Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ est notre invité ce matin. Bonjour.
LAURENT WAUQUIEZ Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ, nous allons parler des étudiants, nous allons parler sociale puisque, ne loublions pas, vous avez été secrétaire dÉtat à lemploi, on va parler emploi, Laurent WAUQUIEZ. Revenons rapidement sur les allégations contenues dans le livre dont on parle beaucoup en France depuis hier matin. Vous me disiez tout à l'heure avant lémission : « Je suis choqué ».
LAURENT WAUQUIEZ Je trouve ça surréaliste parce que pour moi, il y a une triple faute éthique. Dabord une juge qui rapporte des propos qui datent dun an, quon aurait donné à sa greffière par un témoin qui moins de vingt-quatre heures plus tard dément ce qui a été dit il y a des procédures dans ce pays. Deuxièmement, un journaliste vous êtes journaliste, vous êtes très attaché aux questions déthique un journaliste qui avoue ne même pas avoir croisé ses sources. Et puis enfin des politiques, un problème déthique politique, qui reprennent tout ça comme si de rien nétait pendant vingt-quatre heures. Vous savez ce que ça me rappelle ? Ça me rappelle un des grands scandales dans lhistoire de la France, un peu comme laffaire Dreyfus, qui était laffaire Calas, où Voltaire a dit
JEAN-JACQUES BOURDIN Voltaire, oui.
LAURENT WAUQUIEZ « Il y a des gens dans ce pays qui sont incroyables et qui arrivent à transformer des ouï-dire en quarts de preuve ». Eh bien cest exactement ce à quoi on a assisté.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Jai une question toute simple à vous poser parce que nous nous sommes intéressés ce matin sur RMC aux déclarations de Bruno LE MAIRE qui est lun des responsables du programme du candidat Nicolas SARKOZY. Alors Bruno LE MAIRE est très clair, il dit : « Il va falloir quen France on se pose toutes les questions autour de lassistanat ». Est-ce quen France il y a trop dassistanat ?
LAURENT WAUQUIEZ Bien, vous le savez.
JEAN-JACQUES BOURDIN Quelle est votre position, dites-moi ? Vous, vous représentez la droite sociale, lUMP sociale. Alors ?
LAURENT WAUQUIEZ Jai été le premier à le dénoncer.
JEAN-JACQUES BOURDIN Trop dassistanat en France ? Est-ce quil y a trop dassistanat en France ?
LAURENT WAUQUIEZ Je considère quil y a trop dassistanat en France ; pourquoi ? Dabord parce quil ne faut jamais oublier que nos systèmes de protection sociale sont financés par les classes moyennes et notamment les classes moyennes modestes. Si cet argent est mal utilisé, cest largent public, cest les ressources de nos compatriotes quon gaspille : cest un problème de justice. La deuxième chose, cest que jai toujours pensé quune bonne politique sociale, cest une politique sociale qui accompagne les gens vers lactivité ; ce nest pas une politique sociale qui se contente de verser un chèque chaque mois. Et ma conviction, cest que dans la conception des politiques sociales françaises on est trop souvent uniquement dans le registre de : « Je verse un chèque chaque mois » et pas suffisamment dans le registre de : « Jaccompagne et je mise tout de suite sur le retour sur lactivité ». Et je reste convaincu quune des propositions sur lesquelles on doit travailler, cest de proposer à des gens qui sont en situation de non-emploi, qui perçoivent le RSA, de pouvoir avoir contre rémunération éventuellement, 5 heures tout de suite dactivité qui permette de se remettre sur le chemin de lemploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il ny a pas que le RSA qui est en cause, Laurent WAUQUIEZ.
LAURENT WAUQUIEZ Bien sûr. Cest lensemble de nos politiques sociales.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest lensemble : trop dassistanat, il va falloir faire des coupes dans les aides sociales. Oui ou non ? Réduire les aides sociales ou pas ?
LAURENT WAUQUIEZ Ce nest pas ça seulement, ce nest pas seulement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous pose la question : est-ce quil faudra réduire les aides sociales ?
LAURENT WAUQUIEZ Je vais vous répondre très clairement. Ma conception, ce nest pas réduire les aides sociales : cest mieux contrôler lutilisation des aides sociales. En clair, ne pas se contenter de vous verser une bourse, ne pas se contenter de vous verser un RSA, ne pas se contenter de vous verser une prestation chômage mais faire un accompagnement qui fait en sorte que ça vous motive tout de suite, que cet argent serve à quelque chose. Je crois quon sest trop enfermé depuis une trentaine dannées dans un système dans lequel on verse des allocations on a du mal dailleurs à contrôler si le montant de toutes ces allocations cumulées est équitable ou non par rapport à celui qui travaille et surtout on ne contrôle pas derrière le fait que ça permet aux gens de bouger, et cest ça pour moi qui compte. Ce qui mintéresse dans le social, ce nest pas le chèque : cest le retour à lactivité.
JEAN-JACQUES BOURDIN On va entrer dans le détail. Ce sera laxe on est bien daccord ? laxe majeur selon vous de la prochaine présidentielle ? le débat majeur de la prochaine présidentielle ?
LAURENT WAUQUIEZ Pour moi, cette question du bon paramétrage de la protection sociale, de comment est-ce quon conçoit le social dans ce pays, comment est-ce quon évite que ce soit toujours les classes moyennes qui en fassent les frais et qui ont un peu limpression dêtre toujours là pour payer mais pas tellement être pris en compte, cest pour moi le sujet majeur de lélection présidentielle cest très clair avec une question : comment on remet les classes moyennes au coeur de la société française ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors soyons concrets. Lallocation chômage, là aussi il y a débat et Bruno LE MAIRE a lancé le débat. Bruno LE MAIRE dénonce les indemnités chômage quil juge parfois trop généreuses, notamment celles des cadres. Vous avez été secrétaire dÉtat à lemploi : est-ce que vous êtes daccord avec lui ? Est-ce quen France les indemnités chômage sont parfois trop généreuses ?
LAURENT WAUQUIEZ Alors cest exactement la déclinaison de ma conviction.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous dites oui ?
LAURENT WAUQUIEZ Non. Le problème nest pas le montant pour moi : le problème, cest laccompagnement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous nêtes pas daccord avec Bruno LE MAIRE ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, on a des débats, cest normal.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien sûr, mais cest normal.
LAURENT WAUQUIEZ Quest-ce qui me choque, moi ? Ce qui me choque, ce nest pas que quelqu'un perçoive une assurance chômage. Ce qui me choque, ce nest pas que quelqu'un qui a perdu son emploi ce nest pas facile, jai des cas encore très récemment chez moi en Haute-Loire dentreprises qui ferment, les gens qui perdent leur emploi, ce nest pas évident ce nest pas ça qui me choque. Ce qui me choque, cest que quelqu'un garde son allocation chômage, quon lui propose un travail, quil le refuse et quil utilise les deux ans par exemple dallocation chômage en restant chez lui alors quil aurait pu avoir des opportunités de retrouver un emploi. Donc pour moi, la bataille ce nest pas de commencer à faire des coupes dans le niveau des aides : cest sassurer que les gens ne profitent pas de ces aides alors que des offres demploi pourraient être sur la table.
JEAN-JACQUES BOURDIN Jimagine que cest déjà fait.
LAURENT WAUQUIEZ Pas suffisamment à mon avis, et ça cest des points sur lesquels on doit avancer.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous étiez en charge de ce dossier. Donc on ne la pas fait suffisamment ?
LAURENT WAUQUIEZ On la lancé, on a les outils. Après, vous connaissez ça par coeur : la question ensuite, cest la détermination à utiliser ces outils et je pense que surtout sur une période où on a quelques secteurs qui redémarrent je pense à lartisanat, je pense à des secteurs qui cherchent à embaucher, où on a quelques tensions eh bien là-dessus cest très important quon soit extrêmement vigilant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce quil faut rendre les indemnités chômage dégressives ?
LAURENT WAUQUIEZ Juste, pardonnez-moi, pour bien être au clair sur ce que je viens de dire. Le problème pour moi nest pas le niveau de lindemnisation ; le problème cest les abus : quand vous avez quelqu'un qui perçoit ces indemnisations sans reprendre un emploi. Cest ça pour moi le problème. Cest la différence avec Bruno LE MAIRE.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Les indemnités chômage doivent-elles être dégressives ?
LAURENT WAUQUIEZ Je ne suis pas convaincu que là encore ce soit la meilleure solution. Quest-ce quon voit dans les pays étrangers et notamment en Europe ? Vous prenez les Pays Bas, vous prenez la Suède, vous prenez le Danemark : pourquoi est-ce quils y arrivent ? Parce quils mettent tout de suite la pression sur la personne, mais de façon presque sur mesure. C'est-à-dire que linterlocuteur, le demandeur demploi, a un conseiller qui le suit, qui dit : « Voilà, aujourd'hui vous vous êtes levé à 7 heures et demi ? Très bien. Demain vous le faites, vous venez me voir, vous me passez un coup de fil. Vous avez un rendez-vous avec telle entreprise : je veux avoir la certitude que vous avez bien eu ce rendez-vous ». Quelqu'un qui motive tout de suite et qui ne laisse pas le piège de linactivité se refermer : ça, cest dans lintérêt de tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN Autre chose : Frédéric LEFEBVRE, secrétaire dÉtat lui aussi, a déclaré quon pourrait faire baisser le chômage en France si on faisait moins denfants.
LAURENT WAUQUIEZ Non, ce nest pas ce quil a dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN Enfin, cest pratiquement ce quil a dit.
LAURENT WAUQUIEZ Non, non, non, non ! Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ
LAURENT WAUQUIEZ Qua dit Frédéric LEFEBVRE ? Frédéric LEFEBVRE a dit : « En France, on a une démographie »
JEAN-JACQUES BOURDIN Il comparait la France à lAllemagne.
LAURENT WAUQUIEZ Oui. « On a une démographie qui augmente ». Mais il a raison ! En France, la population active augmente à peu près de 200 000. En Allemagne, elle baisse de 200 000. Cest évidemment plus facile de faire artificiellement baisser le chômage quand vous avez moins de gens sur le marché du travail que quand vous en avez plus, mais est-ce que cest un problème ? Non, cest une chance. C'est-à-dire que cest une chance pour la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dommage quil nait pas dit que cétait une chance, pardon Laurent WAUQUIEZ.
LAURENT WAUQUIEZ Moi je le dis.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous, vous le dites mais lui ne la pas dit, la différence avec vous.
LAURENT WAUQUIEZ Cest une chance pour la France davoir une démographie. Ça veut dire quon a un pays jeune, un pays qui a de lenthousiasme, un pays qui aura de la ressource et quand parfois on a une petite tendance
JEAN-JACQUES BOURDIN La démographie, ce nest pas mauvais pour les chiffres du chômage.
LAURENT WAUQUIEZ Mais la démographie, cest positif sur la durée pour la croissance, mais à court terme cest plus difficile pour le chômage, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais alors cest bon davoir une démographie, une bonne démographie ? Cest bon ?
LAURENT WAUQUIEZ Mais oui, cest bon. Jean-Jacques, vous navez pas envie davoir un pays vieillissant ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais pas du tout.
LAURENT WAUQUIEZ Vous avez envie davoir un pays où on a des enfants, on a des étudiants, où on construit notre avenir. La France est peut-être le seul pays en Europe à avoir ça : cest positif.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. On va parler des mesures Fillon puisque vous représentez encore une fois la droite sociale à lUMP, on va parler des hauts revenus, on va parler des efforts que chacun doit faire. On la compris : on doit faire des efforts sur le terrain social, mais aussi sur le terrain financier, le capital, les revenus, les très hauts revenus. On en parle, Laurent WAUQUIEZ est notre invité ce matin ; et puis on va parler des étudiants, évidemment, puisque vous avez en charge ce dossier-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ, quelques pistes avancées encore par Bruno LE MAIRE, en charge du programme de Nicolas SARKOZY en 2012. Allocations chômage réduites, on vient den parler, allocation dès le premier enfant, versement dune allocation familiale dès le premier enfant. Oui, non ?
LAURENT WAUQUIEZ Ecoutez, je vais être très simple
JEAN-JACQUES BOURDIN Et très clair.
LAURENT WAUQUIEZ Il y a suffisamment de choses dans ce pays qui ne marchent pas, pour quon ne sattaque pas à ce qui marche. La politique familiale, on la évoqué tout à lheure, ça marche. Ça concerne toutes les familles, cest des outils qui concernent notamment les familles des classes moyennes.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pas dallocation dès le premier enfant, vous ny êtes pas favorable ?
LAURENT WAUQUIEZ Bruno LE MAIRE dit, en contrepartie je soumettrai à impôt les allocations familiales de toutes les familles.
JEAN-JACQUES BOURDIN C'est-à-dire que les familles paieraient des impôts sur leurs allocations familiales.
LAURENT WAUQUIEZ Et bien ça, moi je ny suis pas favorable. Pourquoi ? Toujours la même conviction pour moi, les classes moyennes cest un des rares outils qui est fait pour elles. Donc, de grâce, nenlevons pas aux classes moyennes les quelques outils qui marchent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Les hauts revenus, taxation des revenus supérieurs à 500 000 euros, ça va venir en discussion la semaine prochaine à lAssemblée nationale. Alors, je vois, par exemple, il y a de nombreuses voix à lUMP qui disent il faut aller plus loin. Fabienne KELLER, sénateur UMP du Bas-Rhin qui dit
LAURENT WAUQUIEZ Qui appartient à la droite sociale.
JEAN-JACQUES BOURDIN Voilà, cest pour ça que je vous pose la question, qui dit il faudrait aller jusquà 200 000 euros. Oui, non ?
LAURENT WAUQUIEZ On va être simple. Un, dabord, avec notre groupe des députés de la droite sociale, on avait dit quil fallait absolument dans le cadre de ce plan une contribution des plus hauts revenus, parce que la justice elle se construit en luttant contre lassistanat, mais elle se construit aussi sur la question de léthique des plus hauts revenus dans ce pays. Donc on était favorable à cette contribution. Elle y est, cest bien, moi je trouve que si dans le débat parlementaire on peut approfondir les choses, aller plus loin
JEAN-JACQUES BOURDIN C'est-à-dire quon pourrait aller jusquà 200 000 euros ?
LAURENT WAUQUIEZ Et que les pistes qui sont avancées par Fabienne KELLER, en tout cas ça mérite un débat parlementaire. Et la droite sociale sera à ce rendez-vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous y êtes favorable ?
LAURENT WAUQUIEZ Jattends de voir le débat parlementaire, mais vous avez compris que ça mintéresse.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non, mais vous y êtes favorable ? Pourquoi ne pas dire jy suis favorable ?
LAURENT WAUQUIEZ Ça mintéresse, jattends de voir les tenants et les aboutissants dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous avez étudié le dossier quand même, non ?
LAURENT WAUQUIEZ Oui, mais
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous le connaissez, Laurent WAUQUIEZ. Ne me faites pas peur, vous le connaissez ?
LAURENT WAUQUIEZ Evidemment que je le connais, puisquon est même intervenu dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je sais, cest pour ça que je vous interroge.
LAURENT WAUQUIEZ Après, je suis membre du gouvernement, je moccupe de lenseignement supérieur, on va en dire aussi un petit mot. Il y a des propositions qui seront faites par la droite sociale, dans le débat parlementaire, on va les suivre.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais là vous êtes favorable ?
LAURENT WAUQUIEZ Je trouve que cest une proposition intéressante de la droite sociale.
JEAN-JACQUES BOURDIN Nouvelle tranche dimpôt sur les hauts revenus, cest ce quelle propose aussi, vous y êtes favorable ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, ça je ny suis pas favorable, pour une raison, cest quon sait très bien comment ça tourne quand les politiques commencent à toucher aux outils dimpôt sur le revenu. Cest toute les Français qui ensuite trinquent. Donc trafiquer sur le niveau des impôts, je ny suis pas favorable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors aujourdhui, est-ce que leffort demandé je vais être très bref est-ce que leffort demandé aux plus riches est suffisant ? Oui ou non ?
LAURENT WAUQUIEZ Je pense que cest déjà très bien quon ait un effort qui est demandé aux plus riches
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais est-ce quil est suffisant ?
LAURENT WAUQUIEZ Et que dans le cadre du débat parlementaire on doit se demander si on peut aller plus loin. Cest clair ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, il est suffisant ou pas ?
LAURENT WAUQUIEZ Je pense quon peut aller plus loin.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pourquoi ne pas dire il est insuffisant ?
LAURENT WAUQUIEZ Parce que déjà je trouve très bien quon ait cette contribution, cest un premier pas, cest un pas important. Ensuite il y a des parlementaires qui disent on peut aller plus loin, et bien moi je dis ça mérite dêtre regardé. Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN Chacun comprendra. Laurent WAUQUIEZ, parlons du logement étudiant. 2,3 millions étudiants en France, la moitié des étudiants vivent avec moins de 400 euros par mois, donc beaucoup sont obligés de travailler, et beaucoup sont obligés de se loger dans des conditions bien difficiles, bien difficiles. A tel point quon leur propose quoi, on leur propose 8 mètres carré à 5 ou 600 euros dans certaines villes, et, quest-ce que je dis, 5, 600 euros, peut-être plus, 700, 800 euros
LAURENT WAUQUIEZ Ça peut aller jusquà 800 euros à Paris.
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y a des pratiques, mais insupportables, que comptez-vous faire pour lutter contre cela, contre ces abus ?
LAURENT WAUQUIEZ Les conditions détudes, lamélioration des conditions détudes, du budget des étudiants et des familles, cest ma priorité sur cette rentrée. Quand je dis ça, ce nest pas des grandes paroles en lair. On a commencé et il y a des actes qui sont sur la table. Quest-ce quon a fait ? Première chose, améliorer les bourses. Il y avait 9 mois de bourse, 10 mois détudes, on est passé, là maintenant, à 10 mois de bourse, cest une question qui va beaucoup aider sur le budget des boursiers et des étudiants.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, premier mois de bourse versé quand ?
LAURENT WAUQUIEZ Ce sera versé mi-septembre pour tous les dossiers qui sont complets, les étudiants cest maintenant quils doivent sortir largent
JEAN-JACQUES BOURDIN 15 septembre ?
LAURENT WAUQUIEZ 15 septembre pour les dossiers qui sont complets, on a des très bonnes équipes de CROUS, auxquelles je rends hommage, cest les gens qui instruisent ces dossiers, ils sont très efficaces, on sera mi-septembre. Ce qui est quand même un record, parce que la décision je lai annoncée la semaine dernière, donc en moins de 3 semaines on laura appliquée sur le terrain, et je dis bien pour les dossiers complets, parce quun étudiant qui ne remplit pas son dossier on ne sait pas faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Evidemment.
LAURENT WAUQUIEZ Ça cest la première chose. Mais ça ne suffit pas. Là encore, toujours la même conviction pour moi, il y a les familles dans lesquelles vous allez avoir deux personnes au SMIC, qui vont être au-dessus des seuils daide de bourse, ça fait partie des 3 étudiants sur 4 pour lesquels ce nest pas forcément évident de boucler son budget, même si les parents ont un emploi, et pour lesquels financer les études, le logement cest difficile. Cest pour ça que jai voulu mattaquer au principal sujet de dépenses, le poste de logement, ce que vous avez dénoncé, pour les étudiants cest la principale dépense, avec une mesure de bon sens. Quest-ce qui se passe à la rentrée quand vous rentrez dans votre logement étudiant, on vous demande 1 mois de caution. Ce nest pas accessoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Un mois ou plus.
LAURENT WAUQUIEZ 400, 500, 600
JEAN-JACQUES BOURDIN Un mois ou plus
LAURENT WAUQUIEZ La règle législative, la loi, et je le dis bien pour que tout le monde le sache, un propriétaire na pas le droit de vous demander plus dun mois.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais il y a beaucoup de propriétaires qui demandent beaucoup plus Laurent WAUQUIEZ.
LAURENT WAUQUIEZ Je vais y venir. On va enclencher des phases de contrôles aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN On va en parler.
LAURENT WAUQUIEZ Ça cest le premier point. Le deuxième point cest quon vous demande la caution de votre famille, on dit « moi je veux un chèque de quelquun qui sengage, si jamais il y a un problème, à payer. » Toutes les familles nont pas les moyens de proposer cette caution. Et donc pendant lété on a travaillé dessus, jai fait des déplacements sur le terrain, et on a trouvé un dispositif qui, à mon avis, est un très bon sujet de bon sens. Un fonds, alimenté par les banques, qui ont accepté de rentrer dedans, cest bien, parce que cest un signe, les banques on a beaucoup critiqué, je trouve bien aussi quelles soient
JEAN-JACQUES BOURDIN Quon a beaucoup aidé aussi.
LAURENT WAUQUIEZ Et quon a beaucoup aidées, et bien je trouve bien que sur ce sujet elles soient capables de montrer quelles vont aider les étudiants aussi. Et je les réunis cet après-midi à mon ministère, jespère quon convaincra les principaux réseaux bancaires de sengager. Ce fonds va servir à quoi, deux choses. Un, les étudiants nauront plus à sortir le mois de garantie, cest le fonds qui le sortira. On épargne sur la rentrée, dans le budget des étudiants, entre 500 et 800 euros de sortie de trésorerie, ce nest pas rien pour les familles. Et deuxio, cest nous qui produirons la caution. C'est-à-dire quil ny aura plus besoin de demander à des familles de produire la caution pour le logement de leur enfant, cest ce fonds qui le prendra en charge.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais alors ça cest une expérience, on est bien daccord ?
LAURENT WAUQUIEZ Moi je naime pas lancer les choses en lair, donc on va lexpérimenter sur deux académies, Lille et Lyon, 200 000 étudiants. Mais surtout ce qui mintéresse, cest que ça coûte combien ? 1 million deuros. Avec 1 million deuros de trésorerie, on arriver à aider 200 000 étudiants. Ça montre que si on est un peu malin
JEAN-JACQUES BOURDIN 2,3 millions étudiants, cest ça ?
LAURENT WAUQUIEZ Oui, mais là on commence sur Lille et Lyon, 200 000 étudiants
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc sur 2 millions ça fait 10 fois plus ! Ça va coûter 10 fois plus.
LAURENT WAUQUIEZ On va voir en fonction des résultats de lexpérimentation. JEAN-JACQUES BOURDIN Ça va coûter 100 millions deuros.
LAURENT WAUQUIEZ Non, 10 millions.
JEAN-JACQUES BOURDIN 10 millions, 1 milliard.
LAURENT WAUQUIEZ 10 millions deuros.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, 10 millions deuros dans un premier temps, mais 1 milliard au bout du compte.
LAURENT WAUQUIEZ Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN Lannée prochaine.
LAURENT WAUQUIEZ Juste, quest-ce que ça montre, ça montre que quand on a un tout petit peu de bon sens, quand on va chercher des idées simples, on peut arriver à trouver des aides et des bons dispositifs. Ça cest une question de bon sens, déviter à nos étudiants de sortir ce mois de garantie.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parlons quand même de ces abus. Quest-ce que vous pouvez faire pour lutter contre ça ? Parce que les témoignages, vous les connaissez, vous les avez, je les reçois, les témoignages.
LAURENT WAUQUIEZ Je suis allé à Lille, où jai eu des témoignages là-dessus, témoignages de logements insalubres, témoignages de surloyers pour des mini surfaces.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ça fait des mois et des mois que jentends ça ! Que faites-vous, avec Benoist APPARU ?
LAURENT WAUQUIEZ Quest-ce quon va faire. Dabord, première chose, campagne de contrôles. Il y a des règles dans ce pays, vous ne pouvez pas mettre nimporte quel loyer, il y a des règles sur la salubrité, jai demandé à la DGCCRF, en lien avec Frédéric LEFEBVRE et avec les équipes de Bercy, de pouvoir aller contrôler sur les pratiques qui sont malsaines. Deuxième chose, je veux donner une plus-value aux propriétaires qui jouent le jeu, et mettre à lindex ceux qui ne jouent pas le jeu. Ça veut dire quoi ? Par exemple à Lille on fait une base de données pour tous les propriétaires qui respectent les règles, des logements bien insonorisés, des logements sur lesquels les dépenses dénergie sont raisonnables, des logements avec des loyers qui sont raisonnables, eux on les aide. On met leurs logements sur les bases de données, ces logements sont loués tout de suite, donc ils ont une plus value. Et à linverse, ceux qui sont des propriétaires indélicats, on va les mettre sur des listes rouges, et eux ne seront pas aidés. Par exemple le dispositif de caution, qui est quand même une garantie pour un propriétaire, ça veut dire quil est sûr dêtre remboursé, on ne le fera que pour les propriétaires qui louent à des tarifs raisonnables aux étudiants. Et je pense quen faisant ça, on accompagne les propriétaires qui jouent le jeu, on met au pilori ceux qui ne jouent pas le jeu, on peut arriver à redresser les choses.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et bien nous verrons, nous verrons Laurent WAUQUIEZ. Jattends les témoignages.
LAURENT WAUQUIEZ On aura toujours des témoignages dabus, mais ce quil faut cest pas baisser les bras.
JEAN-JACQUES BOURDIN Laurent WAUQUIEZ, vous avez comme moi examiné toutes les mesures, vous avez participé à lélaboration des mesures présentées par François FILLON la semaine dernière. Selon vous, quelle est la plus impopulaire ?
LAURENT WAUQUIEZ Celle qui pour moi était la plus symbolique, et je ne suis pas sûr dailleurs que cétait la meilleure, et on doit pouvoir le corriger, cest cette mesure quand même sur les parcs à thèmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous croyez que la plus impopulaire ce nest pas celle-là ?
LAURENT WAUQUIEZ On en a beaucoup parlé, parce quelle était très symbolique.
JEAN-JACQUES BOURDIN De toute façon vous allez revenir dessus.
LAURENT WAUQUIEZ On va essayer en tout cas François BAROIN a dit quil était ouvert dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais quelle est la mesure la plus impopulaire ?
LAURENT WAUQUIEZ Visiblement vous avez votre idée.
JEAN-JACQUES BOURDIN Jai mon idée parce que jentends, jai mon idée parce que jai les auditeurs qui mappellent, qui me disent. Vous savez ce que cest la plus impopulaire ? Cest laugmentation des mutuelles.
LAURENT WAUQUIEZ On men a beaucoup parlé chez moi en Haute-Loire, aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN En Haute-Loire, je suis sûr quon vous en a beaucoup parlé. Et dailleurs, quand je suis étudiant, pour moffrir une mutuelle, ce nest pas facile, alors là si en plus ces mutuelles augmentent pour les étudiants, là il ny a pas un petit geste à faire, il ny a pas non ? Les exempter, je ne sais pas, les aider encore un peu plus, je ne sais pas, non ?
LAURENT WAUQUIEZ Alors, sur les mutuelles étudiantes, on a un dispositif, qui est un dispositif daide, qui est un accompagnement aux étudiants pour se payer sa mutuelle étudiante. On a à peu près 9 étudiants sur 10, ce qui est pas mal, qui ont une mutuelle, mais il y a 1 étudiant sur 10 qui na pas mutuelle.
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui na pas de mutuelle, donc qui se soigne mal, qui ne se soigne pas.
LAURENT WAUQUIEZ Et qui sacrifie sa santé. Et donc, par ce biais-là, cest une aide quon peut mobiliser, qui peut être actionnée au niveau des CROUS, elle nest pas accessible à tout le monde, cest vraiment sur les étudiants qui ont le plus de difficultés, mais voilà un exemple concret de ce que dans mon domaine on peut faire sur la santé.
EAN-JACQUES BOURDIN Oui, ce quon peut faire, mais on peut aller plus loin, non ? Je ne sais pas, la mutuelle on peut la rendre, je ne sais pas
LAURENT WAUQUIEZ Déjà on peut commencer à bien le faire tourner, cest la première chose, je ne suis pas sûr que tout le monde connaît lexistence de cette aide, je ne suis pas sûr quelle est bien utilisée, bien connue, ça fait partie déléments sur lesquels on peut avancer.
JEAN-JACQUES BOURDIN Un dernier chiffre. Un tiers des étudiants renonçait à une consultation en 2011.
LAURENT WAUQUIEZ Cest des chiffres de lObservatoire de la vie étudiante, et pourquoi ? Dabord parce que sur les campus on ne parle pas assez de santé étudiante, ensuite parce que sur le travail de prévention je pense quon peut faire plus. La prévention, la santé étudiante, ce nest pas des sujets qui doivent être la dernière roue du carrosse. Jai peut-être, avec Xavier BERTRAND, bientôt des initiatives quon va prendre sur le sujet, on poursuit lamélioration des conditions détudes.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je suis content. Merci Laurent WAUQUIEZ dêtre venu nous voir.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 1er septembre 2011