Déclaration de MMe Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur les dispositifs d'accompagnement dans l'économie sociale et solidaire, Paris le 12 octobre 2011.

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Circonstance : Rencontres nationales des dispositifs locaux d'accompagnement à Paris le 12 octobre 2011

Texte intégral


DLA : Dispositif Local d’Accompagnement.
Thème des rencontres 2011 : « Accompagner les mutations associatives pour l’emploi et l’innovation »
Je suis très heureuse de participer à ces rencontres nationales 2011 consacrées au dispositif local d’accompagnement (DLA).
En permettant un diagnostic partagé de vos différentes structures et une aide adaptée à votre diversité, il constitue à n’en pas douter, pour vous toutes et vous tous, un outil innovant, au service de votre développement.
C’est pour moi une occasion privilégiée de venir à votre rencontre, vous qui, chaque jour, faites vivre l’économie sociale et solidaire (ESS), un secteur auquel, vous le savez, je suis attachée.
Vous avez fait le choix exigeant de placer au cœur de ces journées les mutations et les évolutions du paysage associatif.
Je vous en félicite et souhaite que cette réflexion menée avec les différents acteurs – Etat, collectivités et monde associatif – soit féconde.
La diversité, donc : c’est bien d’abord cela qui caractérise l’économie sociale et solidaire (ESS).
Et cette diversité, elle repose en grande partie sur le dynamisme des associations, dont vous êtes des acteurs investis.
Ainsi, sur les 215 000 structures relevant du secteur, 180 000 sont des associations. Ces dernières, à elles seules, emploient 1 million de personnes, ce qui est considérable.
Alors, comment expliquer une telle vitalité ?
D’abord, par la grande liberté associative que la loi de 1901, tout en fixant un cadre, a favorisée, encourageant ainsi l’esprit d’entreprendre et de faire ensemble.
J’y vois une belle illustration de la vitalité démocratique de notre pays, aussi inscrite au cœur de la philosophie et de la gouvernance de l’économie sociale et solidaire, secteur dans lequel chaque voix a la même importance.
Cette vitalité des associations engagées résulte aussi de ce que chacune œuvre au service de l’intérêt général, une notion à laquelle, je sais que vous êtes sensibles et anime vos actions de terrain.
L’intérêt général, c’est œuvrer pour tous : pour la France, pour nos concitoyens, et notamment pour les plus malmenés par la vie.
En cela, elle contribue à renforcer notre cohésion sociale et les valeurs de solidarité sur lesquelles elle est fondée.
Mais, dans un monde aussi mouvant que le nôtre, comment concilier ces aspirations légitimes des associations de l’ESS à la démocratie et à la citoyenneté avec l’exigence de développement économique ?
Vous avez montré que c’est possible !
D’abord grâce à l’innovation sociale, sur laquelle ces rencontres se penchent tout particulièrement cette année.
C’est en effet en inventant de nouvelles solutions au plus près des besoins de nos concitoyens, que vous répondez le plus justement à leurs attentes.
De nouvelles formes de l’entrepreneuriat ont vu le jour.
Je pense par exemple aux sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC), qui permettent de réunir en une seule structure toute la diversité des acteurs et interlocuteurs de l’ESS : associations, collectivités locales, coopératives et entreprises.
Ce nouveau modèle est certes un modèle économique, mais aussi une mutualisation de compétences et de savoir-faire diversifiés, au service de l’intérêt général.
C’est sans doute pour le DLA un champ à explorer.
L’innovation sociale donc, mais aussi la performance, à laquelle, je crois, vous avez consacré ce matin une table ronde.
Car l’intérêt général n’est pas incompatible avec la notion de performance, bien au contraire.
A la fois sociale et économique, cette dernière se caractérise par la recherche d’un ancrage territorial fort, grâce auquel les structures de l’économie sociale et solidaire, et notamment les associations, créent des emplois moins exposés à des délocalisations et mobilisent les salariés autour d’un projet fédérateur.
A cet égard, vous le savez, dans le cadre du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire, j’ai moi-même mis en place, sous la responsabilité de Thierry Sibieude, un groupe de travail destiné à mesurer l’impact social des structures de l’économie sociale et solidaire, notamment dans le secteur de l’insertion.
Car valoriser l’impact social d’une structure, c’est lui permettre de défendre son modèle économique face à des structures de l’économie classique.
C’est lui permettre d’accéder à de nouveaux marchés, à de nouveaux financements.
C’est donc un facteur indispensable pour le succès du développement de l’économie sociale et solidaire.
Elaborer des outils de mesure qui aient du sens et qui soient accessibles à ceux qui s’en serviront est une tâche complexe. Ils doivent en effet tenir compte, comme l’a défini le groupe de travail de Thierry Sibieude, de différents critères, notamment le bien-être individuel et la responsabilité de l’entreprise.
Je rappelle que l’Etat s’engage depuis des années à vos côtés, notamment au plan organisationnel et financier, pour encourager et développer les outils permettant de démontrer, si besoin en était, l’apport et l’efficacité de l’économie sociale et solidaire.
Ces outils doivent faire la preuve de leur utilité sur le terrain. C’est pourquoi je vais accorder à ce groupe de travail une subvention pour lui permettre de les expérimenter.
L’innovation sociale, la performance, mais aussi, dans un contexte mondialisé, la professionnalisation.
La professionnalisation, et d’abord celle des bénévoles, notamment grâce aux centres de ressources et d’information des bénévoles (CRIB).
C’est à ces millions de héros anonymes que l’Année européenne du bénévolat rend l’hommage qu’ils méritent.
Profondément investis, les bénévoles attestent en effet le formidable élan de générosité qui existe dans notre pays.
A toutes et à tous, j’adresse mes plus vifs remerciements pour leur engagement sans faille et profondément désintéressé.
Je pense notamment aux bénévoles retraités – un retraité sur deux s’engage aujourd’hui, de manière régulière, dans une activité bénévole, comme le soutien scolaire ou l’aide aux plus démunis.
Ainsi, ils illustrent bien le principe du vieillissement actif et contribuent à faire vivre ce lien intergénérationnel qui nous est si cher.
Professionnalisation des bénévoles, professionnalisation, aussi, des structures et des salariés.
Là encore, l’enjeu est de taille : il s’agit d’accompagner au plus près des structures caractérisées par leur grande diversité.
C’est tout l’objectif, précisément, du DLA, qui doit être pour vous un précieux outil à la professionnalisation.
Je sais que c’est d’ailleurs comme cela que vous le percevez, parce que je connais votre profond attachement à ce dispositif.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous avez souhaité qu’il puisse être évalué.
Avec Xavier Bertrand, nous avons répondu positivement à votre demande en confiant une mission à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS).
Cette mission a débuté en juillet dernier et nombre d’entre vous ont déjà rencontré les inspecteurs. Elle me rendra ses conclusions avant la fin de l’année sur les trois points suivants :
* identifier les caractéristiques des structures bénéficiaires ;
* évaluer la pérennité et les caractéristiques des emplois créés ou consolidés ;
* évaluer l’impact du DLA sur l’activité économique de la structure.
Pour l’heure, je veux vous redire ici combien vous êtes essentiels dans notre paysage économique et social.
Nous avions échangé ensemble, avant l’été, sur l’idée d’une loi-cadre, lors de la dernière séance plénière du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire. C’est pourquoi je viens d’adresser une lettre au bureau du Conseil pour en poser les premiers jalons.
Je lui ai demandé d’organiser un travail d’élaboration commun avec la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) et de me présenter un projet partagé par l’ensemble des acteurs lors de la prochaine réunion plénière de cette instance.
Je vous sais, comme moi, très attachés au travail que nous menons de longue date dans la confiance, depuis le rapport de Francis Vercamer.
J’en veux pour preuve l’implication du Gouvernement sur ce sujet, notamment à travers l’effort inédit que constitue l’enveloppe de 100 millions d’euros du Grand Emprunt.
Je compte sur vous pour aller toujours plus loin dans la promotion de l’économie sociale et solidaire.
Vous pouvez compter sur moi pour être une interlocutrice bienveillante.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 18 octobre 2011