Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Nous venons davoir avec mon collègue et mon ami Jean CHAREST, un entretien dont vous pouvez imaginer quil a été cordial mais quil a été aussi très productif, comme dailleurs à chacune de nos rencontres régulières.
Et nous poursuivrons nos discussions tout à lheure dans un format plus large à loccasion du grand dîner franco-québécois que joffrirai en lhonneur de Jean CHAREST et de la délégation québécoise au Palais des Affaires étrangères.
Nous célébrons en effet cette année les cinquante ans de la délégation générale du Québec à Paris. Cest un anniversaire qui compte dans la vie et dans les relations de la France et du Québec. Par cet acte fondateur le 5 octobre 1961 est née la relation directe et la relation privilégiée qui unie la France et le Québec. Une relation unique, une relation qui est fondée sur des siècles dHistoire commune, sur une complicité fraternelle et sur une coopération étroite et innovante que nous avons su sans cesse renouveler. Pour dire les choses simplement, une relation exemplaire.
Elle est exemplaire cette relation par le dynamisme des relations économiques quentretiennent le Québec et la France, qui reposent sur les échanges commerciaux bien sûr mais plus encore sur les investissements et précisément sur les implantations et les partenariats dentreprises.
Je veux rappeler ici que la France est le deuxième investisseur étranger au Québec ; que les trois quarts des filiales françaises implantées au Canada sont recensées au Québec. Près de quatre cents entreprises françaises génèrent trente mille emplois au Québec et cent cinquante entreprises québécoises en France créent dix mille emplois. Cest donc au-delà de lamitié, au-delà de la proximité culturelle une vraie relation économique que nous avons su construire.
Beaucoup plus quun simple marché, nos entreprises voient dans le Québec une source de partenariats, partenariats industriels pour tirer partie de nombreux pôles dexcellence dans le domaine de laéronautique, dans le domaine des équipements de transport ; mais aussi de partenariats commerciaux pour prospecter le reste de lAmérique du Nord à partir de la base québécoise.
Relations exemplaires également par la vivacité et le foisonnement de cette langue française et de cette culture que nous avons en partage. Un exemple parmi beaucoup dautres : dans le domaine de la littérature le Québec est le premier marché dexportation hors Union des livres français.
Relations exemplaires également parce quà chacune de nos rencontres nous cherchons et nous parvenons à établir des partenariats davant-garde. Cest le cas et cest, jallais dire, le bébé de Jean CHAREST sur la question de la mobilité de la main duvre. Nous sommes en train de créer année après année un espace de mobilité transatlantique pour permettre aux Français et aux Québécois de travailler dans les conditions les plus faciles sur le territoire de lautre.
Notre entente sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles ouvre désormais près de soixante-dix professions : les avocats, les architectes, les boulangers, pour ne prendre que quelques exemples, donc cinquante ont déjà été mis en uvre et de nouveaux accords entre ordres professionnels doivent dailleurs être signés demain.
Cest le cas également pour la négociation en vue dun nouvel accord entre lUnion européenne et le Canada. La France et le Québec ont été à linitiative de cette discussion et partagent aujourdhui exactement les mêmes points de vue.
Cest le cas enfin sur les grands enjeux globaux daujourdhui : le climat, lenvironnement, la diversité culturelle sur lesquels nous savons pouvoir nous appuyer sur le Québec en Amérique du Nord, parce que le Québec partage avec nous la volonté de défendre un agenda international ambitieux.
Et enfin cest le cas et jen terminerai par-là, sur le grand projet, projet qui mobilisera toute une génération, qua lancé au printemps le gouvernement québécois, c'est-à-dire le plan Nord.
Je suis heureux dannoncer que nous avons aujourdhui avec Jean CHAREST, signé une déclaration conjointe qui établit un nouveau partenariat franco-québécois spécialement dédié au plan Nord. Et cette déclaration conjointe va constituer la feuille de route qui permettra de mettre en uvre notre coopération dans les mois qui viennent. Nous avons souhaité en particulier affirmer notre volonté duvrer ensemble au développement durable des territoires du Grand Nord Québécois.
Grâce à cette déclaration commune des groupes de travail entre acteurs publics, entreprises et centres de recherche vont se réunir dans les mois qui viennent, avec comme objectif de proposer des actions concrètes dans un certain nombre de domaines prioritaires. Je veux citer la promotion des énergies renouvelables, la gestion durable des mines et des forêts ou encore le développement du numérique dans les territoires du Nord.
Je veux dire que la France a tout de suite cru au plan Nord. Jean mavait invité à me rendre le mois dernier au Nord du Québec, malheureusement la crise financière, lagenda chargé sur le plan intérieur ne ma pas permis de me rendre à cette invitation ; ce que jai beaucoup regretté. Mais Eric BESSON sest rendu dans le Nord du Québec avec une quinzaine de sociétés françaises et je veux dire que cette visite a été un véritable succès parce quelle a permis de confirmer lintérêt des entreprises françaises pour les opportunités du plan Nord et de jeter de nouveaux ponts avec les entreprises québécoises. Il sagissait aussi me semble-t-il, de la première visite sur place dun ministre étranger depuis le lancement du plan et je suis vraiment heureux que celui-ci ait été un Français. Cest bien le signe de la haute importance que nous accordons au plan Nord. Vous voyez quune nouvelle fois, cette rencontre franco-québécoise a été extrêmement riche et confirme lexcellence de nos relations.
QUESTIONS REPONSES
- Messieurs les Premiers ministres, Monsieur BESSON a parlé de coopération globale pour le plan Nord et vous mettez en place trois groupes de travail. Quels sont les rôles des gouvernements dans la mise en place de ces groupes. Ce nest pas les entreprises qui doivent développer le plan Nord, le Grand Nord ?
Oh ! Je nai rien à ajouter à ce que vient de dire Jean CHAREST.
Les groupes de travail seront des groupes qui réuniront, je lai dit, des acteurs publics, les entreprises et les organismes de recherche. Et je crois que cest cette synergie qui permettra de déterminer les champs de coopération en respectant un certain nombre de règles sur des territoires qui sont des territoires sensibles. Il y a une dimension développement durable, il y a une dimension protection de lenvironnement qui me semble très importante.
- Monsieur le Premier ministre, il y a trois ans, lÉtat empruntait beaucoup beaucoup dargent pour renflouer les banques. Aujourd'hui, DEXIA étant touchée de plein fouet par la crise, Laurent FABIUS disait tout à l'heure que vous aviez trompé les Français. Quest-ce que vous pourriez lui répondre aujourd'hui ?
Je pense que Monsieur FABIUS, avec lexpérience qui est la sienne, devrait tourner plusieurs fois sa langue dans sa bouche avant dutiliser des expressions qui ne sont pas exactes et qui peuvent mettre en cause des intérêts français importants.
Dabord, je voudrais rappeler que si nous avons recapitalisé ou nous avons aidé un certain nombre détablissements bancaires en 2008 ce qui dailleurs a permis déviter la crise systémique qui menaçait , cela sest fait dans lintérêt du contribuable puisque les banques nous ont, dans leur grande majorité, remboursé ces avances avec les intérêts.
Sagissant de DEXIA, lors de la crise de 2008, nous avons recapitalisé avec lÉtat belge puisque je rappelle que cest un établissement franco-belge cette banque un peu particulière qui est spécialisée dans le financement des collectivités locales en France, qui est une banque de dépôt en Belgique. Et nous lavons fait pour préserver les intérêts de ses clients.
Et la nouvelle direction de DEXIA, qui a été mise en place à lépoque avec Jean-Luc DEHAENE et Pierre MARIANI, a engagé un travail dassainissement qui a été conduit et qui a permis notamment de réduire les risques, en particulier en se défaisant dune filiale américaine qui était très exposée lors de la crise de 2008.
Malheureusement, la crise financière que nous connaissons aujourd'hui est venue télescoper le calendrier dassainissement de la banque DEXIA qui rencontre de nouveau des difficultés de financement. Nous avons donc décidé, avec le gouvernement belge, de mettre en place une nouvelle garantie. Je veux indiquer que ce sera une garantie qui portera sur le financement et qui sera rémunérée.
Et donc personne ne peut dire aujourd'hui à lavance que cette garantie coûtera aux contribuables français même si, naturellement, dans chaque opération de garantie, il y a un risque. Cette garantie va permettre dassurer la viabilité de DEXIA pour lui permettre de poursuivre le programme de cessions dactifs qui a été engagé en 2008 et qui nest pas achevé.
Alors sagissant de la partie de la banque qui est consacrée au financement des collectivités locales, il est très important, pour le gouvernement français et pour toutes les collectivités locales de notre pays, que lon sécurise bien ces financements. Cest la raison pour laquelle nous travaillons en ce moment à la mise en place dun établissement financier public qui sappuiera sur LA BANQUE POSTALE et sur la CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS et dont le rôle sera de financer les collectivités locales.
- Vous lavez souligné, en fait, ce sont aujourd'hui même les cinquante ans de louverture de la Délégation général du Québec à Paris. Il y a cinquante ans, Jean LESAGE était arrivé avec la moitié de son Conseil des ministres ici, avait été reçu à lÉlysée, ce qui ne sera pas le cas cette fois-ci dans le faste et tout ça. Avez-vous le sentiment que cette relation a toujours le même éclat aujourd'hui ? Hier, dans un colloque, des artisans, dimportants artisans de la relation France-Québec semblaient sinquiéter du fait quil ny avait plus tout à fait la même passion, plus tout à fait le même éclat dans cette relation et quil y avait même des signes inquiétants : progression de langlais au Québec, la France qui ne défend pas toujours le français à lUNESCO par exemple, la semaine dernière, les experts français parlaient en anglais, semble-t-il, à lUNESCO , le fait que les jeunes Québécois ne lisent plus de livres français, ne voient plus de films français. Est-ce quil ny a pas des choses qui vous inquiètent dans cette relation ou si tout est radieux ?
Oh ! Il y a toujours des sujets de préoccupation. Ce que vous avez indiqué tout à l'heure sur la défense du français dans les organismes internationaux, cest un combat que le gouvernement conduit et, naturellement, ce combat, il doit toujours être renouvelé. Mais je ne partage pas votre pessimisme.
Je suis frappé de voir le succès des artistes québécois en France et en particulier des humoristes québécois qui font un tabac en France, des chanteurs québécois qui font également un grand succès dans notre pays. Jai indiqué tout à l'heure que le Québec était, hors Union européenne, le premier acheteur de livres français.
Quant au faste, à ma connaissance, enfin depuis cinq ans ou quatre ans et demi que je suis en charge du Gouvernement français, cest la première fois que je vais offrir un grand dîner de gala au Palais du ministère des Affaires étrangères.
Je ne lai jamais fait pour personne avant Jean CHAREST et la Délégation québécoise. Quant au Président de la République, il a reçu, je crois, huit fois Jean CHAREST depuis quil est en charge du gouvernement québécois. Il se trouve que lemploi du temps du président de la République est assez chargé avec une visite au Caucase et avec une crise financière qui le mobilise complètement puisque nous allons, en particulier en fin de semaine, avec le gouvernement allemand, travailler à la solution de cette crise financière.
Donc, vraiment, je crois que les relations franco-québécoises, elles ont atteint une maturité au bout de cinquante ans qui est naturelle. Elles ne sont plus caractérisées par les éclats du passé mais elles sont caractérisées par une grande solidité, par une grande amitié. Et je me faisais la réflexion tout à l'heure, lorsque nous nous sommes vus avec Jean. Nous avons beaucoup échangé sur les sujets que je viens dévoquer -le Plan Nord, léconomie - mais on a beaucoup échangé aussi sur la politique française et sur la politique québécoise tellement, au fond, nous sommes liés à travers notre histoire commune.
- Vous nous dites que vous avez discuté de politique française. Ça tombe très bien puisque jaurais une question de politique intérieure à sept mois de lélection présidentielle. Il y a, dimanche, une étape importante de cette campagne avec la primaire, le premier tour de la primaire socialiste. Jaurais voulu savoir, Monsieur le Premier ministre, ce que vous pensiez de cette démarche. Est-ce que vous lavez suivie ? Est-ce que vous pensez que cest une démarche intéressante ? Est-ce que la droite a vocation à, elle aussi, organiser des primaires à lavenir ? Alors pas pour 2012 parce que vous me dites que vous avez un candidat naturel mais pour la suite. Différentes échéances électorales : 2014, 2017. Merci.
Bon, évidemment que jai suivi les primaires parce que cest un événement politique majeur qui concerne lavenir de notre pays et jattendrai la fin du déroulement de ce processus pour porter un jugement sur la façon dont il a fonctionné et sur les projets des candidats.
Je pense que cest un processus moderne qui convient à droite comme à gauche pour toutes les grandes élections.
Et dailleurs, je voudrais vous faire remarquer que cest un processus que nous avons adopté nous-même dans les statuts de lUMP pour la désignation de nos candidats aux futures grandes élections, à condition, naturellement, de ne pas avoir, comme cest le cas aujourd'hui, le Président de la République sortant.
Il ny a pas de primaires aux États-Unis pour le Président des États-Unis lorsquil est sortant. Il ny a pas de primaires en France pour le Président de la République lorsquil se représente. Mais pour toutes les autres élections, il est naturel quil y ait un processus démocratique de choix des candidats. Et ce ne sera pas une nouveauté puisquà plusieurs reprises, on a déjà employé ce processus et notamment lors des dernières élections municipales à Paris où il y a eu des primaires pour désigner notre candidat.
- Même en version élargie ? Ouverte ?
Alors on peut toujours discuter de la version élargie. On va voir comment ça fonctionne, combien il y a de candidats. Enfin tout ça mérite dêtre ajusté mais cest un processus auquel, pour ma part, jadhère et qui, encore une fois, est dans nos statuts, dans les statuts de lUMP. Voilà, ça nous a éloignés un tout petit peu du Grand Nord.
Source http://www.gouvernement.fr, le 6 octobre 2011
Nous venons davoir avec mon collègue et mon ami Jean CHAREST, un entretien dont vous pouvez imaginer quil a été cordial mais quil a été aussi très productif, comme dailleurs à chacune de nos rencontres régulières.
Et nous poursuivrons nos discussions tout à lheure dans un format plus large à loccasion du grand dîner franco-québécois que joffrirai en lhonneur de Jean CHAREST et de la délégation québécoise au Palais des Affaires étrangères.
Nous célébrons en effet cette année les cinquante ans de la délégation générale du Québec à Paris. Cest un anniversaire qui compte dans la vie et dans les relations de la France et du Québec. Par cet acte fondateur le 5 octobre 1961 est née la relation directe et la relation privilégiée qui unie la France et le Québec. Une relation unique, une relation qui est fondée sur des siècles dHistoire commune, sur une complicité fraternelle et sur une coopération étroite et innovante que nous avons su sans cesse renouveler. Pour dire les choses simplement, une relation exemplaire.
Elle est exemplaire cette relation par le dynamisme des relations économiques quentretiennent le Québec et la France, qui reposent sur les échanges commerciaux bien sûr mais plus encore sur les investissements et précisément sur les implantations et les partenariats dentreprises.
Je veux rappeler ici que la France est le deuxième investisseur étranger au Québec ; que les trois quarts des filiales françaises implantées au Canada sont recensées au Québec. Près de quatre cents entreprises françaises génèrent trente mille emplois au Québec et cent cinquante entreprises québécoises en France créent dix mille emplois. Cest donc au-delà de lamitié, au-delà de la proximité culturelle une vraie relation économique que nous avons su construire.
Beaucoup plus quun simple marché, nos entreprises voient dans le Québec une source de partenariats, partenariats industriels pour tirer partie de nombreux pôles dexcellence dans le domaine de laéronautique, dans le domaine des équipements de transport ; mais aussi de partenariats commerciaux pour prospecter le reste de lAmérique du Nord à partir de la base québécoise.
Relations exemplaires également par la vivacité et le foisonnement de cette langue française et de cette culture que nous avons en partage. Un exemple parmi beaucoup dautres : dans le domaine de la littérature le Québec est le premier marché dexportation hors Union des livres français.
Relations exemplaires également parce quà chacune de nos rencontres nous cherchons et nous parvenons à établir des partenariats davant-garde. Cest le cas et cest, jallais dire, le bébé de Jean CHAREST sur la question de la mobilité de la main duvre. Nous sommes en train de créer année après année un espace de mobilité transatlantique pour permettre aux Français et aux Québécois de travailler dans les conditions les plus faciles sur le territoire de lautre.
Notre entente sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles ouvre désormais près de soixante-dix professions : les avocats, les architectes, les boulangers, pour ne prendre que quelques exemples, donc cinquante ont déjà été mis en uvre et de nouveaux accords entre ordres professionnels doivent dailleurs être signés demain.
Cest le cas également pour la négociation en vue dun nouvel accord entre lUnion européenne et le Canada. La France et le Québec ont été à linitiative de cette discussion et partagent aujourdhui exactement les mêmes points de vue.
Cest le cas enfin sur les grands enjeux globaux daujourdhui : le climat, lenvironnement, la diversité culturelle sur lesquels nous savons pouvoir nous appuyer sur le Québec en Amérique du Nord, parce que le Québec partage avec nous la volonté de défendre un agenda international ambitieux.
Et enfin cest le cas et jen terminerai par-là, sur le grand projet, projet qui mobilisera toute une génération, qua lancé au printemps le gouvernement québécois, c'est-à-dire le plan Nord.
Je suis heureux dannoncer que nous avons aujourdhui avec Jean CHAREST, signé une déclaration conjointe qui établit un nouveau partenariat franco-québécois spécialement dédié au plan Nord. Et cette déclaration conjointe va constituer la feuille de route qui permettra de mettre en uvre notre coopération dans les mois qui viennent. Nous avons souhaité en particulier affirmer notre volonté duvrer ensemble au développement durable des territoires du Grand Nord Québécois.
Grâce à cette déclaration commune des groupes de travail entre acteurs publics, entreprises et centres de recherche vont se réunir dans les mois qui viennent, avec comme objectif de proposer des actions concrètes dans un certain nombre de domaines prioritaires. Je veux citer la promotion des énergies renouvelables, la gestion durable des mines et des forêts ou encore le développement du numérique dans les territoires du Nord.
Je veux dire que la France a tout de suite cru au plan Nord. Jean mavait invité à me rendre le mois dernier au Nord du Québec, malheureusement la crise financière, lagenda chargé sur le plan intérieur ne ma pas permis de me rendre à cette invitation ; ce que jai beaucoup regretté. Mais Eric BESSON sest rendu dans le Nord du Québec avec une quinzaine de sociétés françaises et je veux dire que cette visite a été un véritable succès parce quelle a permis de confirmer lintérêt des entreprises françaises pour les opportunités du plan Nord et de jeter de nouveaux ponts avec les entreprises québécoises. Il sagissait aussi me semble-t-il, de la première visite sur place dun ministre étranger depuis le lancement du plan et je suis vraiment heureux que celui-ci ait été un Français. Cest bien le signe de la haute importance que nous accordons au plan Nord. Vous voyez quune nouvelle fois, cette rencontre franco-québécoise a été extrêmement riche et confirme lexcellence de nos relations.
QUESTIONS REPONSES
- Messieurs les Premiers ministres, Monsieur BESSON a parlé de coopération globale pour le plan Nord et vous mettez en place trois groupes de travail. Quels sont les rôles des gouvernements dans la mise en place de ces groupes. Ce nest pas les entreprises qui doivent développer le plan Nord, le Grand Nord ?
Oh ! Je nai rien à ajouter à ce que vient de dire Jean CHAREST.
Les groupes de travail seront des groupes qui réuniront, je lai dit, des acteurs publics, les entreprises et les organismes de recherche. Et je crois que cest cette synergie qui permettra de déterminer les champs de coopération en respectant un certain nombre de règles sur des territoires qui sont des territoires sensibles. Il y a une dimension développement durable, il y a une dimension protection de lenvironnement qui me semble très importante.
- Monsieur le Premier ministre, il y a trois ans, lÉtat empruntait beaucoup beaucoup dargent pour renflouer les banques. Aujourd'hui, DEXIA étant touchée de plein fouet par la crise, Laurent FABIUS disait tout à l'heure que vous aviez trompé les Français. Quest-ce que vous pourriez lui répondre aujourd'hui ?
Je pense que Monsieur FABIUS, avec lexpérience qui est la sienne, devrait tourner plusieurs fois sa langue dans sa bouche avant dutiliser des expressions qui ne sont pas exactes et qui peuvent mettre en cause des intérêts français importants.
Dabord, je voudrais rappeler que si nous avons recapitalisé ou nous avons aidé un certain nombre détablissements bancaires en 2008 ce qui dailleurs a permis déviter la crise systémique qui menaçait , cela sest fait dans lintérêt du contribuable puisque les banques nous ont, dans leur grande majorité, remboursé ces avances avec les intérêts.
Sagissant de DEXIA, lors de la crise de 2008, nous avons recapitalisé avec lÉtat belge puisque je rappelle que cest un établissement franco-belge cette banque un peu particulière qui est spécialisée dans le financement des collectivités locales en France, qui est une banque de dépôt en Belgique. Et nous lavons fait pour préserver les intérêts de ses clients.
Et la nouvelle direction de DEXIA, qui a été mise en place à lépoque avec Jean-Luc DEHAENE et Pierre MARIANI, a engagé un travail dassainissement qui a été conduit et qui a permis notamment de réduire les risques, en particulier en se défaisant dune filiale américaine qui était très exposée lors de la crise de 2008.
Malheureusement, la crise financière que nous connaissons aujourd'hui est venue télescoper le calendrier dassainissement de la banque DEXIA qui rencontre de nouveau des difficultés de financement. Nous avons donc décidé, avec le gouvernement belge, de mettre en place une nouvelle garantie. Je veux indiquer que ce sera une garantie qui portera sur le financement et qui sera rémunérée.
Et donc personne ne peut dire aujourd'hui à lavance que cette garantie coûtera aux contribuables français même si, naturellement, dans chaque opération de garantie, il y a un risque. Cette garantie va permettre dassurer la viabilité de DEXIA pour lui permettre de poursuivre le programme de cessions dactifs qui a été engagé en 2008 et qui nest pas achevé.
Alors sagissant de la partie de la banque qui est consacrée au financement des collectivités locales, il est très important, pour le gouvernement français et pour toutes les collectivités locales de notre pays, que lon sécurise bien ces financements. Cest la raison pour laquelle nous travaillons en ce moment à la mise en place dun établissement financier public qui sappuiera sur LA BANQUE POSTALE et sur la CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS et dont le rôle sera de financer les collectivités locales.
- Vous lavez souligné, en fait, ce sont aujourd'hui même les cinquante ans de louverture de la Délégation général du Québec à Paris. Il y a cinquante ans, Jean LESAGE était arrivé avec la moitié de son Conseil des ministres ici, avait été reçu à lÉlysée, ce qui ne sera pas le cas cette fois-ci dans le faste et tout ça. Avez-vous le sentiment que cette relation a toujours le même éclat aujourd'hui ? Hier, dans un colloque, des artisans, dimportants artisans de la relation France-Québec semblaient sinquiéter du fait quil ny avait plus tout à fait la même passion, plus tout à fait le même éclat dans cette relation et quil y avait même des signes inquiétants : progression de langlais au Québec, la France qui ne défend pas toujours le français à lUNESCO par exemple, la semaine dernière, les experts français parlaient en anglais, semble-t-il, à lUNESCO , le fait que les jeunes Québécois ne lisent plus de livres français, ne voient plus de films français. Est-ce quil ny a pas des choses qui vous inquiètent dans cette relation ou si tout est radieux ?
Oh ! Il y a toujours des sujets de préoccupation. Ce que vous avez indiqué tout à l'heure sur la défense du français dans les organismes internationaux, cest un combat que le gouvernement conduit et, naturellement, ce combat, il doit toujours être renouvelé. Mais je ne partage pas votre pessimisme.
Je suis frappé de voir le succès des artistes québécois en France et en particulier des humoristes québécois qui font un tabac en France, des chanteurs québécois qui font également un grand succès dans notre pays. Jai indiqué tout à l'heure que le Québec était, hors Union européenne, le premier acheteur de livres français.
Quant au faste, à ma connaissance, enfin depuis cinq ans ou quatre ans et demi que je suis en charge du Gouvernement français, cest la première fois que je vais offrir un grand dîner de gala au Palais du ministère des Affaires étrangères.
Je ne lai jamais fait pour personne avant Jean CHAREST et la Délégation québécoise. Quant au Président de la République, il a reçu, je crois, huit fois Jean CHAREST depuis quil est en charge du gouvernement québécois. Il se trouve que lemploi du temps du président de la République est assez chargé avec une visite au Caucase et avec une crise financière qui le mobilise complètement puisque nous allons, en particulier en fin de semaine, avec le gouvernement allemand, travailler à la solution de cette crise financière.
Donc, vraiment, je crois que les relations franco-québécoises, elles ont atteint une maturité au bout de cinquante ans qui est naturelle. Elles ne sont plus caractérisées par les éclats du passé mais elles sont caractérisées par une grande solidité, par une grande amitié. Et je me faisais la réflexion tout à l'heure, lorsque nous nous sommes vus avec Jean. Nous avons beaucoup échangé sur les sujets que je viens dévoquer -le Plan Nord, léconomie - mais on a beaucoup échangé aussi sur la politique française et sur la politique québécoise tellement, au fond, nous sommes liés à travers notre histoire commune.
- Vous nous dites que vous avez discuté de politique française. Ça tombe très bien puisque jaurais une question de politique intérieure à sept mois de lélection présidentielle. Il y a, dimanche, une étape importante de cette campagne avec la primaire, le premier tour de la primaire socialiste. Jaurais voulu savoir, Monsieur le Premier ministre, ce que vous pensiez de cette démarche. Est-ce que vous lavez suivie ? Est-ce que vous pensez que cest une démarche intéressante ? Est-ce que la droite a vocation à, elle aussi, organiser des primaires à lavenir ? Alors pas pour 2012 parce que vous me dites que vous avez un candidat naturel mais pour la suite. Différentes échéances électorales : 2014, 2017. Merci.
Bon, évidemment que jai suivi les primaires parce que cest un événement politique majeur qui concerne lavenir de notre pays et jattendrai la fin du déroulement de ce processus pour porter un jugement sur la façon dont il a fonctionné et sur les projets des candidats.
Je pense que cest un processus moderne qui convient à droite comme à gauche pour toutes les grandes élections.
Et dailleurs, je voudrais vous faire remarquer que cest un processus que nous avons adopté nous-même dans les statuts de lUMP pour la désignation de nos candidats aux futures grandes élections, à condition, naturellement, de ne pas avoir, comme cest le cas aujourd'hui, le Président de la République sortant.
Il ny a pas de primaires aux États-Unis pour le Président des États-Unis lorsquil est sortant. Il ny a pas de primaires en France pour le Président de la République lorsquil se représente. Mais pour toutes les autres élections, il est naturel quil y ait un processus démocratique de choix des candidats. Et ce ne sera pas une nouveauté puisquà plusieurs reprises, on a déjà employé ce processus et notamment lors des dernières élections municipales à Paris où il y a eu des primaires pour désigner notre candidat.
- Même en version élargie ? Ouverte ?
Alors on peut toujours discuter de la version élargie. On va voir comment ça fonctionne, combien il y a de candidats. Enfin tout ça mérite dêtre ajusté mais cest un processus auquel, pour ma part, jadhère et qui, encore une fois, est dans nos statuts, dans les statuts de lUMP. Voilà, ça nous a éloignés un tout petit peu du Grand Nord.
Source http://www.gouvernement.fr, le 6 octobre 2011