELKABBACH, il ny a pas de pétrole sur le sol français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Je le sais, vous savez.
FRANÇOIS FILLON Voilà, donc on achète du pétrole dans des pays qui en produisent, et ces pays qui en produisent, ils montent ou ils baissent les coûts en fonction de la croissance, en fonction du marché.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Quand on veut dire, comme vous le dites ce matin, la vérité, cest que les prix continueront de monter
FRANÇOIS FILLON La vérité cest quil peut y avoir des baisses et des hausses en fonction des fluctuations du marché, mais nous allons vers un renchérissement du prix des carburants fossiles. Donc il y a deux choses importantes, cest les économies dénergie ; il faut dailleurs faire remarquer aux Français que par exemple les moteurs de leurs voitures consomment beaucoup moins dessence que dans le passé
JEAN-PIERRE ELKABBACH On y viendra. Dépêchez-vous davoir la voiture électrique.
FRANÇOIS FILLON Et deuxièmement, il faut continuer à investir dans le nucléaire, puisque le nucléaire est une alternative crédible
JEAN-PIERRE ELKABBACH On a compris, je vous le dirai tout à lheure, mais TOTAL ne paie pas dimpôts en France. 800 millions deuros sur 10 milliards, même si cest gagné à lextérieur. Grâce à une niche fiscale ancienne, quatre entreprises, dont TOTAL, profitent du bénéfice mondial consolidé. Vous qui faites la chasse aux niches, François FILLON, est-ce que vous envisagez den finir avec ce régime fiscal particulier ?
FRANÇOIS FILLON Ça, encore, cest une vieille histoire vraiment française. Où est-ce que TOTAL paie ses impôts, monsieur ELKABBACH ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH Dans 130 pays, je sais.
FRANÇOIS FILLON TOTAL paie ses impôts là où il extrait du pétrole. Je reviens dIndonésie, vous pensez vraiment que lIndonésie accepterait que demain TOTAL ne paie plus ses impôts en Indonésie pour les payer en France ? Quest-ce que ça veut dire ? TOTAL paie des impôts en France sur les activités qui sont les siennes en France, qui sont des activités de distribution, qui sont dailleurs des activités qui sont peu rentables. Donc on peut discuter de cette histoire de bénéfice mondial, jai même compris que le groupe TOTAL avait finalement fait ses calculs
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest ce qua dit Christophe de MARGERIE ici.
FRANÇOIS FILLON En indiquant que ce nétait pas si intéressant que ça, quil était prêt à labandonner, en tout cas ça napportera pas de ressources supplémentaires à la France, et les compagnies pétrolières continueront à payer des impôts là où elles extraient du pétrole.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Quand les socialistes vous disent, pas plus tard que ce matin, Martine AUBRY, « il faut taxer les bénéfices des pétroliers », vous répondez ?
FRANÇOIS FILLON Je réponds que tout ça na pas de sens, que ce nest pas en taxant les bénéfices des pétroliers quon va rendre léconomie française plus compétitive, quon va créer des emplois, et quon va créer de la croissance. Les socialistes nont que des solutions démagogiques à proposer, ils refusent de regarder la réalité en face, ils essaient de tromper les Français. Je pense vraiment que cette question
JEAN-PIERRE ELKABBACH La campagne a commencé !
FRANÇOIS FILLON La campagne a commencé avec des propositions comme celle-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Monsieur le Premier ministre, la querelle autour des ragots et des rumeurs, cette fois, elle partirait de votre majorité, il parait, et en plus, du sommet de lEtat ; quen dites-vous, Martine AUBRY se dit blindée contre les rumeurs méprisables, etc., est-ce quil est vrai quon a cherché autour delle, sans rien trouver, et quon sattaque à son mari et à ses proches, à des dirigeants socialistes ?
FRANÇOIS FILLON Jean-Pierre ELKABBACH, moi, je hais les rumeurs, et jaimerais que le Parti socialiste soit aussi prompt à dénoncer ceux qui lancent des rumeurs contre le président de la République par exemple, que celles qui touchent aujourdhui Martine AUBRY. Je comprends parfaitement sa colère, mais je ne comprends pas sa méthode pour réagir. Ou bien, elle les ignore ou bien, elle attaque en justice ceux qui les propagent. Mais cette manière, qui consiste à faire courir des rumeurs sur les rumeurs, je pense que cest la meilleure façon de leur donner de limportance, notamment dans les médias, cest une drôle de m??thode, et en tout cas, je veux dire que la majorité na rien à voir avec ces rumeurs qui courent sur madame AUBRY et qui sont naturellement détestables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et est-ce que ce matin, vous pouvez affirmer que la vie privée de certains dirigeants politiques de haut niveau nest surveillée par aucun service du ministère de lIntérieur ?
FRANÇOIS FILLON Mais bien sûr, Jean-Pierre ELKABBACH, personne ne surveille la vie privée des hauts dirigeants politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il ny a jamais eu de notes confidentielles, même avant le 14 mai et après concernant la vie privée de Dominique STRAUSS-KAHN ?
FRANÇOIS FILLON Bien sûr que non. Quand il y a un incident qui concerne
JEAN-PIERRE ELKABBACH Non, vous dites : bien sûr que non, mais ça a été prouvé
FRANÇOIS FILLON Non, mais, moi, je vous dis : quand il y a un incident qui concerne une personnalité, il est normal que les autorités de lEtat soient informées. Quand le directeur général du FMI est arrêté à New York, cest la moindre des choses que le chef de lEtat, le gouvernement français soient informés de ce qui sest passé, comme sans doute le gouvernement
JEAN-PIERRE ELKABBACH Instantanément
FRANÇOIS FILLON Mais bien sûr, comme sans doute le gouvernement américain. Mais il ny a aucune enquête, cétait du temps de François MITTERRAND quil y avait des enquêtes sur les responsables politiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et il ny a aucune forme dintervention, quand vous êtes informé, vous ne dites pas : faites votre devoir, continuez les enquêtes ou ne les continuez pas ?
FRANÇOIS FILLON Vous croyez vraiment quon a des contacts avec la police newyorkaise, Monsieur ELKABBACH
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce que la campagne 2012 va voler aussi bas alors que les Français attendent autre chose, qui peut dire aujourdhui : halte au feu et être crédible ?
FRANÇOIS FILLON Mais qui est responsable de cette campagne de caniveau
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest partagé
FRANÇOIS FILLON Non, non, alors franchement, cherchez dans la majorité aujourdhui, la majorité, dabord, elle est concentrée sur le Gouvernement du pays, elle est concentrée sur les débats, des débats dailleurs qui, parfois, donnent lieu à une saine émulation à lintérieur de cette même majorité, on est en train de préparer le projet qui sera notre projet présidentiel. Jaimerais que les socialistes en fassent autant. Je pense que la méthode des primaires
JEAN-PIERRE ELKABBACH La méthode des primaires
FRANÇOIS FILLON Oui, enfin, je pense que la méthode des primaires, comment diraisje, génère beaucoup dagressivité à lintérieur même de la gauche, en tout cas, des débats qui sont plus des débats personnels, des débats de personnalités
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous nallez pas pleurer
FRANÇOIS FILLON Plutôt que des débats de fond
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous nallez pas pleurer pour ça. Et pourtant, malgré ces débats, cest la gauche qui est donnée gagnante.
FRANÇOIS FILLON Oui, enfin, vous savez, dans les élections présidentielles, les favoris nont jamais gagné dans lhistoire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH A partir de la rentrée, François FILLON, et jusquen avril 2012, est-ce que vous allez poursuivre les réformes ou vous déclarerez une pause ?
FRANÇOIS FILLON Non, il ne peut pas y avoir de pause, vous avez vous-même indiqué tout à lheure la situation qui était celle de lEurope, la nécessité de continuer à réduire la dépense publique dans notre pays, ce qui est une nécessité absolue, nous allons engager une grande réforme du financement de la dépendance, sur laquelle le président de la République va sexprimer
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais est-ce que vous avez renoncé à taxer avant 2012 les hauts revenus ?
FRANÇOIS FILLON Non, pas du tout, nous sommes, en train détudier une méthode qui permettrait de taxer les entreprises qui donnent à leurs dirigeants des revenus qui sont des revenus extravagants. Aujourdhui, vous savez que les revenus nentrent pas dans la base de calculs des bénéfices de lentreprise et de la taxation de limpôt sur les sociétés. Donc nous, nous voudrions que la partie des revenus qui dépasse des niveaux acceptables soit taxée à limpôt sur les sociétés
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça, cest dans les prochains mois.
FRANÇOIS FILLON Ça sera dans le cadre de la loi de Finances.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Eva JOLY va sortir vainqueur de la primaire écologiste, elle fait pression sur le PS, et dans le pays pour larrêt total et définitif des centrales nucléaires. Est-ce que vous, vous allez céder à la mode ?
FRANÇOIS FILLON Non seulement, je ne cède pas à la mode, mais je reviens au débat sur lénergie, je voudrais que le Parti socialiste mexplique comment on va assurer aux Français une énergie bon marché sans nucléaire ? Cest absolument impossible. Lessence et le gaz vont continuer daugmenter, parce que la ressource est rare, les énergies renouvelables, nous venons de lancer un grand appel doffre pour installer des éoliennes en mer qui vont permettre de produire léquivalent de deux réacteurs nucléaires, mais cest des coûts extrêmement élevés. Et donc nous avons besoin du nucléaire. Et nous navons pas besoin dun nucléaire qui soit un nucléaire figé dans la situation daujourdhui, nous avons besoin de le faire évoluer, de le moderniser, de le rendre toujours plus sûr. Et donc il faut continuer à investir
JEAN-PIERRE ELKABBACH Comme à Fessenheim, où vous allez continuer pendant dix ans, au moins
FRANÇOIS FILLON A Fessenheim. Toutes les centrales nucléaires françaises sont en train dêtre soumises à des tests qui visent à les confronter à tout ce qui sest passé à Fukushima. Même si la France nest pas une terre avec des risques sismiques, mais on fait quand même la simulation, et à partir des résultats, on prendra les décisions nécessaires ; il ny a aucune décision qui a été prise ni pour Fessenheim ni pour aucune autre centrale. Mais le plus important, cest surtout, les investissements davenir que nous avons décidés pour travailler sur les réacteurs nucléaires de quatrième génération, pour travailler sur les économies dénergie, pour travailler sur les
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous continuerez, cest ça qui est intéressant
FRANÇOIS FILLON Bien sûr quon continuera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Le président de la République a donc dit, à Kaboul, « il faut savoir finir une guerre. » Est-ce quen Libye on va finir la guerre, est-ce quon va arrêter lintervention militaire du côté de la France ?
FRANÇOIS FILLON Dabord, Jean-Pierre ELKABBACH, il faut rappeler pourquoi on a fait cette intervention en Libye, cest pour sauver la vie de milliers de civils libyens qui étaient sur le point de se faire écraser par laviation et par les forces
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ça cétait la résolution des Nations Unies.
RANÇOIS FILLON Cest la résolution des Nations Unies.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais vous nautorisez pas à liquider KADHAFI ou attendre quil quitte le pouvoir ?
FRANÇOIS FILLON Personne ne cherche à liquider KADHAFI, il ny a aucune action militaire visant à attenter à la vie de KADHAFI, en revanche lentêtement de KADHAFI à continuer le combat dans ces conditions, contre son propre peuple, le disqualifie pour
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il faut quil sen aille.
FRANÇOIS FILLON Il faut quil sen aille, il faut quil quitte le pouvoir, il faut au moins quil quitte le pouvoir, après cest aux Libyens de décider eux-mêmes
JEAN-PIERRE ELKABBACH Sil peut rester dans une tribu dans son pays.
FRANÇOIS FILLON De leur organisation, de la manière??? la France nentend pas, et lOTAN nentend pas gérer la Libye à la place de la Libye.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce que vous dites la même chose de la Syrie et dASSAD ? Hillary CLINTON a dit hier « ASSAD nest pas indispensable. »
FRANÇOIS FILLON Je pense que le président ASSAD a franchi toutes les limites, et le silence du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Syrie devient insupportable. Vous savez que la France a déposé, avec dautres pays européens, une proposition de résolution, qui est bloquée par la Russie et qui est bloquée par la Chine, ce nest plus acceptable. Ce qui sest passé encore hier soir avec des agressions extrêmement violentes contre lambassade de France à Damas et contre lambassade des Etats-Unis, montre que ce régime est dans une fuite en avant, et chaque jour qui passe rend plus difficile le maintien au pouvoir du président ASSAD.
JEAN-PIERRE ELKABBACH François FILLON, en mai 2012 vous aurez accompli tout un quinquennat, un mandat complet à Matignon.
FRANÇOIS FILLON Contre toutes les prévisions de vos confrères.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce quaujourdhui les rôles, entre vous et le président de la République, sont enfin mieux équilibrés, mieux répartis, que les institutions de la Vème fonctionnent normalement ?
FRANÇOIS FILLON Vous savez que jai toujours plaidé pour la continuité dans laction gouvernementale, et jai toujours fait remarquer que la France était le seul pays où on changeait de gouvernement plusieurs fois entre deux élections. Cest très important la continuité parce quon apprend à travailler ensemble, on est moins bon
JEAN-PIERRE ELKABBACH Combien de temps il vous a fallu pour travailler avec
FRANÇOIS FILLON On est moins bon au début quà la fin. Il y a lexpérience qui joue, il y a la confrontation aux réalités, il y a la solidité dans la gestion des crises, il y a lexpérience de la loyauté.
JEAN-PIERRE ELKABBACH On dit justement que le Nicolas SARKOZY de 2011 nest plus le même que celui de 2007. Vous, vous le côtoyez, même depuis 2006, où est la différence.
FRANÇOIS FILLON On a tous changé parce que lexercice du pouvoir vous transforme. Les responsabilités, le poids des responsabilités, des décisions dune gravité extrêmement comme celle dengager des forces en Libye ou en Afghanistan, ce sont des décisions qui changent la personnalité dun homme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH En 2007 il proposait, et il pouvait proposer, le changement. En 2012 ?
FRANÇOIS FILLON En 2012, dabord cest à lui de faire son programme, ce nest pas à moi, mais je pense quen 2012 cest la continuité qui simposera parce que les réformes très profondes que nous avons engagées, qui sont en train de transformer la société française, luniversité, la recherche et linnovation, le dialogue social, la réforme des régimes sociaux, ce sont des réformes qui ne vont donner des résultats que dans plusieurs années, et donc ce qui est très important cest que le pays
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest que ce soit le même qui reste.
FRANÇOIS FILLON Cest que la même politique continue à être conduite.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Avant une rude bataille, cest la dernière question, Napoléon disait « Bonaparte ferait gagner lEmpereur Napoléon », cest lui qui le disait. Est-ce que vous dites « le candidat SARKOZY », alors quil est en baisse de popularité etc, « le candidat SARKOZY »
FRANÇOIS FILLON Ça dépend des sondages, il y en a dans lesquels il est en hausse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH « Peut faire gagner le président SARKOZY » ?
FRANÇOIS FILLON Bien sûr. Nicolas SARKOZY a montré en 2007 quil avait une formidable capacité de rebond dans les campagnes électorales, mais il aura aussi un bilan crédible que je vais mattacher à défendre à ses côtés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Alors viendra le moment où vous pourrez vous intéresser à Paris peut-être. Après, non ?
FRANÇOIS FILLON Je minterdis de mintéresser à quoi que ce soit dautre quà mes fonctions actuelles dont vous avez pu constater, avec les questions que vous mavez posées, quelles sont assez lourdes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Merci dêtre venu en direct.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 12 août 2011