Déclaration de Mme Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, sur la lutte contre le cancer, notamment la prévention et le dépistage de la maladie, Paris le 19 octobre 2011.

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Circonstance : 3èmes rencontres de l'INCa à Paris le 19 octobre 2011

Texte intégral


Madame la Présidente de l’INCA, Chère Professeur Agnès Buzyn,
Monsieur le Président de la ligue nationale contre le cancer, Cher Professeur Gilles Lenoir,
Monsieur le Directeur Général de la Santé, Cher Jean-Yves Grall,
Madame la Directrice Générale de l’Offre de soins, Chère Annie Podeur,
Madame la Directrice Générale de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, Chère Thanh Le Luong,
Mesdames et Messieurs les directeurs généraux des ARS,
Monsieur le Président d’Honneur de Aides, et Président du Collectif inter associatif sur la santé, cher Christian Saout,
Mesdames et Messieurs les Professeurs et docteurs,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations de lutte contre le cancer, et d’associations et organismes représentant les patients,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureuse d’être à vos côtés aujourd’hui, pour clore cette 3ème édition des Rencontres annuelles de l’INCA qui représente un moment fort de mobilisation contre le cancer, un moment de partage de savoirs, de témoignages, de progrès, d’expériences pour mieux lutter contre le cancer.
C’est aussi un message de courage et d’espérance que vous adressez à l’ensemble de nos concitoyens, et je vous en remercie. Le cancer est en effet la maladie que redoutent le plus les Français. En effet, rares sont ceux qui n’en sont pas touchés, directement, ou par un proche malade, parent, ami ou collègue.
Vous illustrez bien que la lutte contre le cancer est une priorité nationale, que ce nouveau plan national 2009-2013 voulu par le président de la République est en marche. Son atout, c’est de mettre en œuvre une stratégie d’action globale et durable, en intervenant sur tous les volets : recherche et essais cliniques, formation et organisation des soins, prévention et dépistage, prise en charge et accompagnement des patients et de leur entourage.
Il implique l’ensemble des acteurs publics, privés et associatifs que vous représentez ici et mobilise d’importants moyens.
Je suis d’autant plus heureuse de clôturer cette 3ème édition de vos Rencontres annuelles qu’elles se tiennent après le bilan de mi-parcours de la mise en œuvre du plan.
Selon les dernières données, sur les 118 actions du Plan cancer, 108 actions progressent comme prévu, 6 présentent un retard conjoncturel et 4 seulement rencontrent des difficultés de mise en œuvre.
A mi-parcours, ce sont 531 millions d’euros qui ont été exécutés pour 2009-2010, soit 95% des montants programmés pour la période et 27,3% sur 1,9 milliards d’euros prévus au total pour la durée du plan. Pour 2011, environ 400 M€ sont prévus.
Alors, tous ensemble, pouvoirs publics, institutions, professionnels et associations, nous pouvons nous féliciter de la dynamique engagée et des réalisations d’ores et déjà acquises.
Madame la présidente, chère Agnès, je salue tout particulièrement le travail accompli par l’Institut national du cancer, pour son engagement fort et ses capacités, appréciés par tous, à animer le plan cancer.
A cet égard, je voudrais souligner la qualité du partenariat entre l’Etat et tout particulièrement le Ministère de la santé et l’Institut national du cancer, qui représente à mes yeux un modèle de coopération à élargir à d’autres plans santé, voire bien au delà.
Vous avez choisi de centrer vos rencontres sur le développement d’approches de plus en plus individualisées, ce qui correspond sans doute au souhait profond de chaque malade et de ses proches, pour faire face plus efficacement, mais aussi plus humainement au cancer. Je peux vous dire que c’est l’ambition même du plan cancer que de mettre le patient au cœur de son dispositif.
Mais ne nous y trompons pas. Il n’y a pas de clivage, d’opposition ou de substitution entre une approche collective et une autre plus individualisée. Car ces deux approches sont, à mon sens, indispensables. Elles se complètent et s’enrichissent mutuellement.
En effet, le plan cancer vise à développer une démarche globale et transversale, en intervenant sur tous les déterminants en jeu. L’objectif est de créer un « éco-système performant », tant dans le domaine de la prévention des risques que dans celui de l’accompagnement des patients. Mais tous les axes et toutes les mesures concourent finalement à un seul but : celui de mieux cibler les populations à risque, et d’accompagner les patients dans leurs parcours de soins et d’inclusion sociale.
Permettez-moi tout d’abord, d’aborder la question de la prévention et du dépistage :
Les résultats de l’enquête présentée il y a quelques jours, par la ligue de lutte contre le cancer montrent que 9 personnes interrogées sur 10 déclarent se sentir personnellement concernées par le dépistage des cancers. C’est là l’impact positif, notamment des campagnes nationales de dépistage (« mars bleu » pour le cancer colorectal, « octobre rose » pour le cancer du sein »).
Mais, en même temps, nombreux sont nos concitoyens qui restent encore rétifs à ces campagnes, et à un dépistage pris de leur propre initiative. Or, le dépistage permet de rester vigilant, et, en cas de symptômes avérés, de les traiter avant qu’ils ne s’aggravent. Une prise en charge précoce a de meilleurs résultats. Et les traitements sont moins lourds et moins coûteux.
Dès lors, le dépistage reste un axe majeur de la politique de prévention. Cette démarche doit être menée au plus près du terrain, afin de mieux toucher les populations en risque, notamment les plus vulnérables et éloignées des dispositifs publics de prévention santé. C’est le rôle des agences régionales de santé, des collectivités locales, des pôles santé et des associations.
Enfin, au plus près des patients, il y a le médecin traitant, en particulier généraliste. Il joue un rôle essentiel en matière d’information, d’éducation et de conseil des patients. Ce rôle est aussi important dans la prévention et le dépistage du cancer. Plus le médecin est convaincu, et plus il peut, en effet, convaincre. Car il a la reconnaissance et la confiance du patient.
La convention médicale permet…(merci Agnès de rajouter quelques lignes sur ce sujet…)
Le patient est aussi au cœur du développement de la recherche et des essais cliniques.
Le soutien à la recherche a permis d’augmenter d’environ 57%le nombre de patients participant aux essais cliniques en cancérologie, quifont progresserles traitements. 16 centres d’essais cliniques de phase précoce ont été labellisésafin d’accélérer l’accès aux molécules innovantes. Les 2 premiers sites de recherche intégrée sur le cancer(SIRIC) en France viennent d’être créés, et ont vocation à devenir des pôles d’excellence.
Ainsi, les progrès réalisés dans la connaissance des caractéristiquesdes tumeurs permettent aujourd’hui un traitement personnalisé par des thérapies "ciblées", pour un nombre de plus en plus important de patients, grâce aux tests de génétique moléculaires. Ces progrès scientifiques et cliniques permettent en outre une plus grande individualisation des prises en charge, pendant et après le cancer.
Deux mesures - phares du plan vont dans cette direction : le parcours personnalisé de soins (PPS), et le programme personnalisé de l’après cancer (PPAC).
La coordination entre les professionnels de santé hospitaliers et libéraux est absolument indispensable, à certains moments clés du parcours du patientatteint de cancer.
Afin de développer une prise en charge personnalisée et coordonnée pour les patients, une expérimentation est en cours dans 35 sites sélectionnés, suite à l’appel à projet lancé en avril 2010 par l??INCa et la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).
Je me félicite tout particulièrement que ces projets impliquent le médecin traitant, en tant que référent médical de proximité. Ils incluent la dimension sociale des patients. Ils s’appuient également sur des infirmiers coordinateurs qui accompagnent les patients, ainsi que leurs proches : pour leur assurer information, conseils, suivi, interface avec les professionnels hospitaliers, la médecine de ville, les services d’action sociale, de l’emploi, de la formation… etc.
L’objectif de cette expérimentation est de favoriser des innovations en matière d’accompagnement des patients, afin de rompre avec le sentiment de fatalité trop longtemps lié au cancer. En effet, le message fort est celui de montrer qu’il y a une vie pendant et après la maladie, d’autant que les chances de survivre après le cancer s’améliorent de plus en plus.
Enfin, les patients sont avant tous des citoyens et aussi, faut-il le rappeler, des consommateurs. Ils doivent donc pouvoir accéder pleinement à l’ensemble des biens et des services nécessaires à leur projet de vie.
C’est dans ce sens là qu’une nouvelle convention AERAS a été signée avec les fédérations du secteur de la banque et des assurances. Des engagements ont été pris pour mieux prendre en compte les situations individuelles consolidées ou stabilisées, et améliorer l’accès des patients à l’assurance, et à l’emprunt.
Mesdames, Messieurs, la recherche sur les cancers avance, les traitements plus individualisés par des thérapies "ciblées" progressent grâce aux tests de génétique moléculaires. Demain, grâce aux recherches sur le génome, nous pourrions aller plus loin, vers ce que d’aucuns appellent une « médecine prédictive ». Mais restons vigilants sur les risques qui y sont inhérents, car cela n’ira pas sans poser des questions d’ordre politique et éthique.
Permettez-moi en concluant ce propos, d’évoquer ce regard encore trop porté sur les personnes atteintes du cancer, parce que le cancer est une maladie qui fait peur, et qui est encore fortement associée à la perspective de la mort. Nous devons lutter ensemble, pour que ce regard individuel et collectif sur la maladie, change !
« Je suis une personne pas un cancer », c’était il y a quelques moins le message de la campagne d’information et de sensibilisation des Français. Je me félicite que l’Institut national du cancer et notre Ministère chargé de la Santé en aient pris conjointement cette initiative inclusive et citoyenne.
Ce message doit être présent à jamais dans nos esprits à nous toutes et tous, partout où nous vivons, au sein de nos familles, dans nos liens d’amitié, sur nos lieux de travail, de transport, de consommation, de loisirs, dans nos engagements associatifs et citoyens…
source http://www.sante.gouv.fr, le 20 octobre 2011