Texte intégral
GILLES LECLERC Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, bonjour.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bonjour.
GILLES LECLERCJ ournée cruciale, journée de lEurope. On voit les titres de la presse ce matin : lEurope joue son avenir ? Journée de la dernière chance. Est-ce quil ny a pas une grande part quand même de dramatisation ? On a limpression que tous les sommets successifs, on annonce « sommet de la dernière chance ». Celui-là, cest vraiment le plus crucial ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je crois que celui-là est vraiment important et on le sent dans les titres, - cest bien que ça y soit reflété - cest à la fois le sommet de leuro mais cest aussi le sommet de lEurope. Les questions économiques et politiques là ne sont pas du tout déconnectées.
GILLES LECLERC On ne va pas tout résoudre quand même en une soirée.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On ne va pas tout résoudre mais la question, ce nest pas seulement la monnaie. La question cest quelle vision nous avons de lEurope, de la solidarité européenne, de lavenir de lEurope.
GILLES LECLERC Alors vous, votre vision justement puisque au-delà de la monnaie, votre vision de lEurope cest une vision franco, avec lAllemagne ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, sûrement pas. De toute façon, ça cest le couple franco-allemand, comme on dit, a toujours été un moteur, un axe autour duquel lEurope sorganisait. Moi je crois à lEurope. C'est-à-dire que je pense que leuro est un outil intéressant comme monnaie, mais surtout lEurope est notre espace politique et notre tremplin aussi pour aller au devant du monde, donc on a absolument besoin de trouver une solution ce soir et
GILLES LECLERC Est-ce que ce nest pas dabord pour rassurer les marchés ? Dabord ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Encore une fois, si cétait seulement une question économique ou monétaire, on pourrait raisonner comme ça, mais non. Derrière ce problème de confiance sur la monnaie, il y a un problème de vision politique : est-ce quon est encore dans un espace de solidarité et est-ce quon réussit à dépasser enfin, à intégrer à la notion de solidarité la notion de responsabilité ?
GILLES LECLERC Vous dites solidarité. Jai envie de vous dire : solidarité à 27 ou pas encore ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour le moment, la question elle se pose dans deux espaces : lespace euro à 17 et lespace Europe à 27. Et je le redis : les questions économiques et les questions politiques ne sont pas différenciées. Ce qui est important, cest quon réussisse à trouver les voies de la solidarité, quon ne laisse pas tomber les uns ou les autres, et quon le fasse dans un souci de responsabilité. Il y a certaines des solutions qui sont avancées par des personnalités de gauche jentendais Guillaume TABARD qui en faisait la liste tout à l'heure qui ne sont pas heu, qui ne sont pas efficaces de ce point de vue-là. Si on fait 100 % de solidarité sans se poser la question de la responsabilité des pays du Sud, sans les mettre en responsabilité pour quils fassent les réformes structurelles que nous avons fait et qui nous permettent aujourd'hui de mériter notre triple A qui nous permet demprunter bas sur les marchés
GILLES LECLERC On est encore sous surveillance tout de même. On na pas forcément fait tout le travail.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, mais enfin on la et on la notamment grâce à la réforme des retraites, au un sur deux (qui nest pas facile à porter) dans la fonction publique ; on la grâce à tout ça, grâce à ces efforts qui sont consentis par les Français avant tout.
GILLES LECLERC Guillaume TABARD ?
GUILLAUME TABARD Mais comment convaincre lopinion ? Parce que si on veut schématiser un peu les choses, ce quon entend et le sentiment qui est en train de sinstaller dans lopinion, cest quen gros on va imposer aux Français des mesures daustérité draconiennes tout ça pour faire plaisir aux marchés, pour sauver le triple A ou pour rattraper les erreurs dun pays comme la Grèce.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez. Si cétait pour faire plaisir aux marchés, pour sauver le triple A ou pour rattraper les erreurs dun pays comme la Grèce, ce serait illégitime, scandaleux, ça naurait pas de sens. On le fait on le fait dabord parce que cest notre équilibre, cest léquilibre de nos finances, cest léquilibre de notre société, cest léquilibre de nos emplois derrière. Si nous perdions aujourd'hui aujourd'hui nous payons 48 milliards par an dintérêt de la dette. Si nous perdions le triple A, ces 48 milliards deviendraient beaucoup plus parce que ce serait tout simplement plus cher demprunter sur les marchés, ils deviendraient progressivement plus parce que nos emprunts se feraient à un taux supérieur. Cest de largent qui est remboursé par les Français. Cest largent des Français.
GILLES LECLERC Mais est-ce quil ne faut pas réviser au plus vite ce quon attend de la croissance ? Par exemple Didier MIGAUD, président de la Cour des comptes, dit : « Le gouvernement doit réviser au plus vite tous ses chiffres ». Est-ce que forcément il fallait attendre un possible accord ce soir alors quon nen est pas encore certain ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais cette question cette question vient après. Elle vient après pour deux raisons.
GILLES LECLERC Il ny a pas urgence ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dabord les perspectives de croissance, elles dépendront beaucoup de la confiance quon peut avoir dans la zone euro. Les perspectives de croissance, elles sont liées à des fondamentaux économiques que nous croyons plutôt bons en France, mais elles sont liées aussi à la confiance quon peut avoir dans cet espace économique qui est le nôtre. Ça, cest la première chose. Puis la deuxième chose, cest que, dites, la question de savoir à quel prix on va rembourser notre dette qui est liée au triple A et au regard que les marchés portent sur nous.
GILLES LECLERC Donc vous dites : il faut faire les choses dans lordre.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest aujourd'hui quelle se pose. La croissance cest pour lannée prochaine ; là cest aujourd'hui.
GILLES LECLERC Donc vous voulez dire que Nicolas SARKOZY, qui doit intervenir à la télévision jeudi soir, pourrait annoncer quon révise les chiffres de la croissance et que donc, il faut rechercher de nouveau cinq à six milliards supplémentaires. Cest ça que vous voulez dire ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET En tout cas, cette question de la croissance elle ne se pose quaprès le sommet de ce soir. Je ne veux pas dire que le sommet de ce soir est notre horizon, mais enfin il est notre actualité, il est notre urgence et nous avons besoin que ce soit un moment économique, un moment politique fort. Cest ça que je veux dire. Cest que léconomie ici nest pas déconnectée de la politique et quheureusement quon a deux dirigeants européens qui font
GILLES LECLERC Et est-ce quon discute encore dégal à égal ? Quand on regarde les deux situations économiques des deux pays, entre la France et lAllemagne ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Est-ce que vous avez remarqué que toutes les initiatives sur ces sujets ont plutôt été prises par la France ? On a un talent en France à essayer de faire croire quon est moche, on nest pas beau, on est mauvais et cest les autres qui font tout et qui nous dominent. Ce nest pas la réalité !
GILLES LECLERC Guillaume ?
GUILLAUME TABARD Sauf que cest plutôt la position allemande qui paraît aujourd'hui lemporter et qui va sans doute l???emporter ce soir.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ah oui ? Vous trouvez ?
GUILLAUME TABARD Notamment par rapport au rôle de la Banque Centrale Européenne.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui. Ça fait des années, plus que des années, que la France milite pour un genre de gouvernement économique européen. Cest un sujet qui est aujourd'hui au coeur de la discussion, qui ne la pas été pendant des années et cest un sujet qui a toujours été porté par la France. Je veux dire
GUILLAUME TABARD On ne la pas et ce nest pas ce soir quon va lavoir, ce gouvernement économique européen.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non mais enfin, cest en ce moment quon en parle beaucoup et quon a des chances de progresser dans cette direction-là. La question ce nest pas est-ce que vous avez une petite victoire sur une bataille La question cest est-ce que dans la durée, vous imposez vos vues et est-ce que lEurope se construit aussi autour de vous. Bien lEurope, en ce moment elle se construit autour de la France comme le G20 a été inventé par le président de la République, G20 qui aura lieu, je le redis, la semaine daprès et qui a aussi son importance.
GUILLAUME TABARD Les 3 et 4 novembre à Cannes.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, à Cannes et qui a aussi que la France préside cette année et qui a aussi son importance. On peut être dans un cercle extrêmement vertueux, un cercle dans lequel on réussit son soir et on crée du coup une nouvelle dynamique, une dynamique qui paradoxalement peut être portée par lEurope alors que lEurope napparaît pas forcément très en forme en ce moment au G20. Ça, ça peut être un cercle formidablement vertueux cest pour ça que ça naurait pas de sens aujourd'hui dinviter à des révisions de croissance alors que notre actualité, elle est très offensive. Cest ça que je veux dire.
GILLES LECLERC Si jamais si jamais ce soir il ny avait pas daccord (on peut aussi se placer dans cette hypothèse-là), quest-ce que ça voudrait dire pour les entreprises et les ménages français ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je ne vais pas faire de la politique-fiction, surtout de la politique-fiction négative, vous voulez bien ?
GILLES LECLERC Bon. Donc vous nêtes pas dans ces scénarios-là ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET En plus, vous savez bien que les anticipations négatives entraînent des effets négatifs. Pourquoi vous voudriez aujourd'hui quon se mette à inquiéter tout le monde et à imaginer des scénarios
GILLES LECLERC Donc vous êtes sûre quil y aura un accord. Cest ça que vous voulez nous dire ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ah ! Moi je fais confiance au président de la République et à la chancelière je le dis : aux deux pour tout faire et je crois quils font tout pour quil y ait un accord. Et encore une fois, je pense que cest à la fois un enjeu économique et un enjeu politique.
GILLES LECLERC Guillaume ?
GUILLAUME TABARD Alors au sein du gouvernement, vous êtes en charge justement de lécologie et du développement durable. On se souvient des investissements importants décidés dans le cadre du Grenelle de lenvironnement je crois quon fête les quatre ans de ce Grenelle. Est-ce que vous ne craignez pas quà la faveur de cette crise et donc de la rigueur qui va être nécessaire, bien ce soient ces grands projets qui en pâtissent en premier ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest une question qui se pose à chaque fois quil y a une crise. À chaque fois quil y a une crise, elle fait ressurgir en fait des oppositions assez fortes sur la question environnementale. Tous ceux qui nont jamais cru à lenvironnement mais qui ont fait le dos rond parce quils avaient limpression quil y avait un effet de vague, se mettent à redire : « On na pas les moyens, cest la cerise sur le gâteau, cest le supplément dâme, on ne peut plus le financer ». Ils remontent au créneau là-dessus.
GUILLAUME TABARD En tout cas, François BAROIN nest pas loin de cette position.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et tous ceux qui pensent comme moi que lécologie cest une mutation positive de la société : cest des emplois, cest des technologies, cest de lindustrie aussi. Hier je fêtais les quatre ans du Grenelle de lenvironnement dans des industries qui ont bénéficié du Grenelle de lenvironnement. Moi ce que je crois, cest quen période de crise
GILLES LECLERC Donc vous voulez dire crise ou pas crise, lécologie ça reste une priorité quel que soit le contexte économique.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET En période de crise, on a encore plus besoin décologie.
GILLES LECLERC Daccord.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET La crise aujourd'hui, cest une crise du court-termisme ; cest une crise des horizons qui se rapprochent, qui se rapprochent. Lécologie, elle sert à mettre du long terme dans tout ça, elle sert à mettre du sens et elle sert à mettre des emplois parce que les technologies que nous développons aujourd'hui, le monde entier en a besoin. Nous pouvons les vendre. Hier jétais dans une boîte du côté de Vénissieux qui a crée 1 400 emplois autour de technologies qui sont portées par le Grenelle de lenvironnement. Alors cette opposition entre ceux qui veulent en profiter pour tuer en fait les politiques environnementales
GUILLAUME TABARD Entre Bercy et vous, quoi.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, pas forcément enfin, là vous caricaturez les choses dautant plus quil ny a quun gouvernement. Ce gouvernement dans lequel est Bercy aussi a fait le Grenelle de lenvironnement qui est le plus grand programme dinvestissement en faveur de lécologie mais ce mouvement on lobserve en ce moment en Europe. Moi jai regardé ce qui se passait dans les autres pays dEurope en matière décologie en ce moment. Eh bien je vais vous dire : je suis fière dêtre dans un pays qui ne coupe pas en ce moment ses investissements en matière décologie et qui au contraire avec le Grenelle de lenvironnement, les porte plus loin. Je pense que nous préparons lavenir. Je regarde les voisins. LItalie, ils ont divisé par dix leur budget dinvestissement. Le Portugal, ils ont fusionné le ministère de lÉcologie avec le ministère de lAgriculture. LEspagne, ils ont diminué par plus de 30 %, le Royaume Uni par 28 %.
GUILLAUME TABARD Et Nicolas SARKOZY vous a donné lassurance que le Grenelle serait sanctuarisé ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Le président de la République ma emmenée jeudi dernier fêter les quatre ans du Grenelle de lenvironnement. Vous pensez vraiment que le président de la République se serait déplacé pour dire : « On arrête » ? Non, ce nest pas ce quil a dit. Ce quil a dit cest 1/ on est fier de ce quon a fait ; 2/ on continue ; 3/ on veut aller plus loin et il ma demandé davancer sur un certain nombre de nouveaux sujets, notamment lefficacité énergétique, pour aller plus loin. Je prends juste lexemple de lefficacité énergétique. Aujourd'hui un ménage français, il dépense en moyenne 2 900 euros par an de facture énergétique. Cest un problème de pouvoir dachat, cest de largent jeté par les fenêtres. Je veux dire lessence que vous achetez pour votre voiture, cest de largent jeté par les fenêtres : vous ne le retrouverez pas. Cest un problème de compétitivité parce que les entreprises aussi, elles dépensent ça. Cest un problème de balance commerciale parce que pour beaucoup, cest du pétrole importé. Investir dans lefficacité énergétique, cest donc atteindre toutes ces cibles : la cible environnementale, la cible pouvoir dachat et cest créer des emplois non délocalisables parce que par exemple, quand vous faites de lisolation dans votre maison, cest rentable à tous points de vue et en plus cest des emplois en France.
GILLES LECLERC À propos dénergie, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, est-ce que larrêt prochain des centrales nucléaires en Allemagne pourrait poser un problème de ravitaillement en France ? Il y a une agence de conseil ce matin qui lexprime, CAPGEMINI ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest plutôt susceptible de poser un problème de ravitaillement en Allemagne. Aujourd'hui on a des systèmes
GILLES LECLERC Ça ne peut pas avoir de conséquences pour nous ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour être très précis, aujourd'hui on a des systèmes qui sont interconnectés. Les réseaux électriques sont interconnectés et léquilibre grosso modo, cest quon vend ce quon appelle de lélectricité de base en Allemagne, c'est-à-dire de lélectricité nucléaire, du fond la question du fond de cuve et ils nous vendent de temps en temps de la pointe, parce quon est meilleur en base et ils sont meilleurs en pointe. Ils pourraient à la faveur de leur transition, de leur retrait du nucléaire, devenir importateurs net de tout mais le système français na pas de raison den être profondément déséquilibré. Le problème, il est dabord pour eux. Pourquoi il est pour eux ?
GILLES LECLERC Donc pas de souci cet hiver pour les Français ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Jexplique en un mot pourquoi il est pour eux. Cest que ce nest pas vrai quon peut tout remplacer, une énergie de base par des énergies renouvelables. Un réseau, pour des raisons techniques, ne peut pas supporter plus de 30 % dénergie alternative. Lhydraulique est une énergie renouvelable non alternative mais léolien, le solaire, sont des énergies alternatives. Pour des raisons de stabilité du réseau, ces énergies ne peuvent pas représenter aujourd'hui plus de 30 % du réseau, donc si vous sortez du nucléaire, vous pouvez compenser par un peu defficacité énergétique, un peu dénergie renouvelable si vous avez de la marge, mais à un moment il faut aussi faire dautres énergies de base, donc les Allemands ils vont devoir faire comme ils font dailleurs déjà de la houille, du gaz, du gaz russe
GUILLAUME TABARD Alors le débat sur le nucléaire, il est vif à gauche en ce moment.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bref, des choses pas très contemporaines quand même, et problématiques pour lenvironnement.
GUILLAUME TABARD Oui. Donc débat vif à gauche sur le nucléaire. Les écologistes réclament une sortie totale, François HOLLANDE dit : « On réduit la part du nucléaire de 75 à 50 % ». Quand on est écologiste et de droite, on dit : « Quelle est la place du nucléaire ? » On la réduit ou pas ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Eh bien je vais vous dire. Avec le Grenelle de lenvironnement, la part du nucléaire réduit. François HOLLANDE, là-dessus, il est en retard comme sur beaucoup de sujets décologie. Comme quand il annonce le livret de développement durable qui existe depuis 2007 et sur lequel il y a déjà 70 000 milliards dencours. Dans le Grenelle de lenvironnement, on se donne comme objectif 23 % dénergies renouvelables sur toutes les énergies et plus encore dans la part électrique. Aujourd'hui le nucléaire est à presque 80, donc la part du nucléaire réduit automatiquement avec le Grenelle de lenvironnement.
GUILLAUME TABARD Mais il faut continuer à construire des centrales et à rénover celles qui existent.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais maintenant la question cest est-ce que vous vous donnez comme horizon ou pas la sortie du nucléaire ? Moi je pense que quand on a 80 % de nucléaire, se donner comme horizon la sortie du nucléaire, ça nest pas responsable. Il faudrait dire comment et personne personne à gauche ne dit jamais comment. Pour moi une politique énergétique sensée, elle repose dabord sur lefficacité énergétique. Je le disais : la meilleure énergie, cest celle quon ne consomme pas. Ensuite, sur les énergies renouvelables mais en développant des filières industrielles. Ça ne sert à rien de se donner des objectifs chiffrés si derrière ça va être de limportation déquipements qui ont été fabriqués ailleurs et par exemple en Chine. Notre objectif avec le Grenelle de lenvironnement cest de créer de lemploi et des filières industrielles chez nous. Et puis il y a la sûreté nucléaire. Moi je trouve quon ne parle pas beaucoup de sûreté nucléaire. Jai apprécié au moment de la réunion internationale que jai fait sur la sûreté nucléaire en juin lattitude des Allemands et des Suisses. Ils veulent sortir du nucléaire mais ils disaient sur sûreté, on est avec vous ; sur la sûreté, on a des politiques conjointes, on est daccord. On est ensemble sur la sûreté, on veut atteindre ensemble les objectifs sûreté. Vous pouvez être pour ou contre le nucléaire, sur la sûreté il faut être pour.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 8 novembre 2011
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bonjour.
GILLES LECLERCJ ournée cruciale, journée de lEurope. On voit les titres de la presse ce matin : lEurope joue son avenir ? Journée de la dernière chance. Est-ce quil ny a pas une grande part quand même de dramatisation ? On a limpression que tous les sommets successifs, on annonce « sommet de la dernière chance ». Celui-là, cest vraiment le plus crucial ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je crois que celui-là est vraiment important et on le sent dans les titres, - cest bien que ça y soit reflété - cest à la fois le sommet de leuro mais cest aussi le sommet de lEurope. Les questions économiques et politiques là ne sont pas du tout déconnectées.
GILLES LECLERC On ne va pas tout résoudre quand même en une soirée.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On ne va pas tout résoudre mais la question, ce nest pas seulement la monnaie. La question cest quelle vision nous avons de lEurope, de la solidarité européenne, de lavenir de lEurope.
GILLES LECLERC Alors vous, votre vision justement puisque au-delà de la monnaie, votre vision de lEurope cest une vision franco, avec lAllemagne ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, sûrement pas. De toute façon, ça cest le couple franco-allemand, comme on dit, a toujours été un moteur, un axe autour duquel lEurope sorganisait. Moi je crois à lEurope. C'est-à-dire que je pense que leuro est un outil intéressant comme monnaie, mais surtout lEurope est notre espace politique et notre tremplin aussi pour aller au devant du monde, donc on a absolument besoin de trouver une solution ce soir et
GILLES LECLERC Est-ce que ce nest pas dabord pour rassurer les marchés ? Dabord ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Encore une fois, si cétait seulement une question économique ou monétaire, on pourrait raisonner comme ça, mais non. Derrière ce problème de confiance sur la monnaie, il y a un problème de vision politique : est-ce quon est encore dans un espace de solidarité et est-ce quon réussit à dépasser enfin, à intégrer à la notion de solidarité la notion de responsabilité ?
GILLES LECLERC Vous dites solidarité. Jai envie de vous dire : solidarité à 27 ou pas encore ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour le moment, la question elle se pose dans deux espaces : lespace euro à 17 et lespace Europe à 27. Et je le redis : les questions économiques et les questions politiques ne sont pas différenciées. Ce qui est important, cest quon réussisse à trouver les voies de la solidarité, quon ne laisse pas tomber les uns ou les autres, et quon le fasse dans un souci de responsabilité. Il y a certaines des solutions qui sont avancées par des personnalités de gauche jentendais Guillaume TABARD qui en faisait la liste tout à l'heure qui ne sont pas heu, qui ne sont pas efficaces de ce point de vue-là. Si on fait 100 % de solidarité sans se poser la question de la responsabilité des pays du Sud, sans les mettre en responsabilité pour quils fassent les réformes structurelles que nous avons fait et qui nous permettent aujourd'hui de mériter notre triple A qui nous permet demprunter bas sur les marchés
GILLES LECLERC On est encore sous surveillance tout de même. On na pas forcément fait tout le travail.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, mais enfin on la et on la notamment grâce à la réforme des retraites, au un sur deux (qui nest pas facile à porter) dans la fonction publique ; on la grâce à tout ça, grâce à ces efforts qui sont consentis par les Français avant tout.
GILLES LECLERC Guillaume TABARD ?
GUILLAUME TABARD Mais comment convaincre lopinion ? Parce que si on veut schématiser un peu les choses, ce quon entend et le sentiment qui est en train de sinstaller dans lopinion, cest quen gros on va imposer aux Français des mesures daustérité draconiennes tout ça pour faire plaisir aux marchés, pour sauver le triple A ou pour rattraper les erreurs dun pays comme la Grèce.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez. Si cétait pour faire plaisir aux marchés, pour sauver le triple A ou pour rattraper les erreurs dun pays comme la Grèce, ce serait illégitime, scandaleux, ça naurait pas de sens. On le fait on le fait dabord parce que cest notre équilibre, cest léquilibre de nos finances, cest léquilibre de notre société, cest léquilibre de nos emplois derrière. Si nous perdions aujourd'hui aujourd'hui nous payons 48 milliards par an dintérêt de la dette. Si nous perdions le triple A, ces 48 milliards deviendraient beaucoup plus parce que ce serait tout simplement plus cher demprunter sur les marchés, ils deviendraient progressivement plus parce que nos emprunts se feraient à un taux supérieur. Cest de largent qui est remboursé par les Français. Cest largent des Français.
GILLES LECLERC Mais est-ce quil ne faut pas réviser au plus vite ce quon attend de la croissance ? Par exemple Didier MIGAUD, président de la Cour des comptes, dit : « Le gouvernement doit réviser au plus vite tous ses chiffres ». Est-ce que forcément il fallait attendre un possible accord ce soir alors quon nen est pas encore certain ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais cette question cette question vient après. Elle vient après pour deux raisons.
GILLES LECLERC Il ny a pas urgence ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Dabord les perspectives de croissance, elles dépendront beaucoup de la confiance quon peut avoir dans la zone euro. Les perspectives de croissance, elles sont liées à des fondamentaux économiques que nous croyons plutôt bons en France, mais elles sont liées aussi à la confiance quon peut avoir dans cet espace économique qui est le nôtre. Ça, cest la première chose. Puis la deuxième chose, cest que, dites, la question de savoir à quel prix on va rembourser notre dette qui est liée au triple A et au regard que les marchés portent sur nous.
GILLES LECLERC Donc vous dites : il faut faire les choses dans lordre.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest aujourd'hui quelle se pose. La croissance cest pour lannée prochaine ; là cest aujourd'hui.
GILLES LECLERC Donc vous voulez dire que Nicolas SARKOZY, qui doit intervenir à la télévision jeudi soir, pourrait annoncer quon révise les chiffres de la croissance et que donc, il faut rechercher de nouveau cinq à six milliards supplémentaires. Cest ça que vous voulez dire ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET En tout cas, cette question de la croissance elle ne se pose quaprès le sommet de ce soir. Je ne veux pas dire que le sommet de ce soir est notre horizon, mais enfin il est notre actualité, il est notre urgence et nous avons besoin que ce soit un moment économique, un moment politique fort. Cest ça que je veux dire. Cest que léconomie ici nest pas déconnectée de la politique et quheureusement quon a deux dirigeants européens qui font
GILLES LECLERC Et est-ce quon discute encore dégal à égal ? Quand on regarde les deux situations économiques des deux pays, entre la France et lAllemagne ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Est-ce que vous avez remarqué que toutes les initiatives sur ces sujets ont plutôt été prises par la France ? On a un talent en France à essayer de faire croire quon est moche, on nest pas beau, on est mauvais et cest les autres qui font tout et qui nous dominent. Ce nest pas la réalité !
GILLES LECLERC Guillaume ?
GUILLAUME TABARD Sauf que cest plutôt la position allemande qui paraît aujourd'hui lemporter et qui va sans doute l???emporter ce soir.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ah oui ? Vous trouvez ?
GUILLAUME TABARD Notamment par rapport au rôle de la Banque Centrale Européenne.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui. Ça fait des années, plus que des années, que la France milite pour un genre de gouvernement économique européen. Cest un sujet qui est aujourd'hui au coeur de la discussion, qui ne la pas été pendant des années et cest un sujet qui a toujours été porté par la France. Je veux dire
GUILLAUME TABARD On ne la pas et ce nest pas ce soir quon va lavoir, ce gouvernement économique européen.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non mais enfin, cest en ce moment quon en parle beaucoup et quon a des chances de progresser dans cette direction-là. La question ce nest pas est-ce que vous avez une petite victoire sur une bataille La question cest est-ce que dans la durée, vous imposez vos vues et est-ce que lEurope se construit aussi autour de vous. Bien lEurope, en ce moment elle se construit autour de la France comme le G20 a été inventé par le président de la République, G20 qui aura lieu, je le redis, la semaine daprès et qui a aussi son importance.
GUILLAUME TABARD Les 3 et 4 novembre à Cannes.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, à Cannes et qui a aussi que la France préside cette année et qui a aussi son importance. On peut être dans un cercle extrêmement vertueux, un cercle dans lequel on réussit son soir et on crée du coup une nouvelle dynamique, une dynamique qui paradoxalement peut être portée par lEurope alors que lEurope napparaît pas forcément très en forme en ce moment au G20. Ça, ça peut être un cercle formidablement vertueux cest pour ça que ça naurait pas de sens aujourd'hui dinviter à des révisions de croissance alors que notre actualité, elle est très offensive. Cest ça que je veux dire.
GILLES LECLERC Si jamais si jamais ce soir il ny avait pas daccord (on peut aussi se placer dans cette hypothèse-là), quest-ce que ça voudrait dire pour les entreprises et les ménages français ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je ne vais pas faire de la politique-fiction, surtout de la politique-fiction négative, vous voulez bien ?
GILLES LECLERC Bon. Donc vous nêtes pas dans ces scénarios-là ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET En plus, vous savez bien que les anticipations négatives entraînent des effets négatifs. Pourquoi vous voudriez aujourd'hui quon se mette à inquiéter tout le monde et à imaginer des scénarios
GILLES LECLERC Donc vous êtes sûre quil y aura un accord. Cest ça que vous voulez nous dire ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ah ! Moi je fais confiance au président de la République et à la chancelière je le dis : aux deux pour tout faire et je crois quils font tout pour quil y ait un accord. Et encore une fois, je pense que cest à la fois un enjeu économique et un enjeu politique.
GILLES LECLERC Guillaume ?
GUILLAUME TABARD Alors au sein du gouvernement, vous êtes en charge justement de lécologie et du développement durable. On se souvient des investissements importants décidés dans le cadre du Grenelle de lenvironnement je crois quon fête les quatre ans de ce Grenelle. Est-ce que vous ne craignez pas quà la faveur de cette crise et donc de la rigueur qui va être nécessaire, bien ce soient ces grands projets qui en pâtissent en premier ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest une question qui se pose à chaque fois quil y a une crise. À chaque fois quil y a une crise, elle fait ressurgir en fait des oppositions assez fortes sur la question environnementale. Tous ceux qui nont jamais cru à lenvironnement mais qui ont fait le dos rond parce quils avaient limpression quil y avait un effet de vague, se mettent à redire : « On na pas les moyens, cest la cerise sur le gâteau, cest le supplément dâme, on ne peut plus le financer ». Ils remontent au créneau là-dessus.
GUILLAUME TABARD En tout cas, François BAROIN nest pas loin de cette position.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et tous ceux qui pensent comme moi que lécologie cest une mutation positive de la société : cest des emplois, cest des technologies, cest de lindustrie aussi. Hier je fêtais les quatre ans du Grenelle de lenvironnement dans des industries qui ont bénéficié du Grenelle de lenvironnement. Moi ce que je crois, cest quen période de crise
GILLES LECLERC Donc vous voulez dire crise ou pas crise, lécologie ça reste une priorité quel que soit le contexte économique.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET En période de crise, on a encore plus besoin décologie.
GILLES LECLERC Daccord.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET La crise aujourd'hui, cest une crise du court-termisme ; cest une crise des horizons qui se rapprochent, qui se rapprochent. Lécologie, elle sert à mettre du long terme dans tout ça, elle sert à mettre du sens et elle sert à mettre des emplois parce que les technologies que nous développons aujourd'hui, le monde entier en a besoin. Nous pouvons les vendre. Hier jétais dans une boîte du côté de Vénissieux qui a crée 1 400 emplois autour de technologies qui sont portées par le Grenelle de lenvironnement. Alors cette opposition entre ceux qui veulent en profiter pour tuer en fait les politiques environnementales
GUILLAUME TABARD Entre Bercy et vous, quoi.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, pas forcément enfin, là vous caricaturez les choses dautant plus quil ny a quun gouvernement. Ce gouvernement dans lequel est Bercy aussi a fait le Grenelle de lenvironnement qui est le plus grand programme dinvestissement en faveur de lécologie mais ce mouvement on lobserve en ce moment en Europe. Moi jai regardé ce qui se passait dans les autres pays dEurope en matière décologie en ce moment. Eh bien je vais vous dire : je suis fière dêtre dans un pays qui ne coupe pas en ce moment ses investissements en matière décologie et qui au contraire avec le Grenelle de lenvironnement, les porte plus loin. Je pense que nous préparons lavenir. Je regarde les voisins. LItalie, ils ont divisé par dix leur budget dinvestissement. Le Portugal, ils ont fusionné le ministère de lÉcologie avec le ministère de lAgriculture. LEspagne, ils ont diminué par plus de 30 %, le Royaume Uni par 28 %.
GUILLAUME TABARD Et Nicolas SARKOZY vous a donné lassurance que le Grenelle serait sanctuarisé ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Le président de la République ma emmenée jeudi dernier fêter les quatre ans du Grenelle de lenvironnement. Vous pensez vraiment que le président de la République se serait déplacé pour dire : « On arrête » ? Non, ce nest pas ce quil a dit. Ce quil a dit cest 1/ on est fier de ce quon a fait ; 2/ on continue ; 3/ on veut aller plus loin et il ma demandé davancer sur un certain nombre de nouveaux sujets, notamment lefficacité énergétique, pour aller plus loin. Je prends juste lexemple de lefficacité énergétique. Aujourd'hui un ménage français, il dépense en moyenne 2 900 euros par an de facture énergétique. Cest un problème de pouvoir dachat, cest de largent jeté par les fenêtres. Je veux dire lessence que vous achetez pour votre voiture, cest de largent jeté par les fenêtres : vous ne le retrouverez pas. Cest un problème de compétitivité parce que les entreprises aussi, elles dépensent ça. Cest un problème de balance commerciale parce que pour beaucoup, cest du pétrole importé. Investir dans lefficacité énergétique, cest donc atteindre toutes ces cibles : la cible environnementale, la cible pouvoir dachat et cest créer des emplois non délocalisables parce que par exemple, quand vous faites de lisolation dans votre maison, cest rentable à tous points de vue et en plus cest des emplois en France.
GILLES LECLERC À propos dénergie, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, est-ce que larrêt prochain des centrales nucléaires en Allemagne pourrait poser un problème de ravitaillement en France ? Il y a une agence de conseil ce matin qui lexprime, CAPGEMINI ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Cest plutôt susceptible de poser un problème de ravitaillement en Allemagne. Aujourd'hui on a des systèmes
GILLES LECLERC Ça ne peut pas avoir de conséquences pour nous ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour être très précis, aujourd'hui on a des systèmes qui sont interconnectés. Les réseaux électriques sont interconnectés et léquilibre grosso modo, cest quon vend ce quon appelle de lélectricité de base en Allemagne, c'est-à-dire de lélectricité nucléaire, du fond la question du fond de cuve et ils nous vendent de temps en temps de la pointe, parce quon est meilleur en base et ils sont meilleurs en pointe. Ils pourraient à la faveur de leur transition, de leur retrait du nucléaire, devenir importateurs net de tout mais le système français na pas de raison den être profondément déséquilibré. Le problème, il est dabord pour eux. Pourquoi il est pour eux ?
GILLES LECLERC Donc pas de souci cet hiver pour les Français ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Jexplique en un mot pourquoi il est pour eux. Cest que ce nest pas vrai quon peut tout remplacer, une énergie de base par des énergies renouvelables. Un réseau, pour des raisons techniques, ne peut pas supporter plus de 30 % dénergie alternative. Lhydraulique est une énergie renouvelable non alternative mais léolien, le solaire, sont des énergies alternatives. Pour des raisons de stabilité du réseau, ces énergies ne peuvent pas représenter aujourd'hui plus de 30 % du réseau, donc si vous sortez du nucléaire, vous pouvez compenser par un peu defficacité énergétique, un peu dénergie renouvelable si vous avez de la marge, mais à un moment il faut aussi faire dautres énergies de base, donc les Allemands ils vont devoir faire comme ils font dailleurs déjà de la houille, du gaz, du gaz russe
GUILLAUME TABARD Alors le débat sur le nucléaire, il est vif à gauche en ce moment.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bref, des choses pas très contemporaines quand même, et problématiques pour lenvironnement.
GUILLAUME TABARD Oui. Donc débat vif à gauche sur le nucléaire. Les écologistes réclament une sortie totale, François HOLLANDE dit : « On réduit la part du nucléaire de 75 à 50 % ». Quand on est écologiste et de droite, on dit : « Quelle est la place du nucléaire ? » On la réduit ou pas ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Eh bien je vais vous dire. Avec le Grenelle de lenvironnement, la part du nucléaire réduit. François HOLLANDE, là-dessus, il est en retard comme sur beaucoup de sujets décologie. Comme quand il annonce le livret de développement durable qui existe depuis 2007 et sur lequel il y a déjà 70 000 milliards dencours. Dans le Grenelle de lenvironnement, on se donne comme objectif 23 % dénergies renouvelables sur toutes les énergies et plus encore dans la part électrique. Aujourd'hui le nucléaire est à presque 80, donc la part du nucléaire réduit automatiquement avec le Grenelle de lenvironnement.
GUILLAUME TABARD Mais il faut continuer à construire des centrales et à rénover celles qui existent.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais maintenant la question cest est-ce que vous vous donnez comme horizon ou pas la sortie du nucléaire ? Moi je pense que quand on a 80 % de nucléaire, se donner comme horizon la sortie du nucléaire, ça nest pas responsable. Il faudrait dire comment et personne personne à gauche ne dit jamais comment. Pour moi une politique énergétique sensée, elle repose dabord sur lefficacité énergétique. Je le disais : la meilleure énergie, cest celle quon ne consomme pas. Ensuite, sur les énergies renouvelables mais en développant des filières industrielles. Ça ne sert à rien de se donner des objectifs chiffrés si derrière ça va être de limportation déquipements qui ont été fabriqués ailleurs et par exemple en Chine. Notre objectif avec le Grenelle de lenvironnement cest de créer de lemploi et des filières industrielles chez nous. Et puis il y a la sûreté nucléaire. Moi je trouve quon ne parle pas beaucoup de sûreté nucléaire. Jai apprécié au moment de la réunion internationale que jai fait sur la sûreté nucléaire en juin lattitude des Allemands et des Suisses. Ils veulent sortir du nucléaire mais ils disaient sur sûreté, on est avec vous ; sur la sûreté, on a des politiques conjointes, on est daccord. On est ensemble sur la sûreté, on veut atteindre ensemble les objectifs sûreté. Vous pouvez être pour ou contre le nucléaire, sur la sûreté il faut être pour.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 8 novembre 2011