Interview de M. Alain Madelin, président de Démocratie libérale, à RMC le 16 mai 2001, sur le débat sur le projet de loi d'autonomie de la Corse.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

Laurent Saigre : Alain Madelin, Bonjour.
Alain Madelin : Bonjour.
LS : Alors, M. Madelin, à DL certains voteront pour.
AM : oui.
LS : Certains voteront contre.
AM : Oui. D'autres s'abstiendront encore.
LS : C'est vraiment le pluralisme chez vous.
AM : Moi, j'ai annoncé depuis le début que je suis pour ce texte. Et pour peu qu'on en ait gommé quelques aspérités, ce qui est fait, ce texte ne mérite absolument pas tout l'excès de passion, d'invective que nous avons entendu l'été dernier. Il est vrai qu'aujourd'hui la passion est un peu retombée et qu'il y a eu davantage de réflexions. Mais tout le monde sait bien aujourd'hui que ce texte est l'aboutissement d'une discussion avec la majorité des élus corses, une majorité républicaine, profondément attachée à la France. Et ne disons pas que c'est une discussion avec les indépendantistes, cela n'a rien à voir. C'est cette majorité des élus corses. Imaginez que nous désavouons cette majorité d'élus corses qui veut ce texte, la majorité de la population corse qui veut ce texte. Qu'est-ce qui se passerait ? Tous les élus corses seraient désavoués. Et alors ce serait vraiment là faire le jeu des indépendantistes. Ce serait un cataclysme considérable en Corse. Donc rien que cette raison doit appeler chacun à la responsabilité.
LS : Cette nuit, à l'Assemblée, l'ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, a accusé votre collègue de parti, José Rossi, qui préside l'Assemblée territoriale de Corse, d'avoir secondé les indépendantistes. Que répondez-vous à M. Chevènement ?
AM : Que M. Chevènement ferait bien de se taire ! Il s'est toujours trompé sur tout et que particulièrement, s'il y a eu besoin d'un texte et d'un statut nouveau pour la Corse, c'est après l'échec de sa politique, la politique du préfet Bonnet. Politique ridicule, absurde, qui a ridiculisé l'Etat. Et je tiens à rappeler que c'est M. Chevènement qui disait : " M. Bonnet est l'homme qu'il faut là où il faut ". Alors M. Chevènement ferait bien de se taire.
LS : Vous n'avez pas l'impression que le dossier Corse c'est un peu l'otage de la présidentielle de l'année prochaine ?
AM : Oh, non, pas du tout, je ne vois vraiment pas le rapport entre les deux.
LS : Eh bien, le fait que le climat politique est en train de se tendre.
AM : Je ne crois pas. Très sincèrement j'ai le sentiment qu'il y a eu beaucoup d'évolutions par rapport aux passions de l'été dernier et que cela se fait de façon quand même plus détendue au contraire qu'au début. L'enjeu de la prochaine élection présidentielle, un des enjeux, un des 4 enjeux principaux, ce sera une vraie révolution régionale. Elle a lieu partout autour de nous. On sait qu'aujourd'hui un pays moderne doit pratiquer une très forte dévolution des pouvoirs vers les régions. Et là c'est un peu un test. Qui est vraiment régionaliste ? Alors moi, j'adore les gens qui disent : " On est pour une décentralisation très forte, pour un vrai pouvoir régional, mais pas pour la Corse ". Moi je dis, depuis le début, ce que je reproche au gouvernement : le gouvernement a fait une erreur, il a eu tort de faire une exception corse. Il aurait dû faire une politique pour l'ensemble des régions françaises dans laquelle aurait pris place un statut spécifique pour la Corse.
LS : Alain Madelin, merci.
(Source http://www.demlib.com, le 22 mai 2001)