Interview de M. Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants, avec RTL le 26 septembre 2011, sur le résultat des élections sénatoriales, la présidentielle en 2012 et sur le financement illégal des partis politiques.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

 
JEAN-MICHEL APHATIE Bonjour, Gérard LONGUET.
 
GERARD LONGUET Bonjour.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Les grands électeurs de la Meuse vous ont à nouveau confié un mandat de sénateur. Mais votre parti l’UMP a perdu la majorité au Sénat. Cette défaite à 7 mois de l’élection présidentielle est-elle un avertissement pour Nicolas SARKOZY ?
 
GERARD LONGUET C’est une défaite qui vient de loin, en réalité. On a parlé hier soir, d’arithmétique. L’arithmétique n’explique, il faudrait savoir pourquoi l’arithmétique a évolué ? C’est la seule vraie question qui compte. Moi, je crois que nous avons d’abord une sociologique des petites communes qui a complètement changé. La France s’uniformise, il n’y a plus de bastion, et les socialistes qui récusaient le mode de scrutin sénatorial en disant, mais vous faites voter une infinité de petites communes, découvrent que ces petites communes, comme nous d’ailleurs, que ces petites communes vivent au diapason de la société française. Ca c’est le premier point. Le deuxième point, j’écoutais Alain DUHAMEL, je partage son avis, la France des territoires prend en charge les difficultés de la société française. Lorsqu’il y a chômage, lorsqu’il y a vieillissement de la population, lorsqu’il y a famille monoparentale, ce sont les communes qui apportent les réponses et elles trouvent ça lourd et coûteux. Je voudrais vous proposer une troisième explication de fond, c’est le caractère contrat cyclique. Nous gagnons les municipales quand nous sommes dans l’opposition, et on l’a fait en 83 ou en 95. Nous les perdons lorsque nous sommes dans la majorité et c’était particulièrement le cas en 2008. Ajoutez à cela, et je termine, ajoutez à cela, le désordre de la droite, et un vrai problème pour la droite dans l’ouest de notre pays. Car dans l’est on a gagné des sièges, y compris en Lorraine et dans l’ouest nous perdons beaucoup, parce que nous ne savons pas nous faire comprendre de l’électorat modéré, de l’ouest français.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vos explications sont intéressantes, Gérard LONGUET….
 
GERARD LONGUET Je crois !
 
JEAN-MICHEL APHATIE Parce que si on les accumule les unes aux autres en 2012, c’est perdu ?
 
GERARD LONGUET Ce n’est pas de même nature.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Ah ! Tiens, vous dites, les petites communes évoluent au diapason de la société française…
GERARD LONGUET Non, non, mais, attendez ! Pardonnez-moi, Jean-Michel APHATIE, nous savions que la France peut être à gauche, le Sénat, ne l’avait jamais été. Il a été dans l’opposition, j’ai fait un calcul amusant sur 53 ans de 5ème République, le Sénat a été 31 ans dans l’opposition. Centre gauche, à droite, les institutions de la 5ème et c’est bon signe pour le gouvernement, vivent avec un Sénat dans l’opposition, ce n’est pas un problème. En revanche…
 
JEAN-MICHEL APHATIE Qu’est-ce qui vous laisse un espoir pour 2012 alors Gérard LONGUET, parce que je ne comprends pas bien, où est l’espoir pour vous ?
 
GERARD LONGUET Je vais vous l’expliquer. Il y a les communes et le Sénat enregistraient une évolution de fond que Nicolas SARKOZY a déjà affronté au suffrage universel en 2007, car tout ce que je viens de dire, on le savait en 2007, et nonobstant cela, Nicolas SARKOZY a gagné en 2007. Donc il y a simplement la France rurale a rattrapé la France nationale.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Bah oui !
 
GERARD LONGUET Mais ça ne veut pas dire que la France nationale ait bougé. Ça veut dire simplement que la France rurale a rattrapé la France nationale.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Tout bouge !
 
GERARD LONGUET On aurait préféré gagner, mais il faut garder, on aurait préféré gagner. Je dois dire qu’on s’est ingénié à perdre dans certains départements. Mais la France n’est pas changée par ce Sénat, c’est le Sénat qui a rattrapé la France, ce n’est pas la France qui a changé.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Enfin bon, on verra bien. Je n’ai pas bien compris pourquoi en 2012, vous avez de l’espoir, mais….
 
GERARD LONGUET Eh bien, je vous ferais un cours de rattrapage, vous m’invitez demain matin.
 
JEAN-MICHEL APHATIE C’est très gentil, Gérard LONGUET. Est-ce que vous siégerez vous-même au Sénat ? Puisque vous avez été désigné, hier, par les grands électeurs ?
 
GERARD LONGUET Alors la Constitution oblige, lorsque l’on est ministre pour redevenir sénateur un jour, on n’est pas ministre toute sa vie, à être candidat. J’ai donc été candidat et les Meusiens l’ont parfaitement compris. J’en profite pour les remercier, généreusement et sincèrement ?
 
JEAN-MICHEL APHATIE Donc vous resterez ministre…
 
GERARD LONGUET Je resterai ministre…
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous avez pris une assurance pour l’après 2012 quoi !
 
GERARD LONGUET J’aime mon métier, j’aime mon département, et je crois que je suis récompensé, de l’aimer.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Votre collègue Maurice LEROY a été lui, battu, dans le Loir-et- Cher, quelqu’un qui est battu devant le suffrage universel, fut-il indirect, peut-il rester ministre ?
 
GERARD LONGUET Il faut lui poser la question. Chaque situation est un cas, je n’aurais pas aimé être battu.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Et si vous aviez été battu ?
 
GERARD LONGUET C’est une hypothèse que j’ai exclu. Ca fait 33 ans que je sillonne la Meuse, les gens me connaissent, je connais les gens.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous auriez démissionné si vous aviez été battu ?
 
GERARD LONGUET Vous en tirez la conséquence que vous voulez.
 
JEAN-MICHEL APHATIE C’est ce que vous voulez dire et donc, message transmis à Maurice LEROY. Vous avez été, Gérard LONGUET, il y a 15 ans de cela, ministre dans le gouvernement d’Edouard BALLADUR. On comprend aujourd’hui, au fil du développement de l’enquête sur l’attentat de Karachi, que le financement de la campagne présidentielle d’Edouard BALLADUR en 1995 était illégal, en tout cas que les comptes de campagne qu’il l'a présentée devant le Conseil Constitutionnel n’étaient pas sincères. Roland DUMAS en a fait l’aveu jeudi soir à 20 heures sur TF1. Ceci vous déçoit-il Gérard LONGUET ?
 
GERARD LONGUET Les lois de financement en France sont tardives. Elles ont été appliquées tardivement, et apparemment les tribunaux montrent, y compris à la ville de Paris, y compris à gauche, y compris à droite, que certains partis l’ont compris plus lentement que d’autres. J’appartiens à une formation qui n’a jamais été condamnée, je tiens à le rappeler. Quant au lien avec Karachi, je le trouve obscène. Parce que Karachi, c’était en 2002…
 
JEAN-MICHEL APHATIE C’est peut-être la vérité qui est obscène ?
 
GERARD LONGUET Karachi c’était en 2002 et on parle de fait qui sont de 7 ans antérieurs. Alors j’aimerai bien que la théorie du complot ne soit pas défendue et reprise systématiquement. S’il y a eu de l’argent liquide, eh bien, qu’on le prouve d’abord ! Et que ceux qui l’ont apporté si c’est prouvé en expliquent les raisons ! Mais Karachi c’est 7 ans après, et aujourd’hui, rien n’établit un lien quelconque.
 
JEAN-MICHEL APHATIE On voit dans beaucoup de contrats d’armements, des commissions, puis des rétro-Commissions… les contrats d’armement sont-ils toujours sales ?
 
GERARD LONGUET On a vu jusqu’en 1999 date à laquelle l’OCDE a fixé les règles, des intermédiaires toucher des commissions. On l’a vu. Ca a été arrêté par l’OCDE et la France socialiste, comme la France de droite, est exemplaire sur ce terrain. Nous avons, allez ! 7 % du marché mondial de l’armement, il n’y a plus de commission en France, depuis 15 ans.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Ca n’existe plus aujourd’hui ?
 
GERARD LONGUET Ca n’existe plus, et si il y en avait, c’est délit, c’est pénal, c’est correctionnel.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous lèverez pour la partie qui vous appartient, le « secret défense » puisque la…
 
GERARD LONGUET Je l’ai déjà indiqué au Magistrat, j’ai appliqué stricto sensu la Commission de déclassification qui est composée, elle, de Magistrats de l’Ordre Judiciaire et de l’Ordre Administratif.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Donc, elle a donné un avis favorable…
 
GERARD LONGUET Elle a donné un avis favorable et j’ai signé ces déclassements comme l’avait fait Hervé MORIN, comme l’a fait Alain JUPPE.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Nicolas SARKOZY est le meilleur candidat pour 2012, Gérard LONGUET ?
 
GERARD LONGUET Profondément, il a l’énergie.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Il lui manquera peut-être au vu des résultats des sénatoriales…
 
GERARD LONGUET Je vais vous dire, il a l’énergie et c’est quelqu’un qui comprend vite et vis-à-vis des territoires, il y a eu c’est vrai, allez ! Un désaccord, une désharmonie, entre notre majorité et les problèmes du territoire. Il nous reste 7 mois pour le rattraper.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Gérard LONGUET qui avait beaucoup d’explications, j’ai compris quelques-unes et pas d’autres, était l’invité de RTL ce matin.
 
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 26 septembre 2011