Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs, Chers délégués,
Nous nous réunissons dans un contexte de nouveaux défis pour la reprise économique mondiale. Les enjeux à relever sont considérables quil sagisse du développement, de la croissance, des déficits budgétaires ou de dette souveraine.
Il faut regarder la réalité en face : dans la plupart des pays, à des degrés divers, le nécessaire processus de désendettement des ménages, des entreprises et des administrations publiques prendra du temps et modérera la croissance. La reprise mondiale est donc intrinsèquement fragile et particulièrement sensible aux chocs. Et de ce point de vue, lété a été difficile, marqué par de nouvelles tensions économiques et financières. Un plus grand dynamisme dans la seconde moitié de 2011, puis en 2012, paraît incertain.
Nous devons donc rétablir la confiance, soutenir la croissance, dissiper les incertitudes et protéger léconomie mondiale convalescente de nouveaux chocs. A cette fin, il est crucial, dans les prochains mois, de parvenir à concilier les nécessaires mesures de consolidation budgétaire avec la préservation de la croissance. Ainsi, nous devons privilégier les mesures les moins nuisibles à la demande tout en garantissant des trajectoires de réduction des déficits publics crédibles et durables à moyen-long terme. Dans les pays où cela est possible, il faut utiliser les marges de manoeuvre disponibles à court terme.
Pour améliorer notre capacité de réponse aux crises, permettre le retour à une croissance mondiale inclusive, pérenne et équilibrée et prévenir la résurgence de crises futures, nous devons refonder notre résolution à agir. Les économies avancées doivent renforcer la résilience du secteur financier et mettre en oeuvre pour certains définir leurs plans de consolidation budgétaire à moyen terme, visant le nécessaire rééquilibrage des comptes publics tout en sefforçant, lorsque cela est possible, de soutenir à court terme la croissance. Quant aux grandes économies émergentes, elles doivent elles aussi contribuer à résorber les déséquilibres mondiaux, notamment par un accroissement de leur demande interne. Pour les pays en voie de développement, assurer durablement une croissance à même de réduire significativement la pauvreté nécessite de continuer à sattaquer aux vulnérabilités structurelles de leurs économies, mais aussi de reconstituer les marges de manoeuvre qui leur ont permis de surmonter la crise globale. Léquilibre à trouver est délicat. En tant que pierre angulaire de la gouvernance économique et financière mondiale et du développement, les institutions de Bretton Woods ont un rôle essentiel à jouer pour promouvoir ce besoin impérieux de coordination.
La France, qui assume une responsabilité particulière cette année, en tant que présidente du G20, du G7 et du G8, est déterminée à poursuivre ses efforts en ce sens. Plus que jamais, le contexte international exige une action résolue, concrète et concertée. Lambition de la présidence française du G20 est bien celle là : aboutir le 4 novembre au Sommet des chefs dEtat et de Gouvernement, à Cannes, à des décisions politiques, accompagnées dans toute la mesure du possible par des actions concrètes. A nos yeux, en effet, cest la légitimité même du G20 qui est ici en jeu.
1. Il est aujourdhui essentiel de conforter la place des institutions de Bretton Woods au coeur de la réponse à la crise
Cest essentiellement parce que la mobilisation collective a été exemplaire depuis 2008 et que nous avons donné à ces institutions les moyens dagir en augmentant considérablement leurs ressources, quelles ont été en mesure de répondre avec autant de réactivité à la plus grave crise économique et financière depuis la seconde guerre mondiale. La Banque mondiale a engagé plus de 150Mds$ depuis le début de la crise pour assurer la reprise dans les pays en développement et les engagements du FMI ont été multipliés par plus de cinq depuis janvier 2009, passant denviron 60 à 330 milliards de dollars. Après une décennie marquée par une diminution tendancielle de leurs interventions, la réponse à la crise a enclenché une nouvelle dynamique pour ces institutions de Bretton Woods.
Collectivement, nous avons su faire preuve de pragmatisme et dune grande capacité dadaptation aux nouvelles réalités économiques en dotant les institutions financières internationales doutils mieux adaptés. Cela a permis à ces institutions dagir et dinnover dans un contexte difficile pour répondre aux besoins de lensemble de leurs membres, quils sagissent de pays développés, émergents ou à bas revenus. Je me félicite tout particulièrement de lintroduction au FMI de nouveaux instruments de précaution qui représente une évolution substantielle pour sa capacité dintervention. Je me félicite également de laction spécifique et réactive dont ont su faire preuve les institutions de Bretton Woods en direction de leurs membres les plus vulnérables et les plus pauvres. Ainsi, au cours des dernières années, le FMI a considérablement augmenté presque doublé ses engagements en faveur des pays à bas revenu et la réforme de ses instruments à destination des pays à bas revenu constitue une avancée importante. A la Banque mondiale, nous avons su créer une fenêtre de réponses aux crises au sein de lAID afin de disposer de ressources et dun mécanisme rapidement mobilisables en cas de crise économique ou de catastrophe naturelle. La famine dans la corne de lAfrique nous démontre aujourdhui cruellement combien nous avions besoin dun tel instrument.
Cette réponse collective, nous avons également su lapporter aux pays du printemps arabe. Les avancées économiques et démocratiques qui ont été initiées dans les pays de la rive sud de la Méditerranée peuvent et doivent être soutenues par laction efficace et coordonnée des institutions financières internationales. Laction multilatérale est un axe central de la réponse proposée par le Partenariat de Deauville, et je suis particulièrement heureux de limplication des institutions de Bretton Woods dans cette initiative : la Déclaration conjointe des institutions multilatérales sengageant à coordonner leur action sur le terrain témoigne dune volonté dagir efficacement ensemble, selon des modalités nouvelles. Des montants considérables, près de 38 milliards deuros, ont été mobilisés à la réunion de Marseille du 10 septembre, pour accompagner de plans de transition exemplaires. Le Partenariat de Deauville constitue à mes yeux un modèle exemplaire dune politique de développement efficace, coordonnée, et centrée sur les pays.
Il nous faut bâtir sur les leçons des dernières années et sur nos succès pour être prêt à réagir aux prochaines crises. Ce que je retiens essentiellement, cest que la réponse aux crises ne peut être que collective.
Il nous faut continuer à adapter nos outils pour cela. Il manque une approche structurée permettant dassurer la capacité collective à répondre à des besoins transitoires de liquidité en cas de crise systémique. Ceci doit être corrigé. Je suis convaincu que le FMI a vocation à jouer un rôle plus important, un rôle pivot, au sein de filets de sécurités financiers globaux.
Il nous faut aussi développer notre capacité à travailler ensemble. Je suis convaincu des bénéfices que peut apporter la collaboration entre les institutions de Bretton Woods et les organisations régionales. Jen suis convaincu notamment parce que je peux témoigner de la collaboration exemplaire que le FMI a su développer avec les institutions européennes, créant des synergies loin de tout esprit de concurrence. La montée en puissance de la coordination avec les dispositifs et organisations existant au niveau régional est également un élément primordial pour renforcer lefficacité des filets de sécurités financiers globaux. Cest aussi un axe sur lequel je souhaite voir la Banque mondiale accélérer ses travaux. Nous avons aujourdhui devant nous un tableau de bord de linstitution. Cest un précieux outil de suivi et de dialogue institutionnel. Faisons en un outil dorientation, harmonisé entre banques de développement.
Il nous faut enfin des ressources à hauteur de nos ambitions. A titre dexemple, la mise en place dun mécanisme de réponse aux crises de liquidité en cas de choc systémique ne saurait faire léconomie dune réflexion sur ladéquation des ressources disponibles pour le FMI et nous devrons faire preuve de responsabilité en donnant au Fonds les moyens de remplir pleinement son rôle et adapter ses outils. Si nous le décidons, nous avons aussi les moyens aujourdhui dassurer durablement la capacité du FMI à soutenir ses membres les plus pauvres : cest pourquoi la France soutient lemploi des surprofits des ventes dor au profit de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance.
2. Nous devons préparer lavenir en donnant aux IFIs les moyens de prévenir les crises et de favoriser une croissance soutenable, équilibrée et inclusive.
Cest dabord en améliorant la surveillance que nous pourrons agir mieux et réduire les vulnérabilités macroéconomiques.
Nous avons besoin dune surveillance du FMI plus forte, plus efficace et plus cohérente. Des progrès ont été accomplis et la revue triennale de la surveillance nous aide à mieux identifier les pistes à suivre pour rendre la surveillance aussi interconnectée que le monde économique et financier daujourdhui. Il ne faut pas sarrêter en chemin. Nous devons nous assurer que la surveillance est suivie deffets. Pour cela, ne manquons pas dambition : cest en adaptant le cadre juridique dans lequel sexerce la surveillance que nous pourrons nous rassembler autour dune vision commune de la stabilité et de la prospérité internationales ; et cest en renforçant le rôle du CMFI que nous accroîtront la capacité dengagement politique du Fonds.
Ce renforcement de la surveillance est complémentaire du processus dévaluation mutuelle mené dans le « cadre pour une croissance forte, équilibrée et durable » du G20, auquel le FMI apporte une expertise technique essentielle. Avec laide du FMI, les pays du G20 pourront adopter lors du prochain Sommet du G20 un plan daction détaillant les mesures nationales des pays en faveur de la croissance et de la lutte contre déséquilibres mondiaux.
Cest aussi en prenant mieux en compte les nouvelles réalités économiques que nous saurons prévenir les crises et favoriser un développement équilibré
Les institutions de Bretton Woods doivent sadapter aux nouvelles réalités économiques mondiales. A ce titre, jencourage le FMI à poursuivre ses travaux sur les grandes évolutions du système monétaire international en accompagnant au mieux linternationalisation croissante des grandes monnaies émergentes. Le FMI doit également continuer ses travaux sur ce qui constitue des défis croissants, comme la gestion des flux de capitaux, la mesure de la liquidité mondiale ou encore ladéquation des niveaux de réserves internationales.
Cest enfin, en sattaquant résolument aux vulnérabilités structurelles que les Institutions de Bretton Woods sauront mieux prévenir les crises futures et promouvoir une croissance inclusive et durable.
Trois ans seulement après les émeutes de la faim de 2008 qui avaient touché les pays les plus vulnérables, nous sommes confrontés à une nouvelle crise alimentaire, de grande ampleur, dans la Corne de lAfrique. Il a fallu répondre vite et je salue lefficacité des interventions de la Banque mondiale dans les pays les plus touchés. Il faut également éviter que cela ne se reproduise et la réponse de la Banque mondiale qui cherche aussi à développer la résilience des pays concernés est en ce sens, très adaptée. La sécurité alimentaire se bâtit du plus court au plus long terme et cest ainsi que la question est traitée en G20. Je tiens à remercier la Banque mondiale pour sa participation à nos travaux, qui ont permis dadopter, en juin dernier, un plan daction ambitieux sur la volatilité des prix alimentaires et lagriculture. Lexpertise de la Banque mondiale, aux côtés dautres organisations internationales, est indispensable à sa mise en oeuvre, afin daboutir à des décisions concrètes et à la mise en oeuvre dinstruments permettant datténuer les risques liés à la volatilité excessive des prix des matières premières agricoles.
Le manque d'infrastructures ensuite constitue un frein important à la croissance des pays en développement et une fragilité structurelle. Le déficit dinfrastructure réduit le taux de croissance de près de 2 points de PIB par an en Afrique, continent le moins avancé dans latteinte des objectifs du millénaire pour le développement. La Banque mondiale, aux côtés des autres banques multilatérales de développement, et en collaboration étroite avec le Panel de haut niveau mandaté pour apporter lexpertise du secteur privé dans ce domaine, a fortement contribué aux travaux du G20 sur ces sujets. Un Plan daction conjoint des banques multilatérales de développement est en cours de finalisation : sa mise en oeuvre permettra des avancées notables pour améliorer la transparence et la qualité de linformation. Certaines recommandations sur lesquelles se sont engagées les banques multilatérales de développement restent particulièrement attendues, en amont du Sommet de Cannes : il sagit de créer un environnement favorable à linvestissement dans les infrastructures, par lharmonisation des règles de passation de marché entre les banques, ainsi que par lassouplissement du cadre de viabilité de la dette pour en permettre le financement.
Le financement du développement et de la lutte contre le changement climatique constitue lun des plus grands défis de la communauté internationale pour les prochaines années. Nous devons nous montrer à la hauteur des objectifs mondiaux pour le développement que nous nous sommes fixés, mais aussi de lengagement financier pris à Copenhague et confirmé à Cancún de mobiliser dici à 2020 100 milliards de dollars par an de financements publics et privés pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique. En mettant ce thème à lagenda Développement du G20, la France a souhaité mettre laccent sur la nécessité de trouver des moyens concrets et soutenables pour remplir nos engagements et initier une dynamique de long terme en matière de financement de la lutte contre le changement climatique, et plus généralement, de financement du développement. Je souhaite remercier la Banque mondiale et le FMI pour leur rapport préliminaire, et les encourager à poursuivre leurs travaux. La France, conjointement avec lAllemagne, soutient le principe dune taxe sur les transactions financière et dun instrument de marché (taxe ou marché de permis démissions) visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport international maritime et aérien. Ces outils innovants permettraient de dégager des revenus importants mobilisables en faveur du climat.
Les défis à relever sont grands : laction des Institution de Bretton Woods, réformées et renforcées sera décisive.
Je tiens à rappeler mon attachement à létablissement dinstitutions financières fortes, soutenables et légitimes. Pour la Banque Mondiale, cela passe par une répartition de revenu qui assure un niveau de transfert important vers les pays les plus pauvres ; par une tarification adéquate des prêts, afin dassurer la soutenabilité de linstitution ; et par un budget administratif maîtrisé. La réflexion doit également se poursuivre sur ladéquation des ressources du FMI à ses missions nouvelles. Sagissant du fonctionnement du FMI, nous devons aussi maintenir le cap du nouveau modèle de revenu défini en 2008 et favoriser les changements organisationnels qui rendront linstitution plus forte et efficace. La réforme de la gouvernance et la 14ème revue des quotes-parts du FMI ont représenté une avancée majeure pour la représentativité de cette institution. Il est désormais impératif quelles soient mises en oeuvre.
Source http://www.imf.org, le 5 octobre 2011
Nous nous réunissons dans un contexte de nouveaux défis pour la reprise économique mondiale. Les enjeux à relever sont considérables quil sagisse du développement, de la croissance, des déficits budgétaires ou de dette souveraine.
Il faut regarder la réalité en face : dans la plupart des pays, à des degrés divers, le nécessaire processus de désendettement des ménages, des entreprises et des administrations publiques prendra du temps et modérera la croissance. La reprise mondiale est donc intrinsèquement fragile et particulièrement sensible aux chocs. Et de ce point de vue, lété a été difficile, marqué par de nouvelles tensions économiques et financières. Un plus grand dynamisme dans la seconde moitié de 2011, puis en 2012, paraît incertain.
Nous devons donc rétablir la confiance, soutenir la croissance, dissiper les incertitudes et protéger léconomie mondiale convalescente de nouveaux chocs. A cette fin, il est crucial, dans les prochains mois, de parvenir à concilier les nécessaires mesures de consolidation budgétaire avec la préservation de la croissance. Ainsi, nous devons privilégier les mesures les moins nuisibles à la demande tout en garantissant des trajectoires de réduction des déficits publics crédibles et durables à moyen-long terme. Dans les pays où cela est possible, il faut utiliser les marges de manoeuvre disponibles à court terme.
Pour améliorer notre capacité de réponse aux crises, permettre le retour à une croissance mondiale inclusive, pérenne et équilibrée et prévenir la résurgence de crises futures, nous devons refonder notre résolution à agir. Les économies avancées doivent renforcer la résilience du secteur financier et mettre en oeuvre pour certains définir leurs plans de consolidation budgétaire à moyen terme, visant le nécessaire rééquilibrage des comptes publics tout en sefforçant, lorsque cela est possible, de soutenir à court terme la croissance. Quant aux grandes économies émergentes, elles doivent elles aussi contribuer à résorber les déséquilibres mondiaux, notamment par un accroissement de leur demande interne. Pour les pays en voie de développement, assurer durablement une croissance à même de réduire significativement la pauvreté nécessite de continuer à sattaquer aux vulnérabilités structurelles de leurs économies, mais aussi de reconstituer les marges de manoeuvre qui leur ont permis de surmonter la crise globale. Léquilibre à trouver est délicat. En tant que pierre angulaire de la gouvernance économique et financière mondiale et du développement, les institutions de Bretton Woods ont un rôle essentiel à jouer pour promouvoir ce besoin impérieux de coordination.
La France, qui assume une responsabilité particulière cette année, en tant que présidente du G20, du G7 et du G8, est déterminée à poursuivre ses efforts en ce sens. Plus que jamais, le contexte international exige une action résolue, concrète et concertée. Lambition de la présidence française du G20 est bien celle là : aboutir le 4 novembre au Sommet des chefs dEtat et de Gouvernement, à Cannes, à des décisions politiques, accompagnées dans toute la mesure du possible par des actions concrètes. A nos yeux, en effet, cest la légitimité même du G20 qui est ici en jeu.
1. Il est aujourdhui essentiel de conforter la place des institutions de Bretton Woods au coeur de la réponse à la crise
Cest essentiellement parce que la mobilisation collective a été exemplaire depuis 2008 et que nous avons donné à ces institutions les moyens dagir en augmentant considérablement leurs ressources, quelles ont été en mesure de répondre avec autant de réactivité à la plus grave crise économique et financière depuis la seconde guerre mondiale. La Banque mondiale a engagé plus de 150Mds$ depuis le début de la crise pour assurer la reprise dans les pays en développement et les engagements du FMI ont été multipliés par plus de cinq depuis janvier 2009, passant denviron 60 à 330 milliards de dollars. Après une décennie marquée par une diminution tendancielle de leurs interventions, la réponse à la crise a enclenché une nouvelle dynamique pour ces institutions de Bretton Woods.
Collectivement, nous avons su faire preuve de pragmatisme et dune grande capacité dadaptation aux nouvelles réalités économiques en dotant les institutions financières internationales doutils mieux adaptés. Cela a permis à ces institutions dagir et dinnover dans un contexte difficile pour répondre aux besoins de lensemble de leurs membres, quils sagissent de pays développés, émergents ou à bas revenus. Je me félicite tout particulièrement de lintroduction au FMI de nouveaux instruments de précaution qui représente une évolution substantielle pour sa capacité dintervention. Je me félicite également de laction spécifique et réactive dont ont su faire preuve les institutions de Bretton Woods en direction de leurs membres les plus vulnérables et les plus pauvres. Ainsi, au cours des dernières années, le FMI a considérablement augmenté presque doublé ses engagements en faveur des pays à bas revenu et la réforme de ses instruments à destination des pays à bas revenu constitue une avancée importante. A la Banque mondiale, nous avons su créer une fenêtre de réponses aux crises au sein de lAID afin de disposer de ressources et dun mécanisme rapidement mobilisables en cas de crise économique ou de catastrophe naturelle. La famine dans la corne de lAfrique nous démontre aujourdhui cruellement combien nous avions besoin dun tel instrument.
Cette réponse collective, nous avons également su lapporter aux pays du printemps arabe. Les avancées économiques et démocratiques qui ont été initiées dans les pays de la rive sud de la Méditerranée peuvent et doivent être soutenues par laction efficace et coordonnée des institutions financières internationales. Laction multilatérale est un axe central de la réponse proposée par le Partenariat de Deauville, et je suis particulièrement heureux de limplication des institutions de Bretton Woods dans cette initiative : la Déclaration conjointe des institutions multilatérales sengageant à coordonner leur action sur le terrain témoigne dune volonté dagir efficacement ensemble, selon des modalités nouvelles. Des montants considérables, près de 38 milliards deuros, ont été mobilisés à la réunion de Marseille du 10 septembre, pour accompagner de plans de transition exemplaires. Le Partenariat de Deauville constitue à mes yeux un modèle exemplaire dune politique de développement efficace, coordonnée, et centrée sur les pays.
Il nous faut bâtir sur les leçons des dernières années et sur nos succès pour être prêt à réagir aux prochaines crises. Ce que je retiens essentiellement, cest que la réponse aux crises ne peut être que collective.
Il nous faut continuer à adapter nos outils pour cela. Il manque une approche structurée permettant dassurer la capacité collective à répondre à des besoins transitoires de liquidité en cas de crise systémique. Ceci doit être corrigé. Je suis convaincu que le FMI a vocation à jouer un rôle plus important, un rôle pivot, au sein de filets de sécurités financiers globaux.
Il nous faut aussi développer notre capacité à travailler ensemble. Je suis convaincu des bénéfices que peut apporter la collaboration entre les institutions de Bretton Woods et les organisations régionales. Jen suis convaincu notamment parce que je peux témoigner de la collaboration exemplaire que le FMI a su développer avec les institutions européennes, créant des synergies loin de tout esprit de concurrence. La montée en puissance de la coordination avec les dispositifs et organisations existant au niveau régional est également un élément primordial pour renforcer lefficacité des filets de sécurités financiers globaux. Cest aussi un axe sur lequel je souhaite voir la Banque mondiale accélérer ses travaux. Nous avons aujourdhui devant nous un tableau de bord de linstitution. Cest un précieux outil de suivi et de dialogue institutionnel. Faisons en un outil dorientation, harmonisé entre banques de développement.
Il nous faut enfin des ressources à hauteur de nos ambitions. A titre dexemple, la mise en place dun mécanisme de réponse aux crises de liquidité en cas de choc systémique ne saurait faire léconomie dune réflexion sur ladéquation des ressources disponibles pour le FMI et nous devrons faire preuve de responsabilité en donnant au Fonds les moyens de remplir pleinement son rôle et adapter ses outils. Si nous le décidons, nous avons aussi les moyens aujourdhui dassurer durablement la capacité du FMI à soutenir ses membres les plus pauvres : cest pourquoi la France soutient lemploi des surprofits des ventes dor au profit de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance.
2. Nous devons préparer lavenir en donnant aux IFIs les moyens de prévenir les crises et de favoriser une croissance soutenable, équilibrée et inclusive.
Cest dabord en améliorant la surveillance que nous pourrons agir mieux et réduire les vulnérabilités macroéconomiques.
Nous avons besoin dune surveillance du FMI plus forte, plus efficace et plus cohérente. Des progrès ont été accomplis et la revue triennale de la surveillance nous aide à mieux identifier les pistes à suivre pour rendre la surveillance aussi interconnectée que le monde économique et financier daujourdhui. Il ne faut pas sarrêter en chemin. Nous devons nous assurer que la surveillance est suivie deffets. Pour cela, ne manquons pas dambition : cest en adaptant le cadre juridique dans lequel sexerce la surveillance que nous pourrons nous rassembler autour dune vision commune de la stabilité et de la prospérité internationales ; et cest en renforçant le rôle du CMFI que nous accroîtront la capacité dengagement politique du Fonds.
Ce renforcement de la surveillance est complémentaire du processus dévaluation mutuelle mené dans le « cadre pour une croissance forte, équilibrée et durable » du G20, auquel le FMI apporte une expertise technique essentielle. Avec laide du FMI, les pays du G20 pourront adopter lors du prochain Sommet du G20 un plan daction détaillant les mesures nationales des pays en faveur de la croissance et de la lutte contre déséquilibres mondiaux.
Cest aussi en prenant mieux en compte les nouvelles réalités économiques que nous saurons prévenir les crises et favoriser un développement équilibré
Les institutions de Bretton Woods doivent sadapter aux nouvelles réalités économiques mondiales. A ce titre, jencourage le FMI à poursuivre ses travaux sur les grandes évolutions du système monétaire international en accompagnant au mieux linternationalisation croissante des grandes monnaies émergentes. Le FMI doit également continuer ses travaux sur ce qui constitue des défis croissants, comme la gestion des flux de capitaux, la mesure de la liquidité mondiale ou encore ladéquation des niveaux de réserves internationales.
Cest enfin, en sattaquant résolument aux vulnérabilités structurelles que les Institutions de Bretton Woods sauront mieux prévenir les crises futures et promouvoir une croissance inclusive et durable.
Trois ans seulement après les émeutes de la faim de 2008 qui avaient touché les pays les plus vulnérables, nous sommes confrontés à une nouvelle crise alimentaire, de grande ampleur, dans la Corne de lAfrique. Il a fallu répondre vite et je salue lefficacité des interventions de la Banque mondiale dans les pays les plus touchés. Il faut également éviter que cela ne se reproduise et la réponse de la Banque mondiale qui cherche aussi à développer la résilience des pays concernés est en ce sens, très adaptée. La sécurité alimentaire se bâtit du plus court au plus long terme et cest ainsi que la question est traitée en G20. Je tiens à remercier la Banque mondiale pour sa participation à nos travaux, qui ont permis dadopter, en juin dernier, un plan daction ambitieux sur la volatilité des prix alimentaires et lagriculture. Lexpertise de la Banque mondiale, aux côtés dautres organisations internationales, est indispensable à sa mise en oeuvre, afin daboutir à des décisions concrètes et à la mise en oeuvre dinstruments permettant datténuer les risques liés à la volatilité excessive des prix des matières premières agricoles.
Le manque d'infrastructures ensuite constitue un frein important à la croissance des pays en développement et une fragilité structurelle. Le déficit dinfrastructure réduit le taux de croissance de près de 2 points de PIB par an en Afrique, continent le moins avancé dans latteinte des objectifs du millénaire pour le développement. La Banque mondiale, aux côtés des autres banques multilatérales de développement, et en collaboration étroite avec le Panel de haut niveau mandaté pour apporter lexpertise du secteur privé dans ce domaine, a fortement contribué aux travaux du G20 sur ces sujets. Un Plan daction conjoint des banques multilatérales de développement est en cours de finalisation : sa mise en oeuvre permettra des avancées notables pour améliorer la transparence et la qualité de linformation. Certaines recommandations sur lesquelles se sont engagées les banques multilatérales de développement restent particulièrement attendues, en amont du Sommet de Cannes : il sagit de créer un environnement favorable à linvestissement dans les infrastructures, par lharmonisation des règles de passation de marché entre les banques, ainsi que par lassouplissement du cadre de viabilité de la dette pour en permettre le financement.
Le financement du développement et de la lutte contre le changement climatique constitue lun des plus grands défis de la communauté internationale pour les prochaines années. Nous devons nous montrer à la hauteur des objectifs mondiaux pour le développement que nous nous sommes fixés, mais aussi de lengagement financier pris à Copenhague et confirmé à Cancún de mobiliser dici à 2020 100 milliards de dollars par an de financements publics et privés pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique. En mettant ce thème à lagenda Développement du G20, la France a souhaité mettre laccent sur la nécessité de trouver des moyens concrets et soutenables pour remplir nos engagements et initier une dynamique de long terme en matière de financement de la lutte contre le changement climatique, et plus généralement, de financement du développement. Je souhaite remercier la Banque mondiale et le FMI pour leur rapport préliminaire, et les encourager à poursuivre leurs travaux. La France, conjointement avec lAllemagne, soutient le principe dune taxe sur les transactions financière et dun instrument de marché (taxe ou marché de permis démissions) visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport international maritime et aérien. Ces outils innovants permettraient de dégager des revenus importants mobilisables en faveur du climat.
Les défis à relever sont grands : laction des Institution de Bretton Woods, réformées et renforcées sera décisive.
Je tiens à rappeler mon attachement à létablissement dinstitutions financières fortes, soutenables et légitimes. Pour la Banque Mondiale, cela passe par une répartition de revenu qui assure un niveau de transfert important vers les pays les plus pauvres ; par une tarification adéquate des prêts, afin dassurer la soutenabilité de linstitution ; et par un budget administratif maîtrisé. La réflexion doit également se poursuivre sur ladéquation des ressources du FMI à ses missions nouvelles. Sagissant du fonctionnement du FMI, nous devons aussi maintenir le cap du nouveau modèle de revenu défini en 2008 et favoriser les changements organisationnels qui rendront linstitution plus forte et efficace. La réforme de la gouvernance et la 14ème revue des quotes-parts du FMI ont représenté une avancée majeure pour la représentativité de cette institution. Il est désormais impératif quelles soient mises en oeuvre.
Source http://www.imf.org, le 5 octobre 2011