Texte intégral
Les maladies non transmissibles (MNT) sont un des défis majeurs auxquels nos systèmes de santé sont aujourdhui confrontés. Nous connaissons le nombre de victimes, 36 millions. Nous connaissons les objectifs ambitieux, moins 25%. Mais je le dis, cela ne sera possible que sil y a une réelle prise de conscience, un changement des comportements mais certainement aussi des mesures plus contraignantes et des financements innovants.
Cest un défi parce que contrairement aux maladies transmissibles les MNT ont de multiples causes, sanitaires, mais aussi culturelles et sociales.
Certains modes de vie, certains comportements, comme le tabagisme, la sédentarité, lusage nocif de lalcool et une alimentation déséquilibrée en sont la cause. La seule réponse sanitaire nest donc pas suffisante. Soigner ne suffit pas et il faut aussi prévenir.
Prenons par exemple la lutte contre lobésité : cest un fléau. Ce sont de multiples causes et il faut mener la lutte sur plusieurs fronts : en amont de la prise en charge médicale des personnes obèses, je crois à léducation pour changer les comportements, pour prendre des habitudes alimentaires saines, et pour promouvoir lexercice physique à tout âge, cest lutter aussi contre les inégalités sociales qui jouent un rôle si important dans les problèmes dobésité. Cest aussi agir sur loffre alimentaire pour faciliter laccès à une alimentation équilibrée. Cest lapproche du plan obésité que nous portons en France, en complément dun Programme National Nutrition Santé (PNNS), mais je le dis, il faut certes inciter, mais il faut aussi travailler sur dautres mesures, plus contraignantes, si nous voulons voir changer les comportements, notamment ceux des fabricants. De la même façon, les recommandations de lOMS sur la taxation des produits sucrés et des boissons sucrés pour faire changer les comportements est aussi une voie quil faut explorer. Avec le Plan Cancer, nous voulons dans mon pays intégrer toutes les dimensions de la question, la lutte contre les causes multiples, le dépistage, la prise en charge, laccompagnement, le rôle des aidants et bien évidemment la recherche.
Je veux saluer le rôle de lOMS pour coordonner cette action avec toutes les organisations internationales que ce soit dans le domaine du travail, de lenvironnement, du développement ou de léducation, qui jouent un rôle clef pour la prévention.
Jai eu loccasion de le dire à lOMS, à Genève, en mai dernier et je veux le redire aujourdhui : nous devons agir pour que lensemble des pays prennent conscience de lenjeu des MNT et inscrivent cette problématique dans lagenda du développement au niveau mondial. Entendons-nous bien : tout est important en matière de santé. Tout est important - la sécurité sanitaire, les maladies infectieuses - mais il sagit aussi dinscrire les MNT au cur de notre agenda.
En donnant accès à la prévention et aux soins de santé primaires, et je pense notamment que la convention cadre de lutte contre le tabac initiée par lOMS est exemplaire. Une convention signée, cest bien, mais une bonne convention -comme cest le cas- appliquée, cest encore mieux. Nous savons quelles sont les actions. En 2006 pour ma part, jai voulu mettre en place en France linterdiction de fumer dans les lieux publics, pour lutter contre le tabagisme passif, pour changer les comportements, mais il nous faut encore aller plus loin.
Par ailleurs, cette lutte contre les MNT sinscrit ainsi pleinement dans lune des priorités du G20, et au titre de la présidence française nous voulons renforcer la protection sociale, à travers le développement de socles de protection sociale adaptés à la situation de chaque pays.
Nous avons bien évidemment des besoins importants : il faudra des moyens plus importants, et il faut réfléchir aux financements innovants.
Je lai dit, tout est important en matière de santé, mais face aux contraintes des pays pour augmenter laide publique, chacun sait que les financements innovants seront une nécessité pour demain et après-demain, par exemple la réflexion portée par lOMS sur une contribution des fabricants de tabac nest pas pour moi une question taboue. Si nous navançons pas dans ces voies aussi, les moyens engagés ne seront pas suffisants pour relever ces défis.
Mesdames et messieurs,
Le rôle de la communauté internationale est de permettre laccès de tous aux soins essentiels, aux traitements essentiels, et de trouver les meilleures réponses pour prévenir et lutter contre les MNT.
En lien avec lOMS, nous avons toutes et tous une responsabilité majeure en tant que ministres notamment pour agir en ce sens.
Je vous remercie.
Source http://www.franceonu.org, le 20 septembre 2011