Texte intégral
Je souhaite avant de commencer témoigner de ma tristesse et mon émotion pour les 3 personnes victimes de laccident grave qui sest déroulé hier pendant la manifestation.
Il était pour moi particulièrement important dêtre parmi vous aujourdhui, à loccasion de ce 36ème Congrès de la FEHAP placé sous le thème de : « Linnovation : lessence du secteur privé non lucratif ».
Tout dabord, parce que, comme vous lavez dit Monsieur le Président, je suis heureuse et fière, en tant que lyonnaise, que ce Congrès se déroule dans ma ville qui porte les valeurs humanistes, valeurs humanistes que vous avez fait votre chers adhérents du privé non lucratif.
Et je crois que le thème de linnovation que vous avez choisi, est particulièrement porteur, en termes de stratégie, et denjeux davenir, pour les acteurs de soins que vous êtes.
En effet, comment construire lavenir sans sinterroger sur la nécessaire adaptation de notre système de soins aux besoins de nos concitoyens ?
Deux paramètres nous conduisent à évoluer et à innover :
1- le parcours du soin
La réalité de notre système de soins est connue et vous le vivez au quotidien : un système encore trop cloisonné :
- entre le sanitaire, lhospitalier, et le médico-social,
- entre lhôpital et la médecine de ville,
- au sein même de chaque structure,
Le malade et ses proches se trouvent souvent confronté et donc en difficulté face à la complexité de cette organisation. Cest bien pour répondre à ce besoin de plus transversalité entre les différents secteurs de la santé -prévention, soins, accompagnement- que la loi HPST de 2009 a institué les Agences Régionales de Santé. Ainsi, à léchelle des territoires, les ARS doivent organiser une fluidité des parcours de soins pour éviter les ruptures de prise en charge. Et cest avec vous quelles vont pouvoir construire une offre de soins plus efficiente grâce à vos expériences, aux innovations que vous aurez mis en place avec vos équipes.
Pour vous accompagner dans cette évolution, une nouveauté a été introduite dans le PLFSS 2012. En effet, le décloisonnement et donc une meilleure coordination des soins étaient promus comme objectif. Or, les ARS pouvaient se trouvaient en difficulté pour soutenir cette démarche vu la construction de leurs enveloppes financières, elles-mêmes cloisonnées sans possibilité de fongibilité entre elles. Le PLFSS prévoit un fond dintervention régionale introduisant ainsi une souplesse de gestion pour les agences. Elles disposent ainsi dune marge de manoeuvre qui manquait aujourdhui.
2-Deuxième paramètre qui nous conduit à linnovation : le contexte financier
Les ressources financières publiques en matière de santé et plus globalement de protection sociale ne sont pas sans limites, dautant que la conjoncture économique actuelle nous oblige à optimiser les moyens existants. Il en va de la pérennité de notre système. Ainsi, lONDAM en 2012 augmente de 2.8% soit une progression moindre que celle de lan dernier. Cette contrainte financière, nous devons tous lintégrer.
Pour autant, je ne considère pas que cette situation est une fatalité. Au contraire, ce contexte nous appelle à être plus efficients dans lutilisation de nos moyens, à être plus imaginatifs dans la création et ladaptation des dispositifs et des pratiques professionnelles.
Linnovation constitue donc une nécessité pour la recherche du meilleur soin adapté aux besoins et aux attentes des malades et de leurs proches. Elle se décline à différents niveaux :
- dans la coordination des soins : il sagit dun des points faible de notre système de soins. Si le médecin traitant a un rôle majeur en la matière, il nous faut imaginer, concevoir dautres moyens daccompagner la personne dans son parcours de soin. Je pense à lexpérimentation des infirmiers coordonnateurs hospitaliers menée dans le champ du cancer dans 35 établissements de santé autorisés sélectionnés à la suite dun appel à projets. Les infirmiers coordonnateurs apportent aux patients et à leur entourage des informations adaptées à leur situation tout au long du parcours de soins. Ils jouent un rôle dinterface entre léquipe hospitalière et les médecins libéraux. Ils les orientent vers les services daccompagnement social en cas de besoin. Depuis septembre 2010, cette expérimentation a concerné près de 6000 patients. Inspirons nous de ce qui marche, de ce qui donne des résultats pour faire évoluer notre organiser
- Cette innovation se décline également au niveau des outils dans le cadre de la e-santé. Je pense au dossier médical personnel (DMP) comme formidable outil de partage dinformations de santé entre le malade, son médecin généraliste et le secteur hospitalier. 30 000 DMP sont créés aujourdhui dans les 4 régions qui ont expérimentées (Alsace, Aquitaine, Picardie et Franche Comté). Un nouvel appel à projets a été lancé en juillet pour étendre le déploiement du DMP à de nouvelles régions. Jinvite les acteurs de la santé à expérimenter, à sapproprier cet outil nécessaire à la bonne coordination des soins. En dehors du DMP, je pense également à la télémédecine : aujourdhui, son utilisation permet de réaliser une radiographie, un scanner sur un site équipé proche du lieu de vie de lusager alors que le spécialiste se trouve à plusieurs kilomètres. Lexpertise peut alors accessible à tous pour des soins de qualité. Le déploiement de la télémédecine constitue un axe prioritaire de la politique de santé Pour lannée 2011, la DGOS a alloué une enveloppe de 26 millions deuros aux ARS), en vue du développement de chantiers prioritaires comme la prise en charge de laccident vasculaire cérébral ou les soins dans les structures médico-sociales et en HAD.
En définitive, linnovation est source dévolution, de mouvement, de dynamisme et nous devons tous, chaque acteur de notre système de santé nous y engagé pleinement pour une organisation des soins plus humaine et plus efficiente
En conclusion, je voudrais répondre aux différents points soulevés par Antoine Debout :
- Concernant les internes, je crois quil est important de faciliter les stages des internes dans vos établissements mais bien évidemment en respectant certaines conditions. Cest ainsi que les agréments, c'est-à-dire la possibilité pour les services daccueillir des internes, sont délivrés après une évaluation précise de lorganisation des soins et de la formation, et après laccord du coordonnateur de la spécialité. Il est clair quil faut tirer parti de vos possibilités daccueil en respectant la qualité de la formation. Cest déjà le cas mais il est certain que vote rôle ne va pas cesser de croître dans le contexte que nous connaissons actuellement daugmentation importante du nombre dinternes en formation du fait de laugmentation du numérus clausus.
- Vous minterrogez également sur la recherche : jai lancé un appel doffres concernant la création de centres de recherche clinique. Il sagit de mettre en place de nouveaux plateaux dédiés à la recherche clinique au sein détablissements qui ont une masse critique dessais clinique importante. Sachez que bien entendu, les établissements privés à but lucratif ont leur rôle à jouer dans la recherche en lien avec les CHU.
- Concernant les médecins étrangers à diplôme hors Union européenne, que vous souhaitez pouvoir les accueillir au même titre que les hôpitaux publics.
Vous en avez la possibilité, comme vous le savez, lorsque ces médecins viennent dans le cadre dune formation médicale spécialisée avec un statut dinterne. En revanche, cela nest pas possible actuellement lorsque ces médecins ne sont pas en formation.
Nous travaillons actuellement avec les syndicats de PADHUE et je suis en mesure de vous annoncer quune évolution des textes actuels est en ce moment à létude par mes services, et je ne manquerai pas, Monsieur le Président, de vous en donner les conclusions dici la fin de lannée.
- Sagissant du différentiel de charges, qui est un sujet qui vous préoccupe à juste titre, comme vous lavez rappelé, Xavier Bertrand et moi-même avons décidé dune mesure de compensation lors du PLFSS 2011, prenant en compte les conclusions du rapport IGAS de 2007. Pour 2012, je peux vous dire que nous poursuivrons cet engagement dans le respect de la maîtrise de lONDAM.
- Sagissant de lexécution de lONDAM 2011, et du gel des enveloppes MIGAC, je veux rappeler que lONDAM est une enveloppe fermée que nos parlementaires votent chaque année. Pour la première fois en 2010, lONDAM a été respecté. Il faut continuer. Par conséquent, je serais attentive à lévolution de lactivité des établissements de santé et si les objectifs en volume sont tenus, le dégel pourra être envisagé dans le cadre du respect de lONDAM.
- Vous avez évoqué votre souhait de voir se développer lHAD dans les structures pour enfants et adultes handicapés. Vous savez que je vais lancer un groupe de travail sur cette question et, bien sur, vos propositions en termes dexpérimentation sont les bienvenues pour pouvoir évaluer au mieux les conditions de développement de cette offre hospitalière.
- Sagissant enfin de la loi du 5 juillet dernier relative aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge, je veux très sincèrement vous remercier de lengagement dont vous avez fait preuve pour assurer sa mise en oeuvre dans les meilleures conditions.
Ce texte dampleur demande aux professionnels de santé et à ceux de la justice de faire un pas de plus les uns vers les autres, pour une plus grande protection des droits des patients concernés. Ce sont deux cultures professionnelles différentes qui doivent se découvrir et mieux se connaître pour mieux travailler ensemble.
Soyez assuré que jai à coeur de vous accompagner le plus efficacement possible dans la mise en oeuvre de cette réforme. Mon cabinet tiens des réunions régulières avec celui de la justice pour stabiliser les outils juridiques communs et améliorer lharmonisation des pratiques entre deux cultures fortes.
Pour finir, je sais que vous ouvrez une étape très importante avec la renégociation de la Convention Collective Nationale de 1951. Je veux vous dire quavec Xavier Bertrand je serai particulièrement attentive aux points de révision que la FEHAP portera.
La place que tiennent les établissements de soins de la FEHAP pour la modernisation de notre système de santé est pour moi fondamentale : vous vous êtes pleinement engagés dans cette voie. Et le thème de votre 36ème congrès « linnovation : essence du secteur privé à but non lucratif » traduit bien votre dynamisme. Vos efforts doivent être poursuivis et nous les soutiendrons. Je vous félicite pour votre engagement au service dune meilleure qualité des soins, au service des patients.
Je vous remercie.
Source http://www.fehap.fr, le 18 octobre 2011