Texte intégral
Q - Pouvez-vous mexpliquer où en est la Hongrie dans son admission au sein de lEurope ? Quelles actions entreprend-elle ?
La Hongrie est un des pays dEurope centrale et orientale qui se prépare le plus sérieusement à son adhésion future. Sa situation économique évolue favorablement. La Hongrie a des structures politiques démocratiques. Elle conduit la réforme de son administration, elle reprend lacquis communautaire. Cest pourquoi les négociations dadhésion avec la Hongrie évoluent positivement. Je nai pas de doute quelle sera un des premier candidat à adhérer à lUnion.
Q - Pourriez-vous me transmettre les dernières données concernant la Guadeloupe et les Fonds structurels ?
R - Comme lensemble des DOM, la Guadeloupe continuera à bénéficier des fonds structurels au titre du nouvel objectif 1 consacré aux régions en retard de développement. Sa dotation devrait être renforcée. Le gouvernement est attentif à ce que la situation des DOM et des régions ultra périphériques de lEurope soit prise en compte dans les réformes de lAgenda 2000.
Q - Dans sa déclaration dhier soir, le président de la République a rappelé que les pays des Balkans ont vocation à rejoindre lUnion européenne. Pensez-vous également quil est possible et souhaitable daccueillir dans un bref délai la République fédérale de Yougoslavie au sein de lUnion européenne, afin de mettre fin aux conflits dans les Balkans ?
R - Le président de la République a raison. Lavenir des pays de lex-Yougoslavie est à terme dans lUnion européenne. Mais, il y a à cela un préalable : le retour à la paix, la construction dinstitutions démocratiques, la préparation à ladhésion à lensemble économique que nous constituons. Je crois, toutefois, judicieux douvrir cette perspective pour montrer que notre solidarité avec les Balkans sinscrira dans le long terme et dans le cadre européen.
Q - Enseigner lhistoire de lEurope aux petits Français est-il un chantier prioritaire pour vous ? Si oui, quelles sont vos idées en la matière ?
R - Pour faire comprendre les valeurs de lEurope, pour expliquer comment elle marche, où elle va, un effort pédagogique est indispensable. Cela passe dabord par la connaissance de lHistoire, et par une meilleure intégration de lEurope en tant que telle dans les programmes scolaires. Jen parlerai au ministre de lEducation nationale, Claude Allègre. Moi-même en tant quélu, je ne manque jamais une occasion de me rendre dans une école, un collège ou un lycée. Je le ferai cette année à Paris et à Montbéliard, dans le cadre de la « Journée de lEurope », au début mai.
Q - La France va-t-elle aider les aveugles ou les personnes âgées à comprendre leuro ?
R - Vous le savez, le gouvernement a lancé une grande campagne dinformation sur le passage à leuro en liaison avec la Commission européenne. Cette campagne a prévu évidemment linformation des aveugles à travers la diffusion de brochures en braille et celle des personnes âgées dont les associations ont été largement mobilisées. Cette implication est logique car la campagne « euro » vise, aussi, à toucher les publics les plus fragiles ou ceux qui ont le plus de difficultés daccès à linformation.
Q - Quelle est la position de la France face à la réforme des Fonds structurels ?
R - Nous avons défendu au Sommet de Berlin une réforme des Fonds structurels qui en limite le nombre à trois et insiste sur le rattrapage des régions en retard et lemploi. Cette réforme a été adoptée. Elle impose davantage de solidarité et de concentration des Fonds structurels. Il faudra dans son application veiller à une gestion plus rigoureuse et plus efficace des fonds.
Q - La démission collective de la Commission européenne peut-elle avoir des conséquences sur le Traité dAmsterdam et sa mise en application ?
R - La nomination de la nouvelle Commission sera loccasion de mettre en oeuvre les nouvelles dispositions prévues par le Traité dAmsterdam. Le président désigné, M. Prodi, formera la Commission en liaison avec les chefs dEtats et de gouvernement avant que le nouveau Parlement européen élu en juin 1998 ne la confirme.
Q - Pensez-vous que les événements du Kosovo soient de nature à faire progresser lUnion européenne en matière de diplomatie et de défense communes ? Si la réponse est oui, une révision des processus de décision sera indispensable. Voyez-vous sur ce point les esprits évoluer ?
R - Les événements du Kosovo ont marqué une intervention plus forte, plus efficace en matière de diplomatie et de défense communes. Les Européens ont été très présents au sein du Groupe de contact, dans le processus de Rambouillet, coprésidé par Hubert Védrine et Robin Cook. Ils sont présents dans lintervention contre Milosevic. Il faudra aller plus loin dans le sens dune défense européenne dotée de ses propres instances. La déclaration franco-britannique de Saint-Malo va dans ce sens.
Q - Quelle initiative fortement symbolique la France pourrait-elle prendre pour faire avancer lidée dune culture européenne ?
R - Lidentité culturelle de lEurope est complexe parce quelle est diverse. Je dirai même que la culture européenne est fait de ses diversités. Je crois toutefois nécessaire de renforcer deux dimensions : dabord, la construction dune industrie de programmes audiovisuels européenne ; ensuite, lélaboration dune Europe de léducation et de la connaissance. Cest pourquoi, jai proposé le lancement dun acte unique de la connaissance concernant la libre-circulation des savoirs, à limage de ce que nous avons fait au milieu des années 80 pour les marchandises ou les services./.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 avril 1999)